Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/071-080

Fascicules du tome 2
pages 61 à 70

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 71 à 80

pages 81 à 90


BRIE. Pays de France entre la champagne particulière, le Sénonois, le Gâtinois, le Hurepoix, le Parisis & le Soissonnois, en latin Saltus Brigensis, ou Brigia silva, ou Pagus Briegius. Quelques-uns disent que ce mot vient du mot françois Abri, qui signifie lieu couvert, où il y a de l’ombre, & ils prétendent que ce pays fut ainsi nommé, parce qu’il est tout planté d’arbres fruitiers, qui font par-tout des ombrages, ou des abris. Dom Du Plessis, dans son Histoire de l’Eglise de Meaux, Tom. I, pag. 16 & 638, prouve que l’Abbaye de Faremoutier dans son origine a été appelée Brige, c’est-à-dire, Pont ; que son nom s’étant ensuite communiqué à toute le territoire voisin, on l’a appelé Saltus Brigensis ; & que de-là s’est formé celui de Brie. La Brie a eu autrefois ses Comtes. Cette Province se divise en Brie supérieure, ou haute Brie, dont Meaux est la capitale, & Brie inférieure, ou basse Brie, qui a Provins pour capitale, & Brie Pouilleuse ou Galleuse, autrement dite Galevesse, dont le lieu principal est Château-Thierry. Celle-ci tire son nom de celui de Vadicasses. La plus grande partie de la Brie est annexée au Gouvernement de Champagne, le reste, qui l’est au Gouvernement de l’Île de France, s’appelle à cause de cela Brie Françoise. La première s’appelle Brie Champenoise. Voyez Baugier, Mem. sur la Prov. de Champ. La seconde s’appelle Brie Françoise ou Brie Parisienne. Braia Parisiensis. Brie-Comte-Robert, est dans la Brie Parisienne. Longuerue. Ce nom est corrompu de braies qu’on trouve dans tous les anciens Actes, même en françois & en latin. Le mot braie signifie en vieux françois une terre grasse & bourbeuse, comme est le terroir de cette ville. (Brie-Comte-Robert). Id.

☞ BRIE-COMTE-ROBERT. Ville de France, capitale de la Brie Françoise, avec bailliage, châtellenie & grenier à sel, à cinq lieues de Paris.

☞ BRIEF, EVE. adj. synonyme avec bref, court, qui est de peu de durée. Brevis. C’est une terme de pratique. Assigner à trois briefs jours. Faire bonne & brieve justice aux parties.

BRIEFS. s. m. pl. Terme de Commerce de mer, en usage dans toute la Bretagne. Il signifie la même chose que Brieux. Voyez ce mot.

☞ BRIEG. (On ne prononce point l’E.) Brega. Ville d’Allemagne, dans la Silésie, capitale d’une Duché du même nom, sur l’Order.

BRIENNE. Petite ville de France en Champagne, près de la rivière d’Aube. Breona.

☞ BRIENNOIS. (le) Petit pays de France, différent du Comté de Brienne, le long de la Loire, aux confins du Bourbonnois, dont Semur en Briennois est le lieu principal. Il tire son nom de Brienne lieu ruiné depuis long-temps.

☞ BRIENON. Ville de France en Champagne, dans le Senonnois, entre Joigny & St Florentin.

BRIEU. s. m. Nom d’homme. Briocus, Briomachus, Briomacles, ou Uriomaclus. S. Brieu, que quelques-uns font originaire de la Grande-Bretagne, vivoit au VIIe siécle. Chassé, dit-on, par les Saxons, il se réfugia sur les côtes de l’Armorique.

St Brieu, s. m. Ville épiscopale de Bretagne en France, qui a pris le nom de St Brieu son Patron, & en quelque sorte son fondateur ; car ce Saint étant mort dans un Monastère qu’il avoit bâti en cet endroit, entre Lexobie & Aleth, la réputation de sa sainteté & l’éclat de ses miracles y attirèrent tant de monde, qu’il s’y forma bientôt une ville. Briocum, fanum S. Brioci, Briocopolis. Voy Baillet au premier de Mai.

Ce mot vient du latin Briocus, dont d’abord retranchant l’u, comme en beaucoup d’autres, on a dit Briocs ou Briox, car x ou cs, sont la même chose. Ensuite on a dit Brieux comme on écrit encore souvent, puis pour adoucir la prononciation l’usage a changé l’x en s, Brieus : enfin il a retranché l’s, & l’on dit Brieu. Ceci montre que Briocus est le véritable nom latin, plutôt que Briomaclus ou Briomacles. D’Argentré, M. Fleuri & le P. Lobineau écrivent toujours Brieuc, comme sont aussi tous les anciens titres.

BRIÉVEMENT, adv. D’une manière courte, succinctement. Breviter. Cet Auteur a écrit trop briévement ; cela fait qu’il est obscur.

BRIÉVETÉ. s. f. Le peu de durée d’une chose. Voy. Bref. Brevitas. La briéveté d’un discours. La briéveté de la vie. La briéveté d’un délai. nos meilleurs Ecrivains disent toujours briéveté, à la réserve de Messieurs de Port-Royal, qui écrivent la breveté & l’instabilité de la vie. Ce discours n’a point cette bréveté vive & animée si nécessaire. Je ne suis pas de leur avis : mais à cause de leur autorité, je n’ose dire que breveté & brévement, soit une faute. Ménage. M. l’Abbé Fleury imite les Ecrivains de Port-Royal. La bréveté du Canon, dit-il, en parlant de la Liturgie Gallicane, Hist. Eccl. L. XXXVI, p. 214 ; mais ce n’est pas l’usage. La langue françoise a trouvé le secret de joindre la briéveté, non-seulement avec la clarté, mais encore avec la pureté & la politesse. Il n’y a peut-être rien qui soit moins à son goût que le style asiatique : & rien ne lui est plus naturel qu’une briéveté raisonnable. Ceux qui écrivent le mieux, ont un style également serré & poli. Ils joignent la pureté de César, & la fermeté de Tacite. Leurs paroles tiennent quelque chose de celles des oracles ; sans en avoir l’obscurité, ni l’embarras, elles en ont la briéveté & la force. Bouh. Il y a une briéveté qui vient de la sécheresse de l’esprit, ou du peu d’étendue du génie : on ne loue point celle-là. Il faut une briéveté qui vienne de la réflexion & du jugement. Val. La briéveté contribue à l’obscurité, selon le mot d’Horace ; je veux être court, je deviens obscur. Bouh. La briéveté est bien voisine de l’obscurité. Dac. Il y a pourtant une briéveté louable, qui consiste à employer toutes les paroles qu’il faut, & à n’employer que celles qu’il faut, ou même à se servir quelquefois d’un mot qui vaille plusieurs autres. C’est la briéveté que Quintillien trouve si belle dans Saluste ; mais, comme remarque Quintillien au même endroit, dès qu’on imite mal ses manières de penser & de parler, on devient obscur. Bouh. Si nous l’emportons sur nos ancêtres par le choix des mots, par la clarté, & par la briéveté du discours, c’est une question encore indécise. La Bruy. La briéveté est l’ame d’un conte, puisque sans cela, il faut nécessairement qu’il languisse. La Font.

Dans le grand art on dit par manière de proverbe, l’œuvre ne veut point de briéveté ; pour dire, qu’on ne doit point donner le feu trop violent, qu’il ne faut rien précipiter, qu’il faut seulement aider la nature par un feu ménagé à propos.

BRIEUX. Ce mot signifie sur les côtes de Bretagne, le congé ou passeport, la permission de naviger, que tous les vaisseaux doivent prendre des Gouverneurs ou des Juges de l’Amirauté, pour sortir d’un port. Facultas navigandi ; Diploma navigandi potestatem faciens. On dit, parler aux Hébreux ; pour dire, demander ce congé. C’est peut-être une mauvaise allusion au mot Hébreu, que l’on disoit autrefois pour Hébreu, que nous disons aujourd’hui.

BRIFABLE, adj. Qui est mangeable. Edulis, esculentus. Ce fromage est brifable. S. Amand. Ce mot n’est d’usage que dans le style familier & comique. Il vaut encore mieux le bannir de tout style. Il est trop bas.

BRIFAUT. s. Nom d’un chien de chasse.

Il s’enfuit dans son sort, met les chiens en défaut,
Sans même en excepter Brifaut. La Font.

L’autre fit cent tours inutiles,
Entra dans cent terriers, mit cent fois en défaut
Tous les confreres de Brifaut. Id.

BRIFER. v. a. Manger avidement. Vorare, avidè comedere. Les écoliers brifent tout ce qu’on leur donne. Il est populaire & trivial.

Quelques-uns dérivent ce mot a bis faucibus, comme si l’on mangeoit avec deux bouches.

BRIFÉ, ÉE, part.

BRIFEUR, EUSE, s. Celui ou celle qui brife. Vorax, helluo. Ce mot est populaire.

BRIFIER. s. m. Terme de Plomberie. C’est une bande de plomb qui fait partie des enfaîtemens des bâtimens couverts d’ardoise.

☞ BRIGADE. s. m. Troupe de gens de guerre d’ine même compagnie, sous un bas Officier qu’on nomme Brigadier.

☞ BRIGADE, se dit aussi de plusieurs bataillons ou escadrons d’une armée, commandés par un Officier-Général qu’on nomme aussi Brigadier. Une armée est ordinairement divisée en brigades de cavalerie, dont chacune est de dix ou douze escadrons, plus ou moins ; & d’infanterie, donc chacune est de cinq ou six bataillons. Ce régiment est de telle brigade, de la première, de la seconde, brigade. Agmen, caterva.

☞ BRIGADE, dans l’artillerie, est une certaine division de l’équipage & du train d’artillerie, composée ordinairement de dix pièces de canon & de toutes les munitions nécessaires à leur service. Chaque brigade a un Commissaire provincial, & plusieurs Commissaires ordinaires & extraordinaires, &c.

On dit aussi, brigade d’archer. Brigade des Gardes. Brigade du Guet à cheval.

