L’Encyclopédie/1re édition/PIÉ ou PIED
PIÉ ou PIED, s. m. (Anat.) partie de l’animal, qui lui sert à se soutenir, à marcher, &c. Voyez Corps. Les animaux se distinguent, par rapport au nombre de leurs piés ; en bipedes qui n’ont que deux piés, comme les hommes & les oiseaux ; en quadrupedes qui ont quatre piés, comme la plûpart des animaux terrestres ; & en polypedes qui en ont plusieurs, comme les insectes. Voyez Quadrupedes, Insectes, &c.
Les reptiles, tels que sont les serpens, &c. n’ont point de piés. Voyez Reptile.
Les voyageurs voudroient nous persuader que les oiseaux de paradis n’ont point de piés, & que lorsqu’ils dorment, ou qu’ils mangent, ils se tiennent suspendus par les ailes. Ce qu’il y a de vrai, c’est que ceux qui les attrapent leur coupent les pattes pour que ces oiseaux paroissent plus merveilleux. D’autres disent que c’est pour qu’ils ne gâtent point leurs plumes, qui sont parfaitement belles.
Les écrevisses de mer ont douze piés. Les araignées, les mites, & les polypes en ont huit ; les mouches, les sauterelles, & les papillons en ont six.
Galien a donné plusieurs remarques excellentes sur le sage arrangement des piés de l’homme & des autres animaux : dans son traité de l’usage des parties, l. III. les piés de devant des taupes sont admirablement bien construits pour fouir & gratter la terre, afin de se faire une voie pour passer la tête, &c. Les pattes & les piés des oiseaux aquatiques sont merveilleusement construits, & cette structure est respective à tout ce qu’ils doivent faire pour vivre. Ceux qui marchent dans les rivieres, ont les jambes longues, & sans plumes, beaucoup au-dessus du genou ; ils ont les doigts du pié fort larges : & ceux qu’on appelle suce-boues, ont en quelque sorte deux de leurs doigts unis ensemble, pour qu’ils n’enfoncent point facilement lorsqu’ils marchent sur les fondrieres des marais.
D’autres ont tout le pié, c’est-à-dire, tous les doigts unis ensemble par une espece de toile membraneuse, comme les oies, les canards, &c.
On a du plaisir à remarquer avec combien d’artifice ils replient leurs orteils & leurs pié, quand ils tirent à eux leurs jambes ou qu’ils les étendent pour nager. Ils élargissent & ouvrent tout le pié quand ils pressent l’eau, ou quand ils veulent aller en-avant.
Jambe ou grand pié, en Anatomie, s’entend de ce qui est compris depuis la hanche jusqu’à l’extrémité des orteils, comme le bras est ce qui est compris depuis l’épaule jusqu’au bout des doigts.
La jambe, le pes magnus ou grand pié, se divise en cuisse, en jambe & en pié. Voyez Cuisse, Jambe, &c.
Les os de la jambe sont le fémur ou l’os de la cuisse, le tibia, le péronier, les os du tarse, du métatarse & des orteils. Voyez Fémur, Tibia, &c.
Les arteres de la jambe sont des branches de l’artere crurale, & ses veines se terminent à la veine crurale. Voyez Crural.
Il y a à la jambe cinq veines principales, savoir, la saphene, la grande & la petite sciatique, la musculaire, la poplitée, & la tibiale. Voyez chacune à son article, Saphene, &c.
Le pié proprement dit, ou le petit pié, ne s’entend que de l’extrémité de la jambe. On le divise en trois parties, savoir, en tarse, en métatarse, & en doigts ou orteils. Le tarse est ce qui est compris entre la cheville du pié & le corps du pié : il répond à ce qu’on appelle carpe dans la main. Le métatarse est le corps du pié jusqu’aux orteils, & les doigts & orteils sont les autres os du pié. Voyez Tarse, &c.
Ces parties sont composées de beaucoup d’os, qui sont le calcaneum, l’astragal, les os cunéiformes, l’os cuboïde : le dessous de tous ces os s’appelle la sole ou la plante du pié, &c.
Pié, (Orthopédie.) le pié de l’homme est très-différent de celui de quelque animal que ce soit, & même de celui du singe ; car le pié du singe est plutôt une main qu’un pié, les doigts en sont longs, & disposés comme ceux de la main, celui du milieu est plus grand que les autres, comme dans la main ; d’ailleurs, le pié du singe n’a point de talon semblable à celui de l’homme ; l’assiette du pié est aussi plus grande dans l’homme que dans tous les animaux quadrupedes, & les orteils servent beaucoup à maintenir l’équilibre du corps & à assurer ses mouvemens dans la démarche, la danse, la course, &c. Les animaux qui marchent sur deux piés, & qui ne sont point oiseaux, ont le talon court & proche des doigts du pié ; ensorte qu’ils posent à la fois sur les doigts & sur le talon, ce que ceux qui vont à quatre piés ne font pas, leur talon étant fort éloigné du reste du pié. Ceux qui l’ont un peu moins éloigné, comme les singes, les lions, les chats & les chiens, s’accroupissent ; enfin, il n’y a aucun animal qui puisse être debout comme l’homme. Il semble cependant qu’il ait pris à tâche par des bisarreries de modes, de diminuer l’avantage qu’il en peut tirer, pour marcher, courir, & maintenir l’équilibre du corps, en étrécissant cette partie par des souliers étroits qui la gênent & qui empêchent son accroissement.
On sait que l’une des plus étranges coutumes des Japonnois & des Chinois, est de rendre les piés des femmes si petits, qu’elles ne peuvent presque se soutenir. Les voyageurs les plus véridiques, & sur le rapport desquels on peut compter davantage, conviennent que les femmes de condition se rendent le pié aussi petit qu’il leur est possible, & que pour y réussir, on le leur serre dans l’enfance avec tant de force, qu’effectivement on l’empêche de croître. Dans ces pays-là une femme de qualité ou seulement une jolie femme, doit avoir le pié assez petit pour trouver trop aisé la pantoufle d’un enfant du peuple âgé de six ans ; les curieux ont dans leurs cabinets des pantoufles de dames chinoises qui prouvent assez cette bisarrerie de goût dont nos dames européennes ne sont pas fort éloignées. Cependant les piés sont sujets à un assez grand nombre d’accidens, de maladies, ou de défauts, pour qu’il ne soit pas nécessaire de les multiplier encore par artifice ; je vais parler de quelques-unes de leurs mauvaises tournures.
Les différentes conformations des piés sont d’être ou longs, ou courts, ou gros ou menus, ou larges d’assiette, ou étroits, ou entre-deux. Mais il y a des piés forcément tournés en-dehors, & d’autres forcément tournés en-dedans : cette difformité plus ou moins grande vient à l’enfant, de naissance ou d’accident. Quand c’est de naissance, il faut que la nourrice essaie tous les jours de lui tourner doucement les piés dans le sens naturel, & d’observer de les lui assujettir par l’emmaillottement ; comme les ligamens sont alors extrèmement tendres, ils céderont peut-être insensiblement à la tournure naturelle qu’on leur fera contracter.
Si la mauvaise tournure a été long-tems négligée ou qu’elle vienne d’accident, ou que l’enfant soit déja un peu grand, on tâchera d’y remédier par les moyens suivans. 1°. En recourant à des remedes capables de ramollir les ligamens, comme sont les fomentations avec les bouillons de tripes, les frictions avec l’huile de lis, les cataplasmes de feuilles, de fleurs, & de racine de guimauve, &c. 2°. En essayant tous les jours avec la main de ramener le pié dans sa situation naturelle ; 3°. en employant pour cela de forts cartons, ou des atteles de bois, ou de petites platines de métal, qu’on a soin de serrer avec une bande.
Il y a une autre mauvaise tournure des piés fort différente de la précédente pour la cause ; c’est celle qui vient de la paresse à tourner les piés en-dehors, ou de l’affectation à les tourner trop en-dehors. Les personnes qui ont persisté long-tems dans cette habitude, ont presque autant de peine à s’en corriger, que si la difformité venoit de naissance, ou d’accident ; c’est aux parens à y veiller ; mais si leurs soins & leurs avis sont infructueux, il faut qu’ils fassent faire de ces marche-piés de bois en usage chez les religieux pour leurs jeunes pensionnaires. Il y a dans ces marche-piés deux enfoncemens séparés pour y mettre les piés, & où ces deux enfoncemens sont creusés & figurés de maniere que chaque pié y étant engagé est nécessairement tourné en-dehors. L’enfant se servira donc de ce marche-pié, toutes les fois qu’il sera assis. Il est vrai que cette méthode a un inconvénient, c’est que lorsque l’enfant voudra marcher les piés en-dehors, il chancelera & sera en danger de tomber, mais alors il faudra le soutenir pour l’accoutumer peu-à-peu à marcher comme les autres, & l’on y réussira en sacrifiant tous les jours une demi-heure à cet exercice.
Un autre moyen de corriger un enfant, qui par mauvaise habitude tourne les piés en-dedans, c’est de lui faire tourner les genoux en-dehors, car alors les piés se tourneront nécessairement de même. On peut avoir les piés en-dehors sans y avoir les genoux, ce qui est une mauvaise contenance, & qui empêche d’être bien sur ses piés ; mais on ne sauroit avoir les genoux en-dehors, que les piés n’y soient, & on est alors toujours bien planté.
La méthode de faire porter à des enfans de petits sabots pour leur faire tourner les piés en-dehors, n’a que l’inconvénient de mettre l’enfant en danger de tomber fréquemment ; mais cet usage est bon à la campagne, & dans un terrein où l’enfant ne risque pas de se faire du mal en tombant.
Au reste, la plûpart des enfans n’ont les piés en-dedans que par la faute des nourrices qui les emmaillottent mal, & qui leur fixent ordinairement les piés pointe contre pointe, au lieu de les leur fixer talon contre talon ; c’est ce qu’elles pourroient néanmoins faire très-aisément par le moyen d’un petit coussinet engagé entre les deux piés de l’enfant & figuré en forme de cœur, dont la pointe seroit mise entre les deux talons de l’enfant, & la base entre les deux extrémités de ses piés ; ce moyen est excellent pour empêcher les enfans de devenir cagneux, & les parens devroient bien y prendre garde.
