Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Louvre (palais du)


Louvre (palais du).

Entrée principale, place du Louvre. — 4e arrondissement.

En quittant la rive gauche, de la Seine au quai d’Orsay, quel imposant tableau attire les regards ! Le palais du Louvre, celui des Tuileries, l’Arc-de-Triomphe, la Madeleine, toutes ces richesses si heureusement groupées, forment un ensemble unique dans l’univers entier. — L’histoire du Louvre, c’est l’histoire de la France tracée sur des murailles. Quand la royauté voulut sortir de tutelle, un château s’éleva, prison toute préparée. Philippe-Auguste montrait aux grands vassaux révoltés son épée de Bouvines et la tour du Louvre. Trois siècles sont écoulés : le vieux château-fort de Philippe-Auguste a passé de mode. François Ier veut oublier Pavie. S’il n’a pu vaincre Charles-Quint, il veut être l’émule des Médicis et des Léon X. Il lui faut de nobles portiques, de précieux bas-reliefs, des frises élégantes. Un nouveau Louvre s’élève, et chaque royauté va lui porter son offrande.

L’origine du Louvre se perd dans la nuit des temps. Les historiens ne sont pas même d’accord sur son étymologie. Les uns font dériver son nom d’un seigneur de Louvres, sur le terrain duquel le premier château fut bâti ; les autres, des loups qui peuplaient la forêt voisine ; quelques uns du vieux mot français ouvre, de sorte qu’on aura dit plus tard l’ouvre pour l’œuvre, l’ouvrage par excellence ; enfin, il en est un petit nombre, et ceux-là nous semblent avancer l’opinion la moins invraisemblable, qui prétendent trouver la racine de ce nom dans le mot saxon lower, qui signifie château. L’existence du Louvre remonterait à Dagobert, s’il fallait en croire une charte de ce roi, citée dans l’histoire de l’Université, par Duboullay ; mais d’autres savants ont contesté l’authenticité de cette pièce. Plusieurs écrivains ont attribué la construction de ce château à Childebert Ier ; enfin Duchêne, dans sa Géographie manuscrite de Paris, prétend que Louis-le-Gros fit entourer le Louvre de murailles ; et qu’il y recevait le serment de fidélité des grands vassaux de la couronne. Il est un fait constant, c’est que l’existence du Louvre est antérieure au règne de Philippe-Auguste. Les bornes de cet article ne nous permettent point de faire ici une description de cette forteresse, on peut d’ailleurs s’en faire une idée en visitant ce qui nous reste du château de Vincennes. — François Ier résolut de faire abattre le Louvre et de construire sur son emplacement un édifice plus élégant. Ce prince en confia l’exécution à Sébastien Serlio, italien. Cet habile architecte, auquel on avait montré le dessin de Pierre Lescot, seigneur de Clagny, eut la générosité d’avouer au roi que le projet de l’artiste français était préférable au sien. Ce fut donc d’après les plans de Pierre Lescot que fut commencé le palais nommé depuis le Vieux-Louvre, pour le distinguer des bâtiments qui furent élevés sous les règnes suivants. Cet édifice ne devait s’étendre, dans le principe, que depuis le pavillon formant l’angle du côté de la rivière, jusqu’à celui qui fait aujourd’hui le milieu de la grande cour. Ce palais, dans lequel on entrait par la salle connue sous le nom des Antiques, devait être composé d’une grande galerie ayant deux pavillons. Celui du côté de la Seine était destiné à l’habitation, et celui du côté opposé était affecté à la chapelle et contenait le grand escalier. La façade principale, décorée de deux ordres d’architecture et d’un attique au-dessus, indiquait clairement que le rez-de-chaussée était destiné au service du palais ; le premier étage à l’habitation du souverain, et l’attique aux logements de sa suite. Henri II fit continuer cet édifice, l’augmenta d’une aile qui s’étendait au midi, du côté de la rivière. Cette aile devait être sans doute répétée dans la partie opposée en prolongement du pavillon du côté du nord. L’escalier et la belle salle nommée aujourd’hui des Cariatides ont été bâtis également sous Henri II. Les sculptures sont dues au ciseau du célèbre Jean Goujon. Sous le règne de Charles IX fut construite la portion de bâtiment en aile qui existe aujourd’hui du côté du jardin de l’Infante, et en retour sur le bord de la rivière jusqu’au guichet du petit clocher.