Il se dit aussi par extension, de tous ceux qui vont par bandes soumis à un chef. Brigade de voleurs. Brigade de fauffauniers.

On dérive ce mot de brigand, ou de brigue, menée secrette. Du Cange le dérive de brigands, qui étoient une espèce de soldats. Voyez Brigand. Ainsi latro en latin ne signifioit d’abord qu’un soldat. Chorier, Hist. de Dauph. p. 93, prétend que brigade est un mot emprunté de la langue des Celtes, dans laquelle brig, ou briga, signifioit non-seulement une ville, mais encore une assemblée, une troupe d’hommes. On trouve dans la basse latinité brigata à peu près dans le même sens que brigade. Dans les Status de la ville de Nanci pour la course de bague, Act. Sanct. Maii, T. I, p. 396, E. Il est pris pour la Compagnie ou brigade que chaque quartier de la ville envoyoit à cette course.

Ce mot se dit aussi quelquefois dans le style badin & enjoué, & signifie plusieurs personnes assemblées pour quelque honnête plaisir. Turba, cohors.

Soit que sur le bord de la Seine
Notre brigade se promène,
Ou que nous demeurions chez nous,
A toute heure on parle de vous. Voit.

BRIGADIER. s. m. Officier qui commande une brigade de gens de guerre. Catervæ, agminis ductor. Brigadier d’armée, est celui qui commande une brigade de Cavalerie ou d’Infanterie dans l’armée. Cet Officier est considérable, & marche immédiatement après le Maréchal de Camp.

Brigadier des armées du Roi, d’Infanterie, de Cavalerie, de Dragons.

BRIGAND. s. m. Voleur de grand chemin. Latro, grassator. Une troupe de brigands désole tout le pays.

Brigand, se dit aussi des Soldats mal disciplinés, qui ne font que piller & désoler les pays où ils font des courses. Les armées des Arabes, des Tartares, ne sont que des armées de brigands. Ce mot s’est dit originairement d’une compagnie de Soldats que la ville de Paris arma & soudoya en 1356, pendant la détention du Roi Jean, prisonnier en Angleterre. Ils furent ainsi nommés, parce qu’ils étoient armés de brigandines, armes fort usitées alors ; ou parce qu’ils commirent beaucoup de désordres ; ensuite on appela de leur nom tous les voleurs de grand chemin. C’est ainsi qu’en latin latro, qui signifioit Soldat, signifia dans la suite un voleur, parce que les Soldats voloient & pilloient. D’autres croient que le mot brigand est venu de certains peuples d’Allemagne appelés brigantins, ou brigans, qui habitoient sur les rives du lac de Constance, & voloient publiquement amis & ennemis. Ménage croit que ce mot vient de brigans, peuples d’Hibernier, qui sous l’Empire Romain passèrent en Angleterre & la ravagèrent, dont il est parlé dans Tacite. D’autres croient que ce mot vient de Burgand, insigne voleur qui ravagea la Guienne du temps du Pape Nicolas I. Fauchet le dérive de brig, ou brug, vieux mot gaulois, qui signifie un pont, à cause qu’on y détrousse facilement les passans. Lipse le dérive du latin Brigantes, qui étoient des Soldats à pied. Borel le dérive de brugne, qui étoit une armure ancienne faite de lames de fer jointes, servant de cuirasse, dont les brigands étoient armés. Pasquier croit que brigand a été dit de brigade, qui signifie troupe, & que c’étoient des voleurs qui alloient en troupe. Le P. Daniel, dans son Hist. de Barbarie, L. III, C.. 4, croit que les Pirates de Barbarie n’ont eu pendant long-temps que des galères & des brigantins, & que c’est de-là qu’est venu le nom de brigand.

On le dit aussi par extension, de ceux qui font des exactions & des concussions. Ces petits Juges sont de vrais brigands.

BRIGANDEAU. s. m. Ce mot se trouve dans Pomey pour signifier un petit brigand. Latrunculus. Il n’est bon que dans le style familier. On devroit pendre tous ces brigandeaux.

BRIGANDAGE. s. m. Vol fait à main armée, à force ouverte. Il est opposé à filouterie & larcin. Latrocinium, grassatio. Les bandits d’Italie ne vivent que de brigandage.

Brigandage, se dit aussi dans un sens figuré des concussions & extorsions des particuliers ; comme quand on exige des droits qui ne sont pas dûs, quand on fait une injustice manifeste dans le jugement d’un procès ; quand un Marchand trompe ou rançonne quelqu’un, en lui vendant trop cher une marchandise dont il a besoin. Il y a bien de gens qui vivent de brigandages. Je voudrois qu’on établît un nouveau tribunal, où les usurpateurs des droits matrimoniaux fussent punis de leurs brigandages. Vill.

BRIGANDER. v. n. Voler sur les grands chemins. Latrocinari, grassari. Il n’est pas usité.

BRIGANDINE, ou Brigantine. s. m. Haubergeon, ou cotte de mailles, dont les Soldats & voleurs se servoient autrefois. Lorica, ferreus thorax.

☞ BRIGANDINE. s. f. Vieux mot. Il signifioit un bouclier à double écaille ou double chaîne d’annelets. Bilix, icis. Ch. Est. Dict.

BRIGANTIN. s. m. Autrement Armatomene, est un vaisseau de bas bord, qui va à voiles & rames, & qui est sans couverte. Myoparo. Il a jusqu’à dix ou douze rames de chaque côté, & un rameur à chaque rame. Les Corsaires s’en servent ordinairement pour aller en course, parce qu’il est léger, & que chaque matelot y est soldat. On l’a appelé dans la basse latinité brigentinus. Le Brigantin, appelé par les Latins Catascopium, est une invention des habitans des Îles de Diomédes, aujourd’hui de Trémiti. Géog. Bernard. Tafuri.

BRIGIDE. s. f. Nom de femme. Brigitta. Sainte Brigide est célèbre par ses révélations. On trouve aussi Brigitte & Birgite dans quelques Ecrivains, parce qu’en latin on dit Birgita & Brigitta ; mais quel que soit le vrai mot latin, l’usage en françois est pour Brigide, comme en italien Brigida. En quelques lieux on dit Britte, par corruption & par abbréviation.

Sainte Brigide, Ordre militaire institué en Suéde par sainte Brigide en 1366. Briciani Equites, Bricianorum Equitum Ordo. Voyez Bricien.

BRIGITTE. s. f. Voyez Brigide.

BRIGITTIN. s. m. Nom de Religieux. Brigittinus. Cet Ordre fut fondé par sainte Brigide l’an 1344. Il a été appelé l’Ordre du Sauveur, parce que l’on prétend que J. C. a révélé la règle de cet Ordre. Communément on appelle ces Religieux Brigittins ou Birgittins. En françois comme on dit ordinairement Brigide, & non pas Birgitte, il faut dire Brigittins plutôt que Birgittins, comme disent le P. Hélyot & d’autres, ou même Birgittains. Cet Ordre commença par le Monastère de Wastein dans le Diocèse de Lincopen. La Sainte le bâtit, à ce que l’on croit, l’an 1344. Les Briguittins ont la règle de S. Augustin, & les Constitutions que sainte Brigide leur a données, & qui ont été approuvées par Urbain V, Urbain VI, Jean XXII, & Grégoire XV. Chaque Monastère doit être double, l’un de Religieux, & l’autre de Religieuses, qu’on appelle Brigittines, ou Brirgittines. Il y en a cependant en Flandres six d’hommes seuls, & six de seules filles. Clément VIII, fit quelques changemens à leurs Constitutions en 1603. Grégoire XV, y changea aussi en 1622, quelques articles qui ne convenoient qu’aux Monastères doubles. Il paroît pas le titre de ces nouvelles Constitutions imprimées à Douay en 1635, que ces Brigittins qui demeurent dans des Monastères simples, ont pris le nom de Birgittins Novissimes de l’Ordre du Sauveur, vulgairement dit de sainte Brigide, apparemment pour se distinguer de ceux qui demeurent dans des Couvens doubles. Voyez le P. Hél. T. IV, Chap. 4.

Les Brigittins ont été introduites en Espagne par M. Marine d’Escobar, qui fit des Constitutions nouvelles, pour mitiger celles de sainte Brigide. Ces Religieuses s’appellent en Espagne, Religieuses de sainte Birgitte de la Récollection. Elisabeth de France, femme de Philippe IV, Roi d’Espagne, leur bâtit & leur fonda leur premier Monastère à Valladolid.

M. Hermaest & Schoonebeck prétendent qu’il y aussi des Chevaliers de sainte Brigide ; mais le P. Hélyot soûtient que ces Ordre est supposé. Voyez T, IV, Chap. 6.

BRIGITTINE. s. f. Nom de Religieuse. Monialis Birgittina. Il y a eu en Irlande des Religieuses Birgittines, ou Religieuses de sainte Birgitte, ou Brigitte, instituées par cette sainte Vierge Irlandoise, qui vivoit au cinquième siècle. P. Hélyot. T. II, C.4’ 21.

☞ BRIGNAIS, ou BRINIAIS. Petite ville de France, dans le Lyonnois, sur le Garon. Prisciniacum.

BRIGNOLE. s. f. Espèce de prince excellente qu’on séche, & qu’on envoie à Paris de la ville de Brignole en Provence. Brinolium. On ôte la peau & le noyau, & après les avoir fait sécher, on les met dans de petites caisses, qu’on envoie par toute l’Europe. Elles ont une chair assez ferme, & sont de couleur un peu rouge tirant sur le jaune, & d’un goût fort agréable. M. Ménage soutient qu’il faut dire brugnole, & qu’on le dit à Paris. La Quintinie le dit toujours : mais la Quintinie dit mal. On dit brignoles du nom de la ville d’où on les tire.

☞ BRIGNOLE, ou Brignoles. Ville de France en Provence, dans une plaine fertile, & qui produit ces excellentes prunes, qui en ont emprunté le nom de brignoles, que l’on transporte jusque dans le levant. Brinonia & Brinnona.

☞ BRIGNON. Ville de France, en Champagne, dans le Senonois, entre Joigny & S. Florentin, sur l’Armançon.

