Les Œuvres de François Rabelais (Éditions Marty-Laveaux)/LeQuartLivre/Commentaire

TOME II

(pages 245-510)


LE QUART LIVRE

Page 245. Reproduction figurée du frontispice de rédition séparée de 1552. Pour la description de cette édition et des précédentes, voir notre bibliographie. En lisant ce livre, il est bon d’avoir continuellement sous les yeux la Briefue declaration d’aucunes dictions plus obscures… attribuée avec assez de vraisemblance à Rabelais. Voyez t. iii, p. 194-207.

L. 4 : Bon. 1548 : Noble.

L. 8 : Venim. Ce mot est orthographié ainsi dans la marque de Fezandat que porte ce volume. Brunet, en la reproduisant, donne venin, qui peut se trouver sur certains ouvrages ; mais venim, seul indiqué dans le Dictionnaire françois-latin de 1539, est plus en rapport avec les dérivés venimeux, envenimer, comme aujourd’hui encore parfum avec parfumer.

L. dernière : Auec priuilege du Roy. Il est en tête du tiers livre imprimé la même année, par le même libraire, et s’applique, non seulement aux livres de Rabelais déjà publiés, mais à « ceulx qu’il delibere de nouuel mettre en lumiere. » (t. ii, p. 4). Cette autorisation si étendue et si explicite n’empêcha pas le Parlement de poursuivre le quart livre le 1er mars 1552 (1551 vieux style). Voyez t. iii, p. 420, et le Commentaire.

Page 247, l. 1 : A… Mon Seigneur Odet. Cette dédicace et le prologue qui la suit n’ont paru que dans l’édition de 1552. Celle de 1548 était précédée d’un autre prologue. Voyez t. iii, p. 185-193, et le Commentaire.

Page 248, l. 9 : Comparée à vn combat, & farce. Hippocrate dit seulement (Des Épidémies, vi.) : « L’art se compose de trois termes : la maladie, le malade et le médecin. »

L. 11 : M’est soubuenu d’vne parolle de Iulia. Voyez Macrobe, Saturnales, ii, 5.

Page 249, l. 2 : Reubarbarif. Équivoque sur le mot rhubarbe écrit reubarbe par Rabelais et ses contemporains. Voyez le Glossaire.

L. 21 : Est par Herophilus blasmé Callianax. Rabelais, qui probablement cite de mémoire, confond un peu les faits. Voici le passage de Galien (liv. iv, commentaire sur le vie liv. d’Hippocrate Des maladies épidémiques, édit. de Chartier, t. ix, p. 482) : « Quelques médecins tiennent des discours d’une fatuité incroyable semblables à ceux que cite Zeuxis du livre de Bacchius, où cet auteur a rapporté les paroles et les actions d’Hérophile et de ses sectateurs. Il raconte de Callimax l’Hérophilien, que voyant un malade qui lui disait : « Mourrai-je ? — Oui, lui répondit-il par un vers grec, oui sans doute, à moins que vous ne soyez le fils de Latone. » À un autre malade qui lui demandait la même chose, il répondit : « Patrocle est bien mort, qui valait infiniment mieux que vous. » Les vers sur Patrocle sont dits par Achille dans l’Iliade, II, 21. Quant au vers où il est question des enfants de Latone, on ignore d’où il est tiré. Enfin le passage de Pathelin se trouve dans la scène où il s’adresse au drapier que, dans son prétendu délire, il prend pour son médecin (p. 45).

Page 250, l. 25 : Διάϐολος. Mot qui signifie calomniateur et diable.

L. 32 : Anagnoste. Ce lecteur de François ier est Pierre du Châtel, évêque de Tulle, de Mâcon, puis d’Orléans, alors favorable aux doctrines protestantes.

Page 251, l. 1 : Lon m’en a aulcuns supposé faulx & infames. Voyez le Priuilege en tête du tiers livre, t. II, p. 3.

L. 4 : Vn N. mis pour vn M. Voyez ci-dessus, p. 240, la note sur la l. dernière de la p. 110.

Page 253, l. 7 : Gens de bien… Ie ne vous peuz veoir. Voyez ci-dessus, p. 168, la note sur la l. 3 de la p. 232. Cette espèce de dicton a été bien souvent répétée : « Ha ! gens de bien, ie ne vous puis voir, mon chappeau est percé. » (Du Fail, t. i, p. 297.) — « Bonnes gens, je ne vous puis voir, comme dit Maistre François dans son livre. » (La Fontaine, Lettres, au prince de Conti, nov. 1689)

L. 10 : Bien & beau s’en va Quaresme. Cette formule est le titre d’un des jeux de Gargantua. Voyez t. I, p. 82.

Page 254, l. 2 : Mespris des choses fortuites. Budé a écrit un traité : De Contemptu rerum fortuitarum.

L. 18 : Ιητρὸς… βρύων. Plutarque, dans son Discours contre l’épicurien Colotès, attribue ce vers à un tragique grec qu’il ne nomme point.

L. 29 : Plus brauement se vantoit Asclepiades. Voyez Pline, VII, 37.

Page 255, l. 22 : Tant riche royaulme. Il y a un premier tirage de ce prologue, dans lequel après riche on lit : & triumphant, et où les épithètes grand, victorieux & triumphant (l. 25) n’accompagnent pas le nom de Henri ii. Elles ont probablement été ajoutées lorsqu’il fut entré victorieux dans Metz le 18 avril.

Page 258, l. 18 : Demandans restablissement de leurs cloches. Les habitants de la Guyenne s’étant révoltés contre la gabelle, on leur avait retiré leurs cloches en 1549. Rabelais n’avait garde d’oublier leurs réclamations, qui semblent fournir une suite au discours de Janotus à Gargantua.

L. 20 : Aberkeids. « Vilifiés, » dit la briefue declaration. Les commentateurs n’ont accepté ni ce texte, ni cette traduction, et veulent changer l’un et l’autre ; mais tous, même Régis, y perdent leur… allemand. Ce qu’il y a de sûr c’est que le sens réclame un mot opposé à invincible, et que vilifié, avili, est, à ce point de vue, fort satisfaisant.

L. 34 : Rameau & …Galland. Galland venait de mêler Rabelais à leur querelle en écrivant en 1551, dans sa réponse à une harangue de Ramus (7e ft. vo) : « Melior pars eorum qui hasce nugas lectitant. Rame… non ad fructum aliquem ex iis capiendum, sed veluti vernaculos ridiculi Pantagruelis libres ad lusum & animi oblectationem lectitant. »

Page 259, l. 6 : Et habet… mentem. « Et ta mentule a de l’esprit. » Jeu de mots entre mentula et mens, esprit, intelligence. Voy. ci-après la note sur la p. 263.

L. 26 : Le Renard par son destin ne doibuoit estre prins. Voyez Pollux (Onomascicon, v, 5) et Pausanias (IX, 19). Furetière a reproduit ce récit à la fin du Roman bourgeois (liv. II, p. 132, éd. Jannet.) : « Le hazard voulut qu’un jour le chien fée fut lasché sur le lièvre fée. On demanda là-dessus quel seroit le don qui prévaudroit : si le chien prendroit le lièvre, ou si le lièvre échapperoit du chien, comme il estoit écrit dans la destinée de chacun. La résolution de cette difficulté est qu’ils courent encore. »

Page 260, l. 13 : Pierre du coingnet… pour mesmes causez petrifié. Voyez Satyre de maistre Pierre du Cuignet sur la Petromachie de l’Vniuersité de Paris, OEuvres poétiques de Joachim du Bellay, t. ii, p. 408, La Pléiade françoise.

Page 263, l. 9 : O belle mentule. Voyez ci-dessus la note sur la l. 6 de la p. 259.

Page 265, l. 8 : En ay ie ? Il disait ce « petit mot » en montrant sa coignée, comme Pathelin (Farce de Pathelin, p.25) en montrant à sa femme le drap qu’il lui avait promis de se procurer, et qu’il venait de dérober au marchand.

Page 268, l. 2 : Les mules au talon. Ce sont les engelures. On lit dans la proclamation du roi des fous à Poligny (1494) : « Pauures gens allant à pied, faute de cheual, ayant les mules au talon, faute de souliers. » Cette expression entrait souvent dans des imprécations grotesques, grossièrement rimées. Les enfants du Jura criaient jadis aux montagnards :

Montagnon la rougne,
Quatre pieds de chougne (crotin)
La mule aux talons
Grave montagnon.

Voyez Toubin, Supplément au dictionnaire des patois jurassiens, aux mots chougne et mule. Mémoires de la Société d’émulation du Jura.

Page 269, l. 4 : Au iour des festes Vestales. Le 9 juin.

Page 271, l. 18 : Quand Israel. Ps. 113, traduit en vers par Cl. Marot.

Page 272, l. 32 : Suedes. Il y a : Suèves (Suevorum) dans les auteurs que cite Rabelais.

Page 275, l. 4 : Vn Tarande, que luy vendit vn Scythien. Il y a vesdit dans notre texte, mais c’est une faute d’impression. Voyez la description du Tarande dans Pline, viii, 34. On trouve dans le même livre des détails sur la plupart des animaux dont il est question ici. Il faut remarquer que Rabelais a le soin de placer toutes ces merveilles dans l’île de Medamothi. « nulle part. »

Page 278, l. 25 : Partement. Ainsi dans 1552. 1548 : portement, qui paraît préférable et qui se trouve à la page précédente, l. 26, et à la page suivante, l. dernière.

Page 279, l. 30 : La moytié du tout. — … πλέον ἤμισυ παντὸς. (Travaux et jours, v. 40.) Rabelais semble avoir eu en vue cette autre maxime : Ἁρχὴ τὸ ἤμισυ παντός, attribuée par erreur à Hésiode.

Page 286, l. 20 : Chapitre general des Lanternes. Tous les commentateurs, même les plus réservés quant aux interprétations historiques, s’accordent à voir dans ce chapitre général, convoqué pour « la fin de Iuillet, » où l’on devait « profondement lanterner, » et d’où l’on revenait par le mont Cenis (t. ii, p. 297, l. 20), le concile de Trente dont la sixième session avait été convoquée pour le 29 juillet 1546.

Page 289, l. 1 : Comment… Panurge marchande auecques Dindenault vn de ses moutons. Le récit qui occupe ce chapitre et les deux suivants est connu de tout le monde. La locution proverbiale : « les moutons de Panurge, » appliquée à ceux qui suivent sans réflexion l’exemple qui leur est donné, l’a rendu populaire. L’idée en est empruntée à Merlin Coccaie, qui raconte dans sa XIe macaronée l’expédient de Cingar pour se débarrasser des moutons et des marchands qui encombraient l’embarcation dont il avait besoin :

Fraudifer ergo loquit pastorem Cingar ad vnum :
Vis, compagne, mihi castronem vendere grassum ?…

Dans le conte de L’Abbesse. La Fontaine met en vers l’histoire des moutons de Panurge, et dans L’Ours & les deux Compagnons, il y fait allusion par ce vers :

Dindenaut prisoit moins ses Moutons qu’eux leur Ours.

