Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/081-090

Fascicules du tome 2
pages 71 à 80

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 81 à 90

pages 91 à 100


Idol. Liv. I, ch. 17, où il réfute Diodore qui nie ce fait, & Liv. II, ch. 25.

Ce mot est de l’ancien langage de Créte, dans lequel Brito signifioit doux, & Martis Vierge ; Britomartis, douce Vierge, comme nous l’apprend Solin, ch. 17.

BRITTINIEN. s. m. Nom d’une Congrégation de Religieux Hermites en Italie, & sur-tout dans la Marche d’Ancône. Brittinianus. Ils sont ainsi appelés dans une Bulle d’Alexandre IV, du 22 Février 1256. Cette Congrégation avoit commencé sous le Pontificat de Grégoire IX, qui leur avoit donné la règle de saint Augustin. Ils avoient établi leur première demeure dans un lieu solitaire, appelé Brittini, dans la Marche d’Ancône, d’où on les appela Brittiniens. Ils étoient très-austères, ne mangeoient jamais de viande, jeûnoient depuis la fête de l’Exaltation de la sainte Croix jusqu’à Pâques, & dans les autres temps, tous les mercredis, vendredis & samedis, outre les jeûnes ordonnés par l’Eglise. Ils ne mangeoient du fromage & des œufs que trois fois la semaine, & s’en abstenoient pendant l’Avent, qu’ils commençoient à la S. Martin, & pendant le Carême, auquel temps il n’étoit pas même permis d’en manger dans les lieux où la coutume étoit d’en manger. Herrera & quelques autres Ecrivains croient qu’ils n’étoient pas d’abord différens des Jeans Bonites. Ils furent ce ceux qui réunis par l’autorité du Pape Alexandre IV, formerent l’Ordre des Ermites de saint Augustin.

BRIVAUD. s. m. Nom d’homme. Berechtvaldus, ou Brithvaldus. Béde, en son Hist. d’Angl. Liv. V, ch. 9, dit que S. Brivaud étant Abbé de Raculf succéda à Théodore en l’Archevêché de Cantorbie, qu’il fut élu le 1 Juillet 692, sacré l’année d’après, le Dimanche 29e Juin, & installé le Dimanche 31 Août, & qu’après 37 ans 6 mois & 14 jours d’épiscopat, il mourut le 9 Janvier. Chast.

BRIVE. Ville de France dans le Bas-Limousin. Brivas, Brivatensis vicus, ou pagus, Briva Curretia. Parce-qu’elle est sur la Coureze. On la surnomme Brive la Gaillarde, à cause de la beauté de sa situation. Brive la Gaillarde est ancienne, & Grégoire de Tours en fait mention.

Brive ; Briva, est un ancien mot celtique, qui s’est dit aussi-bien que briga, pour signifier une ville. Les Thraces disoient bria, au rapport de Strabon, Liv. VII. On a dit aussi brica. On sait que le g & l’v se changent souvent l’un dans l’autre, Galli, Walli, &c. Briva en celtique a aussi signifié Pont ; c’est de-là que tant de villes situées sur des rivières ont été appelées briva, ou briga. Langobriga sur le Douro, Samobriga dans César, & Sambriva dans l’Itinéraire d’Antonin ; Augusto-briga sur le Tage ; Briva Isaræ, Pontoise ; de même Briva Curretia, ou Curretii, Brive sur Courreze, &c. Voyez Cluvier, Germ. Ant. L, I, cap. 7, p. 62, & suiv. Ce mot a eu la même signification chez les anciens Bretons ; Cambden le conjecture, p. 296, du nom Durobriva, qu’il croit signifier aquæ trajectus.

☞ BRIVIO. Petite ville d’Italie dans le Duché de Milan sur l’Adda, entre Como & Bergame.

☞ BRIXEN & Bressenon. Briximo, Brixina, & Brixinum. Ville d’Allemagne, dans le Tirol, avec un Evêché suffragant de Saltz-Bourg.

☞ BRIXENSTADT. Petite ville d’Allemagne, en Franconie, à neuf mille d’Anspach.

BRIZO. s. f. Déesse des songes, ou plutôt des prédictions qui se faisoient par les songes. Elle étoit honorée par les Déliens. ☞ On lui offroit des Nacelles pleines de toutes sortes d’offrandes, excepté de poissons. Ce nom vient du grec βρίζειν, dormir. Les songes qu’elle envoyoit étoient regardés comme des oracles.

BRIZOMANCIE, ou BRIZOMANCE. s. f. Art de deviner les choses futures ou cachées par le moyen des songes. Brizomantia. Aux songes près que Dieu envoie, comme il fit autrefois dans l’ancien Testament, la brizomancie est une grande superstition, ou une grande extravagance. Les Grecs l’appellent encore Enhypniomancie & Onirocritique. Ce mot est grec, & vient de βρίζειν, dormir, proprement dormir après le repas, faire la méridienne, & de μαντεία, divination.

BRIZOMANCIEN, ENNE. s. m. & f. Celui & celle qui devinent les choses cachées ou futures par les songes. Brizomantis.

BRO.

BROC. s. m. ☞ Gros vaisseau, ordinairement de bois, lié de cercles de fer, qui a une anse & dont on se sert pour tirer une grande quantité de vin à la fois. Il est principalement en usage chez les Marchands de vin, pour aller tirer du vin qu’ils distribuent au comptoir en petites mesures. Œnophorum, amphora.

Broch, selon le P. Pezron, est un mot celtique, d’où le mot françois broc, & le mot grec βρόχος, sont venus.

Broc, en quelques endroits de France, est une mesure de deux pintes ; ce qu’on appelle à Paris la quarte, & ailleurs le pot. Vigenère, dans des Annotations sur Tite-Live, dit que le broc est de divers calibres, c’est-à-dire, de diverses grandeurs ; mais que le vrai est de douze pintes. Cela paroît plus exact ; car on distingue communément le broc du pot, & le pot contient deux pintes.

Broc, signifioit autrefois une broche, Veru ; mais il n’est plus en usage qu’en cette phrase proverbiale, manger un rôti de broc en bouche ; pour dire, tout chaud, au sortir de la broche.

Broc, se prend (en Dauphiné) pour une difficulté qui se présente à celui qui fait quelque chose, & qui l’arrête. Obex, impedimentum, difficultas. On dit d’un homme qui parlant en public hésite long-temps, qu’il a trouvé un broc. Cette manière de parler est du bas peuple. Chorier, qui ajoute avec beaucoup de vraisemblance, qu’elle est grecque, que c’est celle dont S. Paul se sert, I, Cor. VII, 35, οὐχ ἵνα βρόχον ὑμῖν ἐπιβάλω, où P. R. a traduit, non pour vous faire tomber dans un piège. M. Simon se sert aussi du mot piège. Il seroit mieux de dire, non pour vous faire de la difficulté, vous causer de l’embarras. Quoi qu’il en soit, Chorier dérive broc en ce sens avec beaucoup de raison de βρόχος, un lacet, un lac, en latin laqueus.

☞ BROCALO. Petit Royaume d’Afrique dans la Nigritie, vers les embouchures du Niger.

BROCANTER. v. n. Faire métier d’acheter & de revendre, ou troquer des tableaux ou autres curiosités, bronzes, médailles, bijoux. Cet homme s’est enrichi à brocanter.

BROCANTEUR. s. m. Terme en usage parmi les Peintres & les curieux de Paris. C’est celui qui achéte & revend, ou troque des tableaux, des médailles & autres curiosités. C’est un des plus habiles & des plus fins brocanteurs de Paris.

BROCARD. s. m. Raillerie piquante. Dicterium. Lorsque la raillerie sort des bornes que lui prescrit la politesse, elle dégénère en brocard. La raillerie n’offense point. Le brocard est une injure. Les diseurs de brocards sont sujets à plusieurs aventures fâcheuses. Quelques-uns dérivent ce mot du latin brocus, qui signifie celui qui a la bouche ou les dents qui avancent en dehors. On s’est servi de ce mot pour marquer un homme mordant & satyrique.

On appelle brocard de droit, des principes, ou premières maximes de droit, tels que ceux d’Azo, qu’il appelle Brocardia Juris. Vossius dérive ce mot du grec προταρχία, c’est-à-dire, premiers élémens. Doujat conjecture avec assez de vraisemblance, que brocard a été formé du nom de Burchard, Evêque de Wormes, qui a fait une collection de canons, qu’on appeloit Brocardica : & comme son ouvrage étoit plein de sentences qu’on citoit souvent, on appela brocards les bons mots, ou maximes sententieuses, & ensuite les traits de raillerie.

Brocard. D’autres disent Broquart. Jeune cerf d’un an. Voyez Brocart.

Brocard, étoffe. Voyez Brocart.

☞ BROCARDER. v. a. Donner des brocards. Offenser par des traits plaisans & satyriques, par des railleries piquantes & malignes. Dicteria dicere, dictis mordacibus aliquem petere, mordere. Un homme sage s’abstient le plus qu’il peut de brocarder. On ne me brocardera point de m’être voulu commenter moi-même. S. Amand. Il ne fait que brocarder le tiers & le quart.

Mais ces leçons t’ont-elles engagé
A brocarder un Auteur affligé ? R.

BROCARDÉ, ÉE part.

BROCARDEUR, EUSE, s. m. & f. Ce mot se trouve dans Pomey & dans le Dict. de l’Acad. pour diseur & diseuse de brocards, de railleries piquantes. Acerbus, mordax irrisor.

BROCART. s. m. D’autres écrivent brocard. Originairement en sa propre signification c’est une étoffe tissue toute d’or, tant en chaîne qu’en trame, ou d’argent, ou des deux ensemble. Vestis Attalica, Attalicum textile. Après on l’a étendu aux étoffes où il y avoit quelques porsilures de soie pour relever & donner de l’ombrage aux fleurs d’or dont elles étoient enrichies ; & enfin, on a donné ce nom aux étoffes de soie, soit de satin, soit de gros de Naples, ou de Tours, ou de taffetas ouvragés de fleurs & d’Arabesques, qui les ont rendues riches & précieuses, comme le vrai brocart.

