L’Encyclopédie/1re édition/INSECTE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 781-787).
INSENSÉ  ►

INSECTE, (Hist. nat.) petit animal qui n’a point de sang. On a distingué les animaux de cette nature en grands & en petits ; les grands sont les animaux mous, les crustacés & les testacés ; les petits sont les insectes. Il y a plus d’especes d’insectes que d’especes de poissons, d’oiseaux, ou de quadrupedes. Il y a aussi plus de différences de conformation parmi les insectes, que dans tout autre genre d’animaux. Sans cesser de considérer les insectes en général, tâchons de prendre une idée des différentes parties de leurs corps.

La peau des chenilles, des vers, &c. est fort tendre & très-foible ; certaines araignées ont plusieurs peaux l’une sur l’autre, comme les pellicules d’un oignon. La peau de tous les insectes est poreuse ; dans quelques-uns elle tombe une fois chaque année, & dans d’autres jusqu’à quatre fois ; enfin il y a des insectes qui ont la peau fort dure & même garnie d’écailles.

La tête des insectes est fort petite dans les uns, & très-grosse dans d’autres à proportion du corps ; elle a différentes formes dans diverses especes. On en voit de rondes, de plates, d’ovales, de larges, de pointues & de quarrées, d’unies, de raboteuses & de velues.

La situation de cette partie varie aussi ; elle est droite ou inclinée, fort apparente ou presqu’entierement cachée.

Les insectes qui ont des aîles & des piés, ont aussi des antennes au front au-dessus des yeux ; dans quelques-uns elles tiennent à la trompe. Ces antennes ont des articulations, dont le nombre varie dans les diverses especes d’insectes ; on en a compté jusqu’à cent dans quelques sauterelles. Les phalanges qui sont entre ces articulations, ont différentes grosseurs & différentes longueurs dans différentes antennes ; il y en a de rondes qui se touchent les unes les autres comme des grains de chapelet : quelquefois elles sont plus éloignées. On en voit qui sont couvertes de poils, ou qui ont la forme d’un cœur, & qui sont placées les unes au bout des autres. Les antennes de quelques insectes sont terminées par un renflement qui leur donne en quelque façon la forme d’une massue, ou d’une baguette de tambour ; d’autres antennes sont fourchues ou divisées en plusieurs branches. Le corps des antennes est tout uni ou garni de barbe comme une plume, d’un seul côté ou des deux côtés ; à l’aide du microscope, on apperçoit sur celles de quelques antennes d’autres barbes secondaires, qui en font une plume entiere. Les antennes se meuvent sur des petits tubercules qui leur servent de bases, & se fléchissent en différens sens par le moyen des articulations de leurs phalanges ; pour l’ordinaire elles sont droites ou recourbées, dirigées en avant ou de côté.

Il y a beaucoup de variété dans la forme & la couleur des yeux des insectes qui sont pourvus de cet organe ; ils sont hémisphériques ou sphériques ; ils sont blancs, noirs, verds comme l’éméraude, de couleur d’or ou de vermillon, bruns, rougeâtres, lorsqu’ils sont exposés au soleil ; il y en a qui ont presqu’autant de brillant qu’une pierre précieuse. Les yeux sont ordinairement placés sur le front au-devant des antennes, & quelquefois derriere ; ceux des grillons des champs avancent un peu hors de la tête ; ceux des petites demoiselles aquatiques sont si saillans, qu’ils ne semblent tenir à la tête que par une articulation. Le nombre des yeux varie dans différens insectes ; la plûpart en ont deux ; les mouches en ont cinq ; les araignées huit pour l’ordinaire. Il y a quelques insectes dont les yeux sont composés d’un très-grand nombre d’hexagones disposés comme les alvéoles des abeilles. Chaque hexagone est un œil qui a un point de vûe particulier, puisqu’ils sont tous placés sur un demi-globe. La situation & le grand nombre de ces yeux supplée au mouvement qui leur manque ; quoiqu’ils soient fixes, l’animal voit autant d’objets que s’il n’avoit de chaque côté qu’un œil qu’il pût mouvoir. Les yeux des insectes sont nuds, mais leur cornée est dure.

La bouche des insectes a différentes formes ; elle est large ou pointue, ou longue comme un groin de cochon ; les uns ont les levres placées en haut & en bas, les autres sur les côtés. Il y a aussi sur les côtés de la bouche de plusieurs insectes deux ou quatre barbillons qui ont plusieurs articulations, deux, trois, quatre, cinq & plus : l’extrémité de ces barbillons est le plus souvent renflée en forme de massue. Cette extrémité est cannelée dans les scarabés noirs qui viennent des vers du lard. On a soupçonné que ces barbillons pourroient être les organes de l’odorat ; au moins les insectes s’en servent pour porter les alimens à la bouche. Il y a dans la bouche des serres qui tiennent lieu de dents ; quoique très-déliées, elles sont dures & fortes, & si tranchantes qu’elles percent le bois, & broyent les alimens les plus dures comme des dents. Ces serres sont unies dans quelques insectes, & ressemblent aux ergots des coqs ; il s’en trouve qui ont sur la face intérieure de chaque piece des dents pointues & courbes ; c’est avec ces serres que les insectes saisissent leur proie : elles leur servent aussi d’armes offensives & défensives.

La trompe des insectes leur sert de langue ; elle est placée entre les serres de quelques-uns comme les grillons des champs. Il y en a qui l’étendent & la raccourcissent à leur gré ; les papillons la roulent entre deux lames barbues qui la mettent à couvert, d’autres la couchent sous leur ventre dans une petite cannelure qui s’y trouve. La trompe de quelques insectes est très-petite & très peu apparente, d’autres l’ont plus longue que tout le corps. Dans certaines especes d’insectes elle est renfermée dans une sorte de fourreau, dont le bout est pointu & peut percer différentes substances ; ensuite il s’ouvre, & la trompe en sort pour sucer ce qui se trouve dans les trous faits par le fourreau.