BRIGNON. Voyez Brugnon.

BRIGUE. s. f. Désir ambitieux pour obtenir quelque charge ou dignité, où l’on tâche de parvenir plus par adresse que par mérite. ☞ Poursuite vive, par la moyen de quelques personnes qu’on engage dans ses intérêts. Faire une brigue. Obtenir quelque chose par ’brigue, à force de brigues. Ambitus. Les brigues commencent à s’échauffer. Vaug. Les brigues qu’on faisoit n’éclatoient pas encore. La Roch. Les brigues des Ecclésiastiques sont sévèrement défendues par les Canons. Il ne s’emploie guère que dans un sens odieux.

☞ Les brigues chez les Romains étoient les démarches que faisoient, pour se faire élire, ceux qui aspiroient aux charges de la République. On les nommoit Candidats à cause de la robe blanche qu’ils étoient obligés de porter pendant les deux années qu’ils postuloient ces charges. Ils alloient par toute la ville, cherchant du crédit, des amis & de l’autorité parmi les grands, & quêtant les suffrages du peuple dans les places & dans les assemblées publiques. De-là le mot ambitus, composé de l’ancienne proposition am, qui signifioiet autour, & de ire, aller, & qui signifie proprement l’action par laquelle on environne une personne, pour avoir son suffrage dans les élections, étant toujours autour de lui, le caressant, le flattant pour cela. Voyez Candidats.

☞ Les Romains faisoient un crime à ceux qui briguoient les charges par des voies illicites, par des largesses extraordinaires, par des menaces, ou à force ouverte. On fit plusieurs loix pour empêcher ces abus, ou pour punir ceux qu’on en pouvoit convaincre. Mais les choses allerent si loin dans la corruption de la République, qu’on avertissoit publiquement les tribus des sommes d’argent qu’on leur promettoit pour avoir leurs suffrages ; & cela, dit Cicéron, s’appeloit pronunciare in tribus. Ils se servoient pour cela de trois sortes de personnes qu’ils appeloient interprètes, des entremetteurs qui aidoient à faire le marche, per quos pactio inducebatur ; sequestres, les dépositaires, entre les mains desquels on consignoit l’argent dont on étoit convenu ; & enfin Divisores, les distributeurs qui avoient soin de partager l’argent dans la tribu à chaque particulier.

La brigue a coûté pour une seule tribu jusqu’à 80729 liv. Or il y en avoit 35, qu’on juge par-là des sommes énormes que coutoient les charges à Rome, où elles n’étoient pas vénales.

Du Cange dérive de mot de briga, qu’on a dit dans la basse latinité pour signifier, noise, querelle, contestation, qui arrive souvent où il y a de la brigue : d’où on fait aussi le vieux mot de bricon, qui signifioit querelleur & impudent. Quelques-uns le dérivent de precari, parce qu’en effet la brigue se fait par des prières.

Brigue, se dit aussi de la cabale qui est intéressée à soutenir plutôt un parti que l’autre. La brigue d’un tel a prévalu sur l’autre. Combien y a-t-il de Prédicateurs qui ne doivent leur réputation qu’à la brigue & à la cabale ? S. Evr.

Pour me faire admirer je ne fais point de ligue,
J’ai peu de voix pour moi, mais je les ai sans brigue.

Corn.


N’allons point à l’honneur par de honteuses brigues.

Boil.


Un Prélat par la brigue aux honneurs parvenu,
Ne fait plus qu’abuser d’un ample revenur. Id

☞ BRIGUEIL. Petite ville de France, dans la Basse-Marche, aux confins du Poitou & de l’Angoumois, à sept lieues de Limoges.

BRIGUER. v. a. Tâcher d’obtenir quelque chose par brigue, par cabale. Ambire, prensare. Quand on peut prouver qu’on a brigué les voix, les suffrages d’une compagnie, l’élection est nulle. A Rome dans les derniers temps on briguoit les charges assez ouvertement : on gagnoit les suffrages par des présens, qui étoient plutôt des corruptions que des libéralités. On rapporte là-dessus un mot célèbre de Crassus, briguant le Consulat, & n’osant flater, ni caresser le peuple devant Scévola, avec lequel il marchoit dans les rues de Rome, il le quitta brusquement : vous m’empêcher, lui dit-il, d’obtenir le Consulat, car je n’ose faire des sottises en votre présence. Voyez Brigue & Candidat.

Briguer, signifie quelquefois rechercher une chose avec ardeur, avec empressement ; & alors il se prend en bonne part pour désigner les voies légitimes d’obtenir quelque chose. Il brigue les bonnes graces de son Prince.

Briguer, avec un infinitif ensuite, est mal. Il lui faut un nom pour régime.

Quoi donc tant de Romain, Tibérinus sons frere
Briguent de me venger, sans espoir de me plaire ?

Voltaire
.

Il falloit dire briguent la gloire, ou l’honneur de me venger.

BRIGUÉ, ÉE, part. Cette charge est bien briguée.

BRIGUEUR. s. m. Ce mot ne se dit guère seul. C’est celui qui brigue. Ambitiosus, petitor ambitiosus. C’est un brigueur à gages. Rien ne me choque ni ne m’afflige tant que ces brigueurs d’eloges. Balz.

☞ BRIHUEGA. Petite ville d’Espagne, dans la nouvelle Castille, entre Guadalaxara & Siguença.

BRILLANT, ANTE, adj. dans le sens propre & physique, terme relatif aux couleurs, se dit de tout ce qui jette de la lumière, ou qui en réfléchit : ce qui, par des couleurs claires, affecte vivement nos yeux. Fulgens, splendens. En ce mot & dans les suivans mouillez les deux ll. Le Soleil & les Astres sont brillans. Les pierreries vraies ou fausses sont brillantes. Des yeux vifs & brillans.

☞ Ce mot pris dans le sens figuré, & transporté par Métaphore aux pensées, au style, aux ouvrages d’esprit, paroît signifier ce qui par le tour & la délicatesse de l’expression affecte notre esprit avec une certaines vivacité. Vividus. Un esprit brilant. Une imagination brillante. Je ne voudroit pas commencer mon discours par une pensée brillante, il faut aller par degrés. Ch. de Mer. ☞ Par extension on a appliqué ce mot aux personnes & aux actions des grands hommes qui ont beaucoup d’éclat. Un Héros tout brillant de gloire. Splendidus, nobilis, illustris. Une action brillante, une valeur brillante. C’est un parti sage à la guerre, que de se tenir quelquefois sur la défensive, mais ce n’est pas le plus brillante. Il n’y a jamais eu de retraite plus brillante que celle du Prince de Condé devant Arras. La vie la plus brillante d’un homme du monde aboutit à la mort. Abb. de la Trap.

Si son cœur quelquefois à la gloire sensible,
Court du brillant honneur la carrière pénible. Vill.

L’Auteur de la Traduction de Bio & de Moschus a employé ce mot dans une sens assez singulier ; mais qui est reçu aujourd’hui :

Corydon a la voix plus nette & plus brillante ;
Philinte l’a plus douce, ainsi que plus touchante.

Brillant est aussi un substantif, & dans le sens propre il se prend comme synonyme avec éclat, lustre, au moins dans l’usage ordinaire. Alors il paroît signifier les couleurs claires par lesquelles les objets affectent nos yeux. Les perles orientales ont un certain brillant qui ne se trouve point dans les autres. Ce diamant a plus de brillant que l’autre. Dans cette acception, pris au figuré, il paroît exprimer dans les ouvrages d’esprit, la finesse du tour & la délicatesse de l’expression. Il y a du brillant dans ce Poëme, dans cette pièce d’éloquence. Lumen, fulgor. Il s’applique de même à la gloire, à la fortune. Les hommes vivent dans une sollicitude continuelle, courant avec empressement après les faux brillans d’une fortune imaginaire. Flech. Les Italiens courent après les brillans, & ce qu’ils appellent vivezze d’ingegno. Bouh.

Laisson à l’Italie
De tous les faux brillans l’éclatante folie. Boil.

☞ L’éclat, dit m. l’Abbé Girard, enchérit sur le brillant, & celui-ci sur le lustre. Mais ces mots ne sont pas faits pour être le régime l’un de l’autre. On ne dit pas l’éclat du brillant, ni le brillant du lustre. Encore moins le lustre du brillant, & le brillant de l’éclat. Il faut opter pour l’un des trois, selon le goût ou la force de ce qu’on veut exprimer : ou si l’on veut les appliquer tous au même sujet, il faut que ce soit sans régime & par forme de gradation. Cette étoffe a du lustre, du brillant, & même de l’éclat.

☞ Les couleurs vives ont plus d’éclat que les couleurs pâles. Les couleurs claires ont plus de brillant que les couleurs brunes. Les couleurs récentes ont plus de lustre que les couleurs usées.

☞ Il semble que l’éclat tienne du feu, le brillant de la lumière, & le lustre du poli.

☞ On ne se sert guere du mot de lustre que dans un sens littéral, pour ce qui tombe sous la vue. On emploie quelquefois celui d’éclat, & plus souvent encore celui du brillant dans le sens figuré pour le discours & les ouvrages d’esprit. Dans ce sens il paroît que c’est par la vérité, la force, & la nouveauté des pensées qu’un discours a de l’éclat ; qu’il a du brillant par le tour & la délicatesse de l’expression ; & que c’est par le choix des mots, la convenance des termes, & l’arrangement de la phrase qu’on donne du lustre à ce qu’on dit.

Brillant, signifie encore un diamant taillé à facettes par-dessus & par-dessous. Vous avez un fort beau brillant. On dit aussi dans le même sens à l’adjectif, un diamant brillant.

Brillant, en termes de manège, est une épithéte qu’on donne au cheval, lorsqu’il a belle apparence, qu’il a l’encolure relevée, qu’il a un beau mouvement, & qu’il mâche son mors de bonne grace. Egrgius, eximius.

BRILLANTER. v. act. Terme en usage, pour signifier, tailler des diamans à facettes, par-dessous comme par-dessus. Quelques néologues ont dit brillanter une pensée ; un esprit brillanté.

