L’Encyclopédie/1re édition/BALLE

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BALLE, s. f. se dit en général de tout corps à qui l’on a donné artistement la figure sphérique, ainsi on dit, une balle de paume, une balle de coton, &c.

* Balle, s. f. (Hist. anc. & gymnast.) instrument dont les anciens se servoient dans la danse appellée sphéristique. Voyez Sphéristique.

Les différens jeux de balle produisoient parmi les anciens différens effets relatifs à la conservation de la santé. Les grands mouvemens que ces jeux occasionnent, les rendent utiles lorsque l’exercice est nécessaire, & que les personnes sont en état de le supporter. Ils donnent de la vigueur, & font allonger les fibres musculeuses & nerveuses ; aussi voit-on qu’entre les jeunes gens, ceux qui y sont exercés, sont communément plus grands, plus forts, & plus alertes que les autres. Voyez Exercice, Gymnastique, Jeu.

Balle, dans l’Art milit. comprend toutes sortes de petites boules ou boulets pour les armes à feu, depuis le canon jusqu’au pistolet. Voyez Boulet, Arme à feu, Canon, &c.

Celles qui servent pour les canons sont de fer ; celles des mousquets, carabines, & pistolets, sont de plomb. On a voulu se servir de balles de fer pour ces armes : mais on a reconnu qu’outre leur légereté qui ne permet pas de tirer juste, elles ont encore le défaut de rayer le canon du fusil.

Il faut remarquer que quoiqu’on dise ordinairement un boulet de canon, on dit aussi qu’une piece de batterie porte 36, 33, ou 24 livres de balle. On dit encore charger le canon à balle, pour dire charger à boulet. (Q)

* Les balles dont on charge les petites armes à feu, se fabriquent de la même maniere que les dragées moulées, mais dans des moules plus grands. Voyez l’article Fonte de la dragée au moule. Il y en a de 26 sortes différentes, numerotées selon la quantité ou le nombre qu’il faut pour faire une livre pesant. La sorte la plus grosse est des huit à la livre ; la sorte suivante est de seize à la livre, & chaque balle pese une once. La plus petite, qui approche beaucoup de la dixieme sorte de dragée, est des 120 à la livre. Voyez la Table à l’article cité.

On appelle balles ramées, deux balles attachées ensemble par un fil de fer ; & balle de calibre, celle qui est de même grosseur que le calibre du fusil.

* Comme il importe aux chasseurs qui ont quelquefois occasion de tirer du poisson dans l’eau, de savoir si les balles y souffrent ou non de la réfraction, je vais rapporter quelques expériences que M. Carré, de l’académie royale des Sciences, a fait faire, & qu’on peut voir dans le recueil de cette académie année 1705. On tira un fusil chargé à balle deux coups dans un bassin de pierre plein d’eau, de deux piés & demi de diametre, profond de seize pouces, sous un angle de 20 degrés & sous celui de 80 : mais le grand effort de l’eau contre les parois du bassin où l’on avoit mis les ais, le dérangerent tellement qu’on ne put savoir si les balles souffroient quelque dérangement dans la direction de leur mouvement. Les expériences réitérées dans des bennes pleines d’eau ont été accompagnées du même inconvénient : elles ont été brisées sur le champ, & ce furent les cerceaux d’en-bas que l’eau fit casser.

On seroit tenté de croire que c’étoit la balle qui faisoit briser les vaisseaux en passant à travers les ais, & non le mouvement de l’eau : mais l’expérience qui suit ne laisse aucun doute que ce ne soit la derniere de ces causes. Un coup fut tiré dans une caisse quarrée d’un pié de haut, & de six pouces d’épaisseur, dont les quatre ais qui faisoient la longueur avoient chacun un pouce d’épaisseur, & les deux bouts en avoient chacun deux, afin d’y bien attacher les autres avec force clous : on avoit rempli ce vaisseau par une petite ouverture ; les ais furent percés par la balle sans en être brisés : mais l’eau s’en tourmenta de maniere qu’elle fit écarter ces ais les uns des autres, & que la caisse fut rompue.