Brocart de soi, s. m. Coquillage. Un des espèces du rouleur. Il imite le brocart de soie par sa bigarrure brune, sur un fond blanc.

BROCATELLE. s. f. Petite étoffe faite de coton ou de grosse soie à l’imitation du brocart. Il y en a aussi de toute soie & de toute laine.

On a écrit brocatel, & il étoit masculin. Ils étoient superbement habillés de brocatel, & couleur de rose, tout couverts de broderie d’or & de perles. La Colomb.

Brocatelle, est aussi une espèce de marbre, dont le fond est jaune & violet, ou rougeâtre : il vient d’Espagne.

☞ On appelle aussi marbre de Brocatelle une autre sorte de marbre de plusieurs couleurs.

BROCCOLI. s. m. Petit rejeton que pousse le tronc d’un vieux chou après l’hyver. On mange les broccolis en salade. Ce mot vient d’Italie, & s’exprime en quelques Provinces de France par le mot de Brottons ou Broutone de choux. Voyez Broque.

☞ L’Académie écrit Brocoli, & en fait une espèce de chou qui nous vient d’Italie, dont nous avons conservé le nom italien. Les vocabulistes copient à leur ordinaire. Il est vrai qu’il y a un chou nommé brocoli, dont la feuille est d’un gros vert, frisée & bouclée comme celle du gros milan, mais alongée comme celle du chou-fleur. Des aisselles de chaque feuille il sort un drageon, qu’on nomme broque en quelques provinces ; & c’est ce dragon qu’on mange à l’huile, ou au beurre, ou cuir avec de la viande.

☞ On donne aussi le nom de brocoli à tous les rejetons des choux pommés ou frisés dont les pieds ont resté en terre pendant l’hyver, après avoir coupé les pommes, & qui repoussent au printemps. Enfin il y a le vrai brocoli qui nous vient d’Italie, qui fait une pomme comme le chou-fleur, avec cette différence qu’elle est violette, & que le grain n’est pas si fin, ni si serré.

BROCCUS. s. m. Nom d’une sorte de coquillage. Voyez Coquillage.

BROCEREUX. adj. Vieux mot. On a dit, lieu brocereux ; pour dire, un lieu plein de bois & de brossailes : & bois brocereux ; pour dire, un bois plein de nœuds.

BROCHANT. adj. Terme de Blâson. Voyez Brocher.

BROCHE. s. f. Pièce de fer longue & menue, aplatie par le milieu, qui a une roue ou une manivelle au bout, & qui sert à rotir de la viande. Veru. Il faut mettre ce rôt à la broche. Il ne lui faut que deux tours de broche. Il est temps de mettre en broche.

☞ Dans les arts & métiers on donne généralement le nom de broche à tout outil, instrument ou machine, d’une figure longue & menue, servant à traverser ou à soutenir d’autres choses.

Broche, se dit de certaines aiguilles longues de fil de fer, qui servent à tricoter des bas, à faire du ruban, du brocart & autres étoffes. Veruculum. Ce ruban est à double broche.

Broche, est aussi une pointe de fer qui est dans la serrure, qui doit entrer dans le trou d’une clef forée. On appelle broches rondes, des morceaux de fer rond, dont les Serruriers se servent pour faire des couplets & des fiches, & pour tourner plusieurs pièces à chaud & à froid. Il y a aussi des broches carrées, sur lesquelles on tourne des pièces.

Broche, est aussi la pointe de fer qui est au milieu d’un blanc, où l’on vise pour tirer de l’arc, ou de l’arquebuse. En ce sens on dit, faire un coup de broche ; pour dire, enfoncer la broche.

Broche, est aussi un terme de Cordonnier, qui signifie l’instrument avec lequel ils brochent les talons.

Broche. Terme de Balancier. Ce sont de petits morceaux de fer ronds, qui passent au travers de la virole du peson.

Broche. Terme d’Imprimerie. C’est une barre de fer, à laquelle est attachée la manivelle qui sert à faire rouler le train de la presse sur les bancs.

On appelle broche de rouet à filer, la verge de fer qui passe au travers de la noix, & qui lui sert d’aissieu. La broche du rouet passe aussi au travers des fuseaux & des aîlettes. Les fileuses ne sauroient plus filer quand on a forcé la broche de leur rouet, & qu’elle est crochue.

Broche, se dit aussi d’une petite verge de bois, ou baguette, où l’on suspend des harengs pour les faire égoutter, ou des chandelles & des cierges dans les boutiques.

Broche. Terme d’Artificier. C’est une petite verge ronde, conique, de fer ou de bois fort, tenant au culot du moule d’une fusée volante, pour ménager un trou de même figure dans la matière combustible dont on la charge, &c.

Broches. Ce sont de petits morceaux de bois poli, en forme de cône très-pointu, avec lesquels les Marchands ciriers percent les gros bouts de leurs cierges, afin qu’ils puissent entrer dans les fiches des chandeliers.

Broche, en termes de marchand de vin, se dit de la cheville qu’on met à un muid pour boucher le trou qu’on a percé. du vin vendu à la broche ou en détail.

En ce sens on dit proverbialement, couper broche à quelque chose ; pour dire, empêcher qu’elle ne continue, comme on interrompt le cours du vin, quand on a coupé la broche du tonneau. Cette femme s’est mise dans la retraite pour couper broche à toutes les médisances. Je lui ai refusé de l’argent tout plat, pour couper broche à toutes ses importunités.

Ce mot, selon Du Cange, vient de broccæ, ou brochiæ, qu’on a dit dans la basse latinité, pour dire, des pieux, ou bâtons pointus ou aiguisés. L’Abbé Gaufroi, dans la vie de S. Pierre, Archevêque de Tarentaise, dit que l’on appeloit vulgairement brocæ, broches, des bâtons pointus. Il écrivoit au XIIe siècle.

Broches, en termes de chasse, est un nom qu’on donne aux défenses du Sanglier. Aprugni dentes falcati.

Broches, est un vieux mot qui signifie hémorroïdes. Elle cheut en une dangereuse & déplaisante maladie, que communément on appelle broches. Cent nouvelles nouvelles.

On dit proverbialement d’un homme, qu’il ne met pas tout son rôt à une même broche ; pour dire, qu’il se mêle de plus d’une affaire & de plus d’un négoce.

BROCHÉE. s. f. La quantité de viande qui peut tenir à une broche. Instructum veru carnibus. Il a fallu trois brochées pour faire cuire le rôt de ce festin. Les Rotisseurs font cuire plusieurs brochées de viande en même-temps.

Brochée, est aussi un terme de Chandelier. Il signifie plusieurs méches de chandelle sur une broche.

BROCHER. v. a. Piquer un cheval avec des éperons pour le faire courir plus vîte. Equi latera calcaribus fodere. On disoit, brocher des éperons. En ce sens il est vieux & hors d’usage. Le Duc de Beaufort appeloit brocher Bayard, courir à toute bride après les chiens. S. Evrem.

Ce mot vient de brosser & brossailles, d’autant qu’il faut piquer pour avancer chemin dans les brosses.

Brocher, se dit dans le figuré, pour signifier, écrire, composer à la hâte. Deproperare. Ce Clerc a broché cette copie : cet Auteur a broché ce Roman ; pour dire, ils n’y ont point apporté tout le soin, ni toute l’application qu’ils pouvoient.

Brocher, en termes de Manège, signifie faire entrer un clou avec le brochoir au travers de la corne, & du fer du cheval pour le ferrer. Equo soleas induere. Il faut tantôt brocher haut, tantôt brocher bas, pour bien ferrer un cheval, selon que sa corne est plus épaisse ou plus mince.

Brocher, signifie, passer de l’or, de l’argent, de la soie, de côté & d’autre dans l’étoffe. Brocher une étoffe. Aurum serico intexere. Cette étoffe est brochée d’or & d’argent. On broche des bas à l’aiguille, quand on tricote.

Brocher. Terme de Cordonnier. C’est attacher avec des cloux. Brocher un talon, brocher une semelle.

Brocher. Terme de Couvreur. C’est mettre de la tuile en pile sur les lates, entre les chevrons.

Brocher. Terme de Cordier. C’est mettre le boulon au travers du touret. Brocher le touret.

Brocher. Terme de Relieur. Brocher un livre, c’est en assembler les feuilles ou cahiers, les coudre avec de la ficelle, & les couvrir de papier ou de carton. Librum compactum papyro cooperire.

Brocher, v. n. Terme de Jardinier. Il se dit des arbres nouvellement plantés, & qui commencent à pousser de petites pointes. Tout le monde n’approuve pas ce mot ; mais les Jardiniers s’en servent, & disent, l’arbre broche, l’arbre ne broche pas encore.

Brocher & Brochant, en termes de Blâson, se dit des bandes, cotices ou bâtons & autres pièces, même des lions & des aigles, qu’on fait passer d’un bout de l’écu à l’autre, ou qui traversent sur d’autres pièces. Supergredi, superferri. Il porte d’azur au lion d’or, à la fasce de gueules, brochant sur le tout. On dit que des chevrons brochent sur des burelles ; pour dire, qu’ils passent dans l’écu sur des burelles.

On dit figurément, brochant sur le tout, en parlant d’un homme qui se fait remarquer plus que les autres dans une compagnie, soit en bien, soit en mal. J’y ai trouvé six personnes & un tel brochant sur le tout. Il est du style familier.

Brocher, se dit quelquefois au substantif. Pour lors, il s’entend des façons qui ont été brochées sur une étoffe. L’on dit en ce sens que le simblot sert au brocher d’une gaze, & que le brocher d’un brocard est bien fait.

BROCHÉ, ÉE. part. Un livre broché. Ce livre broché coûte un sol plus qu’en blanc.

BROCHET. s. m. Poisson d’eau douce, blanc, long & fort vorace, qui mange les autres. La dent du Brochet est fort venimeuse, & fait partie de l’os de la mâchoire. Luctus.

☞ On trouve dans quelques Brochets des œufs & une laite en même-temps. D’où l’on conclut qu’ils font hermaphrodites.

