Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/091-100

Fascicules du tome 2
pages 81 à 90

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 91 à 100

pages 101 à 110


Brout, se dit aussi des écales de noix vertes qui servent à divers usages. Gulioca. On prépare le brout pour servir aux teintures. On fait du ratafia de brout de noix. On confit les noix avec leur brout. Il faut écrire brout & non pas brou.

BROUTANT, ANTE, adj. On appelle en Vénerie les bêtes broutantes, le cerf, le rangier, le daim, le chevreuil, le chamois, le bouquetin ou bouc sauvage. Pascens.

BROUTER. v. a. Paître l’herbe dans les prés, manger le brout dans les forêts. Pasci, morsu capere, depascere. ☞ Les moutons broutent l’herbe des prés. Les chèvres broutent les feuilles, les bourgeons des arbres. On ne le dit que de l’herbe qui tient à la terre, & des feuilles & des bourgeons qui tiennent aux branches.

Ménage, après Bochart, dérive ce mot du grec βρύττειν, signifiant la même chose. Borel le dérive du grec βροχθίζειν, qui signifie depascere.

On dit proverbialement, là où la vache est attachée, il faut qu’elle broute ; pour dire, qu’il faut demeurer attaché à sa profession. On dit aussi d’un homme qui a de l’industrie, que l’herbe sera bien courte, s’il ne trouve de quoi brouter ; pour dire, qu’il trouvera bien le moyen de gagner sa vie.

BROUTÉ, ÉE. part.

BROUTILLES. s. f. pl. Menues branches qui restent dans les forêts après qu’on a retranché le bois de corde : elles servent à faire des fagots. Virgulta. En plusieurs endroits on dit bretilles.

Broutilles, se dit aussi dans le style familier, de plusieurs petites choses inutiles & de nulle valeur. Voilà bien des broutilles.

☞ BROWERS-HAVEN. Ville de Zélande, dans les Pays-Bas, dans l’Île de Schowen.

BROYE. s. f. Dans le propre, c’est un instrument dont on se sert à la campagne pour rompre le chanvre, & tiller plus aisément. On dit dans quelques provinces, brie, brayoire, braye & macque. Instrumentum macerandæ cannabi comparatum. On le dit en termes de Blâson, d’une espèce de festons qu’on trouve dans quelques Armoiries posés en diverses situations. La maison de Broye en a porté, par allusion à son nom. Celle de Joinville, porte d’azue à trois broyes d’or, liées d’argent, &c. Quelques-uns les prennent aussi pour des morailles, d’autres pour toutes sortes d’instrumens propres à broyer. Les Anglois les nomment barnacles, ou bernicles, du nom d’un instrument dont les Sarrasins se servoient pour donner une géhenne cruelle.

BROYEMENT. s. m. Réduction d’un corps en petites parties. Tritura. Il y a des Médecins qui pensent que la digestion se fait par le broyement des alimens. Il en est même qui soutiennent que tout est vaisseau dans le corps humain ; que tous ces vaisseaux ont un mouvement de systole & de diastole, & que tout s’y fait par le broyement des humeurs qui y coulent. M. Lister, Médecin de la feue Reine d’Angleterre, a réfuté dans son livre des humeurs, l’opinion qui fait consister la digestion dans le broyement. Voyez au mot Digestion.

BROYER. v. a. Réduire un corps en particules plus menues de quelque manière & avec quelque instrument que ce soit. Terere. Il faut broyer ces drogues dans le mortier. Suivant une opinion nouvelle, les membranes de l’estomas broyent les alimens que l’on prend, comme une meule, & c’est ainsi que se fait la digestion. Voyez Digestion.

On le dit particulièrement des couleurs qu’on écrase long-temps sur le marbre ou le porphyre avec une pierre dure qu’on nomme molette, en les mêlant avec de l’huile pour les en imbiber, après qu’on les a pulvérisées. ☞ On broye les couleurs à l’eau ou à l’huile, suivant l’usage qu’on en veut faire.

☞ On les broye sur la pierre avec la molette : on les mêle sur la palette avec le pinceau.

Broyer, en termes de Philosophie hermétique, signifie quelquefois cuire la nature jusqu’à ce qu’elle soit parfaite.

Broyer. Terme de Cordier. Façon de détacher la chevenotte de la filasse, au moyen d’une machine qui la brise, qu’on appelle broye.

BROYÉ, ÉE, part. & adj. Tritus.

On appelle pain broyé, un certain petit pain de fine farine, que les Boulangers étoient autrefois obligés de faire pour leur chef-d’œuvre, quand on les recevoit maîtres. Voyez Pain.

BROYEUR. s. m. Qui se dit en cette phrase. C’est un Broyeur d’ocre ; pour dire, c’est un fort mauvais Peintre. Tritor. On le dit aussi de celui qui broye les couleurs dont les Peintres se servent.

BROYON. s. m. Terme de Chasse. Piége pour prendre des bêtes puantes. On fait la chasse avec des traîneaux, alliers, panneaux, rets saillans, bricoles, tentes, étaingues, collets, pièges, amorces, broyons, &c.

Broyon, terme d’Imprimerie. C’est une espèce de molette, avec laquelle les Imprimeurs broient le vernis & le noir, dont ils composent leur encre.

BRU.

BRU. s. f. Belle-fille. C’est un terme d’alliance relatif au pere & à la mere d’un fils, à l’égard desquels la femme qu’il a épousée s’appelle leur bru, ou leur belle-fille. Ce dernier terme est plus du bel usage. Nurus.

Ménage dérive ce mot de nurus latin, ou de l’allemand bruyt, ou plutôt braut ; qui signifie épousée. Du Cange cite les Gloses d’Iso Magister, où il est dit que brut signifie une femme accordée, ou fiancée.

BRUANT, ou Bruand, s. m. plus communément breant. C’est un petit oiseau gros comme un moineau, & dont le chant est assez agréable. Cirulus, Florus, & en grec, Anthus. Le Bruant, ou Verdon, que les Italiens appellent Verdone, est un peu plus gros que le Pinson. Les mâles sont presque tous jaunes ; ils ont néanmoins quelques parties des aîles & de la queue qui tirent sur le cendré : les plus grandes pennes sont d’un plus beau jaune ; les plumes de la queue à leur extrémité sont tout-à-fait jaunes ; en dedans elles sont d’une autre couleur. Son bec est gros & aigu, de couleur pâle ; ses jambes & ses pieds sont d’un rouge tirant sur la couleur de chair. L’on en nourrit en cage à cause de la beauté de leur chant. Le Bruant fait sa demeure ordinaire dans les prés humides & pleins d’eau, sur les hauts arbres. Il semble hennir comme le cheval, pour lequel il a de l’antipathie. Son temps est depuis le commencement d’automne jusqu’au mois d’Avril, & pendant ce temps on en prend une grande quantité. Pour en prendre au printemps il faut mettre entre deux rets plusieurs sortes d’herbes, comme lacerons sauvages, & autres dont ils mangent ; l’on y mettra aussi deux ou trois pieds de chardons, avec des rameaux d’arbres, si l’on peut avoir des herbes avec leurs semences, ce sera le mieux. Il faut dresser les plantes de ces herbes comme si elles avoient naturellement crû en ce lieu. Cet oiseau mange de la navette & du chevenis, & fait son nid dans les vallées & lieux bas. Il fait quatre ou cinq petits. Le mâle est d’un vert jaunâtre. La femelle tire davantage sur le gris.

Il y a aussi un Faisan bruand, appelé autrement Coq de bois, ou de bruyère. Urogallus. Il y en a de deux espèces. Voyez Faisan.

☞ BRUCELLES. s. f. pl. Petite pincette dont se servent les horlogers pour tenir des pièces délicates, comme des roues très-fines, &c. Plusieurs autres ouvriers, les Argenteurs, Lapidaires, ont aussi leurs brucelles.

☞ BRUCHAUSEN. Comté d’Allemagne, en Westphalie, sur les bords du Weser.

☞ BRUSCHAL. Ville d’Allemagne, dans l’Evêché de Spire, sur la rivière de Saltz.

☞ BRUCK. Il y a trois villes de ce nom en Allemagne. La première dans la Basse-Autriche ; la seconde en Stirie ; la troisième dans l’Electorat de Saxe.

☞ BRUCKEN. Petite ville d’Allemagne, dans la Thuringe.

BRUCOLAQUES, ou BRUCOLACAS. s. m. pl. Les Grecs appellent ainsi les cadavres des personnes excommuniées, qu’ils disent être animés par le démon : ce qui leur fait donner ce nom de Brucolacas, qui veut dire faux ressuscités. Le démon se servant de leurs organes, les fait parler, marcher, boire & manger. Ils ont quelque rapport avec les utoupi, les striges. Les Grecs disent que pour ôter le pouvoir du démon sur ces excommuniés, il faut prendre le cœur du Brucolaque, le mettre en pièces & l’enterrer une seconde fois, ou, comme le dit François Richard dans sa relation de l’Île de Saint Irène, chap. 15, brûler son corps, & jeter ses cendres au vent. Il y a un article des Brucolaques dans les Huetiana, où le savant Evêque leur donne une autre étymologie. Adrien Baillet dit que ces imposteurs qui publient sous leur nom les ouvrages des savans, qu’ils ont recouvrés, sont semblables aux Brucolaques ou faux ressuscités.

☞ BRUEL. Ville d’Allemagne, au diocèse de Cologne. Voyez Bruyll.

BRUG. s. m. Vieux mot. Pont. Il a aussi signifié un donjon, une tour. On trouve Brig dans le même sens.

BRUGELETTE. Nom de lieu. Brugeletta. Il est à trois lieues de Mons en Haynaut. P. Hélyot, T. VII, pag. 304.