Il fallut donc pour obtenir un résultat exact sur la réfraction, recommencer les expériences dans un bassin de pierre : on en prit un dont la longueur intérieure étoit de trois piés trois pouces, la largeur d’un pié huit pouces, & la profondeur d’un pié & un pouce ; on fit placer à son côté le plus éloigné un ais pour recevoir les balles ; un autre ais vertical & pareil à celui-là occupoit le milieu du bassin ; & au-dessus du côté le plus voisin du tireur, un carton : l’arquebuse étoit arrêtée fixe à huit piés du bassin. La balle a percé le carton : mais elle est tombée applatie, à peu près comme une piece de douze sols, entre le carton & le premier ais. Au second coup, la balle s’est divisée en trois morceaux applatis, sans avoir atteint le premier ais. On a tiré deux autres coups avec une forte charge, sans trouver de balles dans le fond du bassin ni contre les ais : ces balles avoient près de quatre lignes de diametre ; elles étoient faites exprès pour l’arquebuse, & ne pouvoient entrer dans le canon qu’en les poussant avec une baguette de fer.

On a mis dans un réservoir de 10 piés en quarré deux ais paralleles entre eux & à l’horison, & à un pié de distance l’un de l’autre : celui de dessus ne faisant qu’un même plan avec la surface de l’eau, on a tiré deux coups sur cet ais, sous un angle de 30 degrés, avec une égale charge de poudre ; le premier avec une arquebuse dont le canon avoit trois piés deux pouces six lignes de long, & la balle trois lignes de diametre ; le second avec un fusil dont le canon avoit trois piés dix pouces trois lignes de long, & la balle sept lignes de diametre : la grosse balle a percé les deux ais, & traversé par conséquent toute l’étendue de l’eau qui étoit entre eux ; au lieu que la petite n’a percé que l’ais supérieur, & s’est arrêtée applatie sur l’ais inférieur : d’où l’on a conclu que le fusil étoit plus propre pour l’expérience de la réfraction que l’arquebuse.

On a attaché au-dessus du bassin de pierre qu’on a décrit plus haut, un fusil sur deux appuis fixes, dont l’un étoit à cinq & l’autre à sept piés de distance du bassin : on l’a assûré & rendu immobile sur ces appuis : il faisoit avec l’horison, ou la surface de l’eau ou du bassin, un angle de vingt degrés ; il étoit chargé du poids de trois deniers vingt grains de poudre, avec une balle de sept lignes de diametre, qui pesoit dix-sept deniers six grains. La balle a percé le carton, le premier ais, & s’est arrêtée dans le second : on a vuidé l’eau, & les centres des trois trous se sont trouvés exactement dans la même direction.

La même expérience réitérée a donné la même chose : en augmentant la charge, on a remarqué que la balle entroit moins ; & chassée par sept deniers six grains de poudre, elle s’est applatie d’un côté, & a peu frappé l’ais du milieu.

Chassée de l’arquebuse avec la même charge, elle s’est divisée en deux parties, chacune inégalement applatie, sans avoir touché l’ais du milieu. Chassée de la même arme avec la moitié de la charge, elle n’a point atteint l’ais du milieu, & n’a perdu que peu de sa sphéricité.

Une balle de sept lignes poussée avec une forte charge dans un réservoir de 40 piés de diametre, profond de six piés, contre un linge parallelement étendu à la surface de l’eau, à deux piés de profondeur, est restée sur ce linge applatie, mais fort inégalement.

La balle de même calibre, chassée de la même arme avec un tiers de poudre de plus, s’est divisée en plusieurs petits morceaux de la grosseur d’une lentille, & diversement figurés.

La balle tirée perpendiculairement à la surface de l’eau, s’est applatie assez régulierement.

Quand on tire dans l’eau, il s’en éleve une quantité plus ou moins grande, & plus ou moins haut, selon la charge : quand la charge est forte, l’eau s’éleve jusqu’à vingt piés.

La balle de sept lignes chassée par quatre deniers de poudre ou environ, entre assez avant dans l’eau sans perdre de sa sphéricité ; chassée par huit deniers de poudre, elle en perd la moitié ; par douze deniers, elle la perd entierement ; & par seize, elle se divise en plusieurs parties.

D’où il s’ensuit 1°. que la commotion communiquée à l’eau par la balle est très-considérable ; en effet si l’on tire sur une riviere, on en sentira le rivage ébranlé sous ses piés : 2°. que plus la charge est forte, moins la balle fait de progrès dans l’eau : 3°. qu’il n’y a point de réfraction sensible : 4°. par conséquent qu’il ne faut tirer dans l’eau, ni au-dessous ni au-dessus de l’objet qu’on veut atteindre : 5°. qu’il ne faut employer qu’une petite charge.