Si les piés penchent plus d’un côté que de l’autre, il faut donner à l’enfant des souliers, qui vers l’endroit où les piés penchent, soient plus hauts de semelle & de talon ; ce correctif fera incliner les piés du côté opposé. Il convient de prendre garde, que les souliers des enfans ne tournent, sur-tout en-dehors, car s’ils ne tournoient qu’en-dedans, il n’y auroit pas grand mal, parce que cette inégalité pourvû qu’elle ne soit pas considérable aide à porter en-dehors la pointe du pié ; mais lorsque les souliers tournent en-dehors, il font tourner la pointe du pié en-dedans.
Quant aux personnes qui affectent trop de porter les piés en-dehors, ils n’ont besoin que d’avis, & non de remedes.
Il y a des personnes qui ont malheureusement de naissance des piés faits comme des piés de cheval ; on les nomme en grec hippopodes, & en françois piés équiens ; on cache cette difformité par des souliers, construits en-dehors comme les souliers ordinaires, mais garnis en-dedans d’un morceau de liége qui remplit l’endroit du soulier que le pié trop court laisse vuide. Cette difformité passe pour incurable ; cependant on peut tâcher d’y remédier en partie, en tirant fréquemment, mais doucement, les orteils de l’enfant, & en enveloppant chaque pié séparément avec une bande qui presse un peu les côtés du pié, pour obliger insensiblement le pié à mesure qu’il croît, à s’alonger par la pointe ; si cette tentative n’a point de succès, il n’y a rien à espérer. (D. J.)
Piés, bain de, (Médec.) pediluvium ; on pourroit dire pediluve, mais je n’ose hasarder ce terme.
La composition du bain des piés, est la même que celle des bains ordinaires ; c’est de l’eau pure à laquelle on peut ajouter du son de froment ou des fleurs de camomille ; ce remede est très-utile dans plusieurs cas. Comme son application relâche, ramollit les fibres nerveuses, tendineuses & musculeuses des piés, leurs vaisseaux se dilatent, le sang y aborde & s’y jette avec plus de liberté, au soulagement du malade. De plus, comme ces parties nerveuses & tendineuses ont une communication étroite avec les autres parties nerveuses du corps, & sur-tout avec les visceres du bas-ventre ; on ne peut douter qu’en humectant les piés avec une liqueur tiéde, ce bain ne fasse cesser leurs contractions spasmodiques. La vertu qu’ils ont de calmer la violence des spasmes les rend utiles dans toutes les maladies convulsives & douloureuses, comme la cardialgie, la colique, les douleurs d’hypocondres, &c. il facilite encore les excrétions salutaires, comme la transpiration insensible, l’évacuation de l’urine, & celle des excrémens.
Il faut éviter que l’eau dans laquelle on met les piés ne soit trop chaude, parce que la pulsation des arteres augmente alors trop considérablement, & la sueur sort en trop grande abondance. Il ne faut point faire usage de ce remede, lorsque le flux menstruel est imminent ou qu’il a commencé, parce que détournant le sang de l’uterus, il arrêteroit cette évacuation ou la rendroit trop considérable ; mais il contribue merveilleusement à la procurer quand on l’emploie quelques jours avant le période, sur-tout si l’on fait en même tems usage d’emmenagogues tempérés.
Il faut s’abstenir avec soin des bains de piés astringens, alumineux, sulphureux, pour tarir la sueur incommode de ces parties, dissiper les enflures œdémateuses, ou dessecher les ulceres, parce que ce remede repousseroit avec danger la matiere virulente vers les parties internes, nobles & délicates.
Enfin, il est bon d’avertir que quand le bain des piés devient un remede nécessaire, comme dans les maux de tête opiniâtres, la migraine qui naît de plétore, l’ophthalmie, la difficulté de respirer causée par l’abondance du sang, les toux seches, & le crachement de sang, &c. ce remede produit d’autant plus de bien, qu’on le fait précéder de la saignée de la même partie, qu’on en use vers le tems du sommeil, qu’on ne laisse pas refroidir ensuite les piés, & qu’on les transporte tout chauds dans le lit pour aider la transpiration par-tout le corps. Il y a un très-bon morceau sur les bains de piés dans les essais de Médecine d’Edimbourg, j’y renvoie le lecteur. (D. J.)
Piés, puanteur des, (Médec.) Il y a des personnes dont les pores de la sueur se trouvant naturellement très-gros aux piés, reçoivent une grande quantité de liqueur, laquelle sort en gouttes par la chaleur & l’exercice. Cette sueur tendant à s’alkaliser par le séjour, répand une odeur fort puante ; cependant on ne doit point remédier à cet écoulement sudorifique tout d’un coup par de violens astringens. Il est vrai, par exemple, que l’écaille de cuivre, ou à sa place, la limaille de laiton pulvérisée avec le souffre & la racine d’iris de Florence, mise dans les souliers, suppriment l’odeur puante des piés, mais ce n’est pas toujours sans danger ; car si on arrête imprudemment cette sueur fétide, il survient quelquefois des maux plus funestes ; & le meilleur est de se laver les piés tous les jours avec de l’eau bien froide, où l’on ajoute un peu de vinaigre, changer chaque fois de chaussons, & ne point porter de bas de laine.
Piés & Jambes des oiseaux, (Ornith.) ce sont les instrumens du mouvement progressif des oiseaux sur terre & dans les eaux. Les jambes sont pliées dans tous les oiseaux, afin qu’ils puissent se percher, jucher, & se reposer plus facilement. Cette duplicature les aide encore à prendre l’essor pour voler, & se trouvant repliée contre les corps, elle ne porte point d’obstacle au vol. Dans certains oiseaux les jambes sont longues pour marcher & fouiller dans les marécages ; en d’autres, elles sont d’une longueur médiocre, & dans d’autres plus courtes ; & toujours convenables à leur caractere, & à leur maniere de vivre.
Elles sont placées tant-soit-peu hors du centre de gravité, mais davantage dans les oiseaux qui nagent, afin de mieux diriger & pousser le corps dans l’eau, de même que pour l’assister dans l’action de plonger. Les piés des oiseaux nageurs sont dans quelques-uns entiers, en d’autres fourchus avec des doigts garnis de nageoires.
Quoique les oiseaux ne marchent que sur deux piés, ils ne posent point sur le talon ; mais ils ont ordinairement un doigt derriere, de même que les animaux à piés fourchés ont deux ergots, sur lesquels néanmoins ils ne s’appuient point. Le doigt qui est derriere le pié aux oiseaux leur sert aussi davantage à se percher qu’à marcher. L’autruche qui ne vole & ne se perche jamais, n’a que deux doigts à chaque pié, encore ne pose-t-il que sur un seul ; & ce doigt ressemble parfaitement au pié de l’homme quand il est chaussé.
Les piés de l’onocrotale, que nous appellons pélican, & ceux du cormoran ont une structure & un usage bien extraordinaires. Ces oiseaux qui vont prendre le poisson dans les rivieres, ont les quatre doigts du pié joints ensemble par des peaux, & ces doigts sont tournés en-dedans, tout au-contraire de ceux des piés de tous les autres animaux, où les doigts des piés sont ordinairement en-dehors, pour rendre l’assiette des deux piés plus large & plus ferme. Or la structure est différente dans les deux oiseaux dont il s’agit ici, de sorte qu’ils peuvent nager avec un seul pié, tandis qu’ils ont l’autre employé à tenir le poissons qu’ils apportent au bord de l’eau. En effet, leurs longs doigts par de larges membranes qui composent comme un grand aviron, étant ainsi tournés en-dedans, font que cet aviron agit justement au milieu du corps, & les fait aller droit ; ce qu’un seul pié tourné en-dehors, ainsi qu’il est aux oies & aux canards, ne pourroit exécuter ; de même qu’un seul aviron, qui n’agit qu’à un des côtés d’une nacelle ne la sauroit faire aller droit.
Enfin c’est une chose remarquable de voir avec combien d’exactitude les jambes & les piés de tous les oiseaux aquatiques répondent à leur maniere de vivre. Car ou-bien les jambes sont longues & propres à marcher dans l’eau, en ce cas elles sont nues, & sans plumes à une bonne partie au-dessus des genoux ; ce qui les rend plus propres à ce dessein, ou-bien les doigts des piés sont tout-à-fait larges : dans ceux que les Anglois appellent mud-suckers (suceurs de boue), deux des doigts sont en quelque sorte joints ensemble, pour qu’ils n’enfoncent pas facilement, en marchant dans des lieux marécageux & pleins de fondrieres. Quant à ceux qui ont les piés entiers, ou dont les doigts sont joints par des membranes, si l’on en excepte quelques-uns, les jambes sont en général courtes, & les plus convenables pour nager. C’est une chose très-curieuse de voir avec quel artifice ces oiseaux retirent & serrent les doigts du pié, lorsqu’ils levent les jambes, & qu’ils se préparent à frapper l’eau ; & comment au contraire par un artifice également grand, ils étendent & écartent les doigts des piés, lorsqu’ils les appuient sur l’eau, & qu’ils veulent s’avancer. (D. J.)
Pié, (Hist. nat. des insectes.) c’est la troisieme partie de la jambe d’un insecte.
L’on y remarque ordinairement quelques articulations qui sont ou rondes, ou de la figure d’un cœur renversé, & dont la pointe est en haut. Les uns en ont deux, & d’autres en ont jusqu’à cinq. A l’antérieure de ces articulations, quelques uns ont deux pointes crochues, à l’aide desquelles ils s’attachent aux choses les plus polies. Entre ces pointes, d’autres ont encore une plante de pié qui leur sert à s’accrocher dans les endroits où les pointes seroient inutiles. Elle produit le même effet que le morceau de cuir mouillé, que les enfans appliquent sur une pierre, & qui s’y attache si fort, qu’ils peuvent lever la pierre en l’air, sans qu’elle se détache.
Griendelius attribue la cause de cette adhésion à la courbure de leurs ongles ; & Bonnani aux coussinets qu’ils ont à l’extrémité de leurs piés, parce que quoique les poux & les puces aient aux piés des ongles crochus, ils ne laissent pas, lorsqu’on les a posés sur une glace de miroir, de glisser en bas dès qu’on le dresse, ce que ne sont pas ceux qui ont de pareils coussinets. D’autres enfin prétendent que les insectes qui peuvent monter le long des corps les plus polis, le font par le moyen d’une humeur glutineuse, qu’ils expriment des coussinets qu’ils ont aux pattes.