BRUGES. Ville de Flandre, Province des Pays-Bas. Brugæ. On dit qu’il y avoit autrefois près de Bruges une ville nommée Outtembourg, Aldenburgum ; qu’elle fut ruinée par Attila, & ensuite au IXe siècle par les Normands, & que ce fut en ce siècle que de ses ruines Baudouïn le Chauve, Comte de Flandre, entoura Bruges de murailles, & la fortifia. Bruges a été autrefois capitale de tous les Pays-Bas. ☞ C’étoit la plus riche & la plus florissante de toutes les villes de la Flandre, dans le temps où elle n’étoit pas encore sous la domination de la maison d’Autriche. Philippe, fils de l’Empereur Maximilien, & pere de Charles V, étoit né à Bruges. C’est une des plus belles villes des Pays-Bas. Hoffman lui donne de longitude 24d. 25’ & de latitude 51d 36’. Cette ville, selon M. de Cassini, est 20°. 38’, 33”, de long & à 51d. 11’, 30” de latitude.

Ce mot semble venir de Bruzziæ, nom que lui donne l’Auteur de l’histoire de la translation de S. Vendril, Act. SS. Bened Sæc. V. p. 210, & dans la Notice des Gaules de M. de Valois au mot Bruzziæ. L’Abbé Suger, dans la vie de Louis le Gros, l’appelle Brugæ ; d’autres Brugia, & d’autres Brugiæ. Nous disons Bruges ; & les Flamands Brugge ; ainsi le z s’est changé en g, comme dans Blauziacum, Blaugiacum, Blaugi, Virzeium, Verziacum, Virgeium, Vergiacum, Vergy. Ce mot vient apparemment de Brud, qui en flamand signifie la même chose que bray en ancien françois, c’est-à-dire de la fange, de la boue, parce que cette ville étoit dans un lieu marécageux & boueux : on aura dit apparemment Briudria, Bruderia, Bruzzia : le changement de d en z, n’est pas extraordinaire, sur-tout devant un z, ou une s.

Il y a aussi en Béarn une petite ville du même nom.

BRUGELIN, INE. s. m. & f. qu’on trouve en quelques vieux Auteurs, pour signifier qui est de Bruges en Flandre, mais il n’est point en usage. Brugensis.

BRUGEOIS, OISE, s. m. & f. Qui est de Bruges. Brugensis. L’insolence des Brugeois, qui se saisirent de sa personne (d’Engelbert II, Comte de Nassau) dans la chambre même de l’Archiduc, triompha de sa constance. D. l. Pise. J’aimerois mieux dire ceux de Bruges, les habitans, les bourgeois de Bruges.

☞ BRUGGEN. Petite ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, au pays de Juliers, sur la Swalin.

Bruggen. Autre petite ville d’Allemagne, dans le cercle de la basse-Saxe, Evêché de Hildesheim sur la Leine.

BRUGNE. s. m. Vieux mot. Baudrier.

☞ BRUGNETO. Petite ville d’Italie, dans l’Etat de Gênes, sur la rivière de Votra, Siège d’un Evêché suffragant de Gênes.

BRUGNOLES. Voyez Brignoles.

BRUGNON, s. m. Quelques-uns disent brignon ; mais le bel usage est pour brugnon. Brinolium. Fruit à noyau, qui a une peau rouge & déliée, qui a la chair pleine d’eau, & qui est d’un goût exquis. Il mûrit au mois de Septembre. Le brugnon violet est le plus estimé de tous. Il y a aussi des brugnons indiqués. Quelques-uns croient que le brugnon est une espèce de prune : ce qui a donné lieu à cette diversité de sentimens sur la nature du brugnon, c’est qu’il approche fort de la prune & de la pêche. Nous appelons brugnon tout ce qui étant lisse, c’est-à-dire, sans poil, ne quitte pas le noyau. La Quint. Part. III, ch. 5, p. 418. Cela s’entend parmi les pêches. Tous les brugnons ne sauroient presque avoir trop de maturité.

La Quintinie met le brugnon entre les espèces de Pavies. Il y a un brugnon violet tardif, que la Quintinie au même endroit, p. 418, compte parmi les dernières pêches du mois d’octobre, & les moins bonnes de l’année ; & un brugnon jaune lisse qu’il met au même rang : de sorte qu’il y a, dit-il, trois brugnons bien différens. ☞ Le brugnon violet tardif & le brugnon jaune ne mûrissent guère à Paris, & sont sujets à se crevasser & à pourrir sur l’arbre. pag. 440.

☞ BRUGUÈRE, ou BROUGUÈRE. Petite ville de France, dans le Rouergue, sur le Tarn.

☞ BRUGUIÈRE (la) Ville de France dans le Haut-Languedoc, au Diocèse de Lavaur.

BRUIANT. Voyez Bruyant.

BRUIÈRE. Voyez Bruyère.

BRUINE. s. f. Petite pluie froide & dangereuse pour les grains. Pruina. La bruine se forme, quand la vapeur destinée à faire de la neige ne se gèle que lorsqu’elle est en bas. On dit aussi brouine, à perurendo, parce qu’elle brûle les tendre boutons des vignes & des arbres. Voyez Pluye.

Bruine vient de pruina, en changeant le p en b. Le P. Thomassin remonte plus haut, & il dérive pruina de πῦρ & πύρινος, qu’il dérive de l’hébreu bahar, accendere, brûler, en changeant le b en p ; & il remarque que la bruine brûle les blés & les autres plantes auxquelles elle s’attache, penetrabile frigus adurit.

BRUINER. v. n. & impersonnel, qui se dit de la bruine qui tombe. Il bruine. Cadit pruina.

BRUINÉ, ÉE, part. & adj. Qui est gâté de la bruine. Uredine affectus, perustus. Il ne se dit que des blés. Les blés bruinés sont de difficile garde.

BRUIR une petite étoffe, comme il se pratique à Amiens, à Reims & au Mans, c’est en amortir tous les ressorts en la pénétrant de la vapeur de l’eau chaude dans une chaudière carrée, où on la couche sur son rouleau avec d’autres, ce qui la dispose à se bien apprêter.

BRUIRE. v. n. Je bruis, tu bruis, il bruit, nous bruissons, vous bruissez, ils bruissent. J’ai brui. Je bruirai. Que je bruisse. Strepere. Ce mot n’est en usage qu’à l’infinitif, & à la troisième personne de l’imparfait de l’indicatif, où l’on dit, il bruyoit. On entendoit bruire le vent, le tonnerre ; pour dire, souffler, gronder. Les flots bruyoient. Il signifie aussi, faire un bruit sourd & confus. Les Soldats firent bruire leurs armes en forme d’applaudissement. Ablanc. Les douleurs des femmes grosses sont causées par des vents qui vont & qui viennent en bruissant par tout le ventre. Mauriceau.

Le Scholiaste de Théocrite dit sur la seconde Idylle : Les Anciens faisoient bruire de l’airain aux éclipses de lune. Il ajoute qu’à Athènes le Prêtre de Proserpine faisoit bruire un vaisseau d’airain. De Mézir. dans son Commentaire sur la lettre de Hypsipyle à Jason p. 604.

Il se dit figurément de la réparation ; on entend bruire son nom, ses louanges de toutes parts. Il est vieux.

Ce mot vient de rugire, comme bruit de rugitus, qui a été dit non-seulement du lion, mais aussi de l’homme, & de quelques autres animaux. Ménage. J’aimerois mieux le faire venir du latin bruitus, qui vient du grec βρύω, qui signifie verser de l’eau en abondance, comme les sources, les fontaines.

☞ Ce verbe n’a point de participe du prétérit. On dit à l’actif, bruyant, qui n’est qu’un adjectif. Voyez ce mot.

☞ BRUISINER. Terme de Brasseur. C’est moudre le grain germé, en gros. Encyc.

BRUISSEMENT, ou BROUISSEMENT. s. m. Le dernier n’est plus en usage. Bruit confus. Fremitus. Une femme de ville entend-elle le bruissement d’un carrosse qui s’arrête à sa porte, elle pétille de goût & de complaisance pour quiconque est dedans, sans le connoître. La Br. Le bruissement des vents, des vagues.

☞ On dit un bruissement d’oreilles, dans le même sens que bourdonnement. Voyez ce mot.

☞ BRUIT. s. m. On entend par ce mot un son, ou plutôt un assemblage de sons considérés simplement comme des sons, abstraction faite de l’articulation & de l’harmonie, & qui, pour l’ordinaire, offensent l’oreille. Murmur, fremitus, tumultus. Ainsi le bruit est différent du son, comme l’a remarqué M. Perrault, dans sa dissertation sur l’ouïe : car personne ne s’avise d’appeler son le bruit d’un canon, d’un carrosse, d’un moulin, ou d’une populace assemblée. Le bruit simple a trois espèces, qui sont le bruit clair, le bruit cassé, le bruit sourd. Le bruit composé, le bruit successif, le bruit rompu, le bruit continu, le bruit de choc, le bruit de verbération, &c, sont plusieurs autres espèces de bruit. On entend un grand bruit dans les Volcans avant qu’ils vomissent leurs flammes. Le bruit des carrosses empêchent de dormir. Dans les nombreuses assemblées la conversation est plutôt un bruit confus qu’une véritable société. M. Scud. Le moindre bruit éveille un mari soupçonneux. La Font. Ce n’est pas la raison qui frappe les esprits grossiers : c’est l’émotion, & l’ardeur avec laquelle on parle ; c’est le bruit qu’on fait. Le P. R..

☞ BRUIT, se dit aussi d’un assemblage de sons agréables. On s’endort au bruit d’un ruisseau, d’une fontaine. Susurrus, sonitus aquæ. De ces ruisseaux le bruit délicieux frappe mes sens. Voit.

☞ Et de même de certains sons qui témoignent la joie, l’applaudissement. Fremitus secundus. Fragor. Ce Prince a été reçu au bruit des tambours, des timballes, des trompettes.

Bruit qui se fait entendre dans les oreilles. Voyez Bourdonnement, qui est le vrai mot.

Bruit que font les abeilles, les mouches, &c, en volant. Bombus. Voyez Bourdonnement.

Bruit, dans la signification de démêlé, contestation. Rixa. Si vous continuez, nous aurons du bruit ensemble. Il y a souvent du bruit dans le ménage. Ils avoient déjà eu du bruit ensemble. Turba inter eos incœperat.

Bruit, dans la signification de trouble, émeute, mouvement populaire, remuement séditieux. Turba, turbamentum, turbatum. Il y a du bruit dans telle Province. Le Gouverneur a eu bien de la peine à étouffer le bruit.

