DISCOURS Ier.
De l’Esprit en lui-même.
L’objet de ce discours est de prouver
que la sensibilité physique et la
mémoire sont les causes productrices
de toutes nos idées, et que tous nos
faux jugements sont l’effet ou de nos
passions ou de notre ignorance.
Exposition des principes.
Chap. II. Des erreurs occasionnées par nos passions,
On prouve dans ce chapitre que la seconde source de nos erreurs consiste dans l’ignorance des faits de la comparaison desquels dépend en chaque genre la justesse de nos décisions.
Quelques exemples des erreurs occasionnées par l’ignorance de la vraie signification des mots.
Il résulte de ce discours que c’est
dans nos passions et notre ignorance
que sont les sources de nos erreurs ;
que tous nos faux jugements sont
l’effet des causes accidentelles, qui
ne supposent point dans l’esprit une
faculté de juger distincte de la faculté
de sentir.
DISCOURS II.
De l’Esprit par rapport à la société.
On se propose de prouver dans ce discours que le même intérêt qui préside au jugement que nous portons sur les actions, et nous les fait regarder comme vertueuses, vicieuses, ou permises, selon qu’elles sont utiles, nuisibles, ou indifférentes, au public, préside pareillement au jugement que nous portons sur les idées ; et qu’ainsi, tant en matière de morale que d’esprit, c’est l’intérêt seul qui dicte tous nos jugements : vérité dont on ne peut apercevoir toute l’étendue qu’en considérant la probité et l’esprit relativement, 1°. À un particulier, 2°. À une petite société, 3°. À une nation, 4°. aux différents siècles et aux différents pays, et 5°. à l’univers.
Idée générale.
Chap. II. De la probité par rapport à un particulier,
Chap. III. De l’esprit par rapport à un particulier,
On prouve par les faits que nous n’estimons dans les autres que les idées que nous avons intérêt d’estimer.
Chap. IV. De la nécessité où nous sommes de n’estimer que nous dans les autres,
On prouve encore dans ce chapitre que nous sommes, par la paresse et la vanité, toujours forcés de proportionner notre estime pour les idées d’autrui à l’analogie et à la conformité que ces idées ont avec les nôtres.
Chap. V. De la probité par rapport à une société particulière,
L’objet de ce chapitre est de montrer que les sociétés particulières ne donnent le nom d’honnêtes qu’aux actions qui leur sont utiles : or, l’intérêt de ces sociétés se trouvant souvent opposé à l’intérêt public, elles doivent souvent donner le nom d’honnêtes à des actions réellement nuisibles au public ; elles doivent donc, par l’éloge de ces actions, souvent séduire la probité des plus honnêtes gens, et les détourner à leur insu du chemin de la vertu.
Chap. VI. Des moyens de s’assurer de la vertu,
On indique en ce chapitre comment on peut repousser les insinuations des sociétés particulières, résister à leurs séductions, et conserver une vertu inébranlable au choc de mille intérêts particuliers.
Chap. VII. De l’esprit par rapport aux sociétés particulieres,
On fait voir que les sociétés pesent à la même balance le mérite des idées et des actions des hommes. Or, l’intérêt de ces sociétés n’étant pas toujours conforme à l’intérêt général, on sent qu’elles doivent en conséquence porter sur les mêmes objets des jugements très différents de ceux du public.
Chap. VIII. De la différence des jugements du public et de ceux des sociétés particulières,
Conséquemment à la différence qui se trouve entre l’intérêt du public et celui des sociétés particulières, on prouve dans ce chapitre que ces sociétés doivent attacher une grande estime à ce qu’on appelle le bon ton et le bel usage.
Le public ne peut avoir pour ce bon ton et ce bel usage la même estime que les sociétés particulières.
Chap. X. Pourquoi l’homme admiré du public n’est pas toujours estimé des gens du monde,
On prouve qu’à cet égard la différence des jugements du public et des sociétés particulières tient à la différence de leurs intérêts.
Chap. XI. De la probité par rapport au public,
En conséquence des principes ci-devant établis, on fait voir que l’intérêt général préside au jugement que le public porte sur les actions des hommes.
Il s’agit de prouver dans ce chapitre que l’estime du public pour les idées des hommes est toujours proportionnée à l’intérêt qu’il a de les estimer.
Chap. XIII. De la probité par rapport aux siècles et aux peuples divers,
L’objet qu’on se propose dans ce chapitre, c’est de montrer que les peuples divers n’ont, dans tous les siècles et dans tous les pays, jamais accordé le nom de vertueuses qu’aux actions ou qui étaient, ou du moins qu’ils croyaient, utiles au public. C’est pour jeter plus de jour sur cette matière qu’on distingue dans ce même chapitre deux différentes espèces de vertus.
