Kalevala/trad. Léouzon le Duc (1867)

(Redirigé depuis Le Kalevala (1867))
Pour les autres traductions de ce texte, voir Kalevala.
Le Kalevala
épopée nationale de la Finlande et des peuples finnois, traduit de l'idiome original, annoté et accompagné d'études historiques, mythologiques, philologiques et littéraires
Traduction par Louis Léouzon le Duc.
A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.
LE
KALEVALA
ÉPOPÉE NATIONALE
de la finlande et des peuples finnois
Traduit de l’idiome original
annoté et accompagné d’études historiques, mythologiques
philologiques et littéraires
par
L. LÉOUZON LE DUC

I
L’ÉPOPÉE

PARIS
LIBRAIRIE INTERNATIONALE
15, Boulevard Montmartre, 15

A. LACROIX, VERBOECKHOVEN & Cie, ÉDITEURS
À Bruxelles, à Leipzig & à Livourne

1867
tous droits de traduction et de reproduction réservés

TABLE DES MATIÈRES


Pages.
Première Runo. — Ouverture du poëme. — La Vierge de l’air descend des hauteurs éthérées au milieu de la mer. — Le souffle du vent féconde son sein. — Durant sept siècles, elle erre sur les flots, ballottée par la tempête. — Ses douleurs et ses plaintes. — Invocation à Ukko, dieu suprême. — Un aigle s’abat sur le genou de la Vierge et y bâtit son nid, dans lequel il dépose sept œufs. — Les œufs se brisent, et de leurs débris se forment la terre, le ciel, le soleil, les étoiles et les nuages. — Créations de la fille d’Ilma. — Naissance de Wäinämöinen, le runoia éternel 
 1
Deuxième Runo. — Wäinämöinen aborde sur une île déserte et stérile. — Il la défriche et l’ensemence. — Les plantes et les arbres croissent en abondance. — Le chêne s’élève et obscurcit de ses rameaux le soleil et la lune. — Un nain des eaux transformé soudain en géant l’abat de trois coups de hache. — Vertu magique de ses branches. — Nouveau défrichement. — Tous les arbres sont abattus, sauf un seul bouleau que le héros laisse debout pour servir de lieu de repos aux oiseaux du ciel. — L’aigle reconnaissant met le feu aux arbres. — Le blé est semé dans la cendre, et Ukko envoie une pluie qui le fait germer. — Chant du coucou 
 10
Troisième Runo. — La renommée de Wäinämöinen s’étend au loin. — Joukahainen en est jaloux et veut le braver. — Il va à sa rencontre et lui porte un défi. — Wäinämöinen le laisse débiter ce qu’il sait, mais dédaigne de se mesurer avec lui. — Joukahainen entre en fureur et menace le runoia de son glaive. Wäinämöinen le soumet alors à de terribles ensorcellements. — Joukahainen demande grâce, et promet à Wäinämöinen, s’il rappelle ses paroles magiques, de lui donner sa sœur Aino pour épouse. — Wäinämöinen le délivre. — Joukahainen revient triste près de sa mère, à laquelle il raconte son aventure. — Douleur de la jeune fille d’avoir été promise au vieux runoia. — Joie de la mere, à l’espoir de voir entrer dans sa famille un héros aussi célèbre 
 19