☞ BRUIT, se prend quelquefois pour nuvelle qui court, qu’on répand. Le bruit court, il court un bruit. Rumor est, rumor ait, rumor venit. On seme, on fait courir de faux bruits.

Bruit, dans la signification de renom, réputation. Fama. Cette femme a mauvais bruit. Malo rumore flagrat. Il vaut mieux se servir du terme propre.

Bruit, se dit encore de l’éclat que certaines choses font dans le monde. Alors ils se construit toujours avec le verbe faire, ce procès, cette affaire fait beaucoup de bruit dans le monde. On ne fait point précisément ce qu’on est obligé de faire, & l’on veut pourtant se distinguer par tout ce qui fait du bruit. Quand on ne cherche qu’à faire du bruit, ce ne sont pas les caractères les plus raisonnables qui y sont les plus propres.

Tous les jours il m’éveille au bruit de ses explois. Boil.

On dit encore ; faire du bruit, dans un sens autant moral que physique ; pour dire, se plaindre de quelque chose, marquer son mécontentement, son ressentiment, sa colère. Comme j’en faisois du bruit le lendemain dans mon domestique. Bussy. Expression familière.

☞ En terme de vénerie, on dit chasser à grand bruit, pour dire, chasser à cor & à cri, avec grand équipage, avec meute & piqueurs. Voyez cor & cri. Au figuré à grand bruit signifie avec faste, avec ostentation. Cet homme marche toujours à grand bruit. S’il fait du bien, c’est toujours à grand bruit. Dans un sens opposé, on dit à petit bruit, secrettement, sans éclat. Tacitè, sine strepitu. Il se sauva à petit bruit. Il fait ses affaires à petit bruit. On dit aussi sans bruit, clandestinement, sans être apperçu. Introduire quelqu’un sans bruit dans sa chambre. Loin du bruit, loin du tumulte, du commerce du monde.

On dit aussi, point de bruit, pour imposer silence à quelqu’un qui menace. Sile, obmutesce. Ainsi on dit à un Capitaine dans l’illusion comique.

Point de bruit,
J’ai déjà massacré dix hommes cette nuit ;
Et si vous me fâchez, vous en croîtrez le nombre.

On dit proverbialement, je n’aime point le bruit si je ne le fais, quand quelqu’un veut être le maître en sa maison, ou prend des libertés qu’il ne veut pas permettre aux autres. On dit, qu’un homme est un bon cheval de trompette, qu’il ne s’étonne point pour le bruit, ou du bruit ; pour dire, qu’il laisser crier les gens, & qu’il ne s’épouvante pas aisément. On dit aussi, qu’un homme fait plus de bruit que d’effet ; ou bien, qu’il ressemble aux Bahutiers ; il fait plus de bruit que de besogne ; pour dire, qu’il promet, qu’il parle beaucoup, & qu’il ne travaille guère. ☞ On dit, a beau de lever tard, qui a bruit de se lever matin. Acad. Fr. Pour dire que quand on s’est fait une bonne réputation, on ne la perd pas aisément.

En bas-breton brut signifie bruit, & dans la langue de Galles brut signifie histoire. Huet.

Arbre a grand bruit. C’est un arbre qui se trouve dans les Indes, dont les feuilles sont semblables à celles de nos mûriers & que les Indiens appellent Arbre à grand bruit, parce que son fruit, qui est tout rond, étant mûr, sort de son écorce avec un bruit semblable à celui d’un coup de mousquet, & va tomber bien loin de l’arbre. Journ. des Sav. 1678. pag. 174. d’après les Journ. d’Allem.

BRULABLE, adj. Qui mérite d’être brûlé. Urendus, dignus igne, ou flammis ; ignem meritus. Rabelais a dit ; c’est un hérétique brûlable. Il ne se trouve que dans cette phrase.

BRULANT, ANTE, part. act. Qui brûle. Urens, comburens. Un fer brûlant ; un soleil brûlant. Ce potage est tout brûlant.

Brulant, Participe neutre. Qui brûle, qui est en feu, ou qui est extrêmement chaud. Ardens, flagrans. Un palais brûlant. Une ville brûlante ; les climats brûlans sont les pays échauffés du Soleil. Les déserts brûlans de l’Afrique. Voit. Ce malade est tout brûlant, il a une forte fiévre. La chaleur étoit si violente par la réverbération des montagnes, & par la nature du terrein tout couvert d’un sable aride & brûlant, que l’on ne respiroit qu’un air embrasé. Port-R.

On le dit figurément de ce qui est possédé d’une passion violente, ardemment épris. On peint les Chérubins, avec un visage enluminé, pour nous apprendre qu’ils sont tout brûlans de l’amour divin. Le cœur de l’homme est brûlant d’ambition, de desirs, &c.

De son zele brûlant l’ardeur se ralentit. Boil.

Chaud, brûlant, ardent, emflammé, embrasé, considérés dans une signification Synonyme. Une chose est brûlante, quand on ne peut plus la toucher sans ressentir de la douleur. Voyez les autres mots.

BRULÉE. s. f. Nom d’une espèce de coquillage de mer, ainsi nommée à raison de sa couleur, ou plutôt de ses couleurs. Concha marina ambusta.

BRULEMENT. s. m. Action par laquelle on brûle. Ustio, crematio. Le brûlement, le viol, ont été défendus dans ces dernières guerres. Le brûlement des vaisseaux.

☞ BRULER. v. a. Urere, comburere. Verbe qui sert à exprimer l’action du feu, par laquelle les plus petites parties des matières sur lesquelles il agit, sont détachées les unes des autres, & mises dans un mouvement très-violent, en sorte que quelques-unes deviennent elles-mêmes de la nature du feu, oj sont au moins pénétrées par la matière du feu, ou sont au moins pénétrées par la matière du feu, pendant que les plus subtiles s’évaporent, ou sont réduites en cendres. Les corps sont enflammés, embrasés, consumés par le feu. Enflammés, lorsque le feu qui les pénétre se rend sensible aux yeux au-dela de leur surface. Embrasés, lorsque le feu a cessé de s’élancer, & qu’il en paroît seulement dans toute leur substance. Consumés, lorsqu’il n’en reste plus que la cendre. Brûler un homme tout vif, le brûler à petite feu. Brûler du bois, brûler de la paille, brûler des pastilles. La plûpart des païens brûloient les corps morts, au lieu que les Chrétiens les enterrent. De temps immémorial les Indiennes se brûlent dans le bucher de leurs maris. Les premiers Romains ne brûloient point les corps morts ; ils les enterroient, comme Pline l’a remarqué, liv. 7, ch. 54. où il dit, que la coutume de les brûler ne fut introduite chez eux, que lorsqu’ils apprirent qu’on déterroit les corps de leurs gens qui étoient morts à la guerre dans les pays éloignés. Plutarque néanmoins, dans la vie de Numa, dit que Numa fut inhumé, parce qu’il avoit défendu expressément par son Testament de brûler son corps. Ce qui prouce que les Romains, dès-ce temps-là, avoient accoutumé de brûler les corps. Cette coutume de brûler les corps, pratiqués par les Grecs & par les Romains, a été en horreur à quelques Nations. Hérodote rapporte que les Perses la détestoient, parce qu’ils croyoient que le feu étoit un Dieu. Les Egyptiens ne brûloient point aussi les corps morts, parce que, selon eux, le feu étoit une bête inanimée ; ils estimoient qu’il n’étoit pas permis de donner les corps morts à dévorer à des bêtes. Macrobe, qui vivoit sur la fin du quatrième siècle, assure, Liv. VII de ses Saturnales, que de son temps la coutume n’étoit plus à Rome de brûler les corps des morts. Cette coutume cessa chez les Romains sous l’Empire des Antonins.

Ce mot, selon Ménage & Guyet, vient de brusulare, selon d’autres de præustulare ; selon du Cange de bruscare, mot de la basse latinité, ou de l’italien brusciare.

Bruler signifie aussi employer quelque matière combustible pour faire du feu. On brûle tous les ans tant de voies de bois dans cette maison. Il y a des pays où l’on ne brûle que du charbon de terre, de la tourbe.

☞ On le dit de même des matières qu’on allume pour éclairer. Dans bien des maisons on ne brûle que de la cire. Le peuple ne brûle que de la chandelle, de l’huile. C’est faire usage de bougie, de chandelles, de lampes à huile pour éclairer.

Bruler se dit aussi de l’action des corps pénétrés par le feu, dont l’attouchement produit un sentiment de douleur. Cela me brûle. Voy. Brulant.

Bruler, se dit hyperboliquement pour signifier, échauffer ☞ excessivement, dessécher par une chaleur excessive. Le Soleil brûle les campagnes d’Afrique. Cela brûle le wang. Il a une fièvre qui brûle.

Bruler, se dit aussi ☞ par extension de l’effet que fait un froid excessif à-peu-près le même que celui qui est produit par une très-grande chaleur. Penetrabile frigus adurit. Voyez Froid. Quand la vigne est en bourgeon, il vient une gelée, un vent froid qui la brûle. Il y a certain brouillard ou rouille qui brûle les blés. La neige brûle les souliers, à cause d’un certain acide ou salpêtre qui y est contenu. L’eau forte brûle le drap & la peau.

Bruler dans un sens actif & figuré, signifie aussi, donner de l’amour ; Incendere, inflammare, ad amorem incitare. Il faut qu’après avoir brûlé tant de Castillanes, il fasse fondre quelques Portugaises. Voit.

On dit encore, Brûler de l’encens devant quelqu’un ; pour dire, L’idolatrer, l’adorer, le flater démesurément.

On dit adverbialement, tirer un homme à brûle pourpoint ; pour dire, le tirer de si près, qu’on ne le puisse manquer. Proximè catapultam admovere. Brûler la cervelle à quelqu’un. Il lui brûla la cervelle d’un coup de mousquet. Un coup de fusil lui a brûlé la cervelle. Tout cela se dit d’un homme qu’on tue d’un coup d’arme à feu. Dans l’origine on ne le disoit que quand on tiroit quelqu’un presqu’à bout portant, tellement que le feu du fusil ou fu pistolet brûloit la personne ; & c’est de-là aussi que vient cette expression, tirer à brûle pourpoint.