☞ On le prépare dans les cuisines de plusieurs manières. Les œufs de brochet excitent des nausées & purgent violemment. Sa chair est blanche, ferme, assez nourrissante, indigeste pour bien des gens ; quoique les Vocabulistes assurent qu’elle est facile à digérer.

Les Mancini prirent deux brochets pour leurs armes, à l’exemple des Colonnes & des Ursini, qui partent de leur nom, pour faire allusion au nom Lucius, lequel étoit commun dans leur maison. Mascur. Car encore que le R. P. Silvestro Pietra-Santa in tesseris Gentilitiis ne leur donne point de nom, néanmoins Ganze & Gozze disent que ce sont deux brochets. Id. On tient que c’est Ausone qui le premier lui a donné ce nom Lucius, qui semble dérivé du grec λύκος, qui signifie loup, parce qu’il dévore les poissons des rivières, comme le loup marin fait ceux de la mer.

On appelle brochet carreau, un gros brochet, & qui à plus de dix-huit pouces entre œil & bat.

Brochet de mer. Les habitans des Îles Antilles appellent ainsi une espèce de petit Lézard amphibie qui se nomme en Egypte Stinc marin. On fait entrer la chair de cet animal dans la composition du mithridate. Voyez Stinc marin.

Brochet de terre. Reptile qui se trouve dans les Îles de l’Amérique. Il a toute la figure, la peau & la hure de nos brochets de rivière ; mais au lieu de nageoires, il a quatre pieds, qui sont si foibles, qu’il se traîne sur la terre en rampant & en serpentant comme les couleuvres, plutôt qu’il ne marche. Les plus grands n’ont que quinze pouces de long sur une grosseur proportionnée. Leur peau est couverte de petites écailles qui sont extrêmement luisantes & de couleur de gris argenté. Quelques curieux en ont dans leurs cabinets, qu’on leur fait passer pour des Salamandres. Pendant la nuit ils font un bruit effroyable de dessous les rochers, & du fond des cavernes où ils se tiennent ; & ce bruit est beaucoup plus désagréable que celui des grenouilles & des crapaux. Ils ne se montrent presque point qu’à l’entrée de la nuit. Lonvill. Liv. I, Ch. 13, Art. 7 de l’Hist. nat. des Antilles.

BROCHETON. s. m. Brochet de petite ou de moyenne taille. Lucius.

☞ BROCHETTE. C’est en général un petit morceau de bois ou de fer long & pointu, qui, passé dans quelque corps, sert à unir, soutenir ou rapprocher ses parties. On le dit, en termes de cuisine, d’un petit morceau de bois pointu qui sert à faire tenir ferme la viande à la broche. Veruculum.

Brochette, est aussi un nom que les Fondeurs donnent à leur échelle campanaire, qui leur sert à connoître la grandeur, l’épaisseur & le poids des cloches. Ils l’appellent aussi bâton, régle & diapason.

Brochettes, en termes d’Imprimerie, se dit de ce qui tient la frisquette sur le grand tympan. ☞ Ce sont deux petites tringles de fer de quatre à cinq pouces de long sur huit à dix lignes de circonférence, qui vont en diminuant d’une extrémité à l’autre, afin qu’on puisse les ôter quand on veut détacher la frisquette du tympan.

Brochette, se dit aussi du petit morceau de bois autour duquel on donne à manger, ou, comme l’on dit, on donne la becquée aux jeunes oiseaux qu’on éleve. Nourrir des oiseaux à la brochette, c’est les nourrir ainsi soi-même, sans les laisser nourrir à leurs peres & meres. A dix ou douze jours vous ôterez à la femelle ses petits serins, pour les nourrir à la brochette, afin qu’elle ne se fatigue pas tant. Hervieux. Des oiseaux nourris à la brochette sont plus privés que d’autres.

On dit au figure : Un enfant élevé à la brochette ; pour dire, élevé avec beaucoup d’application & de soin.

On appelle brochettes, des morceaux de soie gras, & de riz de veau passés & rôtis dans de petites brochettes de bois ou d’argent. Servir une pièce de bœuf avec des brochettes.

BROCHETTER. un cuir. Terme en usage parmi ses Boucaniers de l’Île de S. Domingue. C’est étendre un cuir sur la terre avec plusieurs chevilles, ou brochettes de bois, pour le sécher, & le mettre en état d’être embarqué sans se gâter.

Brochetter, terme de Marine. C’est mesurer les membres & les bordages d’un vaisseau.

BROCHETTÉ, ÉE. p. & adj. Il se dit des artifices percés d’un trou plus petit ou plus court que l’ame des fusées volantes, soit en les chargeant avec des baguettes percées, soit après coup, en les chargeant massifs, & les perçant ensuite suivant leur axe, pour leur donner un mouvement plus vif, comme à quelques serpentaux qu’on appelle fougues, lardons ou serpentaux brochettes. Voyez Fougues, Lardons.

BROCHEUR, EUSE. s m. & f. Ouvrier & ouvrière qui fait des bas avec des aiguilles à tricoter. On le dit aussi de l’ouvrier & de l’ouvrière qui broche des livres.

BROCHOIR. s. m. Marteau de Maréchal qui lui sert à ferrer les chevaux.

BROCOLI. Voyez Broccoli.

☞ BROCHURE. s. f. Petit ouvrage de peu de feuilles, qui n’est pas relié comme un livre, mais simplement couvert de papier. L’usage a particulièrement consacré ce nom aux petits ouvrages nouveaux, ordinairement mauvais, dont le public est inondé.

Brochure, se dit en termes de Manufacture d’étoffe de soie. Ce sont toutes les façons, figures & ornemens que l’on ajoûte au fond d’une étoffe de soie, d’or ou d’argent, ou pour l’enrichir, ou pour l’embellir, & en relever le prix & la beauté. Ce fond est quelquefois de peu de valeur, quelquefois précieux par soi-même.

BRODE. s. f. En termes de point Royal ou point de France, on ne se sert point du terme broderie, on dit de la brode. Ce point est composé de la trace du fond, de la brode, du rézeau ou du dentelon de la bride.

Brode. adj. Ce mot est du style bas, & signifie une femme dont le teint est un peu noir. Fuscus. Une femme brode. On appeloit autrefois du pain bis, du pain brode, comme il paroît par un Réglement de Police pour Paris du 30 Mars 1635.

☞ BRODEQUIN. s. m. ou Bottine. s. f. Caliga. Chaussure d’un simple soldat Romain en guerre, d’où vient que le mot caligatus signifie un simple soldat. C’est ainsi qu’il faut entendre le passage de Suétone dans la vie d’Auguste. Coronas murales sœpè etiam caligatis tribuit ; qu’il accorda souvent des couronnes murales aux simples soldats qui montoient les premiers sur les murailles des villes ennemies. C’est ainsi qu’il faut entendre ce que dit Seneque de Marius qui de simple soldat, étoit parvenu au consulat. A caliga ad consulatum pervenisse. Aussi Agrippine fit-elle appeler Caligula son fils Caïus, à cause qu’étant né à l’armée, elle lui faisoit porter de ces bottines, comme les simples soldats, pour les gagner par cette complaisance. Cette chaussure venoit jusqu’au milieu de la jambe : la partie inférieure, ou le calceus, étoit une semelle de bois fort épaisse, quelquefois de cuir ; la partie supérieure, qui étoit proprement le caliga, étoit de cuir, quelquefois d’étoffe très-précieuse, lorsque cette chaussure devint à la mode, & passa des soldats jusqu’aux Princes. Elle étoit garnie de petits cloux de fer, & même d’or & d’argent. Il y avoit un fonds destiné pour fournir ces cloux aux soldats, qu’on appeloit clavarium, & les Officiers qui en étoient les distributeurs, se nommoient clavarii : tel fut le pere de Suétone. Justin nous apprend que tous les soldats de l’armée d’Antiochus firent orner leurs bottines de cloux d’or. Argenti certè, aurique tantùm, ut etiam gregarii milites caligas auro suffigerent.

Cette chaussur étoit carrée par en bas, & comme le calceus étoit fort épais, elle donnoit une taille de héros aux hommes ordinaires. Eschyle introduisit l’usage du brodequin, cothurnus, sur le théâtre, & le fit chausser à ses acteurs, pour leur donner une taille plus avantageuse : il étoit distingué du soc, espèce de soulier beaucoup plus bas, affecté à la Comédie. De-là, chez les Poëtes, le mot de brodequin ou cothurne désigne specialement la tragédie, & encore aujourd’hui on dit d’un Poëte qui compose de tragédies qu’il chausse le cothurne. Les Acteurs tragiques n’étoient pas les seuls qui se servissent de brodequins. Cette chaussure devint à la mode : les filles s’en servoient pour paroître plus grandes, les voyageurs pour se garantir des boues. Aujourd’hui il n’y a que les Comédiens qui s’en servent lorsqu’ils représentent quelque pièce tragique, ainsi que le pratiquoient les anciens.

Brodequin, selon Guichard, vient du grec Βρονιχὶς, qui est le nom d’une espèce de chaussure ; comme si l’on disoit beronequin. ☞ Cette espèce de chaussure est encore en usage chez nous dans certaines grandes cérémonies. Chausser les sandales & les brodequins à un Evêque à son intronisation. On chausse les brodequins aux Rois à leur sacre. Acad. Fr.

Brodequin, est aussi un terme d’Académiste, qui signifie une sorte de petits bas à étrier, qui sont de laine, & que les jeunes Académistes mettent avant que de se botter. Caliga. Ces brodequins ne viennent qu’à mi-jambe : ils servent à bien remplir la botte. Les bottes vont bien mieux avec des brodequins qu’avec des coussinets.

