Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/L


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La Bruyère (rue).

Commence à la rue Notre-Dame-de-Lorette, nos 27 et 29 ; finit à la rue Pigalle, nos 18 et 20. Le dernier impair est 23 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 233 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

1re Partie comprise entre les rues Notre-Dame-de-Lorette et La Rochefoucauld. — Elle a été ouverte, en 1824, sur les terrains appartenant à la compagnie Dosne, Loignon, Censier et Constantin. L’ordonnance royale qui autorisa ce percement sur une largeur de 9 m. 75 c., est à la date du 21 avril 1824 (voyez place Saint-Georges). Cette voie publique se trouvant à peu de distance de la rue Fontaine, la compagnie Dosne avait projeté de lui donner le nom de rue Percier ; mais ce célèbre architecte ayant refusé cet honneur, on assigna au percement dont il s’agit la dénomination de rue La Bruyère.

2e Partie comprise entre les rues La Rochefoucauld et Pigalle. Elle a été formée sur les terrains de M. Boursault, en vertu d’une ordonnance royale du 25 février 1839. Sa largeur est de 10 m. La hauteur des constructions riveraines ne doit pas excéder seize mètres cinquante centimètres (voyez rue Boursault). Toutes les propriétés de la rue La Bruyère sont alignées. — Conduite d’eau entre les rues Notre-Dame-de-Lorette et La Rochefoucauld.

Jean de La Bruyère naquit en 1644, aux environs de Dourdan, et mourut en 1696. Son ouvrage le plus remarquable est intitulé : Caractères de Théophraste.

Lacasse (rue).

Commence à la rue de l’Entrepôt ; finit à la rue Grange-aux-Belles, nos 8 et 10. Le dernier impair est 7 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 45 m. — 5e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Martin.

L’ouverture de cette rue a été approuvée par l’ordonnance royale du 20 février 1825, relative au canal Saint-Martin. La largeur fixée pour cette voie publique est de 12 m. Elle porte le nom du propriétaire sur les terrains duquel le percement a été effectué. Les constructions riveraines sont alignées. — Éclairage au gaz (compe de Belleville).

Lacuée (rue).

Commence au quai de la Rapée, nos 3 et 5 ; finit à la rue de Bercy, nos 34 et 36. Le dernier impair est 11 ; le dernier pair, 12. Sa longueur est de 154 m. — 8e arrondissement, quartier des Quinze-Vingts.

« Napoléon, etc… Nous avons décrété et décrétons ce qui suit : Il sera ultérieurement ouvert une rue de quinze mètres de largeur, en prolongement de l’axe du pont d’Austerlitz, jusqu’à la grande rue du Faubourg-Saint-Antoine ; cette rue sera appelée rue du colonel Lacuée, en mémoire du colonel du 59e régiment de ligne tué au combat de Guntzbourg. — Au palais des Tuileries, le 14 février 1806. Signé Napoléon. » — Ce décret ne fut exécuté qu’en partie ; la rue fut ouverte entre le quai et la rue de Bercy, mais non sur une largeur de 15 m. L’impasse Saint-Claude que nous voyons indiquée sur le plan de Verniquet, et qui avait son entrée dans la rue de Bercy, a été confondue dans la rue Lacuée. — Une ordonnance royale, à la date du 1er juin 1828, a maintenu la largeur de 15 m., fixée par le décret précité. La rue Lacuée a été considérablement élargie en 1836, 38 et 40. La propriété no  11 devra reculer de 1 m 20 c. environ ; celle no  12 est soumise à un retranch. réduit de 2 m. 30 c. Toutes les autres constructions sont alignées.

La Fayette (place de).

Située à la jonction des rues de La Fayette, du Gazomètre, des Petits-Hôtels et d’Hauteville. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 8. — 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière.

Par une ordonnance royale en date du 27 novembre 1822, MM. André et Cottier furent autorisés à former sur leurs terrains une place circulaire de 30 m. de rayon. En 1825, elle reçut le nom de place Charles X. — Une autre ordonnance royale du 31 janvier 1827, relative au percement de plusieurs rues sur les terrains de ces mêmes propriétaires, approuva l’agrandissement de la place dont il s’agit. Après 1830, elle prit le nom de place de La Fayette. — Enfin, une troisième ordonnance royale du 2 février 1839 apporta quelques changements dans le tracé de cette voie publique (voyez l’article suivant). — Les propriétés riveraines ne sont pas soumises à retranchement. — Égout. — Éclairage au gaz (compe Française).

La Fayette (rue de).

Commence à la rue du Faubourg-Poissonnière, no  84 ; finit à la rue du Faubourg-Saint-Martin, nos 223 et 225. Le dernier impair est 79 ; le dernier pair, 46. Sa longueur est de 1,287 m. — La partie comprise entre la rue du Faubourg-Poissonnière et celle du Faubourg-Saint-Denis, est du 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière ; le surplus dépend du 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

Une ordonnance royale du 27 novembre 1822 porte : « Article 1er. Les sieurs André et Cottier sont autorisés à ouvrir sur leurs terrains une rue de 20 m. de largeur, qui communiquera de la rue du Faubourg-Poissonnière à celle du Faubourg-Saint-Martin, conformément au plan ci-joint, à charge par eux de livrer gratuitement l’emplacement nécessaire pour prolonger la rue Hauteville jusqu’à la nouvelle rue, et de former au point de jonction une place circulaire de 30 m. au plus de rayon. — Art. 2e. La ville de Paris contribuera aux dépenses de toute nature qu’exigeront les percements dont il s’agit, jusqu’à concurrence d’une somme de cent cinquante mille francs, conformément à la délibération du conseil municipal du 15 septembre 1822. » — Dans une dépêche ministérielle du 31 décembre 1824, nous lisons ce qui suit : « Le roi a daigné consentir, par décision du 19 de ce mois, à ce que la grande rue ouverte sur les terrains des sieurs André et Cottier, pour communiquer du faubourg Saint-Martin au faubourg Poissonnière, reçût le nom de rue Charles X, etc… » — Une ordonnance royale du 6 janvier 1825 renferme les dispositions ci-après : « Article 1er. L’exécution de la rue ouverte dans la direction de la rue du Chemin-de-Pantin, depuis la rue du Faubourg-Saint-Martin jusqu’à la rue du Faubourg-Poissonnière, etc., est déclarée d’utilité publique, et le préfet de la Seine est autorisé à y appliquer ou faire appliquer les mesures voulues par la loi du 8 mars 1810. — Art. 2e. La largeur de ladite rue, fixée par l’art. 1er de l’ordonnance du 27 novembre 1822 à 20 m., est réduite à 19 m. 50 c., largeur de la rue du Cheminde-Pantin, etc… » — Peu de temps après la révolution de 1830, cette voie publique reçut le nom de rue de La Fayette, en l’honneur de Gilbert Motier, marquis de La Fayette, né le 1er septembre 1757, à Chavagnac, près de Brioude (Haute-Loire), mort à Paris le 20 mai 1834.

La rue de La Fayette est bordée de chaque côté par une rangée d’arbres. Les constructions riveraines sont alignées. — Égout et bassin d’égout entre la place et la rue du Faubourg-Saint-Denis. — Éclairage au gaz depuis la rue du Faubourg-Poissonnière jusqu’à celle du Faubourg-Saint-Denis (compe Française).

L’impasse Saint-Lazare qui était située rue du Faubourg-Saint-Denis, au no  170, a été confondue dans la rue de La Fayette. Elle devait son nom à sa proximité de la maison Saint-Lazare.

Laferrière (rue).

Commence à la rue Notre-Dame de Lorette, nos 18 et 20 ; finit à la rue Breda. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 32. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

Ouverte sans autorisation en 1832, sur les terrains appartenant à MM. Dosne, Loignon, Censier et Constantin, cette rue a la forme d’un demi-cercle. Elle a reçu la dénomination de rue Laferrière, en vertu d’une délibération de l’état-major de la garde nationale du 2e arrondissement. Laferrière, général sous l’empire, est mort à Paris du choléra. — Un arrêté préfectoral du 7 décembre 1840, a prescrit la fermeture de cette rue qui n’est pas reconnue voie publique par l’administration.

Laffitte (passage).

Commence à la rue Le Peletier, no  11 ; finit à la rue Laffitte, no  16. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

Bâti vers l’année 1824, il fut nommé passage d’Artois (c’était alors la dénomination de la rue Laffitte, dans laquelle il débouche). Depuis 1830, il a pris le nom de passage Laffitte (voir l’article suivant).

Laffitte (rue).

Commence au boulevart des Italiens, nos 10 et 12 ; finit à la rue Ollivier, nos 1 et 3. Le dernier impair est 45 ; le dernier pair, 56. Sa longueur est de 481 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

1re Partie comprise entre le boulevart et la rue de Provence. « Louis, etc… Notre amé et féal secrétaire Jean-Joseph de Laborde, propriétaire de son chef de terrains situés en notre bonne ville de Paris, entre la rue Neuve-Grange-Batellière et la Chaussée-d’Antin, et d’un autre bout sur l’égout d’entre le faubourg Montmartre et la d. Chaussée-d’Antin, et comme subrogé aux droits du sieur Bouret de Vezelay auquel la ville a concédé la propriété de la superficie du grand égout en toute sa largeur entre le pontceau de la Chaussée-d’Antin et la partie déjà voûtée du faubourg Montmartre, nous auroit fait exposer que les terrains dont il est propriétaire, sont devenus, par l’extension successive de la ville, propres à former des habitations aussi commodes qu’agréable et utiles, la proximité du quartier, la pureté de l’air et la promenade des remparts, y faisant désirer à nombre de citoyens d’y établir leur demeure ; mais que ces terrains n’étant traversés d’aucune rue et n’y ayant aucun débouché commode entre le faubourg Montmartre et la Chaussée-d’Antin, ils ne pourroient être divisés en portions de grandeur convenable à ceux qui voudroient en acquérir et y bâtir d’une manière proportionnée à leurs facultés et à leurs besoins, et qu’en concourront par le d. exposant à la décoration de la ville et à la commodité du public, il retireroit un plus grand avantage de ses terrains s’il nous plaisoit lui permettre d’ouvrir deux rues nouvelles, etc… à ces causes, etc. ; voulons et nous plaît ce qui suit : Article 1er. Il sera ouvert aux frais du sieur de Laborde deux rues de 30 pieds de large chacune, conformément à notre déclaration du 16 mai 1765, l’une qui sera nommée rue d’Artois, à travers ses terrains à prendre du rempart de la d. ville, en face de la nouvelle rue de Grammont et qui ira aboutir sur l’égout, et l’autre qui sera nommée rue de Provence sur le terrain du d. égout, à prendre de la Chaussée-d’Antin au faubourg Montmartre, etc. — Art. 2e L’ouverture des dites deux rues et le pavé d’icelles, pour la première fois étant établi aux frais du dit sieur de Laborde ou ayans causes, etc… Donné à Versailles, le 15e jour du mois de décembre, l’an de grâce 1770, et de notre règne le 56e. Signé Louis. » — Ces lettres-patentes furent registrées au parlement le 6 septembre 1771, et reçurent leur exécution au mois de décembre de la même année. En 1792 la rue d’Artois quitta cette dénomination pour prendre celle de rue Cérutti, en mémoire de Joseph-Antoine Cérutti, jésuite, né en Piémont le 13 juin 1738, mort à Paris le 3 février 1792, et qui fut membre de la commune de Paris et député à l’Assemblée législative. Son hôtel était situé dans la rue d’Artois, à l’encoignure du boulevart ; il a été démoli en 1839, et remplacé par la maison dorée, appelée ainsi en raison des dorures dont elle est ornée. — Une décision ministérielle, en date du 18 vendémiaire an VI, signée Letourneux, a maintenu la largeur assignée à cette voie publique par les lettres-patentes précitées. En vertu d’un arrêté préfectoral du 27 avril 1814, elle reprit la dénomination de rue d’Artois.

2e Partie comprise entre les rues de Provence et de la Victoire. — Une ordonnance royale du 30 juillet 1823, porte : « Article 1er. Le sieur Berchut est autorisé à ouvrir sur les terrains qui lui appartiennent une rue qui formera le prolongement de la rue d’Artois à Paris, sur une même largeur de 9 mètres 74 centimètres (30 pieds), etc… Art. 2e. Cette autorisation est accordée aux conditions exprimées dans la demande de l’impétrant et, en outre, à la charge par lui de se conformer aux lois est règlements sur la voirie de Paris, etc… » Cette ordonnance fut immédiatement exécutée. L’emplacement traversé par ce percement était occupé par l’hôtel Thélusson, vendu par le domaine de l’état au sieur Berchut.

3e Partie comprise entre les rues de la Victoire et Ollivier. — Elle a été formée en vertu d’une ordonnance royale du 21 juillet 1824, relative aux abords de l’église Notre-Dame-de-Lorette. Sa largeur est de 13 m. En 1830, la rue d’Artois prit dans toute son étendue la dénomination de rue Laffitte, en l’honneur de Jacques Laffitte, qui contribua si puissamment au succès de la révolution de juillet. M. Laffitte a été ministre des finances ; il est aujourd’hui député de la ville de Rouen.

Les constructions riveraines de la rue Laffitte ne sont pas soumises à retranchement. — Égout entre les rues de Provence et Ollivier. — Conduite d’eau dans toute l’étendue. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lagny (rue du Chemin-de-).

Commence à l’avenue des Ormeaux, nos 1 et 3 ; finit à la rue des Ormeaux, no  2. Pas de numéro. Sa longueur est de 28 m. — 8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Tracée à la fin du siècle dernier, cette rue tire son nom de sa proximité d’un chemin ainsi appelé et qui se dirige sur la petite ville de Lagny. — Un décret impérial du 14 mars 1808 autorisa la suppression de cette rue. Ce décret n’a pas été exécuté. Il n’existe pas d’alignement arrêté pour la rue du Chemin-de-Lagny, dont la largeur varie de 7 m. 40 c. à 11 m.

Laiterie (rue de la).

Située dans l’Enclos de la Trinité. — 6e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis.

C’était en 1790 la rue Saint-Pierre. Depuis 1793, on la nomme de la Laiterie. (Voir l’article Trinité, passages de la.)

Lamoignon (cour).

Située entre le quai de l’Horloge, no  45, et la cour Harlay, nos 6 et 7. Le dernier numéro est 39. — 11e arrondissement, quartier du Palais-de-Justice.

Cette cour a été formée, en 1671, sur l’emplacement du jardin de l’hôtel du Baillage. Elle est comprise dans l’enceinte du Palais-de-Justice, et doit son nom à Guillaume de Lamoignon, seigneur de Basville, nommé premier président au parlement de Paris en 1658, mort en 1677. Cette cour n’est point reconnue voie publique par l’administration. En vertu d’une ordonnance royale du 26 mai 1840, elle doit être supprimée pour faciliter l’agrandissement du Palais-de-Justice.

Lancry (rue).

Commence à la rue de Bondy, nos 46 et 48 ; finit à la rue des Marais, nos 23 et 25. Le dernier impair est 35 ; le dernier pair, 30. Sa longueur est de 262 m. — 5e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Martin.

« Louis, etc… Nous avons ordonné par ces présentes signées de notre main, ordonnons qu’il sera ouvert une rue dans la masse du terrain appartenant aux sieurs Lancry et Lollot, enfermée par la rue de Bondi et la ruelle Saint-Nicolas, à commencer du côté du boulevart, vers le milieu de cette masse entre la porte Saint-Martin et la rue du Temple, allant en ligne droite dans la dite ruelle Saint-Nicolas ; le tout aux frais des dits sieurs Lancry et Lollot ou de leurs représentans, lesquels seront tenus à cet effet de fournir tout le pavé et terrasse nécessaires ; voulons que la nouvelle rue soit fixée à trente pieds, conformément à la déclaration du 16 mai 1765, etc… Donné à Versailles, le 22e jour de novembre, l’an de grâce 1776, et de notre règne le 3e. Signé Louis, et scellées du grand sceau de cire jaune. » — Ces lettres-patentes, registrées au parlement le 12 mars 1777, furent immédiatement exécutées. À la fin de cette année, le sieur Lancry s’étant rendu acquéreur des terrains situés entre la ruelle Saint-Nicolas et la rue des Marais, prolongea sur cet emplacement la nouvelle rue autorisée par les lettres-patentes précitées. — Une décision ministérielle du 23 floréal an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Les propriétés riveraines sont presque toutes à l’alignement. Celles nos 23 et 25 devront reculer de 30 c. à 46 c. ; le surplus n’est soumis qu’à un léger redressement. — Égout entre les rues Neuve-Saint-Nicolas et des Marais. — Conduite d’eau depuis la rue de Bondy jusqu’à la rue Neuve-Saint-Nicolas. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Landry (rue Saint-).

Commence au quai Napoléon, nos 23 et 25 ; finit à la rue des Marmousets, nos 16 et 18. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 12. Sa longueur est de 80 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Elle était anciennement désignée sous le nom de Port Notre-Dame et de Port Saint-Landry. En 1267, plusieurs titres la nomment Terra ad Batellos. L’extrémité de cette rue vers la rivière s’appelait, en 1248, rue du Fumer. Sa dénomination actuelle lui vient de l’église Saint-Landry, dont nous parlerons à la fin du présent article. — Une décision ministérielle, en date du 26 prairial an XI, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. Cette dimension est portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 4 mars 1834. Les maisons nos 1, 3, 4, 6, 8, 10 et 12, sont alignées ; no  5, retranch. réduit, 2 m. 20 c. ; nos 7 et 9, ret. 5 m. 60 c. ; propriété sur le côté droit à l’angle du quai, ret. 70 c. — Égout entre le quai Napoléon et la rue Haute-des-Ursins. — Conduite d’eau depuis cette rue jusqu’à celle des Marmousets.

L’église Saint-Landry, qui a donné son nom à cette voie publique, exerça longtemps l’imagination des savants. Dulaure croit qu’une chapelle de Saint-Nicolas existait sur son emplacement vers la fin du VIIIe siècle. Dès le commencement du IXe, avant le siège de Paris par les Normands, les prêtres de Saint-Germain-le-Rond (Saint-Germain-l’Auxerrois), voulant préserver le corps de saint Landry des insultes des barbares, le transportèrent en la Cité, dans la chapelle de Saint-Nicolas, qui prit à cette occasion le nom de Saint-Landry qu’elle a toujours porté depuis. Le plus ancien titre qui fasse mention de cette église, est un acte de l’année 1160 ; on y trouve que le prêtre de Saint-Landry est appelé Jean. Dans les lettres de l’évêque, Maurice de Sully, de l’an 1171, on lit « Que Jean, prêtre de Saint-Landry, vendit une vigne située sur le territoire de Laas, moyennant 20 livres. » Les reliques de saint Landry étaient perdues ou enlevées, lorsqu’en 1408, Pierre d’Orgemont, évêque de Paris, donna quelques ossements qu’il tira de la châsse de ce Saint, conservée dans l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. — Pierre Broussel, conseiller au parlement, fut enterré dans l’église Saint-Landry, dont la suppression eut lieu en 1790. Devenue propriété nationale, elle fut vendue le 24 mai 1792. La maison no  1 occupe une partie de son emplacement.

Lanterne (rue de la).

Commence à la rue Saint-Bon, nos 7 et 9 ; finit à la rue des Arcis, nos 44 et 48. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 38 m. — 7e arrondissement, quartier des Arcis.

Dès 1250 on la connaissait sous le nom de ruelle Saint-Bon, en raison de la chapelle Saint-Bon qui se trouvait vis-à-vis de cette ruelle. En 1440, elle prit d’une enseigne la dénomination de rue de la Lanterne. — Une décision ministérielle du 1er messidor an XII, signée Chaptal, avait fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette largeur a été portée à 8 m. en vertu d’une ordonnance royale du 16 mai 1833. Les constructions riveraines sont soumises à un retranchement qui varie de 2 m. à 2 m. 70 c. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Lanterne (rue de la Vieille-).

Commence à la place du Châtelet, nos 2 et 4 ; finit à la rue de la Vieille-Place-aux-Veaux, nos 20 et 22. Pas de numéro impair ; un seul pair qui est 2. Sa longueur est de 30 m. — 7e arrondissement, quartier des Arcis.

Vers l’année 1300, c’était la rue de l’Escorcherie. En 1512 c’était la rue des Lessives ou de l’Ecorcherie. Elle était alors habitée par des bouchers et des blanchisseuses. Sa dénomination actuelle lui vient d’une enseigne. — Deux décisions ministérielles des 11 octobre 1806 et 21 juin 1817, ont fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. La maison no  2 est alignée. — Égout du côté de la rue Saint-Jérôme.

Lantier (rue Jean-).

Commence à la rue des Lavandières-Sainte-Opportune, nos 13 et 15 ; finit à la rue Bertin-Poirée, nos 10 et 14. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 80 m. — 4e arrondissement, quartier du Louvre.

Son véritable nom est Jean-Lointier, qu’elle devait à un riche habitant de cette rue. Elle est ainsi indiquée dans les actes des XIIIe et XIVe siècles. C’est la rue Philippe Lointier dans la liste des rues du XVe siècle. Le nom qu’elle porte aujourd’hui n’est qu’une altération du premier. — Une décision ministérielle du 12 fructidor an V, signée François de Neufchâteau, avait fixé à 6 m. la largeur de cette voie publique. Cette largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 9 décembre 1838. La maison no  1 est soumise à un retranchement qui varie de 4 m. 50 c. à 5 m. 30 c. ; celle no  3 devra reculer de 3 m. 50 c. ; celle no  5 est alignée. Sur le côté droit, la maison formant l’encoignure de la rue des Lavandières est alignée ; no  2, retranch. moyen 2 m. ; les autres constructions de ce côté devront reculer de 2 m. 40 c. à 3 m. 30 c. — Conduite d’eau entre les rues des Orfèvres et Bertin-Poirée. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lappe (rue Neuve-).

Commence à la rue de Charonne, nos 27 et 29 ; finit à la rue de la Roquette, nos 54 et 56. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 30. Sa longueur est de 252 m. — 8e arrondissement, quartier Popincourt.

Une ordonnance royale du 15 juillet 1829 contient les dispositions suivantes : — « Article 1er. Les sieurs Roard de Clichy et Duboc Taffinier sont autorisés à ouvrir sur leurs propriétés une rue de 10 m. de largeur, qui portera le nom de rue Neuve de Lappe, et servira de communication entre les rues de la Roquette et de Charonne. Cette autorisation est accordée à la charge par les impétrants : 1o de n’élever (eux ou leurs ayant-droit) les constructions riveraines de la nouvelle rue à plus de quinze mètres de hauteur, mesurées du niveau du pavé, jusqu’à l’entablement y compris attiques ou mansardes ; 2o d’établir à mesure des constructions des trottoirs en pierre dure, conformément aux prescriptions de l’administration ; 3o de supporter les frais de premier établissement du pavage et de l’éclairage, ainsi que ceux des travaux nécessaires pour faire concorder les pentes avec le système général d’écoulement des eaux souterraines. » — Ce percement a été immédiatement exécuté. Le nom de rue Neuve-Lappe lui fut donné en raison de sa proximité de la rue Lappe, qui porte aujourd’hui la dénomination de rue Louis-Philippe. (Voyez cet article). — Conduite d’eau.

Lard (impasse au).

Située dans la rue Lenoir-Saint-Honoré, entre les nos 1 et 3. Le seul impair est 1 ; le seul pair, 2. Sa longueur est de 9 m. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Dans cette impasse, qui fait la continuation de la rue au Lard, était située l’ancienne boucherie de Beauvais. — Une décision ministérielle, à la date du 24 juin 1817, a fixé la largeur de cette impasse à 8 m.

Les constructions du côté gauche devront reculer de 3 m. Celles du côté opposé ne sont pas soumises à retranchement.

Lard (rue au).

Commence à la rue de la Lingerie, nos 13 et 15 ; finit à la rue Lenoir, nos 2 et 4. Le dernier impair est 7 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 42 m. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Elle a été ainsi nommée parce qu’on y vendait du lard et de la charcuterie. — Une décision ministérielle du 24 juin 1817 fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. Dans sa séance du 10 janvier 1840, le conseil municipal a délibéré que la rue au Lard ne serait soumise à aucun alignement. La largeur actuelle de cette voie publique qui débouche sous une arcade dans la rue de la Lingerie, est de 5 m. à 5 m. 50 c. — Éclairage au gaz (compe Française).

Las-Cases (rue).

Commence à la rue de Bellechasse, nos 34 et 36 ; finit à la rue Casimir-Périer, no  7, et à la place de Bellechasse. Le dernier impair est 23 ; le dernier pair, 26. Sa longueur est de 200 m. — 10e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Germain.

Elle a été ouverte, en 1828, sur une partie des terrains dépendant du couvent des religieuses de Bellechasse, et dont la vente avait été effectuée par le domaine de l’État les 3, 4 et 9 juin de la même année. Cette voie publique est entièrement exécutée sur une largeur de 13 m. ; elle se prolonge comme impasse dans la rue Martignac. En 1830, elle a reçu le nom de rue Las-Cases. M. le comte de Las-Cases, dont le dévouement à l’empereur a été si honorable, est mort en 1842. (Voyez l’article de la rue de Bellechasse). — Portion d’égout du côté de la rue Casimir-Périer. — Conduite d’eau depuis cette rue jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe française).

Latour-Maubourg (boulevart).