Il y a des insectes qui ont une espece de palette aux genoux, avec laquelle ils peuvent s’accrocher aux corps auxquels ils veulent se tenir. Cette palette se trouve à la premiere paire de jambe. Les mâles de plusieurs especes de scarabées aquatiques en ont ; mais M. Lyonnet n’en a jamais vu aux femelles ; son observation feroit donc soupçonner que cette palette n’est donnée aux mâles, qu’afin de pouvoir mieux se tenir aux femelles lorsqu’ils s’accouplent ; du moins ne manquent-ils pas alors d’en faire cet usage.
Le scarabée aquatique a en-dedans de la palette du genou un muscle qu’il peut retirer. Quand il a appliqué cette palette contre quelque corps, elle s’y joint très-étroitement ; c’est par ce moyen que cet insecte s’attache fortement à sa femelle, à sa proie, ou à tel autre corps que bon lui semble.
Les insectes qui ont des piés n’en ont pas tous le même nombre, qui varie extrèmement, suivant l’espece ; ils sont communément situés sous le ventre.
Quelques-uns des insectes qui manquent de piés, ont, en divers endroits de leur corps, de petites pointes qui y suppléent ; ils s’en servent pour s’acrocher & se tenir fermes aux corps solides. L’on trouve par exemple, dans la fiente des chevaux, un ver de la longueur de huit ou dix lignes, & dont le corps est à-peu-près de la figure d’un noyau de cerise ; cet insecte a six anneaux, par le moyen desquels il s’alonge & se racourcit ; le tour de chacun de ces anneaux est garni de petites pointes aiguës ; de sorte que quand le ver les redresse, il peut les planter dans les entrailles des chevaux, & s’y tenir si ferme, que l’expulsion des excrémens a de la peine à l’entraîner malgré lui. (D. J.)
Pié, (Critique sacrée.) les piés dans le style de l’Ecriture se prennent au sens naturel & au figuré, de differentes manieres ; 1°. au sens naturel, la sunamite se jetta aux piés d’Elisée ; c’étoit encore une marque de respect des femmes à l’egard des hommes, que de toucher les piés.
2°. Au sens figuré pour la chaussure, pes tuus non est subtritus. Deut. viij. 4. les souliers que vous avez à vos piés ne sont point usés.
3°. Pour les parties que la pudeur ne permet pas de nommer. In die illâ tradet Dominus novacula, caput, & pilos pedum & barbam universam. Is. vij. 20. En ce tems-là le Seigneur se servira du roi des Assyriens, comme d’un rasoir pour raser la tête, la barbe, & le poil des piés ; dimisisti pedes tuos omni transeunti ; vous vous êtes abandonné à tous les passans, Ezech. xiv. 25.
4°. Pié, signifie l’arrivée de quelqu’un. Quam speciosi pedes evangelisantium pacem. Is. lij. 7. Que c’est une chose agréable de voir arriver ceux qui annoncent la paix !
5°. Il se prend pour la conduite, pes meus stetit in directo, Ps. xv. 12. mes piés sont demeurés fermes dans le droit chemin.
6°. Il signifie un soutien, un appui : oculus fui cæco & pes claudo, Job. xxix. 15. Il éclaire l’aveugle & soutient le boiteux.
7°. Il désigne ce qui est fort cher. Si pes tuus scandalisat te, abscinde eum. Matth. xviij. 8. Si ton pié te fait tomber, coupe-le.
8°. Etre sous les piés de quelqu’un, marque l’asservissement ; omnia subjecisti sub pedibus ejus. Ps.viij. 8. Vous avez tout soumis à sa puissance.
9°. La trace d’un pié, signifie une très-petite quantité de terre. Neque enim dabo vobis de terrâ eorum, quantum potest unius pedis calcare vestigium. Deut. ij. 5.
10°. Mettre le pié dans un lieu, signifie en prendre possession. Locus quem calcaverit pes vester, vester erit. Deut. xj. 24. L’endroit où vous mettrez le pié, vous appartiendra.
11°. Parler du pié, c’est gesticuler du pié. Salomon dans les proverbes vj. 13. attribue ce langage à l’insensé. (D. J.)
Piés, le baisement des, (Hist. mod.) marque extérieure de déférence qu’on rend au seul pontife de Rome ; les panchemens de tête & de corps, les prosternemens, les génuflexions, enfin tous les témoignages frivoles de respect devinrent si communs en Europe dans le vij. & viij. siecles, qu’ils ne furent plus regardés comme le sont aujourd’hui nos révérences ; alors les pontifes de Rome s’attribuerent la nouvelle marque de respect qui leur est restée, celle du baisement des piés. Il est vrai que Charles, fils de Pepin, embrassa les piés du pape Etienne à S. Maurice en Valois ; mais ce même pape Etienne venant en France, s’étoit prosterné de son côté aux piés de Pepin, pere de Charles. On croît généralement que le pape Adrien I. qui prétendoit être au rang des princes, quoiqu’il reconnût toujours l’empereur grec pour son souverain, établit le premier sur la fin du viij. siecle, que tout le monde lui baisât les piés en paroissant devant lui. Le clergé y acquiesça sans peine par retour sur lui-même ; enfin les potentats & les rois se soumirent depuis, comme les autres, à cette étiquette, qui rendoit la religion romaine plus vénérable aux peuples. (D. J.)
Pié, en poésie, en latin pes & mieux metrum, du grec μέτρον. Alliance ou accord de plusieurs syllabes ; on l’appelle pié par analogie & proportion, parce que comme les hommes se servent des piés pour marcher, de même aussi les vers semblent avoir quelqu’espece de piés qui les soutiennent & leur donnent de la cadence.
On compte ordinairement dans la poésie grecque & latine vingt-huit piés différens, dont les uns sont simples & les autres composés.
Il y a douze piés simples ; savoir, quatre de deux syllabes & huit de troîs syllabes. Les piés simples de deux syllabes sont le pyrrichée ou pyrrique, le spondée, l’iambe & le trochée. Les piés simples de trois syllabes sont le dactyle, l’anapeste, le molosse, le tribrache, l’amphibrache, l’amphimacre, le bacche, l’antibacche. Voyez tous ces mots à leur article.
On compte seize piés composés, qui tous ont quatre syllabes ; savoir, le dispondée ou double spondée, le procéleusmatique, le double trochée, le double iambe, l’antipaste, le choriambe, le grand ionique, le petit ionique, le péon ou péan, qui est de quatre especes, & l’épitrite, qui se diversifie aussi en quatre manieres. Voyez Dispondée, Antipaste, &c.
Pié & mesure dans la poésie latine & grecque sont des termes synonymes.
Un auteur moderne explique aussi fort nettement l’origine des piés dans l’ancienne poésie. On ne s’avisa pas tout d’un coup, dit-il, de faire des vers ; ils ne vinrent qu’après le chant. Quelqu’un ayant chanté des paroles, & se trouvant satisfait du chant, voulut porter le même air sur d’autres paroles ; pour cela, il fut obligé de régler les paroles du second couplet sur celles du premier. Ainsi la premiere strophe de la premiere ode de Pindare se trouvant de dix-sept vers, dont quelques-uns de huit syllabes, quelques-uns de six, de sept, d’onze ; il fallut que dans la seconde, qui figuroit avec la premiere, il y eût la même quotité de syllabes & de vers, & dans le même ordre.
On observa ensuite, que le chant s’adaptoit beaucoup mieux aux paroles, quand les breves & les longues se trouvoient placées en même ordre dans chaque strophe pour répondre exactement aux mêmes tenues des tons. En conséquence on travailla à donner une durée fixe à chaque syllabe en la déclarant breve ou longue, après quoi l’on forma ce qu’on appella des piés, c’est-à-dire, de petits espaces tout mesurés, qui fussent au vers ce que le vers est à la strophe. Cours de Belles-lettres, tom. I.
Le nom de pié ne convient qu’à la poésie des anciens ; dans les langues modernes on mesure les vers par le nombre de syllabes. Ainsi nous appellons vers de douze syllabes nos grands vers, ou vers alexandrins ; & nous en avons de dix, de huit, de six, de quatre, de deux syllabes, & d’autres irréguliers d’un nombre impair de syllabes. Voyez Vers & Versification.
PIÉ-CORNIER, terme des Eaux & Forêts ; on appelle en style des eaux & forêts piés-corniers, les gros arbres qui sont dans les encognures des ventes qui se font dans les forêts, & qui se marquent par le garde-marteau.
Il est dit dans l’article 9. du titre de l’assiette, baillivage & martelage, &c. que les arbres de lisieres & de parois seront marqués du marteau du roi, & celui de l’arpenteur sur une face, à la difference des piés-corniers, qui le seront sur chaque face qui regardera la vente. Lorsque l’on vend quelques parties des forêts du roi, l’espace vendu est enfermé dans des lignes, que l’on tire suivant la situation des lieux. Ces lignes sont appellées parois, & les arbres que l’on laisse à côté ou au bout de la ligne entre deux piés-corniers, sont arbres de paroi ou de lisiere. Exemple.
Pié-cornier. | Paroi. Paroi. |
Pié-cornier |
Paroi. | Paroi. | |
Pié-cornier | Pié-cornier |
On voit par cette figure, que les piés-corniers sont les arbres laissés & marqués aux extrémités de la vente. On voit encore qu’entre deux piés-corniers il y a une parois ou deux, eu égard aux distances des piés-corniers. Les piés-corniers doivent être marqués du marteau du maître, de celui du garde-marteau, & de celui du mesureur. Les places taillées sur les piés-corniers sont appellées miroirs, parce qu’elles sont tournées pour regarder & mirer la droite ligne qui conduit d’un pié-cornier à l’autre, & les côtés où les miroirs sont faits sont nommés faces.
La marque du maître est au-dessus des autres, celle du garde-marteau est ensuite, & en bas de l’arbre. Voyez sur cette matiere Rousseau sur les ordonnances des Eaux & Forêts, & Duchaufourt dans son instruction sur le fait des Eaux & Forêts. Aubert. (D. J.)
