Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Proposition/Paragraphe 160

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 488-495).
§ 160. Proposition négative.

a Les négations ordinaires sont : I לֹא en proposition verbale (parfois aussi en proposition nominale, et comme négation d’un nom isolé) ; II אַל négation de la défense impérative ; III אַ֫יִן, אֵין en proposition nominale ; IV לְבִלְתִּי négation de l’infinitif construit. Rares et poétiques sont les négations V בַּל ; VI בְּלִי ; VII בִּלְתִּי. Ont une nuance particulière les négations VIII טֶ֫רֶם et IX אֶ֫פֶס.

b I. לֹא (οὐ, οὐκ) s’emploie surtout en proposition verbale : devant les formes finies du parfait et du futur indicatif : 2 R 17, 26 a לֹא יָֽדְעוּ ils ne connaissent pas (opp. 26 b אֵינָם יֹֽדְעִים ils ne connaissent pas, en proposition nominale).

Mais לֹא s’emploie parfois aussi en proposition nominale, surtout quand il y a quelque emphase ou que la négation porte sur un autre mot que le prédicat. Ainsi il y a une certaine emphase dans Gn 7, 2 וּמִן־הַבְּהֵמָה אֲשֶׁר לֹא טְהֹרָה הִיא et des animaux qui (eux) ne sont pas purs (opposition des animaux impurs, dont on prend seulement deux couples, aux animaux purs dont on prend sept couples ; opp. v. 8 sans nuance d’opposition, dans une simple énumération וּמִן הַבְּהֵמָה אשׁר אֵינֶ֫נָּה טְהֹרָה). La négation porte sur un autre mot que le prédicat dans Éz 36, 32 לֹא לְמַֽעַנְכֶם אֲנִי־עֹשֶׂה ce n’est pas à cause de vous que j’agis. Dans les cas où le pronom séparé (הוּא etc.) doit être exprimé, on ne peut employer אֵין (אֵינֶ֫נּוּ etc.), d’où l’emploi de לֹא : Nb 35, 23 וְהוּא לֹא־אוֹיֵב לוֹ וְלֹא מְבַקֵּשׁ רָֽעָתוֹ alors qu’il n’était pas son ennemi et ne lui voulait pas de mal [וְהוּא est amené par le caractère circonstanciel de la proposition[1]] ; Dt 4, 42 (19, 4) ; dans une proposition parenthétique : 2 S 21, 2 וְהַגִּבְעֹנִים לֹא מִבְּנֵי יִשְׂרָאֵל הֵ֫מָּה or les Gabaonites n’étaient pas fils d’Israël ; — Jér 4, 22 בָּנִים סְכָלִים הֵ֫מָּה וְלֹא נְבוֹנִים הֵ֫מָּה ils sont des fils insensés et ils ne sont pas sages (le second המּה est demandé par la symétrie).

c D’une façon générale לֹא devant un prédicat nominal (substantif, adjectif, participe) le nie plus fortement que ne ferait אֵין, que ce prédicat soit en tête de phrase ou non :

En tête de phrase : Nb 23, 19 לֹא אִישׁ אֵל וִיכַזֵּב Dieu n’est pas un homme, pour mentir ; encore avec substantif : Ex 4, 10 ; 1 S 15, 29 ; Am 7, 14 ; avec adjectif : 1 R 19, 4 כִּי לֹא־טוֹב אָֽנֹכִי מֵֽאֲבֹתַי car je ne suis pas meilleur que mes pères ; avec participe : Job 12, 3 לֹא־נֹפֵל אָֽנֹכִי מִכֶּם je ne vous suis point inférieur ; — pas en tête de phrase : participe : 2 S 3, 34 ; Éz 4, 14.