BRILLANTÉ, ÉE, part.

BRILLE (la) ville Maritime des Provinces-Unies des Pays-Bas, capitale de l’Isle de Voorn, à l’embouchure de la Meuse.

BRILLER. v. n. Jeter une lumière vive, étincelante. Fulgere. Le soleil, les étoiles brillent. Les crystaux bien taillés brillent fort aux flambeaux.

Briller, se dit aussi de ce qui a des couleurs claires & vives. L’écarlate brille plus que le gris. Les fleurs brillent dans cette paririe. La jeunesse en sa fleur brille sur son visage. Boil.

Briller, se dit figurément en choses spirituelles & morales. Cet homme brille dans les compagnies par son esprit. La première scène de cette tragédie, est celle qui brille le plus. La libéralité est la vertu qui fait briller davantage. C’est à mon gré un plus grand défaut de briller trop, que de briller trop peu. Bouh. Il y a certains défauts qui étant bien mis en œuvre brillent plus que la vertu même. Rochef. On voit des hommes qui brillent dans le mouvement & dans l’action, & que le repos obscurcit & anéantit. P. Bourd. Ceux qui veulent toujours briller, & se faire admirer des autres, s’en font rarement aimer. Balzac a dit d’un Conquérant ; La gloire qui lui en revient pése pour le moins autant qu’elle brille.

 ☞ Faut-il que sur le front d’un perfide adultère
Brille de la vertu le sacré caractère.

Par-tout de l’amitié brillent les avantages,
On en trouve par-tout d’éloquentes images, Vill.

Briller, terme de chasse, se dit des chiens qui quêtent dans une plaine, ☞ & qui battent beaucoup de Pays. Ce chien brille fort dans la plaine. Vestigare, indagare.

On a dit aussi briller, chasser aux oiseaux la nuit aux flambeaux, & l’on appeloit brilleux celui qui chassoit ainsi.

BRIMBALE. s. f. Quelques-uns disent brinque bale. Terme de Méchanique & de Marine. C’est le bâton, la barre, ou l’espèce de levier qui fait jouer la pompe.

BRIMBALER. v. a. Branler en deçà & en delà. Il se dit particulièrement des cloches qu’on sonne mal, en désordre. Ils ne font que brimbaler ces cloches jusqu’à l’importunité. Æs, campanum vehementius agere.

Ce mot est bas, & vient du bas-breton brimbalat, qui signifie Sonner.

BRIMBALÉ, ÉE, part.

BRIMBORION. s. m. Terme de mépris, qui sert à exprimer des curiosités légères ou de peu de valeur. Frivola. Il sert aussi de nom collectif, pour exprimer tous les petits meubles qui n’ont point de nom. Je ne vois que lait virginal, blancs d’œufs, & autres brimborions. Mol.

Brimborion, se dit aussi fort communément des papiers, des écrits, des ouvrages manuscrits, des Mémoires d’un Auteur de peu de consequence. Il n’est que du discours familier.

Pasquier dérive ce mot de breviarium, dont on a fait brebarium, pour lequel on a dit ensuite brimborion.

BRIMBOTER. v. a. & n. Parler entre ses dents, remuer les lèvres sans se faire entendre distinctement. Ne pas bien articuler. Apolog. pour Hérod. Chap. 39. art. 6. Ce mot est vieux & hors d’usage.

BRIMO. s. f. C’est un des noms de Proserpine, formé de βριμὼ, j’épouvante. Properce l’appelle ainsi. L. II, Eleg. 2, v. 11, ☞ les Anciens croyoient que les terreurs nocturnes venoient d’elle.

☞ BRIN. s. m. se dit proprement des menus jets des herbes, des joncs & de tout ce que les racines poussent. Brin d’ herbe, brin de froment. Coliculus, surculus. On le dit aussi des petits jets que les arbres & les arbustes poussent. Ramusculus, ramulus. Brin de romarin, de fagot. Il se dit encore de toute petite portion d’un corps foible & long, de ce qui est long & même de ce qui étant tortillé fait des cordons & des cordes. Stamen. Brin de paille, brin de soie, brin de cheveux. Les brins de vergettes sont faits de petits joncs. Les tresses de cheveux se font brin à brin. Philyra.

☞ On appelle, en termes d’eaux & forêts, brin un jet de bois plus considérable. Quand on coupe les taillis, on est obligé de laisser les brins les plus hauts & les plus droits, qui sont les souches au nombre de seize par chaque arpent, pour venir en haute fûtaie. Les meilleures planches se font de brin, c’est-à-dire, de troncs d’arbres qui ne sont point sciés ; mais seulement équarris. En ce sens on dit, qu’une pique est faite d’un beau brin de bois. Le plus haut du buisson où se tient l’oiseau s’appelle le brin en termes de chasse. M. Huet dit que ce mot vient de virga, d’où on a fait virge, vrige, vringe, bringe, bring, & enfin brin.

On appelle, en termes de Charpenterie, pan de bois à brin de fougère, une disposition de petits potelets assemblés diagonalement à tenons & à mortoises dans les intervalles de plusieurs pôteaux à plomb ; & ce nom lui est donné à cause de la ressemblance qu’elle a avec des branches de fougère dont le brin fait cet effet. ☞ On dit encore bois de brin, solive de brin quand la piece est prise dans le montant de l’arbre & non dans ses branches.

Brin, est aussi un terme de jardinier. Quand les Jardiniers parlent d’arbres fruitiers, il disent, il faut choisir un arbre d’un beau brin, c’est-à-dire, droit & assez gros, d’une belle venue.

On appelle brin de plume, en termes de Plumacier, une plume d’Autruche. Il a un beau brin de plume à son chapeau.

Brin d’estoc. Grand bâton en forme de petite pique ferrée par les deux bouts, qui sert à sauter les canaux en Flandre. Baculus ferro utrinque præfixus.

Ce mot vient du flamand springstok, qui veut dire la même chose, composé de stok, baton, & de springen, sauter. Men.

☞ On appelle aussi brin d’estoc, un long bâton ferré par les deux bouts, dont on se sert pour se battre ou se défendre.

Brin. On nomme ainsi dans le commerce de chanvre, & en termes de fabrique de toile, le chanvre le plus long & le meilleur ; c’est-à-dire, celui qu’on tire de la principale tige de la plante.

On appelle ainsi les filamens du chanvre, sur-tout quand ils ont été affinés & peignés ; les filamens les plus longs qui restent dans les mains des Peigneurs, s’appellent le premier brin. On retire du chanvre qui est resté dans le peigne, des filamens plus courts, qu’on appelle le second brin ; le reste est l’étoupe. Art de la Corderie perfectionnée.

Brin. Espèce de toiles de chanvre qui se fabriquent en Champagne. C’est à Troies & aux environs que se fabriquent quantité de toiles mi-blanches, qu’on appelle aussi toiles boulvardées.

Brin de bois. Terme de Marchand de bois carré, & de Charpentier, dont ils se servent pour distinguer le bois de brin d’avec le bois de sciage. Ils appellent bois de brin, les pièces dont on a seulement ôté l’aubier pour les équarrir, & dans lesquelles se trouve en entier le cœur du bois, en quoi consiste sa principale force.

Brin, chez les Eventaillistes. C’est une de ces petites fleches qui soutiennent le papier d’un éventail, & qui se réunissent par leur extrémité à un centre où elles sont attachées avec un clou. Maître brin sont les deux montans auxquels sont collées les deux extrémités du papier, & entre lesquels les fleches sont resserrées.

Brin, sert quelquefois à faire une négation. Il n’y a pas céans un brin de fagot, un brin de paille. Il n’y a pas un brin de provisions dans cette maison.

Etant certain que si bien tu limites
De ton Sauveur la vraie intention,
Tu n’y auras brin de présomption. Marot.

On dit figurément & dans le discours familier, en parlant d’un jeune homme grand & bien-fait, que c’est un beau brin d’homme ; & d’une fille ou d’une femme grande & bien-faite, que c’est un beau brin de fille, ou un beau brin de femme.

Enfin, le peuple le dit en toutes sortes de matières, pour signifier une petite quantité de quelque chose que ce soit. Un petit brin de temps ; pour un peu de temps. Donnez-moi un petit brin d’eau, un petit brin de pain, &c. ou donnez-moi de l’eau un petit brin, du pain un petit brin ; c’est-à-dire, un peu d’eau, un peu de pain. Viens ici un petit brin. Chauffons-nous un petit brin. Il n’est resté ici qu’un petit brin. Je ne l’ai vû, ne lui ai parlé qu’un petit brin. Tout cela signifie un peu de temps, très-peu de temps, un moment. Si nous mettons ceci, c’est afin qu’on sache ce que cela signifie, & non afin qu’on l’imite ; car ces manières de parler sont très-mauvaises. Voici pourtant deux exemples tirés des Lettres de Madame de Sévigné. Il y a dans tout ce qui vient de vous autres, un petit brin d’impétuosité qui est la vraie marque de l’ouvrière. Mandez-moi des nouvelles de votre santé, un demi-brin de vos sentimens, pour voir seulement si vous êtes contente. Me de Sév. On passe cela dans le discours familier.

Brin-a-brin, adv. Un brin après l’autre. Arracher brin à brin.

BRINDE. s. f. Terme de Buveurs, qui se dit de l’invitation qu’on fait à un autre de faire raison d’une santé qu’on lui porte. Propino. Les Allemands font des brindes continuelles. Ce mot est venu des Flamands, qui disent ik breng’ tu, quand ils portent une santé, qui veut dire, je vous la porte. Ménage. Ce mot est vieux & se dit rarement.

Brinde, se dit dans le langage populaire, d’une petite jument, au moins en quelques Provinces. Equa. Manna, mannula. Mém. manusc.