Pié de fief, en terme de Coutumes, signifie un fief démembré. On dit en terme de Coutumes, que le pié saisit le chef ; ce qui veut dire, ou que la superficie appartient au propriétaire du sol, ou que le propriétaire du sol est en droit d’élever perpendiculairement son édifice si haut qu’il veut, & faire abattre les traverses ou chevrons des maisons voisines qui nuiroient à son élevation.
Pié de forêt, pes forestæ (Comm.) contient dix-huit pouces.
Notandum est quod pes forestæ usitatus tempore Ric. Oyssel. in arrentatione vassallorum factus est, signatus & sculptus in pariete cancellæ ecclesiæ de Edwinstone, & in ecclesiâ B. M. de Nottingham, & dictus pes continet in longitudine octodecim pollices, & in arrentatione quorumdam vassallorum pertica, 20, 21 & 24 pedum usa fuit, &c.
Pes monetæ, dans les anciennes archives, se dit d’un réglement juste & raisonnable de la valeur réelle de toute monnoie courante. Voyez Étalon & monnoie.
Pié fourché, (Comm. de bétail.) les marchands de bétail appellent bestiaux à pié fourché ou fourchu, les animaux qui ont le pié fendu en deux seulement, comme sont les bœufs, vaches, cochons, chevres, &c.
Le pié fourché est aussi un droit qu’on leve aux entrées de quelques villes de France, sur les bestiaux à pié fourché qui s’y consomment, & dont il est fait une ferme. (D. J.)
Piés poudreux (Cour des) Jurisprudence, est le nom d’une ancienne cour de justice, dont il est fait mention dans plusieurs statuts d’Angleterre, qui devoit se tenir dans les foires, pour rendre justice aux acheteurs & aux vendeurs, & pour réformer les abus ou les torts réciproques qui pouvoient s’y commettre. Voyez Foire.
Elle a pris son nom de ce qu’on la tenoit le plus souvent dans la saison de l’été, & que les causes n’y étoient guere poursuivies que par des marchands qui y venoient les piés couverts de poussiere, & que l’on appelloit par cette raison, piés poudreux ; ou bien elle a été ainsi nommée, parce qu’on s’y proposoit d’expedier les affaires de son ressort, avant que la poussiere fût tombée des piés du demandeur & du défendeur.
Cette cour n’avoit lieu que pendant le tems que duroient les foires. Elle avoit quelque rapport avec notre jurisdiction de juges & consuls. Voyez Consul.
Piésente, (Jurisprud.) est un sentier qui doit contenir deux piés & demi de largeur ; on ne peut y passer qu’à pié, & non y mener ni ramener des bêtes. Coutume de Boulenois, art. 166. (A)
Pié d’alouette, (Hist. nat. Bot.) delphinium, genre de plante à fleur polypétale, anomale & composée de plusieurs pétales inégaux ; le pétale supérieur se termine en une autre queue, & reçoit un autre pétale divisé en deux parties, & garni d’une queue comme le premier : le pistil occupe le milieu de ces pétales, & il devient dans la suite un fruit dans lequel il y a plusieurs gaînes réunies en forme de tête, qui s’ouvrent dans leur longueur, & qui renferment des semences, le plus souvent anguleuses. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.
Pié de chat, (Botan.) cette plante qu’on emploie dans les pharmacopées, sous le nom équivoque de gnaphalium, est appellée par Tournefort, elichrysum montanum, flore majore, purpurascente. I.R.H.453.
Ses racines sont fibreuses & rampantes de tous côtés ; les feuilles sont couchées sur terre ; elles sont oblongues, arrondies vers la pointe, d’un verd gai, couvertes en dessous d’un duvet blanchâtre. Au sommet de ces tiges, sont plusieurs fleurs à fleurons, divisées en maniere d’étoile, portées chacune sur un embryon, & renfermées dans un calice écailleux & luisant ; l’embryon se change en une graine garnie d’aigrettes.
Pié de chat, (Mat. méd.) les fleurs de pié de chat sont la seule partie qui soit en usage. Ces fleurs tiennent un rang distingué parmi les remedes pectoraux : on en ordonne frequemment l’infusion, la légere décoction, sous forme de tisane, & le sirop simple, dans presque toutes les maladies chroniques des poumons, & sur-tout dans les plus légeres, telles que le rhume, soit récent, soit opiniâtre & invéteré ; ce crachement incommode & abondant est connu sous le nom vulgaire de pituite, &c.
On donne cette infusion ou cette décoction, soit seule, soit mêlée avec du lait, & ordinairement édulcorée avec le miel, le sucre, ou un sirop approprié. (b)
Pié de coq égyptien, (Botan. exot.) c’est le gramen dactylon ægyptiacum de E. B. & de Parkinson ; petite plante d’Egypte, à racine blanche, genouillée & rampante. Ses branches sont pareillement genouillées, & portent quatre épics, qui forment une croix ; cette plante est d’usage médicinal en Egypte.
Pié de griffon, (Botan.) c’est un nom vulgaire de l’ellebore noir, puant des botanistes, helleborus niger, fœtidus, qui a quelque usage dans la médecine des bestiaux. Voyez Ellebore noir, (Botan.)
Pié de lievre, (Botan.) espece de tréfle que les anciens botanistes ont nommé lagopus vulgaris ; ses fleurs ont une fausse ressemblance au pié d’un liévre ; elle croît parmi les blés ; sa graine est rougeâtre : quand elle est mêlée avec le blé, & écrasée au moulin, elle rend le pain rougeâtre, aussi le blé dans lequel elle se trouve, diminue considérablement de prix.
Pié de lion, alchimilla, genre de plante dont la fleur n’a point de pétales ; elle est composée de plusieurs étamines soutenues par un calice en forme d’entonnoir, & profondément découpé. Le pistil devient dans la suite une, ou plusieurs semences renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.
Ce genre de plante est connu des botanistes, sous le nom latin alchimilla, dont Tournefort compte treize especes : nous décrirons la plus commune, alchimilla vulgaris, C. B. P. 319. Clusii hist. 108. Tournefort I. R. H. 508. en anglois, the common ladies-mantle.
Sa racine se répand obliquement ; elle est de la grosseur du petit doigt, fibreuse, noirâtre & astringente ; elle pousse un grand nombre de queues longues d’une palme & demie, velues ; chaque queue porte une feuille qui approche de celle de la mauve, mais plus dure, ondée & partagée en huit ou neuf angles obtus. Cette feuille est crenelée symétriquement, & comme repliée avec autant de nervures qui viennent à la queue, & qui s’étendent jusqu’à l’extrémité ; du milieu des feuilles s’élevent quelques tiges grêles, velues, cylindriques, branchues, hautes de neuf pouces, garnies de quelques petites feuilles, portant à leur sommet un bouquet de fleurs sans pétales, composé de plusieurs étamines garnies de sommets jaunâtres ; ces fleurs sont contenues dans un calice d’une seule piece, en forme d’entonnoir, de couleur verte-pâle, partagé en quatre parties pointues, entre lesquelles il s’en trouve quatre autres plus petites.
Le pistil se change en une, ou deux menues graines jaunâtres, brillantes, arrondies, renfermées dans une capsule qui étoit le calice de la fleur. Cette plante se plaît parmi les herbes des Alpes, des Pirenées & des montagnes de la Provence. La plante est placée au rang des plantes vulnéraires astringentes ; on emploie son suc dans les ulceres internes, ainsi que pour arrèter les regles trop abondantes, les fleurs blanches, & la dyssenterie ; ce remede est fort utile dans le crachement de sang, le pissement de sang, le diabete & l’ulcere des poumons.
Quelques filles, au rapport d’Hoffman, savent se servir adroitement de la décoction de pié de lion, dont elles font un demi-bain pour réparer leur virginité. Elles tâchent aussi, par cette même décoction, d’affermir leurs mammelles ; pour cet effet, elles trempent un linge dans la décoction de cette plante, & elles l’appliquent sur leur sein.
Pié de loup (Botan.) le vulgaire appelle ainsi l’espece de mousse terrestre nommée par Tournefort, moscus terrestris clavatus, parce qu’il a des pédicules qui s’élevent d’entre les rameaux, & qui représentent vers leur sommet une petite tête ; cette petite tête, quand on la touche en automne, jette une poudre jaune, subtile, qui étant séchée, s’enflamme & fulmine presque comme de la poudre à canon. (D. J.)
Pié d’oiseau, ornithopodium, genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite une silique en forme de faucille, composée de plusieurs pieces jointes ensemble, & ordinairement plissée : chacune de ces pieces renferme une semence arrondie. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les siliques sont réunies plusieurs ensemble, & qu’elles ont quelque ressemblance avec le pié d’un oiseau. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.
Pié de pigeon, (Botan.) par les botanistes, geranium columbinum. Voyez Bec de grue, (Botan.)
Pié de pigeon ou Bec de grue, (Mat. med.) les feuilles de cette plante ont une saveur styptique & gluante. Tournefort recommande le sirop fait de leur suc pour la dyssenterie : son extrait a la même vertu. De quelque maniere que l’on donne cette plante, elle arrête d’une maniere surprenante le sang de quelque endroit qu’il coule. Geoffroi, mat. med. Cet éloge est trop général & trop positif ; il n’est pas même à la maniere de Geoffroi : il faudroit bien se garder de trop compter sur un pareil secours dans des hémorrhagies dangereuses.
Le pié de pigeon a beaucoup d’analogie avec une autre espece de geranium ou bec de grue, appellée herbe à Robert. On emploie indifféremment l’une ou l’autre de ces plantes. Voyez Herbe a Robert. (b)
Pié de poule, (Botan.) nom que le peuple donne à l’espece de gramen ou chien-dent, appelle par Tournefort, gramen dactylon, radice repente. Ce même nom de pié de poule, est encore donné par le vulgaire au lanium folio cautem ambiente minus, de Tournefort. Si l’on ne rejettoit pas les noms vulgaires des plantes, la Botanique deviendroit un chaos ; il faut apprendre les noms de l’art & s’y tenir. (D. J.)
Pié de veau, (Bot.) genre de plante à fleur monopétale, anomale, & dont la forme ressemble à l’oreille d’un âne ou d’un lievre. Le pistil sort du fond de cette fleur, & il est entouré à sa base de plusieurs embryons qui deviennent dans la suite autant de baies presque rondes, dans chacune desquelles il y a une ou deux semences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les feuilles ne sont pas divisées, ou qu’elles ont simplement de petites découpures. Tournefort. Inst rei herb. Voyez Plante.
