L’Encyclopédie/1re édition/PIECE

PIECE, s. f. (Littérat.) dans la poésie dramatique, est le nom qu’on donne à la fable d’une tragédie ou d’une comédie, ou à l’action qu’on y représente. Voyez Fable & Action.

M. Chambers ajoute que ce mot se prend plus particulierement pour signifier le nœud ou l’intrigue qui fait la difficulté & l’embarras d’un poëme dramatique. Cette acception du mot piece peut avoir lieu en Angleterre, mais elle n’est pas reçue parmi nous. Par piece, nous entendons le poëme dramatique tout entier, & nous comprenons les tragédies, les comédies, les opera, même les opera comiques, sous le nom générique de pieces de théâtre. Depuis Corneille & Racine, nous avons peu d’excellentes pieces.

On appelle aussi pieces de poésie certains ouvrages en vers d’une médiocre longueur, telles qu’une ode, une élégie, &c. Toutes les pieces de Rousseau ne sont pas d’une égale force : les pieces fugitives qu’on insere dans le Mercure ne sont pas toujours excellentes.

La coutume s’est aussi introduite depuis quelque tems dans le langage familier, d’appeller pieces les ouvrages des orateurs : ainsi l’on dit que tel prédicateur a nombre de bonnes pieces ; que le panégyrique de S. Louis par l’abbé Seguy, est une des meilleures pieces qui aient paru en ce genre.

Pieces, (Jurisprud.) On comprend sous ce terme tous les titres, papiers & procédures qui servent pour quelque affaire.

Piece adhirée est celle qui se trouve à dire, qui est en deficit.

Piece arguée de faux ou inscrite de faux, est celle que l’on maintient fausse. Voyez Faux.

Piece arguée de nullité, est celle que l’on soutient nulle.

Piece authentique est celle qui est en forme probante.

Piece collationnée, voyez Copie collationnée.

Piece de comparaison est celle dont l’écriture & la signature sont reconnues, & que l’on compare à une piece arguée de faux, pour voir si l’écriture est la même.

Piece compulsée est celle dont on a tiré une copie, soit en entier ou par extrait, par la voie du compulsoire.

Piece contrôlée est celle qui a été visée & enregistrée au contrôle, & duquel il est fait mention sur ladite piece. Voyez Contrôle.

Piece déposée est celle que l’on a mise dans un dépôt public, ou que l’on a remise entre les mains de quelque personne par forme de dépôt.

Piece inscrite de faux, voyez piece arguée de faux, & Faux.

Piece inventoriée est celle qui est comprise & énoncée dans un inventaire fait par un notaire ou autre officier public, ou qui est produite dans un inventaire de production fait par un procureur.

Piece paraphée est celle qui est marquée d’un paraphe. Voyez ci-devant Paraphe.

Piece par extrait est celle dont on n’a tiré qu’un extrait, & non une copie entiere.

Piece de production est une piece produite dans une instance ou procès.

Piece de production principale, voyez Production principale.

Piece de production nouvelle, voyez Production nouvelle.

Pieces vûes, c’est lorsque les pieces ont été remises devant le juge.

Piece vidimée, c’étoit la même chose que ce que nous appellons aujourd’hui copie collationnée. Voyez Vidimus. (A)

Piece d’argent des Romains, (Monnoie antique.) Les pieces d’argent dans la maniere de compter des Romains, étoient ou deniers ou sesterces ; ils comptoient quelquefois par deniers, & le plus souvent par sesterces ; c’est-à-dire que dans leur compte ils se servoient de la plus grande & de la plus petite monnoie qu’ils eussent. Le denier valoit 10 as romains, dont la matiere étoit de cuivre, & chacun pesoit le poids d’une livre. C’est de-là qu’on l’appelloit denarius, & qu’on le marquoit avec un X. Le sesterce étoit une autre piece d’argent, la quatrieme partie du denier, valant deux as & demi, ou deux livres & demie de cuivre, d’où vient qu’on marquoit le sesterce LL. S. Les deux LL. signifioient les deux livres que pesoient les deux as ; I. S. vouloit dire semi, c’est-à-dire la moitié de l’as ou de la livre. Ces faits sont aisés à prouver par les sesterces d’argent de ce tems-là qui se conservent encore aujourd’hui dans les cabinets des curieux ; mais l’occasion viendra d’en parler ailleurs plus au long. (D. J.)