On dit aussi dans un sens figuré, qu’un argument est à brûle pourpoint, quand il est si convaincant, qu’on n’y peut répondre. Argumentum evidens, clarum, firmissimum.

Bruler un endroit se dit aussi figurément & dans le style familier, pour passer par un lieu, ou auprès d’un lieu, sans s’y arrêter : brûler un cabaret en voyage, c’est le passer sans s’y arrêter. Quelques-uns le disent des soldats, lorsque passant par quelque endroit, au lieu de s’y arrêter, comme il leur est marqué, ils se font donner en argent ce qu’on leur devoit fournir en vivres, & en fourrages. La discipline que le Roi a mise dans ses troupes ne permet plus ce désordre. On dit aussi brûler une poste, quand sur les mêmes chevaux on passe le lieu de la poste ordinaire marqué sur la route, pour ne les changer qu’à un autre lieu de poste.

Bruler, en termes de science hermétique, veut dire cuire la matière, la calciner, sublimer.

Bruler du vin, c’est mettre du vin sur le feu, pour le distiller & en faire de l’eau-de-vie.

Bruler le fer, l’acier, &c. Chez les Ouvriers qui emploient les métaux, c’est leur ôter leur qualité en les laissant trop chauffer. Les métaux brûlés ne font plus qu’une matière fragile qui n’est bonne à rien.

Bruler, v. n. Etre en feu, être embrasé. Ardere, Flagrare. Voilà une maison qui brûle. On voyoit de loin la flamme des vaisseaux qui brûloient. Le temple de Diane brûla la même nuit qu’Alexandre vint au monde. Les damnés brûleront éternellement dans l’Enfer, mais ils ne seront point consumés.

☞ Il signifie aussi simplement être très chaud. Ses mains brûlent. Les mains lui brûlent.

Bruler, figurément signifie, être agité d’une violente passion d’amour, d’ambition, de desir d’impatience. On peut brûler d’un chaste amour. S. Paul dit qu’il vaut mieux se marier que brûler. On a dit du Baron de Feneste, qu’il brûloit d’ambition. De la même ardeur que je brûle pour elle, elle brûle pour moi. Malh. J’aime à brûler d’une si belle flamme. Voit. Vous brûlez d’une soif qu’on ne peut assouvir. Boil. La plupart des gens brûlent ardemment pour ce qu’ils souhaitent, & se lassent bientôt de ce qu’il possedent. Il y a des personnes louables qui semblent nées pour le bien général du monde, & qui ne brûlent que du desir de rendre les autres heureux. Vill. On est bientôt las de brûler pour ceux qui ne sont pas en état de brûler pour nous.

Je ne veux pas brûler pour une abandonnée. Mol

Or vous donc, qui brûlant d’une ardeur périlleuse,
Courez du bel esprit la carrière épineuse. Boil.

Bruler est aussi réciproque, & signifie comme dans le neutre, être brûlé. On ne peut toucher cela sans se brûler.

Quand on se brûle au feu que soi-même on attise,
Ce n’est point accident, mais c’est une sottise. Reg.

Bruler, se dit proverbialement en plusieurs phrases. Graissez les bottes d’un vilain, il dira qu’on les lui brûle ; pour dire, qu’il y a des gens qui ne connoissent pas les bons offices qu’on leur rend. On dit aussi, qu’un homme brûle sa chandelle par les deux bouts ; pour dire, qu’il fait des dépenses de plusieurs sortes qui le ruineront bientôt. On dit aussi, qu’il s’est venu brûler à la chandelle, quand il est sorti d’un lieu où il étoit en sûreté, pour se faire prendre en un autre : ☞ ou lorsque voulant simplement s’amuser auprès d’une jolie personne, il en devient amoureux. On dit que la chandelle se brûle, quand on avertit un homme de doubler le pas pour arriver de jour au gîte. On dit aussi, que le rôt se brûle, pour avertir quelqu’un d’achever vîtement une affaire, pour songer à une autre plus importante qui cependant dépérit. On dit aussi entre joueurs, que le tapis brûle, pour exciter quelqu’un à l’arroser ; c’est-à-dire, à mettre au jeu. On dit, je viendrai à bout de cette affaire, où j’y brûlerai mes livres ; pour dire, je la veux poursuivre avec la dernière opiniâtreté. On dit, qu’un homme brûle à petit feu, quand il languit après quelques chose importante qu’on lui a fait espérer, & qui ne vient point. On dit en badinant, qu’un homme brûle le jour, lorsqu’il fait amende honorable, la torche au poing. On dit d’un homme inquiet & impatient de faire quelque chose, d’aller quelque part, que les pieds lui brûlent. Acad. Fr.

BRULÉ, ÉE. part. & adj. Ustus, exustus, adustus, combustus. On dit de l’eau-de-vie brûlée, du vin brûlé, quand on y a mis le feu avec un papier allumé. Du pain brûlé, de la viande brûlée, quand ils sont trop cuits.

Brulé. Terme d’Astrologie judiciaire : Qui n’est pas plus éloigné du Soleil que de la moitié de l’orbe de sa lumière ; ensorte que Mars, par exemple, sera brûlé toutes les fois qu’il ne sera pas éloigné du soleil de plus de six degrés.

On appelle figurément Cerveau brûlé, cervelle brûlée, un fanatique, un homme qui porte tout à l’excès. Acad. Fr.

Brulé se prend aussi substantivement, & signifie alors l’ odeur d’une chose qui brûle ou qu’on a brûlée. Ce pain sent le brûlé, a un goût de brûlé.

☞ BRULEUR. s. m. Celui qui brûle. On appeloit Ustor celui qui brûloit les corps des morts. Ce mot ne va jamais seul, & ne se dit que dans cette phrase, brûleur de maison, incendiaire. Incendiarius, incensor. On dit proverbialement & figurément d’un homme mal vêtu, qu’il est fait comme un brûleur de maisons.

☞ BRULLOIS. petit pays de France en Gascogne, entre le Condomois & la Garonne.

☞ BRULLON. petite ville de France, dans le Maine, au-dessus de Sablé.

BRULOT. s. m. Terme de Marine. C’est un vaisseau qu’on emplit de feux d’artifice, de matières combustibles, & qu’on attache à de grands vaisseaux ennemis pour les brûler. Navis incendiaria. On l’appelle en quelques lieux navire sorcier. Un Capitaine de brulot est pendu quand il se laisse prendre. On peut comparer certains Aventuriers de parti, aux brûlots qu’on ne se met guère en peine de perdre, pourvû qu’on fasse sauter un gros vaisseau ennemi. P. Dan

Brulot, est aussi une certaine machine dont les Anciens se servoient pour lancer des dards, à laquelle étoit attachée une matière combustible, qu’on leur vouloit darder. Catapulta incendiaria. Perrault. Vit.

Brulot, se dit figurément & burlesquement d’un morceau de pain, de viande, ou d’autre chose, chargé de sel & de poivre, qui brûle le gosier de celui à qui on le donne à manger. Buccea incendiaria.

En parlant d’un homme ardent, inquiet, & qui est une espèce de boute-feu, qu’un parti détache contre un parti opposé on dit figurément, que C’est un brûlot. Acad. Franç.. Expression du style familier.

BRULURE. s. f. Solution de la continuité des parties causées par l’impression du feu : marque qui reste sur une chose brûlée. Adustio. Il lui est resté sur la joue des marques de sa brûlure. Les Charlatans vendent de l’onguent pour la brûlure. La brûlure est légère lorsqu’il s’éleve seulement sur la peau quelques pustules, avec rougeur & séparation de l’épiderme d’avec la véritable peau. Le second degré de brûlure est lorsque la peau est brûlée, dessechée & retirée, sans qu’il y ait pourtant de croûte ou d’esquarre. Le troisième degré est lorsque la chair, les veines, les nerfs, &c. se retirent, & font une esquarre. Degori. Amatus Lusitanus dit qu’un bon remède pour la brûlure, est un onguent fait de cendre de feuilles de laurier brûlées avec de la graisse de porc qu’on fait dégoutter dessus. Le même Médecin dit encore que c’est un bon reméde que de froter la partie brûlée avec de l’onguent populeim, & de mettre des feuilles de vigne dessus. Panarole dit que la boue étant mise sur la brûlure aussi-tôt qu’elle est faite, adoucit fort la douleur. On dit qu’en Hollande les Brasseurs de bière se servent de décoction de lierre, pour se guérir de la brûlure.

BRUMA. Voyez Brama. C’est le même.

☞ BRUMAL, ale. adj. Brumalis. qui vient l’hiver, ou qui appartient à l’hiver. Ce mot est peu usité. Les Jardiniers appellent plantes brumales, celles qui viennent pendant l’hiver. On appelle solstice brumal, le solstice d’hiver. Voyez Solstice. Fêtes brumales, que les Romains célébroient l’hiver en l’honneur de Bacchus. Voyez l’article suivant.

BRUMALES. s. f. pl. ou adj. Fêtes Brumales. brumalia. Ce mot se trouve dans le Calendrier Romain, traduit par M. Blondel ; c’est le nom que l’on donnoit chez les Romains à une fête de Bacchus. Les Brumales duroient trente joues. Les Brumales commençoient le vingt-quatrième jour de Novembre, & finissoient le vingt-cinquième jour de Décembre. Les Brumales furent instituées par Romulus, qui avoit coutume durant ce temps-là de donner à manger au Sénat. L’Empereur Constantin Copronyme célébroit la fête païenne des Brumales en l’honneur de Bacchus, & assis dans une galerie avec ses courtisans il jouoit de la lyre, & faisoit des libations profanes. Fleury.

Le nom de Brumales vient de bruma, qui veut dire hiver, parce que cette fête tomboit au commencement de l’hiver : d’autres dérivent le nom de Brumales de brumus, ou bromius, qui sont des noms qu’on donnoit à Bacchus, en l’honneur de qui on célébroit les Brumales. Voyez le Calendrier des anciens Romains, Cœlius Rhodiginus, Rosinus, Lilius Giraldus, &c. La fête des Brumales fut abolie par le VIe Concile, appelé in Trullo.