Tournefort compte 34 especes de ce genre de plante, dont il suffira de décrire la plus commune qui est d’usage en Médecine. Elle est nommée arum vulgare, non maculatum. C. B. P. 195. I. R. H. 158 ; en anglois, the common wake-Robin, or, arum, with plain leaves ; & en françois, pié de veau sans taches.
Sa racine est tubéreuse, charnue, de la grosseur du pouce, arrondie, mais mal formée ; blanche, remplie d’un suc laiteux, garnie de quelques fibres. Ses feuilles sont longues de neuf pouces, presque triangulaires, semblables à une fleche, luisantes & veinées. Sa tige est environ de la hauteur d’une coudée, cylindrique, cannelée ; elle porte une fleur membraneuse d’une seule piece, irréguliere, de la figure d’une oreille d’âne ou de lievre, roulée en maniere de gaîne, d’un blanc verdâtre. Au fond de cette fleur est le pistil, d’un jaune pâle, à la naissance duquel plusieurs grains, comme ceux des raisins, ou plusieurs baies se trouvent rassemblées en une tête oblongue. Ces baies sont sphériques, de couleur de pourpre, molles, pleines de suc ; elles renferment une ou deux petites graines, un peu dures & arrondies. Toute la plante est d’une saveur fort âcre, & qui brule la langue.
Le pié de veau marqué de taches, arum maculatum, vulgare, maculis candidis vel nigris, C. B. P. 195. I. R. H. 158, ne differe de l’espece précédente, que par les taches blanches ou noires dont ses feuilles sont parsemées ; ces deux especes de pié de veau s’emploient en Medecine. Voyez Pié de veau, Matiere medicale.
L’arum montant d’Amérique, à grandes feuilles percées, arum hederaceum, amplis foliis perforatis, du P. Plumier s’attache au tronc des arbres de la même maniere que nos lieres ; cette espece d’arum étrangere est le bois des couleuvres d’Acosta, & du P. du Tertre. Hist. des Antilles.
L’arum d’Amérique à feuilles de sagittaire, & qui s’éleve en arbrisseau, arum americanum arborescens, sagittariæ foliis, du même P. Plumier, porte un fruit qui pique la langue, tandis que sa racine est douçâtre & d’un assez bon goût ; c’est l’arum esculentum, sagittariæ foliis viridi-nigrantibus, de Sloane Cat. Jam. (D. J.)
Pié de veau, (Mat. méd.) c’est la racine de cette plante qui est principalement en usage en Médecine. Cette racine fraîche a une saveur âcre & brûlante, qui se dissipe en très-grande partie par la dessiccation & par la décoction. Elle tient un rang distingué parmi les stomachiques, les béchiques incisifs, & les fondans ou desobstruans purgatifs. On la regarde aussi comme un bon fébrifuge. Elle est très-recommandée dans l’asthme humide, la toux invéterée & suivie de crachats épais & gluans, les pâles couleurs, la cachexie, la jaunisse & les affections mélancholiques-hypochondriaques. La dose de cette racine seche est d’un demi-gros jusqu’à un gros & demi, en poudre & reduite sous forme d’opiat, avec un excipient convenable. C’est principalement avec le miel qu’on l’incorpore, lorsqu’on l’emploie contre l’asthme humide. On la fait entrer aussi dans les apozemes & les bouillons apéritifs & fondans.
La racine de pié de veau est de la classe de celles qui donnent une fécule voyez Fécule. Quelques auteurs ont cru retrouver dans cette fécule les vertus de la racine entiere, mais dans un degré plus mitigé. Ils se sont trompés, cette fécule est dépourvue de toute vertu médicinale.
La racine de pié de veau fraiche, adoucie par la cuite, dans l’eau ou dans le vinaigre, est donnée pour un bon diurétique, & un excellent vulnéraire. Van-helmont la recommande à ce dernier titre dans les chutes des lieux élevés.
Les feuilles pilées & reduites en forme de cataplasme, ou simplement battues & flétries entre les mains, sont dans plusieurs provinces, un remede populaire, fort efficace contre les brûlures, les écorchures, les coups aux jambes, aux coudes, &c. qui entament la peau, les ulceres récens, &c.
La racine de pié de veau entre dans l’eau générale, dans l’opiat mésentérique, dans l’emplâtre diabotanum, la poudre cachectique de Quercetan, &c. (b)
Pié d’ane, (Conchyl.) nom vulgaire donné à une espece d’huitre, différente de l’huitre commune par un mamelon à sa charniere ; on l’appelle en latin spondylus, ainsi voyez Spondyle.
Pié du stile, terme de Gnomoniq. c’est le point du plan sur lequel tombe une ligne abaissée du bout du stile ; perpendiculairement sur le plan du cadran. (D. J.)
Pié, (Hydr.) c’est la mesure de toutes les choses qui sont dans le commerce ; la toise & la perche sont composés de piés de roi, ainsi que l’aune qui contient 3 piés 8 pouces.
Il y a différentes sortes de piés ; savoir :
Le pié courant, qui est divisé en 12 pouces courans.
Le pié quarré a 144 pouces quarrés, en multipliant 12 pouces par 12 pouces, dont le produit est 144.
Le pié circulaire est de 144 pouces circulaires, en multipliant 12 par 12, dont le produit est 144.
Le pié cylindrique qui est un solide en la multiplication de la superficie d’un pié circulaire, contenant 144 pouces circulaires par sa hauteur 12, ce qui donne 1727 pouces cylindriques.
Le pié cube en la multiplication de la superficie d’un pié quarré, contenant 144 pouces quarrés par sa hauteur 12, ce qui donne 1727 pouces cubes. (K)
Pié d’eau, (Hydr.) est un solide ou pié cube d’eau, qu’il ne faut pas confondre avec le pié cylindrique d’eau, qui n’est composé que de pouces circulaires multiplies par des pouces circulaires, qui produisent 1728 pouces cylindriques ; chacun de ces pié cylindriques n’a que 113 pouces 2 lignes quarrés, provenant de la proportion du pié quarré au pié circulaire, & ne pese que 55 livres ; au-lieu que le pié cube d’eau pese 70 livres. On évalue ce pié cube d’eau le huitieme du muid d’eau, ce que l’on a reconnu par l’expérience. Ainsi quand on compose le muid d’eau de 288 pintes mesure de Paris, le pié cube d’eau vaut 36 pintes, huitieme de 288 ; & quand le muid d’eau n’est évalué qu’à 280 pintes, le pié cube ne vaut que 35 pintes. (K)
Pié de vent, phénomene dont on trouve la description dans l’histoire de l’académie des Sciences de 1732. Il consiste dans un arrangement de nuages sur différentes lignes, qui étant prolongées concourroient à deux points opposés de l’horison, comme les méridiens d’un globe se réunissent aux poles. « Lorsque le ciel n’est pas tout-à-fait serein, ni entierement couvert, il est rare, quand on y fait bien attention, que les nuages ne paroissent pas affecter cette disposition plus ou moins sensiblement. C’est d’ordinaire au point de réunion vers l’horison, qu’elle est la plus remarquable, & quelquefois elle ne l’est pas ailleurs ; c’est pour cela qu’il faut, sur-tout lorsqu’on n’a pas pris l’habitude d’observer le phénomene, un horison fort étendu pour le voir distinctement. Souvent le point de réunion est très sensible, & les nuages qui en partent semblent s’écarter en tout sens, en forme d’éventail, ou d’un côté de l’horison seulement, tandis que l’autre côté est sans aucun nuage ; ou des deux côtés de l’horison à la fois, & alors un des deux centres est d’ordinaire plus apparent que l’autre. Ils ne sont pas toujours diamétralement opposés : quelquefois l’ordre des nuages se trouble & se confond, & l’on apperçoit pendant quelque tems, deux différens points de concours du même côté de l’horison, jusqu’à ce que l’un des deux disparoisse & cede, pour ainsi dire, la place à l’autre. Divers nuages, disposés parallelement les uns aux autres & à l’horison à perte de vûe, ce qui est l’arrangement naturel que le vent leur donne, doivent, suivant les regles de l’optique, nous paroître concourir à deux points opposés de l’horison. On ne doit pas regarder ce phénomene comme une autre sorte de météore ; mais on doit le ranger dans la classe des phénomenes que les nuées représentent par leur différente situation ». Essai de Phys. de Méth. page 751. §. 1524.
Pié, on appelle en terme de Blason, pié de l’écu, la pointe ou partie inférieure de l’écu ; & on dit qu’un animal est en pié, pour dîre qu’il est posé sur les quatre piés. Lorsqu’il ne paroît que les trois fleurons de lis, & que le pié qui est au dessous en est retranché, on dît pié coupé & pié nourri. On appelle pié fiché, celui qui est pointu & propre à ficher en terre.
Pié, (Chasse.) c’est par le pié qu’un bon chasseur peut connoitre les différentes bêtes & leurs différens âges.
Les vieux cerfs ont ordinairement la sole du pié grande & de bonne largeur, le talon gros & large, la comblette ouverte, la jambe large, les os gros, courts & non tranchans, la piece ronde & grosse, & ne sont jamais aucune fausse démarche, ce qui arrive souvent aux jeunes. Outre ce, les vieux cerfs n’avancent jamais le pié de derriere plus avant que celui de devant, au lieu que les jeunes le passent toujours. La biche a le pié fort long, étroit & creux, & le talon si petit, qu’il n’y a pas de cerf d’un an qui ne l’ait aussi gros.
On reconnoît dans les chevreuils les mâles des femelles au pié ; les mâles ont ordinairement plus de pié devant que les chevrettes, le tour des pinces en est plus rond, & le pié plus plein ; au lieu que les femelles les ont creux & les côtés moins gros que les mâles, qui ont aussi le talon & la jambe plus larges, & les os plus gros & tournés en-dedans.