Quatrième Runo. — Wäinämöinen surprend Aino dans un bois, et lui demande de l’épouser. — Aino refuse et revient en pleurant à la maison. — Sa mère cherche à la consoler, et l’engage à se revêtir de beaux vêtements. — La jeune fille suit ce conseil, puis se lamente de nouveau sur sa triste destinée. — Elle voudrait ne pas être née, elle aspire à mourir. — En exhalant ainsi ses plaintes elle arrive sur les bords de la mer. — Trois jeunes filles sont là à se baigner. — Elle veut les rejoindre, se dépouille de ses habits et se jette à la nage. — Les flots l’emportent, et elle roule dans l’abîme. — Le lièvre rapporte à la mère d’Aino, la fatale nouvelle. — Elle verse des larmes abondantes, et de ses larmes naissent trois fleuves et neuf cataractes, et au milieu de ces cataractes s’élèvent des bouleaux dans la couronne desquels trois coucous d’or chantent des chants symboliques 
 32
Cinquième Runo. — Wäinämöinen va à la recherche d’Aino. — Il jette ses filets dans la mer et en retire un poisson d’une forme étrange. — Au moment où il s’apprête à le dépecer, il lui échappe des mains et lui reproche de n’avoir point reconnu en lui la sœur de Joukahainen. — Wäinämöinen la conjure de revenir. — Mais la jeune fille ne revient pas. — La mère de Wäinämöinen surgit alors de sa tombe et conseille son fils d’aller chercher une autre fiancée parmi les vierges de Pohja 
 44
Sixième Runo. — Wäinämöinen se dirige vers Pohjola. — Joukahainen, qui n’a pas oublié les humiliations dont il l’a accablé, et qui brûle de se venger, l’attend sur la route armé de son arc. — Sa mère cherche en vain à le détourner de son dessein. — Joukahainen tire sur Wäinämöinen, mais il atteint seulement son cheval, qui s’abat et entraîne le héros dans la mer, où il devient le jouet d’une violente tempête. — Joukahainen se vante auprès de sa mère de son sinistre exploit 
 49
Septième Runo. — Wäinämöinen erre pendant plusieurs jours sur les vagues de la mer. — Un aigle vient à son secours et l’emporte sur ses ailes jusqu’à Pohjola. — Louhi le reçoit dans sa maison, où elle le traite généreusement. — Wäinämöinen n’en est pas moins inconsolable. — Il veut retourner dans son pays. — Louhi propose de l’y conduire s’il peut lui forger un Sampo ; elle lui donnera en outre, en récompense de ce travail, sa fille pour épouse. — Wäinämöinen se déclare incapable de satisfaire à son désir, mais il promet à Louhi de lui envoyer l’illustre forgeron Ilmarinen. — Ilmarinen forgera le Sampo. — Louhi donne alors à Wäinämöinen un cheval et un traîneau avec lesquels il s’empresse de reprendre le chemin de son pays 
 54

Huitième Runo. — Wäinämöinen aperçoit la vierge de Pohjola, appuyée sur l’arc-en-ciel. — Il l’invite à descendre dans son traîneau, pour devenir son épouse. — La jeune fille, après diverses objections, promet enfin de se rendre à son désir, s’il sort vainqueur des épreuves qu’elle lui propose. — Wäinämöinen se tire avec bonheur des deux premières, mais quand vient la troisième où il s’agit de la construction d’un bateau, il se blesse grièvement au genou avec sa hache. — Le sang du héros coule avec abondance. — Alors, Wäinämöinen remonte dans son traîneau et va à la recherche de celui qui pourra le guérir. — Il trouve un vieillard qui, fort de la vertu des paroles originelles, lui promet de s’en charger 
 61
Neuvième Runo. — Le vieillard commence l’opération. — Mais, pour guérir la blessure faite par le fer, il doit remonter à sa cause première, il doit connaître l’origine du fer. — Wäinämöinen la lui raconte. — Alors, le vieillard fulmine ses malédictions contre le fer, puis s’efforce par ses conjurations d’arrêter le sang qui coule de la blessure. — Il envoie son fils chercher le baume à la vertu éternelle, qu’il applique sur le genou du héros, en invoquant le secours d’Ukko, le grand créateur. — Wäinämöinen guérit et rend grâces à Jumala, source unique de toute force et de tout bien 
 67
Dixième Runo. — Wäinämöinen, de retour dans son pays, exhorte Ilmarinen à se rendre à Pohjola pour y forger le Sampo et y épouser la jeune fille. — Ilmarinen s’y montre peu disposé. — Alors, Wäinämöinen le fait monter sur un arbre enchanté et de là le forgeron est emporté sur les ailes du vent jusqu’à Pohjola. — Louhi le reçoit avec joie. — Il dresse sa forge, et après plusieurs tentatives, réussit à fabriquer le Sampo. — Il réclame la jeune fille, comme prix convenu de son travail. — Mais celle-ci refuse de le suivre. — Louhi donne au héros un bateau rapide avec lequel il retourne dans son pays, et raconte à Wäinämöinen les résultats de son voyage 
 78
Onzième Runo. — Lemminkäinen, le joyeux héros, se rend à Saari, pour briguer la main de la belle Kylliki, la célèbre vierge de l’île. — Les jeunes filles se moquent de lui et cherchent à le berner. — Il se venge en les séduisant. — Kylliki, seule, échappe à ses poursuites. — Il la surprend dans la société de ses compagnes, la porte dans son traîneau et l’enlève. — Plaintes et reproches de la jeune fille. — Lemminkäinen lui jure de n’entreprendre aucune expédition guerrière ; elle lui jure, de son côté, de ne point aller folâtrer hors de la maison. — Ils échangent leurs serments, et la belle Kylliki devient la femme de Lemminkäinen, qui l’amène triomphant dans sa famille. — La mère du héros rend grâces à Jumala des succès de son fils, et fait une magnifique réception à la nouvelle épouse 
 88
Douzième Runo. — Kylliki, oubliant son serment, va folâtrer hors de sa maison. — Lemminkäinen, plein de colère, prend le parti de l’abandonner et d’aller chercher dans Pohjola une autre épouse. — Sa mère s’efforce de le détourner de ce projet et lui représente les dangers qu’il aura à courir de la part des puissants sorciers du pays. — Lemminkäinen méprise orgueilleusement cet avis, met en état ses armes de combat et s’apprête à partir. — Au moment de se mettre en route, il arrange sa chevelure et suspend son peigne au mur de la chambre, en disant que sa mort ne sera certaine que lorsque ce peigne apparaîtra rouge de sang. — Il arrive dans Pohjola, et débute par berner tous les hommes de la maison, à l’exception d’un vieux berger aveugle, auquel il reproche les crimes de sa jeunesse et qu’il traite avec le plus sanglant mépris. — Celui-ci conçoit le projet de se venger 
 97

