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94 ac
Nom avec suffixes

les suffixes verbaux correspondants, les suffixes nominaux כֶם, כֶן, הֶם, הֶן sont appelés lourds : ils modifient plus fortement la vocalisation du mot que les autres suffixes (légers) ; cf. § 96 A b.

b La forme nominale terminée par une consonne s’unit par une voyelle de liaison au suffixe commençant par une consonne. Comme dans les verbes (§ 61 d), on a les deux voyelles de liaison a et e. On a ◌ָ dans ◌ָם, ◌ָן, et aussi dans *ahu > וֹ. Cet a est probablement l’ancien a de l’accusatif § 93 b. On a e dans ◌ֶ֑ךָ, ◌ֵךְ ; (◌ֵ֫הוּ § c), ◌ֶ֫הָ, ◌ֵ֫נוּ. Cet e provient probablement des noms de racine ל״ה, p. ex. סוּסֵ֫נוּ d’après שָׂדֵ֫נוּ[1].

c Suffixes du nom singulier. [Pour la clarté on donnera ici les suffixes unis à un nom. Le nom choisi סוּס cheval a une voyelle longue immuable : l’état cst. ne diffère donc pas de l’état absolu ; voir Paradigme 20].

Sing. 1re c. סוּסִי : forme primitive : sūsii̯i̯a ; — (mon cheval).
2e m. סֽוּסְךָ forme contextuelle, réduite de סוּסֶ֑ךָ[2].
2e f. סוּסֵךְ : à l’analogie de שָׂדֵךְ[3].
3e m. סוּסוֹ : de sūsahu, avec l’ancien a de l’accusatif.
3e f. סוּסָהּ : de sūsaha, avec l’ancien a de l’accusatif.
Plur. 1re c. סוּסֵ֫נוּ : à l’analogie de שָׂדֵ֫נוּ ; — (notre cheval).
2e m. סֽוּסְכֶם : devant le suffixe lourd כֶם la voyelle primitive, sans doute aussi e, est tombée[4].
2e f. סֽוּסְכֶן : (item).
3e m. סוּסָם : pour sūsahe̦m, avec l’ancien a de l’accusatif[5].
3e f. סוּסָן : pour sūsahe̦n, avec l’ancien a de l’accusatif.
  1. Pour la flexion actuelle des noms en ◌ֶה cf. § 96 B f. — Il n’y a pas à s’étonner si les racines ל״י (et ל״ו) ont fourni si souvent, dans le verbe et dans le nom, la voyelle de liaison. Seules, en effet, ces racines ont des formes avec voyelle longue tonique après la 2e radicale. Comp. l’ẹ̄ de תַּחְתֵּ֫ינוּ, בֵּינֵ֫ינוּ § 103 n. Cf. §§ 61 d, f ; 78 b, c ; 80 b, i ; 82 f ; 92 f.
  2. La forme pausale סוּסֶ֑ךָ provient des noms שָׂדֶ֑ךָ, p. ex. forme conservée seulement en pause § 96 B f (comp. יִקְטְלֶ֑ךָ, קְטָלֶ֑ךָ § 61 d) ; pour la suite vocalique cf. § 29 f.
  3. D’après Brock. 1, 478, le ◌ֵ représenterait l’ancien i du génitif § 93 b.
  4. Formes primitives des suff. 2e pl. : m. *kumu, f. *kinna. L’ du masc. s’explique comme dans le pronom séparé אַתֶּם § 39 a (cf. Brockelmann, 1, 310).
  5. Formes primitives des suff. 3e pl. : m. *humu, f. *šinna, comme le pronom séparé § 39 a (cf. Brockelmann, 1, 312).