Mais on sait qu’une balle qui passe à-travers un morceau de bois mobile sur des gonds, & fort épais, ne se défigure presque pas, & ne lui communique aucune impulsion ; tandis qu’il est constant par les expériences qui précedent, qu’elle s’applatit sur l’eau, & occasionne une grande commotion à tout le rivage. D’où vient, peut-on demander, la difference de ces phénomenes ? l’eau seroit-elle plus difficile à diviser que le bois ?

Voici comment je pense qu’on pourroit répondre à cette objection : qu’un corps mû ne communique du mouvement, au moins de translation, à un autre, qu’autant que cet autre lui résiste ou s’oppose à son mouvement. Ayez un corps, même mou, rendez-le résistant, & aussi-tôt vous lui communiquerez beaucoup de mouvement, & à tout ce qui l’environnera. Si vous enfoncez doucement un bâton dans l’eau, vous la diviserez sans peine, & presque sans l’agiter ; si vous la frappez avec impétuosité, vous donnez lieu à son élasticité, & en même tems à sa résistance ; vous lui communiquez beaucoup de mouvement, mais vous ne la divisez pas : voilà pour le corps fluide. Quant au corps solide, ce corps solide ne peut résister à la balle qui vient le frapper, que par l’adhésion de ses parties : si l’adhésion de ces parties n’est rien relativement à la vîtesse de la balle qui le vient frapper, il est évident qu’il ne peut être mû d’un mouvement de translation, parce que rien ne résiste à la balle. Qu’on suppose une porte ouverte percée d’un trou couvert d’une toile d’araignée ; si j’applique mon doigt contre les endroits solides de la porte, ces endroits résistant à son impulsion, la porte tournera sur les gonds & se fermera : mais elle restera immobile avec quelque vîtesse que je porte mon doigt contre elle, si je l’applique contre la toile d’araignée : or tout le tissu de la porte devient toile d’araignée, relativement à la vîtesse d’une balle chassée par un fusil ; & l’adhésion des parties n’est pas assez grande pour donner lieu à l’élasticité.

Mais on pourra demander encore pourquoi l’élasticité de l’eau frappée avec vîtesse a plûtôt lieu, quoique ses molécules n’ayent presqu’aucune adhérence entr’elles, que l’élasticité du bois dont les molécules tiennent les unes aux autres très-fortement. Il faut, je croi, recourir ici à la densité, à la constitution particuliere des corps ; & de ces deux causes, la derniere & la principale nous est malheureusement très-peu connue.

Balle à feu, est dans l’Artillerie, un amas d’artifice de figure ronde ou ovale de différentes grosseurs, qui se jette à la main ou avec le mortier.

Maniere la plus usitée pour faire des balles à feu. L’on se sert pour faire des balles à feu d’une livre de salpetre, d’un quarteron de fleur de soufre, deux onces de poussier broyé passé par le tamis de soie, & mêlé avec l’huile de pétrole ou huile de lin ; il faut en faire de petites boules de la grosseur d’une balle, les percer quand elles seront humides, y mettre de la corde d’amorce en travers, les passer quatre à quatre ou deux à deux, & les rouler dans le poussier vif, après quoi cela prend feu.

Autre maniere pour faire les balles à feu, qui peuvent s’exécuter dans les mortiers. Il faut avoir un porte-feu d’un pié & demi ou de deux piés de longueur, suivant la grosseur dont on voudra faire la balle, sur un pouce on un pouce & demi de diametre, lequel sera chargé d’une composition que l’on aura faite avec deux livres de salpetre, une livre de soufre,& demi-livre de poudre ; le tout bien pilé séparément, le passer dans un tamis bien fin, & après mêler le tout ensemble autant qu’il se pourra.