Piece de sainte Hélène, (Art. numism.) sorte de médaille creuse comme un bassin, ou comme une petite tasse. Scaliger dit qu’il en a vû plusieurs frappées du tems de Justinien, & même du tems du paganisme. (D. J.)

Pieces honorables, en terme de Blason, est le nom que l’on a donné à certaines pieces qui regardent proprement cette science.

Les pieces honorables sont au nombre de dix, sçavoir, le chef, le pal, la bande, la barre, la fasce, la croix, le sautoir, le chevron, la bordure & l’orle. Voyez chaque piece sous son article particulier, Voyez Chef, Pal, &c

Les hérauts d’armes alleguent plusieurs raisons pour lesquelles ces pieces ont été appellées honorables, savoir leur antiquité, comme ayant été en usage depuis l’origine des armoiries ; 2°. parce que ces pieces marquent les ornemens qui conviennent à des hommes nobles & généreux, de sorte que le chef représente le casque ou la couronne qui couvre la tête d’un vainqueur ; le pal marque sa pique ou sa lance ; la bande & la barre, son baudrier ; la fasce son écharpe ; la croix & le sautoir, son épée ; le chevron, ses bottes & ses éperons ; la bordure & l’orle, sa cotte de maille.

A l’égard de l’application ou collation de ces pieces honorables, quelques auteurs ont écrit que lorsqu’un cavalier s’étoit comporté valeureusement dans une bataille, on le présentoit au prince ou au général, qui lui faisoit donner une cotte d’armes relative à sa belle action, c’est-à-dire la permission de porter dans ses armoiries un chef lorsqu’il avoit été blessé à la tête, un chevron quand il avoit été blessé aux jambes, & une croix ou bordure lorsque son épée & son armure avoient été teintes du sang des ennemis.

Quelques blasoneurs se sont avisés de multiplier le nombre des pieces honorables jusqu’à celui de vingt, ajoutant à celles ci-dessus le plein quartier, le giron, l’écusson, la cape dextre & senestre, le point, &c. mais on n’a point encore jugé à-propos de reconnoître ces pieces pour honorables.

Piece, en Fauconnerie, on dit des oiseaux tout d’une piece, c’est-à-dire d’une même couleur.

Piece, (Arpentage.) ce mot signifie quelquefois une certaine étendue de terre labourable : ainsi l’on dit une piece de blé, pour marquer un champ où il y a du blé en semence, en herbe ou en épi, &c. (E)

Piece, dans le Commerce, signifie quelquefois un tout, & quelquefois une partie d’un tout.

Dans le premier sens, on dit une piece de drap, de velours, &c. entendant par cette expression une certaine quantité d’aunes que la coutume a réglée. On suppose que la piece est entiere, & qu’elle n’a pas été coupée. Voyez Drap.

Dans la seconde signification, on dit une piece de tapisserie, ce qui veut dire une partie distinguée & travaillée séparément, laquelle avec plusieurs autres compose une tenture. Voyez Tapisserie.

Une piece de vin, de cidre, &c. se dit d’un tonneau rempli de ces liqueurs.

Pieces détachées, voyez Détaché.

Pieces, en fait de monnoie, signifie quelquefois la même chose qu’espece, comme quand on dit cette piece est trop legere, &c. Voyez Espece & Coin.

Quand on y ajoute la valeur des pieces, on s’en sert quelquefois pour exprimer celles qui n’ont point d’autre nom particulier : comme une piece de 8 réaux, une piece de 24 sols, &c.

En Angleterre, le mot piece pris absolument, signifie quelquefois 20 chelings sterling, & quelquefois une guinée. Voyez Guinée, Livre sterling, & Sterling.

Par 6 G. II. C. 25. les jacobus valant 25 ou 23 chelins, & les pieces qui en étoient les moitiés & les quarts, sont absolument supprimées, & il est défendu à toutes personne, d’en recevoir à titre de payement ou de payer avec.

Piece de huit ou piastre, c’est une monnoie d’argent frappée d’abord en Espagne, ensuite dans d’autres pays, & qui a cours présentement dans la plûpart des parties du monde. Voyez Coin.

Elle s’appelle piece de huit, ou réale de huit, à cause qu’elle vaut huit reales d’argent. Voyez Réale.