Chap. XIV. Des vertus de préjugé, et des vraies vertus,
On entend ici par vertus de préjugé celles dont l’exacte observation ne contribue en rien au bonheur public, et par vraies vertus celles dont la pratique assure la félicité des peuples. Conséquemment à ces deux différentes espèces de vertus, on distingue dans ce même chapitre deux différentes espèces de corruptions de mœurs ; l’une religieuse, et l’autre politique : connaissance propre à répandre de nouvelles lumières sur la science de la morale.
Chap. XV. De quelle utilité peut être à la morale la connoissance des principes établis dans les chapitres précédents,
L’objet de ce chapitre est de prouver que c’est de la législation meilleure ou moins bonne que dépendent les vices ou les vertus des peuples ; et que la plupart des moralistes, dans la peinture qu’ils font des vices, paroissent moins inspirés par l’amour du bien public que par des intérêts personnels ou des haines particulières.
Développement des principes précédents.
Chap. XVII. Des avantages qui résultent des principes ci-dessus établis,
Ces principes donnent aux particuliers, aux peuples, et même aux législateurs, des idées plus nettes de la vertu, facilitent les réformes dans les lois, nous apprennent que la science de la morale n’est autre chose que la science même de la législation, et nous fournissent enfin les moyens de rendre les peuples plus heureux, et les empires plus durables.
Chap. XVIII. De l’esprit considéré par rapport aux siècles et aux pays divers,
Exposition de ce qu’on examine dans les chapitres suivants.
Chap. XIX. L’estime pour les différents genres d’esprit est, dans chaque siècle, proportionnée à l’intérêt qu’on a de les estimer,
Chap. XX. De l’esprit considéré par rapport aux différents pays,
Il s’agit, conformément au plan de ce discours, de montrer que l’intérêt est chez tous les peuples le dispensateur de l’estime accordée aux idées des hommes ; et que
les nations, toujours fideles à l’intérêt de leur vanité, n’estiment dans les autres nations que les idées analogues aux leurs.
Chap. XXI. Le mépris respectif des nations tient à l’intérêt de leur vanité,
Après avoir prouvé que les nations méprisent dans les autres les mœurs, les coutumes, et les usages différents des leurs, on ajoute que leur vanité leur fait encore regarder comme un don de la nature la supériorité que quelques unes d’entre elles ont sur les autres ; supériorité qu’elles ne doivent qu’à la constitution politique de leur état.
Chap. XXII. Pourquoi les nations mettent au rang des dons de la nature les qualités qu’elles ne doivent qu’à la forme de leur gouvernement,
On fait voir dans ce chapitre que la vanité commande aux nations comme aux particuliers ; que tout obéit à la loi de l’intérêt ; et que, si les nations, conséquemment à cet intérêt, n’ont point pour la morale l’estime qu’elles devroient avoir pour cette science, c’est que la morale, encore au berceau, semble n’avoir jusqu’à présent été d’aucune utilité à l’univers.
Chap. XXIII. Des causes qui jusqu’à présent ont retardé les progrès de la morale,
L’objet de ce chapitre est de montrer qu’il est des idées utiles à l’univers, et que les idées de cette espèce sont les seules qui puissent nous faire obtenir l’estime des nations.
La conclusion générale de ce discours, c’est que l’intérêt, ainsi qu’on s’étoit proposé de le prouver, est l’unique dispensateur de l’estime et du mépris attachés aux actions et aux idées des hommes.
DISCOURS III.
Si l’esprit doit être considéré comme un don de la nature ou comme un effet de l’éducation.
Pour résoudre ce problême on recherche dans ce discours si la nature a doué les hommes d’une égale aptitude à l’esprit, ou si elle a plus favorisé les uns que les autres ; et l’on examine si tous les hommes communément bien organisés n’auroient pas en eux la puissance physique de s’élever aux plus hautes idées, lorsqu’ils ont des motifs suffisants pour surmonter la peine de l’application.
On fait voir dans ce chapitre que, si la nature a donné aux divers hommes d’inégales dispositions à l’esprit, c’est en douant les uns, préférablement aux autres, d’un peu plus de finesse de sens, d’étendue de mémoire, et de capacité d’attention. La question réduite à ce point simple, on examine dans les chapitres suivants quelle influence a sur l’esprit des hommes la différence qu’à cet égard la nature a pu mettre entre eux.