BRINDES. Ville du Royaume de Naples dans la terre d’Otrante. Brundusium, ou Brundisium. Les Italiens l’appellent Brindisi. Brindes est sur le golfe de Venise, & son port est un des plus grands, des plus beaux & des plus assûrés de l’Italie. M. d’Ablancourt, dans sa traduction de la guerre civile de César, dit toujours Brunduze. Comme Pompée eut appris ce qui s’étoit passé à Corfinium, il alla de Nocère à Canouse, & de-là à Branduze, où il donna rendez-vous à toutes ses troupes. D’Ablanc. Magius fut pris comme il alloit à Brunduze. Id. On ne sait au juste quand l’Evêché ni l’Archevêché de Brindes ont été érigés. Les actes de S. Leucius disent qu’il convertit la ville de Brindes sous Commode, & qu’il en fut le premier Evêque ; mais il y a tant de faux dans ces actes, qu’on n’y peut ajouter foi. Il n’y a point eu d’Archevêché avant le XIe siècle.

Justin, L, X. dit que Brindes fut bâti par les Etoliens, qui suivirent Dioméde ; Strabon, par les Candiots venus avec Thésée & Gnosus, auquel Phalasite chef des Tarentins l’ôta depuis.

Quelques-uns l’appellent en grec, Βρεντέσιον, & d’autres Βρεντήσιεν. Ces mots viennent de βρέντη, qui en langue de Créte signifioit Cerf, & veulent dire tête de Cerf. Festus dit que quelques Poëtes l’ont appelée Brendam brevitatis causâ ; & Vigenère remarque que cette ville représente le col & la tête qui s’étend d’un détroit. Probablement que cette langue de terre fut d’abord nommée Βρεντέσιον, tête de cerf, & que la ville qu’on y bâtit prit ce nom. Voyez Vigenère sur Tite-Live, T. I, p. 1757, & le P. Cantel. Urb. Hist. III, Diss. IV, C, 5.

Quoique Brindes soit le véritable mot françois, & Brindisi l’italien, cependant on dit aussi Brindisi en françois. Nos gazettes s’en servent, aussi bien que Du Moulin, dans ses Conquêtes des Normands, & Du Ryer, qui dit Brindes, Brindisi & Brundisi. Il ne faut pas se servir de ce dernier, qui ne se trouve que dans cet Auteur.

BRINDONES, Garciæ. C’est un fruit des Indes Orientales, rougeâtre en dehors, & rouge comme du sang en dedans, d’un goût fort aigre. Il prend une couleur fort noire en mûrissant, & demeure rouge en dedans. Les Indiens en mangent, & les Teinturiers s’en servent. Ce fruit est astringent.

BRINGE. s. f. BRINGER. v. act. En Normandie on dit des Bringes, pour dire, des vergettes ; & bringer, pour dire, nettoyer avec des vergettes. On dit aussi Bringes, pour dire, des verges, & bringuer, pour dire, fouetter avec des verges. M. Huet.

BRINGUE. s. f. Terme de Manège. Petit cheval d’une vilaine figure.

☞ BRINN, ou Brin. Ville du Royaume de Bohême, capitale de la Moravie, sur la Swarte, nommée Bruno par les habitans.

BRINQUE-BALE. Voyez Brimbale.

BRIOCHE. s. f. Pâtisserie délicate qu’on fait avec de la farine très-déliée, du beurre & des œufs. Libum. On envoie des brioches à ses amis, quand on a rendu le pain béni, au lieu des parts du chanteau, ou du couson qu’on envoyoit autrefois.

BRIOINE. s. f. Plante qu’on appelle autrement couleuvrée. Voyez Couleuvrée.

BRIOIS. s. m. Qui est de la province de Brie. Quelques-uns disent Briard. Davitu, p. 60 des Etats & Empire du Monde, in-fol. Paris, 1627, parle ainsi des Champenois & des Briois. Bien que leurs voisins, dit-il, les blâment d’être trop arrêtés en leur opinions, & qu’on les appelle têtus, toutefois cette imperfection est couverte par un nombre infini de vertus qui les rendent louables, pour ce que la raison leur fait donner cette chaleur naturelle, d’où procéde ce vice qu’on leur impose. Ils sont accostables, prompts à faire plaisir, craignans Dieu, & point sujets à se coëffer aisément de nouvelles opinions.

BRIOLETS. s. m. Mot gascon ; pour dire, Amans. Merc. Juin 1731.

☞ BRION. s. m. Mousse qui croît sur l’écorce des arbres, & particulièrement sur celle des chènes. Acad. Fr.

Brion. s. m. Terme de Marine. C’est l’alonge, ou la dernière partie de l’étrave, qui vient jusqu’à la hauteur de l’éperon. On l’appelle autrement ringueau.

Brion, en Anjou, est à 17° 6’ 33” de longitude, & à 470 26’ 25” de latitude. Picard.

Brion. (L’Île de) Petite Île de l’Amérique septentrionale, près de celle du Cap-Breton & de la Magdeleine. Denis. L. I, C. 8.

BRIONE. Bourg de France, en Normandie, dans le Roumois, sur la Rîle, avec titre de Comté. Brionium. Voyez la Descript. Géog. & Hist. de la Haute-Norm. T. II, p. 275.

☞ BRIONES. Petite ville d’Espagne, dans la Vieille-Castille, sur l’Ebre.

BRIOTTE. s. f. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, dont les grandes feuilles sont blanches, mêlées d’incarnadin, sa peluche est toute incarnadine.

BRIOUDE. Ville de France dans la Basse-Auvergne. Brivas, Brivatum, ou Brivatensis pagus. Guillaume I, Duc de Guienne & Comte de Provence, surnommé le Pieux, institua à Brioude 20 Chevaliers pour faire la guerre aux Normands, & ces Chevaliers furent depuis changés en Chanoines. C’est le premier lieu où l’on remarque qu’on ait ordonné une compagnie de Chevaliers pour la défense & l’exaltation de la religion chrétienne. Corn.

Les Comtes de Brioude sont les Chanoines de cette ville qui portent le titre de Comtes, comme ceux de Lyon. Les Chanoines de Brioude font preuve de Noblesse. M. N. Manusc.

BRIQUE. s. f. Terre aigilleuse & rougeâtre, pètrie, & moulée, puis séchée au soleil, ou cuite au four, qui sert à bâtir. Later. La brique entière sert à faire des paremens aux murs de cloison. La demi-brique qu’on appelle de chantignole, ou d’échantillon, n’a qu’un pouce d’épaisseur sur la même grandeur que la brique entière. Elle sert à paver & à élever des tuyaux de cheminée. On appelle briques de liaison, celles qui sont posées sur le plat, enliées de leur moitié les unes avec les autres, & maçonnées avec du plâtre, ou du mortier. Briques de champ, celles qui sont posées sur le côté pour servir de pavé. Briques en épi, celle qui sont posées diagonalement sur le côté en manière de point de Venise. On bâtit de brique aux lieux où il n’y a point de carrières de pierre.

La brique est d’un usage fort ancien. La tour de Babel en fut bâtie, quelque temps après le déluge ; & comme l’Auteur sacré qui le raconte, Gen. C. XI, n’en parle point comme d’une invention nouvelle, mais déjà connue ; on peut croire qu’elle l’avoir été avant même le déluge. Les restes qui se voient de la tour de Babel sont de briques. Sous les Rois de Rome l’on se servoit de pierres carrées & massives. Les Toscans avoient appris aux Romains cette manière de construire. Dans les derniers temps de la République on commença à employer la brique. Cet usage venoit des Grecs. Les édifices les plus considérables que les Empereurs firent élever sont de briques, & ont été les plus durables ; comme le Pantheon. Du temps de Galien les bâtimens étoient composés d’un ordre de tuf, & d’un ordre de brique, alternativement. Après lui on négligea l’usage de la brique, & on reprit le caillou. En Orient on cuit les briques au soleil. Les Romains se servoient de briques crues qu’ils faisoient sécher pendant un long espace de temps, jusqu’à quatre ou cinq ans, & que l’on ne mettoit point au four. Perrault sur Vitruve. Les Grecs faisoient principalement de trois sortes de briques ; l’une qu’ils appeloient δίδωρον ; c’est-à-dire, de deux palmes ; l’autre τετραδώρον ; de quatre palmes ; & la troisième πεντάδωρον ; de cinq palmes. Ils en faisaient encore d’autres qui n’avoient de grandeur que la moitié de chacune de ces trois sortes, & les joignoient ensemble pour rendre leurs ouvrages plus solides & plus agréables à la vue ; par là diversité des grandeurs & des figures de ces différentes briques. Félibien.

Ménage dérive ce mot de brica, dont les Auteurs de la basse latinité se sont servis dans le même sens, qui a été fait de imbricare ; pour dire, couvrir de tuiles. D’autres le dérivent de fabrica, parce que c’est une pièce qu’on taille & qu’on fabrique.

L’huile de brique est une huile d’olive dont on empreint des briques ; & qu’on fait ensuite distiller. On fait rougir des morceaux de brique entre les charbons ardens, & on les éteint en les jetant dans une terrine remplie à demi d’huile d’olive. On les sépare ensuite, & ayant pulvérisé grossiérement la brique imbue d’huile ; on la met dans une cornue, qu’on place dans le fourneau de réverbère ; & par le moyen du feu, on en tire une huile que les Apothicaires appellent oleum de lateribus, & les Chymistes, huile des Philosophes. On s’en sert pour résoudre les tumeurs de la rate, pour la paralysie & pour l’asthme.

On appelle de l’étain en brique, une sorte d’étain qui vient d’Allemagne, en petits morceaux, ou lingots de huit à dix livres, qui ont la figure d’une brique.

Brique, se dit encore de certains pains, ou morceaux de savon sec & jaspé.

☞ BRICQUEBEC. Perite ville de France en Normandie, à trois ou quatre lieues de Cherbourg.

BRIQUET. s. m. Espèce de couplet où la charnière ne paroît pas, comme aux autres couplets, où elle forme un demi-cylindre des deux côtés.

Briquet. s. m. Fusil ou instrument, petite pièce d’acier dont on frappe un caillou, pour en tirer du feu : ce qui s’appelle battre le briquet.

Briquet. Terme de manufacture de tabac. Sorte de petit tabac dont le filage n’a guère plus de cinq lignes de diamètre.