Sa valeur est presque sur le même pié que l’écu de France, c’est-à-dire quatre chelings & six sols sterling. En 1687 on changea la proportion de la simple réale au piastre ; & au lieu de huit réales, on en donnoit dix : à-présent la réduction est conforme à l’ancien étalon.

Il y a deux sortes de piastres ou d’écus d’Espagne : l’un frappé au Potosi, & l’autre à Mexique ; ces derniers sont un peu plus pesans que les premiers, mais en retour ou par compensation ils ne sont pas tout-à-fait d’une matiere si pure.

La piece de huit a ses diminutifs, c’est-à-dire qu’il y a des demi-piastres ou des pieces de quatre réales ; des quarts de piastres, ou des pieces de deux ; des huitiemes de piastre & des seiziemes. Le change entre l’Espagne & l’Angleterre se fait en pieces de huit. Voyez Change.

Piece est aussi une monnoie de compte, ou plûtôt une maniere de compter usitée chez les negres sur la côte d’Angola en Afrique. Voyez Monnoie.

Le prix des esclaves & d’autres marchandises que l’on y négocie, comme aussi les droits que l’on paye aux petits rois, s’estiment en pieces de part & d’autre. Ainsi ces barbares demandant dix pieces pour un esclave, les européens évaluent pareillement en pieces l’argent ou les marchandises qu’ils se proposent de donner en échange. Voyez Commerce.

Par exemple, dix anabastes font une piece ; un baril de poudre de dix livres pesant, fait une piece ; une piece de salempouris bleu vaut quatre pieces ; dix bassins de cuivre, une piece.

Piece d’inde, (Comm.) terme usité dans le commerce de la traite des negres, où l’on appelle negre piece d’inde, un homme ou une femme depuis quinze jusqu’à vingt-cinq ou trente ans au plus, qui est sain, bien fait, point boiteux & avec toutes ses dents.

Il faut trois enfans au-dessus de dix ans jusqu’à quinze pour deux pieces, & deux au-dessus de cinq ans jusqu’à dix pour une piece. Les vieillards & les malades sont évalués trois quarts de piece. Voyez Negres. Dictionn. de comm.

Piece, s. f. (Comm. d’Afrique.) espece de monnoie de compte ou plutôt de maniere de compter, en usage parmi les negres de la côte d’Angola en Afrique, particulierement à Malimbo & à Cabindo.

Le prix des esclaves, des autres marchandises, & des rafraîchissemens qui se traitent dans ces deux lieux, aussi-bien que les coutumes qui se payent aux petits rois à qui ils appartiennent, s’estiment de part & d’autre en pieces ; c’est-à-dire, que si ces barbares veulent avoir dix pieces pour un esclave tête d’inde, les Européens de leur côté évaluent pareillement en pieces, les denrées & les marchandises qu’ils en veulent donner en échange. Savary. (D. J.)

Pieces détachées, en terme de Fortification, ce sont les demi-lunes, les contrescarpes, les ouvrages à corne & à couronne, & même les bastions quand ils sont séparés ou à quelque distance du corps de la place. En général ce sont tous les ouvrages de la fortification qui n’appartiennent pas immédiatement à l’enceinte de la place.

Pieces de campagne, sont des canons qui marchent pour l’ordinaire avec une armée ; tels sont ceux de huit & de quatre livres de balles, &c. qu’on transporte aisément à cause de leur légereté. Voyez Piece. Chambers.

Piece de huit. Voyez Canon.

Pieces, dans l’Art militaire, signifient toutes sortes de grandes armes à feu, & de mortiers. Voyez Fusil, Canon, Mortier, &c.

Pieces de batterie, ce sont de grosses pieces dont on se sert dans les sieges pour faire breche, tels sont les canons de trente trois & de vingt-quatre livres de balles. Voyez Canon. Chambers.

Piece nette, (Artillerie.) on appelle pieces nettes, les pieces d’artillerie qui n’ont point d’évent, ni d’autres défectuosités, qui n’ont ni chambre ni fistules, ni soufflures, dont le métal est sain, non poreux, ni venteux, ni grumeleux, & où le foret a eu prise partout. (D. J.)

Piece, s. f. (Archit.) nom général qu’on donne aux lieux dont un appartement est composé. Ainsi une salle, une chambre, un cabinet, &c. sont des pieces. (D. J.)

