Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Richelieu (rue de)


Richelieu (rue de).

Commence à la rue Saint-Honoré, nos 218 et 220 ; finit aux boulevarts des Italiens, no 1, et Montmartre, no 28. Le dernier impair est 115 ; le dernier pair, 112. Sa longueur est de 1004 m. — 2e arrondissement : les nos  de 1 à 55 et de 2 à 56 sont du quartier du Palais-Royal ; les autres nos  dépendent du quartier Feydeau.

La partie de cette voie publique, située entre les rues Saint-Honoré et Feydeau, fut bâtie, en 1629, sur l’emplacement du mur d’enceinte construit sous Charles V. On lui donna d’abord le nom de rue Royale, puis celui de Richelieu, parce que le cardinal l’avait fait ouvrir pour servir de communication à son palais. À côté de la rue Feydeau s’élevait la porte Sainte-Anne qui fut démolie en 1701. Le roi ordonna, par son arrêt du conseil du 18 octobre 1704, que la rue de Richelieu serait prolongée jusqu’au rempart. Cette voie publique reçut, le 30 octobre 1793, le nom de rue de la Loi. — Une décision ministérielle du 18 pluviôse an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. Vers 1806, on lui rendit le nom de Richelieu. — Une ordonnance royale du 8 mars 1839 a porté la moindre largeur de cette rue à 12 m. — Propriété no 1, retranch. 1 m. 80 c. ; 3, alignée ; de 7 à 27, ret. 2 m. à 2 m. 20 c. ; 29, 31, alignées ; de 35 à 39, ret. 1 m. 85 à 2 m. 05 c.; 45 bis, alignée ; du second no 45 à 55, ret.1 m. 80 c. à 2 m. 10 c. ; de 57 à 69, ret. 2 m. 40 c. ; partie du no 71, ret. 2 m. 50 c. ; surplus, ret. 2 m. ; de 77 à 89, ret. 2 m. 30 c. à 2 m. 50 c. ; encoignure gauche de la rue Ménars, alignée ; 91, ret. réduit 1 m. 60 c. ; 93, ret. réduit 1 m. ; de 95 à la fin, ret. qui n’excède pas 50 c. ; de 2 à 26, redress. ; 28, 28 bis, alignées ; de 30 à 56, redress. ; de 58 à la fin, alignées. — Égout. — Conduite d’eau dans la plus grande partie. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Le cardinal de Richelieu n’est pas la seule illustration que rappelle à notre souvenir cette belle voie publique. Molière, le grand Poquelin, rendit le dernier soupir dans une chambre modeste du deuxième étage de la maison qui porte aujourd’hui le no 34.

À l’angle du boulevart des Italiens, demeurait un autre poète qui possédait la verve étincelante de Molière. Regnard, l’auteur du Joueur, nous fait ainsi connaître son habitation :

« Au bout de cette rue où ce grand cardinal,
» Ce prêtre conquérant, ce prélat amiral,
» Laissa pour monument une triste fontaine
» Qui fait dire au passant que cet homme, en sa haine,
» Qui du trône ébranlé soutint tout le fardeau,
» Sut répandre le sang plus largement que l’eau,
» S’élève une maison modeste et retirée
» Dont le chagrin surtout ne connaît pas l’entrée
» · · · · · · · · · · · · · · ·
» Mes voisins ont appris l’histoire de ma vie
__» Dont mon valet souvent les désennuie.
» · · · · · · · · · · · · · · ·
» Demande-leur encore où loge en ce marais
» Un magistrat qu’on voit rarement au palais,
» Qui, revenant chez lui, lorsque chacun sommeille,
» Du bruit de ses chevaux bien souvent les réveille ;
» Chez qui l’on voit entrer pour orner ses celliers,
» Force quartauts de vin et point de créanciers ;
» Si tu veux, cher ami, leur parler de la sorte,
» Aucun ne manquera de te montrer ma porte. »

Regnard avait acheté vers 1683 une charge de trésorier de France au bureau des finances. Il avait aussi l’intendance des chasses de Dourdan. Regnard, dans sa maison de Paris citée pour sa table et sa cave, comptait parmi ses hôtes, outre l’élite des littérateurs, le prince de Conti et le grand Condé.