Commence à l’avenue de Tourville, no  7 ; finit à l’avenue La Motte-Piquet, no  1. Pas de numéro impair ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 321 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Une ordonnance royale du 11 juillet 1827 porte ce qui suit : « Vu l’arrêté du gouvernement du 15 avril 1798 (26 germinal an VI), qui ordonne l’ouverture d’un boulevart sur le côté occidental de l’hôtel des militaires-invalides à Paris ; vu le décret du 25 mars 1811, qui a modifié les dispositions de cet arrêté, etc. ; vu la délibération du conseil municipal de Paris en date du 24 novembre 1826 ; notre conseil d’état entendu, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : Article 1er. Il sera ouvert sur le côté occidental de l’Hôtel royal des Invalides, à Paris, un nouveau boulevart, conformément au plan ci-annexé, depuis l’avenue Tourville jusqu’à celle de La Motte-Piquet. — Art. 2. Les frais de pavage et de plantation de ce boulevart seront supportés par la ville de Paris, etc. » — « Séance du 24 novembre 1826. Le conseil municipal émet le vœu que ce nouveau boulevart prenne le nom de Latour-Maubourg, comme un hommage dû au gouverneur actuel de l’hôtel royal des militaires-invalides ». (Extrait de la délibération). L’ordonnance précitée fut immédiatement exécutée. — En vertu d’une loi du 19 mars 1838, le ministre des finances, au nom de l’État, a été autorisé à céder gratuitement à la ville de Paris le boulevart Latour-Maubourg. La ville est tenue expressément de conserver les formes et dimensions actuelles de cette voie publique, dont la largeur est de 27 m. 50 c. —

Latran (enclos et passage Saint-Jean-de-).

Situés dans la place Cambray, no  4, et dans la rue Saint-Jean-de-Beauvais, nos 22 et 34. Le dernier numéro est 23. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Les croisades ont donné naissance aux hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, ainsi qu’aux frères de la milice du Temple. L’institution de ces deux ordres était cependant différente. Les Templiers, plutôt soldats que religieux, veillaient à la sûreté des chemins, et protégeaient, l’épée à la main, les pèlerins qui allaient visiter les saints lieux. Les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, depuis nommés chevaliers de Rhodes et enfin chevaliers de Malte, se rapprochaient davantage de l’état religieux ; ils s’engageaient, ainsi que leur premier nom nous l’indique, à loger et défrayer les pélerins. Quelques historiens ont prétendu que la maison des hospitaliers existait à Paris, dans le clos Bruneau, depuis 1130. Les raisonnements qu’ils ont pu fournir ont été combattus victorieusement par Jaillot, qui fixe, ainsi que Sauval, leur premier établissement à l’année 1171. Saint Jean était le patron des hospitaliers, leur chapelle principale ou commanderie en porta également le nom. Vers la fin du XVIe siècle, cet ordre, appelé jusqu’alors Saint-Jean-de-Jérusalem, prit le nom de Saint-Jean-de-Latran. « Ne faudrait-il pas voir dans ce changement de dénomination, dit M. Géraud dans son ouvrage ayant pour titre : Paris sous Philippe-le-Bel, un témoignage de reconnaissance pour le dix-neuvième concile de Latran, tenu en 1517, qui, en se séparant, vota une imposition de décimes pour soutenir la guerre que le grand-maître des hospitaliers, Villiers de l’Île-Adam, faisait aux infidèles. » La commanderie de Saint-Jean-de-Latran occupait un vaste emplacement. Le clos contenait le grand hôtel habité par le commandeur. Il avait été bâti sous le magister de Jacques de Souvré. On y voyait aussi plusieurs maisons mal construites, et qui bordaient une grande cour où logeaient toutes sortes d’artisans qui jouissaient des mêmes droits de franchise que les habitants de l’enclos du temple. Une immense tour carrée, à quatre étages, était destinée aux pèlerins et aux malades qui demandaient l’hospitalité. L’église, desservie par un chapelain de l’ordre de Malte, servait de paroisse à tous les habitants de Saint-Jean-de-Latran. Le commandeur jouissait dans cet enclos de la justice haute, moyenne et basse. La commanderie rapportait 12,000 livres de rente au titulaire. Le commandeur pourvu de ce bénéfice, avait de plus deux maisons d’agrément : l’une située dans la rue de Lourcine, l’autre dite la Tombe-Isoire, au-dehors de la barrière Saint-Jacques. L’ordre de Saint-Jean-de-Latran fut supprimé en 1790. L’enclos et les maisons qui en dépendaient devinrent propriétés nationales. Une faible partie fut vendue le 11 thermidor an V, et tout l’enclos fut aliéné en 7 lots le 9 pluviôse an VI. L’église a été démolie vers 1824.

Latran (rue Saint-Jean-de-).

Commence aux rues Saint-Jean-de-Beauvais, no  40, et Fromentel, no  2 ; finit à la place Cambray, nos 1 et 2. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 55 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

En 1175, cette voie publique se nommait rue de l’Hôpital, en raison des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, nommés depuis Saint-Jean-de-Latran, qui s’y étaient établis vers 1171. En 1370, c’était la rue Saint-Jean-de-l’Hôpital ou Saint-Jean-de-Jérusalem, et en dernier lieu Saint-Jean-de-Latran. Elle se prolongeait anciennement sous cette dénomination jusqu’à la rue Saint-Jacques. — Un arrêt du conseil du 7 septembre 1688 ordonna l’élargissement de la rue Saint-Jean-de-Latran. Cette amélioration ne fut exécutée qu’en 1715, en vertu d’un second arrêt dont nous donnons ici un extrait : « Le roy en son conseil a ordonné et ordonne que l’arrêt du conseil du 7 septembre 1688, et le contrat fait entre les prévôt des marchands et échevins et les supérieurs et boursiers du collége de Tréguier et de celui de Kérambert, ensemble le plan y mentionné seront exécutez selon leur forme et teneur, et en conséquence, que par les dits prévôt des marchands et les échevins, il sera passé contrat de constitution aux supérieur, visiteur, réformateur et correcteur du collége de Tréguier uny au collége royal de France et aux boursiers du dit collége et de celui de Kérambert, de 220 livres de rente au denier 25, au principal de 5,500 livres sur les droits attribuez des octrois, pour le prix de 27 toises, ou environ de place qu’il convient de retrancher des maisons du dit collége, pour l’élargissement de la rue Saint-Jean-de-Latran, lequel retranchement sera fait quant à présent par une clôture de planches, conformément au dit plan et au contrat. Fait au conseil d’état du roy, tenu à Versailles, le 2e jour de février 1715. Signé Louis. » (Bureau de la ville, reg. H, no  1846, fo 181.) — La partie de la rue Saint-Jean-de-Latran, qui fut élargie en vertu de cet arrêt, est connue aujourd’hui sous le nom de place Cambray. Nous n’avons mentionné cet acte que pour indiquer l’état ancien de la rue Saint-Jean-de-Latran. Quant aux colléges de Tréguier et de Kérambert, cités dans le document qui précède, nous en avons tracé l’origine à l’article du collége de France, qui occupe aujourd’hui la plus grande partie de leur emplacement. — Une décision ministérielle du 13 fructidor an VIII, signée L. Bonaparte, a fixé la moindre largeur de la rue Saint-Jean-de-Latran à 9 m. Les maisons nos 6 et 8 sont à l’alignement. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Laurent (église Saint-).

Située place de la Fidélité. — 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

L’origine et la position de cette église ont soulevé de nombreuses discussions. Elle existait au VIe siècle, si l’on admet le témoignagne de Grégoire de Tours, lorsqu’il en parle dans le cours d’un récit qu’il nous a laissé, sur un débordement de la Seine et de la Marne, arrivé en 583. On convient assez généralement que l’église Saint-Laurent était située dans le faubourg Saint-Denis, et qu’elle occupait dans les premiers temps l’emplacement actuel de la maison Saint-Lazare. Les historiens affirment également que le cimetière de cette église était situé à droite de la route de Saint-Denis et que, dans la suite, on y éleva une seconde église dédiée aussi à Saint-Laurent. Cette opinion est appuyée par une découverte qui eut lieu au commencement du XVIIIe siècle. Nicolas Gobillon faisant exécuter des réparations derrière la seconde église, les ouvriers déterrèrent plusieurs cercueils dans lesquels on trouva des corps dont les vêtements noirs étaient semblables à ceux des moines ; ces corps tombèrent en poussière dès qu’on les exposa au grand air. On pensa que ces tombeaux pouvaient avoir neuf cents ans d’antiquité. L’église Saint-Laurent, érigée en paroisse vers l’année 1180, fut rebâtie et dédiée le 19 juin 1429, par Jacques de Chastellier, évêque de Paris. On l’augmenta encore en 1548 ; enfin, on la rebâtit presque entièrement, en 1595, au moyen des aumônes et charités des bourgeois de Paris. La construction du grand portail ne date que de 1622. L’église Saint-Laurent, qui portait en 1793 le nom de Temple de l’Hymen et de la Fidélité, est maintenant la Paroisse du 5e arrondissement.

Laurent (marché Saint-).

Situé entre les rues Saint-Laurent et Neuve-Chabrol. — 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

Il a été construit en 1836, sur une partie de l’ancienne foire Saint-Laurent dont nous rappelons l’origine. — Louis-le-Gros avait accordé à la léproserie de Saint-Lazare le droit de foire. Ce droit fut confirmé par Louis-le-Jeune. En 1181, Philippe-Auguste acheta cette foire et la transféra aux halles, dans le territoire de Champeaux. Ce roi, dans l’acte d’acquisition, accorda à Saint-Lazare un jour de foire dans le local de Saint-Laurent. Dans la suite, la durée de cette dernière foire fut augmentée ; au lieu d’un jour elle en eut huit, puis quinze. Les prêtres de la Mission, qui prirent la place des religieux de Saint-Lazare, obtinrent au mois d’octobre 1661 des lettres-patentes, qui les confirmèrent dans la possession de cette foire et dans tous les droits et privilèges qui y étaient attachés. Ces religieux consacrèrent à cet objet un emplacement de cinq arpents entourés de murs, où ils firent construire des boutiques et ouvrir des rues bordées d’arbres. Cette foire durait trois mois, depuis le 1er juillet jusqu’au 30 septembre. Abandonnée en 1775, cette foire fut rétablie le 17 août 1778, eut la vogue pendant quelques années, puis fut supprimée vers 1789. Le terrain qu’elle occupait resta vague jusqu’en 1826. À cette époque, madame la baronne de Bellecôte, propriétaire de cet emplacement, fit ouvrir, sans autorisation, deux rues qui portent aujourd’hui les noms de Neuve-Chabrol et du Marché-Saint-Laurent. En 1835, on commença la construction d’un marché de comestibles d’après les dessins de M. Philippon, architecte. Cet établissement, qui se compose d’un corps de halle de 43 m. 35 c. de longueur sur 14 m. 25 c. de largeur, a été inauguré le 9 août 1836.

Laurent (rue du Marché-Saint-).

Commence à la rue Saint-Laurent, no  24 ; finit à la rue Neuve-Chabrol, no  11. Le dernier impair est 9 ; pas de numéro pair : ce côté est borde par le marché. Sa longueur est de 68 m. — 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

Formée sans autorisation en 1826 sur les terrains appartenant à Madame la baronne de Bellecôte, et qui provenaient de l’ancienne foire Saint-Laurent, cette rue qui a 12 m. environ de largeur, n’est point reconnue voie publique par l’administration. (Voyez l’article qui précède).

Laurent (rue Neuve-Saint-).

Commence à la rue du Temple, nos 111 et 113 ; finit aux rues de la Croix, no  20, et du Pont-aux-Biches, no  2. Le dernier impair est 33 ; le dernier pair, 34. Sa longueur est de 224 m. — 6e arrondissement, quartier Saint-Martin-des-Champs.

Ouverte sur la culture Saint-Martin, elle en portait le nom au commencement du XVe siècle. En 1546 on la nommait rue Neuve-Saint-Laurent dite du Vertbois ; sans doute parce qu’elle fait le prolongement de cette dernière voie publique. — Une décision ministérielle du 19 germinal an VIII, signée L. Bonaparte, avait fixé la largeur de la rue Neuve-Saint-Laurent à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 23 janvier 1828, cette largeur a été portée, savoir : depuis la rue du Temple jusqu’à la rue Sainte-Élisabeth à 11 m., et depuis cette dernière jusqu’aux rues de la Croix et du Pont-aux-Biches à 10 m. Propriétés de 1 à 7, retranch. 3 m. à 3 m. 80 c. ; encoignure gauche de la rue Sainte-Élisabeth, alignée ; 11 et 13, ret. 3 m. 20 c. environ ; dépendances des Madelonnettes, alignées ; le surplus de ce côté ret. 2 m. 30 c. à 2 m. 80 c. De 2 à 6, ret. 90 c. à 2 m. 20 c. ; 8, 8 bis et 8 ter, alignées ; de 10 à 14, ret. 30 c. au plus ; 16, alignée ; de 18 à 32, ret. 45 c. à 1 m. 35 c. ; 34, alignée. Maison à l’encoignure de la rue du Pont-aux-Biches, ret. 1 m. 50 c. — Conduite d’eau entre les rues du Temple et Sainte-Élisabeth. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Laurent (rue Saint-).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Martin, nos 133 et 135 ; finit à la rue du Faubourg-Saint-Denis, nos 112 et 114. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 32. Sa longueur est de 209 m. — 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

Ce n’était qu’une ruelle en 1652. Au commencement du XVIIIe siècle, des habitations s’élevèrent dans cette rue qui tire son nom de l’église Saint-Laurent dont elle est voisine. — Une décision ministérielle du 7 juin 1808, signée Cretet, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Les propriétés nos 15, 17, 4 et 10, le marché et la maison no  32 et celle qui fait l’encoignure de la rue du Faubourg-Saint-Denis ne sont pas soumis à retranchement. Celles no  13 et 6 ne devront subir qu’un léger redressement. — Conduite d’eau.

Laurette (passage).

Commence à la rue de l’Ouest, nos 48 et 50 ; finit à la rue Notre-Dame-des-Champs, nos 51 et 53. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 6. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Il a été ouvert en 1800 par Me Guerinet, notaire, sur des terrains qu’il avait acquis de Hus-Leliévre, apothicaire de Louis XVI. Ce passage doit son nom à Laurette Delatte, femme Guerinet. — Un arrêté préfectoral du 7 décembre 1840 a prescrit l’établissement de clôtures aux deux extrémités de ce passage qui a 12 m. de largeur.

Laval (rue).

Commence à la rue des Martyrs, nos 59 et 61 ; finit à la rue Pigalle, nos 26 et 28. Le dernier impair est 33 ; le dernier pair 26. Sa longueur est de 306 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

Elle a été ouverte en 1777 sous le nom de Ferrand. — Une décision ministérielle du 28 janvier 1817 fixa la largeur de cette voie publique à 9 m. 23 c. En vertu d’une ordonnance royale du 1er juillet 1834, cette dimension est portée à 10 m. Toutes les propriétés du côté des numéros impairs, et celles nos 16, 18, 22 et 26 sont à l’alignement. — L’aqueduc de ceinture passe sous cette rue. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lavandières-Place-Maubert (rue des).

Commence à la place Maubert, no  18, et à la rue Galande, no  1 ; finit à la rue des Noyers, nos 16 et 18. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 77 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Elle était bordée de constructions vers 1230. Sa dénomination lui vient des lavandières ou blanchisseuses, que le voisinage de la rivière avait attirées en cet endroit. — Une décision ministérielle du 8 nivôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Les maisons nos 4, 6, 8, 10 et 12 sont alignées. — Conduite d’eau depuis la rue des Noyers jusqu’à la borne-fontaine.

Lavandières-Sainte-Opportune (rue des).

Commence à la rue Saint-Germain-l’Auxerrois, nos 34 et 36 ; finit aux rues des Fourreurs, no  1, et de la Tabletterie, no  17. Le dernier impair est 41 ; le dernier pair, 32. Sa longueur est de 187 m. — 4e arrondissement, de 1 à 17 et de 2 à 16, quartier du Louvre ; de 18 à la fin, quartier des Marchés ; de 19 à la fin, quartier Saint-Honoré.

Elle était entièrement construite en 1244 (même étymologie que la rue qui précède). — Une décision ministérielle du 12 fructidor an V, signée François de Neufchâteau, avait fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Cette largeur a été portée à 12 m., en vertu d’une ordonnance royale du 16 mai 1836. Les maisons nos 1 et 15 sont alignées ; celles du côté des numéros pairs devront subir un retranchement considérable. — Égout entre les rues Jean-Lantier et de la Tabletterie. — Conduite d’eau depuis la rue du Chevalier-du-Guet jusqu’à celle du Plat-d’Étain. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lavoisier (rue).

Commence à la rue d’Anjou-Saint-Honoré, nos 39 et 39 bis ; finit à la rue d’Astorg, nos 22 et 28. Le dernier impair est 23 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 210 m. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Une ordonnance royale du 22 janvier 1840 porte ce qui suit : « Le sieur Léon de Chazelles est autorisé à ouvrir à ses frais sur des terrains qui lui appartiennent dans la ville de Paris, deux rues destinées à communiquer, l’une de la rue d’Anjou à la rue d’Astorg, l’autre à celle de la Pépinière. Les alignements de ces deux voies publiques sont arrêtés suivant le tracé des lignes noires sur les plans, et conformément aux procès-verbaux des points de repère, d’après lesquels la largeur de l’une est fixée à 12 m., et celle de la seconde à 15 m. chacune dans tout son parcours. — Art. 2e. L’autorisation ci-dessus accordée ne profitera audit sieur de Chazelles qu’à la charge par lui de remplir les clauses et conditions insérées dans la délibération du conseil municipal de Paris du 16 août 1839, entr’autres d’abandonner gratuitement à cette ville la portion de terrain indiquée dans cette délibération, et de plus, à la condition de donner un écoulement souterrain à l’eau des ruisseaux qui seront placés sur les côtés de la chaussée, etc… Donné au palais des Tuileries, le 22 janvier 1840, signé Louis-Philippe. » M. Léon de Chazelles, sans attendre cette autorisation, avait fait percer en 1838 les deux rues dont il s’agit. Celle qui fait l’objet du présent article a reçu, en vertu d’une décision du roi à la date du 29 avril 1840, le nom de rue Lavoisier. Antoine-Laurent Lavoisier, célèbre chimiste, naquit à Paris le 16 août 1743. Il avait à peine 23 ans, lorsqu’il remporta le prix proposé par l’académie des sciences, sur le meilleur mode d’éclairage à donner à la ville de Paris. En 1769, Lavoisier obtint la place de fermier général, et fit paraître en 1789 son Traité élémentaire de Chimie. Traduit au tribunal révolutionnaire avec les autres fermiers-généraux, Lavoisier fut condamné à mort. Plus soucieux de la science que de sa vie, il réclama vainement quelques jours de délai pour terminer les expériences qu’il continuait au fond de son cachot. On lui fit réponse que la république pouvait se passer de savants, et le 8 mai 1794, la tête de Lavoisier tomba sur l’échafaud.

Les constructions riveraines de la rue Lavoisier sont alignées. — Portion d’égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lavrillière (rue de).

Commence à la rue Croix-des-Petits-Champs, no  53 ; finit aux rues Neuve-des-Bons-Enfants, et de la Feuillade, no  5. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 112 m. — 4e arrondissement, quartier de la Banque.

Cette voie publique faisait anciennement partie de la rue Neuve-des-Petits-Champs. Elle doit son nom au secrétaire d’état Phélypeaux de Lavrillière, comte de Saint-Florentin, qui fit bâtir un superbe hôtel occupé aujourd’hui par la Banque de France. — Une décision ministérielle du 1er août 1821, et une ordonnance royale du 23 juillet 1828, ont fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Les constructions du côté des numéros impairs sont alignées ; celles du côté des numéros pairs ne sont soumises qu’à un retranchement de 50 c. — Conduite d’eau depuis l’entrée de la Banque jusqu’à la rue Neuve-des-Bons-Enfants. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lazare (maison Saint-).

Située dans la rue du Faubourg-Saint-Denis, no  117. — 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière.

On ignore l’origine de la maison Saint-Lazare ; le plus ancien titre qui mentionne cet établissement est de l’année 1110. C’était un hôpital de pauvres lépreux, sous l’invocation de Saint-Ladre ou Saint-Lazare. Pour soutenir cette maladrerie, le roi Louis-le-Gros établit en sa faveur une foire dont elle touchait les revenus. Louis VII, avant son départ pour la croisade, visita cette léproserie et y laissa des marques de sa libéralité. La foire Saint-Lazare qui avait été donnée à cet hôpital, durait huit jours et se tenait sur le chemin qui de Saint-Denis conduit à Paris. Philippe-Auguste l’acheta en 1183, et la transféra dans la capitale, au lieu dit les Champeaux. Plusieurs historiens ont pensé que l’abbaye Saint-Laurent ayant été abandonnée, l’évêque de Paris y établit plus tard une léproserie. On sait que, dans le moyen-âge, tous les établissements avaient un caractère religieux ; dans la suite cette léproserie, qui avait une chapelle particulière dédiée à saint-Ladre, prit le nom de ce patron. Ainsi que nous l’apprend Jaillot, cette maison n’était point une communauté religieuse. Dans deux arrêts du parlement, le maître de Saint-Lazare n’est appelé que le prétendu prieur du soit disant prieuré Saint-Lazare. L’évêque avait seul le droit de nommer le prieur ou plutôt le chef, le régisseur de la maison. Le prélat avait en outre la faculté de le suspendre, de visiter la maison, et d’en modifier les règlements. L’évêque de Paris, vers 1515, introduisit les chanoines réguliers de Saint-Victor dans la maison Saint-Lazare ; l’administration de ces chanoines ne fut pas, à ce qu’il paraît, exempte de reproches. Un arrêt du parlement du 9 février 1566, ordonna que le tiers des revenus de Saint-Lazare serait employé à la nourriture et entretènement des pauvres lépreux. Les désordres continuèrent dans la gestion de cet établissement. En 1632, Adrien Lebon, principal, offrit sa maison à l’illustre Vincent-de-Paul, instituteur des prêtres de la Mission ; ces religieux s’installèrent à Saint-Lazare, en vertu d’un décret d’union donné par l’archevêque de Paris. Le principal emploi de cette congrégation était de travailler à l’instruction des pauvres habitants des campagnes qui n’avaient ni évêché ni présidial. Dans l’enclos Saint-Lazare, le plus vaste qu’il y eût dans Paris, se trouvait un bâtiment appelé le logis du roi. Ordinairement les rois et les reines s’y rendaient pour recevoir le serment de fidélité des habitants de Paris avant de faire leur entrée dans cette ville. Les dépouilles mortelles des rois de France étaient déposées pendant quelques heures dans la maison Saint-Lazare, et tous les prélats du royaume allaient jeter de l’eau bénite sur ces restes que les caveaux de Saint-Denis devaient renfermer. Vers la fin du XVIIe siècle, cet établissement tombait en ruines ; les prêtres de la Mission songèrent à le reconstruire. Ils firent élever, de 1681 à 1684, les vastes bâtiments qui existent encore aujourd’hui ; l’église qui avait été réparée au commencement du XVIIe siècle fut conservée. — Le 14 juillet 1789, Saint-Lazare fut pillé, incendié par une troupe de malfaiteurs ; la milice parisienne, instituée le même jour, vint heureusement arrêter les progrès de la dévastation. En 1793, cet établissement fut converti en prison, on y renferma plus de douze cents personnes. Nougaret, qui écrivait pendant la révolution, nous donne quelques détails sur cette prison. « Une chose assez comique, dit-il, c’était les écrous. Ici on lisait : Vivian, perruquier, prévenu d’imbécillité et de peu de civisme (ce malheureux est resté un an au secret). Dans les derniers temps Hermeau, président des commissions populaires, venait faire un travail sur les listes qui lui étaient présentées. C’était Verner qui était directeur général des interrogatoires qu’on faisait subir aux prisonniers. On leur demandait : « As-tu voté pour Raffet ou pour Henrion ? as-tu dit du mal de Robespierre ou du tribunal révolutionnaire ? combien as-tu dénoncé de modérés, de nobles, ou de prêtres dans la section ? » Voilà quel était le cercle ordinaire des demandes qui, au surplus, ne se faisaient que pour la forme ; car une fois les listes arrêtées, ceux qui y étaient signalés avec la croix fatale étaient bien sûrs d’être égorgés. » — Un des prisonniers qui ont excité le plus d’intérêt est Roucher, l’auteur des Mois ; il passait le temps à former la jeunesse d’un de ses enfants nommé Émile, et cette occupation charmait les ennuis de sa captivité. Le jour qu’il reçut son acte d’accusation, il prévit bien le triste sort qui l’attendait ; il renvoya son fils à qui il donna son portrait pour le remettre à son épouse. Cet envoi était accompagné du quatrain suivant adressé à sa femme et à ses enfants :

« Ne vous étonnez pas, objets charmants et doux,
» Si quelqu’air de tristesse obscurcit mon visage ;
» Lorsqu’un savant crayon dessinait cette image,
» On dressait l’échafaud, et je pensais à vous. »

André Chénier fut également enfermé à Saint-Lazare et n’en sortit que pour monter sur l’échafaud.

Cet établissement est aujourd’hui affecté aux femmes prévenues de délits ou de crimes, ainsi qu’aux filles publiques. La population annuelle de cette prison s’élève à huit ou neuf cents. — L’ancienne église Saint-Lazare qui depuis la révolution servait de succursale à la paroisse Saint-Laurent, a été démolie en 1823 ; on a construit ensuite une chapelle et une infirmerie. Dans ces dernières années, cet établissement a été augmenté au moyen de plusieurs acquisitions, entr’autres d’une propriété portant le no 113 sur la rue du Faubourg-Saint-Denis et appartenant aux hospices (voir l’article prison des Jeunes-Détenus) et de terrains provenant du comte Charpentier. Ordinairement la dépense concernant les prisons est acquittée sur les fonds départementaux, mais ces fonds s’étant trouvés insuffisants, la ville de Paris a contribué aux travaux des bâtiments-Saint Lazare pour une somme de 283,199 fr. 18 c.