Brodequins, au pluriel, se dit d’une espèce de torture qu’on donne aux criminels par le moyen d’une chaussure de parchemin ☞ que l’on mouille & que l’on applique ainsi à la jambe du patient : cette jambe étant ensuite approchée du feu, le parchemin se retire, & en se retrécissant, il serre extraordinairement la jambe, & cause par là une très-grande douleur. On la donne aussi avec une sorte de brodequins qui sont quatre petits ais forts & épais, dont un se met d’un côté d’une des jambes, un autre entre les deux jambes, & les deux autres de l’autre côté de la seconde jambe, l’un à côté de l’autre. On lie tout cela ensemble avec de bonnes cordes, puis on prend ses coins de fer ou de bois que l’on fait entrer à coups de maillet entre les deux planches qui sont à côté l’une de l’autre. A mesure que l’on frappe, cela serre d’une manière si terrible, que l’on en a vû éclater les os & sortir la moële. On donne les brodequins à un criminel qui n’avoue pas de certaines choses qu’on voudroit savoir avec que de le juger.

BRODER. v. a. Enrichir une étoffe, une mousseline, &c. par plusieurs ouvrages de diverses figures qu’on fait dessus à l’aiguille. Acu pingere. On brode avec de l’or, l’argent, la soie, le fil, &c. On brode aussi les points, les dentelles, avec du fil & du cordonnet.

Le P. Thomassin dérive broder de l’hébreu barad, grêler, marquer de points, comme fait la grêle, parce qu’il y a quelque chose de semblable dans la broderie. Cela n’est point du tout vraisemblable. Broder vient de border. Voyez au mot Brodeur.

Broder, se dit figurément des embellissemens qu’on ajoûte à quelque sujet, à quelque matière, & particulièrement à un conte, quand on en altère la vérité pour le rendre plus agréable : ce qui se dit tant en bien qu’en mal. Adornare. Voilà l’histoire de N. je vous avoue que je l’ai brodée. Mlle L’Héritier.

Broder, se dit à peu-près dans le même sens en musique, de plusieurs notes que le musicien ajoûte à sa partie dans l’exécution, pour varier un chant souvent répété, pour orner des passages trop simples, ou pour montrer la légereté de ses doigts ou de son gozier.

BRODÉ, ÉE, part.

BRODERIE. s. f. Ouvrage en or, argent, soie ou fil formé à l’aiguille, sur une étoffe ou sur de la mousseline, pour l’orner davantage. Acu pictum opus. Le Roi a donné des ornemens à l’Eglise tout couverts de broderie d’or & de perles. On fait des lits, des habits, des housses de chevaux en broderie.

Broderie appliquée, est celle dont les figures sont relevées, & arrondies par le coton ou velin qu’on met dessous pour l’arrondir.

Broderie en couchure, est celle dont l’or & l’argent est couché sur le dessein & cousu avec de la soie de même couleur. Encyc.

Broderie en guipure, lorsque dans cette broderie on met de l’or ou de l’argent frisé, du clinquant, des paillettes.

Broderie passée, est celle qui paroît des deux côtés de l’étoffe.

Broderie plate, est celle dont les figures sont plates & unies, sans frisures, paillettes, &c.

Broderie, se dit aussi figurément des embellissemens qu’on donne à des contes, & à des histoires, & le plus souvent aux dépens de la vérité. Ornatus. Il y a dans ce conte quelque chose de vrai, mais le reste est de la broderie. On tomba sur les contes naïfs, & il falut en dire un à mon tour. Je contai celui de Marmoisan, avec quelque broderie qui me vint sur le champ dans l’esprit. Mlle L’Héritier.

Broderie, se dit aussi des parterres qui sont faits seulement de buis nain, composés de feuillages, & de fleurons ornés & tracés à la manière des Brodeurs, à la différence de ceux qui sont faits par planches, carreaux & compartimens, où l’on met des fleurs. Le fond des parterres de broderie doit être labouré, & de terre noire ; & le dedans des feuilles sablé. Ils sont entourés de platebandes de fleurs & d’arbrisseaux verts. Il faut que les ornemens de broderie soient sans confusion, & marqués distinctement. Leur beauté consiste à n’être jamais répétés. Il y a aux Tuileries de beaux parterres de broderie.

Broderie en musique. Voyez Broder, terme de musique.

BRODEUR. s. m. Artisan qui fait de la broderie. Phrygio, Phrygii operis artifex. Ces bandes de tapisserie ont été appliquées par le Brodeur sur cette étoffe. ☞ L’on ne comprend sous le nom de Brodeurs que les ouvriers qui ornent les étoffes d’ouvrages de broderies. Les femmes qui brodeur le linge ne sont point de la communauté des brodeurs.

Ce mot est : venu par transposition de Bordeur, parce qu’on ne brodoit autrefois que le bord des étoffes. On ne mettoit des embellissemens que sur les bords ; d’où vient que les Latins les ont aussi appelés Limbularii. Du Cange dit qu’autrefois on disoit aurobrustus ; pour dire, bordé d’or, ou brusdus, brudatus & brodatus. C’est la remarque du P. Papebrok sur ces mots des actes de S. François de Paule, Quidam homo, quem Brodatorem Regis vulgò nuncupabant. Acta SS. April. T. I, p. 159. Voyez aussi Pasquier, Rech. de la Fr. Liv. VIII, Chap. 62.

On dit proverbialement ; autant pour le Brodeur, pour se moquer d’un homme qui fait un conte à plaisir ; comme si on disoit, pour le bourdeur, qui nous donne des bourdes, des menteries, qui brode des contes.

L’invention de la broderie est : attribuée aux Phrygiens. Les Latins même ont appelé les brodeurs, Phrygiones.

BRODEUSE. s. f. Ouvrière qui brode. Phrygii operis artifex fæmina. Il y a en particulier de certaines Brodeuses qu’on appelle Brodeuses de gaze : ce sont des ouvrières qui embellissent de divers petits agrémens la gaze dont on fait des coëffes.

☞ BROD-NEMEKI, ou DEUTSHEN-BROD. Petite ville du cercle du Czaslaw, sur la rivière de Sozawa.

☞ BRODRA, BRODERA ou BROUDRA. Ville d’Asie, dans l’Indoustan, au Royaume de Guzurate, vers le Golphe de Cambaye.

☞ BRODT. Petite ville fortifiée, du Royaume de Hongrie dans l’Esclavonie, sur la Save.

☞ BRODY. Ville de Pologne, aux confins de la Volhinie & de la Russie.

☞ BRODZIECK. Petite ville, ou gros bourg de Pologne dans la Lithuanie, au Palatinat de Minski.

☞ BROGARDER. Vieux v. a. Conter des fables. Apologare. Ch. Est. Dict.

BROIE, ou BROYOIRE. s. f. C’est un instrument dont on se sert pour rompre le chanvre après qu’il est roui, & le filer ensuite plus aisément. Voyez-en la description dans le Dictionnaire Œconomique. On dit dans quelques Provinces Brai & Braye, & Brayoire.

BROIER. Voyez Broyer.

BROIEUR. Voyez Broyeur.

BROIL. s. m. Vieux mot. En bas latin, broilum. Broussailles, bois, branche d’arbre. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

BROILLIS, pour BROUILLERIES. Gloss. sur Marot.

BROILLOT. s. m. Vieux mot. Petit bois ou broussaille, appelé ainsi, parce qu’on avoit accoutumé de le brûler, afin de le défricher. On a dit aussi Bruillot & Bruillet.

☞ BROITSCHIA. Ville d’Asie dans l’Indoustan à douze lieues de Surate ; sur une rivière qui sépare le Royaume de Decan de celui de Balagate.

BROMALES. s. m. & pl. Bromalia. Ce nom se trouve dans Balsamon au 62e Canon du IVe Concile de Constantinople appelé in Trullo, comme si ce nom venoit de Bromius, Bromien ; surnom de Bacchus ; mais on prétend qu’il faut dire Brumales, & non pas Bromales. Voyez Brumales.

BROMIEN. s. m. Epithète qui se donne à Bacchus. Bromius.

Le blond Phœbus à tasse pleine
Se coëffe au bord de l’Hippocrène,
Aussi rondement, aussi-bien
Que fait le bon Pere Silène
Du jus du Pere Bromien.

Ce nom vient du grec βρέμω, je frémis, je fais du bruit, & fut donné à Bacchus, parce qu’il nâquit au bruit d’un coup de tonnerre qui fit accoucher Semelé sa mere, ou parce que les bûveurs font beaucoup de tumulte & de bruit.

BROMOS. s. m. Plante dont les feuilles ressemblent à celles de l’avoine sauvage. Elle pousse plusieurs tuyaux bas, menus & noués ; ses sommités, au lieu d’épi, portent des barbes longues & rudes au toucher. Cette plante qui croît au bord des chemins, est détersive, dessiccative, vulnéraire, propre pour les ulcères, principalement du nez. Ses racines sont menues & nombreuses.

BROMSBERG. Voyez Bydgost.

BRONCHADE. Faut pas que fait un cheval. Lapsio, lapsus, offensio.

BRONCHES. Voyez Bronchies.

BRONCHEMENT. s. m. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier l’action de celui qui bronche.

BRONCHER. v. n. Mettre le pied à faux, faire un faux pas. Pedem offendere ad aliquid. Il se dit proprement des chevaux qui choppent.

Il n’est cheval si superbe
Qui ne bronche, dit le proverbe. Voit.

On le dit aussi quelquefois des hommes qui font des faux pas.

Sa canne s’accrocha
Dans l’un de ses canons, & mon homme broncha. Scar.

Broncher, signifie figurément, faire une légère faute, faillir. Offendere, labi, errare. Ce pere est si sevère, qu’il ne faut pas que ses enfans bronchent le moins du monde devant lui. A chaque pas qu’il faisoit, il croyoit broncher & offenser Dieu. Bouh

On dit proverbialement, qu’il n’y a si bon cheval qui ne bronche, ni si bon Charretier qui ne verse ; pour dire, qu’il n’y a personne qui ne soit sujet à faire des fautes. On le dit aussi d’un Orateur, quand la mémoire lui manque.

BRONCHIAL, ALE. adj. Terme d’Anatomie. ☞ qui a rapport au poumon. Artère bronchiale. Veine bronchiale. Glandes bronchiales. L’artère bronchiale vient du tronc descendant de l’aorte, & se distribue sur toutes les divisions de la trachée-artère. Il y a aussi une veine bronchiale qui accompagne l’artère, & qui se divise en autant de rameaux qu’elle. L’artère porte le sang aux bronches, & la veine le rapporte à la veine cave, où elle va se rendre immédiatement.