Treizième Runo. — Lemminkäinen demande à la mère de famille de Pohjola la main de sa fille. — Louhi promet de la lui accorder s’il peut atteindre le coursier de Hiisi et le ramener captif. — Lemminkäinen se fait fabriquer des suksi pour courir sur la neige et s’élance à la poursuite du coursier infernal. — Il l’atteint et l’enchaîne, mais l’animal rompt ses liens et s’échappe. — Lemminkäinen se remet à sa poursuite ; tout à coup ses suksi se brisent, et il est forcé de s’arrêter 
 107
Quatorzième Runo. — Le joyeux Lemminkäinen, après une suite d’invocations et de conjurations, et grâce au concours des dieux et des déesses des bois, réussit à prendre l’élan de Hiisi et à l’amener dans Pohjola. — Louhi lui impose alors de mettre un mors au coursier flamboyant de Hiisi. — Lemminkäinen satisfait à cette seconde épreuve, et demande de nouveau la main de la jeune fille. — Louhi met à son consentement une troisième et dernière condition, savoir : de tuer le cygne du fleuve noir de Tuoni. — Lemminkäinen se dirige vers ce fleuve, armé de son arc. — Mais le vieux berger de Pohja épie son arrivée, le tue au moyen d’un serpent évoqué par lui, puis le précipite dans le fleuve de Tuoni. — Là, le fils de la Mort met le corps de Lemminkäinen en pièces 
 113
Quinzième Runo. — Kylliki s’aperçoit que le peigne laissé par Lemminkäinen distille du sang. — C’est le signal de sa mort. — La vieille mère du héros se rend à Pohjola, pour chercher des nouvelles de son fils. — Louhi lui raconte, après de longs discours, la dernière épreuve qu’elle a imposée à Lemminkäinen ; mais le soleil lui apprend positivement qu’il est mort et où il a été enseveli. — La mère de Lemminkäinen se rend près du fleuve de Tuoni : elle en retire le corps mutilé de son fils, lui rend la vie par une longue suite d’évocations ainsi que par l’application d’un baume magique, et le ramène dans sa maison 
 122
Seizième Runo. — Wäinämöinen construit un bateau. — Mais, bientôt, trois paroles viennent à lui manquer, sans lesquelles il ne peut achever son ouvrage. — Il les cherche en vain dans tous les lieux du monde. — Enfin, il descend au séjour des morts, dans l’infernale Manala. — Il n’y trouve pas davantage les trois paroles désirées. — Le peuple de Manala s’efforce de le retenir dans les sombres demeures. — Wäinämöinen s’en échappe par sa puissance magique, et, à son retour sur la terre, il exhorte les hommes à ne pas s’exposer à un pareil voyage, en même temps qu’il décrit les tourments réservés, dans Manala, aux criminels. 
 134