L. 9 : Si la chorde ne rompt.

Nous allons voir beau ieu, si la corde ne rompt.

Page 290, l. 7 : De haulte gresse. Voyez ci-dessus, p. 62, note sur la l. 21 de la p. 5.

L. 14 : Voire. Selon Le Duchat, c’est ici une raillerie dirigée contre Calvin ; et Burgaud des Marets a cité un passage du catéchisme de ce réformateur pour prouver qu’en effet l’enfant y répond presque toujours au ministre : « voire ou je l’entends ainsi. » Cette critique de détail n’est donc point sans vraisemblance ; mais il faut se garder de partir de là pour identifier Calvin avec Dindenault, comme le fait Éloi Johanneau, et pour voir dans le débat entre Panurge et le marchand de moutons la dispute des catholiques et des calvinistes au sujet de l’agneau divin mangé dans la sainte cène.

Page 291, l. dernière : Nouueaulx Henricus. « Les Henris, monnaie d’or frappée par Henri ii seulement, le furent pour la première fois en vertu d’une ordonnance de 1549 (31 janvier 1548, v. st.) ; une seconde émission eut lieu en 1551. » (Cartier, numismatique, p. 347)

Page 292, l. 19 : Clericus vel adiscens. « Clerc ou étudiant. » — « Dindenault, jaloux de montrer sa science, observe Burgaud des Marets, dit que les mots latins ita et vere (oui, vraiment) signifient choux, poireaux. » Il est difficile en effet d’expliquer autrement ce passage ; mais il doit y avoir quelque jeu de mots que nous ne comprenons plus. Vere fait probablement allusion aux poireaux qui sont verts.

Page 296, l. 17 : Le plus sot… animant. — Ηάντων ναὶ τῶν τετραπόδων ϰάϰιστον ἐστι.

Page 297, l. 28 : Thibault l’aignelet ?… Regnauld belin. Le premier est le berger de la farce de Pathelin ; le second est, suivant les commentateurs, le Regnault de la chanson citée par Rabelais, t. i, p. 152, l. dernière ; mais cette conjecture est fort douteuse.

L. 30 : Tour de vieille guerre.

C’est tour de vieille guerre.

Page 298, l. 17 : Mihi vindictam. « A moi la vengeance… » Allusion à ce passage de S. Paul (Épître aux Hébreux, x, 30) : « Scimus enim qui dixit : Mihi vindicta, et ego retribuam. »

Page 299, l. 14 : As de treuffles. « Le nez de mon bisaïeul était absolument pareil aux nez de tous les hommes, femmes & enfants que Pantagruel trouva habitant l’île d’Ennasin… il était fait, monsieur, comme un as de trèfle. » (Tristram Shandy, liv. iii, ch. LXXVI)

Page 300, l. 17 : Maigre. Il s’agit ici du poisson appelé sèche ou ombre. Ce chapitre ne se compose presque que de jeux de mots assez fades et très libres.

L. 23 : N’est ce Estrille fauueau ? « C’est ici l’ame du vieux rebus composé d’vne étrille, d’une faulx & d’un veau… On le trouve dans ces vers de Marot, qui font de sa 2. Épître du Coq à l’âne :

Vne estrille, vne faulx, vn veau,
C’est à dire estrille Fauueau,
En bon rebus de Picardie.

Mais Durand Gerlier, Libraire à Paris, se l’étoit approprié avec la Devise dès l’an 1489. Voiez la Caille, Hist. de l’Imprimerie, p. 65. » (Le Duchat)

L. 32 : Ma coingnee. Voyez les équivoques du même genre, t. ii, p. 262 et 263.

Page 301, l. 2 : La grande manche. Voyez ci-dessus, p. 226, la note sur la l. 5 de la p. 26.

Page 305, l. 20 : Bren, c’est merde à Rouan. Bouchet (xiiie serée) complète ce dicton par : « qui ne la mange aux faux-bourgs. »

Page 306, l. 15 : Da iurandi. Voy. ci-dessus, p. 167, la note sur la l. 30 de la p. 231.

L. 18 : L’harmonie des contrehastiers. Le ravissement de frère Jean à ce « branlement » et à cette « harmonie » semble une sorte de parodie rabelaisienne de l’harmonie des sphères si éloquemment décrite par Platon, et aussi par Cicéron dans le Songe de Scipion.

L. 20 : Seriuice du vin. Voyez ci-dessus, p. 125, la note sur la l. 2 de la p. 105.

L. 20 : Beau… via. « Heureux les immaculés dans la voie. » (Ps. 118). Il s’agit ici de ceux qui ont la chance de ne pas se tacher dans le chemin de la cuisine.

Page 307, l. 8 : Vingt ans. 1548 : Douze. C’est-à-dire vers 1532 ou 1536. Cette dernière date est celle des lettres de Rabelais écrites de Rome. Il est probable que lors de ce voyage en Italie il passa par Florence.

Page 308, l. 8 : Afriquanes. Expression purement latine : « Senatus consultum fuit vetus, ne liceret Africanas in Italiam advehere. » (Pline viii, 18). Dans l’édition de 1548 on trouve à la ligne suivante, après le mot semble : ou bien ours lybistide.

L. 9 : Ce qu’ilz appellent Tygres. On voit qu’à cette époque le mot tigre, qui figure pourtant en 1539 dans le Dictonnaire Françoislatin d’Estienne, était peu usité. Cela se trouve confirmé par ce passage des Voyages de Montaigne, écrit en 1580, et où se trouve une description de la même ménagerie : « Nous y vismes (à Florence) l’escurie du grand Duc… aussi vn chameau, des lions, des ours, & vn animal de la grandeur d’vn fort grand matin de la forme d’vn chat, tout martelé de blanc & noir, qu’ils noment vn tigre. » (Édit. in-4° de 1774, p. 109)

L. 17 : Par sainct Ferreol d’Abbeuille, les ieunes bachelettes de nos pays sont mille foys plus aduenentes. Saint Ferréol est invoqué ici parce qu’il était regardé comme protégeant l’élève et l’engraissement des oies. « les vns disent que saint Feriol est le plus habile du monde à garder les oyes. » (H. Estienne, Apologie pour Hérodote, c. xxxviii). La Fontaine partageait un peu les opinions de « Bernard lardon » en archéologie :

Charmans objets y sont en abondance (à Rheims).
Par ce point-là je n’entends quant à moy
Tours ny portaux, mais gentilles Galoises.

(La Fontaine, Les Remois)

Page 309, l. 3 : Auoir leu. Voyez Plutarque, Apophtegmes, et Propos de table, iv, 4.

Page 310, l. 1 : Passa Procuration. Terme de droit qui forme ici un jeu de mots. Il ne faudrait pas croire que les violentes attaques auxquelles se livre Rabelais contre les Chicanous étaient une nouveauté. Avant lui, non seulement les satiriques, mais les prédicateurs, tels que Menot et Maillard, avaient poursuivi de leurs invectives, gens de justice, juges, avocats, procureurs, sergents. Voyez H. Estienne, Apologie pour Hérodote, c. VI. — Pierre le Loyer, angevin, dans sa Néphélococugie, imitation fort amusante de la comédie des Oiseaux, d’Aristophane, a substitué au sycophante un personnage nommé Chicanoux, inspiré par ce chapitre. Voyez Egger, Hellénisme en France, t. ii, p. 12.

L. 22 : Femmes & enfans.

Frappez. J’ay quatre enfans à nourrir.

Page 312, l. 32 : La coustume obseruee en toutes fiansailles. « Apres les coups de poings de fiançailles, à la mode du païs, Claribel changea le dueil de son pere, pour les ioyes d’vn nouueau mariage, « (Yver, poitevin, Le Printemps d’Yver, journée 5)

Page 313, l. 5 : Anneau d’argent gros & large. Servant de cachet, de sceau.

Page 315, l. 5 : Esgue orbe. « Equa orba. » Chicanous parle comme l’écolier limousin. C’est, aux yeux de Rabelais, un nouveau grief contre lui.

Page 316, l. 20 : La monstre de la diablerie. « L’exhibition, l’essai, la répétition, comme nous dirions aujourd’hui. » (Burgaud des Marets). Cette remarque n’est pas exacte. Cette « monstre » eut lieu « parmy la ville & le marché. » Le nom d’ « exhibition » peut, à la rigueur, convenir, mais non celui de « répétition. » C’était une annonce et un cortège, ce que les entrepreneurs de cirques forains appellent « le tour de ville. »

Page 317, l. 4 : Hic… bisacco. « Celui-là est de patrie et de race bélitre, qui a coutume de porter des bribes dans un antique bissac. »

Page 318, l. 5 : La diablerie de Saulmur, de Doué. Voyez ci-dessus, p. 226, la note sur la l. 2 de la p. 27, et, p. 227, la note sur la l. 28 de la p. 28.

Page 323, l. 13 : Saincts OO. Prières qu’on faisait pendant les neuf jours précédant Noël, et qui commençaient par O : « O Sapientia… O Adonaï… O Radix… »

Page 324, l. 30 : Seigneur de la roche Posay. « Jean Châtaigner, Seigneur de la Roche-Posay, de S. Georges de la Roche-Faton, & de Bernay, Maître d’Hôtel des Rois François i. & Henri ii. Il boitoit depuis l’année 1552, qu’étant guidon de la Compagnie de Gensdarmes du Bâtard de Savoie, il eut la jambe cassée d’un coup de mousquet au siége de Pavie. Voiez les Obséques du Roi François i, p. 39. de l’Hist. généal. de Sainte-Marthe, l. 30, & les Mémoires de Martin du Bellai, l. 2. » (Le Duchat)

Page 325, l. 5 : Ieu n’est ce.

… Il vauldroit mieulx employer sa ieunesse
Pour auoir cerfz à force ; car ieu n’esse
De poursuyuir biches blanches…

(Guillaume Cretin, Poésies, édit. Coustelier, p. 109)

L. 15 : Monsieur le Roy (ainsi se nomment Chiquanous). Leur titre était « sergents le Roi, » c’est-à-dire sergents du roi. Roche-Boisseau appelle aussi « Monsieur le Roy » un sergent de Douai, dans les Aventures du baron de Fæneste, liv. III, c. 5 : De la Roche-Boisseau & des Sergents.

L. dernière : Le philosophe Samosatoys. Lucien de Samosate, dans le dialogue intitulé : Les Lapithes.

Page 326, l. 17 : Les nopces de Basché en prouerbe commun. « Là dedans y a bien pis qu’aux noces de Bâché. » (D’Aubigné, Aventures du baron de Fæneste, liv. III, c. 5.) Cette expression se trouve aussi dans Bouchet (l. i, 3e serée, p. 108, et l. iii, 27e serée, p. 203). Lacurne de Sainte-Palaye cite ce dernier passage dans son glossaire. Son éditeur, qui semble n’avoir pas Rabelais fort présent, hasarde, à ce sujet, cette note étrange : « Basché ne feroit-il pas pour bazoche, comme baschea est pour basilica ? »

Page 327, l. 18 : L. Neratius. Voyez Aulu-Gelle, XX, 1.