Piece d’eau, s. f. (Archit. hydraul.) c’est dans un jardin, un grand bassin de figure conforme à sa situation, comme par exemple, la piece d’eau, appellée des suisses, devant l’orangerie ; celle de l’île royale, dans le petit parc ; & celle de Neptune devant la fontaine du dragon, à Versailles. Voyez Bassin. (D. J.)

Pieces perdues, (Hydr.) ce sont des bassins renfoncés & relevés de gazon, au milieu desquels il y a des jets, dont l’eau se perd à mesure qu’elle vient ; tels sont les fontaines de la couronne à Vaux le Vilars, & trois pieces à Saint-Cloud dont deux sont dans les tapis de gazon, au bas de la grande cascade, & l’autre en face du nouvel amphithéatre, au bout de la grande allée le long de la riviere.

Piece de charpente, (Marine.) c’est tout morceau de bois taillé pour un bâtiment, & qu’on fait entrer dans la construction d’un vaisseau.

Pieces de chasse, ce sont des canons logés à l’avant d’un vaisseau, dont on se sert pour tirer par-dessus l’éperon sur les vaisseaux qui sont à l’avant, ou sur ceux qui prennent chasse, mais cette maniere de tirer retarde le cours du vaisseau. Tirer des pieces de l’avant.

Piece, une piece de corde, c’est un paquet de corde, soit qu’elle soit liée en paquet ou en cerceaux.

Une piece de cordes est de quatre-vingt brasses.

Piece de détente, terme d’Arquebusier, c’est un morceau de fer quarré, épais d’une ligne, & long de deux pouces ; cette piece est fendue par le milieu dans sa longueur, pour laisser passer en dehors une partie de la détente, elle se place sous la poignée du fusil.

Piece de pouce, terme d’Armurier, petite plaque de fer, de cuivre, d’or & d’argent, que les Arquebusiers encastillent sur la crosse des fusils & pistolets. On l’appelle piece de pouce, parce que lorsqu’on se sert de ces armes, elle est couverte du pouce de celui qui veut tirer. La piece de pouce est ordinairement faite en forme de cartouche, qui renferme un ovale ou écusson, où l’on grave les armoiries, la devise, ou l’effigie du maître à qui sont les armes. (D. J.)

Piece en général, & grandes pieces, (Bas au métier.) deux expressions à l’usage des faiseurs de métiers à bas, & de bas au métier. Voyez ces articles.

Piece, (outil de Chapelier.) sorte d’outil fait de cuivre avec un manche de même métal qui sert aux Chapeliers à estamper leurs chapeaux. Savary. (D. J.)

Piece de charpente, (Charpent.) c’est tout morceau de bois taillé, qui entre dans un assemblage de charpente, & qui sert à divers usages dans les bâtimens. On nomme maîtresses pieces, les plus grosses pieces, comme les poutres, tirans, entraits, jambes de force, &c. (D. J.)

Piece de bois, (Charpent.) c’est selon l’usage un bois dont la mesure est de 6 piés de long sur 72 pouces d’équarrissage ; ainsi une piece de bois méplat, de 12 pouces de largeur sur 6 pouces de grosseur, & de 6 piés de long, ou une solive de 6 pouces de gros sur 12 piés de long, sera ce qu’on appelle une piece ; à quoi on réduit toutes les pieces de bois de différentes grosseurs & longueurs qui entrent dans la construction des bâtimens, pour les estimer par cent. (D. J.)

Piece de pont, (Charpent.) c’est une grosse solive plus épaisse qu’une dosse, qui traverse une travée de pont de bois, & porte en dehors, dans laquelle à l’endroit des lisses, on amortaise les poteaux d’appui & les liens, pour les entretenir.

Piece, terme de Cordonnier, morceau de maroquin ou de cuir qui couvre le coup du pié, & qu’on coud au bout de l’empeigne du soulier.

Pieces, (Graveur en bois.) petits morceaux de bois qu’on ajuste artistement pour réparer les breches faites en vuidant la gravure en bois. Voyez Gravure en bois.

Piece, (Jardinage.) piece de terre est la même chose qu’un terrein ; on dit une piece de bois, une piece de pré ; ce potager est divisé en tant de pieces.

Pieces coupées, (Jardin.) on donne ce nom à un compartiment de plusieurs petites pieces figurées ou formées de lignes paralleles & d’enroulemens, & séparées par des sentiers, pour faire un parterre de fleurs ou de gazon. (D. J.)