En cas que le feu soit trop lent, on y ajoûtera un peu de poudre pilée ; & s’il brûle trop vîte, on y ajoûtera un peu de salpetre pour le faire durer davantage. Le milieu de la balle sera un petit sac rempli de même composition. Les porte-feux seront passés au-travers de ce sac ; & par-dessus, pour couvrir la balle, on mettra de gros copeaux avec de la filasse, que l’on fera tremper dans un grand chaudron ou chaudiere, dans laquelle on mettra 6 à 7 livres d’huile de lin, & autant d’huile de térébenthine, avec 8 ou 9 livres de goudron ou poix que l’on fera chauffer doucement, & qu’on remuera bien souvent ; & lorsque le tout sera bien lié, l’on fera tremper dans la chaudiere la filasse & les copeaux, que l’on mettra à part pour les faire sécher à demi ; & après on fera tremper aussi de la vieille toile bien grossiere, qui servira pour envelopper la balle. Il faut avoir du soufre pilé sans être passé au tamis, & du salpetre, & en jetter sur la toile, comme aussi sur la filasse & les copeaux à part, pour que le feu soit plus clair. Il faut observer qu’il faut mettre de tems en tems du fil de fer autour de la matiere qu’on mettra dans la boule pour la faire tenir, & ne la pas trop presser, parce que le feu seroit trop lent. Quand la matiere est un peu mouvante, la flamme en est plus grande. Si l’on veut davantage presser le feu, il faut prendre trois livres de poudre pilée, une livre de charbon pilé, mêler le tout ensemble, & après l’étendre sur une table, & faire rouler la balle sur cette matiere lorsqu’elle sera garnie de copeaux & de filasse, & après l’on mettra la toile par-dessus ; ou si l’on ne veut pas se servir de toile pour la derniere enveloppe, l’on peut y faire une petite caisse de bois d’enveloppe léger ; le tout dépend de la conduite de l’officier qui s’en doit servir ; il peut se corriger à la premiere ou seconde balle qu’il fera joüer.

Autre maniere de composition de balles à feu qui se jettent avec le mortier, rapportée dans le Bombardier François de M. Belidor. Pour composer ces sortes de balles il faut 30 livres de poudre, 5 livres de poix blanche ou résine, 10 livres de poix noire, 2 livres de suif de mouton, 2 livres d’étoupes, 4 grenades chargées, 4 cordes pour les montans, grosses environ comme le doigt, longues chacune de 6 piés & demi ; 6 brasses de corde de la grosseur du petit doigt, & de la toile pour un sac de 11 pouces de diametre, sur 22 pouces de hauteur.

Il faut faire fondre la poix dans une chaudiere ou marmite de fer ; & lorsqu’elle sera fondue, y jetter les deux livres de suif de mouton, que l’on aura eu soin de faire bien hacher : le tout bien incorporé ensemble, on le remuera de tems en tems avec la spatule de fer, & l’on en ôtera avec l’écumoire les corps étrangers. On retire cette chaudicre de dessus le feu pour la porter la plus chaude qu’il se peut, auprès d’une autre chaudiere de fer, que l’on aura fait enterrer de façon qu’il y ait un glacis autour d’environ six pouces, pour que la composition que l’on verse doucement dans cette autre chaudiere, ne s’écarte pas. Il faudra échauffer la chaudiere enterrée avec un peu de braise, de façon qu’on la puisse toucher de la main, & la bien nettoyer avec un sac à terre pour qu’il ne reste point de feu. Ensuite on y verse la composition, sur laquelle on répand peu à peu les trente livres de poudre, en faisant remuer toûjours avec deux spatules ou pelles de fer rondes. Cette poudre bien mêlée avec la composition, on y met l’étoupe par petits morceaux, faisant toûjours remuer à force de bras pour qu’elle s’imbibe parfaitement ; après quoi on formera la balle à feu. Pour cela on noue les quatre cordes ensemble dans leur milieu, ce qui forme huit montans ; on pose le culot du sac sur le nœud ; on met dans le fond environ un tiers de la composition, sur laquelle on met encore deux grenades, que l’on couvrira d’un autre tiers de composition. On lie ensuite le sac avec une ficelle par le haut à dix huit pouces ou environ de longueur ; puis on rassemble les huit montans, qu’on lie au-dessus du sac avec une autre ficelle, observant que le sac soit toûjours bien droit & bien à-plomb sur son culot, que les montans soient également distans les uns des autres le long du sac. Ces précautions prises, on cordelle la balle à feu, fermant le culot comme celui d’un panier ; on continue jusqu’à la moitié de la hauteur de la balle, observant de bien tirer les montans à mesure que l’on monte les travers, qui doivent être distans de deux pouces les uns des autres. On lie les montans à demeure avec de la ficelle, & on continue de cordeler jusqu’en haut, serrant les montans également, afin qu’ils restent droits autant qu’il se pourra, & bien partagés.

