Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/061-070

Fascicules du tome 2
pages 51 à 60

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 61 à 70

pages 71 à 80


faire des choses extraordinaires. Ainsi Corneille a dit dans l’illusion comique,

Et pour gagner Paris il vendit par la plaine
Des brevets à chasser la fièvre & la migraine.

On les appelle en grec φυλακτήρια, en latin servatorium, amuletum.

BREVETAIRE. s. m. Terme de palais. Celui qui a obtenu un brevet du Roi, en matière bénéficiale, pour être pourvu du premier bénéfice qui viendra à vaquer. Regis diplomate munitus, instructus. Dans le concours d’un Indultaire & d’un Brevetaire de joyeux avénement, le grand Conseil donne la préférence à l’Indultaire, quoique sa réquisition soit postérieure à celle du Brevetaire. C’est ce qui a été jugé par plusieurs arrêts, dont il y en a un du 4 Mars 1717.

☞ BREVETER. Vieux v. a. dont Montaigne s’est servi pour abréger. Breviare. Aujourd’hui, breveter signifie accorder un brevet, donner le brevet d’un office, d’un emploi, d’une pension. Le Roi la brevete d’une pension.

BRÉVIAIRE. s. m. Office divin qu’on fait tous les jours à l’église, & que les Ecclésiastiques doivent dire chez eux, quand ils ne peuvent pas y assister. Breviarum. Le bréviaire de Rome se peut dire par-tout. Il y a des bréviaires particuliers pour chaque Diocèse, & pour chaque Ordre de Religieux. Comme avant le Concile de Trente le bréviaire n’étoit pas uniforme pour tous les Diocèses ; le Pape Pie V firt dresser un bréviaire pour l’usage universel de l’Eglise, intitulé Breviarium Reomanum ex decreto sacro-sancti Concilli Tridentini restitutum.

Le bréviaire est composé de Matines, Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres & Complies ; c’est-à-dire, de sept différentes heures, à cause de ce mot de David, Pseaume CXVIII. Septies in die laudemn dixi tibi. L’obligation de réciter l’Office que les Latins appellent bréviaire, & les Grecs l’horloge, peu-à-peu s’est réduite aux seuls Clercs & aux Bénéficiers, qui y sont obligés sous peine de péché mortel, & de restitution des fruits, à proportion de ce qu’ils en auront omis. Gos. Au XIVe siécle c’étoit un cas réservé aux Evêques que d’avoir été trois jours sans dire le bréviaire. Il y avoit des Evêques qui exigeoient des Prêtres qu’ils eussent dit non-seulement Matines, mais encore Prime, avant que de célébrer la Messe. Lobineau. Hist. de Bret. T. I, p. 847.

L’institution du bréviaire n’étant point ancienne, on y a inséré les vies des Saints telles qu’elles étoient alors, c’est-à-dire, pleines de faits qui ne sont point assez avérés. C’est pourquoi il a été nécessaire que les Papes & les Evêques les réformassent selon le décret du Concile de Trente. Les Papes Pie V, Clément VIII & Urbain VIII ont fait réformer le bréviaire Romain. Plusieurs Evêques de France ont aussi fait travailler à la réformation des bréviaires de leurs diocèses.

M. Joli, grand Chantre de Notre-Dame de Paris, dans une consultation touchant la réformation des Heures Canoniales, imprimée en 1644, prétend que l’obligation de réciter le bréviaire en particulier n’est appuyée que sur une coutume qui sert de loi, & qu’avant le Concile de Basle on n’avoit fait là-dessus aucune constitution. Il ajoute même que ce Concile n’enjoint pas expressément aux Ecclésiastiques de le réciter, mais qu’il enseigne seulement la manière de le réciter : Quæ constitutio non disertis verbis opus istud Ecclesiasticis injungit ; sed quomodo tractandum sit, exponit.