Parfois on a לא pour quelque raison particulière, p. ex. Ps 38, 15 (p.-ê. pour éviter deux אין ; encore 74, 9 ; Job 28, 14) ; Dt 28, 61 אשׁר לֹא כָתוּב qui n’est pas écrit (לֹא plus simple ici que אין qui signifierait : qui ne se trouve pas écrit dans ce livre).

d לֹא comme négation d’un nom isolé : participe attribut : Jér 2, 2 בְּאֶ֫רֶץ לֹא זְרוּעָה dans une terre qu’on ne peut ensemencer ; 18, 15 ; adjectif : Dt 32, 6 עַם נָבָל וְלֹא חָכָם peuple vil et insensé ; substantif : Dt 32, 21 לֹא־אֵל un non-dieu (= un faux dieu, § k).

e La place de לֹא est immédiatement avant le verbe. Mais cet ordre normal peut être abandonné, surtout pour raison d’emphase. Ainsi on a לֹאSujetVerbe dans Nb 16, 29 לֹא יְהֹוָה שְׁלָחָ֑נִי ce n’est pas J. qui m’a envoyé ; Is 38, 18 ; — לֹא devant une détermination : Ps 49, 18 כִּי לֹא בְמוֹתוֹ יִקַּח הַכֹּל car, à sa mort, il n’emportera rien.

f II. אַל (μή ; latin ne) est la négation de la défense impérative[2]. Il s’emploie avec les formes du volitif direct : jussif, cohortatif (mais non l’impératif) : Ex 34, 3 אִישׁ אַל־יֵרָא que personne ne paraisse ! ; 1 R 13, 22 אַל־תֹּאכַל ne mange pas (opp. vv. 9, 17 לֹא תֹאכַל tu ne mangeras pas ; cf. § 114 i) ; — 2 S 24, 14 אַל אֶפֹּ֑לָה puissé-je ne pas tomber ! cf. § 114 c, i.

Remarques. 1) En poésie on trouve quelques cas où אַל est employé au lieu de לֹא, soit en vue d’une nuance plus énergique, soit par recherche de style. Voir les exemples § 114 k.

2) Pour l’emploi de לֹא avec l’indicatif au lieu de אל avec volitif pour exprimer la finalité-consécution, cf. § 116 j.

3) La place de אל (comme celle de לֹא § e) est immédiatement avant le verbe. Exceptions, pour raison d’emphase : Ps 6, 2 אַל־בְּאַפְּךָ תֽוֹכִיחֵ֫נִי ne me réprimande pas avec colère ; cf. 38, 2 ; Is 64, 8 ; Jér 15, 15.

g III. אַ֫יִן, אֵין il n’y a pas, il n’est pas, est un adverbe négatif d’existence (cf. § 154 k). אֵין, dont le sens primitif est où ?, s’emploie de deux manières différentes : 1) pour nier l’existence dans le lieu : il n’y est pas, il n’y a pas (contraire de יֵשׁ il y est, il y a § 154 k) ; 2) pour nier l’existence tout court : il n’est pas : c’est alors le contraire du verbe auxiliaire être, copule logique de la proposition nominale du type ordinaire ; ainsi à אֲנִי שֹׁמֵעַ j’écoute, s’oppose normalement אֵינֶ֫נִּי שֹׁמֵעַ je n’écoute pas (Is 1, 15) ; comp. Dt 4, 12 קוֹל דְּבָרִים אַתֶּם שֹֽׁמְעִים וּתְמוּנָה אֵֽינְכֶם רֹאִים vous entendiez un son de paroles, mais vous ne voyiez pas d’image. — אין est la négation ordinaire de la proposition nominale (לֹא ne s’emploie guère en proposition nominale que pour une raison particulière, § b).

h À côté de la forme pleine (non contractée) אַ֫יִן, il y a la forme légère contractée אֵין[3]. La forme pleine אַ֫יִן se trouve : 1) quand אין est employé d’une façon absolue : Nb 13, 20 הֲיֵשׁ בָּהּ עֵץ אִם־אַ֔יִן s’il y a des bois dans la (terre) ou s’il n’y en a pas ; Ex 17, 7 ; — 2) quand אין est séparé du mot qui suit par un accent disjonctif de force moyenne : Gn 2, 5 וְאָדָם אַ֔יִן לַֽעֲבֹד אֶת־הָֽאֲדָמָה et il n’y avait pas d’homme pour travailler la terre.

La forme contractée אֵין est la forme de liaison. Elle se trouve : 1) quand אין est en tête : Gn 31, 50 אֵ֥ין אִישׁ עִמָּ֫נוּ (accent conjonctif) ; 2) quand אין, bien qu’il ne soit pas en tête, est uni au mot suivant par un accent conjonctif ou par un accent disjonctif faible : Gn 19, 31 וְאִישׁ אֵ֤ין בָּאָ֫רֶץ (accent conj. mehuppåḵ) ; 47, 13 וְלֶ֫חֶם אֵין֙ בְּכָל־הָאָ֫רֶץ (accent disj. pašṭa).