Le corcelet est une partie de l’insecte placée entre la tête & le corps ; il est plus ou moins dur, il est plat ou renflé, terminé en pointe par derriere ou arrondi, couvert de poils, de tubercules, ou d’éminences qui ont diverses formes.

Il y a sur le corps des insectes des incisions, ou des articulations qui se divisent en plusieurs anneaux, & c’est de ces incisions qu’est venu le mot d’insecte. Les anneaux qu’elles forment sont larges ou étroits ; il y en a de quatrés ; ils sont placés les uns au bout des autres, ou en partie les uns sur les autres. Certains insectes n’en ont que cinq ; la plûpart en ont un plus grand nombre, le mille-piés long & plat en a cinquante quatre. Les insectes se meuvent en écartant ou en rapprochant ces anneaux ; ils se couvrent & se découvrent plus ou moins, selon le dégré de température qu’ils veulent se procurer. Il y a presqu’autant de différences dans la figure du corps des insectes, qu’il y a d’especes de ces animaux. Ceux qui n’ont point de piés, ont sur le corps des piquans ou de petites pointes, par le moyen desquelles ils se maintiennent en place ; le ver qui se trouve dans l’estomac du cheval seroit bientôt entrainé par les matieres qui passent de ce viscere dans les intestins, s’il n’avoit de ces pointes pour s’accrocher aux parois de l’estomac. Les insectes ont aussi sur le corps des éminences unies ou crénelées, ou des tubercules, dont les couleurs sont quelquefois très-belles.

La partie postérieure du corps des insectes est revêtue de poils, ou couverte d’une sorte d’écusson, ou terminée par une membrane roide, qui leur sert de gouvernail lorsqu’ils volent, ou par des mamelons d’où sort la soie qu’ils filent ; d’autres insectes ont sur cette partie postérieure des soies ou des queues minces, au nombre d’une, deux, trois ou quatre, ou des cornes droites ou courbes, qui se raccourcissent lorsqu’on les touche, ou qui ont des pointes ou des barbillons qui sont quelquefois articulés ; quelques insectes ont sur cette même partie une queue fourchue, ou une serre en forme de pince, avec laquelle ils saisissent leur proie.

Les parties de la génération sont placées à la partie postérieure du corps ou sous le ventre. Il y a des femelles qui ont un long tuyau terminé en forme de masse pointue, avec laquelle elles font des trous pour y déposer leurs œufs. Ce tuyau tient à l’ovaire, l’œuf en y entrant le fait gonfler ; il se resserre à l’instant pour pousser l’œuf en avant ; ainsi en se dilatant & se resserrant successivement, le tuyau conduit l’œuf jusque dans le trou qui a été creusé pour le recevoir. Certains insectes aquatiques ont un tuyau à la partie postérieure du corps, par laquelle ils respirent en s’élevant à la surface de l’eau.

Quelques insectes ont encore dans la partie postérieure du corps un aiguillon, qu’ils en font sortir pour différens usages ; dans d’autres il est toujours au-dehors du corps. Lorsque cet aiguillon est court, il se trouve placé sous le ventre dans une rainure, lorsqu’il est plus long il déborde en arriere, & il est renfermé dans un étui composé de deux pieces longitudinales, terminées en pointes très-déliées ; elles s’ouvrent pour donner passage à l’aiguillon, dont la pointe ressemble à celle d’un hameçon, & le retient dans la chair lorsque l’insecte a fait sa piquûre, en même tems il tire d’une vessie qui est placée près du ventre à la racine de l’aiguillon, une liqueur qui coule le long du tuyau de l’aiguillon, qui s’insinue dans la plaie & qui y cause de la douleur. Quoique cet aiguillon soit très-délié, il perce des substances dures ; on a éprouvé que celui d’une abeille peut percer un gant de peau de bouc.

Le nombre des jambes varie beaucoup dans les différentes especes d’insectes ; il y a aussi de grandesvariétés dans la longueur des jambes & dans le nombre de leurs articulations ; ordinairement les dernieres jambes sont les plus longues, quelquefois aussi elles sont les plus courtes. Il s’en trouve qui n’ont qu’une seule articulation ; d’autres en ont jusqu’à huit : pour l’ordinaire elles ne sont composées que de trois parties ; la premiere est une sorte de cuisse, la seconde peut être regardée comme la jambe proprement dite, & la troisieme est le pié. Quelques insectes ont la jambe & la cuisse revêtues de poils forts & pointus. Le pié est ordinairement composé de quelques pieces qui sont rondes, ou qui ont la forme d’un cœur renversé ; il y a en a deux & même jusqu’à cinq dans quelques insectes. La derniere de ces pieces a deux pointes crochues ; d’autres insectes ont entre ces pointes une plante, par le moyen de laquelle ils adherent aux corps, lorsqu’ils ne peuvent pas s’y accrocher par les pointes du pié. Il y a des insectes mâles qui ont aux genoux une espece de palette avec laquelle ils serrent la semelle dans l’accouplement. Certains insectes ont les jambes très fortes & font de très-grands sauts ; on dit qu’une puce peut parcourir en sautant un espace deux cent fois plus long que son corps. Les insectes se servent de leurs jambes & de leurs piés pour nager & pour essuyer leurs yeux, leurs antennes & leurs corps, pour creuser & déplacer la terre, pour saisir leur proie, &c.