On prouve dans ce chapitre que la nature a doué tous les hommes communément bien organisés du degré d’attention nécessaire pour s’élever aux plus hautes idées. On observe ensuite que l’attention est une fatigue et une peine à laquelle on se soustrait toujours si l’on n’est animé d’une passion propre à changer cette peine en plaisir ; qu’ainsi la question se réduit à savoir si tous les hommes sont par leur nature susceptibles de passions assez fortes pour les douer du degré d’attention auquel est attachée la supériorité de l’esprit. C’est pour parvenir à cette connoissance qu’on examine dans le chapitre suivant quelles sont les forces qui nous meuvent.
Chap. V. Des forces qui agissent sur notre ame,
Ces forces se réduisent à deux ; l’une qui nous est communiquée par des passions fortes, et l’autre par la haine de l’ennui. Ce sont des effets de cette dernière force qu’on examine dans ce chapitre.
On prouve que ce sont les passions qui nous portent aux actions héroïques, et nous élevent aux plus grandes idées.
Chap. VII. De la supériorité d’esprit des gens passionnés sur les gens sensés,
Chap. VIII. On devient stupide dès qu’on cesse d’être passionné,
Après avoir prouvé que ce sont les passions qui nous arrachent à la paresse ou à l’inertie, et qui nous douent de cette continuité d’attention nécessaire pour s’élever aux plus hautes idées, il faut ensuite examiner si tous les hommes sont susceptibles de passions, et du degré de passion propre à nous douer de cette espèce d’attention. Pour le découvrir il faut remonter jusqu’à leur origine.
L’objet de ce chapitre est de faire voir que toutes nos passions prennent leur source dans l’amour du plaisir ou dans la crainte de la douleur, et par conséquent dans la sensibilité physique. On choisit pour exemples en ce genre les passions qui paraissent les plus indépendantes de cette sensibilité, c’est-à-dire l’avarice, l’ambition, l’orgueil, et l’amitié.
On prouve que cette passion est fondée sur l’amour du plaisir et la crainte de la douleur ; et l’on fait voir comment, en allumant en nous la soif des plaisirs, l’avarice peut toujours nous en priver.
Application des mêmes principes qui prouvent que les mêmes motifs qui nous font désirer les richesses nous font rechercher les grandeurs.
Chap. XII. Si dans la poursuite des grandeurs on ne cherche qu’un moyen de se soustraire à la douleur ou de jouir du plaisir physique, pourquoi le plaisir échappe-t-il si souvent à l’ambitieux ?
On répond à cette objection, et l’on prouve qu’à cet égard il en est de l’ambition comme de l’avarice.
L’objet de ce chapitre est de montrer qu’on ne desire d’être estimable que pour être estimé, et qu’on ne desire d’être estimé que pour jouir des avantages que l’estime procure ; avantages qui se réduisent toujours à des plaisirs physiques.
Autre application des mêmes principes.
Chap. XV. Que la crainte des peines ou le desir des plaisirs physiques peuvent allumer en nous toutes sortes de passions,
Après avoir prouvé dans les chapitres précédents que toutes nos passions tirent leur origine de la sensibilité physique ; pour confirmer cette vérité, on prouve dans ce chapitre que par le secours des plaisirs physiques les législateurs peuvent allumer dans les cœurs toutes sortes de passions. Mais en convenant que tous les hommes sont susceptibles de passions, comme on pourroit supposer qu’ils ne sont pas du moins susceptibles du degré de passion nécessaire pour les élever aux plus hautes idées, et qu’on pourrait apporter en exemple de cette opinion l’insensibilité de certaines nations aux passions de la gloire et de la vertu ; on prouve que l’indifférence de certaines nations à cet égard ne tient qu’à des causes accidentelles, telles que la forme différente des gouvernements.
Chap. XVI. À quelle cause on doit attribuer l’indifférence de certains peuples pour la vertu,
Pour résoudre cette question, on examine dans chaque homme le mélange de ses vices et de ses vertus, le jeu de ses passions, l’idée qu’on doit attacher au mot vertueux ; et l’on découvre que ce n’est point à la nature, mais à la législation particulière de quelques empires, qu’on doit attribuer l’indifférence de certains peuples pour la vertu. C’est pour jeter plus de jour sur cette matière que l’on considere en particulier et les gouvernements despotiques, et les états libres, et enfin les différents effets que doit produire la forme différente de ces gouvernements. L’on commence par le despotisme ; et, pour en mieux connoître la nature, on examine quel motif allume dans l’homme le désir effréné du pouvoir arbitraire.