Lazare (rue Saint-).

Commence aux rues Bourdaloue, no 7, et Notre-Dame-de-Lorette, no 1 ; finit aux rues de l’Arcade, no 40, et du Rocher, no 2. Le dernier impair est 139 ; le dernier pair, 148. Sa longueur est de 1,080 m. — De 1 à 79 et de 2 à 78, 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin ; de 81 à la fin, 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme ; de 80 à la fin, 1er arrondissement, quartier du Roule.

Vers 1700, on la nommait rue des Porcherons. Elle était aussi appelée rue d’Argenteuil, parce qu’elle conduisait à ce village. En 1734, cette voie publique n’était encore bordée que de rares constructions. En 1770, elle reçut la dénomination de rue Saint-Lazare, en raison de sa direction vers la maison Saint-Lazare. — Une décision ministérielle du 12 fructidor an V, signée François de Neufchâteau, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. Cette moindre largeur est portée 11 m. en vertu d’une ordonnance royale du 3 août 1838. Le numérotage de la rue Saint-Lazare a été régularisé conformément à un arrêté préfectoral du 29 mars 1841.

Une ordonnance royale du 3 septembre 1843 a déclaré d’utilité publique l’élargissement à 20 m. de la rue Saint-Lazare, au droit des propriétés nos 115, 117, 119 et 121 (voyez l’article de la rue du Havre). Cette importante amélioration sera prochainement exécutée. — Les propriétés ci-après ne sont pas soumises à retranchement : nos 9, 13, 21, de 27 à 37 inclus, encoignure gauche de la rue des Trois-Frères, de 43 à 55 inclus, de 81 à 105 inclus, 109, 113, 129, 131, 133 ; de 2 à 10 inclus, 22, 54, 56, 58, partie du no  60, 62, 70, de 80 à 144 inclus et 148. — Égout et conduite d’eau dans une grande partie de la rue. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lazary (théâtre).

Situé sur le boulevart du Temple, no  58. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

C’était autrefois un théâtre de marionnettes. Depuis 1830, on y représente des vaudevilles et des petits drames.

Leclerc (rue).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Jacques, no  38, et à l’impasse Longue-Avoine ; finit au boulevart Saint-Jacques, no  10. Le seul impair est 1 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 93 m. — 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

Tracée à la fin du dernier siècle, cette rue doit vraisemblablement son nom à un propriétaire. — Une décision ministérielle du 6 pluviôse an XI, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 19 juillet 1840, cette largeur est portée à 12 m. Les constructions du côté gauche sont alignées, sauf redressement ; celles du côté opposé devront subir un retranchement de 2 m.

Légion-d’Honneur (palais de la).

Situé dans la rue de Lille, no  70. — 10e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Germain.

Bâti en 1786, par Rousseau, architecte, pour le prince de Salm, il porta le nom d’hôtel de Salm. Napoléon ayant fondé la Légion-d’Honneur, le 29 floréal an X (19 mai 1802), le centre de cette administration fut placé à l’hôtel de Salm, qui prit alors le nom de Palais de la Légion-d’Honneur.

D’après l’état des membres de la Légion-d’Honneur, joint au budget de 1844, voici le nombre des personnes décorées à l’époque du 1er janvier 1843 :

Grand’Croix 89 dont 7 sans traitement
Grands-Officiers 221 43
Commandeurs 804 235
Officiers 4,531 2,185
Chevaliers 44,610 25,702

50,255 membres de l’Ordre, dont 22,083 sont rétribués, et 28,172 ne le sont pas.

Sur les 82 grand’croix payés, 5 touchent le traitement de 20,000 fr., 1 touche 15,000 fr., 35 reçoivent 5,000 fr., 24 touchent 2,000 fr., 12 touchent 1,000 fr., et 5 touchent 250 fr. ; c’est-à-dire que la plupart sont payés comme grands-officiers, commandeurs, officiers et chevaliers seulement.

Des 178 grands-officiers, 64 touchent 5,000 fr. (traitement fixé par les statuts de l’Empire), 80 reçoivent 1,000 fr., et 33 touchent 250 fr.

Des 2,185 officiers payés, 700 touchent 1,000 fr., et le reste 250 fr.

Des 18,908 chevaliers payés, 1 reçoit 1,500 fr., comme le plus ancien chevalier de l’ordre, et tous les autres touchent le traitement constitutif de 250 fr.

Enfin, les légionnaires sont portés au budget de 1844 pour la somme de 7,337,698 fr.

Ce tableau, comparé à la population actuelle de la France, déduction faite des femmes et des enfants, on trouve que les 50,000 légionnaires représentent 1 décoré sur 350 hommes faits ou vieillards.

Lemoine (passage).

Commence à la rue Saint-Denis, no  380 ; finit au passage de la Longue-Allée, no  2. — 6e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Denis.

C’était anciennement la rue du Houssaie ; elle devait ce nom à Étienne Houssaie, qui y fit, en 1658, l’acquisition d’une maison dite la Longue-Allée. Elle prit ensuite le nom de passage de la Longue-Allée. M. Lemoine, qui en devint propriétaire, lui donna son nom.

Lemoine (rue du cardinal).

Commence à la rue des Fossés-Saint-Bernard ; finit à la rue de Poissy. Pas de numéro. Sa longueur est de 179 m. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

« Le roy estant informé par les prevost des marchands et eschevins de sa bonne ville de Paris, qu’en exécution des arrests du conseil de sa majesté, ils faisoient travailler à l’ouverture et élargissement de la rue des Nonnaindières et à former le terre-plein qui doit estre en face des aisles du Pont-Marie, et vers l’hostel de Sens pour la communication de l’île Nostre-Dame au quartier Saint-Antoine et Marais-du-Temple par la place Royalle, et que pour la plus grande commodité publique et décoration de la ville, on pourroit faire ouverture d’une rue nouvelle au bout du pont de la Tournelle sur le quay, qui communiquerait à travers les chantiers et anciens ramparts de la ville aux quartiers Saint-Victor et Saint-Marceau, par la nouvelle rue des Fossés-des-Angloises, qui se rencontrant de droite ligne au dit pont de la Tournelle, aligneront pareillement la rue des Nonnaindières jusques à la rue Saint-Antoine, en indemnisant les propriétaires des maisons qu’il conviendroit démolir à cet effet, tant des deniers patrimoniaux de la ville que de ceux qui proviendroient des contributions qui seront faites par les propriétaires des maisons du quai de la Tournelle, à proportion de l’avantage qu’ils recevroient de l’ouverture de cette rue. Sa majesté auroit eu ce dessein agréable, et voulant qu’il soit exécuté, sa majesté estant en son conseil a ordonné et ordonne que la dite rue sera ouverte à travers les héritages, chantiers et marais estant vis-à-vis le pont de la Tournelle, et qu’à cet effet les maisons marquées sur le plan que les prevost des marchands et eschevins en ont fait lever par ses ordres seront démolies, etc… Fait au conseil d’état du roy, le 8 novembre 1687. » — Cet arrêt ne fut pas exécuté.

Une ordonnance royale du 7 juillet 1824 porte ce qui suit : « Vu les plans et procès-verbaux d’alignement des rues à former sur l’emplacement de l’ancien collége du cardinal Lemoine à Paris ; vu les contrats domaniaux des 18 frimaire an V, 9 brumaire an IX et 13 germinal an XIII, portant vente de cet emplacement, à charge par les acquéreurs de fournir le terrain nécessaire à l’ouverture des rues dont il s’agit, etc… ; nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : — Article 1er. Les alignements des trois rues à former sur l’emplacement de l’ancien collége du cardinal Lemoine à Paris, sont arrêtés conformément aux lignes noires tracées sur les plans ci-joints, et qui donnent à chacune des deux rues 12 m. de largeur. — Art. 2e. Elles seront ouvertes, quant à présent, sur les terrains qui devront être livrés gratuitement à la ville ; quant à celle de ces trois rues désignée sous le nom de rue du Cardinal Lemoine, et qui exigera des acquisitions de propriétés particulières, il sera pourvu à son achèvement, soit par mesure de voirie, soit en traitant de gré à gré avec les propriétaires des bâtiments à acquérir, soit en procédant, s’il y a lieu, à l’expropriation suivant les formes prescrites par la loi du 8 mars 1810. » — Des trois rues dont l’ouverture a été prescrite par cette ordonnance, une seule a été exécutée. Cette rue a 12 m. de largeur, et n’est pas entièrement bordée de constructions. Elle est fermée depuis 1838.

Collége du cardinal Lemoine. — La voie publique dont nous venons de parler ayant été ouverte sur l’emplacement de ce collége, nous allons rappeler ici son origine. Il fut fondé par Jean Lemoine, cardinal, qui vint en France en qualité de légat pour terminer la fameuse querelle qui s’était élevée entre Boniface VIII et Philippe-le-Bel. Le cardinal, pour établir son collége, fit choix de l’emplacement autrefois occupé par les Augustins et donna, dans les années 1302 et 1308, des règlements dans lesquels il désignait ainsi ceux qui habitaient cet établissement : les pauvres maîtres et écoliers de la maisons du Chardonnet.

Jean Lemoine mourut en 1313 ; son corps fut transporté dans la chapelle du collége qu’il avait fondé. Les parents du cardinal augmentèrent par de nouveaux bienfaits les revenus et le nombre des boursiers de ce collége. Un des descendants de Jean Lemoine établit, en mémoire du fondateur, une fête annuelle qu’on nomma la Solennité du cardinal Lemoine. La cérémonie avait lieu le 13 janvier. Un familier du collége jouait pendant la fête le personnage du cardinal. Revêtu d’habits pontificaux, il le représentait à l’église et à table, et recevait avec gravité les compliments en vers et en prose que lui adressaient humblement les élèves.

Les comédiens de l’hôtel de Bourgogne assistaient à la célébration d’une messe solennelle en exécutant des morceaux de musique et de chant en l’honneur du cardinal. C’était un tribut de reconnaissance que ces artistes acquittaient pour les bienfaits que leur théâtre avait reçus de la famille du prélat, qui possédait dans leur salle une loge longtemps appelée loge du cardinal Lemoine. — Trois hommes célèbres, Turnèbe, Buchanan et Muret ont étudié dans ce collége, dont les bâtiments furent réparés vers 1757. Cet établissement, qui occupait une superficie de 4,160 m. environ, fut supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu le 21 messidor an V, à la condition suivante : « Que l’adjudicataire serait tenu de subir le retranchement pour le percement et l’alignement des rues projetées, sans avoir à prétendre pour raison de ce aucune indemnité contre la république vengeresse. » — Cette clause a été exécutée en partie par suite de l’ouverture de la rue du Cardinal-Lemoine.

Lenoir-Saint-Antoine (rue).

Commence à la place du Marché-Beauveau, nos 10 et 11 ; finit à la rue du Faubourg-Saint-Antoine, nos 152 et 154. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 158 m. — 8e arrondissement, quartier des Quinze-Vingts.

Elle a été ouverte en décembre 1778, sur les dépendances de l’abbaye Saint-Antoine-des-Champs. Les lettres-patentes qui autorisent ce percement sont à la date du 17 février 1777 ; elles furent registrées au parlement le 24 août de la même année. Cette voie publique, dont la largeur avait été fixée à 44 pieds, ne fut exécutée que sur une dimension de 13 m. 50 c., maintenue par une décision ministérielle du 17 brumaire an XII, signée Chaptal. Les constructions riveraines sont alignées. — Conduite d’eau.

Nicolas Lenoir, architecte, surnommé le Romarin, naquit en 1726, et mourut le 30 juin 1810. Le marché Beauveau a été construit sur les dessins de cet artiste.

Lenoir-Saint-Honoré (rue).

Commence à la rue Saint-Honoré, nos 14 et 16 ; finit à la rue de la Poterie, nos 11 et 13. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 38 m. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Elle a été ouverte en 1787. La partie qui s’étend de la rue au Lard à celle de la Poterie, n’était anciennement qu’un petit passage qu’on nommait de l’Échaudé. — Une décision ministérielle du 24 juin 1817 et une ordonnance royale du 29 avril 1839, ont fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Propriété no  1, retranch. 70 c. à 1 m. 50 c. ; no  3, ret. 60 c. ; no  2, alignée ; no  4, ret. 1 m. 30 c. à 2 m. 30 c. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

Jean-Charles-Pierre Lenoir, né à Paris en 1732, mort en 1807, fut successivement conseiller au Châtelet, lieutenant-criminel, maître des requêtes, lieutenant-général de police, conseiller d’état, bibliothécaire du roi et président de la commission des finances. Dans toutes ses fonctions et principalement dans celle de lieutenant-général de police, Lenoir montra un désintéressement et un zèle à toute épreuve. Il contribua puissamment à la fondation du Mont-de-Piété.

Le Peletier (quai).

Commence à la place de l’Hôtel-de-Ville, no  1 ; finit à la rue de la Planche-Mibray, no  2. Le dernier numéro est 44 ; Sa longueur est de 148 m. — 7e arrondissement, quartier des Arcis.

« 15 juillet 1673. Le roy s’étant fait représenter en son conseil l’arrêt rendu en icelui le xviiie mars dernier par le quel sa majesté auroit ordonné l’exécution du plan que les prévost des marchands et échevins de sa bonne ville de Paris, avoient fait faire pour la construction d’un nouveau quai commençant sur le pont Notre-Dame vis-à-vis de la rue de Gesvres et continuant jusqu’à la Grève ; et le résultat du conseil de ville assemblé pour l’exécution du dit arrêt, et sur les remontrances faites aux d. prevost des marchands et échevins par les propriétaires des maisons de la rue de la Tannerie, qui doivent être retranchées pour former le d. quai, qu’il leur seroit très avantageux que la ville fît travailler successivement à la construction d’un mur de quai, qu’il faut construire de neuf, depuis la culée de la première arche du pont Notre-Dame jusqu’aux quais des maisons de la d. rue de la Tannerie qui se trouvent déjà faits, et être dans l’alignement du d. plan, d’autant que cet ouvrage étant fait, il faudroit moins de temps pour parachever le surplus de la construction du dit quai, et qu’ils seroient en état de pouvoir plutôt faire réédifier leurs maisons et en jouir des loyers, ce qui diminueroit même le dédommagement qui leur pourroit être dû par la d. ville, par le quel il auroit été arrêté sous le bon plaisir de sa majesté qu’il seroit incessamment mis ouvriers pour la construction du mur de quai depuis la d. culée de la première arche du pont Notre-Dame jusqu’aux quais étant au derrière des maisons de la d. rue de la Tannerie où sont les fossés plains des tanneurs et ouvrages de teinturiers ; et voulant sa majesté autoriser les d. prévost des marchands et échevins pour l’exécution d’un dessein qui doit contribuer notablement à la salubrité de la d. ville, au dégagement du pont Notre-Dame et à la communication du quartier Saint-Antoine à son château du Louvre, et faire une des plus grandes commodités et beautés de Paris. Sa majesté étant en son conseil a ordonné et ordonne que le résultat du d. conseil de ville du xxxe juin dernier, sera exécuté, et que les prévost des marchands et échevins feront successivement travailler à la fondation et construction du dit mur de quai à faire de neuf, depuis la d. culée de la première arche du pont Notre-Dame jusqu’aux quais qui se trouvent pouvoir subsister au derrière des maisons de la d. rue de la Tannerie, et qu’en conséquence les propriétaires des maisons de la d. rue seront tenus, conformément à l’arrêt de son conseil du d. jour xviiie mars dernier, de faire abattre et retirer leurs maisons suivant l’alignement du d. plan, en sorte que dans le quinze avril prochain, au quel temps les tanneurs et teinturiers doivent être établis au faubourg Saint-Marcel ou à Chaillot, suivant l’arrêt de son conseil du 24 février dernier, les places nécessaires pour la perfection du d. quai, soient entièrement libres. Sera le présent arrêt exécuté, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, etc… Signé Colbert, d’Aligre et Poncet. » Cet arrêt fut immédiatement exécuté. Le quai fut construit sous la direction de Bullet, architecte, et reçut la dénomination de quai Le Peletier, en l’honneur de Claude Le Peletier, président, aux enquêtes, président à mortier, ministre d’état et contrôleur-général, qui fut prévôt des marchands depuis 1668 jusqu’à 1676. Ce magistrat naquit en 1631, et mourut le 10 août 1711. — Une décision ministérielle du 5 vendémiaire an IX, signée L. Bonaparte, fixa la moindre largeur de ce quai à 11 m. En décembre 1830, on commença les travaux de reconstruction du parapet. Ces travaux durèrent deux ans. Il en résulta pour cette voie publique un élargissement de 11 m. environ qui fut pris entièrement aux dépens de la rivière. Les travaux occasionnèrent une dépense de 678,863 fr. 40 c. Dans le courant de l’année 1835, ce quai a été bordé de trottoirs et d’une plantation. En vertu d’une ordonnance royale du 22 mai 1837, les maisons bordant le quai Le Peletier ne sont point soumises à retranchement. La moindre largeur du quai est aujourd’hui de 20 m. 85 c. — Éclairage au gaz (compe Française).

Le Peletier (rue).

Commence au boulevart des Italiens, nos 4 et 6 ; finit à la rue de Provence, nos 23 et 25. Le dernier impair est 31 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 259 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

1re Partie comprise entre le boulevart et la rue Pinon. — « Louis, etc… Notre très cher et bien amé Joseph de la Borde, vidame de Chartres, marquis de la Borde, baron, vicomte et haut châtelain de Mereville, seigneur de Saint-Père et autres lieux, nous a fait exposer qu’il a fait acquisition d’une portion de terrain au fond du jardin de l’hôtel de Choiseul, rue Grange-Batelière, et traité pour reprendre dès à présent une autre partie de terrain joignante dont le fond lui appartenait déjà, mais qui avait été par lui engagée à vie, que ces deux portions d’emplacements ont une façade de 43 toises d’étendue sur le rempart entre les rues Grange-Batelière et d’Artois, et aboutissant sur la rue Pinon nouvellement ouverte ; que leur profondeur réunie est si considérable que l’exposant n’en pourrait tirer aucun parti s’il n’y était percé une nouvelle rue, etc… Permettons et autorisons, voulons et nous plaît ce qui suit : Article 1er. Il sera par le sieur Jean-Joseph de la Borde et à ses frais, ouvert une nouvelle rue en face du bâtiment du théâtre Italien, débouchant d’un côté sur la place du Rempart, et de l’autre dans la rue Pinon, à travers un terrain qui lui appartient entre la rue Grange-Batelière et celle d’Artois. — Art. 2e. La d. rue sera nommée Le Peletier ; elle sera d’un droit alignement et sur la largeur que nous avons fixée à 36 pieds ; il sera établi de chaque côté, également aux frais du d. sieur de la Borde, des trottoirs à l’usage des gens de pied ; ces trottoirs, de 4 pieds de large sur 10 à 12 pouces au moins de haut avec une bordure de pierre propre à les soutenir, seront couverts d’un pavé à chaux et ciment et défendus dans toute leur longueur par de petites bornes posées à une certaine distance les unes des autres, etc… Donné à Versailles, le 8e jour du mois d’avril, l’an de grâce 1786, et de notre règne le 12e. Signé Louis. » — Ces lettres-patentes furent immédiatement exécutées.

2e Partie comprise entre la rue Pinon et celle de Provence. — « Après avoir entendu le rapport des administrateurs du département des travaux publics et ouï sur ce le procureur de la commune, le corps municipal arrête ce qui suit : Article 1er. Il sera ouvert aux frais de la citoyenne Boulanger, veuve Pinon, et du citoyen Thévenin, sur le terrain dont ils sont propriétaires en commun, situé entre les rues Pinon et de Provence, deux nouvelles rues, suivant le plan par eux présenté et qui a été certifié véritable par le citoyen Thévenin, lequel a été visé par le citoyen maire et le secrétaire greffier ne varietur. — Art. 2e. Chacune des d. rues aura 30 pieds de large ; la première, qui sera nommée rue Boulanger, formera le prolongement de la rue Le Pelletier, et il sera établi aux frais des d. propriétaires des trottoirs de chaque côté de cette rue, de la même largeur que ceux qui bordent la d. rue Le Pelletier, en observant des pentes douces au droit des portes cochères pour éviter les ressauts. Les d. trottoirs seront également entretenus aux frais des d. propriétaires, etc… Signé Pache, maire ; Coulombeau, secrétaire. » — Cette autorisation ayant été confirmée par un arrêté du directoire du département de Paris, en date du 8 octobre suivant, ce prolongement fut immédiatement exécuté, mais sur une largeur de 36 pieds, conformément au plan du sieur Thévenin, et reçut le nom de rue Le Peletier. — Une décision ministérielle du 8 septembre 1821, et une ordonnance royale du 16 avril 1831, ont maintenu cette voie publique suivant la largeur de 36 pieds (11 m. 69 c.). Les constructions riveraines de la rue Le Peletier sont alignées. — Portion d’égout du côté de la rue Pinon. — Conduite d’eau depuis la rue de Provence jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Messire Louis Le Peletier, chevalier, marquis de Montméliant, seigneur de Mortefontaine, conseiller d’état, fut prévôt des marchands de 1784 à 1789.

Lescot (rue Pierre-).

Commence à la place de l’Oratoire ; finit à la rue Saint-Honoré, nos 213 et 215. Le dernier impair est 27 ; le dernier pair, 24. La longueur du côté gauche est de 93 m. ; celle du côté droit de 52 m. — 4e arrondissement, quartier Saint-Honoré.

Cette rue existait déjà en 1267 ; elle était alors située hors des murs de Paris et portait le nom de Jean-Saint-Denis, qu’elle devait sans doute à Jean de Saint-Denis, chanoine de Saint-Honoré en 1258. Cette rue servit d’asile aux filles publiques. — Une décision ministérielle du 28 prairial an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de cette rue à 7 m. En 1807, les propriétaires riverains s’adressèrent à l’autorité supérieure pour obtenir le changement du nom de cette rue ; parce que, disaient-ils, la dénomination de Jean-Saint-Denis était proscrite dans l’opinion, cette rue ayant été habitée par des filles publiques. Par décision en date du 23 mai de la même année, le ministre de l’intérieur Champagny assigna à cette voie publique le nom de Pierre-Lescot en mémoire du célèbre Pierre Lescot, seigneur de Clagny et de Clermont, conseiller au parlement et chanoine de Paris, né en 1518 et mort en 1578. Il fut le premier architecte du Louvre.

La maison no  27 est alignée, toutes les autres constructions sont soumises à un retranchement de 1 m. 70 c. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lesdiguières (rue de).

Commence à la rue de la Cerisaie, no  2 ; finit à la rue Saint-Antoine, nos 226 et 228. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 170 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Ce n’était primitivement qu’un passage ouvert en 1765, et qui fut converti en rue en 1792. Son nom lui vient de l’hôtel du duc de Lesdiguières, qui était situé dans la rue de la Cerisaie (voyez cet article). — Une décision ministérielle à la date du 8 nivôse an IX, signée Chaptal, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 16 octobre 1830, cette largeur a été portée à 10 m. Les constructions du côté des numéros impairs sont soumises à un retranchement qui varie de 2 m. à 2 m. 40 c. ; pour le côté opposé, le retranchement est de 2 m. — Conduite d’eau depuis la rue de la Cerisaie jusqu’à la borne-fontaine.

François de Bonne, duc de Lesdiguières, naquit en 1543, à Saint-Bonnet-de-Champsaut, dans le Haut-Dauphiné. Sa brillante valeur le fit choisir pour chef par les Calvinistes, après la mort de Montbrun ; il triompha dans le Dauphiné, et conquit plusieurs places importantes. Henri IV, qui faisait grand cas de son habileté, le nomma lieutenant-général de ses armées de Piémont, de Savoie et de Dauphiné. Lesdiguières battit le duc de Savoie en plusieurs rencontres : aux combats d’Esparron en 1591, de Vigort en 1592, de Gresilane en 1597. Sa réputation devint si grande en Europe que la reine Élisabeth avait coutume de dire : « Si la France possédait deux Lesdiguières, j’en demanderais un à Henri IV. » En 1622, Louis XIII lui envoya l’épée de Connétable. Au siège de Valence, Lesdiguières fut attaqué d’une maladie dont il mourut en 1626.

Leu et Saint-Gilles (église Saint-).

Située dans la rue Saint-Denis, entre les nos 80 bis et 82 bis. — 6e arrondissement, quartier des Lombards.

Les religieux de Saint-Magloire permirent, en 1235, au curé de Saint-Barthélemy (paroisse de la Cité) d’établir dans la rue Saint-Denis une chapelle succursale. Dédiée à Saint-Leu, elle fut reconstruite en 1320 ; Henri de Gondi, cardinal et évêque de Paris, l’érigea en paroisse en 1617 ; on fit à cette église, en 1727, plusieurs réparations considérables. La charpente du clocher de l’horloge fut transportée la même année, de la tour sur laquelle elle était et qui menaçait ruine, sur une autre tour nouvellement bâtie. Cette opération bien difficile alors fut exécutée avec le plus grand talent par Guillaume Guérin, charpentier. Dans le temps qu’on faisait ces réparations, on détruisit une pierre qui se trouvait au second pilier à droite en entrant par la nef ; sur cette pierre étaient les armes et l’épitaphe de Jean Louchart et de Marie de Brix, sa femme. Ce Jean Louchart était un des plus fougueux ligueurs ; il dirigea les assassins qui massacrèrent le président Brisson, Claude Larcher et le président Tardif ; il fut aussi l’un des quatre factieux que le duc de Mayenne fit pendre dans la salle basse du Louvre, le 4 décembre 1591. En 1780, de nouvelles réparations furent faites dans le chœur de cette église sous la direction de M. de Wailly. Le sol du sanctuaire fut exhaussé et l’on pratiqua une chapelle souterraine dans laquelle on descend par deux escaliers. Cette église, supprimée vers 1790, devint propriété nationale, et fut vendue le 18 floréal an V. La ville de Paris, en vertu du décret du 20 juin 1810, a été mise en possession de cet édifice, suivant jugement du tribunal civil de la Seine, en date du 19 février 1813, moyennant 209,312 francs.