Il se fit dans le Concile de Latran tenu sous les Papes Jules II, & Léon X une constitution plus expresse, qui oblige les Ecclésiastiques jouissans de bénéfices, à réciter le bréviaire sous peine d’être privés des fruits de leurs bénéfices, & même d’être dépouillés de leurs bénéfices, si après avoir été avertis, ils ne se corrigent point. Mais quoique ce Concile de Latran porte le nom de Général, plusieurs doutent qu’il le soit, comme Bellarmin même l’a remarqué. On observera de plus, que ce Concile n’oblige point les Bénéficiers à réciter leur brévaire, lorsqu’ils ont des occupations légitimes qui les en empêchent, Legitimo impedimento cessante. M. Joly met au nombre de ces empêchemens légitimes l’étude de l’Ecriture-Sainte, ou de ce qui la regarde, par exemple, la prédication de la parole de Dieu, & plusieurs œuvres de charité qui sont commandées dans l’Evangile. Mais ce que dit M. Joli ne doit par faire croire qu’on puisse aisément se dispenser de dire le bréviaire, quand on y est obligé. Une coutume légitimement établie a force de loi, passe en loi ; ainsi, excepté dans les maladies, qui mettent dans l’impossibilité de réciter le bréviaire, ou qui en rendent la récitation très-difficile, l’obligation de le dire subsiste toujours, à moins qu’elle ne fût incompatible avec les devoirs d’une autre vertu d’un ordre supérieur. Par exemple, s’il s’agissoit d’assister une personne mourante, de lui administrer les Sacremens, de baptiser des enfans, ou des catéchumènes qui sont en danger de mort, &c. on doit préférer ces devoirs de charité à la récitation du Breviaire. Mais de croire que pour étudier simplement l’Ecriture Sainte, ou les choses qui y ont rapport, on puisse sans autre raison se dispenser de réciter le Bréviaire, c’est se tromper ; & si c’étoit là le sentiment de M. Joly, il faudroit le rejeter comme faux. On doit ajouter que l’obligation de réciter le Bréviaire est encore plus grande pour les Bénéficiers que pour les autres.

Dans un Concile tenu à Cologne en 1536, on parla fortement pour la réformation du Bréviaire, & l’on y représenta que les anciens Peres ne permettoient pas qu’on lût dans les Eglises autre chose que l’Ecriture Sainte : Hic multo jam ex tempore pio animo desideravimus repurgari Breviaria.

Le Cardinal Quignon, du titre de Sainte-Croix, avoit publié dès ce temps-là un nouveau Bréviaire Romain, d’où il avoit ôté presque tout ce qui lui paroissoit fabuleux, par l’ordre des Papes Clément VII & Paul III. Son dessein étoit, comme il le déclare lui-même dans une belle préface qui est à la tête de ce livre, qu’on lût principalement l’Ecriture Sainte pendant toute l’année, & le Pseautier entier chaque semaine. Il en retrancha le petit Office de la Vierge, les traits ou versets, les répons & plusieurs autres choses semblables que le chant a introduites dans l’Eglise. Il avoit eu égard en cela à l’instruction & à l’utilité de ceux qui récitent le Bréviaire en particulier. Il assure que les Histoires des Saints qu’il a laissées dans son Bréviaire' y sont rapportées d’une telle manière, qu’elles ne contiennent rien qui puisse choquer les personnes graves & savantes : Historiæ Sanctorunt sic conscriptæ sunt, ut nihil habeant quod graves & doctas aures offendat. Les Papes Jules III & Paul IV, auroriserent ce Bréviaire, dont il y a eu assez grand nombre d’éditions, principalement en France.

Il est vrai que cette réformation du Bréviaire Romain parut trop libre aux Docteurs de la Faculté de Théologie de Paris. Ils en firent l’an 1535, une critique en forme de censure, sous le titre de Notæ Censurariæ in Sacrum Quignonis Breviarium. Ils ne pouvoient souffrir une si grande nouveauté, parce que ce Bréviaire du Cardinal Quignon est très-différent de tous ceux qui avoient été publiés jusqu’alors. Mais nonobstant cette censure, il fut imprimé dans la suite plusieurs fois avec l’approbation des Docteurs de Sorbonne, & avec le privilège du Roi. Les Docteurs mêmes se servirent de l’autorité de ce Bréviaire en 1574, pour établir la Conception Immaculée de la Sainte Vierge contre Maldonat. Ce qui fait voir manifestement que ce Bréviaire, qui fut ensuite supprimé, étoit alors en usage, au moins parmi les Ecclésiastiques de France, qui le récitoient comme un véritable Bréviaire Romain. Il y en a au moins quatre éditions de Lyon.