M. Quatremère de Quincy s’exprime ainsi sur les constructions du vieux Louvre : « Il faut rendre à Lescot la justice de dire qu’il déploya dans son ordonnance, autant de connaissance des principes de la belle architecture, qu’aucun de ses plus habiles prédécesseurs. Les portiques dont il forma l’étage du rez-de-chaussée offrent d’aussi justes proportions des rapports aussi heureux, et des détails aussi corrects que dans les meilleurs ouvrages connus. Il y employa l’ordre corinthien dans toute sa pureté, les profils sont d’une parfaite régularité.

» On voit que son intention fut de porter dans l’ensemble de sa composition la plus grande richesse. Ce fut à cet effet qu’il plaça au rez-de-chaussée l’ordre corinthien, se réservant d’enchérir sur le luxe de cet étage, selon les idées alors reçues, par l’ordre prétendu qu’on appela composite, pour l’étage principal. Effectivement, cet étage l’emporte sur l’inférieur, par le luxe de ses chambranles, comme par l’élégance des festons de sa frise. Qu’il y ait, à vrai dire, un peu trop de ressemblance ou d’égalité de style et de goût d’ornement, ainsi que de proportion, entre les deux étages ou les deux ordres, c’est bien ce qu’il faut reconnaître ; mais chacun pris en particulier n’en dénote pas moins un architecte nourri des meilleures doctrines, rempli des beautés de l’antiquité, et possédant tous les secrets de son art.

» Ce fut par suite de son système de luxe progressif du bas en haut, que Lescot prodigua dans son attique ou étage de nécessité, une telle richesse qu’on n’imagine pas qu’il soit possible d’en mettre davantage. Cependant un certain genre de convenance semble prescrire, dans la devanture d’un palais, le degré de richesse applicable à l’importance de chaque étage ; et sans doute Lescot, indépendamment de quelques autres considérations, força toute mesure dans la décoration de son attique. Ceci conduit au second point de vue.

» Il faut se rapporter au siècle de Lescot, où tous les arts se trouvaient réunis dans la pratique du dessin, par de communes études chez le même artiste. Nul doute ainsi que Lescot n’ait été grand dessinateur, et comme tel n’ait été singulièrement versé dans le genre de la décoration. À part le trop d’ornements et l’excès de détails qu’on peut reprocher au petit étage qui couronne son édifice, on est tenu de reconnaître qu’il n’y a pas un seul de ses détails d’ornement qui ne soit grandement imaginé et d’une exécution supérieure, dans sa totalité comme dans chacune de ses parties. Disons aussi qu’il eut à sa disposition le ciseau des sculpteurs les plus habiles, tant pour le grandiose et la hardiesse de l’exécution que pour la finesse, l’élégance et la pureté du goût. On croit voir qu’il voulut préparer à ces rares talents des motifs variés et de nombreuses occasions de s’exercer et de se produire sous des proportions diverses. Qui oserait aujourd’hui se plaindre d’un superflu décoratif, auquel on doit de semblables beautés ?

» Nous ne devons pas omettre ici la mention de la grande salle construite par Pierre Lescot, et qui occupe à rez-de-chaussée presque toute la longueur de la façade dont on vient de parler. Elle est aussi remarquable par sa composition que par les objets de sa décoration. L’ordre qui y règne est une sorte de dorique composé, dont les colonnes sont distribuées et groupées d’une façon assez particulière. Il faut admirer la manière noble et ingénieuse dont se trouvent terminées les deux extrémités de cette vaste salle. D’un côté, la sculpture a décoré avec une très grande magnificence la cheminée en face de la tribune située à l’autre extrémité. Je parle de cette belle tribune dont les supports sont des cariatides colossales, ouvrages de Jean Goujon, qui, associé à Lescot dans les travaux du Louvre, a donné tant de prix à son architecture, etc… »