BRONCHIES, ou BRONCHES. s. m. C’est le nom que les Anatomistres ont donné aux tuyaux de la trachée-artère, qui sont répandus dans tout le poumon, & dans lesquels l’air entre par la respiration.

☞ Les glandes bronchiales qu’on trouve à chaque division des bronches, sont destinées, à ce qu’on croit, à humecter & lubrefier les bronches, afin que l’air dessèche moins les poumons.

BRONCHIQUE. adj. Terme d’anatomie, qui se dit de la première paire des muscles communs du larinx, qu’on appelle autrement sternothyroïdiens : ils montent le long des cartilages de la trachée-artère, & tirent le larynx en bas.

BRONCHOCÈLE. s. m. On prononce broncocèle. Terme de médecine. C’est une tumeur du cou, grande & ronde, & attachée à la trachée-artère. On l’appelle aussi gouetre ou goitre, & en latin Hernia gutturis. Le bronchocèle est fort commun dans les Alpes. Il y en a quatre sortes. Le premier est appelé en latin botium ou natta. C’est une tumeur charnue qui a pris son nom de nates, fesses. Le second est une espèce d’athérome ; le troisième, une espèce de méliceris ; le quatrième, une espèce de stéatome. Bronchocèle est un mot grec, βρογκοκήλη, composé de βρόγκος, gorge, trachée-artère, bronches ; & de κήλη, ramex, hernie : mais c’est une fausse hernie. Col de Villars.

BRONCHOTOMIE, ou LARINGOTOMIE. s. f. On prononce broncotomie. Terme de chirurgie. C’est une ouverture qu’on fait à la trachée-artère, lorsque l’inflammation qui arrive au larynx empêche la respiration, afin de donner à l’air la liberté d’entrer dans les poumons & d’en sortir ; & quelquefois afin de tirer les corps étrangers qui se seroient insinués dans le larynx ou dans la trachée-artère.

Ce mot est dérivé, de βρόγκος, bronches, gozier, & de τέμνω, je coupe, je tranche.

BRONTÉE. s. m. Tonnant, qui tonne, qui lance la foudre. Brontæus. C’est un des surnoms que les Anciens donnoient à Jupiter. Blondius Flavius, Rom. Triump. L. I, prétend qu’on a aussi donné à Bacchus le nom de Brontin, à cause des troubles & des désordres semblables au tonnerre qu’excite l’ivrognerie.

☞ Les anciens se servoient dans leurs jeux publics d’une machine qu’ils nommoient brontée, parce qu’elle imitoit le bruit du tonnerre, par le moyen d’un grand vaisseau d’airain, que l’on cachoit sous le théâtre, & dans lequel on faisoit rouler des pierres. Festus appelle cette machine le Tonnerre Claudius, du nom de Claudius Pulcher, qui en fut l’inventeur.

BRONTÈS. s. m. Un des cyclopes qui forgerent la foudre dont fur armé Jupiter. Il étoit fils du ciel & de la terre, selon Hésiode. Ce mot vient du grec, Βροντὴ, Tonnerre.

BRONTON. s. m. Surnom de Jupiter, qui se trouve dans cette ancienne inscription. Jovi sancto Brontonti. ecataeque aur. poplius. Grut. XVII. 12. On trouve encore dans une autre un Prêtre du Dieu Brontontes. Sacerdos dei Brontontis. Grut. p. 5. XXXIV. Quelques-uns disent Brontontes, au lieu de Bronton ; mais ils se trompent. Brontontes feroit en grec βροντόντις, qui auroit au génitif βροντόντου, & au datif βροντόντη, & par conséquent en latin Brontontæ, à l’un & à l’autre cas, & non pas Brontontes, Brontonti, comme il y a dans les deux inscriptions que l’on vient de rapporter. Il vient donc de βροντάω, βροντῶ, je tonne, & par contraction βροντῶν, Tonnant, duquel il faut dire βροντάοντος, βροντῶντος, βροντάοντε, βροντῶντε.

Ce mot signifie la même chose que le précédent, & ils viennent l’un & l’autre du grec βροντὴ, tonnerre.

☞ BRONZE. s. m. Autrefois on faisoit ce mot féminin. Voiture disoit encore comparer la bronze à l’or. Aujourd’hui, l’usage général le fait masculin. Le bronze est un alliage de métaux, dont le principal est le cuivre fondu avec quelque partie d’étain ou de laiton. Quelques-uns, par épargne, y mettent du plomb, parce qu’on ne sauroit fondre du cuivre fin dans un fourneau de réverbère, qu’on ne le trouve percé & plein de trous comme une éponge. Il y a encore un autre cuivre composé qu’on appelle métal, qui n’est pourtant en effet que du bronze ; & on lui donne ce nom selon la plus grande ou plus petite quantité qu’on y mêle d’étain, qui est de 12 jusqu’à 25 pour cent. La lie ou le marc de bronze s’appelle diphrygies, & est en usage en médecine. La fleur de bronze se fait quand on jette de l’eau pure sur du bronze fondu, lorsqu’il s’écoule par les canaux. On met une platine de fer au-dessus de la fumée, & il s’y forme de petits grains en forme de millet, qui sont luisans & rougeâtres ; c’est ce qu’on appelle fleur de bronze. Ecaille de bronze, est ce qui tombe de l’airain, lorsqu’on le bat, & qu’on le met en œuvre. On dit, jeter des figures en bronze, animer le bronze, graver sur le bronze, &c. Le cheval de bronze qu’on voit dans la place Royale à Paris est u ouvrage de Daniel Volterre, fameux sculpteur.

Bronze, s. m. se dit en général des ouvrages, des figures en bronze, soit que ces pièces soient des antiques, des copies de l’antique, ou des sujets nouvellement inventés. Voilà un beau bronze.

Les Médaillistes distinguent le grand, le moyen, & le petit bronze, pour dire les grandes, les moyennes & les petites médailles de bronze. Tout le cuivre, dans la distinction des suites de médaille, a l’honneur de porter le nom de bronze. Le P. Job.

Quelques-uns dérivent ce mot à Brontibus, quasi brontium à Vulcani famulis fabrefactum. D’autres croient qu’il vient de l’italien abbronzare, qui signifie enduire d’une couleur brune. Le mot bronze vient de l’italien bronzo, qui signifie la même chose, & bronzo vient d’abbronzare. Le P. Thomassin remonte plus haut, & il fait venir le nom de bronze du mot saxon bræsens, æneus, qui est de cuivre ou d’airain. Icquez le dérive de brunt, mot saxon, & de la langue des Francs.

Bronze. C’est aussi une couleur préparée par les marchands épiciers, vendeurs de couleurs, pour imitier le bronze.

☞ On se sert de ce mot au figuré, en l’appliquant au cœur, à l’ame, pour désigner un cœur insensible, extrêmement dur. Cet homme a le cœur de bronze. Horace donne un cœur de bronze à cet homme audacieux qui s’abandonna le premier à la merci des flots. Bouh. Le cœur de l’homme, qui est de cire pour toutes les choses qui vont à le pervertir & à le corrompre, est de bronze pour celles qui peuvent contribuer à son salut. Ab. de la Tr. Il faut l’avouer, on trouve par-tout, mais spécialement dans les conditions riches & opulentes du siécle, de ces ames de bronze que rien n’amollit. Bourdal. Exh. T. I, p. 49.

On appelle proverbialement, les courtisans du cheval de bronze, plusieurs fainéans, filous & gens de mauvaise vie, qui sont ordinairement sur le Pont-neuf à Paris.

Quand on dit absolument le cheval de bronze, on entend celui du Pont-neuf à Paris, c’est-à-dire, la statue équestre d’Henri IV, placée au milieu du Pont-neuf, vis-à-vis la place Dauphine. C’est un présent que la République de Venise fit à Henri IV.

BRONZER. v. a. Peindre en couleur de bronze avec de la limaille de bronze. Æris colore inficere, imbuere.

Bronzer, chez les Arquebusiers & autres ouvriers en fer, c’est faire prendre au canon d’un fusil, par exemple, une couleur d’eau, en le frotant, lorsqu’il l’ont fait chauffer à un certain point, avec la pierre sanguine, jusqu’à ce qu’il ait pris la couleur.

Bronzer, chez les Parfumeurs, c’est teindre en noir des gants & des souliers pour un deuil.

BRONZÉ, ÉE, part. & adj. On appelle du marroquin bronzé, celui qui n’est point grenu, qui est passé en noir, & qu’on emploie pour faire des souliers de deuil. Æris colore infectus. Souliers bronzés, gants bronzés.

BROQUART. s. m. Terme de Vénerie, qui se dit d’un jeune cerf, & généralement des bêtes fauves d’un an. Cervulus bimulus. On écrit aussi Brocard.

BROQUE. s. m. Terme de Jardinage. Tête d’un rejeton d’un chou frisé. Surculi caput. Si l’on étête des choux, ils repoussent non-seulement du couronnement, comme les arbres, mais encore de leur tige, de haut de bas, à l’endroit de l’aisselle de toutes leurs feuilles caduques, autant de têtes qu’ils ont perdu de feuilles dans tout cet intervalle. Si la première pousse se casse au collet, alors les repouces foisonnent sur-tout au couronnement, & chaque rejeton forme à part sa tête, grosse comme le poing ou plus. On appelle ces têtes dans les choux frisés, des broques, de l’italien broccoli. Dod. Acad des Sc. 1700, p. 149, 150. Le vingt-quatrième Janvier j’ai compté vingt-sept fleurs dans une broque qui n’avoit que dix-sept feuilles. Id. p. 151. La broque grainée portoit tant en cinq tiges principales que latérales, 136, tant gousses que fleurs. Toutes les huit broques ensemble estimées sur le pied de la plus avancée, 1088. Id. p. 152. Un chou frisé étêté avoit poussé trente-six rejetons en broques. Voyez encore Broccoli.