Piece gravée, (Lutherie.) dans les orgues sont des especes de sommiers sur lequel on place les tuyaux d’orgue, que leurs volume empêche d’être placés sur le sommier proprement dit. Ces pieces sont percées à la face supérieure d’autant de trous que l’on veut y placer de tuyaux. Ces trous communiquent à d’autres percés dans la face latérale de la piece gravée ; c’est à ces derniers trous qu’aboutissent les porte-vents de plomb qui viennent des endroits du sommier où les tuyaux auroient dû être placés. Les porte-vents sont arrêtés dans les trous de la chape du sommier & dans ceux de la piece gravée par de la fillasse enduite de colle-forte, ce qui doit boucher entierement le passage à l’air. Voyez Sommier d’orgue.

Piece d’addition, (Lutherie.) dans les orgues sont des pieces que l’on ajoute au sommier pour l’élargir lorsqu’il n’y a pas de place pour un jeu que l’on voudroit ajouter à l’orgue. Cette piece consiste en un fort morceau de bois de la longueur du sommier que l’on perce d’autant de trous dans la face, qui doit s’appliquer au sommier, que celui-ci a de gravures, avec lesquelles ces trous doivent communiquer. Au moyen des ouvertures faites au sommier à l’extrémité des gravures, on perce d’autres trous à la face supérieure de la piece d’addition, lesquels doivent communiquer avec les premiers, & par conséquent avec les gravures. Sur cette piece dûement collée & assujettie au sommier on met un registre, sur le registre une chape qui roidit le pié des tuyaux qu’on vouloit ajouter & qu’on fait tenir de bout au moyen d’un faux sommier qui les traverse. Voyez Sommier.

Piece d’appui, (Menuiserie.) c’est un chassis de menuiserie, une grosse moulure en saillie, qui pose en recouvrement sur l’appui ou tablette de pierre d’une croisée pour empêcher que l’eau n’entre dans la feuillure.

Piece quarrée, (Outil de Menuisier.) outil dont se servent les Menuisiers pour voir si les bois de leurs assemblages se joignent quarrément. Il est simple, & ne consiste qu’en la moitié d’une planche exactement quarrée, coupée diagonalement d’un angle à l’autre.

Piece de rapport, (Placage.) on appelle ouvrage de pieces de rapport un ouvrage composé de plusieurs petits morceaux de pierres précieuses, des marbres les plus riches, ou de bois de diverses couleurs, disposées & arrangées avec art pour représenter quelque dessein de grotesque, de compartiment, de fleurs, d’oiseaux, &c. ce sont les Menuisiers de placage & de marqueterie, si les ouvrages ne sont que de bois ; ou les Marbriers & les Lapidaires, s’ils sont de marbre ou de pierres précieuses, qui travaillent en pieces de rapport. (D. J.)

Piece de rapport, en terme de Bijoutier, a deux sens ; il peut se prendre d’abord pour les corps étrangers, appliqués, incrustés ou enchassés sur une tabatiere, comme les pierres fines, fausses, cailloux, porcelaines, &c. Il s’entend ensuite de toutes les pieces de même métal qui sont ou appliquées ou soudées à la tabatiere, & qui font les reliefs, composant les tableaux variés dont elles sont ornées ; on fait qu’on peut faire servir des reliefs sur une tabatiere d’or, par le moyen du ciselet en repoussant par-dessous les formes principales, qui ensuite sont retracées, reformées & terminées par dessus par les ciselets différens dont l’artiste se sert au besoin de son sujet, mais alors cette plaque ciselée est creuse en-dessous, & il faut la recouvrir d’une autre plaque lisse pour cacher cette difformité desagréable à l’œil ; pour éviter cet inconvénient, on a pris le parti de découper des morceaux de même métal de la forme des reliefs que l’on vouloit exécuter, & de les souder sur les plaques des tabatieres ; cette opération est même devenue indispensable depuis qu’on fait usage des ors de couleurs, & ce sont ces pieces ainsi découpées & unies par la soudure au corps de la tabatiere, que l’on appelle proprement pieces de rapport.

Pieces de collier, en terme de Metteur en œuvre, ne sont autre chose que des simples parties de collier que l’on porte seules avec une pendeloque qui les termine. Voyez Pendeloque.