Les insectes aîlés ont deux ou quatre aîles ; leur situation est très-différente, car elles sont horisontales, obliques ou verticales. Dans plusieurs insectes, comme les scarabés, elles ont une sorte de couverture ou de fourreau, dans d’autres elles n’en ont point ; celles-ci sont lisses ou garnies d’une espece de farine ou de poussiere ; telles sont les aîles des papillons ; celles qui sont lisses ont des nervures très apparentes, elles sont très-minces & même transparentes. La poussiere des aîles des papillons vûe au microscope, paroît sous la forme d’écailles qui ont diverses figures. Dans les différentes especes de ces insectes, il y en a dont les aîles sont composées de longues plumes, qui ont des barbes comme celles des oiseaux. Toutes ces aîles varient beaucoup pour la figure & pour les couleurs, qui sont très-belles dans plusieurs especes de papillons ; on y voit aussi des caracteres qui ressemblent à des lettres. Les fourreaux qui se trouvent sur les aîles de plusieurs insectes, ont une consistance très-ferme, & sont plus ou moins durs, plus ou moins épais, & plus ou moins transparens, ou entierement opaques ; ils sont aussi plus ou moins longs. Dans quelques insectes ils ne couvrent qu’une petite partie du corps en-de-là du cervelet, dans d’autres ils s’étendent jusqu’au milieu du corps, quelquefois plus loin & même jusqu’à l’extrémité. Il y a beaucoup de variété dans leurs figures & dans leurs couleurs ; il y en a qui sont garnis de poils, d’autres sont striés ou couverts de tubercules, &c. Les aîles qui se trouvent sous ces fourreaux sont très-minces & transparentes ; elles ont dans plusieurs insectes beaucoup plus de longueur que les fourreaux : dans ce cas la partie qui déborderoit au-de-là des fourreaux, se replie avant que l’insecte n’abaisse les fourreaux sur les aîles.

Il y a plusieurs insectes qui ont des poils ; ils sont si fins dans quelques-uns, qu’on ne les apperçoit qu’à-travers une loupe. Les chenilles en ont sur la tête, les phalenes sur le corcelet, les bourdons sur la partie postérieure du corps ; on en voit sur les aîles & sur les jambes. Tous ces poils ont différentes couleurs, qui changent lorsque l’insecte vieillit, ou lorsqu’il est prêt à former sa coque. Il y a aussi sur différens insectes des touffes de poils disposés en forme de brosses rondes ou quarrées, & souvent terminées en pointe comme un pinceau. Certains insectes ont des poils si gros qu’on leur a donné le nom d’épine, ils ont quelquefois plusieurs branches. Ces poils & ces épines se brisent lorsqu’on tient l’insecte, & leurs débris entrent dans la peau & y causent de la demangeaison ; c’est ce qui a fait croire que les chenilles étoient venimeuses : celles qui sont rases ne font pas le même effet à ceux qui les manient.

Plusieurs insectes ont des cornes dures qui sont mobiles ou immobiles, qui different des antennes, en ce qu’elles n’ont point d’articulations. Quelques uns portent sur la tête une corne recourbée ou droite ; tel est le scarabé du tan appellé rhinoceros, à cause de sa corne. D’autres insectes ont sur le devant de la tête deux cornes qui s’étendent en haut ou en dehors ; ces cornes sont courtes, un peu recourbées & unies, ou branchues comme celles du cerf-volant : quelquefois elles sont plus longues l’une que l’autre. Il y a des insectes qui ont trois cornes perpendiculaires sur la tête ou sur les épaules.

Tous les insectes ont les sens du tact & du goût ; mais il y en a qui sont privés de la vûe, d’autres n’ont point d’odorat ; aucun n’a des oreilles apparentes à l’extérieur ni même à l’intérieur ; cependant il paroît qu’ils ne sont pas tous privés du sens de l’oüie.

Plusieurs insectes ont des qualités fort extraordinaires ; il y en a qui jettent de la lumiere pendant la nuit, tels sont les vers-luisans & les portes-lanternes de la Chine & d’Amérique ; la lumiere de ceux-ci est si vive qu’ils peuvent servir de chandelle pour lire & pour faire différens ouvrages pendant la nuit.

Les insectes n’ont à proprement parler point de voix, mais il y en a plusieurs qui rendent des sons & qui font différens bruits, comme les cigales, les grillons, les abeilles, &c. Ces sons viennent du frottement de la nuque du cou contre le corcelet, du frottement des aîles l’une contre l’autre ou contre le dos, ou d’une conformation particuliere de quelque partie du corps ; c’est par ces sons que les grillons des champs appellent leurs femelles.

Il y a des insectes qui répandent une odeur très-desagréable ; telles sont les cantharides, les panaises, &c. au contraire il y a des scarabés qui sentent le musc, la violette, la rose.

Une grande quantité d’insectes offrent aux yeux les couleurs les plus vives & les plus belles, principalement les papillons & même les chenilles, les scarabés, les buprestes, &c.

La plûpart des insectes n’ont pas toûjours la même forme ; la plûpart en changent au point de n’être pas reconnoissables ; ce changement est ce qu’on appelle transformation ou métamorphose des insectes. Swammerdam (Biblia naturæ) en distingue de quatre sortes.

Dans la premiere sorte de métamorphose, les insectes ne subissent d’autre transformation que celle qu’ils éprouvent, en sortant de l’œuf, ils croissent ; la plûpart changent de peau, quelques-unes de leurs parties grandissent quelquefois un peu plus que d’autres, & prennent une couleur différente de celle qu’elles avoient auparavant ; telles sont les araignées & les diverses especes de poux des hommes & des animaux, les vers de terre, les sangsues, les mille-piés, &c.

Dans les trois autres sortes de métamorphose, lorsque les insectes ont mué la plûpart diverses fois, & qu’ils sont parvenus à leur point d’accroissement, ils prennent la forme de sémi-nymphe, de nymphe, ou de chrysalide ; après être restés quelque tems sous l’une de ces formes, ils la quittent & deviennent des insectes parfaits & propres à la génération.