Chap. XVII. Du desir que tous les hommes ont d’être despotes, des moyens qu’ils emploient pour y parvenir, et du danger auquel le despotisme expose les rois,
On prouve dans ce chapitre que les visirs n’ont aucun intérêt de s’instruire ni de supporter la censure ; que ces visirs, tirés du corps des citoyens, n’ont, en entrant en place, aucuns principes de justice et d’administration, et qu’ils ne peuvent se former des idées nettes de la vertu.
Chap. XIX. Le mépris et l’avilissement où sont les peuples entretiennent l’ignorance des visirs ; second effet du despotisme,
Chap. XX. Du mépris de la vertu, et de la fausse estime qu’on affecte pour elle ; troisième effet du despotisme,
On prouve que dans les empires despotiques on n’a réellement que du mépris pour la vertu, et qu’on n’en honore que le nom.
Chap. XXI. Du renversement des empires soumis au pouvoir arbitraire ; quatrième effet du despotisme,
Après avoir montré dans l’abrutissement et la bassesse de la plupart des peuples soumis au pouvoir arbitraire la cause du renversement des empires despotiques, l’on conclut de ce qu’on a dit sur cette matière que c’est uniquement de la forme particuliere des gouvernements que dépend l’indifférence de certains peuples pour la vertu ; et, pour ne laisser rien à désirer sur ce sujet, l’on examine dans les chapitres suivants la cause des effets contraires.
Chap. XXII. De l’amour de certains peuples pour la gloire et la vertu,
On fait voir dans ce chapitre que cet amour pour la gloire et pour la vertu dépend dans chaque empire de l’adresse avec laquelle le législateur y unit l’intérêt particulier à l’intérêt général ; union plus facile à faire dans certains pays que dans d’autres.
Chap. XXIII. Que les nations pauvres ont toujours été plus avides de gloire et plus fécondes en grands hommes que les nations opulentes,
On prouve dans ce chapitre que la production des grands hommes est dans tout pays l’effet nécessaire des récompenses qu’on y assigne aux grands talents et aux grandes vertus ; et que les talents et les vertus ne sont nulle part aussi récompensés que dans les républiques pauvres et guerrières.
Ce chapitre ne contient que la preuve de la proposition énoncée dans le chapitre précédent. On en tire cette conclusion ; c’est qu’on peut appliquer à toute espèce de passions ce qu’on dit dans ce même chapitre de l’amour ou de l’indifférence de certains peuples pour la gloire et pour la vertu : d’où l’on conclut que ce n’est point à la nature qu’on doit attribuer ce degré inégal de passions dont certains peuples paroissent susceptibles. On confirme cette vérité en prouvant dans les chapitres suivants que la force des passions des hommes est toujours proportionnée à la force des moyens employés pour les exciter.
Chap. XXV. Du rapport exact entre la force des passions et la grandeur des récompenses qu’on leur propose pour objet,
Après avoir fait voir l’exactitude de ce rapport, on examine à quel degré de vivacité on peut porter l’enthousiasme des passions.
Chap. XXVI. De quel degré de passion les hommes sont susceptibles,
On prouve dans ce chapitre que les passions peuvent s’exalter en nous jusqu’à l’incroyable ; et que tous les hommes par conséquent sont susceptibles d’un degré de passion plus que suffisant pour les faire triompher de leur paresse et les douer de la continuité d’attention à laquelle est attachée la supériorité d’esprit ; qu’ainsi la grande inégalité d’esprit qu’on apperçoit entre les hommes dépend et de la différente éducation qu’ils reçoivent, et de l’enchaînement inconnu des diverses circonstances dans lesquelles ils se trouvent placés. Dans les chapitres suivants on examine si les faits se rapportent aux principes.
Chap. XXVII. Du rapport des faits avec les principes ci-dessus établis,
Le premier objet de ce chapitre est de montrer que les nombreuses circonstances dont le concours est absolument nécessaire pour former des hommes illustres, se trouvent si rarement réunies, qu’en supposant dans tous les hommes d’égales dispositions à l’esprit, les génies du premier ordre seroient encore aussi rares qu’ils le sont. On prouve de plus dans ce même chapitre que c’est uniquement dans le moral qu’on doit chercher la véritable cause de l’inégalité des esprits ; qu’en vain on voudroit l’attribuer à la différente température des climats ; et qu’en vain l’on essaieroit d’expliquer par le physique une infinité de phénomenes politiques qui s’expliquent très naturellement par les causes morales. Telles sont les conquêtes des peuples du nord, l’esclavage des orientaux, le génie allégorique de ces mêmes peuples, et enfin la supériorité de certaines nations dans certains genres de sciences ou d’arts.