Dix-septième Runo. — Wäinämöinen se rend auprès du géant Wipunen, pour lui demander les trois paroles qui lui manquent. — Le géant est mort. — Wäinämöinen descend dans sa tombe. — Wipunen l’engloutit dans sa gorge immense. — Wäinämöinen pénètre jusqu’au fond de ses entrailles, où il établit une forge. — Wipunen, en proie à d’horribles douleurs, supplie le héros de se retirer, puis fulmine contre lui les formules magiques les plus violentes. — Wäinämöinen réclame les trois paroles. — Enfin, le géant se décide à le satisfaire. — Wäinämöinen sort alors de ses entrailles et achève la construction de son bateau 
 142
Dix-huitième Runo. — Wäinämöinen, monté sur son nouveau navire, se dirige vers les régions de Pohjola, pour y demander la main de la belle vierge. — Ilmarinen, prévenu de ce voyage par sa sœur, revêt ses plus beaux habits, fait atteler son plus beau traîneau, et prend aussi, de son côté, la route de Pohjola. — Il rencontre Wäinämöinen, et fait un pacte avec lui, d’après lequel ils s’engagent l’un et l’autre à ne point forcer la volonté de la fille de Pohja. — Louhi conseille à celle-ci de choisir le vieux Wäinämöinen. — Mais la jeune fille préfère celui qui a forgé le Sampo et oppose un refus formel à la demande du runoia 
 154
Dix-neuvième Runo. — Ilmarinen entre aussitôt après Wäinämöinen dans la maison de Pohjola, et demande la main de la jeune fille. — La mère y met trois conditions. — Il faut d’abord que le héros laboure un champ rempli de serpents, puis qu’il musèle l’ours de Tuoni, le loup de Manala, et, enfin, qu’il prenne le grand brochet infernal dans le fleuve noir de Tuoni. — Ilmarinen, épouvanté d’une pareille tâche, s’en plaint à la jeune fille. — Celle-ci, qui déjà l’a choisi pour époux, s’empresse de l’aider de ses conseils ; et le héros sort vainqueur de toutes les épreuves. — Louhi donne alors son consentement à leur union. — Wäinämöinen retourne seul dans sa maison, et chante un chant dans lequel il exhorte les vieillards à ne jamais se poser en rivaux des jeunes hommes 
 167
Vingtième Runo. — On procède, dans Pohjola, aux préparatifs de la noce. — Un grand taureau est abattu. — La bière est brassée et enfermée dans les tonnes. — Des mets de toute sorte sont préparés. — Les invitations sont envoyées de tous côtés. — Seul Lemminkäinen est exclu de la fête 
 178

Vingt et unième Runo. — Ilmarinen fait son entrée solennelle dans la maison de sa fiancée. — Il est reçu magnifiquement ainsi que la troupe nombreuse qui l’accompagne. — Le festin de noces est servi. — Wäinämöinen chante pour remercier les hôtes, et attirer sur eux les faveurs de Jumala 
 191
Vingt-deuxième Runo. — La nouvelle épouse se dispose à quitter sa famille pour suivre son époux. — Sa mère lui fait un tableau attendrissant des personnes et des choses dont elle va se séparer, et lui montre, sous le jour le plus triste, l’avenir qui s’ouvre devant elle. — La jeune femme s’abandonne à la douleur. — Une vieille femme intervient, et par un long récit des ennuis et des chagrins qu’entraîne le mariage, justifie ses larmes et les rend encore plus amères. — Un jeune enfant prend enfin la parole, et, par la description des avantages qu’elle rencontrera dans la maison d’Ilmarinen, cherche à rassurer et à consoler la pauvre désolée 
 200
Vingt-troisième Runo. — La jeune épouse reçoit ses instructions ; on lui apprend la manière dont elle doit se conduire dans la maison de son époux, et comment elle doit se montrer docile et soumise vis-à-vis de son beau-père et de sa belle-mère. — Une vieille femme, une vieille mendiante intervient, et dans le but de tracer un sombre tableau du mariage, elle raconte les diverses phases de sa vie, comme jeune fille et comme femme ; elle rappelle les cruels traitements qui l’ont forcée à déserter la maison conjugale et à mener une vie errante et misérable à travers le monde 
 212
Vingt-quatrième Runo. — On enseigne à Ilmarinen comment il doit traiter sa jeune épouse. — Un vieux mendiant intervient et raconte comment il a forcé sa femme à lui obéir. — Trouble et douleur de la vierge de Pohja. — Elle fait ses adieux à la maison paternelle. — Ilmarinen part avec elle et, après trois jours de marche, arrive à son village 
 230
Vingt-cinquième Runo. — Ilmarinen introduit sa jeune épouse dans sa famille. — On leur fait une réception splendide. — Le festin de noces est préparé, les invités y prennent part. — Wäinämöinen entonne les chants. — Il célèbre l’hôte, l’hôtesse, le coryphée, la compagne de la fiancée et l’ensemble des convives ; puis il monte dans son traîneau et reprend le chemin de son pays. — Son traîneau se brise en route. — Il descend dans les abîmes de Tuoni pour chercher les moyens de s’en construire un autre, et parvient enfin au seuil de sa demeure 
 242
Vingt-sixième Runo. — Lemminkäinen, soupçonnant que l’on célèbre les noces dans Pohjola, se décide à s’y rendre. — Sa mère cherche à le détourner de son projet, et, dans ce but, elle lui fait un long récit des obstacles étranges qu’il rencontrera sur sa route. — Lemminkäinen ne s’en laisse aucunement effrayer. — Il revêt son armure de guerre et part. — Les prédictions de sa mère s’accomplissent. — Mais, par la vertu de sa puissance magique, le héros triomphe de tous les obstacles qui se dressent devant lui, et arrive sain et sauf aux demeures de Pohjola 
 260