Licorne (rue de la).

Commence à la rue des Marmousets, nos 29 et 31 ; finit à la rue Saint-Christophe, nos 14 et 16. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 98 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

On l’appelait, en 1269, rue près le chevet de la Madeleine, parce qu’elle passait derrière l’église de ce nom. En 1300 et même avant cette époque, elle était désignée sous le nom de rue As Oubloyers, en raison des pâtissiers ou faiseurs d’oublies qui y demeuraient alors. Elle prit, en 1397, le nom qu’elle porte encore aujourd’hui, d’une ruelle qui y aboutissait, et dans laquelle pendait une enseigne de la Licorne. — Une décision ministérielle du 13 ventôse an VII, signée François de Neufchâteau, a fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Les propriétés situées aux quatre encoignures de la rue de Constantine et les maisons nos 7, 9 et 9 bis sont alignées. — Conduite d’eau depuis la rue des Marmousets jusqu’à celle des Trois-Canettes.

Lilas (impasse des).

Située dans la petite rue Saint-Pierre, entre les nos 6 et 8. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 134 m. — 8e arrondissement, quartier Popincourt.

Cette impasse est indiquée sur le plan de Verniquet. Elle doit son nom à une plantation de lilas. Elle n’est point reconnue voie publique. Sa largeur actuelle est de 3 m.

Lille (rue de).

Commence à la rue des Saints-Pères, nos 4 et 6 ; finit à la rue de Bourgogne, nos 1 et 3. Le dernier impair est 105 ; le dernier pair 100. Sa longueur est de 1,069 m. — 10e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Germain.

Ouverte en 1640, sur une partie de l’emplacement du grand Pré-aux-Clercs, elle reçut le nom de rue de Bourbon, en l’honneur de Henri de Bourbon, abbé de Saint-Germain-des-Prés. — Un arrêt du conseil du 18 octobre 1704, qui prescrivit l’ouverture de la rue de Bourgogne, ordonna également que la rue de Bourbon serait prolongée jusqu’à cette nouvelle voie publique. Dans sa séance du 27 octobre 1792, le conseil général de la commune décida que la rue de Bourbon prendrait le nom de rue de Lille. Cette dénomination avait pour but de rappeler la vigoureuse résistance que les braves Lillois opposèrent, en 1792, à l’armée autrichienne. — Une décision ministérielle du 3 pluviôse an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de la rue de Lille à 10 m. Une deuxième décision du 17 messidor an XI, réduisit cette largeur à 9 m. 74 c. Un arrêté préfectoral du 27 avril 1814 rendit à cette rue sa dénomination primitive. En vertu d’une ordonnance royale du 7 mars 1827, la largeur de 9 m. 74 c. a été maintenue. Conformément à une décision ministérielle du 1er septembre 1830, cette voie publique a repris le nom de rue de Lille. Toutes les constructions riveraines sont alignées. — Conduite d’eau dans plusieurs parties. — Éclairage au gaz (compe Française).

Limace (rue de la).

Commence à la rue des Déchargeurs, nos 11 et 13 ; finit à la rue des Bourdonnais, nos 14 et 16. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 26. Sa longueur est de 74 m — 4e arrondissement, quartier Saint-Honoré.

C’est sans doute la rue que Guillot appelle la Mancherie. En 1412, elle portait déjà le nom de la Limace, qu’elle devait à une enseigne. Cette rue faisait autrefois partie de la place aux Pourceaux, nommée depuis place aux Chats ; on la trouve nommée rue aux Chats, rue de la Place-aux-Chats. En 1575, c’était la place aux Pourceaux, autrement dite de la Limace et de la vieille place aux Pourceaux. — Une décision ministérielle du 12 fructidor an V, signée François de Neufchâteau, avait fixé la largeur de cette rue à 8 m. Cette largeur a été portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 9 décembre 1838. Les constructions du côté des numéros impairs sont soumises à un retranch. qui varie de 1 m. 70 c. à 2 m. 30 c. ; de 2 à 20 inclus, ret. 2 m. 60 c. à 3 m. 60 c. ; nos 22 et 24, ret. réduit, 1 m. 80 c. ; maison no  26 alignée. — Conduite d’eau depuis la rue des Bourdonnais jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Limoges (rue de).

Commence à la rue de Poitou, nos 6 et 8 ; finit à la rue de Bretagne, nos 11 et 13. Le dernier impair est 11 ; le dernier pair, 14. Sa longueur est de 79 m. — 7e arrondissement, quartier du Mont-de-Piété.

Cette rue, tracée en 1626 sur la culture du Temple, doit son nom à la capitale d’une de nos anciennes provinces de France. — Une décision ministérielle à la date du 19 germinal an VIII, signée L. Bonaparte, fixa la largeur de cette voie publique à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 31 mars 1835, cette dimension est portée à 10 m. Les constructions du côté des numéros impairs sont soumises à un retranchement qui varie de 1 m. 10 c. à 1 m. 20 c. ; celles du côté opposé devront reculer de 1 m. 30 c. à 1 m. 60 c. — Conduite d’eau depuis la rue de Poitou jusqu’aux deux bornes fontaines. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Linge (halle au Vieux-).

Située dans la rue du Temple, entre celles Perrée et Dupetit-Thouars. — 6e arrondissement, quartier du Temple.

Saint-Cloud, le 29 vendémiaire an XI de la république une et indivisible. — Les consuls de la république, sur le rapport du ministre de l’intérieur, arrêtent : Article 1er. L’emplacement situé dans l’enclos du temple, à gauche de la chaussée, et compris entre la barraque 6, la maison no  66, et celles nos 20 et 22, ainsi qu’il est désigné dans le rapport du citoyen Aubert, et dont le plan sera dressé et le bornage fait incessamment à la diligence de l’administration du domaine et aux frais de la ville de Paris, sera concédé pour 99 ans, par le préfet à la dite ville de Paris, moyennant une redevance annuelle. L’emplacement ne pourra être consacré à aucun autre usage, etc… Art. 3e. L’étalage des vieux linges, hardes et chiffons, provisoirement placé sur le marché des Innocents et sur la place aux Veaux, sera transféré, à compter du 1er frimaire prochain, dans l’emplacement indiqué par l’article 1er, etc… Le premier consul, signé Bonaparte. » (Extrait du registre des délibérations des consuls).

« Au camp impérial d’Osterade, le 16 mars 1807. — Napoléon, etc… Nous avons décrété et décrétons. Article 1er. La portion de l’enclos du Temple à Paris, destinée à recevoir les marchés aux vieux linges et hardes, etc…, aura une étendue superficielle de 9036 m. au lieu de celle de 450 m., qui lui a été seulement donnée par le plan qui a servi de base à l’arrêté du gouvernement du 29 vendémiaire an XI, etc… Signé Napoléon. » — La halle au vieux linge a été commencée en 1809, et terminée en 1811, sur les dessins de Molinos, architecte. Elle contient 1888 places divisées en deux séries de chacune 944 places. Sa superficie est de 10,920 m.

Voies publiques ouvertes sur l’enclos du Temple. — Dès le 28 prairial an VIII, le conseil des bâtiments civils s’occupa de régulariser les projets de percements à faire sur ces terrains. Le plan approuvé par le ministre de l’intérieur Chaptal, le 8 floréal suivant, contenait l’indication d’une place et de cinq rues. Ces dispositions durent nécessairement subir d’importantes modifications par suite du projet d’établissement d’un marché. Le conseil des bâtiments civils soumit au ministre de l’intérieur, Fouché, un nouveau plan qui fut définitivement arrêté le 9 septembre 1809. Ce plan indique : 1o la formation de la place de la Rotonde du Temple ; 2o l’alignement de la place de la Corderie ; 3o le percement des rues Caffarelli (nommée depuis par erreur rue de la Rotonde), Dugommier, Dupetit-Thouars, Dupuis, Perrée et de la petite Corderie. Ces divers percements ont été immédiatement exécutés, à l’exception de la rue Dugommier qui devait traverser le jardin du palais du grand prieur (voir l’article de la Chapelle du Temple, pour l’historique de l’ordre des Templiers).

Lingerie (rue de la).

Commence aux rues Saint-Honoré, no  2, et de la Ferronnerie, no  14 ; finit aux rues de la Grande-Friperie, no  1, et aux Fers, no  50. Le dernier impair est 17 ; le seul pair 2. Sa longueur est de 92 m. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Elle doit son nom aux lingères auxquelles saint Louis permit d’étaler leurs marchandises le long du cimetière des Innocents jusqu’au marché aux Poirées. Les gantiers étaient établis de l’autre côté de cette rue. Les boutiques des lingères subsistèrent en cet endroit jusqu’au règne de Henri II. Ce prince ayant racheté toutes les halles, vendit cet emplacement à plusieurs particuliers à la charge d’y construire des maisons qui ont formé une rue appelée de la Lingerie. Il n’existe pas d’alignement pour cette voie publique. — Égout. — Éclairage au gaz (compe Française).

Lion-Saint-Sauveur (rue du Petit-).

Commence à la rue Saint-Denis, nos 223 et 225 ; finit aux rues Pavée, no  1, et des Deux-Portes, no  2. Le dernier, impair est 23 ; le dernier pair, 28. Sa longueur est de 126 m. — 5e arrondissement, quartier Montorgueil.


Dans un amortissement pour les Célestins, enregistré à la chambre des comptes le 14 septembre 1330, elle est appelée rue du Lion-d’Or outre la porte Saint-Denis. Sauval prétend qu’elle se nommait anciennement rue de l’Arbalète, parce que les arbalétriers s’exerçaient près de cette rue le long des murs ou dans les fossés d’enceinte de Paris. On voit dans un compte de confiscation de 1421, que les maisons de cette rue aboutissaient par derrière au grand jardin du maître des arbalétriers. En 1474, deux enseignes des grand et petit lions lui firent donner successivement ces deux noms, dont le dernier subsiste encore aujourd’hui. — Une décision ministérielle du 25 ventôse an XIII, signée Champagny, avait fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 21 juin 1826, cette largeur a été portée à 11 m. Propriété nos 1 et 3, retranch. réduit 1 m. 50 c. ; 5, ret. réduit 2 m. 50 c. ; 7, ret. réduit 3 m. 20 c. ; de 9 à la fin, ret. 3 m. 50 c. à 4 m. 30 c. ; 2, alignée ; 6, ret. réduit 2 m. ; 8, ret. réduit 1 m. 40 c. ; de 12 à 20, ret. 65 c. à 1 m. 10 c. ; 22, alignée ; de 24 à la fin, redress. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Denis jusqu’à la borne-fontaine. — Éclairage au gaz (compe Française).

Lion-Saint-Sulpice (rue du Petit-).

Commence à la rue de Condé, nos 2 et 6 ; finit aux rues de Seine, no  101, et de Tournon, no  1. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 81 m. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Anciennement elle était nommée ruelle descendant à la rue Neuve à la Foire, et ruelle allant à la Foire. Au commencement du XVIIe siècle c’était la rue du Petit-Lion, en raison d’une enseigne. — Une décision ministérielle du 26 thermidor an VIII, signée L. Bonaparte, avait fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 26 février 1844, cette dimension est maintenue, mais le tracé de l’alignement est modifié. Les constructions du côté des numéros pairs ne sont pas soumises à retranchement ; la propriété à l’encoignure de la rue de Condé devra même avancer de 70 c. sur ses vestiges actuels ; les maisons du côté des numéros impairs sont assujetties à un reculement de 1 m. 70 c. — Conduite d’eau depuis la rue de Seine jusqu’aux deux bornes-fontaines. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Lions (rue des).

Commence à la rue du Petit-Musc, no  1 ; finit à la rue Saint-Paul, nos 6 et 8. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 16. Sa longueur est de 176 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Cette rue fut tracée en 1551, sur l’emplacement de l’hôtel royal Saint-Paul. Terminée en 1564, elle prit sa dénomination du bâtiment et des cours où étaient renfermés les grands et petits lions du roi. — Une décision ministérielle du 13 ventôse an VII, signée François de Neufchâteau, avait fixé la largeur de la rue des Lions à 9 m. Cette largeur a été portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 20 novembre 1830. La propriété no  1 est alignée ; celles nos 8 et 10 ne sont soumises qu’à un léger redressement. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Paul jusqu’à la borne-fontaine.

Lisbonne (rue de).

Commence à la rue Malesherbes ; finit à la rue de Valois. Le dernier impair est 7 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 525 m. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Elle a été tracée en 1826, sur les terrains appartenant à MM. Hagerman et Mignon. L’ordonnance royale d’autorisation est à la date du 2 février 1826 (voyez rue d’Amsterdam). Sa largeur est de 15 m. Cette voie publique porte le nom de la capitale du royaume de Portugal.

Lobau (rue de).

Commence au quai de la Grève, no  68 ; finit à la rue de la Tixéranderie, no  56. Pas de numéro impair ; ce côté est bordé par la façade orientale de l’Hôtel-de-Ville. Le dernier pair, 6. Sa longueur est de 160 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Hôtel-de-Ville.

Les rues Pernelle, de la Levrette et du Tourniquet-Saint-Jean, ayant été réunies sous la même dénomination de rue de Lobau, nous ne ferons qu’une courte analyse de ces anciennes voies publiques.

Vers l’an 1300, Guillot nommait la rue Pernelle, ruele de Saine. Cette voie publique commençait au quai de la Grève, et se terminait à la rue de la Mortellerie. On la trouve indiquée dans les siècles suivants sous les dénominations de ruelle du Port-au-Blé, de rue Perronnelle, Prunier et Pernelle. Sa largeur fut fixée à 6 m., par une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, signée François de Neufchâteau.

La rue de la Levrette qui faisait le prolongement de la rue Pernelle jusqu’à celle du Martroi (supprimée pour l’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville), s’appelait également, en 1552, rue Pernelle. Elle prit sa dernière dénomination d’une enseigne de la Levrette. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, signée François de Neufchâteau, fixa sa largeur à 6 m.

La rue du Tourniquet-Saint-Jean porta d’abord le nom singulier de Pet-au-Diable. Sauval prétend que cette dénomination lui a été donnée en raison d’une tour carrée qui se nommait anciennement la Synagogue, le Martelet-Saint-Jean, le Vieux-Temple et l’hôtel du Pet-au-Diable, par dérision pour les Juifs qui y avaient une synagogue. D’autres auteurs croient que cette tour et la maison appartenaient à un nommé Pétau, que sa méchanceté avait fait surnommer le Diable. Vers 1300, Guillot la désigne ainsi :

En une ruele tournai
Qui de Saint-Jehan voie à porte.

On la trouve aussi nommée rue au chevet Saint-Jean, du Cloître Saint-Jean. — Par décision ministérielle du 28 brumaire an VI, signée Letourneux, la moindre largeur de cette voie publique fut fixée à 6 m. — « Paris, le 28 mars 1807. Le ministre de l’intérieur au préfet de la Seine. Je vois avec plaisir qu’il se présente une occasion de changer le nom trivial et barbare de la rue du Pet-au-Diable, et j’applaudis à l’idée que vous avez eue de lui donner le nom de rue du Sanhédrin. Signé Champagny. » Cette dénomination fut affectée à cette voie publique, parce que le premier des tribunaux chez les Juifs (le Sanhédrin) y tenait ses séances. En 1815, elle prit le nom de rue du Tourniquet, en raison d’un tourniquet qu’on y voyait au coin de la rue du Martroi.

Une ordonnance royale à la date du 24 août 1836, fixa la largeur des rues Pernelle et de la Levrette à 18 m., et déclara d’utilité publique l’exécution immédiate de l’alignement. Cette amélioration ne tarda pas à être réalisée.

« Paris, le 22 décembre 1838. — Monsieur le préfet, vous avez proposé de profiter du moment où l’on s’occupe de restaurer et d’agrandir l’Hôtel-de-Ville, pour changer les noms bizarres et insignifiants que portent plusieurs des rues qui entourent ce monument et y substituer ceux d’hommes qui ont rendu d’éminens services à la ville, ou contribué à son embellissement, et parmi lesquels vous placez au premier rang l’illustre commandant de la garde nationale, dont Paris et la France entière déplorent si vivement la perte. D’après le compte que j’en ai rendu au roi, sa majesté a décidé, le 14 de ce mois, que le nom de Lobau serait donné à la rue bordant la façade orientale de l’Hôtel-de-Ville, et formée des trois rues actuellement dénommées Pernelle, de la Levrette et du Tourniquet. » (Extrait d’une lettre du ministre de l’intérieur).

Une ordonnance royale du 1er mai 1842 porte ce qui suit : « Article 1er. Les alignements de la rue de Lobau pour la partie comprise entre la rue François-Miron et la rue de la Tixéranderie, sont arrêtés suivant les lignes noires du plan ci-joint qui forment un pan coupé sur la rue de la Tixéranderie. — Art. 2e. Est déclarée d’utilité publique l’exécution immédiate des alignements ci-dessus arrêtés. » — Cette ordonnance a été exécutée en 1843. On nivelle en ce moment le sol de la rue de Lobau. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Georges Mouton, comte de Lobau, maréchal, pair de France, grand’croix de la Légion-d’Honneur, naquit le 21 février 1770, à Phalsbourg. Il se destinait au commerce ; mais dès que la première coalition menaça la France, il se fit soldat. Sa bravoure à l’armée du Rhin lui valut le grade d’officier. À la bataille de Novi, nous le retrouvons aide-de-camp du général Joubert qui tomba mort dans ses bras. Mouton fut nommé colonel en 1800. Le 11 avril, sur la Verreira, à la tête de son régiment, il livre aux Autrichiens un combat long et opiniâtre, renverse tout devant lui, force l’ennemi à abandonner cette position en laissant sur le champ de bataille six drapeaux et 1500 prisonniers. Eh 1805, l’empereur le prit pour aide-de-camp et le nomma général de brigade. Nous passons plusieurs brillants faits d’armes pour arriver plus vite à l’action qui lui valut le titre de comte de Lobau. En 1809, pendant la campagne d’Autriche, la veille de la bataille d’Eckmüll, le général Hiller manoeuvrant pour opérer sa jonction avec le prince Charles, s’était jeté dans Landshut, derrière l’Iser, puis avait fait mettre le feu au pont. Le général Mouton comprenant toute l’importance de ce mouvement, s’élance à la tête du 7e de ligne, passe l’arme au bras sur le pont enflammé, pénètre dans la ville. Par cette attaque si hardie que Napoléon n’avait pas cru devoir l’ordonner, il sépare les deux armées ; les ennemis en déroute s’enfuient du côté d’Octing et abandonnent 25 pièces de canon, et 10,000 hommes hors de combat. Le 22 mai, l’archiduc Charles attaque Essling, qu’il réussit à enlever pour la sixième fois ; si on le laisse maître de ce poste, rien ne saurait l’empêcher de déboucher, et d’acculer au Danube les débris de nos troupes qui se sacrifient avec tant de dévouement. Napoléon lance une dernière fois l’intrépide général Mouton à la tête des fusiliers de la garde et les grenadiers ennemis sont partout culbutés. Malgré tant de brillants combats, notre armée affaiblie est obligée de se renfermer dans l’île de Lobau. Cernée de toutes parts, elle voit ses ponts coupés et reste exposée au feu de deux armées autrichiennes, établies sur les rives du Danube. Le général Mouton, quoique souffrant d’une blessure qu’il vient de recevoir, se distingue encore parmi les plus braves.

Au retour de cette immortelle campagne où il avait fait tant de prodiges de valeur, le général Mouton fut nommé comte de Lobau, « pour avoir sept fois repoussé l’ennemi et par là assuré la gloire de nos armes. » Tels sont les termes du décret.

Peu de jours après l’empereur apercevant la comtesse de Lobau s’approcha d’elle et lui dit devant toute la cour : « Votre mari est brave comme son épée ; et lui aussi méritait d’être prince d’Essling. »

Après 1830, le comte de Lobau fut appelé au commandement en chef de la garde nationale du département de la Seine. Élevé en 1831 à la dignité de maréchal, et peu de temps après à celle de pair de France, il mourut le 27 novembre 1838.

Lobineau (rue).

Commence à la rue de Seine, nos 70 et 72 ; finit à la rue Mabillon. Le seul impair est 1 ; le seul pair, 2. Cette rue est presqu’entièrement bordée d’un côté par le marché Saint-Germain, et de l’autre par une boucherie dépendant du même marché. Sa longueur est de 116 m. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Elle a été ouverte en 1817, sur une partie de l’emplacement de l’ancienne foire Saint-Germain-des-Prés. — Une décision ministérielle du 12 novembre 1817 a largeur a été maintenue par une ordonnance royale du 12 mai 1841. Les constructions riveraines sont alignées. — Égout entre les rues de Seine et Félibien. — Conduite d’eau dans toute l’étendue, — Éclairage au gaz (compe Française).

Guy Alexis Lobineau, religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, naquit à Rennes en 1666, et mourut en 1727, à l’abbaye de Saint-Jagut, près de Saint-Malo. Son histoire de Bretagne, ses recherches sur Paris, commencées par Félibien, passent pour ses meilleurs ouvrages.

Lodi (rue du Pont-de-).

Commence à la rue des Grands-Augustins, nos 6 et 8 ; finit à la rue Dauphine, nos 19 et 21. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 101 m. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

Le couvent des Grands-Augustins, devenu propriété nationale, fut vendu en 5 lots le 1er brumaire an VI. Une clause de la vente prescrivit aux acquéreurs l’obligation de livrer gratuitement le terrain nécessaire à couverture d’une rue de 30 pieds de largeur. Cette condition fut exécutée immédiatement, mais la rue ne fut pas entièrement formée, attendu qu’il fallait traverser deux propriétés particulières dont l’acquisition ne put avoir lieu à cette époque. — « Administration centrale. Séance du 26 prairial an VI. — L’administration centrale du département de la Seine, considérant qu’il convient de donner un nom aux nouvelles rues de Paris ; voulant aussi que cette dénomination rappelle le souvenir de l’une des victoires éclatantes remportées par les armées de la république ; le commissaire du Directoire Exécutif entendu, arrête que la rue qui doit être ouverte à travers le terrain des ci-devant Augustins, pour communiquer de la rue des Grands-Augustins à celle de Thionville, prendra le nom de rue du Pont-de-Lodi. Les propriétaires de ce terrain feront mettre cette inscription à leurs frais à chaque extrémité de cette rue. » (Registre 23, page 150.) — Cette dénomination rappelle la glorieuse bataille du Pont-de-Lodi, gagnée le 10 mai 1796 par les Français sur les Autrichiens. Le 13 brumaire an X, le ministre de l’intérieur, Chaptal, approuva définitivement le plan de cette rue. Peu de temps après elle fut livrée à la circulation. Toutes les constructions riveraines sont alignées. — Conduite d’eau. (Voir l’article du Marché à la Volaille.)

Lombard (rue Pierre-).

Commence à la place de la Collégiale, no  11 ; finit à la rue Mouffetard, nos 233 et 235. Les numéros continuent la série de la place de la Collégiale. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 14. Sa longueur est de 39 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

Ouverte en 1770, elle prit d’abord le nom de Petite rue Saint-Martin, parce qu’elle conduisait à l’église ainsi appelée, qui était située dans le cloître Saint-Marcel. En 1806, on lui donna le nom de Pierre-Lombard, en mémoire de l’évêque de Paris, Pierre Lombard, surnommé le maître des sentences. Ce grand théologien mourut en 1164, et fut inhumé dans le chœur de l’église Saint-Marcel. — Une décision ministérielle du 8 ventôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Les constructions du côté droit ne sont pas soumises à retranchement. — Conduite d’eau.

Lombards (rue des).

Commence aux rues des Arcis, no  39, et Saint-Martin, no  1 ; finit à la rue Saint-Denis, nos 70 et 72. Le dernier impair est 51 ; le dernier pair, 54. Sa longueur est de 171 m. — 6e arrondissement, quartier des Lombards.

Cette rue était complètement bâtie en 1250. En 1300, elle se nommait de la Buffeterie. C’était la rue de la Pourpointerie en 1612 et 1636. Elle tire sa dernière dénomination des usuriers lombards qui vinrent s’établir à Paris, à la fin du XIIe siècle, et dont une grande partie habita cette rue au commencement du XIVe. — Une décision ministérielle du 18 vendémiaire an VI, signée Letourneux, avait fixé la largeur de cette rue à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 19 juillet 1840, sa moindre largeur a été portée à 13 m. Les maisons nos 1, 3, 5 et 7 sont alignées. Les autres propriétés sont généralement soumises à un fort retranchement. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

La maison du poids du Roi existait encore dans cette rue au XVIIe siècle. Jusqu’au règne de Louis VII, nos rois étaient demeurés seuls propriétaires de cet établissement et des privilèges qui y étaient attachés. Ils en cédèrent depuis la propriété qui, passant de main en main, fut définitivement acquise par le chapitre Notre-Dame. Le droit de visiter les poids et balances de tous les artisans appartint aussi au corps des épiciers. Le prévôt de Paris, en 1321, sur l’ordre qu’il en reçut du parlement, fit ajuster les poids à la Monnaie. Il fut fait trois étalons dont l’un fut remis aux épiciers, et les deux autres déposés à la Monnaie et au poids du roi. En 1484, ce droit leur fut conféré par de nouvelles ordonnances ; ils l’exerçaient à l’égard de toute espèce de marchands ; les orfèvres seuls relevaient directement de la Monnaie. Les épiciers étaient accompagnés, dans leurs visites, d’un juré-balancier nommé par le prévôt de Paris, sur leur présentation. Jusqu’en 1434, les poids dont on se servait n’étaient que des masses de pierre, façonnées et ajustées. Philippe-le-Long, par son règlement de 1321, avait formé le dessein d’établir en France une seule et même mesure. Pour les frais de cette réforme, il proposa un subside ; l’impôt ne put se lever, et l’ordonnance tomba dans l’oubli. Louis XI eut plus tard la même pensée ; la noblesse s’opposa ainsi que le clergé à cette améliorations La Convention, par un décret du 1er août 1793, ordonna cette uniformité, et par son décret du 18 germinal an III (7 avril 1795), fixa l’époque où elle deviendrait obligatoire. — C’est au savant Prieur de la Côte-d’Or qu’est dû ce magnifique travail.