Il s’agit dans ce chapitre de faire voir que c’est uniquement aux causes morales qu’on doit attribuer les conquêtes des Septentrionaux.
Chap. XXIX. De l’esclavage et du génie allégorique des Orientaux,
Application des mêmes principes.
Chap. XXX. De la supériorité que certains peuples ont eue dans divers genres de sciences,
Les peuples qui se sont le plus illustrés par les arts et les sciences sont les peuples chez lesquels ces mêmes arts et ces mêmes sciences ont été le plus honorés : ce n’est donc point dans la différente température des climats, mais dans les causes morales, qu’on doit chercher la cause de l’inégalité des esprits.
La conclusion générale de ce discours, c’est que tous les hommes communément bien organisés ont en eux la puissance physique de s’élever aux plus hautes idées, et que la différence d’esprit qu’on remarque entre eux dépend des diverses circonstances dans lesquelles ils se trouvent placés, et de l’éducation différente qu’ils reçoivent. Cette conclusion fait sentir toute l’importance de l’éducation.
DISCOURS IV.
Des différents noms donnés à l’esprit.
Pour donner une connaissance exacte de l’esprit et de sa nature, on se propose dans ce discours d’attacher des idées nettes aux divers noms donnés à l’esprit.
Chap. V. De l’esprit de lumière, de l’esprit étendu, de l’esprit pénétrant, et du goût,
On prouve dans ce chapitre que dans les questions compliquées il ne suffit pas pour bien voir d’avoir l’esprit juste ; qu’il faudroit encore l’avoir étendu ; qu’en général les hommes sont sujets à s’enorgueillir de la justesse de leur esprit, à donner à cette justesse la préférence sur le génie ; qu’en conséquence ils se disent supérieurs aux gens à talents ; croient dans cet aveu simplement se rendre justice ; et ne s’apperçoivent point qu’ils sont entraînés à cette erreur par une méprise de sentiment commune à presque tous les hommes ; méprise dont il est sans doute utile de faire apercevoir les causes.
Ce chapitre n’est proprement que l’exposition des deux chapitres suivants. On y montre seulement combien il est difficile de se connoître soi-même.
Chap. X. Combien l’on est sujet à se méprendre sur les motifs qui nous déterminent,
Développement du chapitre précédent.
Il s’agit d’examiner dans ce chapitre pourquoi l’on est si prodigue de conseils, si aveugle sur les motifs qui nous déterminent à les donner, et dans quelles erreurs enfin l’ignorance où nous sommes de nous-mêmes à cet égard peut quelquefois précipiter les autres. On indique à la fin de ce chapitre quelques uns des moyens propres à nous faciliter la connoissance de nous-mêmes.
Chap. XIV. Des qualités exclusives de l’esprit et de l’ame,
Après avoir essayé dans les chapitres précédents d’attacher des idées nettes à la plupart des noms donnés à l’esprit, il est utile de connoître quels sont et les talents de l’esprit qui de leur nature doivent réciproquement s’exclure, et les talents que des habitude contraires rendent pour ainsi dire inalliables. C’est l’objet qu’on se propose d’examiner dans ce chapitre et dans le chapitre suivant, où l’on s’applique plus particulièrement à faire sentir toute l’injustice dont le public use à cet égard envers les hommes de génie.
Chap. XV. De l’injustice du public à cet égard,
On ne s’arrête dans ce chapitre à considérer les qualités qui doivent s’exclure réciproquement que pour éclairer les hommes sur les moyens de tirer le meilleur parti possible de leur esprit.
Chap. XVI. Méthode pour découvrir le genre d’étude auquel on est le plus propre,
Cette méthode indiquée, il semble que le plan d’une excellente éducation devroit être la conclusion nécessaire de cet ouvrage : mais ce plan d’éducation, peut-être facile à tracer, seroit, comme on le verra dans le chapitre suivant, d’une exécution très difficile.
On prouve dans ce chapitre qu’il seroit sans doute très utile de perfectionner l’éducation publique ; mais qu’il n’est rien de plus difficile ; que nos mœurs actuelles s’opposent en ce genre à toute espèce de réforme ; que, dans les empires vastes et puissants, on n’a pas toujours un besoin urgent de grands hommes ; qu’en conséquence le gouvernement ne peut arrêter long-temps ses regards sur cette partie de l’administration. On observe cependant à cet égard que, dans les états monarchiques, tels que le nôtre, il ne seroit pas impossible de donner le plan d’une excellente éducation ; mais que cette entreprise seroit absolument vaine dans des empires soumis au despotisme, tels que ceux de l’orient.