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gargantua, t. i, p. 43-44

Philippides celui de comédie (Aulu-Gelle). D’autres eurent des motifs plus futiles : « Philemon, voyant vn aſne qui mangeoit les figues qu’on auoit apreſté pour le diſner, mourut de force de rire, » ainsi que Rabelais lui-même nous le raconte un peu plus loin (t. I, p. 73. Voy, le commentaire relatif à ce passage). Polycrate, ou plutôt Polycrite, comme la nomme Plutarque, était une noble dame qui, d’après le témoignage d’Aristote, mourut d’un bonheur inattendu (Aulu-Gelle). Il n’est pas question de Philistion dans les auteurs que cite Rabelais ; mais Suidas nous apprend que c’était un poète comique qui mourut d’un excès de rire. Enfin le consul M. Juventius Talua, ou Thalna, périt au milieu d’un sacrifice qu’il faisait après avoir soumis la Corse (Pline, VIII, LIII, et Aulu-Gelle).

Page 44, l. 10 : A dormir, boyre, & manger. « Manger, boire, dormir : boire, dormir, & manger. Nous roüons ſans ceſſe en ce cercle. » (Montaigne, Eſſais, liv. II, ch. XIII, t. II, p. 390)

L. 18 : Patroilloit par tous lieux. La longue série de dictons et de proverbes qui commence après cette phrase et s’étend jusqu’à : les petitz chiens de ſon pere mangeaient en ſon eſcuelle (p. 45, l. 30), ne se trouve pas dans l’édition antérieure à 1535. Dans cette première rédaction, la peinture d’un enfant malpropre et indiscipliné est plus naïve et plus fidèle. Ensuite Rabelais en multipliant les expressions populaires a voulu exprimer que Gargantua faisait tout à contretemps, et a cherché à exciter le rire par cette interminable file de quolibets. Leur accumulation était un des procédés comiques du moyen âge ; on en trouve, au XVIIe siècle, le dernier et le plus complet spécimen dans La Comédie des proverbes. Chacune de ces locutions figurera au Glossaire sous le mot le plus caractéristique qu’elle renferme. Noël du Fail se rappelant ce passage de Rabelais, introduit, dans le chapitre des Contes d’Eutrapel intitulé Debats & accords entre pluſieurs honneſtes gens, (t. II, p. 21)