Dans le Bréviaire Romain on récite le Dimanche à Matines, dix-huit Pseaumes en trois nocturnes douze au premier, & trois à chacun des deux autres. Les autres jours de la semaine, qu’on appelle féries, & aux fêtes simples, on en récite douze en un seul nocturne. Pour les fêtes, excepté celles qui sont simples, on en récite neuf ; mais aux fêtes de Pâque & de la Pentecôte, on n’en récite que trois. Apres les Pseaumes de chaque nocturne, on lit trois leçons, qui sont précédées de quelques versets, d’un Pater noster & d’une prière pour demander la bénédiction, & terminées par des répons, hors la dernière, après laquelle on dit le Te Deum les jours de fêtes & les Dimanches, qui ne tombent pas dans l’Avent ou dans le Carême. A Laudes, on dit toujours sept Pseaumes & un Cantique sous cinq antiennes, ou trois antiennes seulement dans le temps Pascal : dans ce même temps-là, on ne dit qu’une antienne pour chaque nocturne, quelque nombre de Pseaumes qu’il renferme. A Prime, les jours de fête & le Samedi, on ne récite que trois Pseaumes ; les Dimanches & les féries on en récite quatre, hormis dans le temps Pascal, où l’on n’en récite que trois. A Prime, on récite les Dimanches le symbole de S. Athanase après les Pseaumes. A Tierce, Sexte & Nons, on récite toujours trois Pseaumes, qui sont des parties du grand Pseaume 118, Beati immaculati. A Vêpres, on récite tous les jours cinq Pseaumes, & quatre à Complies. De plus, on récite un Pater, un Ave, un Credo, au commencement de Matines & de Prime & à la fin des Complies ; au commencement des autres heures, on récite seulement un Pater & un Ave, excepté au commencement de Complies que l’on dit une courte leçon, un Pater, le Confiteor, les versets Converte nos, &c. & Deus, in adjutorium, &c. A la fin des Laudes, des petites heures & des Vêpres, on dit toujours l’oraison propre de l’office que l’on fait ; on en ajoute quelques autres aux jours moins solennels, comme lorsque l’office n’est pas double. &c, A la fin des Laudes, on dit après les Pseaumes une leçon brève, une hymne, un verset, une antienne & le Cantique Benedictus ; on fait la même chose à Vêpres après les Pseaumes, excepté qu’au lieu du Cantique Benedictus, on dit le Cantique Magnificat. Après les Pseaumes de Complies, on dit une leçon brève, une hymne, quelques versets, une antienne, le Cantique Nunc dimittis & une oraison, devant laquelle on récite quelques prières les jours moins solennels, puis l’antienne de la Sainte Vierge avec son oraison. Au commencement des Matines après le Pater, l’Ave, le Credo & l’Invocation ordinaire, on dit le Pseaume Venite, exultemus alternativement par versets avec des antiennes. Enfin, l’on dit toujours à la fin des Pseaumes, le verset Gloria Patri, &c. excepté les trois derniers jours de la Semaine-Sainte, où l’office est un peu différent. On ne dit en ce temps-là que le Pater & l’Ave au commencement des heures, & de plus le Credo à Matines & à Prime, puis les Pseaumes sans antiennes, & sans le verset Gloria Patri, &c. on lit les leçons à Matines à l’ordinaire, sans demander la bénédiction : à la fin des heures, on dit un verset, une fois le Pater, le Pseaume 50e Miserere, & une oraison conforme aux mystères que l’Eglise célèbre. Le Samedi-Saint à Vêpres, on ne dit qu’un Pseaume, qui fait la communion de la Messe, puis l’oraison qui en fait la postcommunion. Ceux qui disent en particulier l’office, commencent les Vêpres par un Pater & un Ave à l’ordinaire. Le jour de l’Epiphanie, on ne dit point au commencement de Matines le. Pseaume Venite, exultemus, ni l’hymne, le Pseaume est rejeté au commencement du troisième nocturne. Le jour de la Toussaints, outre les Vèpres de la fête, on dit les Vêpres des Morts ; & le lendemain, outre les Matines & les Laudes du jour, on dit Matines & les Laudes de l’office des Morts. Telle est la disposition générale du Bréviaire Romain, qui servira à connoître la disposition des autres Bréviaires.