Vingt-septième Runo. — Lemminkäinen se présente dans la maison de Pohjola. — Il y est mal reçu. — On lui sert un pot de bière rempli de reptiles venimeux. — Sa colère éclate. — Il engage avec son hôte une lutte d’évocations magiques, puis les glaives sortent du fourreau. — Lemminkäinen, provoqué au combat, tranche la tête de son ennemi et la suspend à l’un des poteaux dressés sur la colline où est bâtie la maison. — La mère de famille de Pohjola évoque contre lui toute une armée. — Le héros s’enfuit de Pohjola 
 277
Vingt-huitième Runo. — Lemminkäinen s’enfuit de Pohjola. — Il prend la forme d’un aigle, et, à l’ombre d’un léger nuage qu’il obtient d’Ukko pour amortir les ardeurs du soleil, il se rend, à travers les airs, jusque dans son pays. — La mère l’interroge sur ce qu’il a fait dans Pohjola. — Le héros lui raconte le meurtre qu’il a commis, la colère et les armements de tout le peuple, et lui demande où il pourra fuir pour se dérober à leur vengeance. — Après lui avoir représenté l’inutilité de diverses métamorphoses, elle lui indique une île lointaine où son père avait déja trouvé un refuge pendant les horreurs de la guerre. — Elle l’engage à s’y transporter au plus tôt et à y demeurer plusieurs années 
 286
Vingt-neuvième Runo. — Lemminkäinen se rend dans l’île de Saari. — Il y excite l’admiration par la puissance magique de ses chants. — Une généreuse hospitalité lui est offerte. — Il passe sa vie dans les plaisir, et les exploits amoureux. — Toutes les jeunes filles, toutes les veuves succombent à ses séductions. — Une seule, une vieille et pauvre fille est dédaignée par lui. — Elle s’en venge en lui dressant des embûches. — Tout le peuple de l’île se soulève contre lui. — Il est contraint de fuir. — Une tempête le surprend en pleine mer. — Il fait naufrage et gagne à la nage une île isolée, où on lui donne un bateau avec lequel il poursuit son voyage. — Arrivé dans son pays, il trouve sa maison brûlée, sa mère disparue. — Il la retrouve au fond d’un bois. — Il la console et lui raconte ce qu’il a fait durant son séjour à Saari 
 293
Trentième Runo. — Lemminkäinen se prépare, malgré l’avis contraire de sa mère, à entreprendre une campagne contre Pohjola. — Il arme son navire et s’adjoint Tiera, son ancien frère d’armes. — La mère de famille de Pohjola évoque contre les héros le secours du Froid. — Le Froid entre en lutte avec Lemminkäinen, mais vaincu par ses conjurations, il renonce à maltraiter sa personne et se retire, en laissant son navire entre les glaces. — Lemminkäinen, accompagné de Tiera, poursuit son voyage à pied. — Il s’égare en route, puis, après s’être créé un cheval fantastique, il abandonne le projet qu’il avait formé contre Pohjola et retourne dans la maison de sa mère 
 307