La seconde sorte de métamorphose est une transformation incomplette ; car les insectes, tels que les demoiselles aquatiques, les sauterelles, les grillons, les punaises volantes, &c. n’acquierent par ce changement que des aîles qui leur manquoient auparavant ; lorsque ces aîles se forment, on donne à l’insecte le nom de sémi-nymphe ; dans cet état on voit sur le dos au-delà du corcelet, des étuis qui renferment les aîles naissantes ; auparavant elles ne paroissent que très-peu ou point du tout. Les insectes dans l’état de sémi-nymphe, mangent, marchent, courent, sautent ou nagent comme à l’ordinaire. La forme de la plûpart de ces insectes ne differe guere après l’état de sémi-nymphe de celle qu’ils avoient auparavant, que par les aîles qu’ils ont de plus ; cependant il s’en trouve qui sont très-différens de ce qu’ils étoient dans leur premier état.

Dans la troisieme & quatrieme sorte de métamorphose, les insectes perdent l’usage de tous leurs membres ; ils ne peuvent ni manger ni agir, & ne ressemblent en rien à ce qu’ils étoient auparavant ; tel de ces insectes qui auparavant n’avoit point de jambes, ou en avoit jusqu’à cinq ou six, sept, huit, neuf, dix & onze paires, n’en a alors jamais ni plus ni moins que trois paires, qui avec ses aîles & ses antennes sont ramenées sur son estomac, & s’y tiennent immobiles.

Dans la troisieme sorte de métamorphose, les insectes, tels que les abeilles, sont revêtus d’une fine membrane ; on leur donne lorsqu’ils sont dans cet état, le nom de nymphe. Dans la quatrieme sorte de métamorphose, les insectes, tels que les papillons, les phalenes, sont renfermés dans une enveloppe dure & crustacée, qui réunit toutes les parties de l’animal en une seule masse ; dans cet état on les nomme chrysalides.

« Les insectes qui se changent en chrysalides, subissent une transformation de plus que les autres insectes ; avant de devenir nymphes ils prennent sous cette peau la forme d’une ellipsoide, ou d’une boule allongée, dans laquelle on ne reconnoît aucune partie de l’animal ; dans cet état la tête, le corcelet, les aîles & les jambes de la nymphe sont renfermées dans la cavité intérieure du ventre, dont elles sortent successivement par le bout antérieur, à peu-près de la même maniere qu’on feroit sortir l’extrémité d’un doigt de gant qui seroit rentré dans sa propre cavité. Les insectes de cette classe ne se distinguent pas des autres seulement en ce qu’ils se changent en nymphes sous leur peau, mais sur-tout en ce que pour devenir nymphes, ils subissent une double transformation. Suivant cette idée on pourroit réduire les différences des quatre ordres de transformation à des termes plus aisés & plus simples, disant que les insectes du premier ordre, après être sortis de l’œuf, parviennent à leur état de perfection, sans s’y disposer par aucun changement de forme ; que ceux de la seconde classe s’y disposent par un changement de forme incomplet ; ceux de la troisieme par un changement de forme complet, & ceux de la quatrieme par un double changement de forme ».

Indépendamment de ces métamorphoses, les insectes changent de peau ; les uns tels que les araignées une seule fois, & les autres plusieurs fois, par exemple les grillons des champs & les chemlles du chou en changent quatre fois ; d’autres enfin se dépouillent jusqu’à six fois, & même plus. Les uns fendent leur peau près de la tête pour la quitter, & les autres sous le ventre ; la dépouille de plusieurs especes d’insectes garde la forme exacte de toutes les parties de leur corps.

Les chrysalides ont différentes formes ; il y en a de coniques, d’autres sont angulaires ; il s’en trouve de ressemblans à des dattes ; on leur donne le nom de feves. D’autres ressemblent en quelque façon à un enfant au maillot, à la tête d’un chien, d’un chat, d’une souris, d’un oiseau, &c. On se doute bien que ces ressemblances sont très-imparfaites. On reconnoît plus aisément dans la forme de la chrysalide celles des principales parties de l’insecte qui en doit sortir ; tous ses membres sont rangés, appliqués, pliés ou étendus contre le corps ; on les voit à-travers la coque de quelques chrysalides, ou au moins on distingue leur figure. Les chrysalides ont différentes couleurs quelquefois très-belles ; il y en a de dorées, de brunes, de jaunes, de rouges, de vertes, de blanches, de violettes ; on en voit qui ont différentes teintes de ces couleurs. Souvent les plus beaux insectes sortent des chrysalides les moins belles, & les insectes les plus laids viennent des plus belles chrysalides.

Quelques insectes sont immobiles dans l’état de chrysalides ; d’autres font quelques petits mouvemens lorsqu’on les touche ; mais aucun ne prend de nourriture durant cet état. Comme ils ne peuvent pas veiller à leur sureté, ils se placent à l’abri d’une pierre ou d’une racine ; & ils rendent le côté de leur coque qui est exposé plus ferme pour résister à la dent des vers ; d’autres se suspendent à des fils, ou font au-tour d’eux une sorte de filet à larges mailles ; d’autres enfin se revêtent de laine ou de coques de soie. Il y a des coques ovales ; il y en a de sphéroïdes, de coniques, de cylindriques, d’angulaires ; d’autres ont la forme d’un bateau, d’une navette ou d’une larme de verre, dont le corps seroit renflé & la pointe recourbée, &c.