Ceux qui cherchent des raisons allégoriques de la disposition du bréviaire les trouveront dans Amaiarus Fortunatus, Honorius, Durand, &c. Ceux qui veulent savoir quels pseaumes l’on dit à chaque partie du bréviaire les trouveront marqués à la fin de la version en François, que le P. Lallemant a faite des pseaumes. Voyez le bréviaire Romain, & les rubriques qui le concernent. Voyez aussi le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Bénédictins a été formé d’abord par S. Benoît : on y a ajouté dans la suite l’office de quelques Saints, ce qui ne change pas la disposition & la forme de ce bréviaire. S. Benoît avoir tellement divisé le pseautier, que ses Religieux le récitoient tout en une semaine, & afin que la distribution fût plus égale, il avoit divisé par parties les plus grands pseaumes. Dans le bréviaire de S. Benoît il y a toujours douze pseaumes à Matines, & douze leçons les Dimanches, & les Fêtes ; il y a de plus trois cantiques tirés de l’ancien Testament. A Laudes on dit huit pseaumes, ou cantiques, dont le premier se dit sans antienne : les jours de Fêtes les pseaumes sont les mêmes que dans le bréviaire Romain : les Dimanches & les jours de férie quelques-uns sont différens. A Prime, à Tierce, à Sexte & à None, on récite trois pseaumes : à Vêpres quatre, & trois à Complies. Au commencement de toutes les heures on dit le Pater, l’Ave, & le Credo, la prière Deus, in adjutorium, &c. & à la fin de l’office l’antienne de la sainte Vierge, comme dans le Romain. Les Dimanches & les Fêtes à Matines après les prières ordinaires du commencement on dit une fois Deus, in adjutorium, &c. trois fois Domine, labla mea, &c. puis le troisième pseaume Domine, quid multiplicati, &c. sans antienne, ensuite l’invitatoire & l’hymne, six pseaumes avec antiennes, & quatre leçons avec leurs répons, & cela forme le premier nocturne : le second est composé de même de six pseaumes & de quatre leçons ; & le troisième de trois cantiques, qui se disent sous une seule antienne, & de quatre leçons, après on dit le Te Deum & quelques prières qui terminent les Matines. Les jours de ferie à Matines on dit les mêmes choses que les Dimanches jusqu’à l’hymne, puis six pseaumes & trois leçons, avec les bénédictions qui les précédent, & les répons qui les suivent, excepté que depuis Pâque jusqu’à la Toussaints, à cause que les nuits sont plus courtes, on ne lit qu’une leçon fort courte avec un répons, & c’est ce qui fait le premier nocturne. Le second est composé de six pseaumes, après lesquels on dit quelques prières, qui changent selon les temps ; ainsi finissent les Matines de la férie qui n’a pas trois leçons. Les Laudes du bréviaire Bénédictin, sont presque en tout semblables à celles du bréviaire Romain ; elles diffèrent en ce que dans l’office simple, & dans l’office de la férie, au commencement, après un Pater & un Ave, on dit le pseaume Deus misereatur, & à la fin, après le cantique Bénédictus, on récite à haute voix un Pater, qui est suivi de l’oraison, & des commémorations ordinaires. On dit à Prime, à Tierce, à Sexte & à None, les mêmes pseaumes que dans le Romain, après le chapitre il n’y a point de répons ; le reste comme à Laudes, excepté les commémorations que l’on ne fait point. Les Vêpres n’ont que quatre pseaumes, elles finissent comme les Laudes excepté qu’au lieu du cantique Benédictus on dit le cantique Magnificat. A Complies il n’y a point de répons après le chapitre. Du reste on dit après les trois pseaumes un chapitre, un verset, quelques prières, comme aux autres heures & l’oraison, puis la bénédiction. Ces prières qu’on ’dit à la fin des heures sont appelées litanies dans la règle de S. Benoît. Les déclarations de la Congrégation d.t Mont-Cassin nous apprennent que par ce mot de litanies on entend les prières suivantes, savoir, Kyrie eleison, Christe, eleison. Kyrie, eleison, une fois le Pater, Dominus vobiscum, &c. & l’oraison du jour. Les mêmes déclarations remarquent que lesquels trois derniers jours de la Semaine-Sainte on fait l’office selon l’usage de la Cour de Rome, secundum Romanum Curiam. Voyez la règle de S. Benoît, les déclarations de la Congrégation de Sainte Justine, ou du Mont-Cassin, le Cardinal Bona, qui marque quels sont les pseaumes que l’on dit à chaque partie du bréviaire Bénédiction. On trouve des explications allégoriques de la disposition du bréviaire de l’Ordre de S. Benoît dans Honorius, Jean Beleth, Ruper & Pierre Damien.

