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96 A ab
Flexions des noms masculins : noms segolés

(normalement segol, d’où l’appellation : noms segolés) et aussi ceux qui n’ont pas de voyelle auxiliaire. Les paradigmes suivent l’ordre suivant : 1) noms segolés de racine forte sans gutturale § b : qatl מֶ֫לֶךְ § c, qitl סֵ֫פֶר § e, qutl קֹ֫דֶשׁ § g ; 2) avec gutturale : qatl נַ֫עַר § i, qutl פֹּ֫עַל § j ; 3)  qatl de rac. ע״ו : מָ֫וֶת § l ; de rac. ע״י : זַ֫יִת § m ; 4) noms de racine ע״ע : qatl עַם § n, qitl עֵז § o, qutl חֹק § p ; 5) qatl de rac. ל״ה : פְּרִי § q.

b Noms segolés de racine forte : מֶ֫לֶךְ roi, סֵ֫פֶר livre, קֹ֫דֶשׁ[1] sainteté. Explication synthétique. Trois questions se posent à propos de la flexion de ces trois types : 1) Pourquoi a-t-on uniformément ◌ֶ comme voyelle auxiliaire ? — 2) Pourquoi a-t-on uniformément un qameṣ prétonique au pluriel absolu ? — 3) Pourquoi, au pluriel cst., une 3e radicale begadkefat est-elle spirante ? On a essayé d’expliquer ces faits de diverses manières. Voici l’explication qui nous semble la plus satisfaisante[2].

Singulier. (L’explication doit commencer par le type *sifr). La forme primitive *sifr est devenue d’abord *sẹfr, puis a pris la voyelle auxiliaire voisine de  : סֵ֫פֶר[3]. Ce segol auxiliaire a passé dans le type *malk et dans le type *qudš.

La forme primitive *ma̦lk est devenue *ma̦läk, avec voyelle auxiliaire ä très ouverte (= ), sous l’influence de la voyelle auxiliaire du type סֵ֫פֶר. Puis la voyelle principale est devenue ä sous l’influence de la voyelle auxiliaire ä[4], d’où mälä = מֶ֫לֶךְ.

La forme primitive *qudš est devenue *qọdš, et a pris la voy. auxiliaire à l’analogie de סֵ֫פֶר et מֶ֫לֶךְ, d’où קֹ֫דֶשׁ[5].

  1. On a gardé le paradigme usuel קֹ֫דֶשׁ malgré une petite anomalie que présente ce nom au pluriel absolu : קָֽדָשִׁים ou קֳ׳, au lieu de קְ׳ (opp. בֹּ֫קֶר matin, בְּקָרִים).
  2. Cf. Mélanges Beyrouth, 51, p. 375 sqq.
  3. Comparer, dans le futur qal apocopé des ל״ה, les formes יִגְלְ, יֵגְלְ, יִ֫גֶל ; la forme plus ordinaire יִ֫גֶל ne se trouve pas dans les noms, non plus que יִגְלְ (cf. § 79 i).
  4. Cf. Brockelmann, 1, 184.
  5. Il a existé probablement un stade intermédiaire *qọdš, à en juger d’après certaines transcriptions des LXX, p. ex. : Γοσόν = גֹּ֫שֶׁן, Τοφόλ = תֹּ֫פֶל, Βοόζ = בֹּ֫עַז, Βοόν = בֹּהַן ; cf. Lagarde, Nominalbildung, p. 52.