Trente et unième Runo. — Lutte sanglante entre Kalervo et Untamo. — Kalervo est vaincu et toute son habitation réduite en cendres. — Kullervo, fils de Kalervo, vient au monde à la suite de ce désastre et jure de le venger. — Unlamo le fait élever, puis lui confie plusieurs tâches que Kullervo remplit d’une façon insensée. — Untamo renonce à se servir de lui, et le transporte en Karélie, où il le vend au forgeron Ilmarinen 
 319
Trente deuxième Runo. — La femme d’Ilmarinen se décide à employer Kullervo pour garder son troupeau. — Elle lui prépare un pain dans la pâte duquel elle cache une pierre, le met dans sa besace et lui ordonne de conduire les bêtes au pâturage. — Au moment où il part, elle se livre à une foule d’invocations et de conjurations, pour écarter les dangers qui pourraient fondre sur le troupeau confié à la garde de Kullervo 
 327
Trente-troisième Runo. — Kullervo mène paître les vaches. — Il se lamente sur sa destinée. — L’heure de son repas étant arrivée, il tire de sa besace le pain préparé par la femme d’Ilmarinen. — Son couteau se brise contre la pierre qu’elle y avait cachée. — Colère de Kullervo. — Il jure de se venger. — La corneille lui en suggère les moyens — Il change les vaches en loups et en ours, et revient à la maison avec cet étrange troupeau — La femme d’Ilmarinen se rend dans l’étable pour traire ses vaches, et devient la proie des loups et des ours 
 337
Trente-quatrième Runo. — Kullervo se hâte de quitter la maison d’Ilmarinen. — Douleur de ce dernier en présence du corps inanimé de sa femme. — Kullervo poursuit sa route ; il se lamente sur sa destinée, et prend la résolution de se rendre dans le pays d’Untamo, afin d’y venger les désastres de sa famille. — La vieille des bois lui apprend que ses parents vivent encore, et lui indique le chemin qu’il doit suivre pour trouver leur demeure. — Kullervo y arrive et se fait reconnaître. — Sa mère, après avoir exprimé sa joie de retrouver son fils vivant, lui raconte comment sa fille aînée a mystérieusement disparu et comment elle est morte d’une mort dont nul ne saurait dire le nom 
 344
Trente-cinquième Runo. — Kullervo essaye de vivre d’une vie régulière dans la maison paternelle ; mais, bientôt, son mauvais génie l’emporte ; il brise tout ce qu’il touche. — Son père lui conseille alors de voyager. — Il part et, sur sa route, il rencontre plusieurs jeunes filles qu’il invite à prendre place dans son traîneau. — Toutes refusent. — Il en enlève une de force et la viole brutalement. — Or, cette jeune fille était sa propre sœur. — Désespoir et mort tragique de la pauvre déshonorée. — Kullervo revient dans sa famille et raconte à sa mère son action abominable ; puis il parle d’en finir avec la vie. — Sa mère l’exhorte à renoncer à ce dessein et à se retirer dans un lieu solitaire, pour y pleurer son crime et attendre que l’aiguillon du remords se soit émoussé dans son âme. — Kullervo veut, au contraire, demeurer au grand jour, affronter le jeu sanglant des batailles et venger enfin sur Untamo le mal qu’il a fait à sa famille 
 350

Trente-sixième Runo. — Kullervo se prépare au combat vengeur. — Sa mère s’efforce de le retenir en lui en montrant les dangers et en faisant appel à son affection pour sa famille. — Tous ses efforts sont impuissants. — Kullervo se met en route. — Chemin faisant, il apprend la mort de son père, de son frère et de sa sœur. — Cette nouvelle le laisse indifférent, et il continue sa marche. — Sa mère meurt à son tour ; il la pleure sincèrement, mais ne renonce point à sa vengeance. — Enfin il arrive au pays d’Untamo, où il extermine tous les hommes et réduit toutes les maisons en cendres. — Puis il revient à la maison paternelle, qu’il trouve déserte. — Il exhale sa douleur. — Sa mère lui apparaît. — Il va à la chasse, mais, arrivé à l’endroit même où il a violé sa sœur, il s’arrête, saisit son glaive, et, après un dernier discours à l’instrument de mort, il se tue 
 359
Trente-septième Runo. — Ilmarinen pleure amèrement sa femme dévorée par les loups et les ours de Kullervo. — Il forme le projet de s’en forger une autre en or et en argent. — Ses préparatifs à cet effet. — La fille d’or et d’argent étant tirée de la forge, Ilmarinen y met la dernière main à coups de marteau. — Il la porte dans son lit et se couche à côté d’elle, mais ne peut supporter le froid que lui cause son contact. — Désespérant alors de pouvoir en faire sa femme, il va la proposer à Wäinämöinen. — Le runoia la refuse et exhorte tous ceux de sa race à ne jamais rechercher pour épouse une fille d’or, à ne jamais courir après une fiancée d’argent 
 368
Trente-huitième Runo. — Ilmarinen retourne dans Pohjola pour y chercher une autre épouse. — Louhi lui refuse sa seconde fille. — La jeune fille, de son côté, ne veut point succéder à sa sœur. — Ilmarinen l’enlève, la met dans un traîneau et part pour son pays. — Lamentations de la jeune fille pendant la route. — Arrivée dans un village où l’on passe la nuit. — Ilmarinen, accablé de fatigue, s’endort d’un lourd sommeil. — La jeune fille en profite pour lui être infidèle. — Colère d’Ilmarinen. — Il déroule ses paroles magiques et change la coupable en mouette. — Wäinämöinen demande au forgeron des nouvelles de Pohjola. — Éloge du Sampo 
 374