BRIQUETAGE. s. m. Amas de briques, ouvrage de brique. Opus lateritium. Dans Marsal en Lorraine & aux environs, en fouillant à une certaine profondeur de terre, on trouve ce que l’on appelle communément Briquetage. D’Artezé. Ce qui forme ce briquetage est un assemblage de briques ou morceaux de terre cuite, rougeâtre ; comme sont les briques cuites au four. Tous ces morceaux de terre cuite n’ont pas été moulés, on leur a donné avec les mains telle figure qu’on a voulu ; les uns sont en cylindre, d’autres en espèce de cône, ou de parallélepipède, ou de quelque figure informe. On en voit plusieurs où l’empreinte de la main est parfaitement marquée ; on en remarque aussi quelques-uns dont la terre a été entortillée & pressée d’un brin de bois. Les plus gros morceaux de ce briquetage ont environ dix ou onze pouces de pourtour. Les autres morceaux d’une moindre grosseur, sont de toutes sortes de dimenfions, & il y en a qui sont très-petits. Tous ces morceaux, avec la cendre & les autres parcelles qui se trouvent dans les fours à briques, & jetés confusément sur les marais, sans mortier ni chaux, & sans aucune matière, forment un corps ou massif de briques que l’on a appelé briquetage, sur lequel est bâtie la ville de Marsal. Id. Ce briquetage est un ouvrage des Romains, mais on ne sauroit dire en quel temps il a été fait. Il s’étend au-delà de Marsal, dans la campagne. Voyez M. D’Artézé, Recherches sur le briquetage de Marsal.

Briquetage. Imitation de la brique, qui se fait avec du plâtre & de l’ocre rouge. Brique contrefaite. Tous les devans des maisons de Versailles sont de briquetage.

BRIQUETER. v. a. C’est contrefaire la brique sur le plâtre, avec une impression de couleur d’ocre rouge & y marquer les joints avec un crochet. Lateres imitari. Devant de maison briqueté.

BRIQUETÉ, ÉE, part. & adj. Qui est fait de brique, ou disposé en façon de brique. Lateritius.

Briqueté, ée. Terme de Médecine, qui se dit de l’urine qui prend une couleur de brique, de rouge sale. Rubeus, rubescens, latéritio colore, lateritius, a, um. Son urine étoit claire, & couloit en abondance durant tout l’accès, & elle devenoit trouble & briquetée après qu’il étoit cessé. Demours, Acad. d’Ed, I. p 333. Les hydropiques à qui les urines restent rouges, briquetées, & en petite quantité après la ponction, laissent peu d’espérance. Duverney, fils, Acad. des Sc. 1703. Mém. p. 179.

BRIQUETERIE. s. f. Lieu où l’on fait la brique. Figlina, Lateraria ; & l’art de la fabriquer, ars lateraria.

BRIQUETIER. s. m. Ouvrier qui fait ; ou qui vend de la brique. Figulus.

BRIS. s. m. Terme de Palais, Rupture faite avec violence ☞ d’une chose fermée, ou de ce qui en fait la clôture. Bris de scellé, bris de prison. Fractura. Le bris des prisons rend un accusé coupable, & sert de conviction. Par la disposition du Droit, ceux qui avoient brisé leur prison, étoient punis comme criminels. Mais en France la peine du bris de prison est arbitraire, & se règle par la qualité de l’évasion. De Lange. En ce cas on fait le procès à l’accusé par défaut & contumace. Voyez l’Ordonnance de 1670. Le bris de prison est un crime dans la personne même de celui qui se trouveroit avoir été emprisonné sans cause légitime, parce que la violence n’est point permise, & qu’il faut tenir sa liberté de la Justice. Les complices du bris de prison sont punis encore plus sévèrement que le prisonnier qui cherche à s’évader. La peine de ce crime est arbitraire, parce qu’il est toujours accompagné de circonstances qui le rendent plus ou moins grave. Il y a un article dans la dépense du compte des menus plaisirs du Roi, pour le bris qui se fait dans les voyages de la Cour.

☞ Le bris de scellé se poursuit extraordinairement.

Ce mot vient du grec βρίζω, impetum facio, ou du vieux mot brisare, qui se trouve dans quelques loix en la même signification.

Bris, se dit aussi des vaisseaux qui viennent échouer, ou se rompre sur les rochers ou les bancs qui sont sur les côtes. Quassatarum navium labefactatio, laceratio. C’étoit le droit de s’emparer des effets des malheureux que la tempête faisoit échouer sur les côtes. Lobin. Hist. de Brét. T. I, p. 203. Tous les effets d’un vaisseau brisé ou échoué sur les côtes, & le vaisseau même, étoient au Duc de Bretagne, & ceux qui sauvoient ces effets dévoient se contenter d’un salaire convenable, à moins qu’ils ne se fussent mis en mer pour cela ; car alors il leur étoit dû le tiers de ce que l’on sauvoit. Id. p. 848.

Le droit de bris des vaisseaux, qu’un titre de l’an 1155 appelle en latin laganum, appartient au Seigneur du lieu où se fait le bris : c’est le droit le plus injuste & le plus universel qui soit au monde. D’Argentré, Hist. de Brét. L. I, p. 102, dit qu’il y a lettres parmi les chartres, par lesquelles les Princes de Bretagne avoient droit de prendre ce droit jusqu’à la Rochelle & à Bourdeaux, & déclaration des Rois de France & d’Angleterre au profit des Ducs. Au Royaume d’Achem, & par toutes les Indes, le bris appartient au Roi. Les anciens Gaulois usoient de ce droit, parce au’ils réputoient tous les étrangers pour leurs ennemis, & en faisoient même de sanglans sacrifices à leurs Dieux. Les Romains abrogèrent cet usage : mais sur le déclin de l’Empire il fut rétabli à caufe de l’incursion des nations, & sur-tout des Normands qui ravageoient les rivages de la Gaule. Enfin les Ducs de Bretagne, du temps de S. Louis, & à sa sollicitation, changerent cette barbarie, & donnerent, moyennant quelque taxe, des brefs ou congés qu’ils obligeoient de prendre à tous ceux qui vouloient naviguer sur leurs côtes : & pour cela les Ducs tenoient des Bureaux, des Secrétaires, & des Receveurs à Bourdeaux, à la Rochelle & aux autres ports, comme témoignent d’Argentré, les Bénédictins dans la nouvelle Hist. de Bretagne, & Garcie de Ferrande en son Grand Routier. Voyez aussi ci-dessus au mot Bref.

Au Concile de Nantes tenu en 1127, le Duc de Bretagne, Conan III, surnommé le Gros, se dépouilla généreusement du droit de bris, priant les Peres de prononcer anathème contre ceux qui voudroient en user dans la suite. Les Evêques prononcerent avec joie cet anathème. Mais ce Concile travailla en vain à abroger cette barbare coutume. Les Seigneurs de Leon & de Penthévre écouterent plus leurs intérêts que les loix du Concile. Ils se firent un droit de cette barbarie, & l’appelèrent droit de bris ou de lagam. Guiomar de Léon disoit à ce propos qu’il avoit dans ses Etats une pierre plus précieuse, que toutes les pierres précieuses du monde, qui lui valoit tous les ans dix mille sous. Il entendoit parler d’un écueil fameux par les naufrages. Lobineau. Tom I, p. 202, 204. On appeloit aussi de droit Peçoi de mer. Id pag. 308. En 1430, le Duc de Bretagne se plaignit au Pape que l’Evêque de S. Malo prétendoit le droit de bris en sa ville. Lobin. T. I, p. 583. Il y a eu des Chapitres d’Eglises Cathédrales qui ont prétendu avoir le droit de bris. Il y a eu aussi des Abbayes qui ont prétendu ce droit de bris, & qui en jouissoient par la concession des princes. Id. p. 846.

En France, en Italie, en Espagne, en Angleterre & en Allemagne, le bris n’a plus lieu, si ce n’est à l’égard des pirates & des ennemis de l’Etat & de la Foi. L’Empereur Andronic fut le premier qui fit exécuter un Edit portant défenses de piller les vaisseaux échoués ou brisés : ce qu’on faisoit auparavant avec grand rigueur sur toutes les côtes de l’Empire, nonobstant les défenses des Princes précédens, comme témoigne Mireta Sénateur de Constantinople en son histoire. Chez les Auteurs ce droit s’appelle lagam, que Spelmannus dit être un mot saxon sui signifie jacere, ejectus, & qui est fort différent du droit de varech.

Bris, en termes de Blâson, se dit de ces longues happes de fer à queue patée, dont on se sert pour soutenir les portes sur leurs pivots, & pour les faire rouler sur leurs gonds. Quand on représente sur un ecu ces pivots sur lesquels se meuvent les portes ou fenêtres brisées, on les appelle bris d’huis.

Bris de marché, est le vol des marchandises que l’on porte au marché, ou le monopole, afin d’empêcher la bonne vente au marché, ou quand quelqu’un avec port d’armes empêche les Marchands d’aller au marché ou à la foire, ou bien quand on empêche le payement du péage.

BRISACH. Ville d’Allemagne dans le Brisgaw, Brisacum. Elle est sur le bord oriental du Rhin. Le neuf-Brisach est une ville très-forte, bâtie par le Roi de l’autre côté du Rhin. Brisach, qui avoit été cédé à la France par la paix de Munster en 1649, fut rendu à l’Empereur par celle de Riswich en 1697, & ensuite par celle d’Utrecht & de Rastadt.

BRISANS. s. m. pl. Terme de Marine. Rochez à fleur d’eau où se brisent les vaisseaux, ou sur lequel se viennent briser les flots de la mer. Scopulus. Ils sont représentés sur les cartes marines par de petites croisettes. On appelle aussi brisans, le rejaillissement des vagues que la violence des vents pousse avec impétuosité contre les rochers ou les côtes.

☞ BRISCA, BRISCHA ou Brexar. Petite ville du Royaume d’Alger dans la Province de Tenez.