Le bréviaire de Cîteaux ou des Bernardins, est différents de celui des Bénédictins ; mais les Bernardins prétendent, en ce qu’ils différent dans le bréviaire, observer à la lettre la règle de S. Benoît, comme le montre le Cardinal Bona. Voici à peu près en quoi consistent ces différences. Avant les leçons on ne dit point le Pater, ni l’absolution, ni le Confiteor à Prime & à Complies, ni le verset Gloria Patri aux répons qui suivent les leçons. En été il n’y a qu’une leçon aux Matines des féries. A Tierce & à Complies les hymnes se changent suivant les fêtes & les temps de l’année. Les pseaumes des Vêpres des féries sont toujours les mêmes. A chaque heure du bréviaire il a une oraison différente de celles des autres heures. Jamais on ne double les antiennes, & il n’y en a qu’une à Laudes. Toutes les heures finissent par une commémoration de la sainte Vierge ; enfin, tous les jours on chante le Salve, Regina après Complies. Voyez le bréviaire de Cîteaux, & la Cardinal Bona.

Le bréviaire des Chartreux approche fort de celui des Bénédictins, & de celui des Bernardins, il en diffère dans les choses suivantes. Au commencement de Matines on dit trois fois le Pater & l’Ave, après la dernière antienne d’un nocturne on dit un Pater & un Ave, puis on donne l’absolution : après le cantique Benedictus, on dit neuf fois Kyrie, eleison, Christe, eleison, & beaucoup de prières, auxquelles on ajoute un Miserere les jours moins solennels ; & ces prières se disent à toutes les heures. A la fin des leçons qui sont tirées des Prophètes, on ajoute ces paroles, Hæc dicit Dominus : Convertimini ad me & salvi eritis ; le Seigneur a dit ceci : Retournez à moi, & vous serez sauvés. Les pseaumes des Vêpres changent selon que les fêtes sont différentes. Tous les jours à Prime l’on dit le Symbole de S. Athanase. Après l’oraison, qui se dit à la fin des heures, on dit Benedicamus Domino, &c. sans rien ajouter. Voyez le bréviaire des Chartreux, & le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Prémontrés est fort semblable au bréviaire Romain, & les Prémontrés croient qu’ils ont conservé l’ancien bréviaire Romain. Voici ce qu’il y a de particulier dans ce bréviaire. Avant Matines ils récitent trois pseaumes, & quelques prières avec quelques oraisons. Avant les leçons de Matines ils disent un verset, & un Pater, mais il n’y a point d’absolution. Après le neuvième répons ils chantent le Te Deum. Avant Laudes ils récitent un verset, qu’ils appellent sacerdotal, versus sacerdotalis. Aux premières Vêpres des Fêtes solennelles ils chantent un grand répons après le chapitre. Les hymnes changent à toutes les heures du bréviaire, suivant les fêtes & les temps de l’année. Ils ne disent l’antienne de la sainte Vierge qu’après Complies ; depuis la Septuagésime jusqu’à Pâque ils récitent le pseaume 117, Confitemini, les Dimanches, non pas à Prime, mais à Laudes, à la place du pseaume Dominus regnavit, decorem, &c. qu’ils récitent dans ce même temps-là à Prime. Enfin, depuis Pâque jusqu’à l’Ascension ils ne disent les Dimanches à Matines que trois pseaumes & trois leçons. Voyez le bréviaire des Prémontrés & le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Dominicains a conservé beaucoup de choses de sa première origine ; car S. Dominique, qui avoit été Chanoine régulier de S. Augustin, porta dans l’Ordre qu’il institua la forme du bréviaire qu’il avoit trouvée établie chez les Chanoines réguliers de S. Augustin. Cependant les Dominicains y ont fait quelques changemens. A Prime ils récitent trois pseaumes, mais les Dimanches depuis