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61 ad
Verbe avec suffixes

suffixes personnels (§ 103 k), p. ex. קָטַל אֹתוֹ il l’a tué ; tantôt, et c’est le plus souvent, les suffixes sont ajoutés à la forme verbale elle-même, p. ex. קְטָלוֹ il l’a tué. Certaines circonstances syntaxiques demandent l’emploi de את (§ 125 e sqq.). Au parfait, avec le suffixe de la 2e p. pl. on a presque toujours את (on trouve seulement à la 1re p. pl. קְטַלְנוּכֶם). Souvent il y a liberté ; ainsi pour et il les frappa on a 15 fois וַיַּכֵּם et seulement 3 fois וַיַּךְ אוֹתָם Jug 15, 8 ; 1 S 5, 6 ; 2 R 25, 21 (sans raison apparente).

b Le pronom personnel objet d’un verbe réfléchi français, p. ex. il se sanctifia, ne se rend pas par le suffixe verbal (§ 146 k) ; on emploie les formes réfléchies du verbe : nifal, hitpael, p. ex. ici הִתְקַדֵּשׁ. Quelques verbes au qal peuvent avoir le sens réfléchi (§ 41 a) ; de même p. ex. le piel כִּסָּה se revêtir Gn 38, 14 (cf. Ehrlich in h. l.).

c La forme des suffixes verbaux varie selon que la forme verbale se termine par une voyelle ou par une consonne (cf. Paradigmes 1 et 3). Au point de vue du ton, les suffixes lourds כֶם, הֶם (כֶן, הֶן) ont toujours le ton ; les suffixes נִי, נוּ, הוּ, et הָ n’ont jamais le ton ; ךָ précédé d’une voyelle n’a pas le ton, précédé du shewa (mobile ou moyen) il a le ton (exception : type קְטָלַ֫תְךָ § d).

d La forme verbale terminée par une consonne s’unit par une voyelle de liaison au suffixe commençant par une consonne. Au parfait cette voyelle est a (◌ָֽ ou ◌ַ) p. ex. קְטָלָ֫נוּ, קְטָלָ֑נִי, mais קְטָלַנִי. Cet a provient probt des verbes ל״ה, p. ex. גָּלָ֫נוּ[1] ; d’après d’autres ce serait l’a final qu’on a dans le parfait arabe qatala.

Au futur et aux autres temps[2] la voyelle de liaison est e (◌ֵ ou ◌ֶ), p. ex. יִקְטְלֵ֫הוּ, mais יִקְטְלֶ֫הָ (§ 29 f). Cet e provient des verbes ל״ה, p. ex. יִגְלֵ֫הוּ, יִגְלֶ֫הָ.

Exceptions : devant les suffixes כֶֿם et ךָֿ il n’y a pas de voyelle de

  1. En faveur de cette vue on peut invoquer l’analogie du futur, où la voyelle de liaison vient des verbes ל״ה (cf. infra), non d’une voyelle finale primitive. Autres cas de voyelle provenant des verbes ל״ה : § f et les références du § 94 b N.
  2. La voyelle de liaison se trouve être discrimante de la forme dans le cas de l’impératif en a (devant gutturale), p. ex. שְׁלָחֵ֫נִי envoie-moi (opp. שְׁלָחַ֫נִי il m’a envoyé).
        P. Joüon, Gramm. de l'hébreu bibl.
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