Pieces de corps sont des ornemens en pierreries qui couvrent le devant de la taille des femmes. Les unes sont composées de différens chatons & feuillages, d’autres ne sont que plusieurs nœuds, tous plus petits les uns que les autres, & placés d’étage en étage.

Piece, terme de marchand de mode, ces pieces sont fort à la mode ; c’est un morceau d’étoffe ou de toile de figure triangulaire, sur lequel on pose de la blonde, du ruban, de la chenille, de la dentelle, des soucis d’hanneton, des jais noirs ou blancs : cet ajustement sert aux femmes pour couvrir le devant de leur corps ou de leur estomac. Autrefois l’on appelloit ces pieces des crevées. On les a appellé aussi échelle, parce que les rubans étoient posés comme des échelons.

Pieces de plaisir, à la Monnoie, sont des pieces d’or que le roi ordonne être fabriquées pour son seul usage, comme des pieces de dix louis, de cinq, quatre, &c. alors il est défendu au directeur d’en répandre aucune dans le public.

Piece de four, terme de Patissier, c’est une pâte, une tourte, & toute autre sorte de piece de pâtisserie un peu considérable. (D. J.)

Pieces de rapport, en étain, se dit de toutes sortes d’ouvrages d’étain fin ou commun qui n’ont point de moules de leurs formes particulieres, tels que des fontaines & cuvettes ovales ou à pans, boîtes carrées urinales, &c. pour cela le principal est d’avoir un moule de bâtes, autrement plaques d’étain, lesquelles on taille & ajuste de telle figure qu’il convient, & qu’on joint ensuite les unes aux autres en les soudant avec le fer à souder, ou à la soudure légere, suivant les différentes sortes d’ouvrages ; après quoi on répare pour achever. Voyez Souder, Réparer & Achever l’étain.

Pieces, terme de Relieur, morceau de marroquin qu’on colle ordinairement sur le dos du livre pour y mettre le titre. (D. J.)

Piece, (Rubanier.) s’entend de toutes les soies de chaîne contenues sur les ensouples de derriere, soit qu’il n’y en ait qu’une ou plusieurs, peu ou beaucoup considérables, d’égale ou d’inégale longueur ; lorsqu’une piece se trouve achevée la premiere, on y en substitue une autre qui pour-lors doit être composée d’autant de fils que celle-ci, puisqu’elle en doit remplacer autant que celle qui finit ; il y a plusieurs manieres d’attacher ces soies les unes au bout des autres, soit par le souder, les nœuds ou le tord. Voyez ces differens mots a leur article. Piece se dit encore de toute coupe d’ouvrage de quelqu’aunage qu’elle soit, ainsi on dit une piece de galon, de ruban, de chenille, &c.

Piece, roue de, voyez l’article Tireur d’or.

Piece ou Lardon, (Serrurerie.) petit morceau d’acier que le forgeron place dans les crevasses qui se sont quelquefois aux gros fers lorsqu’on les forge. On fait la piece d’acier, parce que l’acier se soude plus aisément que le fer.

Piece de rencontre, (Tourneur.) Les Tourneurs appellent ainsi un morceau de fer attaché au haut de la lunette d’une poupée, qui, par sa rencontre avec la piece ovale, fait baisser ou hausser l’arbre sur lequel on tourne des ouvrages de figures irrégulieres.

Piece ovale, ou les autres pieces irrégulieres de cet arbre, sont ordinairement de cuivre, afin que la rencontre en soit plus douce. (D. J.)

Pieces de tuile, (Tuilerie.) Ce sont tous les morceaux de tuile employés à différens endroits, sur les couvertures. On nomme tiercines, les morceaux d’une tuile fendue en longueur, employés aux battelemens ; & nigoteaux, ceux d’une tuile fendue en quatre pour servir aux sollins & ruillées. (D. J.)

Piece de verre, (Vitrier.) ils appellent ainsi tous les petits carreaux ou morceaux de verre de différentes figures & grandeurs, qui entrent dans les compartimens des formes & panneaux des vitres (D. J.)

Piece quarrée, terme de Vitrier, c’est un petit morceau de verre en quarré, qui est entre deux bernes dans un panneau de verre. (D. J.)

Piece, (Jeux d’échecs.) c’est ainsi qu’on nomme à ce jeu le roi, la reine, les fous, les chevaliers, & les tours. (D. J.)