Cette balle à feu qui doit avoir la forme d’un œuf étant faite, on fait un anneau avec le reste des montans ; on les lie avec de la ficelle pour pouvoir y passer un levier, pour la tremper dans une chaudiere où est pareille composition que celle des tourteaux, pour la goudronner de tous côtés ; après quoi on la met dans de l’eau pour la refroidir : on perce ensuite deux trous auprès de l’anneau avec une cheville de bois d’environ un pouce de diametre & de cinq à six pouces de profondeur, observant que ces deux chevilles puissent se joindre en un point. On a soin de bien graisser les chevilles qui doivent rester dans la balle jusqu’à ce que l’on veuille l’exécuter, afin qu’alors on puisse les retirer aisément. On remplit les trous qu’elles laissent, avec de la composition pareille à celle des fusées de bombe, observant de la battre avec une machine de cuivre ou de bois, crainte d’accident : mais lorsque l’on ne veut pas garder longtems la balle à feu, on charge les fusées de suite au moment qu’elle est froide, de la façon qu’il est dit ; on les coeffe avec de la cire préparée, y mettant à chacune un petit bout de ficelle pour les reconnoître au besoin. La balle à feu s’exécute dans le mortier comme la bombe. Les bombardiers mettent le feu en même tems aux fusées ; & lorsqu’on les voit bien allumées, on met le feu au mortier.

Quand on se sert de balles à feu pour découvrir les travailleurs de l’ennemi, il faut faire ensorte de pointer le canon de maniere qu’elles ne montent point fort haut, de crainte qu’elles ne s’enterrent. Elles servent aussi pour mettre le feu dans les magasins à fourage, de même que dans les maisons ; & en ce cas, on donne au mortier le degré d’élévation nécessaire pour que la balle tombe sur les toîts comme la bombe, & qu’elle les perce. On peut mettre dans la balle à feu avec les grenades, des bouts de canon de fusils, de pistolets remplis de poudre & de balles. Les grenades y sont mises pour écarter ceux qui voudroient l’éteindre.

On peut encore mettre dans la balle à feu une bombe de six pouces au lieu de grenades. On place pour cet effet environ un tiers de composition au fond du sac, sur laquelle on pose un tourteau goudronné, ensuite la bombe la fusée en bas. On peut mettre aussi dans la balle à feu quatre lits de tourteaux & de grenades avec fusées.

Composition de balles à feu qu’on jette avec la main. Il faut prendre six livres de soufre tamisé, autant de poulverin, autant de salpetre, & autant de crystal minéral, une livre & demie de camfre, trois quarterons de vif-argent, une livre & demie de colophane, trois livres d’huile de pétrole, six onces de gomme Arabique, une livre & demie de sel ammoniac, & une demi-pinte d’esprit-de-vin. On fait dissoudre le camfre dans l’esprit-de-vin, la gomme dans un peu d’eau ; après quoi on y met de l’esprit-de-vin, on mêle bien ensemble le soufre, le poulverin, le salpetre, le crystal minéral, & la colophane, humectant de tems en tems cette composition avec le camfre dissous, la gomme & l’huile de pétrole.

Après que tout a été mis en pâte & bien mêlé à force de bras, on en fait des pelotes qui pesent environ quatre livres. On partage le vif-argent en autant de parties égales qu’on a fait de pelotes. On perce chacune de ces pelotes de plusieurs petits trous avec une cheville de bois graissée ; on y met cette partie de vif-argent, puis on resserre les trous ; on enveloppe la pelote avec un peu de filasse & de l’étoupe, & du papier gris que l’on entortille avec du gros fil : on la trempe dans le goudron, ensuite on la couvre d’une grosse toile, que l’on trempe une seconde fois dans le goudron ; après quoi on la trempe dans l’eau ; on y fait un trou avec une cheville de bois graissée qui ne passe pas le centre de la pelote, & on le remplit de la composition des fusées à bombes. On se sert de ces sortes de balles à feu pour éclairer un terrein occupé par l’ennemi. S. Remy. (Q)

Balle luisante, chez les Artificiers ; on appelle ainsi une espece d’artifice semblable aux étoiles, & qui n’en differe que par la composition, la grosseur, & la couleur du feu. Voici la maniere de le faire.

Prenez six onces de soufre, deux onces d’antimoine crud ; de salpetre, de colophane, & de charbon, de chacun quatre onces : ou bien de salpetre, de colophane, de charbon, de chacun deux onces ; & d’antimoine, de soufre & de poix noire, de chacun une once.