BRUME. s. f. Terme de Marine. C’est ainsi qu’in nomme un brouillard épais : & on appelle un temps embrumé, quand l’air est couvert de brouillars. Nebula. On dit sur la mer que dans le temps de brume tout le monde est matelot ; parce que dans le temps d’un brouillard épais, chacun dit son sentiment pour la route.

Brume. On donne encore le nom de brume à une certaine vapeur, à un certain brouillard qui s’éleve sur les cascades ou cataractes des eaux. La brume que forme la cataracte du fleuve Niagara, est si élevée, qu’on l’apperçoit de cinq lieues ; & lorsque le Soleil paroît, on voit toujours un bel arc-en-ciel dans cette brume. M. l’Abbé de Chaulieu, en parlant des avantages dont joüit l’Île de Cythère, p. 39 du 2e tom. de ses Œuvres de l’édit. de 1733 dit que

Là jamais ni brouillard, ni brume,
N’obscurcit la clarté du jour,
Et jamais dans ce beau séjour
N’enfanta catharre, ni rhume. Chaulieu.

Ce mot vient du grec βραχεῖα ἠγέρα. Jos. Scaliger dit que ce mot vient de Bromius Bacchus, dont les sacrifices se faisoient environ le solstice d’hiver. Le mot bruma signifioit le plus court jour de l’année.

BRUN, une. adj. Qui est de couleur sombre & obscure, tirant sur le noir Fuscus, subniger. Du drap brun, gris-brun, rouge-brun, vert-brun.

Brun. s. m. Signifie couleur brune. Cette étoffe est d’un beau brun, tire sur le brun, sur le gris-brun.

Ce mot vient du flamand bruin, ou de l’allemand braun, qui signifient la même chose. Mén. Octavius Ferrarius dit qu’on a donné ce nom à cette couleur, à cause qu’elle approche de celle des prunes, ou de la couleur des armes brunes, dont ont croit qu’on a fait aussi bronze & bronzer, à cause que le Italiens disent abronzare ; pour dire, enduire d’une couleur brune. Quelques-un croient que c’est un vieux mot françois, à cause de Brunehaut, qui signifioit une Dame brune.

Brun, se dit aussi des personnes qui ont le poil noir, ou qui n’ont point la peau extrêmement blanche. Un beau brun, une belle brune. Les gouts sont différens ; l’un aime la blonde, & l’autre la brune : & l’on dit des inconstans, que tout leur est bon, qu’ils courent après la blonde & la brune.

Brun, Brune, adj. se dit aussi figurément, mais dans le style comique, pour sombre, mélancolique. Obscurus, tetricus. Cet homme est d’une humeur bien brune.

On dit aussi, que le temps est brun : qu’il fait brun : ou absolument on dit la brune, quand la nuit approche. Il est familier.

On appelle un clair-brun, celui qui a les cheveux entre le blond & le noir foncé.

Bai-Brun, se dit des chevaux qui sont de couleur de châtaigne, mais fort obscure. Badius. Le Soudiacre Bonitus, dans la vie de S. Théodore, qu’il écrivoit, ou qu’il augmentoit il y a plus de 600 ans, dit qu’en latin on appelle Brunus, une espèce de cheval que les Grecs appellent Dardanus, c’est-à-dire, un cheval brun, ou, comme il parle, d’un blanc obscur. Equumquem albus ac perobscurus color exornat ; où Bollandus remarque que brunus s’est dit en effet pour fuscus, dans les Auteurs du moyen âge ; mais que ce mot n’est point latin, non plus que Dardanus n’est point grec dans ce sens. Act. Sanct. Febr. T. II. p. 33.

Brun-rouge. Quelques-uns appellent ainsi un ocre rouge d’une couleur foncée, dont on se sert dans la peinture.

☞ En termes de peinture, on dit les bruns d’un tableau, pour dire les ombres. Voy ce mot. Mais quand on dit qu’un tableau est brun, on entend alors que le peintre a forcé les ombres, a donné, comme on dit, dans le noir.

Brun, s. m. Nom d’homme. Brunus. S. Brun, Archevêque & Apôtre de Prusse, où il fut décollé avec 18 autres Missionnaires, est nommé Brunus, & non Bruno, en tous les manuscrits de sa vie écrite par Ditmar, Evêque de Mersbourg, qui avoit étudié avec lui. Chast. Cependant on dit aussi quelquefois Brun en françois pour Bruno, ou Brunon.

Brune. s. m. On appelle ainsi le temps du soir, lorsque la nuit approche ; le temps qui est entre le coucher du soleil & la nuit. Vesper, vesperus, vespera, vespertinum tempus. Sur la brune ; c’est-à-dire, au temps, ou vers le temps qu’on appelle brune. Cet homme craint les Sergens, il n’ose sortir que sur la brune. Cette façon de parler vieillit. Il fait brun, la nuit approche. Sur la mer on dit, le brun de la nuit ; pour dire, l’obscurité.

BRUNE. s. f. Fille de l’Hôpital-Général. On appelle les filles de l’Hôpital Général les Brunes.

Brune. s. f. Toile qui se fabrique à Rouen.

BRUNDUZE, ou BRUNDUSE. Voyez BRINDE.

BRUNECHILDE. s. f. Voyez BRUNEHAUD.

BRUNEHAUD. s. f. Nom de femme. Brunechildis. Ce mot s’est formé du latin. Brunechildis est la même chose que Brunehildis ; car ç’a été la coutume d’écrire ch, au lieu de h simplement ; michi, pour mihi, nichil, pour nihil. Outre cela un l avec la voyelle qui le précéde, comme al, el, &c. se change communément en au, ainsi childis a dû se changer communément en haud, la terminaison latine is étant retranchée. Brunehaut, fille d’Athanagil, Roi des visigoths, établis en Espagne, épousa Sigebert I. Roi d’Australie. Frédégonde fût avec Brunehaud la furie de la Maison Royale de France. God.

Je trouve aussi Bruneheul dans quelques vieux Auteurs. Mérovée, fils de Chilperic, étant allé à Rouen pour la délivrance de ladite Reine Bruneheul, se trouva tellement épris de sa beauté, qu’il ne cessa qu’elle ne lui aût accordé mariage. Parad. Ann. de Bourg, p. 58. Il dit Brunehceul & Brunechaud dans son Hist. de Lyon, Liv. II. c. 14. Brunecheul fonda l’Abbaye d’Aisnay. L’on écrit qu’elle donna tant de biens à cette Abbaye, qu’il s’y nourrisoit ordinairement 300 Religieux, de manière qu’on l’appeloit l’Ordre de Brunehaud. D’ailleurs elle fit des levées pour la réparation des chemins en Bourgogne, dont on trouve encore en quelques lieux des vestiges, qu’on nomme les levées de Brunehaud. Ces deux noms donnés aux Religieux d’Aisnai & à ces levées, montrent que l’usage est depuis très-long-temps de dire Brunehaud. Brunehaud signifie Dame Brune. Voyez BRUN.

BRUNELLE. s. f. Terme de Botanique. Brunella. Plante vulnérable. Sa racine est menue, fibreuse, & s’étend obliquement en terre ; elle donne quelques tiges de neuf à dix pouces de long, carrées, velues, en parti appliquées contre terre, droites en parties, branchues, noueuses, & garnies à chacun de ses nœuds de feuilles opposées, semblables à celles de l’Origan, mais d’un vert plus brun, un peu plus velues, & dentelées sur leurs bords. Ses fleurs terminent les tiges & les branches, & sont ramassées en une tête allongée, écailleuse, cylindrique, disposée en manière d’épi. Chaque fleur est un tuyau lavé de pourpre, découpée par le haut en deux lèvres, dont la supérieure est en casque, & l’inférieure est divisée en trois parties, la moyenne desquelles est creusée en cuilleron. Le calice de la fleur, qui est un cornet verdâtre, long de quatre lignes, est divisé en deux lèvres, dont la supérieure est à trois pointes, & l’inférieure à deux. Il renferme dans son fond quatre semences petites, ovales. Il y a plusieurs autres espèces de Brunelle qui diffèrent de celle-ci, qui est la plus commune, soit par leurs feuilles, soit par leur grandeur, ou couleur de leurs fleurs. La Brunelle est vulnérable, fort vantée pour l’esquinancie & les autres maladies de la gorge, & pour celles du poumon.

Brunella vient du mot allemand Die braune, qui signifie certaines maladies de la gorge pour la guérison desquelles on se sert avec succès de la brunelle commune.

BRUNET, ETTE. s. Diminutif de brun. Qui est un peu brun. Subniger, subaquilus. C’est une beau brunet. Il aime une petite brunette. Il est aussi adj. On trouve dans une vieux Poëte :

Bergères brunettes font rage,
Et laissent aller de courage,
Bien souvent le chat au fromage.

Brunette, étoit aussi autrefois une étoffe fine, de couleur presque noire, dont les gens de qualité s’habilloient. Pannus subniger, & dont on a conservé la mémoire dans ce vieux proverbe :

Aussi bien sont amourettes
Sous bureau, que sous brunettes.

Cette étoffe étoit belle & précieuse. Le bon Roi, (saint Louis, depuis qu’il eut pris la croix,) ne voulut plus dès-lors vêtir d’écarlate, ni de brunette, ni de vert, (l. vair) ni couleur qui fût de grandes apparence, & vêtoit robes de camelin, de brun, ou de pers. Anonyme, Vie de S. Louis.

Brunette. s. f. Terme de Musique. Petit air champêtre, naturel, joli, d’un goût délicat. Agrestis cantiuncula. Il y a des recueils de Brunettes. Et toutes ces brunettes, tous ces jolis airs champêtres qu’on appelle des brunettes, combien sont-ils naturels ? Anon. Hist. de la Musiq.Ces branles, ces brunettes sont doublement à estimer dans notre Musique, parce que cela n’est ni de la connoissance, ni du goût des Italiens, & que les tons aimables & gracieux, si finement proportionnés aux paroles, en sont d’un extrême prix. Car sur des paroles champêtres, comme sur des paroles héroïques, en petit, tout comme en grand, la justesse d’expression a son mérite. Id. M. Dandrieu, dans ses principes de l’accompagnement du clavessin, a donné des brunettes bien choisies, & gravées sur dix-huit planches. Il a préféré les brunettes à toute autre sorte de Musique, parce qu’elles conviennent parfaitement à son dessin. Ce sont de petits airs auxquels la naïveté & la délicatesse tiennent lieu des graces de la nouveauté.