Remarque. Le mot nié mis en tête, avant אין, a généralement une certaine emphase : 2 R 4, 14 אֲבָל בֵּן אֵין־לָהּ Eh mais ! elle n’a point de fils (littt un fils, elle n’en a pas ; opp. Gn 11, 30 אֵין לָהּ וָלָד).

i Exemples : Avec adjectif : Gn 7, 8 וּמִן־הַבְּהֵמָה אשׁר אֵינֶ֫נָּה טְהֹרָה et des animaux qui ne sont pas purs (opp. v. 2 avec לֹא, § b). (Les exemples avec adjectif sont rares).

Avec participe (prédicatif) actif : Gn 39, 23 אֵין שַׂר בֵּית־הַסֹּ֫הַר רֹאֶה le chef de la prison ne regardait pas ; 2 R 17, 26 b אֵינָם יֹֽדְעִים ils ne connaissent pas (opp. 26 a לֹא יָֽדְעוּ § b). Dans la protase d’une proposition conditionnelle אין avec le participe exprime la non-disposition de la volonté (cf. § 154 l).

Avec participe (prédicatif) passif : Ex 3, 2 וְהַסְּנֶה אֵינֶ֫נּוּ אֻכָּל et le buisson n’était pas consumé (אֻכָּל § 58 b) ; 5, 16 תֶּ֫בֶן אֵין נִתָּן לַֽעֲבָדֶ֫יךָ on ne donne pas de paille à tes serviteurs.

Remarques. 1) אין suivi d’un nom indéterminé et d’un participe forme une construction équivoque. Ainsi אֵין מֶ֫לֶךְ שֹׁמֵעַ peut signifier il n’y a pas de roi qui entende (participe attributif) ou un roi n’entend pas (participe prédicatif) : 1 R 6, 18 אֵין אֶ֫בֶן נִרְאָה signifie plutôt il n’y avait pas de pierre qui parût ; comparer 1 S 3, 1.

2) Pour אין avec suffixes cf. § 102 k.

j Le choix de la négation, en emploi absolu, se règle d’après les normes données. Dans une réponse on a Agg 2, 12 לֹא avec un verbe à l’indicatif sous-entendu ; Ruth 1, 13 אַל avec un jussif sous-entendu ; Jug 4, 20 אַ֫יִן au sens il n’y a pas.

Après אִם, dans une question disjonctive[4], on a ordinairement לֹא : Gn 24, 21 הַֽהִצְלִיחַ יְהֹוָה דַּרְכּוֹ אִם־לֹא ; après une proposition nominale : 27, 21 הַֽאַתָּה זֶה בְּנִי עֵשָׂו אִם־לֹא ; et même après un יֵשׁ au sens de il est : 24, 49 אִם יֶשְׁכֶם עֹשִׂים … וְאִם לֹא ; mais on a אַ֫יִן après un יֵשׁ au sens de il y a : Ex 17, 7 הֲיֵשׁ יְהֹוָה בְּקִרְבֵּ֫נוּ אִם־אָ֑יִן ; Nb 13, 20. En dehors de la question disjonctive, on a לֹא ou אַ֫יִן selon qu’on veut sous-entendre une forme finie ou un participe ; 1 S 2, 16 עַתָּה תִתֵּן וְאִם־לֹא (sous-entendu תִּתֵּן) ; Gn 30, 1 הָֽבָה־לִּי בָנִים וְאִם־אַ֫יִן (= אֵֽינְךָ נֹתֵן) ; encore וְאִם־אַ֫יִן après verbe fini : Ex 32, 32 ; Jug 9, 15 ; 2 R 2, 10.

Devant l’infinitif construit avec ל on a אַ֫יִן et לֹא avec des nuances à peu près semblables : Esth 4, 2 אֵין לָבוֹא on ne devait pas entrer (on n’avait pas le droit, la permission) ; Eccl 3, 14 אֵין לְהוֹסִיף impossible d’ajouter ; — 1 Ch 15, 2 לֹא לָשֵׂאת il n’est pas permis de porter ; 5, 1 לֹא לְהִתְיַחֵשׂ il était impossible d’enregistrer.