BROQUETTE. s. f. Petit clou à tête dont on se sert pour attacher des garnitures de lit, de chaises, & autres petits ouvrages. clavulus. Ce mot venoit de broche.

BROSSAILLES, plus ordinairement BROUSSAILLES. s. f. Fruteta, frutecta, fruticeta, dumeta. Méchant bois qui ne profite point, touffes de buissons, genèts, épines, bruyères, &c. Un pays de brossailles est difficile à passer. Le lion voulant chasser avec l’âne le cacha dans les brossailles. Port-R. Ce n’étoient que de petits sentiers pleins de brossailles. Vaug. Ignace perça les brossailles qui fermoient les avenues de la caverne. Bouhours.

On dit dans la basse latinité bruscia & brozia, d’où Du Cange dérive ce mot.

On appelle aussi brossailles, ces menus bois de fagots rompus & déliés qui restent dans un grenier où l’on a entassé beaucoup de menus bois. Virgulta. Il n’a a plus que des brossailles dans ce bucher. On le dit aussi de ce qui reste du menu bois qu’on abandonne dans les forêts après qu’on y a fait des fagots. Ils amasserent des brossailles pour faire du feu. Ablanc.

On dit de quelqu’un, qu’il est dans les brossailles ; pour dire, qu’il est gris ou ivre. Dict. Com.

☞ BROSSE. s. f. se dit en général de tout instrument à poil, à laiton, ou à fil d’archal, servant à nettoyer, ou autres usages semblables.

Brosse à tête, assemblage de petites verges de jonc délié qui sert à décrasser la tête. Scopula.

C’est aussi un assemblage de plusieurs soies de pourceau ou de sanglier, liées & engagées dans plusieurs trous d’un ais percé à ce dessein, qui sert à nettoyer les habits, à froter les planchers, & à panser les chevaux, &c. On en fait aussi de petites qui servent aux Peintres, aux Doreurs, aux Vitriers, aux ouvriers en stuc, &c. La brosse des Peintres, est un pinceau dont tous les poils sont égaux, & ne se terminent pas en pointe, comme les pinceaux ordinaires, servant pour coucher ou pour étendre des couleurs. Il y a des brosses de toutes sortes de grosseur, mais en général les plus petites brosses sont plus grosses que les gros pinceaux. Elles se font de poil de porc. C’est une très-bonne pratique de peindre avec la brosse : on peint avec plus de fermeté. Les premières couleurs s’appliquent avec la brosse, parce que la pratique en est plus expéditive. Dict. de Peint. & d’Arch. Les Imprimeurs se servent aussi de grandes brosses faites de poil de sanglier pour laver les formes avec de la lessive, quand elles sont tirées.

☞ Il y a encore plusieurs sortes de brosses : brosses de carrosses pour nettoyer le dehors & le dedans du carrosse. Brosses à cheval ; pour étriller les chevaux & leur polir le poil. Brosses à dent, pour nettoyer les dents. Brosses à lustrer, chez les gainiers, pour lustrer leurs ouvrages en noir, ou en d’autres couleurs : chez les Chapeliers, pour lustrer les chapeaux. Brosses à peigne, pour nettoyer les peignes. Brosses de Tisserand, pour mouiller leur brin sur le métier. Brosses à Chirurgiens pour froter le corps de ceux qui ont des rhumatismes, pour faire transpirer l’humeur qui cause la douleur.

Brosses, au pl. se dit des bruyères ou broussailles des terres incultes où il vient des plantes sauvages, du menu bois ou arbustes peu élevés, ou de méchantes tailles qui sont au bord de la forêt. Densum virgetum.

Brosse. La seconde & la troisième paire de jambe de l’abeille ont une partie que l’on appelle la brosse. Cette partie est carrée, sa surface extérieure est rase & lisse ; sa face intérieure est plus chargée de poils que nos brosses ; ils y sont rangés de même.

BROSSER. v. a. Froter avec des brosses la tête, les habits, les meubles, &c. Tergere, detergere.

Brosser les lettres. Terme d’Imprimeur, c’est en ôter l’encre avec de l’eau & de la lessive.

Brosser un cheval, le froter avec la brosse, pour ôter la poussière de dessus son corps.

Brosser, signifie aussi, courir à travers les bois & les pays de bruyères & de broussailles. Sylvas pererrare, pervagari. Brosser à travers les buissons. Vaug. Quint. L. 6. Il travaille sans cesse à brosser les forêts. Théoph. Voyez aussi Salnove.

BROSSÉ, ÉE. part.

BROSSIER. s. m. Ouvrier qui fait des brosses.

Brossier (Marthe) Filme de Jacques, Brossier, Tisserand de Romorantin, étant âgée de 20 ans en 1598, fut tourmentée d’un mal qui lui causoit des contorsions étranges & lui faisoit faire des mouvemens extraordinaires : de sorte que le peuple s’imagina qu’elle étoit possédée. Son pere courut le pays avec elle, sous prétexte de la mener à des pélerinages & de chercher des exorcistes qui la pussent délivrer. L’Official d’Orleans la chassa de ce diocèse : l’Evêque d’Angers en fit autant. Brossier amena sa fille à Paris ; & les Capucins commencerent à l’exorciser dans l’Eglise de Sainte Geneviéve. Le Cardinal de Gondi, Evêque de Paris, convoqua une assemblée d’Ecclesiastiques dans cette Abbaye, & par leur avis, il choisit cinq fameux Medecins pour examiner ce qui en étoit. Après plusieurs épreuves, trois jugerent qu’il n’y avoit point de possession, & comme dit M. de Thou, qu’il n’y avoit rien de diabolique dans son fait, mais beaucoup de fraude & un peu de maladie. Unanimi ab iis Medicis consensu, Episcopo rogante, responsum est, nihil a spiritu, multa ficta, pauca à morbo esse. Un quatrième dit qu’il falloit attendre trois mois pour connoître ce mal. Duret fut le seul qui soutint qu’elle étoit possédée. D’autres Médecins furent appelés, qui furent du même avis. Le peuple couroit en foule, comme pour entendre quelqu’Oracle sur les affaires du temps. Le Parlement mit la prétendue possédée entre les mains du Lieuténant criminel & du Procureur du Roi au Châtelet, & nomma onze Médecins des plus fameux pour examiner son mal. Ceux-ci déclarerent qu’ils n’y trouvoient rien au-dessus des forces de la nature. Les Prédicateurs cependant publioient dans les chaires qu’on entreprenoit sur la juridiction de l’Eglise & qu’on étouffoit une voix miraculeuse dont Dieu vouloit se servir pour convaincre les Hérétiques. Le Parlement se servit de son autorité pour leur imposer silence. Marthe Brossier fut ramenée à Romorantin, & mise sous la garde de son Pere, avec défenses de la laisser sortir de la Ville, sous peine de punition corporelle à l’un & à l’autre. Malgré cela Alexandre de la Rochefoucaud, Abbé de sain Martin, enleva cette fille, la mena à Avignon, puis à Rome. Mais les Agens de France aiant prévenu le Pape, cet Abbé ne réussit pas dans le dessein qu’il avoit de faire valoir les oracles de cette prétendue Démoniaque, qui ne parut plus. Mezerai, Hist. de Fr. sous Henri IV. Bayle Dict. Crit.

BROSSURE. s. f. On appelle simple Brossure, en termes de Peaussiers- Teinturiers en cuir, la couleur que les artisans donnent aux peaux, en les imprimant simplement avec la brosse.

☞ BROTHÉE. Brotheus, fils de Vulcain & de Minerve, se voyant la risée des autres à cause de sa difformité, se jeta dans le feu, préférant la mort au mépris. Ovide en parle in ibin. V. 517.

BROTTES. s. f. pl. On nomme ainsi à Lyon, & aux environs, les cuillères de buis, & de simple bois, qui servent à table.

BROU. s. m. ou plutôt Brout. Ecorce verte qui couvre les noix. ☞ Les Teinturiers l’emploient dans quelques couleurs. Les Distillateurs en font un assez bon ratafiat. Gulioca, viride nucis putamen. On appelle encore ainsi l’écorce qui est sur le coco & qui l’enveloppe. Elle a trois doigts d’épaisseur, & on peut mettre ses fibres en corde. Cela est cause que les Siamois n’ayant point de chanvre, font leur cordage de brou de coco.

Brou. L’Eglise de Brou, Notre-Dame de Brou. C’est le nom d’une Eglise qui est tout près de Bourg-en-Bresse. Elle est desservie par des Augustins Déchaussés. Nous n’avons point en France de plus beau morceau d’architecture que cette Eglise de Brou. Marguerite d’Autriche, veuve de Philibert II. Duc de Savoye, la fit bâtir. Elle est grande, riante, éclairée. Le chœur, les chapelles, les vitres, tout est exquis & fini. Les Mausolées qui sont dans le chœur, sont des pièces achevées. On y voit celui de Philipbert II, & celui de Marguerite son épouse. Rien n’est plus délicatement travaillé que les formes du chœur. Vie du F. Fiacre, L. III, p. 213 & suiv.

Brou. Petite ville de France, sur la rivière de Douxaine, dans le Perche, au-dessus de Dangeau, Diocèse de Chartres, Election de Château-Dun.

BROUAGE. Ville de France en Saintonge sur l’Océan, Broagium. Brouage est au milieu des marais, dont on tire une très-grande quantité de sel.

☞ BROUAGEAIS. Petit pays maritime de France, en Saintonge, connu par ses marais salans, où se fait le meilleur sel du Royaume.

BROUAILLES. s. f. pl. Intestins de poissons ou de volaille qu’on vuide, lorsqu’on les habille, qu’on les appréte pour manger. Intestina. En Normandie on dit breuilles.

Ménage dérive ce mot de burbalia, qu’on trouve en ce sens dans quelques Auteurs.

BROUAS. s. m. Vieux mot que le peuple dit encore. Brouillard. Nebula.

☞ BROUCK. Petite ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, sur le Roer, au Duché de Berg, Chef-lieu d’un Comté de même nom.