Après avoir bien pilé ces matieres, on les fera fondre dans un vaisseau de cuivre ou de terre vernissée, dans lequel on jettera des étoupes de chanvre ou de lin autant qu’il en faudra pour absorber toute la matiere fondue ; pendant qu’elle se refroidira, on en fera des pelotons de la grosseur qu’on voudra, & on les amorcera de pâte de poudre écrasée, dans laquelle on les roulera, ou on les enveloppera de coton d’étoupille : il faut cependant prendre garde de ne pas faire ces balles si grosses qu’elles ne puissent être totalement consommées en retombant du pot d’une fusée volante, crainte qu’elles ne retombent en feu sur les spectateurs, ou sur des maisons où elles pourroient mettre le feu.

Balles d’Imprimerie ; ce sont deux morceaux de bois creusés, surmontés d’un manche aussi de bois, parfaitement ressemblant à un entonnoir. Le creaux de cet instrument se remplit de laine bien nette & bien cardée, laquelle y est maintenue par deux cuirs apprêtés & attachés avec de petits clous tout autour de la bouche de l’entonnoir ; c’est avec ces deux ustenciles que l’on empreint d’encre la forme. Voyez Planche IV. A qui représente les deux balles posées l’une sur l’autre sur les chevilles de la presse.

Balles teigneuses, terme d’Imprimerie. Lorsque les cuirs neufs refusent l’encre, faute de n’avoir pas été assez corroyés, ce qui fait paroître sur les balles des taches noires & blanches, on dit que ces balles sont teigneuses. Pour remédier à ce défaut, l’on est contraint de démonter & corroyer de nouveau les cuirs, de les saupoudrer même de cendre pour imbiber le trop d’humidité dont ils se trouvent surchargés en quelques endroits. Les balles peuvent encore devenir teigneuses si la laine de dedans sort par les bords ; car alors il se forme une espece de duvet, qui se mêle avec l’encre, & introduit sur la forme nombre d’ordures qui emplissent l’œil de la lettre.

Balle, chez les Paumiers ; c’est un corps sphérique fait de chiffons de laine couverts de drap blanc d’environ deux pouces & demi, ou trois pouces au plus de diametre, dont on se sert pour joüer à la paume : il doit être bien rond & bien ficelé. Les statuts des Paumiers ordonnent qu’il soit couvert de drap neuf, & qu’il pese en tout dix-neuf estelins. L’estelin vaut la vingtieme partie d’une once. Pour faire la balle, il faut avoir du chiffon, une masse de bois & l’instrument appellé bilboquet. On prend du chiffon, on en forme un peloton que l’on ficelle, on le bat dans le bilboquet, afin de noyer la corde dans l’étoffe dont il est fait. Quand il a la grosseur convenable, on le revêt de drap blanc : on le finit ensuite sur le bilboquet, où on le remet pour abattre la couture de son vêtement, & la balle est faite. Voyez Paumier, Bilboquet, & la figure de cet instrument dans la Planche du Paumier.

Balle, terme de Commerce ; on appelle ainsi certaine quantité de marchandises enveloppées ou empaquetées dans de la toile avec plusieurs tours de corde bien serrés par-dessus, après les avoir bien garnies de paille pour empêcher qu’elles ne se brisent ou ne se gâtent par l’injure du tems.

On dit une balle d’épicerie, de livres, de papier, de fil, &c. & l’on met sur les balles des marques & numeros, afin que les marchands à qui elles sont envoyées puissent les reconnoître.

Une balle de coton filé est ordinairement de trois ou quatre cents pesant. Une balle de soie crue pese quatre cents. Une balle de grosse toile est de trois, trois & demie ou quatre pieces.

Selon M. Chambers, une balle de laine en Angleterre est la valeur de la charge d’un cheval, & contient deux cents quarante livres de poids.

Vendre des marchandises sous cordes en balles ou en balles sous cordes, c’est les vendre en gros sans échantillon & sans les déballer.

On appelle marchandises de balle certaines quincailleries & autres ouvrages qui viennent de certains pays, particulierement de Forès, & qui sont ordinairement fabriqués par de mauvais ouvriers.

Une balle de dés est un petit paquet en papier, qui contient une ou plusieurs douzaines de dés à joüer.

On nomme porte-balles les petits merciers qui vont par la campagne, & qui portent sur leur dos des balles de menue mercerie. (G)

* Balle, (Œconomie rustiq.) c’est la pellicule qui enveloppe le grain, & que les fléaux, le van & le crible en détachent. Les laboureurs l’appellent menue paille. On la mêle avec l’avoine des chevaux ; on la donne en bûvée aux vaches ; elle peut nourrir toutes sortes de bestiaux ; elle fait mûrir les fruits & les conserve, & l’on en couvre la glace & la neige que l’on réserve pour l’été.