Londres (passage de).

Commence à la rue Saint-Lazare, entre les nos 96 et 98 ; finit à la rue de Londres, no  13. Pas de numéro. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Il a été formé en 1840, par M. Tessier, propriétaire. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Londres (rue de).

Commence à la rue de Clichy, nos 1 et 3 ; finit à la place d’Europe. Le dernier impair est 37 ; le dernier pair, 52. Sa longueur est de 510 m. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Cette rue, autorisée par une ordonnance royale du 2 février 1826, a été ouverte dans le courant de cette même année, sur les terrains appartenant à MM. Jonas Hagerman et Sylvain Mignon. Sa largeur est de 15 m. Elle porte le nom de la capitale de l’Angleterre. Toutes les constructions riveraines sont alignées. (Voyez rue d’Amsterdam.)

Longchamp (barrière de).

Située à l’extrémité de la rue du même nom.

Cette barrière, décorée d’un bâtiment à quatre frontons et quatre arcades, doit son nom à l’abbaye de Longchamp, vers laquelle on se dirige en la traversant. Cette abbaye, fondée en 1261, par Isabelle de France, sœur de saint Louis, était ainsi appelée en raison de sa situation dans une plaine longue et étroite. (Voir l’article Barrières.)

Longchamp (chemin de ronde de la barrière de).

Commence aux rues et barrière de Longchamp ; finit à la rue de Lubeck et la barrière Sainte-Marie. Pas de numéro. Sa longueur est de 400 m. — 1er arrondissement, quartier des Champs-Élysées.

Voyez l’article Chemins de ronde.

Longchamp (rue de).

Commence à la rue des Batailles, no  2, et à l’impasse de la Croix-Boissière ; finit aux chemins de ronde des barrières de Longchamp et des Bassins. Le dernier impair est 65 ; le dernier pair, 58. Sa longueur est de 388 m. — 1er arrondissement, quartier des Champs-Élysées.

Cette rue est ainsi nommée parce qu’elle aboutit à la barrière de Longchamp. On ne voyait que de légères constructions dans cette voie publique, à la fin du règne de Louis XV. Ce ne fut que sous Louis XVI, lorsque le village de Chaillot fut renfermé dans la capitale, qu’on y construisit des maisons plus importantes. — Une décision ministérielle à la date du 3 vendémiaire an X, signée Chaptal, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 12 m. Les constructions riveraines sont alignées, à l’exception des propriétés de 6 à 16, qui devront subir un faible retranchement.

Louis (avenue de l’hôpital Saint-).

Commence au quai de Jemmapes ; finit à la rue Bichat. Pas de numéro. Sa longueur est de 123 m. — 5e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Martin.

Elle a été formée, en 1836, sur les terrains appartenant aux hospices civils de Paris. Par trois arrêtés des 4 août 1824, 11 août 1830, et 8 juillet 1835, l’administration des hospices avait provoqué l’ouverture de cette avenue dont la largeur a été fixée en dernier lieu à 20 m. Cette voie publique, située en face de l’entrée principale de l’hôpital Saint-Louis, et tracée en prolongement de l’axe de cet établissement, a été dénommée en 1840. — Égout. — Éclairage au gaz (compe de Belleville).

Louis (collége royal Saint-).

Situé dans la rue de la Harpe, no  94. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

Cet établissement occupe une partie de l’emplacement sur lequel on voyait autrefois les colléges d’Harcourt, de Justice, et le jardin des Cordeliers.

Le collége d’Harcourt avait été fondé, en 1280, par Raoul d’Harcourt, chanoine de l’église de Paris, pour les pauvres écoliers des diocèses de Coutances, d’Évreux, de Bayeux et de Rouen. Cet établissement figurait parmi les grands colléges de l’Université.

La fondation du collége de Justice datait de l’année 1354. Elle avait eu lieu en exécution du testament de Jean de Justice, chanoine de l’église de Paris.

Les colléges d’Harcourt et de Justice, supprimés vers 1790, devinrent propriétés nationales et furent vendus les 3 nivôse an III, 25 thermidor an IV, et 15 thermidor an XIII.

Lycée dans le collége d’Harcourt.

« Au palais de l’Élysée, le 21 mars 1812. — Article 3. Il sera fait aux bâtiments actuels les additions et dispositions nécessaires pour contenir 400 élèves. — Art. 4. La maison du sieur Leprêtre et l’ancien collége de Justice seront réunis aux bâtiments du collége d’Harcourt et acquis pour cause d’utilité publique. — Art. 5. La portion du jardin des ci-devant Cordeliers, désignée sur le plan annexé au présent décret par les lettres A, B, C, D, E, F, G, H, sera remise au Lycée. Signé Napoléon. »

Toutes ces dispositions ne furent point immédiatement exécutées, ainsi que nous le voyons par le décret suivant :

« Au quartier général impérial de Dresde, le 14 mai 1813. — Napoléon, etc… Article 1er. Le collége d’Harcourt sera disposé dans le courant de cette année de manière à recevoir un lycée de 400 élèves. »

Aux termes d’une transaction passée entre l’Université et la ville de Paris, le 1er avril 1838, transaction

approuvée par ordonnance royale du 6 novembre 1839, les bâtiments du collége Saint-Louis ont été transférés régulièrement et à titre gratuit à la ville de Paris.

Louis (hôpital Saint-).

Situé dans la rue Bichat. — 5e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Martin.

En 1606 et 1607, la peste se déclara dans la capitale. L’Hôtel-Dieu ne pouvant contenir tous les malheureux atteints par le fléau, Henri IV résolut de faire construire un hôpital pour les pestiférés. Par un édit du mois de mai 1607, il attribua à l’Hôtel-Dieu 10 sols à prendre sur chaque minot de sel qui se vendrait dans tous les greniers à sel de la généralité de Paris, pendant quinze ans, et 5 sols à perpétuité après l’expiration de ce délai. Le roi ne fit ces donations qu’à la charge par l’Hôtel-Dieu de bâtir hors de la ville, entre les portes du Temple et Saint-Martin, un hôpital de santé ; de payer les gages de tous les employés et de fournir les meubles et ustensiles nécessaires. La première pierre de la chapelle fut posée le 13 juillet de la même année. Chastillon, architecte, fournit les dessins. Les travaux furent exécutés sous la direction de Claude Vellefaux. — Cet établissement reçut le nom d’hôpital Saint-Louis, en l’honneur de saint Louis, mort de la peste à Tunis. Depuis 1619, cet hôpital a toujours été en activité. En 1787, il ne renfermait que 300 lits. Pendant la révolution, il porta le nom d’hospice du Nord. Il compte aujourd’hui 1,100 lits. Les maladies cutanées y sont spécialement traitées ; 700 lits sont affectés aux galeux, 400 pour les hommes, 300 pour les femmes ; 200 lits sont destinés aux blessés, aux malades affligés d’ulcères, de dartres et de cancers ; enfin, 200 lits sont réservés aux scrofuleux, teigneux et fiévreux. Cet établissement est l’un des hôpitaux les plus importants de la capitale. En 1835, la mortalité a été de 1 sur 17/88 ; en 1842, de 1 sur 20/55. Ces deux années ont présenté les chiffres suivants sous le rapport de la dépense : 1835, 523,082 fr. 88 c. ; 1842, 541,260 fr. 04 c.

Louis-de-l’Arsenal (passage Saint-).

Situé rue Saint-Paul, no  45. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Formé vers le milieu du XVIIe siècle, il conduit à l’église Saint-Louis et Saint-Paul.

Louis-Faubourg-Saint-Antoine (passage Saint-).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Antoine, no  47 ; finit à la rue Louis-Philippe, no  34. — 8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Des titres de propriété constatent l’existence de cette cour ou passage, dès l’année 1700. Il résulte également de ces actes que sa dénomination lui vient d’une enseigne représentant saint Louis.

Louis-au-Marais (rue Saint-).

Commence aux rues de l’Écharpe, no  2, et Neuve-Sainte-Catherine, no  2 ; finit aux rues des Filles-du-Calvaire, no  2, et Vieille-du-Temple, no  144. Le dernier impair est 89 ; le dernier pair, 80. Sa longueur est de 603 m. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

On la nomma d’abord rue de l’Égout, puis rue de l’Égout-Couvert, ensuite rue Neuve-Saint-Louis, et simplement Saint-Louis. Procès-verbal d’alignement de cette rue a été dressé par le bureau de la ville au mois d’avril 1616 — « Paris, le 14 vendémiaire an IX. — La rue Saint-Louis-au-Marais vient de recevoir le nom de Turenne. — L’hôtel Turenne où ce grand homme logeait, dans cette même rue, fut vendu, en 1684, par le cardinal de Bouillon à des religieuses qui y établirent leur demeure. » (Moniteur du 15 vendémiaire.) — (Voir l’article de l’église Saint-Denis-du-Saint-Sacrement.) — Un arrêté préfectoral du 27 avril 1814 rendit à cette voie publique la dénomination de rue Saint-Louis. — Une décision ministérielle du 4 floréal an VIII, signée L. Bonaparte, et une ordonnance royale du 8 juin 1834, ont fixé la moindre largeur de cette rue à 15 m. Propriétés nos 1 et 3, alignées ; 5 et 7, redr. ; 9, 11 et 13, alignées ; de 15 à 25, retranch. 25 c. à 60 c. ; de 27 à 31, alignées ; 33, redr. ; 35 et 37, alignées ; de 39 à 57, retranch. 24 c. à 60 c. ; 59, alignée ; de 61 à 87, redr. ; 89, alignée. Les constructions du côté des numéros pairs sont alignées, à l’exception de celles nos 8, 10 et 12 qui devront subir un léger redressement. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Louis-d’Antin (église Saint-).

Située dans la rue Sainte-Croix. — 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme.

L’accroissement de la population dans la Chaussée-d’Antin détermina, vers la fin du XVIIIe siècle, l’administration à bâtir dans ce nouveau quartier une chapelle succursale de Saint-Eustache. On décida en même temps que les capucins du faubourg Saint-Jacques seraient transférés dans un couvent construit à côté de cette chapelle. Voici l’acte relatif à ce changement. « Louis, etc. Les religieux capucins de la province de Paris, nommés et députés par acte du chapitre provincial tenu le 7 juillet 1779 pour suivre la délibération capitulaire du dit chapitre, nous ont fait représenter que par la dite délibération ils auraient consenti à ce que leur couvent du faubourg Saint-Jacques de la dite ville, fût transféré dans le nouveau quartier de la Chaussée-d’Antin où il n’y avait point d’église, et à ce que l’emplacement et bâtiments de la rue du Faubourg-Saint-Jacques fussent vendus pour le prix qui en proviendrait être employé à leur translation, aux conditions qu’il nous plairait agréer ; que par arrêts rendus en notre conseil les 6 août 1779 et 18 février 1780, nous aurions nommé des commissaires pour acquérir en notre nom, dans le dit quartier de la Chaussée-d’Antin, des terrains suffisants à l’effet d’y faire construire une église et des bâtiments pour y loger commodément le même nombre de religieux qui se trouveraient dans le couvent du faubourg Saint-Jacques, et procurer aux habitants de ce nouveau quartier, qui se peuple de plus en plus, les secours spirituels qu’ils ne peuvent avoir que dans des églises éloignées ; qu’en exécution des dits arrêts les sieurs commissaires ont, par contrat passé le 8 juin 1780, acquis du sieur de Sainte-Croix, 2,050 toises de superficie de terrain pour y placer la dite église, bâtiments et dépendances, etc. ; que la dite église et bâtiments sont entièrement construits et achevés, etc. À ces causes, etc., voulons et nous plaît que les religieux capucins du faubourg Saint-Jacques se retirent incessamment dans le couvent qui leur est destiné, près la Chaussée-d’Antin, etc. » (Extrait des lettres-patentes de novembre 1782). Le 15 septembre 1783, les capucins du faubourg Saint-Jacques sortirent de leur ancien couvent pour venir occuper celui de la Chaussée-d’Antin. Supprimée vers 1790, cette maison religieuse devint propriété nationale. Pendant quelques années, les bâtiments furent affectés à un hospice où l’on soigna les maladies vénériennes. En vertu de la loi du 1er mai 1802, on y établit un des quatre lycées de Paris (voir l’article du Collége royal de Bourbon). La chapelle des Capucins, construite, ainsi que le couvent, sur les dessins de l’architecte Brongniart, ne manque point d’élégance. C’est aujourd’hui la première succursale de la Madeleine, sous le titre d’église Saint-Louis. Suivant la coutume de l’ordre séraphique, cet édifice n’a qu’un bas-côté, et seulement une corniche d’ordre dorique avec des traits d’appareils sur les arcades. On y remarque un tableau de Gassier représentant saint Louis visitant des soldats malades de la peste. Un cippe en marbre noir, surmonté d’un vase cinéraire, y conserve le cœur du comte de Choiseul-Gouffier.

Louis-en-l’Île (église Saint-).

Située dans la rue Saint-Louis, à l’angle de la rue Poulletier. — 9e arrondissement, quartier de l’Île-Saint-Louis.

À la fin du XVIe siècle, quelques masures côtoyaient seulement les rives de cette île. Un maître couvreur, nommé Nicolas, y construisit, en 1616, une petite chapelle. Vers 1622, la population, attirée par les nouvelles maisons qu’on venait de bâtir, rendit nécessaire l’agrandissement de cette chapelle. Le procès-verbal que fit dresser à ce sujet l’archevêque de Paris, le 3 avril 1623, porte : qu’elle était large de six ou sept toises sur dix ou douze de longueur, vitrée, couverte en ardoises et ornée d’un tableau représentant saint Louis et sainte Cécile. Le 14 juillet de la même année, elle fut érigée en paroisse sous le titre de Notre-Dame-de-l’Île, dénomination qu’elle quitta vingt ans après pour prendre celle de Saint-Louis-en-l’Île. Hébert et plusieurs autres habitants du nouveau quartier qui s’étaient chargés d’en achever la construction, entreprirent de rebâtir cette église. On commença par élever le chœur dont la première pierre fut posée le 1er octobre 1664, par M. de Péréfixe, archevêque de Paris ; de la chapelle on fit la nef ; ces deux constructions étaient disparates. La nef, partie ancienne, tombait en ruines, il fallut la reconstruire. L’architecte Le Veau fournit les dessins ; enfin l’église, achevée par Leduc, fut bénite le 14 juillet 1726. Le clocher, bâti en pierre, a la forme d’un obélisque percé à jour dans plusieurs parties de sa longueur. L’église Saint-Louis n’offre, du reste, rien de remarquable. Supprimée pendant la révolution, elle devint propriété nationale et fut vendue le 13 thermidor an VI. Elle a été rachetée par la ville le 15 septembre 1817, moyennant 120,000 fr. C’est aujourd’hui la première succursale de la paroisse Notre-Dame.

Louis-en-l’Île (rue Saint-).

Commence aux quais de Béthune, no 2, et d’Anjou, no 1 ; finit aux quais d’Orléans, no 32, et de Bourbon, no 53. Le dernier impair est 79 ; le dernier pair, 104. Sa longueur est de 551 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Île-Saint-Louis.

Cette rue a été commencée en 1614, et terminée en 1646. À cette dernière époque on lui donnait deux dénominations. Dans la partie comprise entre le quai de Béthune et la rue des Deux-Ponts, c’était la rue Palatine ; le surplus s’appelait rue Carelle. En 1654, elle portait le nom de rue Marie. Quelques années après, elle reçut la dénomination de rue Saint-Louis, en raison de l’église ainsi appelée. En 1793, c’était la rue de la Fraternité. — Une décision ministérielle du 24 frimaire an XIII, signée Champagny, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. En 1806, elle reçut le nom de rue Blanche-de-Castille, mère de saint Louis. — Un arrêté préfectoral du 27 avril 1814, lui rendit sa dénomination de rue Saint-Louis. Deux décisions ministérielles des 5 février 1817 et 9 mai 1818, réduisirent sa largeur à 8 m. Enfin une ordonnance royale du 9 décembre 1838, a maintenu cette rue dans son état actuel. Sa moindre largeur est de 7 m. 80 c. Les constructions riveraines sont alignées. — Portion d’égout du côté du quai de Bourbon. — Conduite d’eau entre la rue de Bretonvilliers et l’école chrétienne.

Au no 2 est situé l’hôtel Lambert. Cette magnifique habitation, construite par Louis Le Veau pour le président Lambert de Thorigny, appartint ensuite au fermier général Dupin et au marquis du Châtelet-Laumont. La cour est entourée de bâtiments décorés d’ordre dorique. Un perron, placé en face de la porte, conduit à un grand pallier où prennent naissance deux escaliers qui mènent aux appartements. Dans un renfoncement cintré, on voit une grisaille de Lesueur ; elle représente un fleuve et une Naïade. D’admirables tableaux ornaient cette magnifique résidence. On y admirait le chef-d’œuvre du Bassan, l’enlèvement des Sabines ; des paysages d’Herman et de Patel, cinq tableaux de l’histoire d’Énée, par Romanelli. Ces richesses furent données en partie au roi Louis XVI, pour le musée du Louvre, par la famille de la Haye, propriétaire de l’hôtel.

Les plus belles peintures conservées dans cette habitation se trouvent dans les salles de l’amour et dans le cabinet des bains. Au premier étage on voit la galerie dite de Lebrun. Ce grand artiste a dessiné sur le plafond, avec toute la vigueur de son coloris, neuf travaux d’Hercule. L’hôtel Lambert vient d’être acheté par madame la princesse Txartoryska, qui y fait exécuter en ce moment de grands travaux de restauration.

Louis et Saint-Paul (église Saint-).

Située dans la rue Saint-Antoine, entre les nos 120 et 122. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Nous parlerons à l’article du collége royal Louis-le-Grand de l’établissement des Jésuites à Paris. Ces pères, après avoir consolidé leur collége de la rue Saint-Jacques, cherchèrent les moyens de fonder également un couvent, une maison professe. Le 12 janvier 1580, le cardinal de Bourbon leur céda un grand hôtel situé dans la rue Saint-Antoine. Ils construisirent sur-le-champ une petite église qui, dès l’année 1582, avait reçu, ainsi que le couvent, le nom de Saint-Louis. Les bienfaits du roi Louis XIII élevèrent cette maison au plus haut degré de prospérité. Il fit construire l’église qui se voit encore aujourd’hui ; la première pierre fut posée en 1627. On grava à cette occasion, sur une médaille de Louis XIII, cette inscription : Vicit ut David, ædificat ut Salomon ! Richelieu fit élever à ses frais le portail, en 1634. L’église ne fut terminée qu’en 1641. Le 9 mai de cette année, le cardinal y célébra la messe en présence du roi, de la reine et de Gaston d’Orléans. Tous trois reçurent la communion des mains du cardinal-ministre. Le père François Derrand fut l’architecte de cette église, dont la façade se compose de trois ordres d’architecture. Les deux premiers sont corinthiens, l’autre supérieur est composite. L’église est en forme de croix romaine avec un dôme sur pendentifs au milieu de la croisée. Auprès du maître-autel était déposé le cœur de Louis XIII, dans un monument commandé par la reine sa veuve, et pour lequel Sarrazin mit en œuvre tout son génie inventif. Les Jésuites ayant été bannis de France, cette maison fut cédée aux chanoines réguliers de la culture Sainte-Catherine. Nous citons un extrait des lettres-patentes relatives à ce déplacement. « Louis, etc. — Article 1er. L’église, terrain, bâtiments, circonstances et dépendances, formant ci-devant la maison professe des Jésuites, situés dans la rue Saint-Antoine de notre bonne ville de Paris, abandonnés aux créanciers de la dite société par arrêt de notre cour de parlement du 12 mars 1764, seront acquis en notre nom pour les chanoines réguliers du prieuré de Sainte-Catherine de Paris, par les commissaires que nous nommerions cet effet, et dans la forme et manière accoutumées pour et moyennant le prix et somme de 400,000 livres, payables dans les temps qui seront par nous réglés, etc. Donné à Marly, le 23 mai 1767, signé Louis. » Les chanoines réguliers de Sainte-Catherine furent supprimés en 1790. Après la démolition de l’ancienne église Saint-Paul qui avait été vendue comme propriété nationale le 6 nivôse an V, le culte fut transféré dans l’église des Jésuites, qui reçut alors le titre d’église Saint-Louis et Saint-Paul. C’est aujourd’hui la troisième succursale de Notre-Dame. Dans une partie des bâtiments du couvent fut établi le collége royal Charlemagne. (Voir cet article.)

Louis-le-Grand (collége royal).

Situé dans la rue Saint-Jacques, no  123. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

La société de Jésus fut approuvée en 1540 et 1549 par deux bulles de Paul III. Le fondateur, Ignace de Loyola, envoya sur-le-champ quelques uns de ses disciples à Paris. Plusieurs historiens ont prétendu qu’aussitôt après la publication de la première bulle, ces religieux se logèrent au collége des Trésoriers, puis vers 1542 au collége des Lombards, et en 1550 dans l’hôtel de Clermont qui appartenait au cardinal Duprat. Son éminence qui témoignait à ces pères le plus vif intérêt, leur concilia la protection du cardinal de Lorraine. Ils obtinrent en 1551, par les soins du chef de cette puissante maison, des lettres-patentes qui autorisèrent leur établissement, mais dans Paris seulement. Les oppositions de l’évêque, du parlement et de l’université suspendirent l’effet de cette faveur. Soutenus par les princes Lorrains qui régnaient sous le nom de François II, les Jésuites allaient triompher de tous les obstacles, lorsque la mort du jeune monarque vint leur susciter de nouveaux embarras. Malgré les lettres de jussion, adressées au parlement par Charles IX, les juges hostiles à la nouvelle société décidèrent que le droit d’approuver cette compagnie appartenait seul à l’assemblée générale du clergé, tenue à Poissy et présidée par le cardinal de Lorraine ; le colloque de Poissy admit l’institution des Jésuites en France à titre de société religieuse et de collége. Ce ne fut qu’en 1562 que le parlement consentit à l’enregistrement de cette décision. On doit donc fixer à cette époque l’établissement légal des Jésuites à Paris. Le cardinal Duprat leur avait fait en mourant plusieurs legs considérables pour les aider à fonder un collége. Les Jésuites, jaloux de remplir les dernières intentions de leur bienfaiteur, achetèrent un grand hôtel situé dans la rue Saint-Jacques. Cette maison avait appartenu à Bernard de la Tour, évêque de Langres. Le recteur de l’université accorda aux Jésuites la permission d’enseigner. Ces pères ouvrirent des cours et donnèrent à leur maison le nom de collége de Clermont de la société de Jésus. À peine avaient-ils commencé leurs leçons, qu’un nouveau recteur leur défendit l’exercice des classes. Alors s’élevèrent de nouvelles contestations. Heureusement pour eux, la cause fut appointée, et ces pères, en attendant la décision, se crurent autorisés à continuer les leçons publiques qu’ils avaient commencées. Le talent des professeurs qu’ils employaient attirèrent bientôt dans leur collége un si grand nombre d’écoliers, qu’il fallut penser à augmenter les bâtiments de cette maison. Les Jésuites achetèrent à cet effet plusieurs propriétés voisines en 1578 et 1582. Il firent dans le courant de cette dernière année construire une chapelle dont la première pierre fut posée par Henri III. Tous ces édifices furent reconstruits en 1698.

