L’Encyclopédie/1re édition/REPTILES

REPTILES, dans l’Histoire naturelle, est le nom de certains animaux ainsi dénommés, parce qu’ils rampent & marchent sur le ventre ; ou bien les reptiles sont une sorte d’animaux & d’insectes, qui au lieu de marcher avec des piés, portent sur une partie de leur corps, tandis que le reste s’avance ou s’élance en-devant. Voyez Animal, Insecte, &c.

Ce mot est formé du mot latin repo, ramper. Tels sont les vers de terre, les chenilles, les serpens, &c. Il est pourtant vrai que la plûpart des reptiles ont des piés. Seulement ils les ont petits, & les jambes courtes, à proportion de la grosseur de leur corps. Voyez Pied & Jambe.

Les observateurs naturalistes ont fait une infinité de découvertes admirables sur la motion des reptiles. Ainsi le ver de terre en particulier, à ce que nous apprend M. Willis, a tout le corps entouré d’un bout à l’autre, de muscles annulaires ; ou, comme s’exprime M. Derham, le corps du ver de terre n’est d’un bout à l’autre, à sa surface extérieure, qu’un muscle spiral continu, dont les fibres orbiculaires, en se contractant, rendent chaque anneau plus étroit & plus long qu’auparavant ; au moyen de quoi, semblable à une tariere, il perce la terre pour s’y faire un passage. La motion de ce reptile peut encore être comparée à un fil de fer roulé en spirale sur un cylindre, dont un des bouts, si on le lâche, va se rapprocher de l’autre qui est arrêté & tenu ferme. Car de même le ver-à-soie, après qu’il a alongé ou étendu son corps, se replie sur lui-même, en s’appuyant sur les petits piés qu’il a : ces piés sont au ver ce qu’est au fil de fer roulé en spirale, le bout par où il est arrêté ; c’est son point d’appui. Ils sont rangés de quatre en quatre tout le long de son corps ; & il s’en sert comme de crochets, pour attacher sur un plan, tantôt une partie de son corps, tantôt une autre ; c’est en même tems pour pousser en avant sa partie antérieure, en l’alongeant, & amener sa partie postérieure en la contractant.

Le serpent rampe un peu différemment ; aussi la structure de son corps est-elle différente ; car il a le long du corps une enfilade d’os qui sont tous articulés les uns avec les autres. Son corps ne rentre pas en lui-même : mais il forme des circonvolutions. Tandis qu’une partie de son corps porte à terre, il en élance une autre en avant, laquelle à son tour se posant sur la terre, oblige le reste du corps de suivre. L’épine de son dos, différemment torse, fait le même effet, lorsqu’il saute, que les jointures des piés dans les autres animaux ; car ce qui les fait sauter, sont les muscles de leur dos qui s’étendent & se développent.

Il y a un préjugé assez général sur la plûpart de ces animaux : c’est que coupés par pieces, ils reprennent ; il est sûr que les parties séparées conservent du mouvement & de la vie long tems après la séparation ; que leur organisation est beaucoup plus simple que celle de la plûpart des autres animaux ; qu’ils n’en satisfont pas moins bien aux deux grandes fonctions de l’animalité, la conservation & la reproduction, & qu’à les examiner de près, on est porté à croire que la sensibilité est une propriété générale de la matiere.

Reptile se dit aussi abusivement des plantes & des fruits qui rampent à terre, ou qui se marient à d’autres plantes, n’ayant pas des tiges assez fortes pour les soutenir : telles sont les concombres, les melons : telles sont aussi la vigne, le lierre, &c.