Page 328, l. 13 : Io, io, io. « Moi, moi, moi. » On ne devine pas bien pourquoi ils emploient ce mot italien.

L. 30 : Il en emboursoit tous iours vingt huict & demy.

… Et si dans la Province
Il se donnoit en tout vingt coups de nerfs de bœuf,
Mon Pere pour sa part en emboursoit dix-neuf.

Page 331, l. 1 : Thohu & Bohu. Ces mots hébreux, expliqués dans la briefue declaration, sont tirés du commencement de la Genèse : « Et terra erat solitudo (tohu) et inanitas (bohu). »

Page 332, l. 16 : Celtes… François. 1548 : Gymnozophistes d’Indie.

Page 333, l. 3 : Meta ta phys. Transcription abrégée du titre grec de la métaphysique d’Aristote, intitulée μετὰ τὰ φυσιϰά simplement parce qu’elle était placée après la physique.

L. 16 : Mort par estre mords. Jeu de mots : mort pour avoir été mordu. L’épitaphe mentionnée par Rabelais se lit dans une église de religieux Augustins. Le Duchat nous l’a donnée d’après plusieurs voyageurs :

Hospes, disce novum mortis genus, improba felis,
Dura trahitur, digitum mordet, et intereo.

Elle avait sans doute frappé Rabelais lors de son séjour à Rome.

L. 20 : Quenelaut… tiré. 1548 : Quignemauld, normand medecin, grand aualeur de pois gris & berlandier tresinsigne, lequel subitement à Monspellier trespassa par faute d’auoir payé ses debtes & pour auec vu trancheplume de biès s’estre tiré. La dernière rédaction, beaucoup moins satirique que la première, nous donne probablement le nom véritable de ce médecin, travesti d’abord en Guinemauld, c’est-à-dire qui guigne, qui regarde, qui guette les maux, les maladies.

L. 23 : Philomenes. Voyez ci-dessus, p. 116, note sur la l. 11 de la p. 73.

Page 334, l. 3 : Spurius Saufeius. Ce personnage est ainsi nommé par Fulgose, ix, 12. Pline (liv. vii) l’appelle Appius Saufeius.

L. 17 : A la gueule d’vn four chauld. Quolibet populaire, que Rabelais n’a pas inventé et dont on trouve des équivalents :

Comme elle fiert & tambure !
Que ne sont ses deux poings de beurre,
Droict au meilleu d’vng four bien chault !

(Farce des cinq Sens. Anc. Théât. Fran. t. iii, p. 311.}

L. 25 : Enig & Euig. Ces deux expressions ont reçu dans la briefue declaration une interprétation inexacte. Enig (einig) signifie aucun ; et ewig, perpétuel.

Page 335, l. 1 : Comment Pantagruel euada vne forte tempeste en mer. On trouvera dans le glossaire l’explication de tous les termes de marine contenus dans ce chapitre et dans les suivants. Nous profiterons des explications et des critiques de Jal dans son Glossaire nautique et dans le neuvième mémoire de son archéologie navale, consacré au « nauiguaige » de Pantagruel.

L. 4 : Neuf Orques. 1548 : Vne ; ce qui est d’accord avec ce qu’on trouve au chapitre suivant (p. 340, l. 8) : la Orque. Il est probable que dans l’édition de 1552 Rabelais a changé une en neuf, pour augmenter le nombre des moines, et qu’il a oublié de modifier le second passage.

L. 13 : Toute bonne fortune. Il est plaisant de voir les heureux présages que Panurge tire de la présence des moines rapidement démentis.

Page 336, l. 31 : Inuocqua… s’escria. 1548 : Inuoca les deux enfans bessons de Leda, & la cocque d’œuf, dont ilz furent esclouz & s’escria.

Page 337, l. 1 : Nous ne boirons tantoust que trop. « Quidam orta tempestate in mare, cœpit avidissime comedere carnes salitas, dicens hodie plus se habiturum ad bibendum quam nunquam antea. » (Bebelius, Facéties.)

L. 17 : Le declaira bien heureux. Panurge prête ici plaisamment ses pensées au philosophe stoïcien. Plutarque (Comment on pourra apercevoir si l’on profite dans l’exercice de la vertu, ii) et Diogène Laërce (Vies des philosophes) racontent seulement que, pendant une tempête, Pyrrhon montra à ses amis un jeune porc qui mangeait tranquillement de l’orge, disant que le sage devait imiter son impassibilité.

L. 27 : Tout est frelore bigoth.

Escampe toute frelore
La tintelore frelore,
Escampe toute frelore, bigot !

(La Guerre, par Jannequin. Leroux de Lincy, Recueil de Chants historiques français, t. ii, p. 67)

Tallemant des Réaux (t. i, p. 329, note 3) indique « l’air : Biby, tout est frelaure, » qu’il attribue à la chanson de la duché de Milan. Frelore, corruption de l’allemand verloren, perdu ; bigoth, par Dieu !

Page 341, l. 6 : Consummatum est. « Tout est consommé. » Paroles du Christ sur la croix.

L. 22 : Vache ne veau. Le proverbe rimé est :

Entre Quande & Montforeau,
Là n’y paistra vache ne veau.

Voyez, plus loin, p. 357, l. 13, comment Panurge explique son vœu lorsque la tempête est passée.

Page 343, l. 3 : Hau Tigre. 1548 : Ho, bougre, bredache de tous les diables incubes succubes & tout quand il y a.

L. 8 : Tempestatif. 1548 : marin. Ce mot a sans doute été changé pour éviter la répétition avec fol marin deux lignes plus haut.

L. 11 : Talemouze, &… 1548 : Talemont & que… L’abbaye de Talemont est en Touraine. Si dans la seconde édition elle est changée en Talemouze, c’est probablement pour faire par cette finale une sorte d’équivoque au gentil mouffe à qui frère Jean la destine. Le Duchat entend par l’abbaye de Talemouse celle de Saint-Denis où se font les gâteaux appelés talmouses.

Page 344, l. 30 : Mon tirouoir. Voyez ci-dessus, p. 77, note sur la l. 15 de la p. 21.

Page 347, l. 6 : Sichee,… Deiphobus,… Hector. Ces trois cénotaphes sont indiqués par Virgile dans l’Énéide :

....Inhumati venit imago
Conjugis…
(i, 353)
Tunc egomet tumulum Rhæteo in littore inanem
Constitui…
(vi, 505)
Ante urbem (Butroti) in Iuco, falsi Simoentis ad undam,
Libabat cineri Andromache, Manesque vocabat
Hectoreum ad tumulum…
(iii, 302)

L. 8 : Hermias & Eubulus. Voyez Diogène Laërce, Vie d’Aristote.

L. 9 : Euripides. Voyez Pausanias, ii, et l’Anthologie, VII, 46.

L. 10 : Drusus… Alexandre Seuere. Voyez Suétone, Claude, I, et Lampride, Alexandre Sévère.

L. 11 : Callaischre. Pour ce cénotaphe et les suivants, voir l’Anthologie : Callaischre, vii, 395 ; Lysidices, VII, 291 ; Teleutagores, vii, 652 ; Theotimes, vii, 539 ; Timocles, vii, 274.

L. 14 : Sopolis. Voyez Callimaque, Épigr. xix, et Anthologie, vii, 274.

L. 15 : Catulle à son frere. Voyez Épigr. 101.

L. 15 : Statuts à son pere. Voyez Sylves, v, 3.

L. 16 : Herué. Hervé de Porzmoguer, capitaine breton, commandant le navire La Cordelière, fut cerné le 10 août 1512, à la hauteur du cap Saint-Mathieu, par douze vaisseaux anglais ; son vaisseau devint la proie des flammes ; mais il aima mieux périr que de se rendre. Germain de Brie, ami de Rabelais, composa, à ce sujet, la pièce suivante :

HERVEI CENOTAPHIVM.

Magnanimi manes Heruei nomenque verendum
Hic lapis obseruat : non tamen ossa tegit.
Ausus enim Anglorum numerosæ occurrere classi
Quæ patrium infestans iam prope littus erat,
Chordigera inuedus regali puppe, Britannis
Marte prius sæuo comminus edomitis,
Arsit Chordigeræ in flamma, extremoque cadentem
Seruauit moriens excidio patriam.
Prisca duos ætas Decios miratur : at vnum
Quem conferre queat, nostra duobus habet.

(Germanus Brixius, Chordigeræ nauis conflagratio. Ex ædibus Ascensianis, 1513, Lutetiæ Parhisiorum)

L’Anglais Thomas Morus, cherchant à diminuer la gloire d’Hervé, répondit à Germain de Brie par cette épigramme :

Heruea cum Deciis vnum conferre duobus
Ætas, te, Brixi, iudice, nostra potest.
Sed tamen hoc distant, illi quod sponte peribant,
Hic periit quoniam non potuit fugere.

L. 27 : Nous perissons. « Domine, salva nos, perimus. » (S. Matthieu, viii, 25.)

Page 348, l. 9 : Tirouoir. Voyez, ci-dessus, p. 77, note sur la l. 15 de la p. 21.

L. 10 : Beatus… abiit. « Heureux l’homme qui n’est point parti. » (Ps. i)

L. 13 : Horrida tempestas montem turbauit acutum. « Une horrible tempête a troublé Montaigu. » C’est une parodie de ce vers d’Horace. (Épodes, xiii)

Horrida tempestas cœlum contraxit

202 COMMENTAIRE.

Elle est dirigée contre Tempeste (Voyez la table des noms)^ principal du collège de Montaigu : « Il eftoit rigide corredeur des Efcolliers delin.quans. A raifon dequoy ils conipoferent plufîeurs carmes contre luy, que i’ay veus. Defquels le premier eftoit :

Horrida tempellas montem turbauit acutum. » (Claude Malingre, Les Antiquite\ de la ville de Paris, liv. II, p. 317)

Page 350, 1. 7 : Nau. « Ceci est pris d’un noël qu’on chante encore en Poitou, & qui commence :

Au Sainfl Nau Chanteray Tans point m’y feindre, le n’en daigiierois rien craindre. Car le iour eft feriau, Nau, nau, nau. »

(Le Duchat)

La Monnoye ajoute {Noels bourguignons^ glossaire, au mot Noël) : « Cet endroit eft tiré indubitablement d’un de ces Noëls que Rabelais, dans l’ancien Pro- logue du quatrième livre, dit avoir été compofés en langage poitevin par le feigneur de Saint-George, nom- mé Frapin. jj Cela semble au moins douteux.

L. II : Caflor à dextre. Dans l’antiquité, les matelots nommaient Castor et Pollux le météore qu’ils ap- pellent de nos jours feu Saint-Elme. Ils le regardaient comme d’un heureux augure, et redoutaient au con- traire celui qu’ils désignaient sous le nom d’Hélène. Pline parlant de Castor et Pollux (11, 37, De stellis Castoribus) s’exprime ainsi : « Geminae autemsalutares, et prosperi cursus praenuncias : quarum adventu f ugari diram illam ac minacem, appeliatamque Helenam ferunt. »

L. 26 : PjJ ? / lamblque : ou lambonique. Il y a ici, comme plus haut (voyez, p. 163, note sur la 1. 23 de la p. 221 du t. I.) un jeu de mots sur iamhe et jambe ; mais la substitution du ; ù l’i l’a fait disparaître de toutes QUART LIVRE, T. II, P. 35O-353. 283

les éditions modernes, où ce passage est devenu com- plètement inintelligible.