☞ BROUCK ou Broug. Ville de Suisse, dans l’Argaw, au bord de l’Are.

☞ BROUCOCOLAS, ou faux ressuscités. Voyez Brucolagues.

BROUDRA. Voyez Brodra.

BROUÉE. s. f. Pluie menue, qui approche beaucoup du brouillard. J’ai essuyé une petite brouée, qui n’a pas laissé de me bien mouiller. Nebula. Il y a des brouées dangereuses aux vignes & aux blés. On dit aussi, prendre une brouée de feu ; pour dire, se chauffer légèrement & en passant, brûler une ame de fagot. Cela est du style populaire.

BROUET. s. m. Bouillon qu’on portoit autrefois aux nouvelles mariées le lendemain de leurs noces avec solennité & réjouissance. Jus conditum, jusculum. Il étoit fait d’œufs, de lait & de sucre. Cela n’a plus d’usage que parmi le petite peuple.

Ce mot vient de brodettum diminutif de brodum, qu’on a dit pour brodium, qui se trouve en cette signification dans quelques Auteurs Latins. Ménage.

Brouet, se dit aussi d’un méchant potage, mais dans le style comique & burlesque. Jus insulsum. Le galant pour toute besogne avoit un brouet clair. La Font.

En parlant des anciens Grecs, on appelle Brouet de Lacédémone, un certain potage noir, dont les Lacédémoniens avoient accoutumé de se nourrir.

On dit proverbialement, qu’une chose s’en est allée en brouet d’andouilles, lorsqu’elle n’a abouti à rien.

BROUETTE. s. f. Petite charrette ou petit tombereau qui n’a qu’une roue, & qu’un homme pousse devant lui. Vehiculum trusatile. Les Vinaigriers se servent de brouettes pour porter leur vinaigre par les rues. On se sert de brouettes pour porter des terres, du fumier, des ordures à la campagne. Dans les mines on se sert de brouettes dont la roue est au centre.

Ménage dérive ce mot de birotetta, diminutif de birota, qui se trouve dans le Code Théodosien, & signifie une petite voiture à deux roues. D’autres les dérivent de bisrota.

On appelle aussi brouettes, ces petites chaises à deux roues qui sont traînées par des hommes, & aussi les carrosses mal propres & mal attelés.

BROUETTER. v. a. Transporter quelque chose dans une brouette. On brouette des terres, des pierres, du fumier. C’est encore mener quelqu’un dans une petite chaise à deux roues. Je me suis fait brouetter toute la journée. Vehiculo trahere.

☞ Ici les vocabulistes triomphent. Ils ont vu dans l’ancienne édition, brouette v. n. Et ils ne manquent pas de faire remarquer que ce verbe n’est pas neutre, comme le dit le dict. de Trévoux. Le dict. de Trévoux ne dit pas cela. Il est évident que v. n. est une faute d’impression, pour v. a. l’exemple qui suivoit, devoit leur faire voir qu’on donnoit à ce verbe une signification active. Il y a dans la remarque un peu de malignité. Ils auront beau supposer des fautes dans les autres Dictionnaires, le grand Vocabulaire n’en vaudra pas mieux.

BROUETTÉ, ÉE. part.

BROUETTEUR. s. m. Celui qui traîne des hommes dans les chaises qu’on appelle brouettes ou vinaigrettes.

BROUETTIER. s. m. Celui qui méne une brouette. Agens trusatile vehiculum. ☞ Celui qui transporte quelque fardeau dans une brouette à une roue.

BROUHAHA. s. m. Acclamation, bruit sourd & confus, qu’on entend dans les Assemblées où l’on fait des discours publics, & où l’on donne des spectacles, lequel témoigne l’admiration, ou l’applaudissement des assistans. Plausus, clamor. Ce terme est sur-tout en usage parmi les Comédiens, lorsqu’on se récrie sur les beaux endroits de la pièce. Le Comédien s’arrête aux beaux endroits de la pièce, & avertit par-là qu’il faut faire le brouhaha. Mol. Ce mot est du style familier.

BROUI. s. m. Terme de gens qui travaillent en émail. C’est une sorte de tuyau dont ils se servent pour souffler la flamme de la lampe sur l’émail qu’ils veulent faire fondre. Calamus. On l’appelle autrement Chalumeau.

BROUILLAMINI. s. m. C’est une terre rouge & visqueuse, naturellement séche avec peu d’odeur & de saveur. On la trouve dans les minières de fer. Biringuccio assure que l’on s’en sert préférablement à la terre sigillée contre toutes sortes de venins. Quelques-uns la confondent avec le bol d’Arménie, & disent que ce mot s’est fait par corruption de boli armenici. Les Médecins s’en servent souvent. Les Peintres s’en servent aussi pour attacher l’or aux ornemens de leurs peintures ; & les Potiers pour teindre leurs pots en couleur rouge.

☞ Les Maréchaux appellent brouillamini, par corruption, une emplâtre pour les chevaux, faite de bol d’Arménie.

Brouillamini, se dit encore d’un bol tiré des carrières, dont on fait une pâte, de laquelle on forme des bâtons plats, de la grosseur & de la longueur du doigt ; ces bâtons s’appellent brouillamini, ou bol en bille.

Brouillamini, est aussi un mot burlesque, pour signifier désordre, brouillerie, confusion, obscurité. Tenebræ, caligo, obscuritas. Il y a là dedans trop de brouillamini. Moliere.

☞ BROUILLARD. s. m., autrefois brouillas. Nebula. Amas de vapeurs & d’ exhalaisons grossières qui s’élevent de la terre, que le froid condense, & que leur propre pesanteur retient proche la surface de la terre. Voyez Vapeurs & Exhalaisons. Les brouillards sont de vrais nuages, que leur propre poids retient dans la plus basse région de l’air. Les nuages sont des brouillars plus élevés. Voyez Nuage.

☞ Les particules d’eau dont le brouillard est composé, se joignant les unes aux autres, interrompent l’action de la lumière, empêchent le passage des rayons du Soleil, & nous dérobent le jour. Les brouillars sont plus fréquens dans les lieux humides & marécageux, parce qu’il en sort plus de parties aqueuses ou de vapeurs.

☞ Ils sont aussi plus fréquens en hiver qu’en été, parce que le froid de l’atmosphère condense promptement les vapeurs & les exhalaisons qui s’élevent de la terre.

☞ Lorsque le brouillard n’est composé que de parties aqueuses, il n’est point nuisible : lorsqu’il est formé d’exhalaisons, il est mal-sain & puant, plus ou moins, selon la nature de ces exhalaisons.

☞ Quelquefois les brouillars sont chargés de sels nitreux & sulfureux qui tombent en petites gouttes de pluie : c’est ce que les Jardiniers & les Laboureurs appellent niele, qui détruit tout d’un coup les plus belles espérances du Moissonneur. Les particules tranchantes de ces corpuscules déchirent les fibres des plantes & des fruits encore tendres : le mouvement des sucs est arrêté : tout se desséche, tout languit & dépérit faute de nourriture. Voyez Niele.

☞ Les objets que l’on voit à travers un brouillard paroissent plus grands & plis éloignés. Voyez au mot apparent, grandeur apparente, & vision.

☞ La pêche au hareng ne se fait que pendant les brouillars. Voyez Hareng.

On dit proverbialement d’un brouillard, qu’il est si épais, qu’on le couperoit avec un couteau.

Brouillard, se dit aussi adjectivement du papier sans colle, tel que le papier gris, qui sert à filtrer. Charta bibula. On se sert de ce papier pour boire l’encre des écritures fraîches qu’on fait dans un registre. On le dit aussi de tout autre grand méchant papier, ou inutile, qui sert à envelopper quelque chose, ou à d’autres usages.

Brouillard, se dit encore d’un livre sur lequel les Maîtres, & autres qui sont employés dans le commerce, écrivent à fur & à mesure ce que l’on reçoit & ce que l’on prête, pour être ensuite porté & mis en ordre sur un autre registre, qui est proprement le journal. Codex accepti & mutui rationem continens. Quelques-uns appellent le journal du nom de brouillard, mais improprement. Bornier.

Brouillard. Pris figurément, signifie obscurité. Obscuritas. Il y a un grand brouillard sur toutes ses expressions. Madame de Sév.

BROUILLAS, s’est dit pour brouillard, s. m. Nebula. On ne le dit plus.

BROUILLE. s. f. Brouillerie. Dans l’Ecole des Amours grivois, Scéne 7, un Flamand dit, en parlant de sa maîtresse :

En brouille avec ma Bergère,
Je nous chamaillons exprès.

C’est une expression populaire, qui ne peut passer que dans la bouche d’un paysan, ou d’une personne de la lie du peuple.

BROUILLEMENT. s. m. Mêlange, confusion. Ce mot n’est pas reçu. Permistio, admistio, mistura. Le brouillement des couleurs.

☞ BROUILLER. v. a. Mettre les choses pêle-mêle, en désordre, en confusion. Miscere, turbare. J’ai brouillé tous mes papiers. Mes livres sont brouillés. Ménage dérive ce mot de brogliare, qui a été fait de broglio qui signifie bois, d’où est venu imbrogliare, qui a fait embrouiller.

Brouiller, signifie aussi mêler plusieurs choses ensemble, miscere, confundere. Mettez toutes ces drogues ensemble & les brouillez bien. Brouiller plusieurs vins ensemble, & brouiller du vin, remuer un tonneau, une bouteilles, ensorte que la lie & le sédiment se mêlent avec la liqueur. Brouiller des œufs, mêler le blanc & le jaune.

Brouiller, se dit au figuré, pour mettre de la confusion, du désordre. Brouiller les affaires. Ce Ministre a brouillé l’Etat.

☞ On le dit aussi des personnes pour signifier mettre la dissension, semer la discorde. J’aurois pu jusqu’ici brouiller tous les Chapitres. Boil.

☞ On dit figurément & proverbialement que l’amour a brouillé la cervelle à quelqu’un, pour dire qu’il lui a troublé l’esprit.

