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le quart livre.


trancha le Cervelat en deux pièces. Vray Dieu qu’il estoit gras. Il me soubvint du gros Taureau de Berne qui feut à marignan tué à la desfaicte des Souisses. Croyez qu’il n’avoit guères moins de quatre doigts de lard sus le ventre.

Ce Cervelat ecervelé coururent Andouilles sus Gymnaste, & le terrassoient vilainement, quand Pantagruel acourut le grand pas au secours. Adoncques commença le combat Martial pelle melle. Riflandouille rifloit Andouilles : Tailleboudin tailloit Boudins. Pantagruel rompoit Andouilles au genoil, Frère Ian se tenoit quoy dedans sa Truye tout voyant & consyderant, quand les Guodiveaulx qui estoient en embuscade sortirent tous en grand effroy sus Pantagruel.

Adoncques voyant frère Ian le desarroy & tumulte ouvre les portes de sa truye, & sort avecques ses bons soubdars, les uns portans broches de fer, les aultres tenens landiers, contrehastiers, paelles, pales, cocquasses, grisles, fourguons, tenailles, lichefrètes, ramons, marmites, mortiers, pistons, tous en ordre comme brusleurs de maisons : hurlans & crians tous ensemble espovantablement. Nabuzardan, Nabuzardan, Nabuzardan. En tels cris & esmeute chocquèrent les Guodiveaulx, & à travers les Saulcissons. Les Andouilles soubdain apperceurent ce nouveau renfort, & se meirent en fuyte le grand guallot, comme s’elles eussent veu tous les Diables. Frère Ian à coups de bedaines les abbatoit menu comme mousches : ses soubdars ne se y espargnoient mie. C’estoit pitié. Le camp estoit tout couvert d’Andouilles mortes, ou navrées. Et dict le conte, que si Dieu n’y eust pourveu, la generation Andouillicque eut par ces soubdars culinaires toute esté exterminée. Mais il