Les Jésuites suivirent le parti de la ligue, et montrèrent du zèle pour la cause catholique. Tout en paraissant très échauffés, ils firent en sorte cependant de ne point compromettre leurs intérêts de fortune. Le 15 juin 1590, on avait tenu au palais une assemblée où l’on avait arrêté : « que les communautés religieuses seraient obligées de nourrir les pauvres, et qu’il serait fait en conséquence une visite dans les couvents pour constater la quantité de denrées qu’ils renfermaient. » Les Jésuites redoutaient grandement cette visite. Tyrius, recteur du collége de Clermont, accompagné du père Bellarmin, vint supplier le légat d’en exempter leur maison. Le prévôt des marchands, Michel Marteau, sieur de la Chapelle, indigné de cette demande, dit tout haut : « Monsieur le recteur, votre requête n’est civile ni chrétienne. Tous ceux qui avaient du blé ont été forcés de l’exposer en vente pour subvenir aux besoins, publics, pourquoi seriez-vous exempts de cette visite ? Votre vie est-elle de plus grand prix que la nôtre ? » La visite eut lieu ! « On y trouva, dit l’Estoile, quantité de blé et de biscuit pour les nourrir pendant plus d’un an, quantité de chair salée, de légumes, de foin, et en plus grande quantité qu’aux quatre meilleures maisons de la ville. » Trois mois après, le 10 septembre, les Jésuites se conduisirent plus noblement dans une attaque nocturne dirigée contre la porte Saint-Jacques, par les troupes de Henri IV, qui assiéraient Paris. Les ennemis ayant commencé par donner une fausse alerte, les bourgeois s’étaient retirés. Quelques Jésuites seuls étaient restés sur le rempart. Ils aperçurent dans l’obscurité les assiégeants qui étaient revenus sous les murs, et dressaient plusieurs échelles pour les escalader, quelques uns même étaient déjà dans la ville ! Ces pères accoururent, les combattirent vaillamment, les tinrent en échec jusqu’à l’arrivée des troupes de la Ligue. Henri IV étant monté sur le trône, la réaction qui s’opéra contre la Ligue fut également funeste aux Jésuites. Le parlement voulut les faire sortir du royaume. Henri IV suspendit l’arrêt de bannissement. Peu de temps après eut lieu la tentative de meurtre commise par Jean Chastel sur la personne du roi. L’assassin subit le dernier supplice, et par arrêt du 28 décembre 1594, tous les prestres et escholiers du collége de Clermont et tous autres soy disants de la société de Jésus, furent condamnés comme corrupteurs de la jeunesse, perturbateurs du repos public, ennemis du roi et de l’état, à sortir dans trois jours de Paris et dans quinze du royaume. Les Jésuites plièrent devant l’orage, mais ne se découragèrent pas. Ils eurent, suivant leur habitude, recours à l’adresse ; ce genre d’habileté mielleuse leur valut le surnom bien mérité de Pères de la Ruse. À force de patience et de persévérance, ils obtinrent de Henri IV la permission de rentrer en France. Après huit années d’exil, ils revinrent le 25 septembre 1603, mais ce ne fut qu’après la mort du roi qu’ils obtinrent la faveur de tenir un collége et d’instruire la jeunesse. Cette permission leur fut accordée vers 1618. La Sorbonne et l’Université leur suscitèrent de nouveaux embarras qu’ils parvinrent à étouffer. Sous le règne de Louis XIV, les Jésuites prirent un immense ascendant. Le roi leur donna 53,000 livres. Cet argent les aida à acquérir plusieurs maisons ainsi que les bâtiments des colléges de Marmoutiers et du Mans. Ces pères invitérent Louis XIV à assister à une tragédie représentée par leurs élèves. Le roi fut satisfait de la pièce, et dit à un seigneur qui lui parlait du succès de cette représentation : « Faut-il s’en étonner, c’est mon collége ! » Le recteur attentif à ces paroles du monarque saisit avec habileté l’occasion de flatter sa royale vanité. Après le départ de Louis XIV, il fit enlever l’ancienne inscription : collegium Claramontanum, societatis Jesu, et pendant toute la nuit, des ouvriers furent employés à graver sur une table de marbre noir, ces mots en grandes lettres d’or : Collegium Ludovici Magni. Un élève de ce collége, âgé, dit-on, de seize ans, composa également dans la nuit, pendant que les ouvriers travaillaient, le distique suivant :

Substulit hinc Jesum, posuitque insignia regis,
Impia gens alium nescit habere Deum.

« Tu ôtes le nom de Jésus pour y substituer les armes et le nom de Louis : tu ne connais, ô race impie, d’autre divinité que ce roi. » — Une traduction en vers courut également dans tout Paris, la voici :

» La croix fait place au lis et Jésus-Christ au roi ;
» Louis, ô race impie, est le seul dieu chez toi.

L’ordre des Jésuites fut supprimé en 1762. Ces pères furent chassés pour la seconde fois de Paris et de la France en 1763 ; alors on transféra dans leur collége celui de Lisieux. L’université y tint aussi quelque temps ses séances. En 1792, organisé sous une forme nouvelle, il reçut le nom de Collége de l’Égalité ; en 1800 celui de Prytanée. En 1805 on l’appela Lycée Impérial. On lui rendit, en 1814, le nom de Collége royal Louis-le-Grand.

Louis-le-Grand (place du collége).

Située entre la rue Saint-Jacques, nos 130 et 136, et les rues des Poirées et Neuve-des-Poirées. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 38 m. — 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.

Cette place a été formée en 1839, et substituée une partie de la rue des Poirées. Elle est située vis-à-vis du collége royal Louis-le-Grand dont elle a reçu la dénomination. Cet établissement a contribué à l’acquisition des bâtiments dont l’emplacement a servi à la formation de cette voie publique. La largeur de cette place est fixée à 21 m. par une délibération du conseil municipal du 3 août 1838. Les maisons du côté des numéros pairs restent sous l’influence de l’alignement approuvé par une ordonnance royale du 29 décembre 1824, pour la rue des Poirées. Les propriétés nos 4 et 6 sont alignées ; celles nos 2 et 8 sont soumises à un retranchement qui n’excède pas 40 c. (Voyez rue des Poirées.)

Louis-le-Grand (rue).

Commence à la rue Neuve-des-Petits-Champs, nos 72 et 74 ; finit aux boulevarts des Capucines, no  1, et des Italiens, no  29. Le dernier impair est 35 ; le dernier pair, 32. Sa longueur est de 370 m. — Les numéros impairs sont du 1er arrondissement, quartier de la Place-Vendôme ; les nos pairs, du 2e arrondissement, quartier Feydeau.

« Le roi ayant, par arrêt de son conseil du 22 mars 1701, ordonné pour la commodité des habitants des quartiers de Saint-Roch et de Saint-Honoré, que la rue Neuve-Saint-Augustin seroit continuée depuis la rue Neuve-Saint-Roch ou Gaillon, de quatre toises et demie de largeur à prendre en ligne droite depuis l’encoignure, et suivant l’alignement du devant du mur de face de l’hôtel de Lorges jusqu’à la distance d’environ onze toises du mur de clôture du couvent des Capucines, et que de cet endroit il seroit formé une autre rue en retour de cinq toises, parallèle, à la même distance d’onze toises ou environ du mur de l’enclos des Capucines, laquelle seroit appellée rue de Louis-le-Grand, pour communiquer à la rue Neuve des-Petits-Champs et conduire à la place de Louis-le-Grand ; et sa majesté étant informée qu’il seroit nécessaire, pour la commodité de ce quartier, de continuer la dite rue de Louis-le-Grand sur la même largeur de cinq toises jusqu’au boulevart, comme de supprimer la dite rue de Gaillon depuis le coin du dit hôtel de Lorges jusqu’au rempart par où les eaux des rues voisines s’écoulent présentement avec peine, etc. À quoi sa majesté voulant pourvoir et vu sur ce l’avis des sieurs prévôt des marchands et échevins de Paris ; ouï le rapport du sieur Fleuriau d’Armenonville, conseiller ordinaire au conseil royal, directeur des finances ; sa majesté, étant en son conseil, a ordonné et ordonne que, conformément au dit arrêt du conseil du 22 mars 1701, la dite rue Neuve-Saint-Augustin sera continuée depuis la rue Neuve-Saint-Roch ou de Gaillon, de quatre toises et demie de largeur à prendre en ligne droite et suivant l’alignement du devant du mur de face de l’hôtel de Lorges, jusqu’à la rencontre de la rue qui doit être appellée de Louis-le-Grand, laquelle rue sera ouverte de cinq toises de largeur à douze toises ou environ du mur des Capucines, et continuée depuis la rue Neuve-des-Petits-Champs jusqu’au rempart, près la barrière de Gaillon, etc. Fait au conseil d’état du roi, sa majesté y étant, tenu à Marly le 3 juillet 1703. » La rue Louis-le-Grand fut ouverte conformément à cet arrêt. Le procès-verbal qui constate ce percement est à la date du 8 octobre 1703. Une décision ministérielle du 28 brumaire an VI, signée Letourneux, et une ordonnance royale du 4 octobre 1826, ont maintenu la largeur primitive de cette voie publique. Toutes les constructions riveraines sont alignées. — Égout entre la rue Neuve-Saint-Augustin et le boulevart. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Louis-Philippe (pont).

Situé entre les quais de la Grève et Napoléon.

Une ordonnance royale du 13 août 1833 a autorisé la construction de ce pont, dont MM. Callou, Collin et Séguin frères ont été déclarés concessionnaires. Commencé en 1833, sous la direction de MM. Séguin frères, il a été inauguré le 26 juillet 1834. Le terme de la concession est de 49 années qui ont commencé au 13 août 1835, et doivent expirer au 13 août 1884. Ce pont, suspendu en fil de fer, est composé de deux travées ; l’une de 71 m. 13 c., l’autre de 72 m. 50 c. Sa largeur, entre les garde-corps est de 8 m.

Louis-Philippe (rue).

Commence à la rue de la Roquette, nos 32 et 31 ; finit à la rue de Charonne, nos 15 et 17. Le dernier impair est 55 ; le dernier pair, 48. Sa longueur est de 266 m. — 8e arrondissement ; les numéros impairs sont du quartier Popincourt ; les pairs, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

C’était autrefois la rue Lappe. Dans un registre des ensaisinements de Saint-Éloi (archives de l’archevêché) on lit ce qui suit : « Le 22 décembre 1635, les chanoinesses régulières de Saint-Augustin (les filles Anglaises de Notre-Dame de Sion) achetèrent à Bertrand Ferrier, marchand épicier, cinq arpents de terre, hors la porte Saint-Antoine, sur le chemin de Charonne, au lieu dit l’Eau qui dort, tenant d’une part à Girard Lappe, maître jardinier, d’autre au chemin de Paris, tendant à la Roquette, etc. » — Sur cet emplacement cette rue fut tracée ; quelques plans la désignent sous le nom de Gaillard, en raison de l’abbé Gaillard qui y avait fondé une communauté où l’on apprenait à lire et à écrire aux pauvres enfants du faubourg Saint-Antoine. Le plan de Verniquet, qui fait autorité, la nomme néanmoins rue Lappe. — « Séance du 13 avril 1793. Sur le rapport des administrateurs au département des travaux publics, concernant les alignements à suivre pour les reconstructions à faire dans la rue de Lappe, faubourg Saint-Antoine, le corps municipal ayant reconnu d’après le plan de la d. rue qu’elle a dix-huit pieds de largeur, et que sa direction n’offre ni plis, ni coudes, et considérant que cette rue qui ne débouche que vers le bas des rues de la Roquette et de Charonne, n’est pas assez fréquentée pour exiger que sa largeur soit portée à vingt-quatre pieds ; après avoir entendu sur ce le Procureur de la commune, a arrêté que la largeur de la rue de Lappe sera fixée définitivement à dix-huit pieds. » (Registre du corps municipal, t. 39, pag. 6448). — En vertu d’une décision ministérielle du 3 prairial an IX, signée Chaptal, cette largeur fut portée à 8 m. — Une ordonnance royale du 6 mai 1827 a définitivement fixé la largeur de cette voie publique à 10 m.

Le passage du roi dans la rue Lappe, le 23 décembre 1830, lors de la visite qu’il fit au faubourg Saint-Antoine, excita chez les habitants de cette rue un enthousiasme universel, qui se manifesta par des cris unanimes d’amour et de reconnaissance et ensuite par une illumination générale et spontanée. Les propriétaires et les habitants de la rue Lappe, désirant éterniser la mémoire de cette visite bienveillante, résolurent de demander qu’au nom de cette rue fût substitué celui de Louis-Philippe. Le roi consulté sur cette détermination et instruit des circonstances qui l’avaient amenée, daigna répondre qu’il autoriserait volontiers cette nouvelle dénomination. — En vertu d’une décision ministérielle du 27 janvier 1831, le nom de Louis-Philippe fut définitivement assigné à cette voie publique. — La propriété no  31 devra reculer de 1 m. 90 c. ; toutes les autres constructions du côté des numéros impairs sont soumises à un retranchement de 4 m. Les propriétés du côté opposé sont alignées, à l’exception des maisons portant les nos de 4 à 24, qui devront subir un léger redressement. — Conduite d’eau depuis la rue de la Roquette jusqu’à la borne-fontaine.

Louis-Philippe (rue du Pont-).

Commence à la rue des Barres et au quai de la Grève, no  14 ; finit à la rue Saint-Antoine, no  20. Le dernier impair est 23 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 169 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Hôtel-de-Ville.

Une ordonnance royale du 13 août 1833 porte ce qui suit : « Article 1er. L’adjudication passée le 18 juillet 1833, par le préfet de la Seine, pour l’ouverture d’une nouvelle rue en prolongement de la rue Vieille-du-Temple jusqu’au quai de la Grève, et pour la construction d’un pont suspendu sur la Seine, depuis ce quai jusqu’au quai de la Cité, est et demeure approuvée. — Art 2e. L’ouverture de la nouvelle rue depuis la rue Saint-Antoine jusqu’au quai de la Grève, sera effectuée sur une largeur de 13 m. Il est déclaré qu’il y a utilité publique à la d. rue, etc. »

Cette ordonnance fut immédiatement exécutée et l’on donna à la nouvelle communication le nom de rue du Pont-Louis-Philippe, parce qu’elle débouche vis-à-vis du pont ainsi appelé. — Égout. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Louis-Saint-Honoré (rue Saint-).

Commence à la rue de l’Échelle, nos 6 et 8 ; finit à la rue Saint-Honoré, nos 271 et 273. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 42 m. — 1er arrondissement, quartier des Tuileries.

On présume que cette voie publique tire sa dénomination du voisinage de l’hôpital des Quinze-Vingts, fondé par saint Louis. Quelques écrivains pensent qu’elle doit ce nom à la rue Saint-Honoré, qu’on appelait dans cet endroit Grand’rue Saint-Louis. Les plans de Gomboust et de Bullet la nomment rue de l’Échaudé. Dans un censier de l’archevêché de 1663, elle est écrite rue des Tuileries. — Une décision ministérielle en date du 18 thermidor an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. Cette dimension est portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826. Les maisons du côté des numéros impairs ne sont pas soumises à retranchement ; celles du côté opposé doivent reculer de 3 m. à 4 m. 20 c. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lourcine (barrière de).

Située entre les boulevarts des Gobelins et Saint-Jacques.

Elle porta d’abord le nom de la Glacière ; on traverse cette barrière pour aller au village de la Glacière. Sa dénomination actuelle lui vient de sa proximité de la rue de Lourcine. Cette barrière n’a qu’un seul bâtiment à deux péristyles chacun de trois colonnes. (Voir l’article Barrières.)

Lourcine (hôpital de).

Situé dans la rue de Lourcine, no 95. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

Il occupe une partie de l’emplacement du couvent des Cordelières, dont nous parlerons à l’article de la rue Pascal.

Cet établissement, qui sert d’annexe à l’hôpital du Midi, est destiné aux femmes atteintes de maladies vénériennes. Il a été inauguré le 28 janvier 1836, et contient 300 lits.

En 1842, la mortalité a été de 1 sur 29,14 ; la dépense s’est élevée à 156,292 fr. 13 c.

Lourcine (rue de).

Commence à la rue Mouffetard, nos 151 et 156 ; finit à la rue de la Santé, nos 15 et 17. Le dernier impair est 115 ; le dernier pair, 122 bis. Sa longueur est de 1,000 m. — 12e arrondissement ; les numéros impairs, quartier Saint-Marcel ; les numéros pairs, quartier de l’Observatoire.

Cette rue a été formée sur le territoire appelé, vers 1182, Laorcine (de Laorcinis). Selon Sauval on nommait, en 1404, l’endroit où elle est située, la ville de Lourcine lès Saint-Marcel. Ensuite elle fut désignée sous la dénomination de rue du Clos-de-Ganay, en raison du Chancelier de Ganay qui y possédait une maison de plaisance. Dans plusieurs actes, elle est appelée rue Franchise. Cette voie publique dépendait du fief de Lourcine, appartenant à la commanderie de Saint-Jean-de-Latran, et les compagnons artisans avaient droit de franchise sur ce territoire. Enfin le plan de Dheulland l’indique sous le titre de rue des Cordelières. Le couvent de ces religieuses était situé dans cette voie publique (voyez rue Pascal). — Une décision ministérielle du 6 pluviôse an XI, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de la rue de Lourcine à 10 m. Cette moindre largeur est portée à 12 m., en vertu d’une ordonnance royale du 19 juillet 1840. Les constructions ci-après ne sont pas soumises à retranchement : nos 63, l’hôpital de Lourcine, 6, 8, 12, 14, 24, 26, 32, 34, 40, 46, 46 bis, 52, 54, partie de la caserne, 94, 110, 116, 118, 120, 120 bis et 122. — Égout entre les rues Mouffetard et Saint-Hippolyte. — Conduite d’eau depuis la rue Mouffetard jusqu’à celle des Anglaises.

Louviers (île).

Située entre l’île Saint-Louis et le pont d’Austerlitz. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Les voies publiques qui doivent être établies sur l’emplacement de l’île Louviers, n’étant pas encore tracées, nous avons dû conserver l’ancienne dénomination, afin de rendre les recherches-plus faciles.

En 1370, on la nommait l’île des Javeaux ; en 1445, l’île aux meules des Javeaux, depuis simplement l’île aux Meules. Javeau est le nom qu’on donne à une île formée de sable et de limon par un débordement. Vers 1465, elle portait la dénomination de Louviers, parce que Nicolas de Louviers, seigneur de Cannes, qui fut prévôt des marchands en 1468, en était alors propriétaire. En 1549, la ville fit élever sur cette île un fort, un pont et une espèce de hâvre pour donner à Henri II et à Catherine de Médicis le spectacle d’un combat naval et de la prise d’une forteresse. — « Arrêt du conseil (2 octobre 1671). — Sur ce qui a esté représenté au roy en son conseil, par les prévost des marchands et eschevins de sa bonne ville de Paris, que pour establir une meilleure police sur les ports et les débarrasser des marchandises que les marchands forains font arriver en cette ville pour sa provision, qui causoient dans les ports une confusion et des embarras, dont le publicq recevoit un notable préjudice, ils auroient pris la cession du bail judiciaire de l’isle Louviers, saisie réellement sur les héritiers du sieur d’Antragues, dans la quelle isle depuis le dit bail, les d. marchands forains auroient fait descharger leurs marchandises pour l’enlèvement des quelles ils auroient faict faire un pont de batteaux aux frais de la ville, sur le bras d’eau qui sépare la d. isle du port Saint-Paul, ce qui auroit produit beaucoup d’utilité, mais comme les différents incidents qui se forment pendant les criées, et le cours des baux judiciaires pourroient empercher que le publicq ne jouist de l’avantage de ce nouvel établissement de port, etc… ; le roy estant en son conseil a ordonné et ordonne aux sieurs prévost des marchands et eschevins d’acquérir la dite isle Louviers, etc. Signé Séguier et Colbert. » (Archives du royaume, section administ., série E, no  1761). — La ville de Paris ne devint propriétaire de l’île Louviers qu’en 1700, moyennant la somme de 61,500 livres.

La loi du 24 août 1793 enleva aux communes la propriété de leurs biens pour les réunir au domaine national (art. 90, 91 et 92), à l’exception des biens communaux dont le partage avait été décrété par la loi du 20 juin précédent, et des objets destinés aux établissements publics. Par une fausse application de cette loi, le domaine s’empara de l’île Louviers, alors affectée à un service d’utilité publique. Celle affaire fut soumise au conseil d’état dont nous reproduisons l’opinion : « Extrait du registre des délibérations. Séance du 5 avril 1806. — Avis. Le conseil d’état, qui d’après le renvoi ordonné par sa majesté l’empereur et roi, a entendu le rapport de la section des finances sur celui du ministre de ce département, relatif à la location de l’île Louviers ; est d’avis qu’elle doit être considérée comme une place de marché, et abandonnée à la ville de Paris. »

Les terrains de l’île Louviers furent affermés par la ville, aux marchands de bois de Paris, moyennant 40,000 fr. de location annuelle. Le produit de cette location a été abandonné ensuite aux hospices civils de Paris, par arrêté du préfet de la Seine du 10 mai 1813, approuvé par le ministre de l’intérieur le 27 du même mois, et en exécution des décrets des 24 et 27 février 1811, relatifs à l’aliénation des maisons urbaines des hospices, et pour remplacer au profit de cette administration le produit de cette aliénation. — Par ordonnance royale du 10 février 1841, le marché au bois à brûler a été supprimé. Un délai de deux ans à partir de la date de cette ordonnance a été accordé aux marchands de bois pour l’abandon complet des terrains par eux occupés dans l’île Louviers. En 1843, on a comblé le petit bras de rivière et construit un nouveau quai.

Par délibération du 7 juillet de la même année, le conseil municipal a adopté l’ouverture de deux rues sur ces terrains pour communiquer du nouveau quai au boulevart Morland. D’après une autre délibération du 23 février 1844, ces deux rues doivent prendre les noms de Coligny et de l’île Louviers. Le nouveau quai s’appellera quai Henri IV.

Louvois (rue de).

Commence aux rues Lulli et de Richelieu, no  77 ; finit à la rue Sainte-Anne, nos 60 et 62. Le dernier impair est 7 ; le dernier pair, 12. La longueur du côté gauche qui est bordé par la place de Richelieu est de 49 m. ; celle du côté droit, de 116 m. — 2e arrondissement, quartier Feydeau.

Louis-Sophie Le Tellier, marquis de Louvois, brigadier des armées du roi, était, en 1784, propriétaire d’un hôtel ayant son entrée dans la rue de Richelieu et qui s’étendait jusqu’à la rue Sainte-Anne. Il sollicita et obtint de sa majesté l’autorisation d’ouvrir une rue sur l’emplacement de cet hôtel. Les lettres-patentes furent expédiées le 30 avril 1784. Elles portent : « Article 1er. Il sera ouvert aux frais du sieur marquis de Louvois, sur le terrain de l’hôtel à lui appartenant, rue de Richelieu, une nouvelle rue de 30 pieds de largeur qui traversera le d. hôtel et conduira de la d. rue de Richelieu à la rue Sainte-Anne. — Art. 2e. La dite rue sera nommée rue de Louvois, etc. — Art. 5e. Voulons et entendons que les propriétaires des maisons, formant tant à droite qu’à gauche la façade de la d. rue, soient tenus de construire un trottoir le long des dites maisons, dont la largeur sera de 4 pieds et la hauteur de 10 à 12 pouces au moins, avec une bordure de pierres, propre à soutenir le d. trottoir, lequel sera en outre couvert d’un pavé uni et défendu dans toute sa longueur de petites bornes qui seront posées à une certaine distance les unes des autres, telle qu’elle sera déterminée, etc. » — Ces lettres-patentes reçurent leur exécution au mois de novembre 1784. La rue fut ouverte sur une largeur de 9 m. 60 c., dimension qui a été maintenue par une ordonnance royale du 16 avril 1831. Les propriétés riveraines sont alignées. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Le théâtre de Louvois était situé dans cette rue, au no 6. Il avait été construit, en 1791, sur les dessins de Brongniart, architecte. Son inauguration eut lieu le 1er juillet 1793. Fermé pendant quelque temps, il fut rouvert le 7 mai 1801. On y joua jusqu’en 1808. Vers 1820, par suite de l’interdiction de la salle de l’Opéra, les acteurs de ce théâtre donnèrent quelques représentations sur le théâtre de Louvois, qui a été transformé depuis en maison particulière.

Louvre (palais du).

Entrée principale, place du Louvre. — 4e arrondissement.

En quittant la rive gauche, de la Seine au quai d’Orsay, quel imposant tableau attire les regards ! Le palais du Louvre, celui des Tuileries, l’Arc-de-Triomphe, la Madeleine, toutes ces richesses si heureusement groupées, forment un ensemble unique dans l’univers entier. — L’histoire du Louvre, c’est l’histoire de la France tracée sur des murailles. Quand la royauté voulut sortir de tutelle, un château s’éleva, prison toute préparée. Philippe-Auguste montrait aux grands vassaux révoltés son épée de Bouvines et la tour du Louvre. Trois siècles sont écoulés : le vieux château-fort de Philippe-Auguste a passé de mode. François Ier veut oublier Pavie. S’il n’a pu vaincre Charles-Quint, il veut être l’émule des Médicis et des Léon X. Il lui faut de nobles portiques, de précieux bas-reliefs, des frises élégantes. Un nouveau Louvre s’élève, et chaque royauté va lui porter son offrande.

L’origine du Louvre se perd dans la nuit des temps. Les historiens ne sont pas même d’accord sur son étymologie. Les uns font dériver son nom d’un seigneur de Louvres, sur le terrain duquel le premier château fut bâti ; les autres, des loups qui peuplaient la forêt voisine ; quelques uns du vieux mot français ouvre, de sorte qu’on aura dit plus tard l’ouvre pour l’œuvre, l’ouvrage par excellence ; enfin, il en est un petit nombre, et ceux-là nous semblent avancer l’opinion la moins invraisemblable, qui prétendent trouver la racine de ce nom dans le mot saxon lower, qui signifie château. L’existence du Louvre remonterait à Dagobert, s’il fallait en croire une charte de ce roi, citée dans l’histoire de l’Université, par Duboullay ; mais d’autres savants ont contesté l’authenticité de cette pièce. Plusieurs écrivains ont attribué la construction de ce château à Childebert Ier ; enfin Duchêne, dans sa Géographie manuscrite de Paris, prétend que Louis-le-Gros fit entourer le Louvre de murailles ; et qu’il y recevait le serment de fidélité des grands vassaux de la couronne. Il est un fait constant, c’est que l’existence du Louvre est antérieure au règne de Philippe-Auguste. Les bornes de cet article ne nous permettent point de faire ici une description de cette forteresse, on peut d’ailleurs s’en faire une idée en visitant ce qui nous reste du château de Vincennes. — François Ier résolut de faire abattre le Louvre et de construire sur son emplacement un édifice plus élégant. Ce prince en confia l’exécution à Sébastien Serlio, italien. Cet habile architecte, auquel on avait montré le dessin de Pierre Lescot, seigneur de Clagny, eut la générosité d’avouer au roi que le projet de l’artiste français était préférable au sien. Ce fut donc d’après les plans de Pierre Lescot que fut commencé le palais nommé depuis le Vieux-Louvre, pour le distinguer des bâtiments qui furent élevés sous les règnes suivants. Cet édifice ne devait s’étendre, dans le principe, que depuis le pavillon formant l’angle du côté de la rivière, jusqu’à celui qui fait aujourd’hui le milieu de la grande cour. Ce palais, dans lequel on entrait par la salle connue sous le nom des Antiques, devait être composé d’une grande galerie ayant deux pavillons. Celui du côté de la Seine était destiné à l’habitation, et celui du côté opposé était affecté à la chapelle et contenait le grand escalier. La façade principale, décorée de deux ordres d’architecture et d’un attique au-dessus, indiquait clairement que le rez-de-chaussée était destiné au service du palais ; le premier étage à l’habitation du souverain, et l’attique aux logements de sa suite. Henri II fit continuer cet édifice, l’augmenta d’une aile qui s’étendait au midi, du côté de la rivière. Cette aile devait être sans doute répétée dans la partie opposée en prolongement du pavillon du côté du nord. L’escalier et la belle salle nommée aujourd’hui des Cariatides ont été bâtis également sous Henri II. Les sculptures sont dues au ciseau du célèbre Jean Goujon. Sous le règne de Charles IX fut construite la portion de bâtiment en aile qui existe aujourd’hui du côté du jardin de l’Infante, et en retour sur le bord de la rivière jusqu’au guichet du petit clocher.