Chaque espece d’insecte a son tems pour se transformer en nymphe ou en chrysalide ; les uns au mois de Mai, d’autres en Juin, en Juillet, en Août, en Septembre. Il y en a qui ne demeurent dans cet état que douze jours, tandis que d’autres y en restent quinze, seize ou vingt ; quelques uns ne sortent pas même si tôt de leur prison ; ils y sont enfermés les uns trois semaines & les autres un mois ; on en voit qui y restent deux mois, d’autres six, neuf ou dix ; d’autres enfin une année & même plus ; par conséquent on les voit paroître successivement dans différent tems de l’année, depuis le mois de Février jusqu’au mois de Décembre ; il y en a même qui ont deux générations en un an.

S’il y a des insectes dont la génération soit spontanée, comme l’ont cru les anciens, au moins la plûpart des insectes que nous connoissons le mieux sont les uns mâles & les autres femelles ; ils s’accouplent & produisent des œufs d’où il sort un ver. Les éphemeres ne s’accouplent pas, le mâle fraie seulement comme les poissons sur les œufs de la femelle ; dans quelques especes, comme celles des limaces, des escargots, des vers de terre, chaque individu a les deux sexes qui se joignent réciproquement de part & d’autre dans l’accouplement ; dans certaines especes, tels que celles des abeilles, des guêpes, des fourmis, il y a grand nombre d’individus qui ne sont ni mâles ni femelles ; c’est pourquoi on les appelle mulets. On a observé dans ce siecle qu’un puceron produit d’autres pucerons lui seul sans accouplement ; enfin, différentes parties d’un polype coupées & séparées les unes des autres, deviennent chacune des polypes entiers, comme le rameau d’un arbre devient par bouture un arbre complet.

Dans les especes d’insectes qui s’accouplent, les femelles sont ordinairement plus grosses que les mâles ; cette différence est évidente parmi les puces, les grillons, &c. dans plusieurs especes les antennes des mâles ont des nœuds, des barbes ou des bouquets de poils qui ne sont pas sur les antennes des femelles ; les mâles de quelques especes d’insectes ont des aîles, & les femelles en manquent, ou n’en ont que d’imparfaites ; elles sont pourvûes dans d’autres especes d’un tuyau qui sert à conduire leurs œufs entre l’écorce des arbres, dans la terre, dans le parenchyme des feuilles, & dans d’autres endroits où ils ne pourroient pas parvenir sans cet organe. Quelquefois les couleurs du mâle sont différentes de celles de la femelle.

Il se trouve autant de variétés entre les œufs des insectes qu’entre leurs différentes especes, tant par la grandeur & la forme de ces œufs, que par les couleurs. On en voit de ronds, d’ovales, de coniques, &c. de bruns, de verds, de rougeâtres, de jaunâtres, de couleur d’or & de perles, &c. la ponte de quelques insectes, tels que le grand scarabé pillulaire, n’est que d’un œuf ; d’autres en sont six ou sept, trente, soixante, &c. il en sort plusieurs centaines, & même plusieurs milliers d’une seule femelle, telle par exemple qu’une mere abeille. Il y a des insectes qui ne prennent d’autre soin de leurs œufs que de les déposer dans des lieux où les vers trouvent au sortir de l’œuf une nourriture convenable ; plusieurs les enveloppent de soie, les couvrent de poils qu’ils tirent de leur corps, les enduisent d’une matiere visqueuse, les mettent sous des arbres, les cachent en terre, &c. la plûpart des meres meurent dès qu’elles ont pondu ; d’autres au contraire, n’abandonnent jamais leurs œufs ; quelques especes d’araignées les portent toûjours avec elles renfermés dans une enveloppe ; les abeilles, les guêpes, les frelons, les fourmis ont un soin continuel de leurs œufs & de leurs nymphes.

Plusieurs insectes font des nids avec une singuliere industrie ; ils y emploient différentes matieres. La teigne qui vit au fond de l’eau se fait un fourreau avec des brins d’herbe, de petites pierres, des fragmens de bois, d’écorces, de feuilles, &c. elles collent ces différentes matieres les unes contre les autres avec une sorte de glu, qui rend le fourreau lisse à l’intérieur tandis qu’il est raboteux à l’extérieur. D’autres insectes, tels que les scarabés pillulaires, font des petits nids ronds semblables à ceux des hirondelles. Il y a des abeilles qui roulent des feuilles pour en faire un étui où elles déposent leurs œufs ; cet étui a la forme d’un dé à coudre : « elles soudent de leur bouche, par le moyen d’une humeur visqueuse, les côtes d’une feuille fort soigneusement ; elles ferment le fond de leur nid par trois ou quatre morceaux de feuilles circulaires, appliquées les unes sur les autres pour rendre l’ouvrage plus solide ; & comme ces pieces circulaires ont un peu plus de circonférence que n’en a l’ouverture qu’elles doivent fermer, cela fait que quand le bourdon les y colle, elles prennent une figure convexe. Le dessus du nid est fermé par un couvercle qui a la forme d’une assiete. Le bourdon le leve quand il veut sortir, après quoi il se referme de lui-même ». Elles se servent des feuilles de différentes autres manieres aussi industrieuses, & font d’autres manœuvres très-singulieres, pour se loger & pour renfermer leurs provisions, leurs œufs, leur nymphes, &c. comme on peut le voir dans cet ouvrage aux articles de plusieurs insectes, par exemple, voyez Abeille, Ruche, Guepe, Guépier, &c. Extrait de la Théolog. des insectes.

On divise les insectes en sept classes.

La premiere classe comprend les insectes coléopteres ; ils ont des fourreaux sur les aîles, & leurs mâchoires sont posées l’une à côté de l’autre, & non-pas l’une au-dessus de l’autre, comme dans les quadrupedes.

La deuxieme classe comprend les hémipteres ; ils ont les aîles croisées & une trompe recourbée sous la poitrine.

La troisieme classe comprend les neuropteres ; ils ont quatre aîles parsemées de veines en forme de rézeau.

La quatrieme classe comprend les lépidopteres ; la plûpart ont une trompe en spirale, & ils tous quatre aîles membraneuses.

