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93 ac
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Voyelles paragogiques
§ 93. Voyelles paragogiques du nom ◌ָה, ◌ִי, וֹ, וּ.

a On trouve dans le nom certaines voyelles paragogiques (= ajoutées ), à savoir principalement un ◌֫◌ָה atone (opp. le ◌ָ֫ה paragogique tonique du cohortatif § 45), puis une voyelle ◌ִי assez fréquente, enfin un וֹ et un וּ très rares. Pour expliquer l’origine de ces voyelles (ainsi que de certaines autres §§ 94 b, c ; 102 b) il est nécessaire de connaître l’ancienne déclinaison sémitique, telle qu’elle existe en arabe et telle qu’elle a dû exister, à une certaine époque, en hébreu[1].

b La déclinaison sémitique complète avait trois cas correspondant aux nominatif, génitif et accusatif du latin. Quand le nom est indéterminé, à la voyelle casuelle on ajoutait un m (mimation) qui est devenu n en arabe (nunation). La déclinaison du mot i̯au̯m > יוֹם jour se présentait ainsi :

Nom. ʾabūNominatif Gén. ʾabīGénitif AccusatifAccusatif
Déterminé i̯áu̯mu i̯áu̯mi i̯áu̯ma
Indéterminé i̯áu̯mum i̯áu̯mim i̯áu̯mam

Dans quelques noms de parenté bilittères ʾab « père » , ʾaḫ « frère », ḥam « beau-père » (§ 98 b), la déclinaison à l’état construit (et devant suffixes) comportait une voyelle longue, p. ex. :

Indéterminé Nom. ʾabū Gén. ʾabī Acc. ʾabā

c Voyelle paragogique ◌֫◌ָה. Cet å atone et bref (cf.§ 28 e 3) correspond exactement à l’a atone et bref de l’ancien accusatif déterminé. Il est employé surtout dans le cas de l’accusatif de direction vers un lieu (§ 125 n), d’où l’appellation : ◌ָה de direction, ◌ָה local. Le nom avec ◌ָה paragogique est ordinairement déterminé, soit par lui-même, soit par l’article. La vocalisation du mot reste inchangée dans la mesure du possible. Dans les noms à finale féminine ◌ָה, le ת primitif reparaît, p. ex. תִּרְצָה, תִּרְצָ֫תָה vers Tirṣa. Les voyelles brèves se maintiennent en syllabe ouverte, p. ex. מִדְבַּרָה דַמָּ֑שֶׂק vers le désert de Damas 1 R 19, 15 (מִדְבָּר, cst. בַּ) ; פַּדֶּ֫נָה אֲרָם vers פַּדַּן־אֲרָם Gn 28, 2 (suite vocalique - § 29 f) ; הֶ֫רָה vers la montagne Gn 14, 10 † (de

  1. Les voyelles finales u, i, a se trouvent dans les gloses cananéennes de Tell el Amarna, comme en akkadien.