M. Quatremère de Quincy s’exprime ainsi sur les constructions du vieux Louvre : « Il faut rendre à Lescot la justice de dire qu’il déploya dans son ordonnance, autant de connaissance des principes de la belle architecture, qu’aucun de ses plus habiles prédécesseurs. Les portiques dont il forma l’étage du rez-de-chaussée offrent d’aussi justes proportions des rapports aussi heureux, et des détails aussi corrects que dans les meilleurs ouvrages connus. Il y employa l’ordre corinthien dans toute sa pureté, les profils sont d’une parfaite régularité.

» On voit que son intention fut de porter dans l’ensemble de sa composition la plus grande richesse. Ce fut à cet effet qu’il plaça au rez-de-chaussée l’ordre corinthien, se réservant d’enchérir sur le luxe de cet étage, selon les idées alors reçues, par l’ordre prétendu qu’on appela composite, pour l’étage principal. Effectivement, cet étage l’emporte sur l’inférieur, par le luxe de ses chambranles, comme par l’élégance des festons de sa frise. Qu’il y ait, à vrai dire, un peu trop de ressemblance ou d’égalité de style et de goût d’ornement, ainsi que de proportion, entre les deux étages ou les deux ordres, c’est bien ce qu’il faut reconnaître ; mais chacun pris en particulier n’en dénote pas moins un architecte nourri des meilleures doctrines, rempli des beautés de l’antiquité, et possédant tous les secrets de son art.

» Ce fut par suite de son système de luxe progressif du bas en haut, que Lescot prodigua dans son attique ou étage de nécessité, une telle richesse qu’on n’imagine pas qu’il soit possible d’en mettre davantage. Cependant un certain genre de convenance semble prescrire, dans la devanture d’un palais, le degré de richesse applicable à l’importance de chaque étage ; et sans doute Lescot, indépendamment de quelques autres considérations, força toute mesure dans la décoration de son attique. Ceci conduit au second point de vue.

» Il faut se rapporter au siècle de Lescot, où tous les arts se trouvaient réunis dans la pratique du dessin, par de communes études chez le même artiste. Nul doute ainsi que Lescot n’ait été grand dessinateur, et comme tel n’ait été singulièrement versé dans le genre de la décoration. À part le trop d’ornements et l’excès de détails qu’on peut reprocher au petit étage qui couronne son édifice, on est tenu de reconnaître qu’il n’y a pas un seul de ses détails d’ornement qui ne soit grandement imaginé et d’une exécution supérieure, dans sa totalité comme dans chacune de ses parties. Disons aussi qu’il eut à sa disposition le ciseau des sculpteurs les plus habiles, tant pour le grandiose et la hardiesse de l’exécution que pour la finesse, l’élégance et la pureté du goût. On croit voir qu’il voulut préparer à ces rares talents des motifs variés et de nombreuses occasions de s’exercer et de se produire sous des proportions diverses. Qui oserait aujourd’hui se plaindre d’un superflu décoratif, auquel on doit de semblables beautés ?

» Nous ne devons pas omettre ici la mention de la grande salle construite par Pierre Lescot, et qui occupe à rez-de-chaussée presque toute la longueur de la façade dont on vient de parler. Elle est aussi remarquable par sa composition que par les objets de sa décoration. L’ordre qui y règne est une sorte de dorique composé, dont les colonnes sont distribuées et groupées d’une façon assez particulière. Il faut admirer la manière noble et ingénieuse dont se trouvent terminées les deux extrémités de cette vaste salle. D’un côté, la sculpture a décoré avec une très grande magnificence la cheminée en face de la tribune située à l’autre extrémité. Je parle de cette belle tribune dont les supports sont des cariatides colossales, ouvrages de Jean Goujon, qui, associé à Lescot dans les travaux du Louvre, a donné tant de prix à son architecture, etc… »

Les bâtiments qui forment l’entrée du Musée furent achevés par Henri IV, qui eut le premier la pensée de réunir le Louvre aux Tuileries. Ce prince ajouta une salle de spectacle dans l’espace occupé aujourd’hui par le grand escalier. Il acheva également la galerie qui borde la rivière. Louis XIII termina le pavillon de l’Horloge et la façade de ce côté. Il entreprit les deux autres corps de bâtiments au nord et au levant, prolongea celui du midi ; ainsi le plan carré de la cour du Louvre, telle qu’on la voit aujourd’hui, est l’ouvrage des rois Henri IV et Louis XIII. Le cardinal Mazarin concourut aussi à l’achèvement du Louvre. Ce ministre chargea l’architecte Le Veau d’élever la façade du côté de la Seine. Il ne faut pas confondre ce bâtiment avec celui qui existe aujourd’hui. Ce dernier a été bâti beaucoup plus près de la rivière. Colbert, appelé au ministère et à l’intendance des bâtiments du roi en 1664, n’approuva point les projets de Le Veau pour l’agrandissement du Louvre. Les dessins de cet architecte offraient d’heureux détails, mais l’ensemble était mesquin et peu digne d’un monarque dont la gloire et la magnificence jetaient déjà un si vif éclat. Sans repousser toutefois le plan de cet artiste, Colbert crut devoir ouvrir un concours pour cette grande entreprise. Ce fut pour la première fois qu’on suivit en France une marche aussi solennelle, dans l’érection d’un monument aussi grandiose. Le modèle en bois de Le Veau fut exposé et condamné d’une voix unanime. Parmi les autres projets conçus par les plus habiles architectes, un dessin fut remarqué. Il ne portait pas de nom d’auteur. On sut bientôt qu’il était de Claude Perrault, médecin, qui par goût s’occupait d’architecture. Ce projet, que favorisa tout-à-coup l’opinion générale, avait aussi frappé Colbert. Les autres artistes, jaloux d’un si beau travail, firent entendre au ministre qu’un tel plan n’était qu’un charmant dessin, fait uniquement pour éblouir les yeux mais qu’au fond il était d’une exécution impossible, et ne supportait point un examen approfondi. Ces observations ébranlèrent le ministre. Pour se tirer d’embarras, Colbert résolut de prendre l’avis des meilleurs architectes d’Italie. Par une bizarrerie difficile à expliquer, ce fut le dessin de Le Veau qu’on envoya. Les artistes étrangers, au lieu d’examiner l’ouvrage, donnèrent plusieurs plans. Celui de Bernini obtint la préférence, et Louis XIV demanda l’architecte habile dont il avait admiré le travail. Bernini arriva en France. On lui fit une réception magnifique et digne d’un prince du sang. Des officiers envoyés par la cour apprêtaient à manger sur la route. L’artiste était complimenté et recevait des présents dans toutes les villes où il passait. Quand il approcha de Paris, on envoya au-devant de lui M. de Chantelou, maître d’hôtel du roi. Ce seigneur qui savait l’Italien, reçut l’ordre d’accompagner Bernini tout le temps que cet artiste daignerait séjourner dans la capitale. Les honneurs prodigieux qu’on rendit à cet étranger excitèrent la jalousie des architectes français. Cette jalousie se changea bientôt en haine, lorsqu’ils entendirent Bernini louer avec emphase les seuls monuments de l’Italie. Voici le portrait qu’un historien contemporain nous a laissé de cet architecte : « Bernini avait une taille au-dessous de la moyenne, bonne mine, un air hardi. Son âge avancé et sa bonne réputation lui donnaient encore beaucoup de confiance. Il avait l’esprit vif, brillant, et un grand talent pour se faire valoir. Beau parleur, tout plein de sentences, de paraboles, d’historiettes et de bons mots dont il assaisonnait la plupart de ses réponses. Il ne louait et ne prisait guère que les hommes et les ouvrages de son pays. Il citait souvent Michel-Ange. On l’entendait presque toujours dire : « Sicome diceva il Michel-Angelo Buonarotti. » — Les ennemis de l’Italien surent faire remarquer ses défauts, raillèrent sa personne, l’abreuvèrent de dégoûts, et le forcèrent enfin à demander sa retraite. Après huit mois de séjour en France, Bernini retourna en Italie, comblé d’honneurs et de pensions, mais forcé d’abandonner aux architectes français un champ que sa réputation lui avait acquis et que sa vanité lui avait fait perdre. Colbert favorisa alors ouvertement le projet de Perrault, et le fit approuver par le roi. Mais dans la crainte qu’un médecin ne pût réunir tous les talents nécessaires pour construire un monument aussi important, on lui adjoignit un conseil composé de Le Veau, de Dorbay, architectes, et du peintre Lebrun. Colbert présidait les séances de ce conseil qui se tenait deux fois par semaine. Le génie de Perrault ne put néanmoins s’assujettir aux calculs pécuniaires, aux convenances locales. Il vit et exécuta son sujet en artiste habitué à saisir avant tout le côté poétique. L’idée qu’il s’était faite du palais d’un grand empire était empreinte de ce caractère grandiose et majestueux qui domine le spectateur et lui donne une haute opinion du maître qui l’habite. En vain chercherait-on à critiquer le péristyle du Louvre en disant que les colonnes accouplées le déparent, que le soubassement trop élevé est défectueux ; ce qui constitue les chefs-d’œuvre n’est point l’absence des défauts, mais bien la présence des beautés du premier ordre, placées par la main du génie avec cette hardiesse qui commande l’admiration. Cet artiste éminent a fait revivre avec une grande habileté la justesse et la beauté des proportions antiques. Il a porté le bon goût des ornements, la pureté des formes, le fini d’exécution à ce haut degré qui est peut-être la dernière limite que le génie ne saurait franchir impunément. Perrault érigea également une partie de la façade en retour du côté de la rivière. Mais les dépenses excessives des bâtiments de Versailles, entrepris à la même époque, et surtout les frais occasionnés par les guerres, firent suspendre les travaux du Louvre.

La régence dédaigna de purifier les richesses éphémères créées par le système de Law, en les employant à l’achèvement de nos édifices nationaux. Louis XV résolut de continuer le Louvre ; Gabriel et Soufflot furent chargés successivement d’en diriger les constructions d’après les projets de Perrault. On bâtit alors le troisième ordre de la face intérieure, derrière la colonnade, le fronton dans la cour du midi, celui du nord et le vestibule de la rue du Coq. Mais bientôt le Louvre fut livré à d’obscurs favoris qui s’y formèrent des habitations en rapport avec leur taille, rien ne fut respecté ; on perça les murs principaux pour faire des distributions nouvelles, les poutres des planchers furent coupées pour livrer passage à des tuyaux de cheminées, puis les voûtes, les piliers, soutiens de l’édifice, furent altérés, mutilés ; des maisons particulières obstruèrent aussi la cour, les façades furent couvertes dans le bas par des barraques informes et dégoûtantes ; en un mot, ce superbe monument ressemblait à un géant attaqué par des pygmées. L’infortuné et vertueux Louis XVI doit être mis au nombre des souverains qui se sont imposé la glorieuse obligation de terminer le Louvre ; ce palais commençait à se débarrasser des cahutes qui l’emprisonnaient, lorsque les troubles politiques vinrent encore suspendre les travaux. La république échangea ses richesses contre du fer, et dédaigna de s’occuper de ce palais, après en avoir tué le maître.

Napoléon, qui cherchait à rattacher le présent au passé, résolut de terminer un palais auquel sept rois ses prédécesseurs avaient travaillé. L’empereur s’exprimait ainsi devant MM. Percier et Fontaine, sur la destination future du Louvre : « Que la majesté et la grandeur soient le caractère distinctif de ce palais, où le souverain ne viendra que passagèrement recevoir les hommages et les respects dus à son rang ; car c’est dans une demeure d’une proportion moins vaste, c’est hors du trône et de la représentation dont il ne peut se passer, qu’il ira chercher toutes ses aises et le bien-être de la vie privée. » — Napoléon décida qu’on garderait la façade de l’horloge, du côté du couchant, comme modèle de l’ancien Louvre, bien supérieur au Louvre nouveau, et que les trois autres façades au midi, au nord, et au levant, ouvrages du règne de Louis XIV, seraient achevées, améliorées et raccordées à la première. Cette détermination fut exécutée ; trois façades du Louvre, décorées de trois ordres d’architecture, sont entièrement pareilles ; la quatrième avec deux ordres, un attique et un pavillon couronné d’un dôme au milieu de l’aile, a été rétablie d’après les plans de Pierre Lescot.

Réunion des deux palais du Louvre et des Tuileries.

Le Louvre et les Tuileries qui sont destinés à ne former qu’un seul édifice, n’ayant pas été construits par un seul monarque et sur un plan bien arrêté, les architectes auront de la peine à vaincre les difficultés que présentent les dispositions irrégulières de ces deux monuments. — « Le Louvre, qu’il faut considérer (disent MM. Percier et Fontaine) comme la restauration d’un vieux château, avait été élevé à l’extrémité de la ville, près des bords de la Seine, et en partie sur des fondations anciennes. Le château des Tuileries, dont on avait voulu faire une habitation de campagne agréable, était bâti isolément hors de la ville, sans aucun rapport avec la position du Louvre. Ainsi il est résulté que tout, dans la situation respective de ces deux édifices, est l’effet de plusieurs hasards contraires. L’ordonnance, la décoration, les hauteurs des façades ne s’accordent sur aucun plan ; les axes du milieu des deux palais ne se correspondent point, le parallélisme des deux façades est disparate. Le sol même en plusieurs parties varie au point que, des rez-de-chaussée de la galerie du Musée au niveau de la cour du Louvre, on trouve près de 3 m. de différence. — L’empereur, après s’être fait rendre un compte exact de ces deux palais, décida que le plan général pour la réunion du Louvre et des Tuileries serait exécuté ainsi que nous allons l’indiquer. Les deux palais du Louvre et des Tuileries seront séparés par une ligne transversale, qui contiendra au premier la bibliothèque nationale avec tout ce qui en dépend, et qui au rez-de-chaussée aura un large portique traversant la place du Carrousel jusqu’au quai. L’aile neuve des Tuileries, destinée à loger les services administratifs de la maison, sera continuée jusqu’à la rencontre du portique de l’aile transversale. Une fontaine publique, de forme ronde, placée au point d’intersection de l’axe des deux palais, entre l’arc de triomphe de l’entrée de la cour des Tuileries et l’aile de la bibliothèque, empêchera que d’aucun point on ne puisse découvrir en même temps les deux milieux et par conséquent leur irrégularité. Toutes les différences du parallélisme, de disposition locale et d’ordonnance, seront ainsi rejetées dans les divisions des murs et des pièces sur la largeur de l’aile transversale. La décoration extérieure des trois ailes au midi, au nord et au levant du château, sera semblable et conforme à ce qui est fait dans l’aile du Musée et dans l’aile neuve, presqu’entièrement bâtie en face. L’aile du Louvre du côté des Tuileries, autrement dite l’aile de l’horloge, sera précédée d’une avant-cour entourée de portiques et de bâtiments dont le plan et l’ordonnance sont indiqués par l’état de la décoration des constructions premières et par la disposition du pavillon de l’entrée du Musée. Ces bâtiments contiendront des salles d’assemblées et d’expositions pour les corps savants, l’Université, l’Institut, les corporations utiles et les établissements qui ont pour objet l’encouragement des arts et de l’industrie ; plus un appartement d’honneur, plusieurs autres appartements et logements de suite ; les écuries, les remises et tout ce qui dépend de ce service, occuperont l’étage bas de la cour, entre l’aile du midi de l’avant-cour du Louvre et la galerie du Musée. La salle de théâtre de l’Opéra, bâtie isolément sur la place du Palais-Royal, et faisant face à l’entrée principale de ce palais, communiquera à l’aile des fêtes par un arc couvert ; un pavillon pareil à celui de l’entrée du Musée, formera de l’autre côté le porche de l’église du Louvre, commencée pour remplacer celle de Saint-Germain-l’Auxerrois qui sera démolie lorsqu’on exécutera la place et le percement de la rue du Trône. » — Tel était le magnifique programme arrêté par Napoléon. Les deux palais du Louvre et des Tuileries, unis, confondus, devaient former un seul monument dont les proportions eussent répondu à la grandeur de la capitale. L’empire a disparu et le Louvre reste inachevé. Il appartient à la royauté nouvelle de terminer cet édifice et d’inscrire glorieusement son nom sur le plus beau monument de la France.

Louvre (place du).

Commence aux quais du Louvre et de l’École, no 34 ; finit à la place de l’Oratoire et à la rue des Poulies, no 2. Pas de numéro impair ; ce côté est bordé par la colonnade du Louvre ; le dernier pair est 26. Sa longueur est de 205 m. — 4e arrondissement ; le côté gauche et les numéros de 2 à 10 sont du quartier du Louvre ; les numéros de 12 à 26 dépendent du quartier Saint-Honoré.

En 1300 et 1313, une voie publique nommée Osteriche, depuis Autriche, régnait le long de l’ancien Louvre et aboutissait au quai. Elle prit plus tard la dénomination de rue du Petit-Bourbon, en raison de l’hôtel du Petit-Bourbon, dont nous parlerons dans le cours du présent article. En 1806, on lui donna le nom de place d’Iéna ; en 1814, celui du Louvre. — Une décision ministérielle du 17 frimaire an XI, signée Chaptal, a fixé l’alignement de cette voie publique. Propriétés de 2 à 6, retranch. 6 m. à 8 m. 50 c. ; maison à l’encoignure gauche de la place Saint-Germain-l’Auxerrois, ret. réduit 2 m. 20 c. ; celles de 8 à 18 devront avancer sur leurs vestiges actuels ; 20, alignée ; 22, redress. ; 24, ret. 60 c. ; 26, alignée. — Égout entre le quai et la rue des Fossés-Saint-Germain-l’Auxerrois. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Dans la rue d’Autriche on voyait l’hôtel du Petit-Bourbon, ainsi dénommé parce qu’il servait de demeure aux ducs de Bourbon. Cet hôtel avait été bâti peu de temps après que Philippe-Auguste eût fait augmenter le Louvre. Il fut réparé sous les règnes de Charles V et Charles VI. Le connétable de Bourbon ayant été déclaré criminel de lèse-majesté, une partie de la demeure du Petit-Bourbon fut démolie en 1527, et l’on sema du sel sur ce terrain ; la couverture et les moulures de la porte principale furent barbouillées de ce jaune infamant dont le bourreau brossait les maisons des criminels de lèse-majesté. On voyait encore du temps de Sauval des armoiries brisées et à demi-effacées ; une tour en partie rasée se trouvait près de la rivière. Parmi les bâtiments conservés, on remarquait aussi une galerie d’une grande étendue ; on y tint, en 1614 et 1615, l’assemblée des états ; plus tard elle servit de théâtre, et la cour y donnait des fêtes. Plusieurs fois Louis XIV, dans sa jeunesse, vint danser publiquement dans cette salle. Ce théâtre fut accordé, en 1658, à la troupe de Molière. Deux ans après, les comédiens abandonnèrent ce local qui fut détruit ; on plaça dans les autres corps de logis les écuries de la reine et les meubles de la couronne. Louis XIV ordonna, en 1665, la démolition des bâtiments qui restaient de l’ancien hôtel du Petit-Bourbon ; sur ce terrain on construisit la colonnade du Louvre, et on forma aussi la place dont nous nous occupons. — Mercier, l’auteur du Tableau de Paris, nous rappelle ainsi le genre de commerce qu’on faisait encore en 1788 sur la place du Louvre. « En face de la superbe colonnade, dit cet écrivain, on voit beaucoup de vieilles hardes, qui suspendues à des ficelles et tournant au vent, forment un étalage hideux. Cette friperie a tout à la fois un air sale et indécent. Là, tous les courtauds de boutiques, les maçons et les portefaix vont se recruter en culottes qui ont manifestement servi ; les neuves y sont de contrebande, il y en a de toutes les formes, de toutes couleurs et de toute vétusté exposées aux chastes regards du soleil et des jolies femmes, soit anglaises, soit italiennes, soit espagnoles, qui ne peuvent admirer le péristyle du Louvre sans voir en même temps ces échoppes si ridiculement ornées. Des parasols chinois en toile cirée, de dix pieds de haut, mais grossièrement travaillés, servent d’abri à cette multitude de fripiers, étalant là des nippes ou plutôt des haillons. Lorsque ces parasols sont baissés la nuit, ils forment dans l’obscurité comme des géants immobiles rangés sur deux files, qu’on dirait garder le Louvre ; quand on n’est pas averti, on recule dans les ténèbres au premier aspect et l’on ne saurait deviner ce que c’est que ces fantômes. » — Cette place a été dégagée des guenilles qui l’obstruaient ; une grille de fer orne la place, au droit du péristyle du Louvre, mais une portion, au côté gauche de l’édifice, n’est encore protégée que par une misérable palissade en bois, appuyée sur des pierres que le temps a disjointes. Un terrain a été ménagé entre cette clôture et le palais ; pendant plusieurs années il fut occupé par les tombeaux des citoyens morts dans les journées de juillet 1830. Les restes de ces combattants ont été déposés dans les caveaux de la colonne de la Bastille.

Louvre (quai du).

Commence à la place du Louvre et au quai de l’École ; finit au quai des Tuileries. Sa longueur est de 264 m. — 4e arrondissement, quartier du Louvre.
Lettres missives du roi aux prévôt des marchands et échevins.

« (15 mars 1527). De par le roy. Très chers et bien amez, pour ce que nostre intention est de doresnavant faire la plus part de nostre demeure et séjour en nostre bonne ville et cité de Paris, et alentour plus qu’en aultre lieu de royaulme, cognaissant nostre chastel du Louvre, estre le lieu plus commode et à propos pour nous loger, à ceste cause avons délibéré, faire réparer et mettre en ordre le dit chastel, et faire clore la place estant devant icelluy, pour nous en aider et jouir, nous avons bien voulu advertir à ce que advisiez un chemyn le long de la tour respondant sur la rivière, près la fausse porte par où l’on a accoustume passer les chevaulz tirant les basteaux, afin que trente chevaulz puissent doresnavant par le dit chemyn avoir leur passage, etc… Donné à Saint-Germain-en-Laye, le 15e jour de mars 1527. Signé François. » — On voit dans les registres de l’Hôtel-de-Ville que les constructions de ce quai avaient déjà occasionné, en 1537, une dépense de 10,000 écus. Les travaux ne pouvaient être achevés qu’en y employant une pareille somme. — En vertu d’une ordonnance du bureau de la ville du 8 août 1622, ce quai fut élargi pour la commodité de la navigation. À la fin du XVIIIe siècle, on le nomma quai du Muséum ; depuis on l’appelle quai du Louvre, parce qu’il longe la grande galerie de ce palais ; il a été reconstruit depuis 1810. Il n’existe pas d’alignement pour cette voie publique. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lowendal (avenue de).

Commence à l’avenue de Tourville ; finit aux chemins de ronde des barrières des Paillassons et de l’École-Militaire. Le dernier impair est 27 ; le dernier pair, 10 ; ce côté est en grande partie bordé par les bâtiments de l’École-Militaire. Sa longueur est de 812 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Cette avenue a été formée vers 1770. Jusqu’en 1838, la partie qui s’étend de l’avenue de Tourville à la place de Fontenoi porta le nom de Boufflers, en mémoire de Louis-François duc de Boufflers, pair et maréchal de France, né en 1644, mort à Fontainebleau en 1711. — En vertu de la loi du 19 mars 1838, l’avenue de Lowendal a été cédée par l’État à la ville de Paris. Suivant le plan annexé à cette loi, l’avenue de Boufflers est confondue dans l’avenue de Lowendal. — Conduite d’eau entre la place de Fontenoi et l’avenue Suffren.

Ulric-Frédéric Woldemar de Lowendal naquit à Hambourg en 1700. Son père étant tombé en disgrâce se réfugia en Saxe. Le jeune Lowendal voulut suivre la carrière des armes et se distingua dans les rangs de l’armée impériale. À Peterwaradin, à Belgrade, il attira sur lui les regards du prince Eugène. Après une expédition glorieuse qu’il fit en Sicile, il fut nommé officier général. Le maréchal de Saxe, son ami d’enfance, l’engagea bientôt à venir en France, et lui fit donner le grade de lieutenant-général. À Fontenoi, Lowendal commandait une division, et décida du succès de la bataille en venant tout-à-coup se joindre à la maison du roi, au moment où elle exécutait cette charge si brillante qui fit reculer les ennemis. Lowendal recueillit les fruits de la victoire, en s’emparant des villes d’Oudenarde, d’Ostende et de Nieuport. La campagne qui suivit ne fut pas moins heureuse pour ce général, qui enleva par un coup de main hardi l’importante place de Berg-op-Zoom. Le bâton de maréchal fut la récompense de son courage. Il concourut cette même année à la prise de Maëstricht, et le traité d’Aix-la-Chapelle, conclu en 1748, lui permit de goûteur quelques années de repos. Lowendal mourut à Paris le 27 mai 1755.