La brunette est une petite chanson amoureuse, qui est ordinairement à plusieurs couplets, dont l’air est familier, & qui a souvent un refrin. Les brunettes ont beaucoup de rapport aux vaudevilles, mais elles sont plus sages. On voit des brunettes dans les Opéra. L’Auteur d’une lettre sur la Musique de Lully, dit que les paroles d’une brunette sont pleines de sentiment ; que ce sentiment est soutenu par l’expression du chant, que ce chant a un caractère d’ingénuité, de naturel, qui charme encore quelques personnes, bien plus que tout l’art & tous les apprêts des chants nouveaux.

Brunette. Terme de Conchyliologie. C’est le terme vulgaire dont se servent les Hollandois, pour désigner un cylindre ou rouleau, imitant le drap d’or. C’est un fort beau rouleau marqué de taches brunes. Traité de Lithologie & Conchyliologie.

BRUNIR. v. a. Rendre brun. Obscurare, fuscare. Il faut brunir davantage le fond de ce tableau. On mêle les couleurs vives avec les sombres pour les brunir. Brunir est aussi neutre, & signifie devenir brun. Ce garçon étoit fort blond autrefois, mais avec l’âge il a bien bruni.

Ce verbe est quelquefois réciproque. Les cheveux de cet enfant étoient blonds ; mais ils commencent à se brunir. Acad. Fr.

Brunir, se dit aussi, en termes de Chasse, lorsque les cerfs, après avoir frayé, vont teindre leurs bois aux charbonnières, ou aux terres rougeâtres, afin de leur donner de la couleur. Tingere. Salnove dit la même chose des daims & des chevreuils. Et selon lui, brunir, c’est quand le cerf, le daim ou le chevreuil, fait changer de couleur à sa tête, qui de blanche qu’elle étoit, après avoir ôté la peau velue qui la couvroit, la fait venir rouge, grise, ou de couleur brune, selon les terres où il la frotte.

Brunir, est aussi un terme de Relieur. Il signifie, éclaircir, polir la tête, la queue & la tranche d’un livre, à force de froter dessus avec la dent de loup. Polire, expolire, lævigare, lævare. Brunir un livre sur tranche.

Brunir, signifie aussi polir un corps, non pas en l’usant, mais en abattant les petites éminences qui sont sur sa surface par le moyen du brunissoir. On le dit de l’or & de l’argent ; cela se fait avec la dent de loup, la dent de chien, ou la pierre sanguine, le tripoli, le bâton de bois blanc, & la potée d’émeri. On dit de l’or bruni, de l’argent bruni, pour l’opposer à l’or & à l’argent mat : c’est celui qu’on a extrêmement poli pour lui donner de l’éclat. Aurum, argentum politum, lævatum, lævigatum. Les bordure d’or bruni paroissent plus que les autres. Les Serruriers disent aussi brunir le fer, quand ils le polissent avec leurs brunissoirs.

BRUNI, IE, part. & adj. Politus, lævatus, lævigatus, levatus, ou levigatus.

BRUNICHILDE. voyez Brunehaut.

BRUNISSAGE. s. m. Ouvrage de Brunisseur. Politura. Il faut tant pour le brunissage de la vaisselle.

BRUNISSEUR. s. m. Artisan qui brunit la vaisselle d’argent. Politor.

BRUNISSOIR. s. m. ☞ Outil dont se servent presque tous les ouvriers qui emploient le fer, l’or, l’argent, l’acier, l’étain, pour donner de l’éclat à leurs ouvrages. Il y en a de différentes façons & de différentes matières suivant les ouvrages. Pour les métaux, ils sont ordinairement d’acier. Ferrum metallis poliendis comparatum. On passe le brunissoir tant pour souder l’argent, que pour le brunir. Boiz. Il sert aux Graveurs d’un côté à brunir & polir, de l’autre à racler. Il y a aussi des brunissoirs qui ont un bout garni de sanguine. Les Serruriers ont aussi des brunissoirs pour polir le fer. Les uns sont droits, les autres crochus, pour polir les anneaux des clefs ; il y en a d’autres qui sont demi-ronds, pour étamer avec l’étain.

☞ Le brunissoir passe fortement sur les endroits de la surface de l’ouvrage qu’on veut rendre plus brillant que les autres, produit cet effet en achevant d’enlever les petites inégalités qui s’y trouvent. ainsi de quelque matière que l’on fasse le brunissoir, cet outil n’emporte rien de la pièce, & doit être plus dur qu’elle.

BRUNISSURE. s. f. Terme de Chasse, qui se dit de la pollissure des têtes de cerfs, de daims, de chevreuils. Cervini cornu nitor, lævor.

☞ BRUNITURE. s. f. Se dit, en Teinture, de la manière d’éteindre l’éclat d’une couleur, afin de la réduire à la nuance qu’on veut, sans toutefois la faire changer d’espèce. Encyc.

BRUNO, BRUNON. s. m. Nom d’homme. Bruno. Ce mot peut passer pour irrégulier dans notre langue ; car l’usage est que les noms qui en latin se terminent en o, se terminent en françois en on, comme Caton, Varron, Cicéron, Corbulon, Strabon, Labéon, Othon, Parménion, Didon. C’est la remarque de M. de Vaugelas, p. 72 de l’édit. in-4o. Néanmoins dans ce nom ci on dit plus souvent Bruno que Brunon. Bruno ou Brunon, frere de witikind, Roi des Saxons. Bruno ou Brunon, Bénédictin du onzième siècle, Auteur de l’histoire de la guerre que l’Empereur Henri IV fit à Magnus & Herman, Ducs de Saxe. S. Bruno ou S. Brunon, Evêque de Segni. Brunon, Evêque d’Angers, on dit aussi quelquefois Brun pour Brunon. Bruno & non pas Brunon, surnommé le Grand, Archevêque de Cologne, & Duc de Lorraine, fils d’Henri l’oiseleur. S. Bruno ou Brunon, Evêque & Apôtre de la Prusse. Bruno ou Brunon de Wirtzbourg, Herbipolensis ; mais il faut toujours dire S. Bruno fondateur de l’Ordre des Chartreux, & non pas S. Brunon. Il y a dans les Mélanges d’Histoire & de Littérature du prétendu Sr de Vigneul-Marville, T. II. p. 175, & suiv. une espèce de dissertation pour montrer que l’histoire du Chanoine que l’on prétend avoir été l’occasion de la conversion de S. Bruno est apocryphe, parce que tous les Auteurs contemporains de S. Bruno, ou les plus anciens & les plus voisins de son temps n’en disent mot. Le S. Bruno gravé par Melan, est le véritable portrait de Christophle Du Puy. Vign. Mar.

☞ BRUNSBERG. Ville de Pologne. Voy. BRAUNSBERG.

☞ Petite ville fortifiée d’Allemagne dans le Holstein, sur l’Elbe.

BRUNSWICK ou BRUNSWIG. Ville d’Allemagne, l’une des plus considérables de la Basse Saxe, capitale du Duché de Brunswick. Brunsviga, Brunsvicum, Brunopolis, Brunonis vicus. On coit que Brunswick a pris son nom de Bruno, fils d’Adolphe Duc de Saxe, qui la répara vers l’an 868. Maty. Quelques Auteurs croient que c’est le Tubisurgium de Ptolomée. Elle est divisée en cinq quartiers, qui l’ont fait appeler par quelques Auteurs Pentapolis, cinq ville. Elle est, selon Hoffman, au 32° 40′ de longitude, & au 52° 40′ de latitude. Brunswick a été ville anséatique. Maty. C’est une des premières villes d’Allemagne qui ait reçû l’hérésie de Luther. Bugenhag l’y porta en 1522, & Chemnitius l’y prêcha 30 ans durant & y mourut en 1586. M. Leibnits imprima en 1707 à Hanover, en trois volumes in-fol. un recueil des Historiens de Brunswick. Voyez aussi Imhoff. Not. Imp. Proc. Lib. IV, C. 4. Le Duché de Brunswick, Brunswicensis Ducatus, est une Province du Cercle de la Basse-Saxe en Allemagne, bornée au nord par le Duché de Lunebourg, au couchant par le Cercle de Westphalie, au midi par la Hesse, & le petit pays d’Eichfelt, au levant pas la Thuringe, les Principautés d’Anhalt & d’Halberstat, & le Duché de Magdebourg. Le Duché de Brunswick se divise en trois Principautés ; Wolfenbutel, qui a ses Ducs particuliers ; Grubenhagen, & Calemberg, qui appartiennent au Duc d’Hanover.

La Maison de Brunswick vient d’Azo d’Est, Marquis de Toscane, qui passa en Allemagne dans le onzième siécle avec l’Empereur Conrad II, & épousa Cungeonde, fille unique de Guelphe III.

BRUSC. s. m. Terme de Botanique. C’est une espèce de Houx-frelon. Voyez ce mot.

☞ BRUSCH. Rivière de France, qui a sa source dans les montagnes de Lorraine, sur les frontières d’Alsace ; & son embouchure dans l’Ile de Strasbourg.

BRUSLABLE. Voyez BRULABLE.
BRUSLANT. BRULANT.
BRUSLEMENT. BRULEMENT.
BRUSLER. BRULER.
BRUSLEUR. BRULEUR.
BRUSLOT BRULOT.
BRUSLURE BRULURE.