Les bâtiments qui forment l’entrée du Musée furent achevés par Henri IV, qui eut le premier la pensée de réunir le Louvre aux Tuileries. Ce prince ajouta une salle de spectacle dans l’espace occupé aujourd’hui par le grand escalier. Il acheva également la galerie qui borde la rivière. Louis XIII termina le pavillon de l’Horloge et la façade de ce côté. Il entreprit les deux autres corps de bâtiments au nord et au levant, prolongea celui du midi ; ainsi le plan carré de la cour du Louvre, telle qu’on la voit aujourd’hui, est l’ouvrage des rois Henri IV et Louis XIII. Le cardinal Mazarin concourut aussi à l’achèvement du Louvre. Ce ministre chargea l’architecte Le Veau d’élever la façade du côté de la Seine. Il ne faut pas confondre ce bâtiment avec celui qui existe aujourd’hui. Ce dernier a été bâti beaucoup plus près de la rivière. Colbert, appelé au ministère et à l’intendance des bâtiments du roi en 1664, n’approuva point les projets de Le Veau pour l’agrandissement du Louvre. Les dessins de cet architecte offraient d’heureux détails, mais l’ensemble était mesquin et peu digne d’un monarque dont la gloire et la magnificence jetaient déjà un si vif éclat. Sans repousser toutefois le plan de cet artiste, Colbert crut devoir ouvrir un concours pour cette grande entreprise. Ce fut pour la première fois qu’on suivit en France une marche aussi solennelle, dans l’érection d’un monument aussi grandiose. Le modèle en bois de Le Veau fut exposé et condamné d’une voix unanime. Parmi les autres projets conçus par les plus habiles architectes, un dessin fut remarqué. Il ne portait pas de nom d’auteur. On sut bientôt qu’il était de Claude Perrault, médecin, qui par goût s’occupait d’architecture. Ce projet, que favorisa tout-à-coup l’opinion générale, avait aussi frappé Colbert. Les autres artistes, jaloux d’un si beau travail, firent entendre au ministre qu’un tel plan n’était qu’un charmant dessin, fait uniquement pour éblouir les yeux mais qu’au fond il était d’une exécution impossible, et ne supportait point un examen approfondi. Ces observations ébranlèrent le ministre. Pour se tirer d’embarras, Colbert résolut de prendre l’avis des meilleurs architectes d’Italie. Par une bizarrerie difficile à expliquer, ce fut le dessin de Le Veau qu’on envoya. Les artistes étrangers, au lieu d’examiner l’ouvrage, donnèrent plusieurs plans. Celui de Bernini obtint la préférence, et Louis XIV demanda l’architecte habile dont il avait admiré le travail. Bernini arriva en France. On lui fit une réception magnifique et digne d’un prince du sang. Des officiers envoyés par la cour apprêtaient à manger sur la route. L’artiste était complimenté et recevait des présents dans toutes les villes où il passait. Quand il approcha de Paris, on envoya au-devant de lui M. de Chantelou, maître d’hôtel du roi. Ce seigneur qui savait l’Italien, reçut l’ordre d’accompagner Bernini tout le temps que cet artiste daignerait séjourner dans la capitale. Les honneurs prodigieux qu’on rendit à cet étranger excitèrent la jalousie des architectes français. Cette jalousie se changea bientôt en haine, lorsqu’ils entendirent Bernini louer avec emphase les seuls monuments de l’Italie. Voici le portrait qu’un historien contemporain nous a laissé de cet architecte : « Bernini avait une taille au-dessous de la moyenne, bonne mine, un air hardi. Son âge avancé et sa bonne réputation lui donnaient encore beaucoup de confiance. Il avait l’esprit vif, brillant, et un grand talent pour se faire valoir. Beau parleur, tout plein de sentences, de paraboles, d’historiettes et de bons mots dont il assaisonnait la plupart de ses réponses. Il ne louait et ne prisait guère que les hommes et les ouvrages de son pays. Il citait souvent Michel-Ange. On l’entendait presque toujours dire : « Sicome diceva il Michel-Angelo Buonarotti. » — Les ennemis de l’Italien surent faire remarquer ses défauts, raillèrent sa personne, l’abreuvèrent de dégoûts, et le forcèrent enfin à demander sa retraite. Après huit mois de séjour en France, Bernini retourna en Italie, comblé d’honneurs et de pensions, mais forcé d’abandonner aux architectes français un champ que sa réputation lui avait acquis et que sa vanité lui avait fait perdre. Colbert favorisa alors ouvertement le projet de Perrault, et le fit approuver par le roi. Mais dans la crainte qu’un médecin ne pût réunir tous les talents nécessaires pour construire un monument aussi important, on lui adjoignit un conseil composé de Le Veau, de Dorbay, architectes, et du peintre Lebrun. Colbert présidait les séances de ce conseil qui se tenait deux fois par semaine. Le génie de Perrault ne put néanmoins s’assujettir aux calculs pécuniaires, aux convenances locales. Il vit et exécuta son sujet en artiste habitué à saisir avant tout le côté poétique. L’idée qu’il s’était faite du palais d’un grand empire était empreinte de ce caractère grandiose et majestueux qui domine le spectateur et lui donne une haute opinion du maître qui l’habite. En vain chercherait-on à critiquer le péristyle du Louvre en disant que les colonnes accouplées le déparent, que le soubassement trop élevé est défectueux ; ce qui constitue les chefs-d’œuvre n’est point l’absence des défauts, mais bien la présence des beautés du premier ordre, placées par la main du génie avec cette hardiesse qui commande l’admiration. Cet artiste éminent a fait revivre avec une grande habileté la justesse et la beauté des proportions antiques. Il a porté le bon goût des ornements, la pureté des formes, le fini d’exécution à ce haut degré qui est peut-être la dernière limite que le génie ne saurait franchir impunément. Perrault érigea également une partie de la façade en retour du côté de la rivière. Mais les dépenses excessives des bâtiments de Versailles, entrepris à la même époque, et surtout les frais occasionnés par les guerres, firent suspendre les travaux du Louvre.