Page 35T, 1. 11 ; Cœur de cerf.

(Homère, Iliade, i, 225)

L. 21 : Périr en mer. C’est Ulysse qui dit cela pen- dant la tempête {Odyssée ^ V, 312) :

Nij’i S’é [AS ).£U"j’a>.£’(i) Gavârw « îu.apTc iXwvat.

I5’48 ajoutait : « La raifon eft baillée par les Pita- goriens, pour ce que l’ame eft feu & de fubftance ignée. Mourant doncques l’homme en eau (élément con- traire), leur femble (toutefois le contraire eft vérité), l’ame eftre entièrement efteincte. »

L. 26 ; La conflagration de Troie.

. . . O terque quaterque beati, Quîs ante ora patrum, Troj ; e sub mœnibus altis, Contigit oppetere ! o Danaûm fortissime gentis Tydide ! mené Iliacis occumbere campis Non potuisse tuaque animam hanc effundere dextra ? (Virgile, Enéide, 1, 94)

Page 352, 1. 13 : Vague deciimane. Il y a dans le texte de 15^2 d’e'cumane. Bien que nous ayons re- jeté cette leçon comme fautive, nous l’indiquons ici parce qu’on y pourrait voir, à toute force, un jeu de mots avec vague d’écume.

Page 353, 1. 13 : Ec comme dici le faincî Emioyé, ejîre cooperateurs auecques //^y.Voy. saint Paul, 2* épitre aux Corinthiens^ vi, i. En 1548, Rabelais disait : Si ie n’en parle félon les décret^ des matheologiens, il^ me pardonneront, Ven parle par Hure & authorité. Il a jugé plus sûr, dans sa seconde édition^ d’alléguer cette autorité.

L. 15 : Que dijl C. Flaminius. — Tite-Live, xxil, 5. 284 COMMENTAIRE.

L. 22 : En Salufte. Voyez Conjuration de Catilina.

L. 30 : Le clous de Seuillé… Voyez t. i, p. 103.

Page 354, 1. 10 : A deux doigt^ près de la more. Cette réponse est attribuée par Diogène Laërce au Scythe Anacharsis.

L. 16 : Ne crains rien que les dangiers. Panurge dit encore plus loin (p. 464) : « le ne crains rien tors les dangiers. le le diz toufîours. Auflî difoit le Fran archier de Baignolet. »

le ne craignois que les dangers.

(Villon, Le Monologue du fraiic-archier)

Page 355, 1. 25 : Celle qui feroit on porc. Voyez pour ceci et pour ce qui suit Diogène Laërce, c. 8.

Page 356, 1. 7 : Portius Caco. Voyez Plutarque, Aîarcus Cato le cenfeur, XVIII.

L. 17 : Guaillard omme vn père. Nous trouvons plus loin, p. 422 : Ai/es comme pères ; et dans ce dernier passage il s’agit du bon temps que se donnent les moines. C’est ici, selon nous, une locution analogue, mais employée ironiquement : « Tu seras pendu ou brûlé, gai comme un moine. » Selon Le Duchat « gail- lard comme vn père » est un équivalent de :

. . . Cent fois plus gay que Perot.

(Coquillart, Monologue des perruques)

ou de « guay comme Perot. » (Henri Eftienne, Apo- logie pour Hérodote^ c. xvi, 1. 1, p. 330) ; et ces diverses locutions signifient toutes : « gay comme papegifay, » c’est-à-dire « comme un perroquet, » expression em- ployée plus loin, p. 501, par Panurge. Quant à Burgaud des Ma rets, s’emparant d’une opinion abandonnée par Le Duchat, il explique la phrase qui nous occupe par : « Hardiment brûlé comme un hérétique, » en prenant gaillard dans le sens adverbial et en expliquant comme un père par « comme un patarin ou hérétique, ainsi nommé du Pater. » « Personne ne croira, dit-il grave- ment, que les perroquets ou 1er, pinsons, pas plus que .QUART LIVRE, T. II, P. 356-365. 285

les gens, soient gais quand on les biv le. » Certes, mais il est bien clair que frère Jean ne parle pas sé- rieusement.

P.\GE 357, 1. 16 : Vne chappelle d’eau Rofe. Sorte d’alambic :

La chapelle, où fe font eaues odoriférantes Donne par fes liqueurs guerifons diflerentes.

(Cl. Marot, Epigrammes, A M"*’ la Chapelle)

Voyez ci-dessus, p. 279, la note sur la 1. 22 de la p. 341.

Page 358, 1. 19 : 1/ > eut heu &* guallé.

Il y aura beu & guallé.

(Farce de Pathelin, p. 22)

Les participes beu et guallé sont pris ici substan- tivement, au sens de boisson et réjouissance.

Page 362, 1. 30 : ^neas. Voyez Virgile, Enéide, III, 707.

Page 363, 1. 2 : Alcman, & auhres. Voyez Pline, vil, 51, et XI, 33.

L. 19 : En dueil & lamentation fera. Josèphe, XVII, 8.

L. 25 : Changea difant, moy viuent. « Dicente quo- dam in sermone communi : ’E[j.c.ù ôavo’vTc ; ■^alo. (/.ixOviTa •jTupî, imo, inquit, jacù î^ôjvtc ; . » (Suétone, Néron, 38)

L. 28 : Dion Nicœus, & Suidas. Dion Cassius, His- toire romaine, liv. LVI ; Suidas, Vie de Tibère.

Page 365, 1. 13 : a ampliation. Il y a bien ici dans 1552 un A, mais c’est A qu’il faut lire. est l’initiale de 6âva-&ç, mor/r ; les deux autres lettres ont un sens moins clair. T pourrait être l’initiale de teXeiwci ; , acquittement, A de àvaêcXTÎ, ajournement. Ceci, du reste, est traduit de ce passage des adages d’Erasme (chil. I, cent. V, ch. LVI) : « Verollmilius eft, quod fcribit Afconius Pedianus, fortes fcilicet vrnae immiflas triplicem habuiffe notam, damnationis, T abfolutionis, A am- pliationis (i. e. quoties fignificabant parum libi adhuc 286 COMMENTAIRE.

liquere) fymbolum fuiffe. » Mais ce que dit Érasme n’est pas dans Asconius, qui remarque simplement que l’A marque absolution, le C condamnation, et N. L., non liquet, c’est-à-dire, comme le dit Rabelais : « le cas n’eft encores liquidé. « 

Page 366, 1. 20 : le vous demj.nde en dcm.zndj.nt. Dicton qui forme trois vers. Le premier est répété au commencement du prologue du V livre.

L. 24 : En penfaroys. Dans le pays, dans la province des pensées. Rabelais a toute une géographie de ce genre à son usage. C’est ainsi que plus haut (t. i, p. 27) il a appelé Blbaroys le pays des buveurs.

L. dernière : De Callimachus^ & de Paufanias. Voyez l’hymne sur Délos et le X* livre de Pausanias (32) où il traite de la Phocide,

Page 367, 1. 6 : 9720. ans. Ce total résulte de

(4 X 20 + i) X 3 X 8 X 5-

Page 368, 1. 4 : Epuherfes. Ce récit est tiré du traité de Plutarque, Des oracles qui ont cessé, xxvi. Il est traduit si littéralement que Rabelais a mis Tha- moun quand ce nom est complément et, par consé- quent, à l’accusatif dans le texte grec, et Tliamous quand il est sujet.

Page 369, 1. 26 : Hérodote. Voyez liv ir, c. 145.

L. 26 : On tiers Hure de la nature des Dieux. Voyez c. 22.

Page 370, 1. 4 : Ses brebis ^ mais aufjî fes bcrgiers.

. . . Pan curât oves oviumque magistros.

(Virgile, Églogues, 11, v. 33)

L.9 : Nofire vnique Seruateur. Cette interprétation est ancienne. Du Fail, qui l’expose tout au long dans son Epiftre de Polygame à vn Gentilhomme contré les athées (t. II, p. 339), commence ainsi : « l’ay feniblablement penfé eftre de mon deuoir, vous parler d’vne liil^oire grande & illuftre, que Plutarque raconte au liure de la ceffation des Oracles : laquelle, au iugement d’EuQUART LIVRE, T. II, P. 37O-383. 287

febe, Pierre le Cheuelu Italien, & Pierre Meffie Efpa- gnol, fe rapporte & approprie à noftre propos. »

Page 371, 1. 2 : Qitjref méprenant. Au. propre : « qui prend carême. » Ce mot s’applique d’ordinaire aux trois jours gras avant le mercredi des Cendres et particu- lièrement au mardi. Ici il désigne le carême lui-même, dont ce chapitre et les trois suivants sont une description bouffonne. « Il faut, dit Le Duchat avec assez de vraisemblance, que d’un côté ce portrait re- garde la bizarrerie de l’habit des moines en général, à qui leurs règles prefcrivent un carême continuel, & de l’autre l’erreur de ceux qui font conllfter une bonne partie de la religion chrétienne dans l’obfervation du carême & de fes dévotions. »

Page 372, 1. 6 : Faifear de lardpueres & brochettes. « C’eft en carême, & principalement fur fa fin, que les bouchers prennent leur tems pour faire des brochettes. » (Le Duchat). Quand Xenomanes dit qu’il en emporta vne grojfe, il faut entendre douze douzaines.

L. 13 : Salades f allées. Jeu de mots sur j-^/j^^^ casque, et salade^ légumes assaisonnés au sel. L’énumération des « aubers, cafquets, morrions, » n’a pour objet que de préparer cette équivoque.

L. 23 : S’en fuyt. Ainsi dans 1552 ; ailleurs : S’enfuit.

Page 380, 1. 17 : Anneau de pefclieur. Les brefs du pape sont scellés de cire rouge, de l’anneau du pêcheur, c’est-à-dire du cachet où saint Pierre est représenté en pêcheur et qui doit être apposé en présence du pape. Il est dit à la fin des brefs qu’ils sont donnés : « sub annulo piscatoris. »

Page 381, 1. 22 : S’il ronflcit… « Carême-prenant ronfloit des fèves, comme quelques-uns loulHent des pois en dormant. » (Le Duchat)

L. dernière : Saye cramoijle. Voyez Plutarque, Apo- phtegmes.

Page 383, 1. 10 : Se iouoyt es cordes des ceincis. Bur- gaud des Marets voit ici un jeu de mots entre les corps des saints, les reliques sur lesquelles on prêtait COMMENTAIRE,

serment, et les « cordes des ceinfts, » les cordes qui ceignaient les cordeliers.