☞ On dit de même brouiller les cartes, embrouiller les affaires, y mettre du trouble, en parlant des personnes, les mettre en mauvaise intelligence.

Brouiller, signifie aussi embarrasser. Ce mot n’a été inventé que pour brouiller. Pasc.

☞ On le dit absolument, pour dire faire les choses avec confusion, soit par ignorance, soit par malice. Il n’a ni règle ni ordre dans l’esprit, il ne fait que brouiller. Acad. Fr.

Brouiller, est aussi réciproque, & signifie s’embarrasser, se troubler en parlant. Il se brouilla tellement, qu’il ne savoit plus ce qu’il disoit.

☞ Se Brouiller, se mêler, se confondre. Ils ne se brouillent point avec le reste des troupes dans les défilés. Ablanc.

☞ On dit aussi que le ciel se brouille, quand il se forme des nuages qui annoncent la pluie ou l’orage.

☞ On le dit aussi au figuré, en parlant du refroidissement qui arrive dans l’amitié. Abalienari, simultates suscipere. Les amis se brouillent aisément, mais ils se raccommodent avec la même facilité. Ils ne se brouillent ni avec la foi, ni avec la raison. Pasc.

Brouiller, signifie encore, gâter du papier en faisant des écritures inutiles, ou de méchans livres. Chartam perdere. Ce mauvais Poëte a bien brouillé du papier. Les faiseurs d’anagrammes brouillent bien du papier inutilement.

Brouiller, se dit aussi, en termes de Manège ; pour dire, mettre un cheval hors d’état de se bien manier, par la faute du cavalier qui le monte. Vitiare. On dit qu’un cheval se brouille, lorsqu’à force de vouloir précipiter son exercice, il le confond, de façon qu’il ne sait plus ce qu’il fait.

BROUILLÉ, ÉE, part. Les Fleuristes disent qu’une fleur est brouillée, quand elle n’a point panaché net Permistus, confusus, turbatus, perturbatus. Cette tulipe est brouillée. Quint. Cet œillet est brouillé. Lig.

On appelle, en termes de manège, un cheval brouillé, ou qui se brouille, celui qu’on recherche pour lui faire quelque exercice, & qui au-lieu d’obéir, se précipite, se traverse & se désunit, étant incertain & inquiet, parce qu’il a les aides trop fines : ce qui l’empêche de manier, pour peu qu’on serre trop les cuisses, ou qu’on laisse échaper les jambes.

☞ BROUILLERIE. s. f. L’Acad. dit simplement, querelle, dissension : les Vocabulistes ajoutent zizanie, discorde. Pourquoi tous ces prétendus synonymes ? Le mot de brouillerie ne dit autre chose que mésintelligence entre personnes qui ont été bien ensemble. Dissensio, dissidium. Il y a quelques brouilleries à la Cour qui n’éclatent pas encore. Il y a de la brouillerie dans ce ménage, entre ces amis. Les brouilleries d’un État aboutissent souvent à des guerres civiles. Dans toutes les brouilleries du Royaume, il s’est toujours montré bon françois. Voit.

Brouillerie, se dit aussi pour disputes. Contentiones. Voulez-vous recommencer nos brouilleries ? Pasc.

Brouillerie, pour bévue d’un Auteur qui confond les choses, qui les brouille, est un mot de la façon de Bayle. Ce sont des brouilleries d’autant plus grandes, qu’il est sûr que les Sarrazins étoient maîtres du Languedoc avant qu’Abdérame eût passé les Pyrénées. Bayle, Les brouilleries d’Augustin Curion sont encore plus confuses. Id. Brouillerie n’a qu’un sens moral : il signifie les disputes, les mésintelligences, les différens qui sont entre les personnes ; & les brouilleries de Curion ne peuvent signifier que les inimitiés, les discordes qu’il a excitées, ou qu’il a eues. Brouillerie ne se dit jamais pour une confusion de choses mises pêle-mêle, contre l’ordre qu’elles doivent avoir.

☞ BROUILLON, ONNE. adj. remuant, qui cherche, ou qui aime à brouiller. Turbidus, turbulentus. Esprit brouillon. Humeur brouillonne. N’ayez aucun commerce avec les esprits brouillons.

☞ On dit substantivement, c’est un brouillon. Turbator, novarum rerum molitor. C’est une brouillonne.

Brouillon, se dit aussi de ce qu’on écrit d’abord, des premières idées qu’on jette sur le papier, pour être ensuite mises au net. Je travaille à cet ouvrage ; mais je n’en ai fait encore qu’un brouillon. Il m’a fait lire son brouillon.

Brouillon, chez les marchands, se dit d’un espèce de journal, qui n’est pas tout-à-fait au net, sur lequel les Marchands & Banquiers écrivent les choses qui ont rapport à leur commerce. Adversaria. Porter, effacer un article sur le brouillon.

☞ Quelques Provinciaux disent brouillard. C’est proprement un mémorial. Memorialis liber.

BROUINE. s. f. Voyez BRUINE. C’est la même chose que Brouée. Une pluie menue. Ce mot vient du latin Pruina, comme on l’a dit. Bruine est mieux que brouïne.

☞ BROUIR. v. a. Terme d’Agriculture qui se dit des boutons des arbres, des nouvelles pousses, des fruits & des blés brulés & grillés par l’action du Soleil, après avoir été attendris par une gélée blanche. Urere, arefacere. Le Soleil a broui nos fruits, nos arbres à fruits. Tous les blés sont brouis. Carbunculantur semina.

On le dit aussi de quelque mauvais vent qui fait retirer les feuilles des arbres ; ensorte qu’elles n’ont plus leur étendue, ni leur verdeur ordinaire. Ces feuilles tombent, & font place à d’autres qui leur succèdent. La bize a brouï nos arbres. Au printemps les vents de nord-est, c’est-à-dire, les vents de bize, fort secs & fort froids, brouissent les feuilles a les jets nouveaux. La Quint.

☞ On disoit anciennement brouïre, bruler, sécher. L’ardeur du soleil qui survient après la bruine, brouit les arbres. Carbunculare. Ch. est. Dict.

BROUI, IE, part. des abricotiers brouis, des pêchers brouis. Des feuilles brouies. La Quint.

BROUISSEMENT. Voyez BRUISSEMENT.

BROUISSURE. s. f. Terme de Jardinage. C’est le dégât & le mauvais effet du vent, ou de la gelée qui a brouï les arbres. Arentia folia, aridi folliculi. Carbunculatio. La brouissure tombe, & fait place aux nouvelles feuilles qui doivent succéder. Cette bruissure tombera aux premières pluies douces. La Quint.

BROUNISME. s. m. Secte, doctrine des Brounistes. Brounistarum secta, doctrina. Il est vrai que dire que le Brounisme n’a point proprement d’autres Auteurs que les Episcopaux. Pelisson.

BROUNISTES. Nom de certains sectaires qui se sont élevés à la fin du seizième siècle, en Angleterre. Leur chef s’appeloit Robert Broun, originaire de Northampton. M. Stoupp qui les a connus en Hollande, en fait cette description, dans sa deuxième lettre touchant la Religion des hollandois. Les Brounistes se sont séparés de l’Eglise Anglicane, & de toutes les autres Eglises Réformées, qu’ils croient corrompues, non pour les dogmes de la foi, mais pour la forme du gouvernement. Ils condamnent également le gouvernement épiscopal & celui des Presbytériens par des Consistoires, par des Classes & par des Synodes. Ils ne veulent pas se joindre à nos Eglises, parce qu’ils disent qu’ils ne sont pas assurés de la conversion & de la probité des membres qui les composent, à cause qu’on y tolère des pécheurs avec qui il ne faudroit point communier, & que dans la participation des Sacremens, les bons contractent de l’impureté par la communion des méchans. Ils condamnent la bénédiction des mariages, qui se fait dans les Eglises par les Ministres, soutenant qu’étant un contrat politique, sa confirmation dépend du Magistrat civil. Ils ne veulent point qu’on baptise les enfans de ceux qui ne sont par membres de l’Eglise, ou qui n’ont pas assez de soin des enfans qu’on a baptisés. Ils rejettent tous les formulaires des prières, & ils disent même que l’oraison que le Seigneur nous a enseignée ne doit pas être récitée comme une prière ; mais qu’elle nous a été donnée pour être la règle & le modèle sur lequel nous devons former toutes celles que nous présentons à Dieu.

BROUSSAILLER. v. a. Terme de Jardinage. Garnir de broussailles. Broussailler par des lizières de bois, des palissades un peu garnies, le pourtour des murs. Jard. de propreté.

BROUSSAILLÉ, ÉE, part. Garni de broussailles. Palissade broussaillée. Jard. de propreté.

BROUSSAILLES. Voyez BROSSAILLES

BROUSE. Nom d’une ville de l’Anatolie. C’est la capitale de la Bithynie.

☞ BROUSSEAU. Rivière de France en Gascogne, dans l’Evêché d’Aire, qui se perd dans l’Adour.

BROUSSIN D’ÉRABLE. s. m. C’est une excroissance qui vient à un arbre qu’on appelle érable : elle est ondée & madrée d’une manière fort agréable : elle étoit d’un si grand prix parmi les Romains, que Pline assure qu’ils l’eussent préférée au citronnier, s’ils en eussent pu faire des tables. On en fait des cassettes, des tablettes, & autres ouvrages, qu’on estime beaucoup. Molluscum.

☞ BROUT. s. m. Nouvelles pousses, nouveaux jets que les jeunes taillis poussent au printemps, & que les bêtes vont manger. De-là vient qu’en termes de Vénerie, on entend par bêtes de brout, toutes sortes de bêtes fauves ; comme le cerf, le chevreuil, le daim, le bouquetin, le chamois, le rangier, &c. On les appelle aussi bêtes brouantes. Fera pascens.

Du Cange dérive ce mot de brustus, qu’on a dit dans la basse latinité au même sens, quod ex bruscis seu dumetis fiat pastio animalium. Mais il vient plutôt de broust, qui est un vieux mot celtique, ou bas-breton, qui signifie bourgeon, ou hallier, ou du grec βρόσϰω, manduco.