La trace du sanglier se distingue d’avec celle d’une laie, en ce que lorsque la laie est pleine, elle pese beaucoup en marchant, va ordinairement les quatre piés ouverts, & a les pinces moins grosses que n’a le sanglier qui va la trace serrée ; elle a aussi les gardes, la soie & le talon plus larges, les côtés plus gros & plus usés, les allures plus longues & plus assurées, mettant les piés plus aisément dans une même distance. Dans la saison du rut, les laies ont les allures aussi longues que le sanglier ; mais la trace du mâle est plus ronde & mieux faite. Il y a aussi une différence entre le sanglier en son tiers an, & celui en son quart an ; celui en son tiers an a la sole moins pleine, & a les côtés de la trace plus tranchans, & les pinces moins grosses & plus tranchantes ; le sanglier en son quart an a les gardes plus larges, plus usées & plus près du talon ; les allures en sont plus longues, & le pié de derriere demeure plus éloigné que celui de devant, au-lieu que le sanglier en son tiers an rompt une partie de sa trace, & va les piés plus ouverts. Les vieux sangliers mirés ont encore les gardes plus larges & plus grosses & plus usées ; elles approchent plus aussi du talon, & sont plus bas jointées ; & ils vont les quatre piés plus serrés.
On distingue par le pié le sanglier du cochon domestique, en ce que les pourceaux privés vont toujours les quatre piés ouverts, & les pinces pointues & sans rondeur ; mais les bêtes noires vont les piés plus serrés, sur-tout ceux de derriere ; ils ont les pinces plus rondes & mieux faites, & le pié plus creux que ceux des porcs privés, qui l’ont ordinairement plein, & n’appuient pas du bout de la pince comme les sauvages, qui ont le talon, la jambe & les gardes plus larges, & qui s’écartent beaucoup plus que ceux d’un pourceau sauvage, qui a les gardes petites & piquantes, droites en terre.
On distingue les traces d’un vieux loup d’avec celles du chien, parce que le loup, quand il va d’assurance, a toujours le pié très-serré, au lieu que celui du chien est toujours fort ouvert, & qu’il a le talon moins gros & moins large que le loup, & les deux grands doigts plus gros, quoique les ongles du loup soient plus gros & enfoncent plus avant en terre ; outre que les loups forment en-dessous trois petites fossettes, ce que celui du chien ne fait pas. Le loup a aussi plus de poil sur le pié que le chien, & les allures en sont bien plus longues, mieux reglées & plus assurées.
Le pié du loup differe de celui de la louve, en ce que celle-ci a les ongles moins gros que le loup. Les jeunes loups se connoissent aux liaisons des piés qui ne sont point si fortes que celles des vieux loups, ce qui fait que les jeunes ont le pié plus ouvert, des ongles plus petits & plus pointus, & que leurs allures ne sont pas si réglées ni si longues.
Le pié du blaireau differe beaucoup de celui des autres animaux qu’on chasse, ce qui en rend la connoissance aisée ; il a les doigts du pié tous égaux & le talon fort gros ; il pese du pié quand il marche, & le fait porter également à terre.
Pié, en Géométrie, (Arpentage, Commerce), &c. est une mesure convenue dans chaque royaume ou état gouverné par ses propres lois, pour évaluer ou déterminer des longueurs ; le pié françois contient douze pouces. Voyez Mesure & Pouce.
Les Géometres divisent le pié en dix doigts, le doigt en dix lignes, &c.
Les Anglois divisent leur pié comme nous, en douze pouces, & le pouce en douze lignes. Voyez Ligne.
Un pié quarré est une surface rectangulaire dont la longueur & la largeur sont égales à un pié ; ce pié contient 144 pouces quarrés. Voyez Quarré.
Le pié cube ou cubique a ses trois dimensions égales chacune à un pié ; il contient 1728 pouces cubes. Voyez Cube & Cubique.
Table de la proportion du poids de différens corps ou matieres réduites à la grosseur du pié cube.
Table. | ||
Un pié cube d’or pese, | 1368 | liv. |
Un pié cube d’argent, | 744. | |
Un pié cube de cuivre, | 648. | |
Un pié cube d’étain, | 576. | |
Un pié cube de plomb, | 829. | |
Un pié cube de vif-argent, | 977 | . |
Un pié cube de terre, | 95 | . |
Un pié cube de sable de riviere, | 132. | |
Un pié cube de sable de terre & de mortier, | 120. | |
Un pié cube de chaux, | 59. | |
Un pié cube de plâtre, | 86. | |
Un pié cube de pierre commune, | 140. | |
de pierre de liais, | 165. | |
de pierre de Saint-Leu, | 115. | |
Un pié cube de marbre, | 252. | |
Un pié cube d’ardoise, | 156. | |
Un pié cube d’eau douce, | 72. | |
d’eau de mer, | 73 | . |
De vin, | 70 | . |
D’huile, | 66 | . |
Enfin un pié cube de sel, | 110. |
Pié, (Mesure de longueur.) mesure prise sur la longueur du pié humain, qui est différent selon les lieux. On appelle aussi pié un instrument en forme de petite regle, qui a la longueur de cette mesure, & sur laquelle ses parties sont gravées.
On considere les piés comme antiques ou comme modernes, & c’est cette division que nous allons suivre en rapportant les piés usités selon qu’ils ont été déterminés par Suellius, Riccioli, Scammozzi, Petit, Picard, &c. Les uns & les autres sont réduits au pié de roi, qui est une mesure établie à Paris & en quelques autres villes de France ; elle contient 144 lignes. Ce pié est divisé en douze pouces, le pouce en douze lignes, & la ligne en douze points. Ainsi ce pié est divisé en 1728 parties. Six de ces piés font la toise. On se sert de palmes & de brasses au lieu de piés en quelques villes d’Italie. Toutes ces mesures sont principalement utiles pour l’intelligence des livres, des desseins, & des ouvrages d’Architecture de divers lieux.
pié d’Alexandrie, 13 pouces 2 lignes 2 points.
Pié d’Antioche, 14 pouces 11 lignes 2 points.
Pié arabique, 12 pouces 4 lignes.
Pié babylonien, 12 pouces 1 ligne & 6 points. Selon Capellus, 14 pouces 8 lignes & demie ; & selon M. Petit, 12 pouces 10 lignes & 6 points.
Pié grec, 11 pouces 5 lignes 6 points ; & selon M. Perrault, 11 pouces 3 lignes.
Pié hébreu, 13 pouces 3 lignes.
Pié romain. Selon Vilalpande & Riccioli, ce pié a 11 pouces 1 ligne 8 points ; Selon Lucas Poetus, au rapport de M. Perrault, & selon M. Picard, 10 pouces 10 lignes 6 points, qui est la longueur du pié qu’on voit au Capitole, & qui apparemment est la mesure la plus certaine du pié romain. Malgré ce témoignage, M. Petit pense que ce pié doit être de 11 pouces.
Pié d’Amsterdam, 10 pouces 5 lignes 3 points.
Pié d’Anvers, 10 pouces 6 lignes.
Pié d’Avignon & d’Aix en Provence, 9 pouces 9 lignes.
Pié d’Ausbourg en Allemagne, 10 pouces 11 lignes 3 points.
Pié de Baviere en Allemagne, 10 pouces 8 lignes.
Pié de Besançon en Franche Comté, 11 pouces 5 lignes 2 points.
Pié ou brasse de Bologne en Italie, 14 pouces selon Scammozzi, & 14 pouces 1 ligne suivant M. Picard.
Pié de Bresse, 17 pouces 7 lignes & 6 points, selon Scammozzi, & 17 pouces 5 lignes 4 points selon M. Petit.
Pié ou dérab du Caire en Egypte, 20 pouces 6 lignes.
Pié de Cologne, 10 pouces 2 lignes.
Pié de Franche Comté & Dole, 13 pouces 2 lignes 3 points.
Pié ou pic de Constantinople, 24 pouces 5 lignes.
Pié de Copenhague en Danemark, 10 pouces 9 lignes 6 points.
Pié de Cracovie en Pologne, 10 pouces 2 lignes.
Pié de Dantzick en Pologne, 10 pouces 4 lignes 6 points selon M. Petit, & 10 pouces 7 lignes selon M. Picard.
Pié de Dijon en Bourgogne, 11 pouces 7 lignes 2 points.
Pié de Florence, 20 pouces 8 lignes 6 points selon Maggi ; 21 pouces 4 lignes 6 points selon Lorini ; 22 pouces 8 lignes selon Seammozzi, & 21 pouces 4 lignes selon M. Picard.
Pié de Genes, 9 pouces 9 lignes.
Pié de Geneve, 18 pouces 4 points.
Pié de Grenoble en Dauphiné, 12 pouces 7 lignes 2 points.
Pié de Heidelberg en Allemagne, 10 pouces 2 lignes selon M. Petit, & 10 pouces 3 lignes 6 points suivant une mesure originale.
Pié de Léipsic en Allemagne, 11 pouces 7 lignes 7 points.
Pié de Leyden en Hollande, ou pié rhenan, 11 pouces 7 lignes. Ce pié sert de mesure à tout le septentrion ; sa proportion avec le pié romain est comme de 950 à 1000. Voyez Casimir, qui dans sa pyrothecnie a fait sa réduction au pié rhenan, de tous les autres piés des plus fameuses villes de l’Europe.
Pié de Liege, 10 pouces 7 lignes 6 points.
Pié de Lisbonne en Portugal, 11 pouces 7 lignes 7 points selon Suellius.
Pié de Londres & de toute l’Angleterre, 11 pouces 3 lignes, ou 11 pouces 2 lignes 6 points selon M. Picard, & suivant une mesure originale, 11 pouces 4 lignes 6 points. Le pouce d’Angleterre se divise en dix parties ou lignes.
Pié de Lorraine, 10 pouces 9 lignes 2 points.
Pié de Lyon, 12 pouces 7 lignes 2 points, selon M. Petit ; & 12 pouces 7 lignes 6 points, selon une mesure originale. Sept piés & demi font la toise de Lyon.
Pié de Manheim dans le Palatinat du Rhin, 10 pouces 8 lignes 7 points, selon une mesure originale.
Pié de Mantoue en Italie, 17 pouces 4 lignes suivant Scammozzi.
Pié de Mâcon en Bourgogne, 12 pouces 4 lignes 3 points. Il en faut sept & demi pour la toise.
Pié de Mayence en Allemagne, 11 pouces 1 ligne 6 points.
Pié de Middelbourg en Zélande, 11 pouces 1 ligne.
Pié de Milan, 22 pouces.
Pié de Naples, est une palme de 8 pouces 7 lignes selon Riccioli.
Pié de Padoue en Italie, 13 pouces 1 ligne selon Scammozzi.