L. 22 : Ce que ven ay leu parmy les Apologues antiques. « On a jufqu’ici été fort en peine de favoir d’où pou- voit avoir été tiré l’Apologue de Phyjîs Gf di’Antiyhyfie. La découverte en étoit difficile par deux raifons. L’une que tout moderne qu’eft cet Apologue, Rabelais n’a pas laiffé de le qualifier antique ; ce qui a fait qu’on l’a, mais très-inutilement cherché, dans les écrits des Anciens. L’autre que Calius Calcagninus, qui l’a inventé, n’eft pas un auteur qu’on life beaucoup. L’A- pologue, dont il s’agit, fe trouve pag. 622. de fes œuvres imprimées in-fol. à Bâle 1544. Il eft intitulé Gigantes & commence ainfi : « Natura, ut eft per fe ferax, primo partu Decorem, atque Harmoniam edidit, nulla opéra viri adjuta. Antiphylla vero, femper Natura ; adverfa, tam pulchrum fœtum protinus invidit, uiaque Tel- lumonis aniplexu, duo ex adverfo monftra peperit, Admoduntem ac Difcrepantiam nomine… » & le refte que Rabelais n’a fait que traduire jufqu’à ces mots exclufivcmcnt : Depuis elle engendra les matagots^ &c. (La Monnoye, Ménagiana^ t. I, p. 371)

Page 386, 1. 15 : Intonation de Guare Serre. Sonnerie indiquant de se garer et de serrer les vaisseaux les uns contre les autres, ou, peut-être, de carguer les voiles.

Page 387, 1. 12 : Per feus. Perfé ius par moy fera. « On voit que Rabelais joue ici sur Perf eus et percé jus. » (Éloi Johanneau)

L. 18 : Comme naguieres expo f oit frère lan. Voyez t. II, p. 357, 1. I : « N’aye iamais paour de l’eau… Par élément contraire fera ta vie terminée. »

L. 28 : Le facile fymbole qui eft entre rouft & houilly. C( Les cuifiniers des Diables… mettent fouuent bouillir ce qu’on deftinoit pour rouftir. » (T. 11, p. 357)

Page 388, 1. 6 : Celluy milourt Anglais. Georges, duc de Clarence, que, d’après plusieurs historiens, son frère Edouard iv fit périr de la sorte au mois de fé- vrier 1478. Voyez Commines, liv. î, c. 7. QUART LIVRE, T. II, P. 39O-393. 289

Page 390, 1. 32 : Sagettes des Scythes. Ce dernier récit est traduit d’Hérodote, liv. iv, c. 1 31-132.

Page 392, 1. dernière : Nicanier. Voyez son Ophia- que ou Traité des serpents.

Page 393, 1. i : L’ijle Farouche y manoir antique des Andouilles. Les commentateurs se sont donné beaucoup de mal pour expliquer historiquement ce chapitre et ceux qui le suivent. Les lecteurs qui seront curieux de parcourir toutes ces explications fort précises en ap- parence, mais entièrement contradictoires, les trou- veront dans l’édition d’Eloi Johanneau. Quant à nous, nous nous contenterons de faire remarquer qu’un peu plus loin, p. 404-40), Rabelais s’exprime de la sorte : « Les Souifles peuple maintenant hardy & belliqueux, que fçauons nous fi iadis eitoient SaulcilTes ? ie n’en vouldroys pas mettre le doigt on feu. » Ce que Joa- chim du Bellay (Les Regrets^ sonnet 127, t. 11, p. 230) a rappelé en ces termes :

Voila les compagnons & correfleurs des Rois Que le bon Rabelais a furnommez Saulciffes.

Plus loin encore, p. 414, Rabelais a dit : « trancha le Cervelat en deux pièces. Vi’ay Dieu, qu’il eftoit gras. Il me foubuint du gros Taureau de Berne qui feut à Marignan tué à la desfaifte des Souifles. «  On pourrait ne voir dans le premier passage qu’un mauvais jeu de mots de fouiffe à faiicijfe ; mais ce n’est pas seulement pour amener une pareille équi- voque qu’il a rapproché les Suisses des saucisses, puisqu’il les compare aussi aux cervelas. Si les sau- cisses et les cervelas sont les Suisses, c’est-à-dire des hérétiques adversaires du carême et par conséquent de Quarefmeprenant, les andouilles peuvent bien dé- signer aussi, soit le même peuple, soit les autres na- tions protestantes ; mais il faut se garder de voir là des allégories suivies, constantes. A chaque instant Rabelais les interrompt, tant par fantaisie que par IV. 19 290

COMMENTAIRE.

la nécessité de n’être point trop clair, et se livre, chemin taisant, à toutes les plaisanteries et à toutes les équivoques auxquelles donne lieu si facilement le récit des étranges combats auxquels il nous fait assister.

Page 398, 1. 6 : Il y perdit la vie. Voyez Hérodien, Vie de CaracdU, IV, 9.

L. 8 : Les Sichimiens. Voyez la Genèse^ l, 34.

L. 13 : Le feijî occire. Voyez Tacite, Annales^ 11, 3.

Page 399, 1. 12 : Les naufi Brindiere… & Por- toueriere. « La neufieme » avait « pour diuife vne brinde, » et « l’vnzieme vne portouoire. » (t. 11, p. 270)

Page 400, 1. 14 : Oclauian Augufte. Voyez Suétone, Vie d’Auguste, 96.

L. 20 : Vcfpdjian.y oyez Suétone, Vie de Vespasien, 7.

L. 28 : Cratyle. Le titre complet de ce dialogue de Platon est : RparûXoç iî Tiepl ovc.p.âT(i)v èpôoTïiToç.

L. 28 : Par ma foif. Comme on ne prononçait pas Vf finale, ce juron formait un mauvais jeu de mots avec : par ma foi.

Page 401, l. i : L’invention admirable de Pythagoras. Voyez Pline, xxviii, 6.

Page 402, 1. 16 : Tiene ejl Tyre. Voyez Plutarque, Vie d’Alexandre.

Page 403, 1. i : Ce que aduint à L. Paulus ^mylius. Voyez Cicéron, De la Divination^ i, 46. Il y a deux petites inexactitudes dans le texte de Rabelais. Le nom de la fille de Paul Emile est Tertia et non Tratia ; et Persa, malgré la terminaison féminine de son nom, est un petit chien, catellus^ et non une chienne.

Page 405, 1. 5 : Scelon la defcription de Pline, « Himantipodes loripcdes quidam, quibus serpendo ingredi natura est. » (Liv. v, c 8)

L. 13 : Serpent andouillicque. « Comment elle s’enuolla en forme d’vn ferpent du chafteau de Lufignan. » (Jean d’Arras, Histoire de Melusine) QUART LIVRE, T. II, P. 405-406. 29 1

L. 17 : Ericluhonlus premier inuenta les coches.

Primus Erichthonius currus et quatuor ausus Jungere equos, rapidusque rôtis insistera victor.

(Virgile, Géorgiques, m, 113)

Servius, dans un commentaire sur ces vers, indique le motif qui avait guidé l’inventeur. L. 23 : La nymphe Scythïcque Or a.

Proxima Bisalta ; regio, ductorque Colaxes Sanguis et ipse Deum, Scythicis quem Jupiter cris Progenuit, viridem Myracen Tibisenaquc juxta Ostia, semifero (dignum si credere) captus Corpore, nec nymphœ gemiiios exhorruit angues.

Insuper auratos conlegerat ipse dracones Matris Orae spécimen…

(Valerias Flaccus, Argon antiques, vi, 48)

L. dernière : Croye^ qu’il n’cjl rien fi vray. Je pense qu’il Y a ici une suspension comique qui devrait être marquée par des points. Rabelais semble dire d’abord qu’il n’eft rien fi vray.., (que les récits qu’il vient de faire), puis il ajoute : que l’Euangile.

Page 406, 1. 19 : Nabu^ardan maifire cuifinier du Roy Nabugodonofor. Dans la Bible (Rois^ iv, XXV, 8 et sui- vants), Nabuzardan est toujours qualifié de « princeps militias » ou « exercitus, » ou de « magister militum. ; > Toutefois ce n’est pas Rabelais qui a imaginé de le transformer en cuisinier. Il n’a fait en cela que suivre une fort ancienne tradition. On lit dans un poème al- légorique sur le siège de Jérusalem par Nabuchonosor et Nabuzardan, composé en 1180 et dont M. P. Meyer a donné un extrait dans la Romania (vi, 7) :

Grant mal fit a Iherufalem, A iceft tens Nabradanz : Les oz conduirt cheualiers, Et fut maitres confanoers {sic) Prince queurs fut de la coifine. 292 COMMENTAIRE.

On trouve en outre dans les Anciennes poésies fran- çaises des xv" et XVI’^ siècles publiées par M. Montaiglon dans la Bibliothèque el^evirienne (t. i, p. 204) : Un Ser- mon ioyeulx de la viefaint Ongnon^ comment Nabu^arden^ le maiftre cuifmier, le fit martirer…

Page 407, 1. 5 : loyeufes refponfes de Ciceron. Voyez Plutarque, Apophtegmes.

Page 409, 1. 7 : La naiif Bourrabaquiniere, « La lîxieme (pour diuife auoit) vn Bourrabaquin mona- chal. » (t. II, p. 270)

L. 17 : La Truye de la Riole. « Eurent confeil ceux de l’oft, pour leur befogne approcher & pour plus gre- uer leurs ennemis, que ils enuoieroient querre en la Riolle vn grant engin que on appelle truie, lequel engin eftoit de telle ordonnance que il ietoit pierres de faix ; & fe pouuoient bien cent hommes d’armes ordonner dedans & en approchant affaillir la ville. » (Froissart, Chroniques^ liv. 11, c. 5)

Page 413, 1. i : Rompit les Andouilles aux gcnoulx. Ilyaici unesorte de jeu de mots, car rompre l’anguilleau genou, sur le genou, était une locution proverbiale pour désigner une chose impossible : « Les Dieux ont permis la mort de voftre frère. Ils ont conferué mon père, ils veulent vous fruftrer de vos entrcprifes & fauorifer aux fiennes, & vous voulez rompre l’anguille au ge- noil. » [Amadis^ t. VIII, c. 53)

L. 18 : Gradimars. — Dimar^ au lieu de mardi, est la forme méridionale.

L. 23 : Son efpee Baife mon cul [ainfi la nommait il) à deux mains. Ce coq-à-l’âne n’est pas de Rabelais. Il se trouve déjà dans les Propos rufiiques de Du Fail (t. I, p. 98) publiés dès 1547 : « Voyla (difoit il) la leuce du bouclier de l’efpee feule, & de l’efpee baife mon cul à deux mains. »

Page 414, 1. 2 : Gros Taureau de Berne. Voyez ci- dessus, p. 289, note sur lai. i de la p. 393, et la Table des noms au mot Berne.

Page 415, 1, 11 : Marbre Lucullian. Pline raconte yUART LIVRE, T. II, P. 415-425. 293

(XXXVI, 8) que LucuUus donna son nom à un marbre de l’île de Milo qu’il introduisit le premier à Rome.

L. 18 : Pourceau Minerue enfeignant. Dans le pas- sage grec enseignant est sous-entendu.

Page 417, 1. 16 : Rue pauee d’Andoullles. Ancien nom de la rue Pavée (Saint André des Arcs] jusqu’en 1676. Voyez Paris sous Philippe Auguste^ p. 325’.