BRUSUE, adj. m. & f. Qui est d’un tempérament vif & rude, qui parle & qui agit avec promptitude, mêlée d’un peu de rudesse. Acer & præceps. Il ne fait pas bon attaquer cet homme-là, il a la repartie prompte & brusque. Le génie françois brusque & impétueux, aime le changement. La conduite de la nature n’est pas brusque, & sa méthode est d’amener tout par degrés presqu’insensibles. Fonten. L’air galant penche plus vers la douceur & l’enjouement, que vers le brusque & le sérieux. M. Scud. Il y a des gens naturellement brusques ; le ton de leur voix a je ne sais quoi de sauvage, & il semble qu’ils vont toujours dire des injures aux gens. Bell. Dans vos brusques chagrins je ne puis vous comprendre. Mol. On dit aussi du vin brusque, qui est âpre & piquant. Ce mot ne se prend qu’en mauvaise part.

Il vient de l’italien ou de l’espagnol brusco, qui signifie âcre, prompt, colère. Ménage.

BRUSQUEMBILLE. s. m. Espèce de jeu de cartes, fort différent de tous les autres. Il se joue avec le jeu de piquet de trente-deux cartes. On en donne à chacun cinq, puis on en tourne une qui est la triomphe, qu’on met de travers sous le jeu, afin qu’on la puisse voir, & qu’elle n’empêche pas les joueurs à chaque carte qu’ils jouent, de la remplacer par une autre du talon, qu’ils prennent à tous les coups, jusqu’à ce qu’ils aient tout pris. Les quatre as sont les premiers brusquembilles, & les quatre dix les seconds. Celui qui a le sept de triomphe, peut le changer contre celle de la retourne pendant le courant du jeu, & attendre même jusqu’à la dernière carte à reprendre du talon. Les as & les dix sont les principales cartes ; les autres suivent leur ordre ordinaire. On renonce tant qu’on veut à ce jeu, excepté lorsqu’on a levé toutes les cartes du talon, & que l’on n’en a plus que chacun cinq à jouer. On joue en cent deux, cent trois, ou cinq cens, comme l’on veut. La retourne vaut dix à celui qui fait, lorsque c’est un brusquembille ou une peinte. Celui qui a les cartes & fait plus de mains, marque aussi dix. Lorsque tout est joué, chacun compte les points qu’il a dans les mains qu’il a levées, en observant que les as valent onze, les dix valent dix, les rois quatre, les dames trois, les valets deux, & le reste ne compte point. On ajoute à ce jeu des mariages & autres pretintailles.

☞ Ce mot est ordinairement féminin. Jeu de la brusquembille. Jouer à la brusquembille.

BRUSQUEMENT, adv. D’une manière brusque. Præcipiti impetu. Il est parti brusquement & sans dire adieu. Ce Général a donné brusquement sur les ennemis. Ce combat donné brusquement, & à la hâte, seroit plus long à raconter, qu’il n’a été à terminer. Bou.

☞ BRUSQUER. v. a. Offenser quelqu’un par des paroles brusques, rudes, inciviles. Verbis asperioribus, durè, acerbè aliquem excipere, habere, tractare. Cet homme est si violent, qu’il brusque ceux qui ont affaire à lui. Le mot est vif, & marque bien quelque chose de précipité & de rude. Savoir le monde, c’est être toujours égal ; c’est ne brusquer, & ne chagriner jamais personne. Ce critique inflexible est si peu maître de son dépit, qu’il pousse son chagrin jusqu’à brusquer ceux qui rendent justice au mérite des autres.

Brusquer, se dit aussi pour faire quelque chose vîte, brusquement, avant qu’on puisse s’appercevoir qu’on en a le dessin. Deproperare, præproperè aliquid agere. en parlant d’une petite place de guerre qui ne mérite pas un siège dans les formes, mais qu’on peut emporter d’emblée ; on dit que c’est une place qu’il faut brusquer. Acad. Fr. Brusquer une affaire. Brusquer un ouvrage d’esprit. Brusquons à nous deux l’épithalame du bon Vulcain. Fuselier.

BRUSQUÉ, ÉE.

BRUSQUERIE. s. f. Action de brusquer quelqu’un. Præceps naturæ, animi impetus. Il faut excuser les paroles offensantes, quand on ne les dit que par brusquerie & par promptitude.

BRUSQUET. On dit proverbialement, à brusquin brusquet ; pour dire, puisque vous me parlez désobligeamment, je vous réponds sur le même ton. Expression triviale.

☞ BRUT, UTE. adj. On prononce le T au singulier. Ce qui n’est pas poli, qui est âpre & raboteux. Il est opposé à travaillé. Il se dit particulièrement d’une pierre qui vient de la mine ou de la carrière, qui n’est ni polie, ni taillée, ni dégrossie : du diamant, &c, en un mot, de toutes les choses dans l’état où la nature nous les présente, lorsqu’elles doivent être perfectionnées par l’art : & par extension on donne le nom de brut à des productions artificielles que la main de l’ouvrier doit dégrossir ou perfectionner ; de sorte que cette épithète ne peut être appliquée qu’aux productions naturelles ou artificielles qui peuvent être perfectionnées par la main d’œuvre. Ainsi, on ne peut pas dire une plante brute. Un Naturaliste ne peut dire une plume brute, parce qu’il ne la considère pas comme pouvant être perfectionnée par l’art. Mais un Plumassier le dit. Asper, scaber, impolitus. Les diamans bruts se trouvent dans les sables, ou dans des fentes des rochers de Golconde. Tavernier. Une émeraude brute est peu estimée, à cause du risque qu’il y a de la casser en la taillant. On dit aussi une maçonnerie de pierres brutes ; pour dire qui ne sont point taillées. On appelle aussi du sucre brut, celui qui n’est pas affiné.

On dit d’un jardin qui n’est pas encore achevé d’être planté, d’être accommodé, qu’il est encore tout brut.

Brut, se dit aussi figurément d’un ouvrage qui n’est qu’ébauché, qu’on n’a pas eu loisir de limer & de polir.

BRUT, ou ORT, se doit entendre du poids de la marchandise, quand elle est pesée avec son emballage. On dit en ce sens : cette balle de poivre pese brut ou ort cens livres ; pour marquer que l’emballage & le poivre qui est dedans, pésent ensemble six cens livres. ☞ Il y a des marchandises qui paient les droits d’entrée & de sortie du Royaume net, & d’autres brut ou ort.

☞ BRUTAL, ALE, adj. On désigne par cette épithète, un caractère féroce & emporté, un homme qui tient de la bête brute. Ferox, belluinus, ferinus. Homme brutal. Valeur, passion brutale ; employé substantivement, il désigne un homme féroce & grossier. C’est un brutal, un franc brutal. Ce repos brutal contre la crainte de l’enfer, semble si beau, que ceux qui sont dans ce doute malheureux s’en glorifient. Pasc. Un débauché n’a que des appétits brutaux. Un franc brutal contestant comme un diable. Scar. Il n’y a point d’homme si brutal, ou si sauvage, qui ne voie avec plaisir son nom immortalisé. Pat. Je ne suis pas surpris de la vaillance d’un brutal, qui ne sait ce que c’est d’être vivant ou mort. Le Ch. de Mer. Ces esprits brutaux étoient rendus plus farouches par la guerre, & par le désespoir du pardon. Vaug. Il va aussi à la dissolution & à la corruption des mœurs. La licence effrénée de ces brutaux avoit rendu le nom des Macédoniens odieux. Vaug.

L’homme seul, l’homme seul en sa fureur extrême,
Met un brutal honneur à s’égorger soi-même. Boil.

Brutal, se dit aussi d’un homme qui ne sait pas vivre, qui ne ménage personne, & qui brusque tout le monde. La fortune avec toute sa puissance, ne pourra jamais apprivoiser un brutal & polir la rudesse de ses mœurs. Balz. On dit, il m’a fait une réponse fort brutale ; c’est-à-dire, fort incivile, fort mal-honnête. Brutal emporte plus que grossier, & y ajoute quelque chose de dur & de choquant. Bouh. La valeur naturelle est brutale. M. Scud.

BRUTALEMENT, adv. D’une manière brutale. Ferino more, ferociter. Un luxurieux vit brutalement. Un Corsaire traite brutalement ses esclaves. On croit l’enfer & cependant on va brutalement à la mort, comme s’il n’y avoit plus rien après elle. Nic.

BRUTALISER. v. n. C’est un mot qui a été inventé pour le mettre dans la bouche d’une précieuse. Il signifie prendre des plaisirs sensuels, des plaisirs qu’une précieuse voudroit qu’on laissât prendre aux seules bêtes. Belluinas sectari delicias. Le moyen de penser au mariage, puisqu’on y passe toute sa vie à brutaliser avec un homme. Il n’est pas d’usage.

Brutaliser v. a. Traiter quelqu’un durement, brutalement. Durè, acerbè, ferociter aliquem excipere. L’usage du monde poli apprend à ne brutaliser personne. Il n’est que de la conversation.

BRUTALISÉ, ÉE, part.

BRUTALITÉ. s. f. Action d’un brutal. Les soldats commettent de grandes brutalités, quand on leur abandonne une ville au pillage. Actio digna pecude.

Pour pourvoir d’un œil sec voir mourir ce qu’on aime,
Ah ! c’est brutalité, plus que vertu suprême. Gui.

☞ Il se dit aussi du vice du brutal, de la passion brutale. Sa brutalité lui a fait beaucoup d’ennemis.

☞ Cet homme s’est reconnu après avoir assouvi sa brutalité. Et d’une parole dure & brutale, il m’a dit cent brutalités.

Brutalité, signifie encore grossièreté mêlée de dureté. Stupiditas, stupor. La rusticité, la grossièreté & la brutalité peuvent être les vices d’un homme d’esprit. La Bruy.

BRUTAMARMA. s. f. Sorte de poire nommée autrement, Tibivilliers. La Quint. T. I, p. 385. C’est une poire de Mars & d’Avril. Id.

☞ BRUTE. s. f. Animal considéré comme privé de la raison, & par opposition à l’homme. Brutum animal. L’homme n’est distingué des brutes que par la raison. La bête considérée dans son dernier degré de stupidité, comme affranchie des loix de la raison & de l’honnêteté, selon lesquelles nous devons régler notre conduite, est appelée brute. Ainsi c’est toujours un terme de mépris qu’on n’applique aux bêtes & à l’homme qu’en mauvaise part. L’instinct tient lieu de raison aux brutes. Il n’a pas plus de raison qu’une brute. Il s’abandonne à toute la fureur de son penchant comme la brute.