La régence dédaigna de purifier les richesses éphémères créées par le système de Law, en les employant à l’achèvement de nos édifices nationaux. Louis XV résolut de continuer le Louvre ; Gabriel et Soufflot furent chargés successivement d’en diriger les constructions d’après les projets de Perrault. On bâtit alors le troisième ordre de la face intérieure, derrière la colonnade, le fronton dans la cour du midi, celui du nord et le vestibule de la rue du Coq. Mais bientôt le Louvre fut livré à d’obscurs favoris qui s’y formèrent des habitations en rapport avec leur taille, rien ne fut respecté ; on perça les murs principaux pour faire des distributions nouvelles, les poutres des planchers furent coupées pour livrer passage à des tuyaux de cheminées, puis les voûtes, les piliers, soutiens de l’édifice, furent altérés, mutilés ; des maisons particulières obstruèrent aussi la cour, les façades furent couvertes dans le bas par des barraques informes et dégoûtantes ; en un mot, ce superbe monument ressemblait à un géant attaqué par des pygmées. L’infortuné et vertueux Louis XVI doit être mis au nombre des souverains qui se sont imposé la glorieuse obligation de terminer le Louvre ; ce palais commençait à se débarrasser des cahutes qui l’emprisonnaient, lorsque les troubles politiques vinrent encore suspendre les travaux. La république échangea ses richesses contre du fer, et dédaigna de s’occuper de ce palais, après en avoir tué le maître.

Napoléon, qui cherchait à rattacher le présent au passé, résolut de terminer un palais auquel sept rois ses prédécesseurs avaient travaillé. L’empereur s’exprimait ainsi devant MM. Percier et Fontaine, sur la destination future du Louvre : « Que la majesté et la grandeur soient le caractère distinctif de ce palais, où le souverain ne viendra que passagèrement recevoir les hommages et les respects dus à son rang ; car c’est dans une demeure d’une proportion moins vaste, c’est hors du trône et de la représentation dont il ne peut se passer, qu’il ira chercher toutes ses aises et le bien-être de la vie privée. » — Napoléon décida qu’on garderait la façade de l’horloge, du côté du couchant, comme modèle de l’ancien Louvre, bien supérieur au Louvre nouveau, et que les trois autres façades au midi, au nord, et au levant, ouvrages du règne de Louis XIV, seraient achevées, améliorées et raccordées à la première. Cette détermination fut exécutée ; trois façades du Louvre, décorées de trois ordres d’architecture, sont entièrement pareilles ; la quatrième avec deux ordres, un attique et un pavillon couronné d’un dôme au milieu de l’aile, a été rétablie d’après les plans de Pierre Lescot.