BRISE, s. f. ou vent d’à bas. Favionus, ventus flans ab æquinoctiali occasu. Terme de Marine : c’est un vent d’aval qu’il faut attendre pour revenir des Îles de l’Amérique en Europe ; parce qu’on ne peut faie le trajet de la mer Atlantique vers l’Afrique en revenant, comme on fait en y allant, à cause du flux trop violent de la mer, qui va d’Orient en Occident par un mouvement contraire à celui de la terre ; & il faut quelquefois remonter avec ces brises jusqu’au 40e ou 50e degré.

On appelle brise carabinée, une brise forcée, ou un vent qui souffle avec grande violence.

On appelle aussi brises, de petits vents alisés qui viennent de terre sur le soir, & qui ne sont guère sensibles qu’aux bâtimens qui rangent la côte. Sur la rivière des Amazones, il se leve tous les jours certains vents Orientaux qu’on nomme brises, qui durent trois ou quatre heures, & qui repoussent les eaux contre mont.

Brise, terme de Charpenterie. Poutre posée en bascule sur la tête d’un gros pieu, sur lequel elle tourne, & qui sert à appuyer par le haut les aiguilles des pertuis.

BRISE-COU. s. m. Pas difficile, marche dans un escalier qui est plus haute ou plus étroite que les autres, qui donne occasion de tomber & se blesser, de se briser le cou. Locus lubricus, difficilis.

On appelle aussi un escalier étroit & obscur, un brise-cou, par la même raiosn. Les Baladins Italiens appellent aussi un saut dangereux, un rompicollo, aussi-bien que tels escaliers. Ce mot est du style familier.

Brise-cou. On appelle ainsi, en termes de Manège, un jeune homme hardi & de bonne volonté, à qui on fait monter les jeunes chevaux, pour les accoutumer à souffrir l’homme.

BRISE-GLACE. s. m. Rang de pieux posés devant une palée de pont du côté d’amont, pour briser les glaces & conserver la palée. Ces pieux sont de grandeur inégale, & recouverts d’un chapeau.

BRISE-IMAGE, s. m. & f. Nom de secte. C’est la même chose qu’Iconoclaste, & Iconomaque. Voyez ces mots en leur place.

BRISE-VENT. s. m. Nom que les Jardiniers donnent à une clôture en forme de petit mur, faite de paille, & soutenue par des pieux fichés en terre. Foricula straminea. Les brises-vents sont hauts de six ou sept pieds, & la longue paille ou les échalas dont ils sont composés, sont liés ensemble avec de l’osier, ou avec du fil de fer. Ces brises-vents servent à mettre les couches de melons à l’abri des vents froids. Voyez La Quint. Les Jardiniers qui n’ont pas de véritables murailles qui les défendent du nord, se servent avec succès de ces brises-vents.

BRISÉES. s. f. Terme de Chasse. Marques que laisse un Chasseur dans un chemin où a passé le gibier, qui sont ordinairement des branches d’arbres qu’il brise ou qu’il coupe, & qu’il ☞ seme dans son chemin pour reconnoître l’endroit où est la bête, & où on l’a détournée. Rami à venatore feram indagante sparsi. On dit, frapper aux brisées, quand le Veneur qui a fait son rapport va laisser courre.

Brisée, se dit aussi des branches qu’on coupe dans un taillis, ou à de grands arbres, pour marquer les bornes des coupes.

Brisées. s. f. pl. Route, chemin. Via.

Que des enfers sortiras les brisées,
Pour t’en aller aux beaux champs Elisées. Marot

On dit figurément, marcher sur les brisées de quelqu’un ; pour dire, suivre ses traces, imiter son exemple. Vestigia. On le dit aussi de ceux qui entreprennent le même dessin, qui écrivent sur le même sujet, quoiqu’ils le traitent diversement.

De quel front aujourd’hui vient-il sur nos brisées,
Se revêtir encor de nos phrases usées ? Boil.

On dit aussi, reprendre ses premières brisées, pour dire, recommence à vivre suivant ses premières manières, recommencer à écrire sur le même sujet à l’endroit où on l’avoit quitté, & dans le même style. Ad id unde facta digressio est reverti.

BRISEIS. s. f. Captive d’Achille, avoit été enlevée à la prise de Lyrnesse, ville alliée de Troye. Agamemnon, Roi de Mycènes, la fit enlever. Achille, outré de l’affront qu’on lui faisoit, jura de ne plus combattre pour la cause commune. En effet, il se tint dans sa tente près d’un an, quelque progrès qu’il vît faire aux Troyens, & quelques satisfactions que lui offrît Agamemnon ; & lorsque ce Prince lui renvoya sa captive, accompagnée de riches présens, il ne voulut point la reprendre.

BRISEMENT. s. m. Il se dit des flots qui se brisent contre un rocher, une digue, une côte. Fluctuum collisus, quassatio. Le brisement des flots fait beaucoup de bruit en cet endroit.

Brisement, se dit figurément, en matière de piété, & signifie pénitence, douleur, componction, contrition du cœur. Dolor vehemens.

L’humilité parfaite ne consiste pas seulement dans un abaissement de cœur, mais dans un entier brisement de cœur. Port-R. La Dame pénitente qui a fait les réflexions sur la miséricorde de Dieu, a dit aussi : Apprenez-moi par le trouble de mon esprit & le brisement de mon cœur, quelle doit être ma douleur d’avoir tant de fois offensé un Dieu si puissant & si bon.

BRISER. v. a. Mettre en pièces, rompre avec violence. Frangere, perfringere. Il n’y a rien que le canon ne brise. La meule du moulin brise le grain pour le moudre.

Ménage dérive ce mot de brix, mot celtique, qui singifie rupture, ou brèche ; ou du latin brisare, qu’on a dit pour presser & épreindre ; ou de brisa, qui signifie une grappe de raisin foulée.

Briser, signifie quelquefois, par extension, fatiguer, incommoder par une agitation trop rude. Brisé de fatigue & de lassitude. Ce cheval a un train rude qui m’a tout brisé.

Briser, est quelquefois neutre, en termes de marine, & signifie heurter avec violence. Le vaisseau alla briser contre un écueil ; la tempête le porta contre un écueil où il se brisa. On dit aussi que la mer brise, lorsque les flots viennent se rompre avec impétuosité sur des côtes, sur des rochers, sur des bancs de sable.

☞ Il est aussi réciproque, & signifie être mis en pièces. Ces vaisseaux se sont brisés sur nos côtes. Le verre se brise facilement.

☞ Se briser, se dit aussi des portes, des volets & de plusieurs autres ouvrages de fer ou de bois, qui sont composés de plusieurs pièces qui peuvent se plier, s’alonger ou se racourcir. Une table brisée. . Un bois de lit qui se brise. Des portes, des volets qui se brisent. Une équerre brisée, une règle brisée, qu’on plie par le moyen d’une charnière. Une aune brisée, qui se brise. Une forme brisée dont on se sert pour élargir les souliers trop étroits. On le dit aussi d’un canon de fusil coupé en deux, & qu’on assemble par le moyen d’une vis dans l’occasion. On l’appelle autrement couplet. Il est défendu de porter les armes à feu brisées par la crosse, ou par le canon, à cause de la chasse.

Briser, en termes de chasse, signifie rompre du bois pour marquer le lieu qu’on veut retrouver. Ramos spargere. Briser bas, c’est rompre des branches, & les jeter par où a passé la bête, que nous appelon sur les voies. Briser haut, c’est rompre les branches à demi à la hauteur de l’homme, & les laisser pendre au tronc de l’arbre. Salnove. ☞ La pointe des branches fait voir d’où vient la bête, & le gros bout indique où elle va.

Briser, se dit figurément en choses morales. Rumpere. Cet homme a brisé ses fers, pour dire, non-seulement qu’il s’est mis en liberté, qu’il s’est délivré d’une domination tyrannique ; mais encore qu’il s’est dégagé d’une passion amoureuse. Heureux celui qui brise les liens & les attaches qui l’engagent dans le monde, pour se donner tout à Dieu. Il doit briser toute la puissance des enfers. Pat. Les changemens sont toujours difficiles, quand les hommes ont pris de certains plis. Ce seroit les briser, que de vouloir les redresser sans prendre ses mesures de loin. Abb. de la Tr. La contrition, la douleur de ses péchés, lui a brisé le cœur.

Soupirs qui dans mon sein retenus par la crainte,
Souffrez depuis long-temps une injuste contrainte,
Brisez ce cœur perfide.

Briser, se dit absolument, quand on veut interrompre, ou faire taire quelqu’un qui dit des choses désagréables. Finem imponere, dicendi finem facere. Brisons-là, Monsieur, s’il vous plaît. Il est du style familier.

Briser, en termes de Blâson, signifie charger un écu de brisures, comme lambel, bordure, &c. pour distinguer les branches, & les cadets de leur aîné, auquel appartiennent les armes pleines. Frangere, segmento afficere, distinguere. On le dit encore des chevrons dont la pointe est déjointe.

On dit proverbialement, tant va la cruche à l’eau, qu’enfin elle se brise ; pour dire, qu’enfin, on périt dans les dangers où l’on s’expose souvent : ce qui se dit aussi des débauches qui usent les corps des hommes.

BRISÉ, ÉE, part. & adj.

BRISEUR. s. m. Qui brise. Ruptor. On ne le dit guère que des Iconoclastes. Briseurs d’images. Il y a des Officiers de gabelle qu’on appelle Briseurs de sel, tant sur le port que dans les greniers, pour briser le sel qui est trop sec, & le rendre propre à être chargé & mesuré, & pour faire le chemin aux Jurés Mesureurs & Porteurs. Ils sont obligés de fournir les pelles pour mettre le sel dans la trémie.

☞ BRISEUS, terme de mythologie. Surnom de Bachus. Voyez Brisis.

BRISGAW. s. m. Contrée du Cercle de Suabe en Allemagne. Brisigavia, Brisgoia, Brisgavi, ou Brisigavi.

☞ BRISIGUELA. Petite ville d’Italie, dans la Romagne, dans l’Etat de l’Eglise, sur la rivière de Lamone.

