L’Encyclopédie/1re édition/GUÊPIER

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GUÊPIER, s. m. Les guêpes construisent comme les abeilles des gâteaux & des alvéoles, qui forment un groupe revêtu d’une enveloppe en tout ou en partie ; cette masse est appellée guêpier. Les guêpes soûterreines placent leur guêpier sous terre ; elles font d’abord un trou qui a un pouce de diametre, sur un demi-pié, ou un pié, & quelquefois deux piés de longueur ; ensuite elles creusent une cavité qui a jusqu’à quatorze ou quinze pouces de diametre ; à mesure qu’elles alongent le guêpier, elles transportent au-dehors, grain à grain, toute la terre qui remplit cet espace. La figure de ces guêpiers n’est pas toûjours la même ; il y en a de sphériques, d’ovoïdes, & de coniques : on ne voit à l’extérieur que deux ouvertures ; les guêpes entrent par l’une & sortent par l’autre : l’enveloppe a un pouce ou un pouce & demi d’épaisseur ; elle est composée de plusieurs lames minces, dont la forme ressemble en quelque façon à celle des coquilles appellées peignes ; leur convexité est du côté extérieur du guêpier, & les bords de l’une de ces lames sont collés sur le milieu de celles sur lesquelles elle se trouve, desorte qu’il reste entr’elles des cavités ; leur substance est de même nature que celle du papier, aussi les guêpes la tirent des végétaux. L’humidité de la terre & l’eau des pluies ne pénetre pas à-travers l’enveloppe, parce qu’il y a dans son épaisseur des cavités entre les différentes lames qui la composent, & qui sont quelquefois jusqu’au nombre de quinze ou seize les unes sur les autres. L’intérieur du guêpier est divisé par plusieurs cloisons horisontales, de même substance que l’enveloppe extérieure, il s’en trouve jusqu’à quinze dans les plus grands guêpiers ; celles du milieu ont un plus grand diametre que les autres ; dans ceux dont la forme est ovoïde, il y a un demi-pouce de distance entre chacune des cloisons, & elles tiennent les unes aux autres par des liens verticaux, qui sont placés en différens endroits de la surface des cloisons ; il n’y en a que trois ou quatre entre les plus petites, mais on en a vû jusqu’à cinquante entre les plus larges ; ces liens ont une ou deux lignes de diametre. Les bords de chaque cloison sont aussi attachés à l’enveloppe du guêpier par quelques liens, entre lesquels les guêpes peuvent passer pour aller d’une cloison à une autre, & traverser le guêpier entre toutes les cloisons. Chacune de ces cloisons est un gâteau où se trouvent des alvéoles hexagones comme celles des abeilles, mais il n’y en a que sur la face inférieure. Ces alvéoles servent de logement aux œufs, aux vers, aux nymphes, & aux jeunes guêpes qui n’ont pas encore pris l’essor. On a compté jusqu’à dix milles alvéoles dans des guêpiers de grandeur médiocre ; ceux des guêpes aériennes n’ont point d’enveloppe commune. Voyez Guêpe.

On donne le nom de guêpier aux nids des frelons comme à ceux des guêpes. Voyez Frélon.

Les guêpiers des guêpes de Cayenne, appellées cartonnieres (voyez Guêpe) ont ordinairement la figure d’une cloche alongée, dont l’ouverture seroit fermée, à l’exception d’un trou d’environ cinq lignes de diametre : les plus grands de ces guêpiers ont un pié & demi de longueur ; ils sont suspendus à des branches d’arbres. L’intérieur est divisé par des cloisons horisontales, dont les bords sont adhérens à l’enveloppe extérieure du guêpier, sans qu’il reste d’ouverture entre les cloisons & l’enveloppe, comme dans les guêpiers des guêpes soûterreines d’Europe, mais il y a un trou au centre de chaque cloison, qui la traverse d’une face à l’autre, & qui sert de passage aux guêpes pour aller dans tous les intervalles qui sont entre les cloisons ; chacune est composée d’une lame & d’un rang d’alvéoles, qui tiennent par le fond à la face inférieure de cette lame. Ces guêpes commencent comme les autres leur guêpier, par l’anneau qui doit le tenir suspendu autour de la branche qu’il embrasse ; ensuite elles construisent une premiere lame horisontale, & des alvéoles contre sa face inférieure ; elles alongent le guêpier, en formant autour une bande qui doit faire partie de l’enveloppe extérieure ; elles attachent à cette bande une seconde lame horisontale, à quelque distance des alvéoles qui tiennent à la premiere lame ; alors elles passent par le trou qui est au centre de cette lame, pour déposer des œufs dans les alvéoles, pour porter de la nourriture aux vers qui y éclosent, &c. au moyen de la seconde lame, qui existe déja, ces vers & les nymphes qui leur succedent sont à l’abri du grand air qui leur seroit nuisible. C’est ainsi que ces guêpes construisent toutes les cloisons de leur guêpier, & qu’elles pondent des œufs successivement dans chacune, à mesure que les alvéoles se trouvent renfermés par le moyen de l’enveloppe extérieure, & de la lame de la cloison inférieure : on a vû de ces guêpiers où il y avoit jusqu’à onze cloisons. La matiere dont ils sont composés est un vrai carton, qui a l’épaisseur d’un écu de trois livres dans l’enveloppe extérieure & dans les lames des cloisons : il est très-ferme & très-blanc, sans doute parce que les guêpes le tirent des bois blancs, parce qu’ils sont moins durs que les autres. Mém. pour servir à l’hist. des Insect. tome VI. abregé de l’hist. des Insect. tome II. Voyez ci-devant Guêpe. (I)

GUÊPIER, s. m. merops, apiaster, (Ornithologie.) oiseau un peu plus grand que le merle. Il a le bec épais, droit, pointu, noir, fort & un peu recourbé en-bas. La conformation du pié de cet oiseau est singuliere ; car le doigt extérieur tient à celui du milieu par trois phalanges, & le doigt intérieur par une phalange seulement. Ce doigt est le plus petit de tous ; il n’a que la moitié de la longueur de celui du milieu. Le doigt postérieur est un peu plus grand que l’intérieur. Le sommet de la tête est roux ; le derriere de la tête & les épaules ont une couleur verdâtre, mêlée d’une teinte de rouge. Il y a de chaque côté de la tête une bande noire, qui s’étend depuis les coins de la bouche jusqu’au-delà des oreilles, en passant autour des yeux. Le dessous du menton est jaune ; la poitrine & le ventre sont bleus ; la queue est composée de douze plumes ; les deux du milieu sont plus longues que les autres, & terminées en pointe. Le guêpier a les jambes courtes & grosses, les ongles noirs, & les piés d’une couleur brune rougeâtre ; il se nourrit d’insectes, tels que des abeilles, des cigales, des scarabés, &c. il mange aussi des graines de plantes. Willug. ornith. Voyez Oiseau. (I)