Trente-neuvième Runo. — Wäinämöinen invite Ilmarinen à partir avec lui pour Pohjola afin d’y enlever le Sampo. — Ilmarinen expose les difficultés de l’entreprise, et propose ensuite de faire le voyage par terre. — Wäinämöinen y consent et prie le forgeron de lui fabriquer un glaive. — Les deux héros montent à cheval et se mettent en route. — Le navire de Wäinämöinen se plaint d’être ainsi délaissé, et demande de prendre part au combat. — Waïnämöinen abandonne alors son cheval, arme le navire et le lance à la mer. — Rencontre de Lemminkäinen qui se joint à l’expédition 
 382
Quarantième Runo. — Le navire de Wäinämöinen continue sa route. — Il arrive au milieu des cataractes. — Conjurations de Lemminkäinen. — Le navire est arrêté par un brochet. — Wäinämöinen le tue, et de ses os il forme un instrument mélodieux, un kantele. — Vains efforts des compagnons de Wäinämöinen et de tout le peuple de Pohjola, pour jouer de cet instrument. — On le rapporte au puissant runoia 
 391
Quarante et unième Runo. — Le vieux Wäinämöinen s’assoit sur la pierre de la joie, et de là il fait résonner son kantele et entonne ses chants merveilleux. — Les dieux et les déesses, tous les êtres de la nature, accourent pour l’écouter. — Les chants du runoia les plongent dans le ravissement et les touchent jusqu’aux larmes. — Le vieux Wäinämöinen se met à pleurer à son tour, et ses larmes roulent jusqu’au fond de la mer. — Il propose une récompense à ceux qui voudront aller les recueillir. — Le canard seul y réussit. — Mais, déjà les larmes du héros s’étaient changées en perles fines et resplendissantes 
 399
Quarante-deuxième Runo. — Les trois héros arrivent dans Pohjola. — Wäinämöinen propose à Louhi de partager le Sampo avec lui. — Louhi refuse et soulève tout le peuple contre les ravisseurs. — Wäinämöinen joue du kantele et plonge les habitants de Pohjola dans un sommeil magique, à la faveur duquel il enlève le Sampo et le porte dans son navire. — Lemminkäinen entonne un chant au milieu de la mer. — Sa voix rauque pénètre jusque dans Pohjola, et y réveille le peuple endormi. — Colère de Louhi en voyant que le Sampo a disparu. — Elle évoque contre le navire des trois héros un brouillard épais, un monstre marin et une horrible tempête. — Le kantele est emporté par les vagues et précipité au fond de la mer. — Wäinämöinen et ses compagnons parviennent à échapper au naufrage 
 406
Quarante-troisième Runo. — Louhi arme tous les guerriers de Pohjola, et part avec eux sur son navire pour aller à la poursuite de Wäinämöinen. — Le héros, par la puissance de sa magie, fait surgir, au milieu de la mer, un écueil contre lequel le navire de Pohjola se heurte et se brise. — Louhi se change alors en aigle, prend les guerriers sous ses ailes et s’élance à travers les airs. — Elle atteint le navire de Wäinämöinen et se pose à la cime du mât. — Lemminkäinen la frappe de son glaive, Wäinämöinen l’abat d’un coup de son gouvernail. — Louhi cherche, cependant, à arracher le Sampo du navire, mais il se brise en plusieurs morceaux, dont les uns roulent au fond de la mer et les autres flottent à sa surface. — Vaines menaces de Louhi. — Elle se reconnaît vaincue et retourne tristement dans Pohjola. — Wäinämöinen, arrivé dans son pays, trouve les débris du Sampo sur le rivage. — Il les recueille avec soin, et adresse une longue prière à Jumala pour attirer sa protection sur son peuple 
 418