Sur לֹא et אין avec כֹּל cf. § k.

k Le contraire et le contradictoire sont moins rigoureusement distingués que dans nos langues. Ainsi שָׂנֵא haïr peut s’employer là où nous dirions ne pas aimer, p. ex. Gn 29, 31 ; et inversement ne pas ordonner peut s’employer là où nous dirions défendre[5], p. ex. Dt 17, 3. Les groupes formés de la négation לֹא et de כֹּל tout sont ambigus : le sens peut être pas tout, ou rien. Ainsi dans Gn 3, 1 le contexte demande : vous ne mangerez pas de tous les arbres plutôt que d’aucun arbre ; Lév 16, 2 qu’il n’entre pas dans le sanctuaire en n’importe quel temps (non : en aucun temps). Mais le sens est d’ordinaire rien, aucun : Ps 49, 18 car, à sa mort, il n’emportera rien (§ e) ; Gn 9, 11 nulle chair ; Ex 10, 15 aucune verdure ; 12, 16 כָּל־מְלָאכָה לֹא־יֵֽעָשֶׂה on ne fera aucun travail. — De même avec אין : 2 S 12, 3 וְלָרָשׁ אֵין־כֹּל le pauvre n’avait rien ; Eccl 1, 9 ; Dn 1, 4 ; Hab 2, 19 וְכָל־רוּחַ אֵין בְּקִרְבּוֹ mais aucun souffle n’est en lui[6].

Semblablement לֹא affectant un nom isolé (§ d) peut donner le sens contradictoire : Is 31, 8 לֹא־אִישׁ quelqu’un qui n’est pas un homme, ou le sens contraire : Dt 32, 21 לֹא־אֵל un non-dieu (= un faux dieu).

l IV. לְבִלְתִּי est la négation ordinaire de l’infinitif construit, § 124 e (sur la forme cf. § 93 q). Rarement לְבִלְתִּי est employé comme conjonction devant un yiqtol (ad non (quod) = ut non = ne) : Ex 20, 20 לבלתּי תֶֽחֱטָ֑אוּ afin que vous ne péchiez pas ; 2 S 14, 14 †. (Les parfaits de Jér 23, 14 ; 27, 18 sont fautifs)[7].

m Outre ces quatre négations très fréquentes, on a les trois négations relativement rares et presque exclusivement poétiques בַּל, בְּלִי, בִּלְתִּי, trois formes de la racine בלה (cf. § 93 q), pour l’emploi détaillé desquelles on consultera le dictionnaire.

V. בַּל (69 fois), qui est devenu usuel en néo-hébreu, est un synonyme poétique de לֹא, qu’on trouve assez souvent répété en certains passages, p. ex. 7 fois dans Is 26, 10-18. Il est employé notamment avec le futur nifal יִמּוֹט (de מוּט) : Ps 10, 6 בַּל אֶמּוֹט je ne serai pas ébranlé. Devant un adjectif : Pr 24, 23 ; devant une préposition : 23, 7 ; Ps 16, 2 ⸮.

VI. בְּלִי ne se trouverait en prose que dans Gn 31, 20 ⸮. C’est un synonyme très rare de לֹא : devant un parfait Is 14, 6 ; un futur Job 41, 18 ; un participe Os 7, 8 ; Ps 19, 4 ; un adjectif 2 S 1, 21.

VII. בִּלְתִּי (sans ל) ne se trouverait, au lieu de בְּלִי, que dans Is 14, 6 devant un substantif ; 1 S 20, 26 ⸮ devant un adjectif (mais bien suspect dans ce texte de prose simple).

n À toutes ces négations à sens général non, ne… pas, il faut ajouter les deux négations à nuance particulière טֶ֫רֶם et אֶ֫פֶס.

VIII. טֶ֫רֶם ne pas… encore : presque toujours avec le yiqtol au sens du passé (§ 113 j) ; au sens du présent : Ex 9, 30 ; 10, 7.