la Septuagésime jusqu’à Pâque, ils en récitent neuf, & à Laudes dans ce même temps-là ils récitent le pseaume 117, Confitemini, à la place du pseaume Jubilate ; le reste de l’année ils ne disent point à Prime les pseaumes propres de chaque férie, qui sont marqués dans le bréviaire Romain. Ils lisent le martyrologe après Laudes, & quand ils disent les Matines le soir, ils ne le lisent qu’après Prime. L’hymne de Complies change selon les temps. A la fin des heures du bréviaire, ils disent toujours l’antienne de la sainte Vierge Salve, Regina, & une autre de S. Dominique avec quelques prières. Hors le temps de l’Avent & du Carême ils n’ont presque point d’office de férie, car chaque semaine ils disent l’office de saint Dominique, du S. Sacrement, de la sainte Vierge & du S. titulaire de la Province. Depuis Pâque jusqu’à la Trinité ils ne récitent à Matines que trois pseaumes & trois leçons. Voyez le bréviaire des Dominicains, & le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Carmes, que quelques Auteurs prétendent être conforme au rit ancien de l’Eglise de Jérusalem, est peu différent de celui des Dominicains. Les Carmes disent à Prime le Dimanche durant l’année le pseaume 117, Confitemini, &c. & les Dimanches de l’Avent, avant les pseaumes ordinaires de Prime, ils en disent cinq autres. Les Dimanches depuis la Septuagésime jusqu’à Pâque ils récitent à Laudes & à Prime les mêmes pseaumes que les Dominicains. Ils ne disent que trois pseaumes durant les octaves de Pâque & de la Pentecôte, comme ceux qui disent le bréviaire Romain ; mais ils récitent des prières plus longues après certains offices. A la fin de chaque heure du bréviaire ils disent toujours l’antienne Salva, Regina au lieu de laquelle ils disent dans le temps Pascal l’antienne Regina cœli. A Pâque, au commencement de Vêpres, au lieu de dire le verset Deus, in adjutorim, ils chantent neuf fois Kyrie, eleison, comme à la Messe, ce qui est conforme à l’ancien usage de l’Eglise Romaine. Voyez le bréviaire des Carmes, & le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Franciscains & celui des Jésuites n’est pas différent du Romain, hors quelques fêtes particulières de ces deux Ordres, dont ils font l’office suivant le rit Romain. Voyez le bréviaire Romain, & le propre du bréviaire de ces deux Ordres.

Le bréviaire de Cluni, tel qu’il est aujourd’hui, a été réformé par ordre de deux Chapitres Généraux de l’Ordre. Jacques d’Arbouze, Abbé de Cluni, & le Cardinal de Richelieu avoient travaillé à cette réformation, mais elle fut souvent interrompue, & ne put être achevée qu’environ l’an 1680, par les soins de Dom Paul Rabusson Sous-Camérier, & de Dom Claude de Vert Trésorier de Cluni. Alors Monsieur le Cardinal de Bouillon, Abbé de Cluni, donna un décret daté de Cluni du 18 Novembre (jour auquel on fait la fête de saint Odon Abbé de Cluni) l’an 1685, par lequel il ordonne à tous les Religieux & à toutes les Religieuses de la Congrégation de réciter le nouveau bréviaire réformé. Ceux qui ont travaillé à la réformation de ce bréviaire ont tâché de lui rendre la forme que S. Benoît lui avoit donnée. Quand les choses ont été douteuses, ils ont suivi le bréviaire Romain, ou l’esprit du bréviaire Romain, les coutumes de l’Eglise Romaine, & les anciens usages de Cluni. En général il y a peu d’offices de douze leçons, pour laisser plus de temps pour le travail des mains, il n’y a point de fêtes avec octave durant le Carême ; tous les samedis, ou l’on dit l’office, ou l’on fait commémoration de la sainte Vierge. Voyez le bréviaire de Cluni.