☞ On dit aussi une bête brute, & figurément d’un homme sans esprit, sans jugement, que c’est une bête brute, une vraie brute.

BRUTE-BONNE. s. f. Sorte de poire que la Quintinie nomme ainsi, P. III. Tom. I, pag. 350. C’est une poire de la mi-Août, qui s’appelle autrement poire du Pape. Id.

BRUTIEN, ENNE. s. m. & f. Nom d’un ancien peuple d’Italie. Brutius. Les Brutiens occupoient la partie de l’Italie qui étoit entre la Lucanie & le détroit de Sicile, ayant à l’orient la mer de Tarente, & celle de Toscane à l’occident. C’est la pointe de l’Italie où est aujourd’hui la Calabre citérieure & l’ultérieure.

On prétend que ce furent originairement des pasteurs ou bergers des Lucaniens, qui secouèrent le joug, & se délivrant de la servitude établirent ce peuple, & qu’on les appela Brutii à cause de leur grossièreté, de brutus, brute, stupide. Aulu-Gelle, L. X, C. 3, dit que les Brutiens ayant été les premiers de l’Italie à se révolter pour Annibal, les Romains dans la suite ne les voulurent plus enrôler pour soldats, ni les tenir pour alliés, mais qu’ils en firent les Ministres des Magistrats qui alloient dans les provinces, les appelant Brutianiens, comme on le voit dans Caton. Voyez Vigenere sur Tite-Live, p. 1758.

BRUTIER. s. m. Oiseau de proie. Ales prædator. On dit proverbialement, que d’un brutier on ne sauroit faire un épervier ; pour dire qu’on ne sauroit rendre honnête homme ni habile celui qui est sot & butor : parce que le brutier est un oiseau de proie qui vit aux champs, qu’on ne peut dresser ni au poing, ni au leurre. Cet oiseau est le même que la buse & le butor ; quoique quelques-uns les distinguent.

BRUTIFICATION. s. f. C’est un mot que Cyrano a forgé pour marquer l’état des bêtes, au nombre desquelles on vouloit le ranger dans l’empire de la lune. On exécuta, dit-il, de point en point la volonté du Prince, de quoi je fus très-aise pour le plaisir que je recevois d’avoir quelqu’un qui m’entretînt pendant la solitude de ma brutification.

BRUTIFIER. v. a. Rendre bête. J’ai remarqué que presque toutes les visions d’esprits ne se sont présentées qu’à des femmes, ou à des reclus qui avoient le cerveau un peu altéré à force de ne voir personne & de s’être comme brutifiés parmi les bêtes au milieu des bois qu’ils habitoient. Valesiana. Il peut aller avec brutification.

BRUVAGE. Voyez BREUVAGE.

BRUXANELI. s. m. C’est un grand arbre de la grosseur d’un pommier, qui croît dans les bois & sur les montagnes du Malabar. On prépare avec le suc de ses feuilles & du beurre frais un liniment dont on se sert dans la cure du charbon. La décoction de son écorce est estimée diurétique. Dict. de James.

BRUXELLE. s. f. On prononce Brusselle : il y en a même qui l’écrivent. Tapisserie faite à Bruxelles. Par une pierre antiphilosophale, Hortensia trouva le secret de convertir sa vaisselle d’argent en vaisselle d’étain, ses diamans en crystaux, & sa Bruxelle en Bergame. Ecole du Monde.

BRUXELLES. Prononcez Brucelles. On écrit aussi Brusselles. Ville des Pays-Bas, dans le Brabant, capitale du Brabant Autrichien. Bruxella, Bruxellæ. Le Gouverneur des Pays-Bas réside à Bruxelles. La longitude de Bruxelles est 25° 46′, & sa latitude 50° 50′. Cette ville, selon M. Cassini, a 29° 53′ 33″ de longitude & 50° 50′ 50″ de latitude. Cassini. Le quartier de Bruxelles est une des quatre parties du Duché de Brabant. Il est borné au nord par celui d’Anvers, au levant par celui de Louvain ; il a la Flandre au couchant, & le Hainaut au midi.

Bruxelles. Terme de Fleuriste. Tulipe d’un rouge obscur, colombin clair & blanc. Morin.

BRUXELLOIS, OISE, s. m. & f. Qui est de Bruxelles. Bruxellensis. Ceux de Bruxelles seroit cependant mieux que les Bruxellois.

☞ BRUYAN. s. m. Oiseau. Voyez Verdier.

☞ BRUYANT, ANTE, adj. qui fait grand bruit. Strepens, obstrepens. Les flots bruyans. Trompette bruyante. Voix bruyante.

Quand Flore dans les plaines
Faisoit taire des vents les bruyantes haleines.

Boil.

☞ Ce mot sert encore à exprimer l’éclat que certaines choses ont dans le monde. Le véritable zèle n’est pas bruyant, & ne cherche point à se donner de la réputation par ses emportemens & par ses ferveurs indiscrétes. De Vill.

☞ On dit qu’une rue est bruyante, pour dire qu’on y fait, ou qu’on y entend beaucoup de bruit.

On appelle un homme bruyant, un homme qui fait beaucoup de bruit. Il est du style familier. Acad. Fr.

Le P. Du Cerceau a dit de Juvénal.

Avec son ton aigre & mordant,
Ses bruyants éclats de paroles,
Son air magistral & pedant,
Ses emphases, ses hyperboles.

En termes de Fauconnerie, qu’on appelle vol bruyant & âpre, celui de la colombe.

BRUYÈRE. s. f. Terme de Botanique. Erica. La bruyère ordinaire est un petit arbrisseau qui n’excède guère la hauteur d’un pied & demi. Ses racines sont longues, ligneuses, fort souples, & ne se cassent pas aisément ; elles jettent plusieurs tiges ligneuses, dures, branchues, couvertes d’une écorce d’un rouge très-brun, garnies de feuilles assez pressées, rangées sous quatre ordres, menues, vertes, & couchées les unes sur les autres en manière d’écailles. Ses fleurs sont disposées en épi aux extrémités des tiges & des branches, & soutenues par des pédicules assez courts. Cette fleur est un petit cornet découpé en cinq lobes jusqu’à la base, couleur de pourpre, blanc quelquefois, & soutenu par un calice pareillement découpé, du fond duquel s’éleve le pistil, qui perce la fleur, & devient un fruit presque ovale, de la même longueur que la fleur, divisé en quatre ou cinq loges remplies de semences fort menues. Il y a plusieurs espèces de bruyères différentes de celle-ci par leur grandeur, par la disposition & figure de leurs feuilles & de leurs fleurs. Clusius décrit plusieurs espèces de bruyères qu’il a observées en Espagne ; le Languedoc & les environs de Paris nous les fournissent en partie. L’Afrique est encore abondante en bruyères différentes de celles de l’Europe. La bruyère bien fleurie, infusée dans de l’huile est bonne pour faire passer les dartres & les taches de la peau ; son eau distillée est recommandée pour les rougeurs & douleurs des yeux.

Bruyère, est aussi en France un nom général qu’on donne à plusieurs petits arbres sauvages qui croissent sans culture dans des terres abandonnées, & qu’on ne laboure point ; ce sont des genêts, ou autres semblables arbustes. C’est une espèce de sablon mort qui ne peut tout au plus produire que des genêts & des bruyères. La Quint.

Bruyère, se dit aussi des terres incultes, où croissent ces sortes d’arbustes. On trouve bien du gibier dans les bruyères. Ce champ ne rapporte rien, ce n’est qu’une bruyère.

Bruyères à vergettes. C’est un arbre qui jette force branches, & qui produit des petits grains rouges comme le genièvre. Ses rameaux sont petits & très-souples, c’est pour cela qu’on l’appelle scopa-ballet. Les vergettiers en tirent d’Italie où il est fort commun.

Ce mot vient du vieux gaulois bruir, ou brouir, qui signifie brûler, qui est dérivé du latin uro, parce qu’on brûle les bruyères pour les défricher, & en faire des terres à blé. On l’a appelée dans la basse latinité bruarium, & bruera.

Bruyère. C’est aussi une sorte de laine d’Allemagne.

Bruyères, petite ville de France, en Picardie, à une lieue de Laon : il y en a une autre de même nom en Lorraine, à l’entrée des Vosges, à douze lieues de Nanci.

☞ Il y a aussi dans le Languedoc, près de Toulouse, un bourg de ce nom.

BRY.

BRYON. s. m. Ce mot se trouve dans l’Histoire générale des drogues de Pomet. Le bryon est la même chose que la coraline. Voyez Coraline.

Bryon. s. m. est une mousse qui croît sur l’écorce des arbres, & qui est, pour me servir de l’expression de Pline, Lib. XII, cap. 23, comme leur poil grison. Elle est beaucoup plus abondante sur les chênes. Hippocrate emploie le bryon dans les suffumigations pour l’uterus. Ce même Médecin appliqua l’algue ou mousse marine en forme de cataplasme, à une femme qui avoit une inflammation de matrice. βρύον. Dict. de James.

BRYONNE d’Amérique. Voyez Méchoacan, c’est la même chose.

Bryonne, appelée vigne blanche, ou couleuvrée. Voy. Couleuvrée. Bryonne, appelée vigne noire, est une espèce couleuvrée. On écrit brioine & non pas bryone.

☞ BRZESCIE, ville de Pologne, en Lithuanie, capitale du Palatinat de Brzescie, au confluent des rivières de Bourg & de Muchawecz. On la nomme Brzescie de Lithuanie pour la distinguer de celle de Pologne.

Brzescie. Ville de la Grande-Pologne, au Palatinat de Brzescie, dans la Cujavie. Le Palatinat est entre la Vistule & les Palatinats d’Inowladislaw, de Rava, de Lancieza & de Kalisch.

BSI.

BSIDERI. Nom de poire qu’on dit par corruption pour Besi de Héri. Ce mot en Bretagne, Anjou & Poitou, signifie poire sauvage : & Héry est une forêt de Bretagne entre Rennes & Nantes, où ces poires ont été trouvées. Voyez Besi-d’héri.

BU.

BU, BUE. part. Voyez Boire.