Pié de Palerme en Sicile, 8 pouces 5 lignes.
Pié de Parme en Italie, 20 pouces 4 lignes.
Pié de Prague en Boheme, 11 pouces 1 ligne 8 points.
Pié du Rhin, 11 pouces 5 lignes 3 points selon Suellius & Riccioli ; 11 pouces 6 lignes 7 points selon M. Petit ; 11 pouces 7 lignes selon M. Picard, & 11 pouces 7 lignes & demi, suivant une mesure originale. On en a trouvé une seconde en fouillant les ruines d’Herculanum ; on dit que c’est une verge pliante de bronze, dans laquelle le pié romain est partagé en pouces & en lignes ; de cette maniere on saura définitivement l’étendue du pié romain.
Pié de Rouen, semblable au pié de roi.
Pié de Savoie, 10 pouces.
Pié de Sedan, 10 pouces 3 lignes.
Pié de Sienne en Italie, 21 pouces 8 lignes 4 points.
Pié de Stockholm en Suede, 12 pouces 1 ligne.
Pié de Strasbourg, 10 pouces 3 lignes 6 points.
Pié de Tolede, ou pié castillan, 11 pouces 2 lignes 2 points, selon M. Riccioli, & 10 pouces 3 lignes 7 points selon M. Petit.
Pié trévisan dans l’état de Venise, 14 pouces 6 points selon Scammozzi.
Pié de Turin ou de Piemont, 16 pouces selon Scammozzi.
Pié de Venise, 12 pouces 10 lignes, selon Scammozzi & Lorini ; 12 pouces 8 lignes selon M. Petit, & 11 pouces 11 lignes suivant M. Picard.
Pié de Verone, égal à celui de Venise.
Pié de Vicence en Italie, 13 pouces 2 lignes selon Scammozzi.
Pié de Vienne en Autriche, 11 pouces 8 lignes.
Pié de Vienne en Dauphiné, 11 pouces 11 lignes.
Pié d’Urbin & de Pezaro en Italie, 13 pouces 1 ligne selon Scammozzi.
Pié courant ; c’est le pié qui est mesuré suivant sa longueur.
Pié quarré ; c’est un pié qui est composé de la multiplication de deux piés. Ainsi un pié étant de 12 pouces, un pié quarré est de 144 pouces, nombre qui provient de 12 multiplié par 12.
Pié cube : c’est un pié qui contient 1728 pouces cubes, nombre qui est formé du produit du pié quarré par le pié simple.
Comme nous écrivons pour tous les peuples, & qu’il pourroit y avoir des étrangers qui ignoreroient le rapport & la différence du pié qui est en usage chez eux au pié de roi, que nous avons pris ici pour regle, il convient d’ajouter encore une table qui puisse aider tout le monde à évaluer les différens piés à celui de Paris. Nous avons dit qu’il se divisoit en douze pouces, & chaque pouce en douze lignes. Si donc on suppose chaque ligne divisée en dix parties, on aura
parties.
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Le pié de Paris, de | 1440. | |
Le pié de Bologne, de | 1682. | |
Le pié de Danemarck, de | 1404. | |
Le pié de Rhin ou de Leyden, de | 1390. | |
Le pié de Londres, de | 1350. | |
Le pié de Suede, de | 1316. | |
Le pié romain du capitole, de | 1306. | |
Le pié de Dantzick, de | 1272. | |
Le pié d’Amsterdam, de | 1258. | |
Le palme de Naples, de | 1169. | |
Le palme de Genes, de | 1113. | |
Le palme de Palerme, de | 1073. | |
Le palme romain, de | 990. | |
La brasse de Bologne, de | 2640. | |
La brasse de Florence à terre, de | 2430. | |
La brasse de Parme & de Plaisance, de | 2423. | |
La brasse de Reggio, de | 2348. | |
La brasse de Milan, de | 2166. | |
La brasse de Bresse, de | 2075. | |
La brasse de Mantoue, de | 2062. | |
Le pié de Rome, de | 1320. | |
Le pié de Venise, de | 1540. | |
Le pié de Constantinople, de | 3140. | |
Le pié de Strasbourg, de | 1282 . | |
Le pié de Nuremberg, de | 1346 . | |
Le pié de Halle en Saxe, de | 1320. | |
Le pié de Leipsic, de | 1397. | |
Le pié de Cologne, de | 1220. | |
Le pié de Baviere, de | 1280. | |
Le pié d’Ausbourg, de | 1313. | |
Le pié de Lisbonne, de | 1397. | |
Le pié de Vienne en Autriche, de | 1400. | |
Le pié de Prague, de | 1338. | |
Le pié de Cracovie, de | 1580. | |
Le pié de Savoie, de | 1440. | |
Le pié de Geneve, de | 2592. | |
Ancien pié, | des Hébreux, de | 1590. |
des Grecs, de | 1350. | |
des Romains, de | 1306. |
Quand les Allemands n’expriment point la sorte de pié dont ils se servent, il faut l’entendre du pié rhinlandique. (Le chevalier de Jaucourt.)
Piés droits, (Marine.) ce sont des étances passées sur le fond de cale & sous quelques baux, dans les plus grands vaisseaux où il y a des broches taillées comme celle d’une cremailliere, par où les matelots montent & descendent avec le secours d’une tirevieille.
Pié marin, (Marine.) avoir le pié marin, se dit d’un homme de mer qui a le pié si sûr & si ferme qu’il peut se tenir debout pendant le roulis d’un vaisseau.
Il se dit aussi de celui qui entend bien sa navigation, & qui est fait aux fatigues de la mer. Lorsqu’un officier a le pié marin, les gens de l’équipage ont bien plus de confiance dans sa conduite.
Pié fort, terme de Monnoie, ce mot se dit d’une piece d’or, d’argent, ou d’autre métal, plus forte ou plus épaisse que les monnoies ordinaires, quoique presque toujours frappée au même coin, mais qui n’a point de cours dans le commerce comme les autres especes.
Ce sont les Monétaires on Monnoyeurs qui les font frapper par curiosité, soit pour garder, soit pour les donner à leurs amis. On voit à Paris dans les cabinets des curieux, des piés fort de quatre louis d’or, de huit, de douze, & de seize, presque tous gravés par le célebre Varin, cet habile artiste, à qui la monnoie de France est redevable de sa perfection.
Outre les piés forts qui sont frappés sur de l’or, on en a aussi quantité d’argent & de cuivre gravés par cet excellent tailleur, qui égalent les beautés des médailles les plus estimées. Boisard. (D. J.)
Pié, s. m. (Manufacture.) ce mot se dit de la partie inférieure des rots, qui servent à la fabrique des étoffes & des toiles ; la partie supérieure s’appelle la tête.
Pié, (Mesure d’ouvriers.) mesure de cuivre, de fer, de bois, ou de quelqu’autre matiere que ce soit, qui sert à la plûpart des ouvriers, entre autres aux Charpentiers, Menuisiers, Maçons, Couvreurs, & autres semblables, pour mesurer les ouvrages.
Il y a de ces piés qui sont tout d’une piece, d’autres qui se plient & sont brisés, d’autres encore qui en s’ouvrant portent leur équerre. Ce sont les faiseurs d’instrumens de mathématiques qui font ordinairement les piés de cuivre ; ils en font aussi d’argent pour mettre dans des étuis portatifs : les uns & les autres sont divisés en pouces, & le premier pouce en lignes.
Les piés de fer ou d’ouvrage commun se vendent par les quincailliers. (D. J.)
Pié droit, s. m. (Archit.) c’est la partie du trumeau ou jambage d’une porte ou d’une croisée, qui comprend le bandeau ou chambranle, le tableau, la feuillure, l’embrasure, & l’écoinçon ; on donne aussi ce nom à chaque pierre, dont le pié droit est composé.
Pié de fontaine, s. m. (Archit.) espece de gros balustre, ou piédestal rond ou à pans, quelquefois avec des consoles ou des figures, qui sert à porter une coupe ou un bassin de fontaine, ou un chandelier. Il y a dans la colonade de Versailles trente-un piés, qui soutiennent autant de bassins de marbre blanc.
Pié de mur, (Archit.) c’est la partie inférieure d’un mur, comprise depuis l’empattement du fondement jusqu’au-dessus, ou à hauteur de retraite.
Pié-de-chevre, terme d’ouvriers, espece de pince de fer, recourbée & refendue par le bout, dont les Charpentiers, Maçons, Tailleurs de pierre, & autres ouvriers, se servent pour remuer leurs bois, leurs pierres, & semblables fardeaux.
Piés de devant, de derriere. Voyez l’article Bas au métier.
Pié-de-chevre, (Charpent.) c’est une troisieme piece de bois, qui sert à en appuyer deux autres qui composent le montant de la machine qu’on appelle chevre, & qui est propre à élever des fardeaux : les Charpentiers ajoutent cette troisieme piece de bois pour servir de jambe à la machine appellée chevre, lorsqu’on ne peut l’appuyer contre un mur, pour enlever un fardeau de peu de hauteur, comme une poutre sur des tréteaux, pour la débiter, &c. Dans leur langage enter en pié-de-chevre, c’est une maniere d’assembler dont ils se servent pour alonger des pieces de bois. (D. J.)
Pié-cornier, (Charpent.) ce mot se dit des longues pieces de bois qui sont aux encoignures des pans de charpente ; on le dit aussi des quatre principales pieces qui font l’assemblage d’un bateau, d’un carrosse, qui soutiennent l’impériale ; où l’on attache les mains, où l’on passe les soupentes.
Pié de cire, (Cirerie.) c’est ainsi qu’on appelle le sédiment ou ordure de la cire qui s’échappe à-travers la toile, ou par les trous du pressoir, & qui tombe au fond des moules, où l’on a jetté la cire étant encore chaude. On se sert d’un couteau ou d’un autre instrument fait exprès pour séparer la bonne cire d’avec le pié de cire, qui se trouve toujours au-dessous des pains, après qu’on les a retirés des moules ; moins la cire a de pié, & plus elle est estimée. Dictionnaire de Comm.