Quarante-quatrième Runo. — Wäinämöinen éprouve le désir de jouer du kantele, mais l’instrument a été entraîné au fond de la mer. — Wäinämöinen, armé d’un énorme râteau, en sonde les profondeurs. — Le kantele ne se retrouve pas. — Wäinämöinen s’en fabrique un nouveau et en tire de magnifiques accords. — Splendide succès du runoia 
 427
Quarante-cinquième Runo. — Louhi apprend que, par la vertu du Sampo, la prospérité règne dans les régions de Kalevala. — Elle en conçoit une grande jalousie. — Ses invocations à Ukko. — Loviatar, la fille de Tuoni, met au monde neuf enfants, neuf monstres, principes d’affreuses maladies. — Louhi les déchaîne contre les fils de Kaleva. — Wäinämöinen multiplie les conjurations et les moyens magiques pour se soustraire à leur rage. — Il sauve son peuple de la mort et de la perdition 
 434
Quarante-sixième Runo. — Furieuse du peu d’effet des maladies sur le peuple de Kalevala, Louhi déchaîne contre lui un ours. — Wäinämöinen va surprendre le monstre dans son repaire et l’abat. — Joie du peuple à cette nouvelle. — Le cadavre de l’ours est apporté. — Chants et cérémonies dont il est l’objet 
 443
Quarante-septième Runo. — Louhi s’empare de la lune et du soleil et les cache au sein d’un rocher. — Une nuit éternelle s’étend sur le peuple de Pohjola. — Ukko, le dieu suprême, va à la recherche des deux astres perdus. — Ne les trouvant pas, il fait jaillir de son glaive une étincelle qui tombe sur la terre et y produit d’effroyables ravages. — Wäinämöinen et Ilmarinen s’informent auprès de la vierge de l’air de ce qu’est devenue cette étincelle. — La vierge de l’air leur apprend qu’elle se trouve dans le ventre d’un brochet. — Les deux héros fabriquent aussitôt une nasse afin de prendre ce brochet. — Mais, malgré les efforts des hommes et des femmes, leur tentative demeure sans résultat 
 458

Quarante-huitième Runo. — Le vieux Wäinämöinen fabrique une nasse gigantesque, afin de prendre le brochet qui a dévoré le feu. — Pêche extraordinaire. — Invocations et conjurations. — Le brochet est pris, et le fils du soleil lui ouvre le ventre. — Il y trouve l’étincelle de feu, qui s’échappe aussitôt et produit d’horribles ravages. — Wäinämöinen et surtout Ilmarinen en subissent les atteintes. — Wäinämöinen se précipite à la poursuite du feu dont il réussit à s’emparer, et il ramène ainsi la chaleur et la lumière dans Wäinöla. — Ilmarinen guérit ses brûlures grâce au concours des frimas et de la glace, et recouvre sa santé d’autrefois 
 466
Quarante-neuvième Runo. — Le soleil et la lune n’ayant point reparu, Ilmarinen forge une lune d’or et un soleil d’argent pour les remplacer. — Il les suspend à la cime d’un sapin, mais ils ne donnent aucune lumière. — Wäinämöinen interroge le sort et apprend où Louhi a caché les deux astres. — Il se rend dans Pohjola, pour les délivrer. — Grande bataille. — Wäinämöinen échoue dans sa tentative et vient demander à Ilmarinen des engins plus puissants pour la renouveler. — Louhi, métamorphosée en vautour, se rend dans l’atelier du forgeron. — Convaincue, à la vue des engins qu’il prépare, de l’inutilité d’une plus longue résistance, elle retourne dans Pohjola et délivre elle-même le soleil et la lune. — Invocation de Wäinämöinen 
 473
Cinquantième Runo. — Marjatta, la chaste vierge, est chargée de garder les troupeaux. — Une petite baie l’invite à la cueillir. — Elle descend dans son sein et la rend féconde. — Marjatta cherche une chambre de bain où elle puisse accoucher. — Tout le monde la repousse comme une prostituée. — Elle se réfugie dans une écurie, et y met au monde un enfant qu’elle dépose dans une crèche. — Nom donné à l’enfant. — Wirokannas est appelé pour le baptiser, Wäinämöinen pour l’examiner et le juger. — Sentence prononcée par le runoia. — L’enfant prend la parole et le confond. — Il est nommé roi de la Karélie. — Désespoir et honte de Wäinämöinen. — Il se construit un bateau, s’élance sur la mer et disparaît à jamais dans les horizons lointains. — Il laisse son kantele à la Finlande pour la réjouir éternellement. — Épilogue 
 482