Réunion des deux palais du Louvre et des Tuileries.

Le Louvre et les Tuileries qui sont destinés à ne former qu’un seul édifice, n’ayant pas été construits par un seul monarque et sur un plan bien arrêté, les architectes auront de la peine à vaincre les difficultés que présentent les dispositions irrégulières de ces deux monuments. — « Le Louvre, qu’il faut considérer (disent MM. Percier et Fontaine) comme la restauration d’un vieux château, avait été élevé à l’extrémité de la ville, près des bords de la Seine, et en partie sur des fondations anciennes. Le château des Tuileries, dont on avait voulu faire une habitation de campagne agréable, était bâti isolément hors de la ville, sans aucun rapport avec la position du Louvre. Ainsi il est résulté que tout, dans la situation respective de ces deux édifices, est l’effet de plusieurs hasards contraires. L’ordonnance, la décoration, les hauteurs des façades ne s’accordent sur aucun plan ; les axes du milieu des deux palais ne se correspondent point, le parallélisme des deux façades est disparate. Le sol même en plusieurs parties varie au point que, des rez-de-chaussée de la galerie du Musée au niveau de la cour du Louvre, on trouve près de 3 m. de différence. — L’empereur, après s’être fait rendre un compte exact de ces deux palais, décida que le plan général pour la réunion du Louvre et des Tuileries serait exécuté ainsi que nous allons l’indiquer. Les deux palais du Louvre et des Tuileries seront séparés par une ligne transversale, qui contiendra au premier la bibliothèque nationale avec tout ce qui en dépend, et qui au rez-de-chaussée aura un large portique traversant la place du Carrousel jusqu’au quai. L’aile neuve des Tuileries, destinée à loger les services administratifs de la maison, sera continuée jusqu’à la rencontre du portique de l’aile transversale. Une fontaine publique, de forme ronde, placée au point d’intersection de l’axe des deux palais, entre l’arc de triomphe de l’entrée de la cour des Tuileries et l’aile de la bibliothèque, empêchera que d’aucun point on ne puisse découvrir en même temps les deux milieux et par conséquent leur irrégularité. Toutes les différences du parallélisme, de disposition locale et d’ordonnance, seront ainsi rejetées dans les divisions des murs et des pièces sur la largeur de l’aile transversale. La décoration extérieure des trois ailes au midi, au nord et au levant du château, sera semblable et conforme à ce qui est fait dans l’aile du Musée et dans l’aile neuve, presqu’entièrement bâtie en face. L’aile du Louvre du côté des Tuileries, autrement dite l’aile de l’horloge, sera précédée d’une avant-cour entourée de portiques et de bâtiments dont le plan et l’ordonnance sont indiqués par l’état de la décoration des constructions premières et par la disposition du pavillon de l’entrée du Musée. Ces bâtiments contiendront des salles d’assemblées et d’expositions pour les corps savants, l’Université, l’Institut, les corporations utiles et les établissements qui ont pour objet l’encouragement des arts et de l’industrie ; plus un appartement d’honneur, plusieurs autres appartements et logements de suite ; les écuries, les remises et tout ce qui dépend de ce service, occuperont l’étage bas de la cour, entre l’aile du midi de l’avant-cour du Louvre et la galerie du Musée. La salle de théâtre de l’Opéra, bâtie isolément sur la place du Palais-Royal, et faisant face à l’entrée principale de ce palais, communiquera à l’aile des fêtes par un arc couvert ; un pavillon pareil à celui de l’entrée du Musée, formera de l’autre côté le porche de l’église du Louvre, commencée pour remplacer celle de Saint-Germain-l’Auxerrois qui sera démolie lorsqu’on exécutera la place et le percement de la rue du Trône. » — Tel était le magnifique programme arrêté par Napoléon. Les deux palais du Louvre et des Tuileries, unis, confondus, devaient former un seul monument dont les proportions eussent répondu à la grandeur de la capitale. L’empire a disparu et le Louvre reste inachevé. Il appartient à la royauté nouvelle de terminer cet édifice et d’inscrire glorieusement son nom sur le plus beau monument de la France.