Page 419, 1. 4 : Par Vejloille PouJJiniere. « Il jure par l’étoile poussinière, ou la constellation des Pléiades, sans doute parce que le lever de cette constellation passait chez les anciens pour exciter les vents et les tempêtes. » (Éloi Johanneau)

L. 24 : Le vent de la chemife.Y oj^z ci-dessus, p. 135, note sur la 1. 13 de la p. 146.

Page 421, 1. dernière : Sonnet. « le n’y eus efté longuement, que la bonne perfonne ne delafchaft vn gros pet de ménage, FroiiTart diroit, defcliquaft vne dondaine, & les atïéttees, vn fonnet. » (Du Fail, t. 11,

p. 99)

Page 422, 1. 13 : Rien n’efl beat de toutes parts.

. . . Nihil est ab omni Parte beatum.

(Horace, Odes, ii, i6, v. 27)

L. 15 : Ai/es comme peres.Woyez ci-dessus, p. 284, note sur la 1. 17 de la p. 356.

Page 424, 1. dernière : Par l’ordonnance des Médi- ans. Voyez ci-dessus, p. 278, note sur la 1. 17 de la

P- 334-

Page 425, 1. i : L’ijle des Papefigues. La Fontaine a imité ce chapitre et les deux suivants dans son Diable de Papefiguière.

L. 15 : Luy feijî la figue.

Firent la figue au portrait du faint Père.

(La Fontaine)

L. 24 : ladis vfa enuers les Milanais. Voyez Albert 294 COMMENTAIRE.

Krantz, Saxonia, liv. vi, c. 6, et Guillaume Paradin, Deantiquo Burgundiif jiatUj Lyon, Etienne Dolet, 1542. Page 426, 1. 21 : Ecco lo fico. « Voilà la figue. » Page 427, 1. 16 : Tourelle. Richelet, dans son Dic- tionnaire^ renonce à expliquer ce mot, mais raconte à son sujet une anecdote assez curieuse : « J’ai confulté, dit-il, plufleurs greniers ou grenctiers & plullcurs herborirtes fameux, ils m’ont tous dit qu’ils ne favoient ce que c’étoit que la toufelle. Là-delTus j’ai vu le cé- lèbre Monfieurde la Fontaine à qui, après les premiers complimens, j’ai dit : Vous vous êtes fervi du mot de toufelle dans vos contes, & qu’eft-ce que toufelle ? Par Apollon, je n’en fais rien, m’a-t-il répondu, mais je crois que c’eft une herbe qui vient en Touraine, car Meflire François Rabelais de qui j’ai emprunté ce mot étoit, à ce que je penfe, Tourangeau. » — Voyez le Glossaire.

L. 18 : Fors feulement le Perjîl Cr les choux.

N’avoit encor tonné que fur les choux.

(La Fontaine)

Page 430, 1. 11 : Àinfi choifijfie^ vous le f ire. « Talis eligit, qui pejus eligit. »

Page 431, 1. dernière : Donner à leur con vent. Dans l’édition de 1552 con est au bas d’une page, comme dans la nôtre, et vent au commencement de la suivante ; mais il n’y a pas de tiret ; c’est notre im- primeur qui a cru devoir en ajouter un.

Page 434, 1. 28 : F.n la. forme que iadis les femmes Perfides fe prœfenterent à leurs enfans. n En rebourfant fa robe par deuant & leur montrant fon ventre. » (Plu- tarque. Des vertueux faits des femmes)

L. 30 : L’énorme folution de continuité. La Fontaine a reproduit textuellement ce passage et a tait des trois derniers mots un vers entier :

…aufli-toft qu’il apperceut l’énorme Solution de çonlinuité. QUART LIVRE, T, II, P. 434-443. 295

Cette expression avait déjà été employée (t. i, p. 292) par Rabelais.

L. 33 : Cela. ? Probablement dans le sens de : « qu’est- ce que cela ? » De l’Aulnaye, Johanneau et Burgaud des Marets pensent qu’il faut lire ici, comme plus loin page 510, 1. dernière, sela, mot hébreu que la Brieve claration explique par « certainement. *

Page 437, 1. 6 : Celluy qui eft. « Ego sum qui sum. » {Exode j III, 14)

L. II : Nous parlons du Dieu en terre. « Vn cardinal… eftant malade à la mort, & ayant voulu eftre confefle, quand le confefleur luy parla d’adorer vn feul Dieu il dift qu’aufll faifoit-il, mais que c’eftoit le Pape. Car d’autant que Pape eft Dieu en terre, ie l’ay mieux aimé adorer, parcequ’il eft viflble que non pas l’autre qui eft inuilîble puis qu’il n’en faut pas adorer deux. » (Henri Estienne, Apologie pour Hérodote^ c. XXV, t. I, p. 581)

Page 440, 1. 20 : Que OElauian confacra à luppiter Capiîolin. Voyez Suétone, Vie d’Auguste^ 30.

Page 441, 1. 9 : rNnei 2EA.ÏTON. Voyez ci-des- sus, p. 245, note sur la 1. 12 de la p. 124.

L. 10 : El. — Plutarque, Qiie fignifioit ce mot El qui eftoit engraué fur les portes du temple d’Apollo en la ville de Delphes.

L. 13 : Euripides. — Iphigénie en Tauride, v. 85.

L. 27 : Diipetes, — Odyssée^ IV, 77.

Page 442, 1. 31 : Seiche. « Meffa fenza commu- nione. » (Oudin, Recherches italiennes & françoifes)

Page 443, \. t, : le y euffe porté pain & vin par les traiâi pajfe^. On portait encore il y a quelques an- nées, dans certaines provinces et même dans quelques paroisses de la banlieue de Paris, un pain et une bou- teille de vin aux messes d’enterrement en manière d’of- frande, peut-être, suivant la remarque de Burgaud des Marets, à cause de ces paroles de Tobie à son fils : a Placez votre pain et votre vin sur la tombe du juste. » On faisait cela « pour les trépassés. » Frère Jean dit que s’il avait déjeuné avant le service, il aurait 296 COMMENTAIRE.

porté le vin a par les traiftz païïez » dans son gosier. L. 5 : Trouffei la court, de paour que ne fe crotte. Dans la Pj.JJlon de le fus Chrift à perfonnages^ p. 53, saint Jean dit au bourreau qui va le décapiter :

Accorde que face oraifon A Dieu, par penfée deuote. Grongnart, bourreau. Fay le donc court, que ne fe crote.

Page 447. 1. 19 : Guilloten Amiens. Ce n’est pas là un personnage de fantaisie. Sa réputation était bien établie. Jean de la Bruyère Champier, dans son De re cibarij. (xv, i), mentionne à Amiens : « Vnum popi- narium, nomine Guillelmum (Guillotum vulgus co- gnominat’i, » qui sait préparer avec la plus grande promptitude des repas dignes des rois et a facilement et à bon droit obtenu la palme parmi les taverniers de France. » Montaigne, dans son Voyage, p. 202, parlant, à l’article Lavenelle.d’un célèbre cuisinier de Toscane, dit : « L’hoftellerie eft fameufe… On en faict lî grand fefte que la nobleffe du païs s’y aflamble fouuant, come chés le More à Paris, ou Guillot à Amians. »

Page 448, 1. 19 : C/eri^e. Vocatif du mot latin cle- ricus. « clerc. » 11 forme une sorte de jeu de mots avec ef claire icy. qui suit.

L. 30 : Seraphicque Sixiefme.S’vàevaeliVTe des Dé- crétales, ajouté aux cinq premiers par Boniface vm.

Page 4^0, 1. 7 : L’Ecoffoys docieur Decretalipotens. (i Ce doit être, dit Burgaud des Marets, Robert Irland, d’une des plus anciennes maisons d’Ecosse, qui s’é- tablit en France vers 1492, obtint en 1502 une chaire de droit à l’université de Poitiers, et mourut le 15 février 1561, après avoir professé avec beaucoup d’éclat pendant soixante ans, et compté parmi ses élèves Eghinaire, Baron, Roaldès, Hurault de Che- verny, Achille de Harlay, etc. »

L. 13 : Catulle. Poèmes, XXIII, Ad Furium.

Nec toto decies cacas in anno, Atque id durius est faba et lapillis : QUART LIVRE, T. II, ? . 450-457. 297

Quod tu si manibus teras fricesque, Non unquam digitum inquinare possis.

Page 452, 1. 16 : Perotouauolt dépecé vnes demies De- cretaUs du bon canonge. La carte… Ce passage est assez obscur. Le Duchat explique cznonge ou canonnade par « beau grand papier ; jj ce qui n"éclaircit rien. Burgaud des Marets, qui semble plus prés de la vérité, supprime, dans sa seconde édition, le point après canonge^ et trouve ici un « bon chanoine La carte, » sur lequel, du reste, il n’a aucun renseignement à nous donner.

L. 25 : Figues dioures. « Figues d’or^ » dans le lan- gage de Cahusac.

L. 27 : Le pafadou^. « La flèche, b L. 31, et p. 454, 1. 31 : Çlerice. Voyez ci-dessus, p. 296, note sur la I. 19 de la p. 448.

Page 455, 1. i iDepuys que Deere fleurent aies. Jeu de mots sur les de’crétales et les décrets auxquels les aiUs ont poussé, qui sont en pleine vigueur : Du Fail fait dire à Eutrapel ’t. 11, p. 50) : « L’Ordonnance défen- dante n’accompagner les lergens, n’auoit point encore d’ailes. » — Quant aux maies des gens d’armes, elles eurent pour résultat funeste de faciliter leurs dépré- dations ; mais c’est seulement depuis peu que, par le progrès de toutes choses, elles se sont transformées en fourgons et en trains de bagages. Ce dicton satirique a été bien souvent cité, quelquefois avec certaines variantes. Henri Estienne, dans son Apologie pour Hé- rodote (c. XXXIX, t. I, p. 300), lui donne un vers de plus :

Depuis que décrets eurent aies,

Et que les dez vindrent fur tables,

Et gendarmes portèrent maies,

Moines allèrent à cheual,

Au monde n’y a eu que mal.

Page 457,1. 36 : Vn Decret : fte.Non…vnDecretaliJJe. Burgaud des Marets fait remarquer avec raison « la différence qu’il y a entre un de’erétalisce^ c’est-à-dire 298 COMME KT A IRE.

un jurisconsulte ultramontain, et un décrétiste ou légiste, ordinairement opposé aux prétentions de la cour de Rome. » C’est ce qui fait dire à Épistémon, en jouant sur le mot : « O le gros rat ! » Il veut in- diquer que la langue d’Homénas a eu un rat^ comme nous le disons encore d’une serrure, d’une arme à feu, etc., d’où est venu le yerhe rater.

Page 459, 1. 13 : Vaut, fifdt ^pipat ^ Ubat. Épistémon après avoir prononcé un vivat le fait passer par toutes les variantes de la prononciation allemande pour ar- river à hihat (qu’il boive). On sait que, suivant un ancien dicton, Germanis vivere bibere est.