La cinquieme classe comprend les dipteres ; ils n’ont que deux aîles ; il y a sous chacune un stilet terminé par un bouton.

La sixieme classe comprend les hyménopteres ; ils ont quatre aîles membraneuses.

La septieme classe comprend les apteres ; ils n’ont point d’aîles.

Chacune de ces sept classes est soûdivisée en plusieurs genres.

Premiere classe : insectes coléopteres, insecta coleoptera. Cette classe comprend vingt-deux genres.

1o. Les scarabés, scarabæi ; ils ont les antennes terminées par un bouton, & divisées à leur extrémité en plusieurs pieces longitudinales.

Les principales especes de ce genre sont le cerf-volant, le rhinoceros, le hanneton, &c. On distingue ces especes par la figure des cornes, des mâchoires, de la poitrine, &c. par leur poil, leurs couleurs, &c.

2o. Les scarabés disséqueurs, dermestes ; ils ont les antennes terminées par un bouton, & divisées à leur extrémité en plusieurs pieces transversales.

On distingue les especes de ce genre par les mêmes caracteres que celles des scarabés, & de plus par la forme du ventre, la couleur des yeux, &c.

3o. Les scarabés tortues, cassidæ ; ils ont les antennes semblables à des fils ; elles sont plus épaisses sur le côté extérieur que sur l’intérieur ; la poitrine est plate, & terminée de chaque côté par un rebord.

4o. Les coccinelles, coccinellæ ; elles ont les antennes terminées par un bouton qui n’est point divisé en lames ; la poitrine forme une demi-sphere avec les fourreaux, dont le côté extérieur & la partie postérieure sont terminés par un rebord.

La plûpart des especes de ce genre sont caractérisées par les couleurs des fourreaux.

5o. Chrisomeles, chrisomelæ ; elles ont les antennes composées de grains en forme de chapelet ; ces antennes sont plus épaisses sur le côté extérieur que sur l’intérieur ; ces insectes ont le corps presque ovoïde, & la poitrine presque cylindrique.

6o. Les charensons ou calendres, curculiones ; leurs antennes tiennent à un bec allongé ou une trompe qui a la consistence de la corne.

Quelques especes de ce genre sont indiquées par la figure de la trompe & des cuisses.

7o. Les capricornes, cerambices ; ils ont les antennes semblables à des soies ; les fourreaux tronqués à la partie antérieure, & la poitrine presque cylindrique.

8o. Les leptures, lepturæ ; ils ont les antennes semblables à des soies ; les fourreaux tronqués à la partie antérieure, & la poitrine presque cylindrique.

9o. Les escarbots ou scarabés jardiniers, carabi ; ils ont les antennes semblables à des soies ; la poitrine un peu convexe, terminée sur les côtés par un rebord fait en forme de cœur, & échancrée par derriere.

10°. Les scarabés sauteurs, mordellæ ; ils ont les antennes semblables à des fils, la partie postérieure du corps est arrondie ; la plûpart ont les piés conformés de façon que l’insecte a beaucoup de facilité pour sauter.

11°. Les cicindelles, cicindelæ ; ces insectes ont les antennes menues comme des fils ; les mâchoires sont saillantes & garnies de dents ; la poitrine est arrondie, à l’exception de quelques angles qui s’y trouvent.

12°. Les buprestes, buprestes ; ils ont les antennes semblables à des soies ; la partie posterieure de la tête entre dans la poitrine, qui a une forme cylindrique.

13°. Les scarabés d’eau, ditisei ; la plûpart ont des antennes semblables à des soies ; les piés sont conformés d’une maniere favorable pour nager, & dégarnis de poil.

14°. Les ressorts ou les maréchaux, élateres ; ils ont les antennes semblables à des soies, & le corps oblong ; ils sautent étant renversés sur le dos, & ils se retrouvent sur leurs piés.

15°. Les cantarides, cantarides ; elles ont les antennes semblables à des soies, les sourreaux flexibles, la poitrine presque plate, & les côtés du ventre plissés en forme de mammelon.

16°. Les bavarots, tenebriones ; les antennes ressemblent à des fils ; les fourreaux tiennent l’un à l’autre, & il n’y a point d’aîles.

17°. Les scarabés des maréchaux, melæ ; les antennes ressemblent à des soies ; les fourreaux ne couvrent que la partie antérieure du corps ; les aîles sont découvertes.

18°. Les fouilles-terre, necidalides ; les antennes ressemblent à des soies ; les fourreaux ne couvrent que la partie antérieure du corps ; les aîles sont découvertes.

19°. Les perce-oreilles, forficulæ ; les antennes ressemblent à des soies ; la queue est en forme de pince ; les fourreaux ne couvrent que la partie antérieure du corps, & les aîles se replient sur leurs fourreaux.

20°. Les staphilins ou courtilles, staphilini ; les antennes ressemblent à des fils ; il y a deux vésicules sur la queue ; les fourreaux ne couvrent que la partie antérieure du corps, & les aîles se replient par-dessous.

21°. Les blattes, blattæ ; les antennes ressemblent à des soies ; il y a deux petites cornes sur la queue ; les fourreaux sont membraneux ; la poitrine est presque platte, arrondie & terminée par un rebord sur les côtés.

22°. Les grillons, grilli ; les antennes ressemblent à des soies ; les fourreaux sont membraneux, étroits & semblables à des aîles ; la poitrine est serrée par les côtés, & les piés sont conformés de façon que l’insecte a beaucoup de facilité pour sauter.

Les principales especes de ce genre sont, le grillon-taupe, ou courtiliere, les grillons domestiques & sauvages, les sauterelles, la mante des Indes, &c. On distingue quelques-unes de ces especes par la figure des piés & de la queue.