Lubeck (rue de).

Commence à la rue de la Croix-Boissière ; finit aux chemins de ronde des barrières Sainte-Marie et de Longchamp. Pas de numéro. Sa longueur est de 592 m. — 1er arrondissement, quartier des Champs-Élysées.

En vertu d’une décision ministérielle du 19 juillet 1806, signée Champagny, la partie de cette rue comprise entre celle de Longchamp et la barrière Sainte-Marie, a été tracée vers 1807, sur les terrains provenant de la communauté dés filles de la Visitation Sainte-Marie. Sa largeur a été fixée à 13 m. 64 c. Les constructions riveraines sont alignées. — La deuxième partie qui, de la rue de la Croix-Boissière aboutit à celle de Longchamp, est indiquée sur le plan de Verniquet, mais sans dénomination. Elle a été fixée à 8 m. de largeur par une décision ministérielle du 7 août 1818. Les constructions riveraines de cette partie sont à l’alignement. Cette rue n’est encore ni pavée ni éclairée. Son nom rappelle le glorieux combat de Lubeck des 6 et 7 novembre 1806.

Lulli (rue).

Commence à la rue Rameau, no  2 ; finit à la rue de Louvois, no  1. Le seul impair est 1 ; pas de numéro pair ; ce côté est bordé par la place de Richelieu. Sa longueur est de 38 m. — 2e arrondissement quartier Feydeau.

« Administration centrale. — Séance du 29 nivôse an V. L’administration centrale du département de la Seine, sur le rapport fait, qu’en exécution de l’autorisation donnée au citoyen Cottin, par l’ancienne municipalité de Paris, d’ouvrir deux nouvelles rues sur un terrain du ci-devant hôtel de Louvois, situé entre les rues de Richelieu et Helvétius (Sainte-Anne), dont l’une serait parallèle à la rue de Louvois, l’autre pour servir de prolongement à la rue de Chabanais, le d. citoyen Cottin aurait fait ouvrir ces deux rues, mais que l’entrepreneur des bâtiments construits sur cette dernière ayant commis une erreur dans le percement, il était inévitable d’y remédier par un biais ; que pour être autorisé à cette mesure, le d. citoyen Cottin agissant pour les administrateurs de la ci-devant caisse d’escompte, s’était pourvu à cet effet auprès de l’ancienne municipalité ; qu’en conséquence le bureau municipal avait adopté, par un arrêté du 30 juillet 1793 (vieux style), la proposition faite par les ci-devant administrateurs de la caisse d’escompte, de sauver par un biais l’erreur qui s’était glissée lors de la plantation de la continuation de la rue de Chabanais, conformément au plan annexé à leur demande, etc. Vu aussi la demande du citoyen Psalmon, se disant maintenant propriétaire de la portion de terrain située à l’angle de la rue projetée, ensemble le rapport de l’inspecteur général de la voirie ; considérant que le moyen proposé pour le percement nécessaire au prolongement de la rue de Chabanais ne peut être adopté comme irrégulier et incommode au public ; ouï le commissaire du directoire exécutif ; arrête que le percement à faire pour le prolongement de la rue de Chabanais ne pourra être exécuté par le biais proposé, mais par une ligne droite prise de droite et de gauche en prolongation et même direction que le nud des murs de face des maisons construites rue de Chabanais, etc. » (registre 13, page 60). Il parait qu’on ne tint aucun compte de cette défense, car la rue fut maintenue avec le biais signalé dans la pièce qui précède. Sa largeur avait été fixée à 24 pieds. Cette voie publique qui longeait l’ancienne salle de l’Opéra, reçut le nom de Lulli, en mémoire de Jean Lulli, célèbre compositeur de musique, né à Florence en 1633, mort à Paris en 1687. — Une ordonnance royale du 16 avril 1831 a maintenu les constructions de la rue Lulli dans leur état actuel. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Lune (rue de la).

Commence à la rue Beauregard, no  47, et au boulevart Bonne-Nouvelle, no  5 bis ; finit à la rue Poissonnière, nos 38 et 40. Le dernier impair est 45 ; le dernier pair, 42. Sa longueur est de 267 m. — 5e arrondissement, quartier Bonne-Nouvelle.

La construction de cette rue, commencée en 1630, fut achevée vers 1648. Elle tire vraisemblablement sa dénomination d’une enseigne. — Une décision ministérielle du 3 vendémiaire an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 21 juin 1826, sa moindre largeur a été portée à 10 m. L’église, les maisons nos 32 et 38 sont alignées ; les propriétés nos 3, 5, 17, 19, 40 et 42, ne devront subir qu’un léger redressement. — Égout entre les rues Notre-Dame-de-Recouvrance et Poissonnière. — Conduite d’eau depuis la rue Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle jusqu’à la borne-fontaine. — Éclairage au gaz (compe Française).

Dans cette rue, au no 32, était la principale entrée de la communauté des Filles de la Petite-Union-Chrétienne, connue également sous le nom de Petit-Saint-Chaumont. Jean-Antoine Le Vacher, prêtre, qui contribua par son zèle à la formation de l’établissement religieux dont nous avons parlé à l’article du passage Saint-Chaumont, résolut d’en former un second sur le même modèle. Il sut intéresser plusieurs personnes puissantes à la nouvelle fondation. Louis-Antoine de Noailles, évêque de Châlons, la duchesse sa mère et mademoiselle de Lamoignon, s’en déclarèrent protecteurs. Les membres de cette association jetèrent les yeux sur une maison située rue de la Lune. Cette propriété avait été bâtie par François Berthelot, secrétaire de la dauphine, pour recevoir cinquante soldats blessés dans les dernières campagnes. La construction de l’hôtel royal des Invalides ayant rendu cette maison inutile, elle fut vendue en 1682 aux filles de l’Union-Chrétienne. Sainte Anne était la patronne titulaire de cette communauté, dans laquelle on recevait les jeunes filles nouvellement converties au catholicisme, et qui avaient besoin de conseils et de protection. Les jeunes personnes qui, cherchant à se mettre en condition, manquaient de toutes les ressources nécessaires à la vie, y trouvaient également un asile. Cette communauté, supprimée en 1790, devint propriété nationale et fut vendue le 7 germinal an III. Elle contenait alors une superficie de 638 m. 645 millim. Les bâtiments ont été démolis en 1822 et remplacés par une maison particulière.

Luxembourg (palais du).

Situé dans la rue de Vaugirard, en face de la rue de Tournon. — 11e arrondissement.

Sur une partie de l’emplacement occupé par le palais du Luxembourg, Robert de Harlay de Sanci fit bâtir, vers le milieu du XVIe siècle, une grande maison accompagnée de jardins. Dans un arrêt de la cour des aides, rendu en 1564, cette propriété est qualifiée d’Hôtel bâti de neuf. Le duc de Pinci-Luxembourg en fit l’acquisition, et ajouta en 1583 et 1585 plusieurs terrains contigus pour l’agrandissement des jardins. Ce domaine passa ensuite à la reine Marie de Médicis, qui l’acheta le 2 avril 1612 moyennant 90,000 livres. Ce fut sur ce vaste emplacement que la veuve de Henri IV conçut le projet de faire construire une habitation toute royale. Jacques de Brosse fournit les dessins du monument, et dirigea les travaux avec tant d’activité, qu’en peu d’années l’édifice se trouva complètement terminé. Il devait porter le nom de palais Medicis, mais la reine l’ayant légué à Gaston de France, duc d’Orléans, son second fils, il prit la dénomination de palais d’Orléans, ainsi que le prouvait une inscription qui demeura sur la principale porte jusqu’au commencement de la révolution, mais l’ancien nom de Luxembourg à prévalu et sert encore à désigner ce monument. Après la mort du second fils de Henri IV, ce palais échut par moitié à la duchesse de Montpensier, l’autre partie lui fut abandonnée moyennant la somme de 500,000 livres. Une transaction le fit passer en 1672 à Élisabeth, duchesse d’Orléans et d’Alençon, qui le céda au roi en mai 1694. Ce palais fut depuis occupé par la duchesse de Brunswick et par Mademoiselle d’Orléans, reine douairière d’Espagne. Il rentra à la mort de cette princesse dans le domaine royal, et Louis XVI le donna, par édit du mois de décembre 1778, à Louis-Stanislas-Xavier, fils de France, Monsieur, à titre et par augmentation d’apanage. Le palais du Luxembourg devint au commencement de la révolution propriété nationale. En 1792, il fut converti en prison. Le 4 novembre 1794 le directoire exécutif s’y installa.

« Conseil des Cinq-Cents. Commission législative. Séance du 3 nivôse an VIII. Projet de résolution adopté. — Article 1er. Le sénat conservateur et les consuls entreront en fonctions le 4 nivôse an VIII, etc. — Art. 7e. Les édifices nationaux ci-après désignés seront affectés aux diverses autorités constituées : 1o le palais du Luxembourg, au sénat conservateur ; 2o le palais des Tuileries, aux consuls ; 3o le palais des Cinq-Cents, au Corps-Législatif ; 4o le palais Égalité, au Tribunat, etc. » (Extrait du Moniteur du 3 nivôse an VIII.)

Après la chute de l’empire, le palais du Luxembourg reçut une nouvelle destination. — Ordonnance royale du 4 juin 1814. « Louis, etc. Voulant pourvoir à ce que la chambre des pairs de France soit environnée dès son entrée en fonctions de tout ce qui peut annoncer à nos sujets la hauteur de sa destination, nous avons déclaré et déclarons, ordonné et ordonnons ce qui suit : — Article 1er. Le palais du Luxembourg et ses dépendances telles qu’elles seront par nous désignées, sont affectés à la Chambre des Pairs, tant pour y tenir ses séances, y déposer ses archives, que pour le logement des officiers, ainsi que le tout sera par nous réglé et établi. — Art. 2e. La garde du palais de la Chambre des Pairs, celle de ses archives, le service de ses messagers d’état et huissiers, sont sous la direction d’un pair de France, choisi par nous, sous la dénomination de Grand-Référendaire de la Chambre des Pairs. — Art. 3e. Il résidera au palais, et ne pourra s’absenter sans notre permission expresse, etc. Signé Louis. »

Ce palais, dont nous venons de tracer rapidement l’origine, est sans contredit un des plus beaux de l’Europe ; et cependant on ignore jusqu’au lieu et jusqu’à la date de la naissance et de la mort de l’illustre architecte qui le construisit.

Marie de Médicis avait habité, à Florence, le palais Pitti, séjour habituel des grands ducs de Toscane. La veuve de Henri IV voulut que le palais de ses pères servît de type à l’édifice que Jacques de Brosse allait élever. Mais le génie du grand architecte ne put s’assujettir au programme arrêté par la reine.

« Si l’on excepte, en effet, dit M. Quatremère de Quincy, ce style de bossages dans lequel l’architecte français resta, quant au goût colossal du genre, à un degré fort inférieur à ce qui put lui servir de modèle chez l’architecte Florentin, on sera obligé de dire que les deux édifices ont les plus grandes dissemblances dans le plan général, dans l’ensemble des élévations variées, et tant à l’intérieur que dans les distributions intérieures. Bernini, qui vit le bâtiment terminé lors de son voyage, à Paris, convenait qu’il n’y avait nulle part de palais, ni mieux bâti, ni plus régulier.

» La plus grande dimension du palais du Luxembourg est de 180 pieds ; la moindre, c’est-à-dire celle de la face qui regarde la rue qui y aboutit est de 150 pieds. Son plan général forme un carré presque exact, dont toutes les parties sont en symétrie les unes avec les autres (on parle du plan général avant les modifications opérées par les nouvelles destinations). Sa simplicité répond à sa régularité. Il consiste en une très grande cour, environnée de portiques et flanquée dans ses angles de quatre bâtiments carrés qu’on appelle pavillons. Les vastes et spacieuses galeries qui font au rez-de-chaussée parcourir à couvert toute l’étendue du bâtiment, lui donnent un grand air de magnificence. La partie la moins heureuse de la disposition générale consiste, sur le jardin, dans la répétition de deux pavillons qui de ce côté composent la façade. Ces deux gros pavillons, trop voisins des deux qu’ils semblent doubler, se communiquent dans leur aspect une pesanteur réciproque. L’extérieur seul s’est conservé intact, et cette partie est celle qui constitue plus spécialement l’architecture. On peut considérer celle-ci sous deux rapports, savoir : la composition ou l’ensemble des masses et leur décoration.

» Sous le premier point de vue, ce palais mérite les plus grands éloges. On ne citerait guère en aucun pays un aussi grand ensemble, qui offrît avec autant d’unité et de régularité un aspect à la fois plus varié et plus pittoresque, surtout dans sa façade d’entrée. Cet effet résulte de l’avant-corps du milieu, couronné par cette coupole qui se trouve liée fort heureusement aux deux pavillons d’angle, et sert ainsi ou de motif, ou de raccordement à leur hauteur. De Brosse, en entremêlant sa composition de ces énormes pavillons, ne fit que suivre une des traditions des anciens châteaux forts dont la France était encore couverte. Mais ce qui aurait pu n’offrir que des disparates et des masses décousues, comme on le pratiquait autrefois, est devenu, au palais du Luxembourg, la source même d’une des beautés de sa composition, dans l’ensemble et l’effet de l’élévation. Loin donc que l’homme de goût se plaigne de leur répétition, il regretterait de ne les y pas trouver, ou qu’on les supprimât, tant l’architecte a su les rendre nécessaires à l’ordonnance générale.

» Quant à la décoration du palais, même esprit de régularité et d’unité. Les mêmes ordres règnent au-dehors de l’édifice, et dans toute son étendue, comme dans l’intérieur de la cour. Tout le rez-de-chaussée est en arcades formées par des pieds droits, ornés de pilastres plus ou moins accouplés, selon le plus ou moins de largeur du champ qu’ils occupent. L’ordre régnant partout au rez-de-chaussée est une sorte de prétendu toscan, coupé par des bossages, et de la manière la plus uniforme dans tout le développement de l’édifice.

» Le second ordre ou celui du premier étage se trouve appliqué avec la même uniformité en pilastres, sur toutes les parties de trumeaux entre les fenêtres, et en colonnes adossées dans toutes les masses formant avant-corps. Cet ordre est dorique ; son entablement est orné de triglyphes et de métopes, dont la distribution est devenue souvent irrégulière par l’effet de tous les ressauts partiels, qu’on ne pouvait guère éviter dans un ensemble composé de tant de masses diverses. Les bossages qui règnent dans toute l’ordonnance de cet étage, au lieu d’être continus en hauteur, sont à bandes alternatives, autant sur les trumeaux que sur les colonnes et les pilastres. Partout les bossages ont leurs angles arrondis. »

Des travaux considérables d’agrandissement ont été commencés en 1837 au Luxembourg, sous la direction de M. de Gisors. Ces travaux, achevés en 1842, ont coûté 300,000 francs pour les constructions, et 800,000 francs pour tous les objets d’art.

La décoration de la nouvelle salle des séances est remarquable. La voûte surtout est d’une grande magnificence. Quatre pendentifs, dans lesquels sont représentées la Sagesse, la Loi, la Justice et la Patrie, ont été exécutés par M. Abel de Pujol. Les trois grands médaillons et les six compartiments des fenêtres où l’on voit la Prudence, la Vérité et la Confiance, et les six plus illustres législateurs de l’antiquité, Moïse, Dracon, Solon, Lycurge, Numa et Justinien, ont été exécutés par M. Vauchelet. De chaque côté de l’hémicycle sont des sujets allégoriques peints par M. Blondel. Près du centre de la voûte, dans six médaillons, ont été placés les portraits couleur de bronze de Charles V, Louis XII, François Ier, Louis XIV, Napoléon et Louis XVIII.

Jardin du Luxembourg. — L’antique destination d’une partie de ce jardin serait demeurée dans l’oubli, si des embellissements exécutés n’eussent occasionné de grands mouvements dans le sol, et exhumé une vérité enfouie depuis des siècles dans le sein de la terre. Sauval nous apprend qu’à l’époque où l’on jeta les fondements du palais du Luxembourg, on découvrit une figure en bronze représentant Mercure. « Quant au Mercure de bronze, dit-il, qu’on rencontra dans les fondations du palais d’Orléans, au commencement de la régence de Marie de Médicis, il n’avait pas plus de cinq à six pouces de haut ; à l’ordinaire il était nud et un pied en l’air ou pour marcher ou pour voler, mais contre la coutume il n’avait point de bonnet ; les ailes lui sortaient de la tête, et sur la paulme de la main droite il portait une bourse toute pleine. » — Dans les fouilles exécutées en 1801, on déterra quelques figurines de divinités, une petite idole de Mercure, une tête de Cybèle, toutes deux en bronze, et quelques instruments sans doute affectés aux sacrifices. Des objets servant à préparer des repas y furent trouvés en abondance. On y déterra un nombre infini d’autres ustensiles plus particulièrement destinés aux militaires et à leur habillement, tels qu’agraphes, boucles de différents genres avec leurs ardillons que les Romains nommaient fibulæ ; des boutons, des ornements de ceinturons, des harnais de chevaux et un bout de fourreau d’épée ; toutes ces découvertes semblent indiquer que l’emplacement où nous voyons aujourd’hui le jardin du Luxembourg, était occupé par un camp à l’époque de la domination romaine. Cette opinion se fortifie par suite des découvertes qui furent faites au mois d’octobre 1836. En creusant les fondements de la nouvelle Chambre des Pairs, M. de Gisors, architecte, a trouvé une série de puisards, une masse énorme de tuiles romaines, des débris de vases antiques, plusieurs statuettes en pierre et de nombreux fragments de poterie ; enfin, tout récemment, en fouillant le sol dans la partie du jardin du Luxembourg où l’on construisit l’Orangerie, on a trouvé à une profondeur d’environ 1 m. 50 c., quelques fragments de plâtrages revêtus encore de peintures, ainsi qu’un vase d’argent renfermant un grand nombre de médailles romaines.

Le jardin du Luxembourg est un des plus beaux de l’Europe. Dans les années 1793 et 1794, on se servit pour son agrandissement de l’enclos du couvent des Chartreux, sur lequel on construisit aussi des ateliers d’armes. Après la Terreur, ces ateliers furent abattus ; on conserva pourtant la pépinière des Chartreux, qui devint un des principaux ornements de ce jardin. À la fin de l’année 1795 on traça la magnifique avenue qui rattache le Luxembourg à l’Observatoire. Ce jardin fut aussi amélioré sous l’Empire. Les travaux, dirigés d’abord par Chalgrin, furent continués par Baraguei, architecte du palais des Pairs. Le plan de Jacques de Brosse a été presqu’entièrement modifié. Son ordonnance actuelle se compose d’un parterre entouré de plates-bandes, au milieu desquelles se trouve un grand bassin octogone. Des terrasses bordées de balustrades et recourbées en pente douce, entourent le parterre et le dominent.

Petit Luxembourg. — Ce petit palais, dont l’entrée est dans la rue de Vaugirard, à l’ouest du Luxembourg, fut construit vers l’année 1629, par ordre du cardinal de Richelieu, qui l’habita pendant qu’on bâtissait le Palais-Cardinal. Cet édifice terminé, son Éminence donna son hôtel de la rue de Vaugirard à la duchesse d’Aiguillon, sa nièce. Cette habitation prit alors le nom d’hôtel d’Aiguillon. Il passa plus tard à titre d’hérédité, au prince Henri-Jules de Bourbon-Condé, et reçut à cette occasion le nom d’hôtel du Petit-Bourbon. La princesse Anne, palatine de Bavière, veuve de Jules de Bourbon, le choisit pour sa demeure ordinaire. Elle y fit exécuter des réparations et accroissements considérables sous la direction de l’architecte Germain Boffrand, qui construisit le délicieux petit cloître situé entre l’hôtel et l’Orangerie.

La Société des Arts, fondée vers 1730, sous la protection de Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont, tenait ses séances le dimanche et le jeudi de chaque semaine dans cet hôtel.

Le Petit-Luxembourg devint le siège du gouvernement directorial. Quatre des directeurs l’habitaient, le cinquième logeait dans le grand palais. Pendant les dix premiers mois de son consulat, Bonaparte demeura dans cet hôtel qui fut ensuite successivement occupé par son frère Joseph, roi de Naples, et par la reine d’Espagne. Le Petit-Luxembourg est maintenant la résidence du chancelier de France, président de la Chambre des Pairs. En 1812 et 1813, on a démoli les bâtiments qui établissaient une communication entre le grand palais et cet hôtel. Depuis 1830, il a été restauré de fond en comble, et une communication nouvelle par un jardin dessiné à l’anglaise vient d’être créée entre cet hôtel et le grand palais.

Luxembourg (rue Neuve-).

Commence à la rue de Rivoli, no 50 ; finit au boulevart de la Madeleine, no 1, et à la rue Neuve-des-Capucines, no 15. Le dernier impair est 37 ; le dernier pair, 30. Sa longueur est de 459 m. — 1er arrondissement : les numéros de 1 à 5 et de 2 à 12, sont du quartier des Tuileries ; le surplus est du quartier de la Place-Vendôme.

« Louis, etc… Nous estant fait représenter en nostre conseil le plan général des quartiers appellés la place de Louis-le-Grand, porte et rempart de Saint-Honoré et des Capucins que les prévost des marchands et échevins de notre bonne ville de Paris ont fait lever par le maître général de ses bâtiments, et estant informé de la difficulté du passage de la porte Saint-Honoré qui est très fréquentée et souvent embarrassée par le grand nombre des voitures, et ayant appris que l’emplacement de l’hôtel de Luxembourg, qui est entre la place de Louis-le-Grand et la porte Saint-Honoré, est vendu et que le sieur Leduc, architecte, acquéreur, offre à la ville de donner l’ouverture d’une rue à travers le d. emplacement de cinq toises de large, qui communiqueroit de la rue Saint-Honoré au rempart, à la rencontre de celle des Petits-Champs, ce qui seroit un très grand dégagement et commodité pour le quartier de Louis-le-Grand, et voulant contribuer à la perfection et embellissement de ce quartier, nous avons par arrest de notre conseil du 22 aoust dernier ordonné que le nouveau plan du quartier de Saint-Honoré et de la place de Louis-le-Grand seroit exécuté, et que suivant icelui, la rue seroit ouverte de ligne droite dans l’emplacement de l’hôtel de Luxembourg, de cinq toises de large et nommée de ce nom, depuis la rue Saint-Honoré jusqu’au rempart, etc. À ces causes, et de l’avis de notre très cher et très amé oncle le duc d’Orléans, petit-fils de France, régent de notre royaume, de notre très cher et très amé oncle le duc de Chartres, premier prince de notre sang, de notre très cher et très amé cousin le prince de Conty, prince de notre sang, de notre très cher et très amé oncle le comte de Toulouse, prince légitime, et autres pairs de France, grands et notables personnages de notre royaume, qui ouïs, etc… nous avons ordonné et ordonnons par ces présentes signées de notre main, que le nouveau plan du quartier de Saint-Honoré et de la place de Louis-le-Grand sera exécuté, et que conformément à icelui, la rue sera ouverte de ligne droite dans l’emplacement de l’hôtel de Luxembourg, de cinq toises de large et nommée de ce nom, etc… Donné à Paris, le 3e jour de septembre de l’an de grâce 1719, et de notre règne le 5e. Signé Louis. » — Ces lettres-patentes ne furent registrées en parlement que le 7 août 1722. Peu de temps après, on ouvrit cette rue sur une largeur de 9 m. 74 c, qui fut portée à 10 m. par une décision ministérielle du 3 pluviôse an IX, signée Chaptal. En vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, la largeur primitive a été maintenue. — Le prolongement de cette voie publique, depuis la rue Saint-Honoré jusqu’à celle de Rivoli, a été formé en vertu de l’arrêté des consuls du 1er floréal an X, sur l’emplacement du couvent de l’Assomption dont nous avons tracé l’origine à l’article de l’église qui en a retenu le nom. Par l’ordonnance précitée, la largeur de cette partie de rue a été fixée aussi à 9 m. 74 c. Les maisons de la rue Neuve-Luxembourg sont alignées. — Égout entre les rues de Rivoli et du Mont-Thabor. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Luxembourg (théâtre du).

Situé dans la rue de Fleurus. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

C’était autrefois un spectacle forain, dirigé par un nommé Bobineau, qui faisait exécuter des pantomimes et des danses sur la corde. Depuis 1830, on y représente des vaudevilles et des drames.

Lycée (passage du).

Commence à la rue Neuve-des-Bons-Enfants, no  25 ; finit à la rue de Valois-Palais-Royal, entre les nos 14 et 16. — 2e arrondissement, quartier du Palais-Royal.

Il doit son nom à la rue de Valois, qui s’est appelée rue du Lycée.

Lyonnais (rue des).

Commence à la rue de Lourcine, nos 34 et 36 ; finit à la rue des Charbonniers, nos 1 bis et 3. Le dernier impair est 21 ; le dernier pair, 34. Sa longueur est de 158 m. — 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

Elle a été ouverte en 1605. — Une décision ministérielle à la date du 3 pluviôse an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Les maisons nos 2, 4, 6, 8, 10, 20, 26, 28 et 30 sont alignées ; celles nos 21 et 12 ne devront subir qu’un léger redressement.

Mai 1844.
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