L. dernière : Baifcr fes poulces en croix. « Allufion à ce que font les bigots dont la dévotion confifte fî eflentiellement à baifer la Croix, que pour en avoir toujours une à leur difpofition, ils la forment de leurs deux pouces qu’ils portent croifez continuellement à la bouche. En Languedoc, on dit d’un homme qui s’intéreffe fenflblement à une affaire qu’il baife fes pouces en croix pour qu’elle réuffiffe. » (Le Duchat)

Page 460, 1. 17 : Non toute terre porte tout.

Nec vero terrœ ferre omnes omnia possunt.

Sola India nigrum

Fert ebenum, solis est thurea virga Sabîcis.

(Virgile, Géorgiqucs, u, 109-116)

Page 461, 1. 3 : Appelions les figues figues. Trappïifrîa ; xat àXviôeîaç <pîXo ; , wç ô Kcfj.txoç (pridt, ra tjùjca cùxa… cvop.âawv (Lucien, Comment on doit écrire l’histoire, 41)

J’appelle un chat un chat…

(Boileau, Satires, 1)

L. 19 : /f vous congnoys à voflre ne^. Voyez ci-dessus, p. 140, note sur la 1. 2 de la p. 151.

L. 24 : Si…quefumus, « Si tu ne veux donner, prête, nous t’en prions. »

Page 463, 1. ^.-.Efcu^ au fabot. Suivant Le Duchat, QUART LIVRE, T. II, P. 462-465. 299

Rabelais les nomme ainsi parce que les fleurs de lys y étaient semées « dans un écuffbn prefque triangu- laire & de la figure, à peu près, de cette forte de toupie qu’on nomme fabot. »

L. 7 : Salut-^ d’or. Voyez ci-dessus, p. 145", la note sur la 1. 9 de la p. 171. Les commentateurs font re- marquer que si Pantagruel donne aux filles à marier des pièces de monnaie représentant la salutation angé- lique, c’est pour leur promettre ce que l’ange annonçait à la vierge Marie.

Page 463,1. 2 : Parolks dégelées. VhhtoïKQ des pa- roles gelées, puis dégelées, n’est pas de l’invention de Rabelais. Nous tenons de lui-même qu’elle remonte à Antiphanes (Voyez ci-dessous, note sur la 1. 13 de la p, 465). Il n’est donc pas nécessaire d’avoir recours, comme le fait La Monnoye {Mc’nagiana^ t. m, p. 448), au Cortiglano de Balthazar de Castillon, publié chez les Aide en 1528 et traduit en français en 1537, et dont un récit du 11’ livre renferme une fiction analogue. Il est encore plus inutile de rapporter tout au long^ pour les comparer au texte de Rabelais, deux apo- logues de Cœlius Calcagninus (Ferrare, 1544) intitulés, l’un : Voces frlgoris vi eongelatœ,et l’autre : Vocesfrigore concreta, dont le second n^est qu’une simple paraphrase des paroles d’Antiphanes.

Page 464, 1, 9 : Comme dif oit Brutus. Brutus disait au contraire (Plutarque, Marciis Bnaus^ 63) : « Il s’en fault fouir voirement. .. mais c’eft auec les mains, & non pas auec les pieds. » C’est-à-dire : il faut éviter la mort en combattant.

L. 15 : Le Fran archier de Baignolec. Yoysz ci-dessus, p. 284, la note sur la 1. 16 de la p. 354.

L. 25 : L’home fuyant comhd.tr. i de rechief. ’Avnp ô (p6Û-]fuv y.’xl T.ôCKi^ [xayjiasTai. (Aulu-Gelle, XVII, 21)

L. 33 : l’ay leu. Dans Plutarque, Des oracles qui ont

Page 465, 1. n : Parolks… volantes. "ETvia irrEpoEvra. 300

COMMENTAIRE.

h. i-^ : Antiphanes. Plutarque, Sur les progrès dans la vertu. 15.

Page 466, I. 2 : Mof^ de gueule. Brocards, réponses vives du genre de celles de la Dorine de Molière « forte en gueule, » comme chacun sait, ce qui irritait tant madame Femelle. Les mots gelés étant, comme on va le voir, de diverses couleurs, les expressions « motz de gueule… motz d’orez, « sont employées dans ce cha- pitre par allusion à la langue du blason. La couleur de gueules est le rouge.

L. 20 : Le peuple voyait les voix. « Omnis populus videbat vocem. » {Exode, xx, 18)

Page 467, 1. 22 : C’ejîoit la. guorge couppee. « Des paroles sanglantes sont des paroles qui mènent à se couper la gorge. C’est pourquoi le lieu d’oii elles étaient parties et où elles retournaient « c’efioit la guorge couppée. » (Burgaud des Marets)

L. 25 : Ticque. torche, lori< ; ne. Ces mots figurent dans la chanson de La défaite des Suis : ses. Voyez ci-dessus p. 115, note sur la 1. 19 de la p. 72. Éloi Johanneau en a conclu qu’il s’agit dans ce chapitre et dans les sui- vants de la bataille de Marignan. Il croit en voir une preuve de plus dans le nom des Nephelibates (mcirch.a.nt dans les nuages) qui, suivant lui, désigne évidemment les Suisses.

Page 468, 1. 12 : Vendent à fon mot.

PATHELIN, fcul.

En dea, il ne m’a pas vendu A mon mot, s’a efté au fien ; Mais il fera payé au mien.

{La Farce de Pathelin, p. 2j)

Page 469, 1. i : Meffere Gafter. La Fontaine a emprunté ce nom à Rabelais :

Je devois par la Royauté Avoir commencé mon Ouvrage, (^UART LIVRE, T. II, P. 469-471. 301

A la voir d’un certain coflé,

MelTer Gafter en eft l’image.

S’il a quelque befoin, tout le corps s’en reffent.

[Les Membres & l’EJÏomach)

Dans l’édition originale de ses fables La Fontaine a pris soin d’expliquer lui-même en note meffer Gafter par : Veftomach.

Page 470, 1. 3 : Par Hefiode defcript. Voyez Tra- vaux et jours ^ V. 291.

L. 8 : Ciceron ne h creut oncques. En effet, dans son livre De la nature des Dieux, après avoir longuement discuté l’opinion de ceux qui, à l’exemple d’Heraclite, regardent le feu comme le principe de toutes choses, il termine en disant : « nunc autem concludatur illud, quod interire possit, idjeternum non esse natura : ignem autem interiturum esse, nisi alatur ; non esse igitur natura ignem sempiternum. »

L. 12 : La fentence du Satyricque.

Magister artis ingenîque largitor, Venter.

(Perse, Prologue, v. lo)

L. 19 : Platon in Sympofw. — Le Banquet^ xxill.

L. 26 : Gafter fans oreilles feut créé. Selon Plutarque {De Van de conferuer fa fanté) Caton a dit, probablement le premier, que le ventre n’a pas d’oreilles. Ce pro- verbe est devenu populaire dans notre langue. Rabelais qui l’emploie un peu plus loin, p. 494 : « l’eftomach affamé n’a poinft d’aureilles, il n’oyt guoutte, » l’avait déjà placé dans le discours latin de Panurge, où il le qualifie de vieil adage, (t. i, p. 263)

L. 27 : Le fimulachre de luppiter eftoit fans aureilles. Voyez Plutarque, De Ifis &’ d’Ofiris, 78.

Page 471, 1. 26 : Il faicl poétrides.

Quod si dolosi spes refulserit nummi, Cervos poetas et poetrias picas Cantare credas pegaseium nielos.

(Perse, Prologue^ v. 12) 302

COMMENTAIRE.

Page 473, 1. 15 : Les Tahons, ou moufches guefpes. Voyez ce qu’Aristophane y dit (v. 1019) du ventriloque athénien Euryclès, et les éclaircissements que son scholiaste ajoute à ce passage.

L. 17 : Plato. — Le Sopliiste, XXXVII.

L. 18 : De la cejfation des Oracles. — XVI.

L. 32 : Sternomantes. Voyez Pollux 11, 262.

Page 474, 1. 2 : lacohe Rodogine. Toute cette histoire est tirée des Antlqiiœ hciiones (vill, 10) de Cœlius Rhodiginus, originaire de Rovigo, comme la ventriloque dont il parle ; c’est lui qui a fourni à Ra- belais la plupart des témoignages mentionnés au com- mencement de ce chapitre. Voyez t. 11, p. 125.

L. 27 : Comme dici Hefiode. Ce n’est pas Hésiode qui dit cela, mais Homère :

…eTuaiov â/_6c ; àpoûpï) ; .

{Iliade, XV m, 104)

Page 475, 1. 10 : Le falncl Enuoyé. S. Paul, Épître aux P/nlippiens ui, 18 et 19.

L. 17 : le ne facrlfie… de tous les Dieux. … OuTivi ôûw, ttXtjV è(jL0t, 6£oî(ji â^’ou, }ia( Tïi (j-E-j’ioTY) •jacTTpt zri^i S’aijJ.o’vwv (v. 334)

Page 476, 1. i : Manduce. Sur Manduce, appelé à Lyon mafchecroutre. ainsi qu’il est dit plus bas, voyez à la Table des noms l’article mafchecroutte, où se trouvent la reproduction de la note de ïalphabetde l’auteur et les passages de Plaute et de Juvénal auxquels Rabelais renvoie. Quant à celui de Pomp. Festus (liv. xi), le voici : « Manducus, effigies, in pompa antiquorum inter ceteras ridiculas formidolosasque ire solebat, magnis malis, ac late dehiscens, et ingentem dcntibus sonitum faciens. »

L. 19 : Ayant les œil^ plus grands que le ventre. Al- lusion au vieux proverbe « avoir les yeux plus grands que la panse, » qu’on applique aux gourmands qui, en voyant un bon repas, espèrent manger plus que leur estomac ne peut contenir. QUART LIVRE, T. II, P, 478-489. 303

Page 478, 1. 31 : Co/z/zi/j’. Lapereaux. C’est un mets que les écrivaias facétieux du xvi* siècle n’oubliaient guère dans leurs menus, parce que le mot prêtait à des équivoques qu’ils se plaisent quelquefois à indi- quer :

Manger fault pouffîns, — Pigeons, leunes connis entre deux cuiffes, — Carpes, brochetz & efturgeons. (Farcede folle Bobance. Anc.Th.fr., Bibl. elzév. t.ii, p. 279)

Page 480, 1. i : lours maigres entrelarde^. « Jours d’abftinence qui entrelardent les jours gras. » (Le Duchat)

Page 483, 1. 14. Mon Lafanophore le nie. Èpi^-o^drou ^ï aÙTÔv èv Tûl ; 7Tût7iji.aaiv HXtcu « aî^a ’j'pâij^avTo ; , où xaurâ (AGI (é’cp-fl) oûvctJav ô Xaaavocpdpoç. (Plutarque, Apophteg- mes ^ 30)

Page 485, 1. 27 : Et ejlimoysquefeuft celle… Ce qui suit a été emprunté par Rabelais des Histoires diverses de Nicolas Léonic (i, 67), ainsi que le remarque Le Duchat. Ce qui le prouve, c’est que dans cet ouvrage, comme chez Rabelais, la fontaine est nommée Agrie, tandis que Pausanias (vill, 38), d’où est originairement tiré ce récit, la nomme kym (Agno).