Deuxieme classe. Insectes hémipteres, insecta hemiptera : cette classe comprend huit especes. 1o. Les cigales, cicadæ ; elles ont un bec recourbé, des antennes très-courtes, quatre aîles disposées en forme de croix, la poitrine presque cylindrique, le dos convexe, & les piés conformés de maniere que l’insecte saute aisément.

2o. Les punaises, cimices ; elles ont un bec recourbé, les antennes composées de quatre phalanges, quatre aîles disposées en croix, la poitrine terminée par un rebord sur les côtés, le dos plat & les piés conformés de maniere que l’insecte court aisément.

Parmi les especes de ce genre, les unes sont rondes, & les autres oblongues.

3o. Les punaises à avirons, notonectæ ; elles ont un bec recourbé, les antennes très-courtes, quatre aîles disposées en crois, & les piés conformés de maniere qu’elles nagent aisément.

4°. Les scorpions aquatiques, ou les punaises de riviere, hepæ ; ils ont un bec recourbé, des antennes en forme de pince d’écrevisse, quatre aîles disposées en croix. & quatre piés.

Le scorpion de marais, & le scorpion ou la punaise aquatique, sont des especes de ce genre.

5°. Les kermes, chermes ; ils ont la bouche placée sur la poitrine, le ventre pointu par-derriere, quatre aîles placées sur les côtés du corps, & les piés conformés de maniere que ces insectes sautent facilement.

6°. Les pucerons, aphides ; ils ont un bec recourbé, & quatre aîles qui sont posées verticalement, & qui ne paroissent qu’avec l’âge ; il y a deux cornes sur la partie supérieure de l’avant-dernier anneau du ventre ; & les piés sont conformés de façon que ces animaux marchent très-lentement.

7°. Les cochenilles, cocci ; elles ont la bouche sur la poitrine & deux aîles poseés verticalement ; la partie postérieure du ventre est couverte de soies : il n’y a que les mâles qui ayent des aîles.

La cochenille de Pologne & les gallinsectes de différentes plantes, sont des especes de ce genre.

8°. Les amafleurs, thripea ; ils ont le bec peu apparent, le ventre très-mince, étroit, & allongé, quatre aîles qui tiennent au dos & qui sont étendues obliquement en-arriere.

Troisieme classe. Insectes neuropteres, insecta neuroptera ; cette classe comprend six genres. 1°. La mouche-scorpion, panorpa ; le bec est de figure cylindrique & de substance de corne ; la queue ne differe de celle du scorpion, qu’en ce qu’elle est terminée par une pince au lieu d’une pointe.

2°. Rapidiæ, mouches dont la tête est applatie & de substance de corne ; la queue est terminée par une soie en forme de piquant.

3°. Hemerobii, mouches qui ont deux petites antennes de chaque côté du palais qui est saillant ; les aîles sont épaisses & inclinées en bas ; les nymphes courent & sont voraces.

Le lion puceron, la mouche puante, le fourmilion, &c. sont des especes de ce genre.

4°. Phryganeæ, mouches qui ont deux petites antennes de chaque côté du palais qui est saillant, & les aîles sont couchées sur le corps. Les nymphes de ces insectes sont aquatiques, & logent dans un tuyau cylindrique.

5°. Les mouches éphémeres, ephemeræ ; elles ont sur la tête deux tubercules en forme d’yeux ; la queue ressemble à une soie & les antennes sont courtes.

6°. Les demoiselles, libellulæ ; elles ont la bouche composée de deux mâchoires ; les antennes courtes, & la queue en forme de pince.

On divise ce genre en trois genres secondaires.

1°. Les grandes demoiselles ; 2°. les demoiselles moyennes ; 3°. les petites demoiselles.

Quatrieme classe. Insectes lépidopteres, insecta lepidoptera : cette classe ne contient que deux genres. 1°. les papillons de jour, papiliones ; ils ont les antennes terminés par un bouton.

La plûpart des especes de ce genre ont des noms particuliers ; savoir, le maure, la grande tortue, la petite tortue, le double c, le paon de jour, l’amiral, la belle-dame, l’empereur, le roi, la reine, le prince, la princesse, le comte, le faune, le satyre, le coridon, l’alexis, le caniculaire, le gazé, l’aurore, l’argus ; les autres sont désignés par les chenilles qui les ont produits, & par les plantes sur lesquelles ces chenilles vivent.

2°. Les phalenes ou les papillons de nuit, phalenæ ; leurs antennes n’ont point de bouton.

Les especes de ce genre sont en très-grand nombre.

Quelques-unes ont des noms particuliers, comme les papillons de jour ; savoir, le sphinx, la cochonne, le léopard, le timide ou le craintif, l’ours, le lamda, le c, le psi, le double w, l’omicron, l’ypsilon.

Les especes des phalenes étant très-nombreuses, on a été obligé de diviser ce genre en cinq genres secondaires ; 1°. les phalenes qui ont les antennes prismatiques, 2°. les phalenes qui ont les antennes comme des plumes, & qui n’ont point de trompe, 3°. les phalenes qui ont les antennes comme des plumes, une trompe contournée en spirale, & les aîles horisontales ou inclinées en bas ; 4°. les phalenes qui ont les antennes simples, la trompe contournée en spirale, & les aîles horisontales ; 5°. les phalenes qui ont les antennes simples, le front élevé, & la trompe contournée en spirale, ou qui n’ont point de trompe.

Cinquieme classe. Insectes himenopteres, insecta himenoptera : cette classe contient cinq genres.

1°. Les mouches à scie ou à tarriere, teuthredines ; les femelles ont près de l’anus un aiguillon dentelé sur toute sa surface : les vers qui produisent ces insectes ont plusieurs piés.