Pié d’étaple, (Cloutier.) est un instrument de fer pointu par en bas, & enfoncé dans le bloc qui sert d’établi aux Cloutiers ; cet instrument a dix-huit pouces ou environ de hauteur, & quatre pouces de largeur ; il est quarré dans toute sa longueur, excepté par en haut, où il est plus long que large, & se termine en pince d’un côté. Le pié d’etaple a au côté opposé à la pince une ouverture dans laquelle on introduit la clouillere, qui de l’autre côte est posée sur la place. Voyez planches du Cloutier, & leur explic. vous y distinguerez le pié d’étaple, la place, le ciseau, & la clouillere garnie en-dessous de son ressort, & dans le trou de laquelle est un clou.
Pié, (Dentelle.) ce mot se dit d’une dentelle très-basse, qui se coud à une plus haute, engrelure contre engrelure.
Pié-de-chevre, (Ferblantier.) outil de ferblantier, c’est un morceau de fer qui est fait à-peu-près comme un tas, à l’exception qu’il est plus haut sur son pié, & moins large ; la face de dessus est fort unie. Il sert aux Ferblantiers pour former des plis & replis à leurs ouvrages. Voyez la figure planches du Ferblantier.
Pié, terme dont plusieurs artistes se servent, mais particulierement les Horlogers, les faiseurs d’instrumens de mathématiques ; il signifie une petite cheville cylindrique fixée à une piece qui doit tenir à vis sur une autre.
Il y a trois piés sous la potence d’une montre, lesquels étant juste dans des trous percés à la platine du dessus, empêchent que cette platine & la potence ne tourne sur la vis qui les tient pressées l’une contre l’autre. La fonction des piés est la même dans les autres pieces où ils sont ajustés ; tels sont le coq, les barettes, le petit coq, &c. On écarte, autant qu’il se peut, les piés les uns des autres, afin que par leur distance le jeu qu’ils pourroient avoir dans leur trou devienne moins sensible.
Pié-de-biche, (Horlogerie.) se dit parmi les Horlogers, d’une détente brisée, dont le bout peut faire bascule d’un côté, mais non pas de l’autre ; il se dit aussi de tout ajustement semblable.
Pié de guide-chaîne, terme d’Horlogerie ; c’est une espece de petit pilier quarré rivé d, vers la circonférence de la platine de dessus d’une montre, entre le barillet & la fusée Ce pié est représenté vu en plan avec le guide-chaîne, en PI, fig. 42. Pl. X. de l’Horlogerie. Il a dans sa largeur une fente PI, dans laquelle entre la lame du guide-chaîne, & a de plus un trou à la moitié de sa hauteur qui le traverse de part en part, & qui est à angle droit. Avec cette fente ce trou sert à loger une goupille, qui passant à-travers un trou semblable percé dans la lame du guide-chaîne, l’empêche de sortir de cette fente, en lui laissant cependant la liberté de tourner sur la goupille & de s’approcher ou de s’éloigner un peu de la platine. Voyez Guide-chaîne.
Pié horaire, (Horlogerie.) c’est la troisieme partie de la longueur d’un pendule qui fait ses vibrations dans une seconde. M. Huyghens est le premier qui ait déterminé cette longueur, & il a trouvé qu’elle est à celle du pié de Paris, comme 864 à 881. Ce mathématicien compte pour la longueur de ce pendule 3 piés de Paris, 8 lignes & demie. Voyez Horolog. Oscillat. part. IV. Prop. 25. Hug. opera, tom. I. (D. J.)
Pié, (Jardinage.) est le bas de la tige d’un arbre ; on dit encore le pié d’une pallissade.
Pié de chevre, terme d’Imprimerie, s’entend d’une espece de marteau particulier aux ouvriers de la presse ; c’est un morceau de fer arrondi, de la longueur de sept à huit pouces, sur deux pouces de diametre, dont une des extrémités qui se termine en talon ou tête de marteau, leur sert pour monter leurs balles, & à proprement parler, à clouer les cuirs sur les bois de balle. L’autre extrémité qui est comme une pince aiguë, courbée, & refendue, leur tient lieu de tenailles, lorsqu’il s’agit de détacher les clous & démonter les balles. Voyez Balles, Bois de balles, Cuirs.
Pié de la lettre, (Imprimerie.) est le bout ou extrémité opposée à l’œil ; on l’appelle pié, parce que c’est cette extrémité qui sert de point d’appui à la superficie & au corps de la lettre, qui peut être considérée dans son tout, comme ayant trois parties distinctes, l’œil, le corps, & le pié.
Piês de mouche, (Caractere d’Imprimerie.) ainsi figuré ¶. Il à faire connoître les remarques qu’un auteur veut distinguer du corps de sa matiere, afin que l’on sache pour quelle raison on s’en sert dans un ouvrage ; l’auteur doit en avertir le lecteur dans sa préface. Voyez table des Caracteres, figure 5.
Pié, huit piés, ouvert, ou huit piés en résonnance, (jeu d’orgue.) ce jeu qui est d’étain joue l’octave au-dessus du bourdon, & de la montre de 16 piés, & l’unisson du bourdon de quatre piés bouché. Voyez la table du rapport & de l’étendue des jeux de l’orgue, & la fig. 33. Pl. d’orgue. Ce jeu est ouvert, & a quatre octaves.
Pié, dans les orgues : on appelle pié, la partie inférieure c d e, fig. 31. n°. 2. Pl. d’orgue, de forme conique d’un tuyau. Le pié est ordinairement de la même étoffe que le tuyau, & y est soudé après que le biseau qui sépare le tuyau du pié a été soudé avec ce dernier. La levre inférieure de la bouche est prise dans le corps même du pié que l’on applatit en-dedans pour les tuyaux qui ont la bouche en pointe ; pour ceux qui l’ont ovale, c’est une piece de la forme d’un segment de cercle que l’on retranche du pié. La fleche de ce secteur, a fig. 33. est le quart de sa corde ; la piece retranchée d’un tuyau sert pour un autre de moindre grosseur.
On observe de donner aux tuyaux des montres d’orgue, des longueurs & des grosseurs symmétriques, en sorte que les bouches des tuyaux suivent des deux côtés d’une tourelle ou dans des plates faces correspondantes, des lignes également inclinées à l’horison. Cet arrangement donne plus de grace au fust d’orgue, que si les bouches étoient toutes sur une même ligne, ou qu’elles fussent disposées irrégulierement.
Pié dans le cheval, (Maréchal.) c’est la partie de la jambe depuis la couronne jusqu’au bas de la corne. Voyez Couronne. Il est composé de la couronne, du sabot, de la sole, de la fourchette, & des deux talons. Les défauts du pié sont d’être gros, c’est-à-dire, trop considérables à proportion de la jambe ; gros, c’est-à-dire, que la corne en est trop mince ; comble plat, ou en écaille d’huitre, est celui qui n’a pas la hauteur suffisante, & dont la sole descend plus bas que les bords de la corne, & semble gonflé ; dérobé, ou mauvais pié, est celui dont la corne est si usée ou si cassante, qu’on ne sauroit y brocher des clous. Pié encastelé, voyez Encastelure, cerclé, voyez Cerclé. Pié du montoir, c’est le pié gauche de devant & de derriere ; pié hors du montoir, c’est le droit ; pié sec, est celui qui se resserre, s’encastele & se cercle naturellement. Le petit pié, est un os qui occupe le dedans du pié, & qui est emboîté par la corne du sabot. Pié neuf, se dit d’un cheval à qui la corne est revenue après que le sabot lui est tombé ; & il n’est plus propre dans ce cas que pour le labour. Parer le pié d’un cheval, c’est rendre les bords de la corne unis, pour poser ensuite le fer dessus. Galoper sur le bord ou sur le mauvais pié, voyez Galoper. On mesure les chevaux par pié & pouces ; le pié de la lance. Voyez Lance.
Pié de biche, (Menuiserie.) est un morceau de planche, au bout duquel il y a une entaille en forme de pié de biche ; il sert à tenir l’ouvrage sur l’établi. Voyez les fig. Planches de la Menuiserie.
Pié de biche, terme de Menuisier ; ils appellent pié de biche, une certaine façon de terminer les piés d’une table, d’une chaise, ou autre ouvrage en forme du pié d’une biche. (D. J.)
Pié de biche, (Orfévrerie.) ce sont les piés qui supportent les caffetieres d’argent ou d’autres ouvrages de cette nature, qu’on appelle ainsi, parce qu’ils ont la forme du pié d’une biche.
Pié. On dit un tableau, un dessein réduit au petit pié, quand pour en copier un grand on proportionne toutes les parties par quarrés, suivant ceux qu’on a marqués sur l’original. C’est ce qu’on nomme aussi craticuler, ou faire un chassis ou treillis.
Piés-droits, (Plomberie.) ce sont les plaques ou tables de plomb dont on couvre la charpente des lucarnes, pour empêcher que le bois ne pourrisse à la pluie. Les piés-droits se payent à tant le cent pesant mis en œuvre, plus ou moins, suivant le prix du plomb. Savary. (D. J.)
Pié de biche, terme de Serrurier, c’est une barre de fer qui sert à fermer les portes cocheres ; cette barre est attachée à la muraille, & se divise à l’autre bout en deux crampons qui entrent dans les ferrures de la porte. (D. J.)
Pié, (Soyerie.) partie du métier. Il y a les piés de devant ; ce sont des piliers de bois de 15 pouces d’équarrissage jusqu’à la banque, & au-dessus de 7 à 8 pouces.
Il y a les piés de derriere ; ce sont des pieces de bois de 7 à 8 pouces d’équarrissage hautes de 6 piés ou environ : ceux de devant sont de la même hauteur.
Pié, (Teinture.) c’est la premiere couleur qu’on donne à une étoffe avant que de la teindre dans une autre couleur, comme le bleu avant que de le teindre en noir ; ce qui s’appelle pié de pastel ou de guede. On dit de même pié de garance, pié de gaude, pié de racine, & ainsi des autres drogues dont est composée une teinture.
Une seule étoffe a autant de piés de couleur qu’elle est successivement teinte en différentes couleurs ; & les Teinturiers en France sont obligés d’y laisser autant de roses ou rosettes que de piés, pour faire voir qu’ils ont donné les piés de leur couleur. Savary. (D. J.)
Pié derriere, au jeu de quilles, se dit d’un joueur qui finissant sa partie est obligé de jouer un pié au but ou dans le cercle de sa boule, & l’autre derriere. Cela ne se fait qu’au dernier coup de la partie ; & il y a même bien des joueurs qui conviennent de ne le pas faire.