Page 486, 1. 2 : En la manure vfitee entre les Me- thaneniïens de Tre^enie. Voyez Nicolas Léonic (11, 38) et Pausanias (11, 34).

L. 27 : Oxydraces. Voyez Philostrate, Vie d’Apollo- nius de Tyane, il, 33.

Page 487, 1. 21 : Plutarche. — Des délais de la iuftice diuine, XXVIII.

Page 488, 1. 17 : Nicander. — Pline, xxxvi, 16.

L. 21 : N’eft tolérée en Nature. Conformément à l’axiome de l’ancienne physique : Natura abhorret va- cuum, « la nature a horreur du vide. »

Page 489, 1. 6 : ^-Ethiopis. Pline, xxvi, 4.

L. 7 : Echineis. Pline, ix, 25.

L. 13 : Democritus. Pline, xxv, 2. 304 COMMENTAIRE.

L. 18 : Picf Mars. Pline, x, 18. L. 35 : Diclame. Pline, VIII, 27. L. 28 : De laquelle Venus guarit.

Hic Venus, indigno nati concussa dolore, Dictamnum geiiitrix Cretœa carpit ab Ida.

(Virgile, Enéide, xii, 41 1)

L. 32 : Fouldre détournée. Pline, 11, 55.

L. dernière : Elephans enraige^. Plutarque, Propos de table ^ II, question vil, i.

Page 490, 1. i : Taureaux furieux. Pline, XXIII,7.

L. 7 : Euphorion. Elien, Histoire des animaux^ XVII, 28.

L. 1 1 : En pays on quel le cfunt des Coqs ne ferait ouy. « Magis canoram buccinam tubamque crédit pastor ibi cssa, ubi gallorum cantum frutex ille (sambix) non exaudiat. » (Pline, XVI, 37)

L. 27 : Ne doibt eftrefalEle de tous boys. Alexander ab Alexandre, iv, 12.

Page 493, 1. 16 : Haulfer le temps. Jeu de mots. Le Dictionnaire de Trévoux l’explique par : « laisser le temps se mettre au beau 5 » mais il est certain que cette expression, par une extension de sens assez dif- 6cile à expliquer, signifiait aussi « boire. » Oudin lui donne ce sens dans ses Curiofite^ françoifes • et les exemples suivants prouvent qu’il a raison :

Si le temps eft bas, ie le hauffe, En bien beuuant, voire du bon. (Le Varlet à louer. — Poésies françaises des xv" et xyi"," ! ., t. I, p. 77. Bibl. elz.)

« Charles-Quint fit publier… vn edit portant que l’on n’eût plus à faire carroux, c’eft-à-dire boire co- pieufement, ce qui révolta fi fort les Allemands qu’ils trouuerent touiours moyen de l’éluder, & l’empereur fut contraint de laiffer hauirer le tems aux bons bibe- rons, comme ils eftoient accoutumés. » (Brantôme, Vie de Charles Quint) QUART LIVRE, T. II, P. 494-50O. 305

Page 494, 1. 20 : L’ejlomach tiffj.mé na -poincl d’au- reilles. Voyez ci-dessus, p. 301, note sur la 1, 26 de la p. 470.

L. 23 : Tarquin. Tite-Live I, 54.

Page 496, 1. 8 : Chattemittes^ Santorons… Hermites. Rabelais a fait ailleurs (t. in, p. 242) une autre énu- mération du même genre. La Fontaine se les est rappelées lorsqu’il a dit (t. v, p. 190, Blhl. el^év.) :

Le Poète avoit l’air d’un Rendu Comment ! d’un Rendu ? D’un Hermite, D’un Santoron…

et Walckenaër, à qui ce rapprochement avec Rabelais a échappé, a cru que ce mot Santoron était le nom d’un ofEcier retiré à la Trappe, (Voyez à l’endroit cité, la note 2, et le Glossaire de Rabelais)

L. 23 : Féminin genre. Expression empruntée du langage grammatical.

Page 497, h 16 : Les Predicantes. Ou, comme nous traduisons ce titre, l’assemblée des femmes. Praxagora y dit à son mari (v. 652) : « Tu n’auras autre chose à faire que d’aller manger, lorsque l’ombre du cadran sera de dix pieds. »

L. 20 : En Plante.

…. Me puero utérus hic erat solarium

Multo omnium istorum optumum et verissimum.

(Plante, fragments. Dis compressa)

L. 24 : Diogenes. Diogène Laërce, Vie de Diogène. L. 30 : Coucher à neuf. Ce dicton populaire se ter- minait par ce vers :

Fait vivre d’ans nouante neuf.

Page 500, I. n ■.Andromaclie.—Andromaque,y. 269.

… \iVlO’l 5’ij— cTÛV U.’vi à"jflW"’

IV. . 20 3o6 COMMEKTAIRE.

À ^’eot’ iyl^^r,i xcù Trupo ; TrspaiTs’pu, OùS’el ; "j-uva.t ! 4b ; ciàpp.a/i’ èÇsufYij^s 7 ; w Kc./’.r, ;….

L. 19 : Qui ha fi parle. Que celui qui a quelque chose à dire, à déclarer, parle ! Formule qui était devenue le nom d’un jeu. Voyez t. i, p, 80, 1. 16, 2" col.

Page 501, 1. 4 : Silenus,Da.nsLeCyclopejV. 168. Les deux vers qui suivent sont cités dans les Serées de Bouchet (t, I, p. 4), mais le premier hémistiche du se- cond y est ainsi modifié :

Qui boit bon vin…

L. 27 : Si croye^ les fuiges Mytlwlogiens. Ils racontent qu’un jour Hercule porta le ciel sur ses épaules pour soulager Atlas.

PaGK 502, 1. 17 : La corbeille de ^-^.fope. « Il prit le panier au pain : c’eftoit le fardeau le plus pefant. Cha- cun crût qu’il l’avoit fait par beftife : mais dés la difnée le panier fut entamé, & le Phrygien déchargé d’au- tant. » (La Fontaine, Vie d’Éfope)

L. 26 : Pfila. Pausanias, m, xix, 6.

Page 503, 1. 24 : La Ponerople de Philippe. Plutar- que. De la curiosite\ X.

Page 504,1. 11 : Contre Ls guahelleurs. Sou\k\-cmc\\t de la Guyenne à l’occasion de la gabelle, en 1548.

Page 507, 1. 7 : De Termes & Dejfay. « Ceci ar- riva environ le mois de Juillet 1548. Henri 11. Roi de France avoit envoie un fecours de fix mille hommes aux EcolTois qui depuis quelques années étoient en guerre avec l’Angleterre. Les Anglois aiant l’urpris fur les EcolTois l’ille de Keigth (autrement l’illc aux Chevaux), André de Montalambert fieur de Deffe qui commandoit le fecours de France prit de fî bonnes mefures pour rentrer dans cette Kle, qu’à une defcente qu’il y fît dix huit jours feulement après la prifc, ce brave homme fe rendit maiftre de l’inc, QUART LIVRE, T. II, P. 507-509. 307

après un combat où les Anglois perdirent quatre cens hommes & tout leur bagage. Voiez M. de Thou, 1. 5. fur l’an 1548. » (Le Duchat)

Page 508, I. 5 : Hoftie. Voici une h dont le nom de la ville d’Ostie n’avait pas besoin et qui aurait bien pu attirer à Rabelais quelque mauvaise affaire. Il est vrai qu’en pareil cas il avait la ressource de rejeter la faute sur ses imprimeurs.

L. 21 : Tliomus Linucer. « Thomas Liuacer mourut âgé de 64. ans en 1524. & fi nous en croions Koni- gius en fa Bibliothèque, il ne fut Médecin que des Rois Henri vil & Henri vili. D’ailleurs, Edouard v. n’a commencé à régner c{u’en 1483. dix huit ans entiers depuis l’exil de Villon. Ainfî, comme il n’y a pas d’apparence que cet exil ait duré fl loiig- temps, il y en a beaucoup que tout ce que raconte ici Rabelais d’Edouard v. & du Pcëte Villon n’eft qu’une fable. » (Le Duchat). — Les consciencieuses re- cherches de M. Longnon sur Villon n’ont fait que prouver la justesse des objections de Le Duchat. Du reste, une découverte récente a établi que cette anecdote est p ! us ancienne qu’Edouard v et même que Villon. M. Léopold Delisle l’a trouvée dans le manuscrit 205’ de la bibliothèque de Tours, qui a pour titre au dos : Compilaîlo finguLiris exemplorum,et qui appartient à la seconde moitié du Xlir siècle. Dans le chapitre relatif aux histrions, les vives reparties que Rabelais prête à Villon sont attribuées au jongleur Hugues le Noir, dont les plaisanteries étaient proverbiales au XIII siècle. « Banni de France pour quelque mauvais tour, il se réfugia à la cour d’Angleterre. Un soir, le roi Jean le conduisit ù ses cabinets, où il avait tait peindre sur la porte, à l’intérieur, Philippe-Auguste avec un seul œil. « Vois donc, dit-il en montrant cette iinage, vois donc, Hugues, comment j’ai arrangé ton roi. — Vraiment répondit le jongleur, vous êtes sage. — Pourquoi donc ? reprit le roi. — Parce que vous l’avez fait peindre ici. — Et pourquoi encore.^ — 308 COMMENTAIRE.

Parce qu’il est merveilleux qu’en le regardant vous ne soyez pas tous dévoyés. » (L. Delisle, Notes sur quelques manuscrits de la Bibliothèque de Tours, 1868, in-8", p. 13)

Page 509, l. 3 : Atque iterum. « Et de nouveau. »

L. 7 : Que mon cul poise. Ces vers attribués à Villon sont rapportés d’une façon un peu différente par Pasquier {Recherches de la France, liv. I, c. 17) :

Ie suis François, dont ce me poise,

Né de Paris, près de Pontoise,

Or d’vne chorde d’vne toise

Sçaura mon col que mon cul poise.

L. 15 : Retraicl lignagier. Le retrait, c’est l’endroit où l’on se retire, le privé, le cabinet d’aisances. Rabelais, en y ajoutant l’épithète de lignagier, en fait un terme de droit, qui désigne l’action par laquelle le parent d’une certaine ligne pouvait retirer un héritage des mains de celui qui l’avait acheté ; mais je pense qu’on ne doit rien chercher au delà et qu’il faut se garder de croire avec Burgaud des Marets que le mot lignagier « semble rappeler la ligne ou raie de l’anus. »

L. 29 : Rodilardus. Ce nom de chat recueilli par La Fontaine (Conseil tenu par les Rats) n’a pas été forgé par Rabelais. Calenzio (Elisius Calentinus),un des illustres de Paul Jove, auteur d’une imitation de la Batrachomyomachie paraît en être l’inventeur.