2°. Les bedeguards ou mouches à tarriere, teuthredines, ont l’eguillon de l’anus de figure conique & recourbé : les nymphes qui les produisent se trouvent dans des galles de plantes.

3°. Les ichneumons, ichneumones ; ils ont un aiguillon à l’anus renfermé dans un fourreau composé de deux pieces.

4°. Les abeilles, apes ; elles ont à l’anus un aiguillon dont on ne voit pas le fourreau ; elles se servent de cet aiguillon pour piquer.

Ce genre contient non-seulement les abeilles, mais encore les guêpes, les frelons & les bourdons.

5°. Les fourmis, formicæ ; elles ont une écaille élevée entre la poitrine & le ventre : les fourmis ouvrieres n’ont point d’aîles.

Sixieme classe. Insectes dipteres, insecta diptera : cette classe contient sept genres. 1°. Astri ; ils n’ont point de bouche.

Les especes de ce genre se trouvent sur différens animaux : il y en a une qui est dans l’eau, & que l’on appelle le caméléon.

2°. Les asiles, asili ; elles ont un bec simple, pointu, & fait en forme d’haleine.

3°. Les mouches de cheval, hippoboscæ ; ces insectes ont la trompe divisée en deux parties, obtuse, & de forme cylindrique ; la langue ressemble à une soie.

4°. Les taons, tabani ; leur bouche a des dents & une trompe terminée par un bouton, comme celle de l’éléphant.

5°. Les mouches, muscæ ; leur bouche n’a qu’une trompe sans aucunes dents.

On a divisé ce genre en six genres secondaires.

1°. Les mouches qui ont différentes couleurs sur les aîles ; 2°. les mouches velues ; 3°. les mouches qui ont différentes couleurs ; 4°. les mouches qui mangent les pucerons ; 5°. les mouches dorées ; 6°. les mouches communes.

6°. Les cousins, culices ; leur bouche a la forme d’un syphon qui ressemble à un fil.

7°. Les tipules, tipulæ ; elles ont aux côtés de la bouche des antennules courbes & composées de phalanges.

Septieme classe. Insectes apteres, insecta aptera : cette classe comprend onze genres. 1°. Les poux, pediculi ; ils ont six piés conformés de maniere qu’ils marchent lentement : ils ont deux yeux simples.

Le poux de l’homme, le morpion, les poux de différens animaux, tant quadrupedes qu’oiseaux. Les poux de bois, & le poux de terre, sont des especes de ce genre.

2o. La puce, pulex ; elle a six piés conformés de maniere qu’elle saute avec beaucoup de facilité : elle a deux yeux ; le bec est recourbé & le ventre est applati sur les côtés & arrondi.

3o. Les poux sauteurs, poduræ ; ils ont six piés conformés de façon que ces insectes peuvent courir : ils ont deux yeux composés chacun de huit petits ; la queue est fourchue, recourbée, & sert à ces insectes pour sauter.

4o. Les perroquets d’eau, monoculi ; les premiers piés sont divisés en plusieurs filets : ces insectes s’en aident pour nager & pour sauter ; ils n’ont qu’un œil, mais il est composé de trois petits ; le corps est couvert d’une taie.

5o. Les cirons, acari ; ils ont deux yeux & huit piés ; les jambes sont composées de huit phalanges.

Les cirons de l’homme, des animaux quadrupedes, des oiseaux & des insectes ; l’un de ces cirons est nommé le poux des insectes, les cirons des plantes : telle est l’araignée faucheur ; les cirons du bois, au nombre desquelles est le scorpion araignée ; les cirons de la farine ; les cirons qui se trouvent sur la terre & sur les pierres ; les cirons qui sont dans l’eau, &c. sont des especes de ce genre.

6o. Les scorpions, scorpiones ; ces insectes ont huit piés, deux pinces sur le front, & huit yeux, dont deux sont placés l’un contre l’autre sur la partie postérieure de la poitrine, & les six autres sur les côtés ; la queue est terminée par un aiguillon courbe.

7o. Les crustacées, cancerea ; ils ont deux yeux & dix piés, dont les premiers sont faits en forme de pince ; la queue est composée de plusieurs lames.

Le crabe, le poupar, l’araignée de mer, le homard, l’écrevisse, la squille, le soldat, ou bernard-l’hermite, la puce aquatique, &c. sont des especes de ce genre.

8o. Cloportes, onisei ; ils ont quatorze ou seize piés, & le corps est de figure ovale. Linnæi, Syst. naturæ.

Insecte amphibie, (Hist. natur.) insecte qui peut vivre également ou alternativement dans l’air & dans l’eau ; mais M. Lyonnet observe très bien, que les insectes qu’on considere comme amphibies, ne le sont pas tous de la même maniere.

Il y en a qui après avoir été aquatiques sous une forme, changent tellement de nature en la quittant, que s’il leur arrive ensuite de tomber dans l’eau, ils s’y noyent.

D’autres naissent, vivent, & subissent toutes leurs transformations dans l’eau, & vivent ensuite dans les deux élémens.

Quelques-uns après être nés dans l’air, se précipitent dans l’eau, & y restent jusqu’au tems qu’ils prennent des aîles, pour pouvoir redevenir habitans de l’air.

Plusieurs especes naissent, & croissent dans l’eau, se changent en nymphes dans la terre, & passent leur état de perfection dans l’eau & dans l’air, mais plus constamment dans ce premier élément.

Enfin, il y en a qui passent leur état rampant sous l’eau, sans y être aquatiques que par la tête, le reste de leur corps ne s’y mouille jamais ; il est toûjours environné d’un volume d’air assez considérable, pour leur laisser la respiration libre ; & ces sortes d’insectes après leur dernier changement, ne vivent plus que dans l’air. Quelle diversité la nature offre à nos yeux dans la maniere d’exister des plus petits animaux ! (D. J.)