IX. אֶ֫פֶס il n’y a plus[8] est très rare en prose (2 S 9, 3 avec לֹא עוֹד : n’y a-t-il plus encore… ?). C’est une négation comportant, comme אין, l’idée de non-existence, mais lui ajoutant d’ordinaire la nuance plus (donc = אֵין עוֹד) : Is 5, 8 עַד אֶ֫פֶס מָקוֹם jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place. Dans la phrase אֲנִי וְאַפְסִי עוֹד Soph 2, 15 ; Is 47, 8, 10 †, l’i semble bien être le suffixe et non l’i paragogique. L’expression pourrait s’expliquer littéralement « Moi, et exclusivité de moi (est) encore », c’est-à-dire « Moi, et moi exclusivement (= moi seul), je subsiste ! »[9].

o Remarque sur les négations לֹא, אֵין, בְּלִי avec la valeur de sans. Chacune de ces négations suivie d’un nom peut former une sorte de proposition relative asyndétique écourtée qui sert d’attribut au nom qui précède. À côté de la construction ordinaire telle que Job 38, 26 b מִדְבָּר לֹא־אָדָם בּוֹ un désert où il n’y a pas d’hommes, on a 26 a אֶ֫רֶץ לֹא־אִישׁ une terre sans hommes. La négation équivaut pratiquement à sans. Les exemples sont presque tous poétiques : avec לֹא : 2 S 23, 4 matin sans nuages ; Job 12, 24 ; 26, 2 b ; 1 Ch 2, 30, 32 ; — avec אֵין : Is 9, 6 ; Os 7, 11 ; Ps 88, 5 ; — avec בְּלִי : Job 24, 10.

Ces groupes négatifs suppléent les adjectifs négatifs tels que in-nombrable, ἀν-αρίθμητος, p. ex. Joël 1, 6 (après un adjectif) גוֹי עָצוּם וְאֵין מִסְפָּר ἔθνος ἰσχυρὸν καὶ ἀναρίθμητον ; Is 59, 10 (en parallélisme avec adjectif) ; avec une préposition : Is 40, 29 ; Job 26, 2 a, 3.

p Remarques générales. 1) La négation est parfois pléonastique. Ainsi après un מִן à sens privatif ou négatif (§ 133 e fin) : Is 5, 9 מֵאֵין יוֹשֵׁב de façon qu’il n’y ait pas d’habitant ; de même Jér 2, 15 מִבְּלִי ישֵׁב. Il y a double négation dans la locution הַמִבְּלִי אֵין est-ce par manque de… ? Ex 14, 11 ; 2 R 1, 3, 6, 16. Dans Soph 2, 2 בְּטֶ֫רֶם לֹא־יָבוֹא l’extraordinaire לֹא est pléonastique comme le ne du fr. avant qu’il (ne) vienne.

q 2) La négation d’un verbe peut étendre son effet à un second verbe coordonné : Ex 28, 43 וְלֹא יִשְׂאוּ עָוֺן וָמֵ֑תוּ afin qu’ils ne se chargent pas d’un crime et ne meurent (Lév 22, 9, 15-16) ; Is 23, 4 ; 28, 27 ; 38, 18 ; 47, 14 ; Ps 9, 19 ; 35, 19 ; 38, 2 ; 44, 19 ; 75, 6. Pour le cas de la proposition conditionnelle cf. § 167 t.

  1. לֹא, avec participe, n’est donc pas ici « très anormal » (contre Driver, Hebrew tenses3 § 162 N).
  2. Sur פֶּן employé quelquefois au sens de אַל cf. § 168 g N.
  3. Comparer שְׁנַ֫יִם, שְׁנֵים § 100 c.
  4. Cf. Driver, in 2 Sam 17, 6.
  5. L’hébreu manque précisément d’un verbe défendre (interdire) ; on dit p. ex. Gn 3, 11 צִוִּ֫יתִי לְבִלְתִּי j’ai ordonné de ne pas (= j’ai défendu de). On trouve même צִוָּה au sens de défendre Dt 4, 23 (et 2, 37 ⸮).
  6. Exemple avec לְבִלְתִּי (§ l) : Gn 4, 15 afin que personne, trouvant Caïn, ne le tuât (opp. v. 14).
  7. Devant l’infinitif construit on a aussi מִבִּלְתִּי Nb 14, 16 (mais Dt 9, 28 מִבְּלִי) ; עַד־בִּלְתִּי Nb 21, 35.
  8. Pour l’idée de ne… plus avec verbe, antonyme de ne pas… encore, il n’y a pas de particule simple symétrique à טרם ; il faut recourir à לֹא עוֹד.
  9. Cf. Mélanges Beyrouth, t. 5, p. 408.