BRISIS. s. m. Terme d’Architecture. C’est ainsi qu’on nomme dans les mansardes, ou combles coupés, l’endroit où le toit est coupé & brisé, & où se fait la jonction du vrai comble avec le faux. La partie supérieure du toit, qui prend depuis cet endroit jusqu’au faîte, s’appelle aussi brisis.

Brisis. s. f. Nymphe qui fut la nourrice de Bacchus, appelé de-là, Briseus.

BRISOIR. s. m. Terme de chanvrier. C’est un instrument de bois quarré avec des dents, qui sert à briser le chanvre.

BRISQUE. s. f. Sorte de jeu de cartes qui se joue entre deux personnes, comme le piquet. Chaque joueur prend six cartes, & à toutes les cartes qu’on joue, chacun en prend une du restant. Les as valent onze, les dix dix, les rois quatre, les dames trois, les valets deux, & le reste ne se compte point. On peut renoncer à ce jeu tant que l’on veut, excepté à la fin, que toutes les cartes sont entre les mains des joueurs, à chacun six. Le dernier levé compte pour dix. Celui qui a le sept de triomphe, peut prendre la tourne. Le roi & la dame de triomphe valent quarante, & le roi & la dame des autres deux vingt, & c’est ce qui s’appelle mariage. Quand on a les quatre rois ou les quatre dames, on a gagné.

☞ BRISSAC-SUR-LAUBANCE. Petite ville de France, en Anjou, à quatre lieues d’Angers, avec titre de Duché, érigé par Louis XIII, en faveur de Charles de Cossé, Maréchal de France.

BRISSUS. s. m. Terme de Conchyliologie. Espèce du genre des oursins, qui n’a point d’ouverture sur le dos, & qui est toujours de figure ovale, avec des sillons crénelés & ponctués au sommet. On prétend que le spatagus & le brissus n’ont point de dents : ils ont une mâchoire pour prendre l’eau & le sable, & en dedans un seul intestin rempli d’eau qui leur tient lieu de chair & d’œufs.

BRISTOL, ou BRISTOW. Ville d’Angleterre, située sur la rivière d’Avon & sur celle de Froome. Bristolium. C’est une ville Episcopale, & le meilleur port d’Angleterre après Londres. L’Abbaye de S. Augustin de Bristol fut convertie en Evêché par Genri VIII en 1543. Larrey. Cette ville est à 14° 48′ 48″ de longitude, & à 51° 28′ 0″ de latitude. Street. Astron.

Les Anglois ont aussi donné le nom de Bristol à une ville de l’Amérique, dans la Barbade, une des Antilles. Ils l’appellent le petit Bristol.

Pierres de Bristol. Ce sont des pierres transparentes comme du crystal de roche. De Buffon. Cependant un Auteur Anglois dit : donner des pierres de Bristol pour des émeraudes. Ces pierres se tirent d’un roc près de la ville de Bristol, en Angleterre.

BRISURE. s. f. Terme de Blâson. C’est une altération de la simplicité & intégrité du blâson de l’écu, en y mettant quelques pièces, ou figures, pour les distinguer des armes pleines d’un aîné. Scuti gentilitii adjcititia sectio. Symbolicarum imaginum infractio, fractura scutaria. Le lambel est une brisure, une marque de puînés, & des descendans, aussi-bien que le bâton, la cotice, la bordure, & les pièces dont on les charge pour les varier. Il y a des doubles & triples brisures, expliquées par Favin, Geliot, Chasseneu & autres.

La brisure est introduite pour distinguer & pour rabaisser en quelque sorte les armes, tant des cadets que des bâtard, au regard de celles des aînés & des légitimes. Cette brisure se pratique pour des causes justes & nécessaires à l’état des familles ; elle se pratique, dis-je, par de menues pièces de blâson qui intéressent peu l’entière, pure & pleine figure, & la nature des armes. La brisure passe à toute la postérité, & ne cesse point, que le droit ouvert de succession n’ait rendu le plus proche & plus habile de la race capable du titre d’aînesse & des pleines armes. C’est ainsi que les familles d’Anjou, d’Orléans, de Bourbon, ont porté la brisure jusqu’à ce que leur rang de succession aux pleines armes & à la couronne les en ait déchargées. Monet. C’est ainsi que les maisons d’Orléans, de Condé & de Conti, portent aujourd’hui la brisure. La brisure & la chargeure n’ont aucune différence en leur figure ; la seule intention de l’Auteur du blâson nous sert à les distinguer. Monet.

Brisure, terme de fortification. Ligne de 4 à 5 toises qu’on donne à la courtine, & à l’orillon pour faire la tour creuse, ou pour couvrir le flanc.

Brisure, se dit aussi en plusieurs arts méchaniques, d’une forme que l’on donne à une ou plusieurs parties d’un tout, pour les séparer, les réunir, les racourcir, les étendre, les plier. Voyez Briser. Règle brisée, fusil brisé.

BRITANNICUS. s. m. Britannicus. Il ne faut jamais faire Britannique nom propre, il faut toujours dire alors Britannicus. Britannicus étoit fils de Claude & de Messaline. L’âge de Britannicus étoit si connu, qu’il ne m’a pas été permis de le représenter autrement que comme un jeune Prince qui avoit beaucoup de cœur, beaucoup d’amour & beaucoup de franchise ; qualités ordinaires d’un jeune homme. Racine. Dès que Britannicus eut commencé à boire, le poison saisit tellement tous ses membres, qu’il tomba par terre. Tillem.

Je sais que j’ai moi seule avancé leur ruine,
Que du thrône, où le sang l’a dû faire monter,
Britannicus par moi s’est vû précipiter. Rac.

Non, non, Britannicus est mort empoisonné,
Narcisse a fait le coup, vous l’avez ordonné. Id.

La pièce de Racine, d’où ces exemples sont tirés, s’appelle aussi Britannicus. Si j’ai fait quelque chose de solide, & qui mérite quelque louange, la plûpart des connoisseurs demeurent d’accord que c’est ce même Britannicus. Rac.

BRITANNIQUE. adj. qui est de la Grande-Bretagne, ou qui y appartient. Britannicus. L’Océan Britannique, c’est la Manche ou le Pas de Calais. Les Iles Britanniques sont la Grande-Bretagne, l’Irlande, les Sorlingues, les Orcades, & les autres qui sont autour de celle de la Grande-Bretagne.

Britannique, a été aussi dans l’antiquité un surnom de Minerve, parce qu’elle présidoit aux fontaines de la Bretagne, dit Solin, ch. 24. Ç’a été aussi le surnom de quelques Empereurs, qui avoient fait des expéditions dans la grande-Bretagne. Les Antiquaires avoient cru que Sévére n’avoit eu le surnom de Britannique que la dernière année de son empire ; mais M. Bately, Archidiacre de Cantorberi, a produit une médaille de cet Empereur, où ce surnom est joint à sa seconde puissance Tribunicienne. Voyez ses Antiquitates Rutupinæ. Caracalla a porté le surnom de Britannique. Une belle médaille de grand bronze du cabinet de M. de Boze a pour légende du côté de la tête. M. Avr. Antoninus Pius Aug. P. B. G. Max. C’est-à-dire, Persicus, Britannicus, Germanicus, Maximus, au revers Aeternum Beneficium… Un boisseau d’où il sort quelques épis de bled. C’est peut-être une médaille unique.

Britannique, ou Herbe Britannique. Sorte de plante qui avoit été fort célèbre jusque vers le milieu du VIIIe siècle, que les Goths & les Normands inondant la Frise, les sciences & les arts ayant été abolis, la connoissance de l’herbe Britannique se perdit aussi. Dioscoride, Pline, Galien, & d’autres, la font semblable au lapas sauvage, appelé par les Latins Rumex. Un Médecin de Groningue, nommé Munting, a fait un traité De vera antiquorum herba Britannicâ, où après avoir distingué vingt-sept sortes de lapas, il conclut que le lapas sauvage à longues feuilles noires qui naît dans les marécages, ou l’hydrolapas noir, est la véritable herbe Britannique des Anciens, & qu’ainsi on a mis mal-à-propos à sa place la Bistorte, la Tormentille, la Bétoine, la Cochlearia, le Plantin aquatique, &c.

Il prétend que ce nom vient des mots Frisons Brit, qui signifie consolider, affermir ; & Tan, qui veut dire dent, & de ica, ou hica, c’est-à-dire éjection ; de sorte que c’est à cause des effets qu’elle produit qu’elle a été appelée Britannica, c’est-à-dire, herbe des parties solides, principalement des dents, qu’elle a la vertu de consolider & affermir, aussi-bien que de remédier à la maigreur & flux de ventre, qui sont des symptômes assez ordinaires au scorbut, qu’elle guérit aussi.

BRITOMARTIS. s. f. Nom d’une fausse Divinité de l’Île de Créte. Britomartis, Britona. Britomartis étoit une Nymphe de Créte, fille de Jupiter & de Carmé. On lui attribue l’invention des rets, ou filets, dont les chasseurs se servoient autrefois pour prendre des bêtes ; & cette invention lui fit donner le nom de Dictynne, du mot grec δίκτυον & non pas δίκτυς, que les Auteurs du Moréri ont forgé. D’autres confondent Britomartis avec Diane, comme Hésychius, qui dit que Britomartis est la Diane de Créte, ou le nom de Diane dans l’Île de Créte. Solin est de même sentiment, ch. 17 ; mais le Scholiaste de Callimaque, sur l’hymne 3e, qui est à la louange de Diane, dit que Britomartis est une Nymphe, à cause de laquelle on honore Diane en Créte, sous le nom de Britomartis. Le Scholiaste d’Aristophane, dans les grenouilles, act. V, Sc. 2, l’appelle Bretimartis, & dit que s’étant un jour embarrassée dans les filets à la chasse, Diana l’en délivra, en mémoire de quoi Britomartis lui bâtit un temple sous le titre de Diane Dictyne. On dit qu’elle se précipita dans la mer pour éviter les poursuites du vieux Minos qui l’aimoit. Voyez Vossius, De