Le bréviaire de l’Eglise de Lyon, si l’on en croit la tradition, est presque le même que S. Irénée y établit autrefois. A Prime durant la semaine on ne dit que trois pseaumes, & neuf les Dimanches, avec le symbole de S. Athanase. Depuis la Septuagésime jusqu’à Pâque les deux premiers pseaumes des Kaudes sont le 50e. Miserere, & le 117e. Confitemini, le reste de l’année on dit ceux qui sont marqués dans le bréviaire Romain. Avant Matines on dit seulement un Pater, puis une courte prière au Saint-Esprit, les versets Domine, labia, &c. Deus in adjutorium, &c. l’invitatoire, puis les pseaumes, sans hymnes, car on n’en dit qu’à Complies. Le nombre des leçons & la forme de les lire sont conformes au Romain. Après le Te Deum on dit Gloria Patri, &c. comme après les pseaumes. Au commencement de chaque heure du bréviaire on ne dit que le Pater, & à la fin le pseaume De profundis, avec l’oraison pour les morts. Il y a certains jours où l’on répéte sept fois l’antienne du cantique de Vêpres, & on la mêle aux versets de ce cantique. Complies se disent sans leçon bréve, mais après le Pater & les verset Converte nos, & Deus in adjutorium, on dit les quatre pseaumes des Complies du bréviaire Romain, puis l’hymne qui change à toutes les fêtes & à toutes les féries ; le reste comme dans le Romain, hormis le chapitre qu’on ne dit point. Voyez le bréviaire de l’Eglise de Lyon, & le Cardinal Bona.

Le bréviaire de l’Eglise de Milan est selon le rit qu’on appelle Ambrosien, non pas, dit le Cardinal Bona, parce que S. Ambroise l’a institué, car cela n’est pas ; mais parce qu’il s’en est servi quand il étoit Archevêque de Milan. Selon le rit Ambrosien le pseautier est divisé en deux parties ; la première comprend les pseaumes, depuis le premier jusqu’au cent neuvième, & ce sont ceux qu’on récite aux Matines en les divisant en deux semaines qui ont dix parties, qu’ils appellent dixaines, ou décuries, decuriæ, par un usage arbitraire, car il y a de ces parties qui contiennent plus de dix pseaumes, d’autres qui en contiennent moins, d’autres enfin qui en contiennent dix précisément. La seconde partie comprend les pseaumes depuis le cent neuvième jusqu’au dernier, qui sont ceux qu’on récite aux heures du jour. A Matines, après le Pater, l’Ave, le verset Deus, in adjutorium, on dit l’hymne Æterne rerum conditor, &c. qui se dit toujours à Matines, puis un répons, ensuite le cantique Benedicite, omnia opera, &c. avec antienne, trois fois Kyrie, eleison, les pseaumes du jour avec leurs antiennes, les trois leçons avec leurs bénédictions & leurs répons, qui sont presque toujours propres. Les Dimanches les leçons sont des homélies sur l’Evangile ; les jours de férie, elles sont prises de la sainte Ecriture, & les jours de fêtes, elles sont tirées de la vie des Saints, ou d’un sermon sur la fête. Le jour de Pâque & le jour de l’Epiphanie il y a trois nocturnes & neuf leçons, & le Vendredi-Saint aussi, & les trois dernières leçons, de ce jour ne sont autre chose que l’histoire de la Passion rapportée par S. Marc, par S. Luc, & par S. Jean ; on lit à la Messe la Passion prise de S. Matthieu. Après les deux premières leçons, il y a des répons, on dit le Te Deum après la troisième. A Laudes on dit le verset Deus, in adjutorium, puis le cantique Benedictus, à la place duquel les Dimanches de l’Avent, & les jours de Noël, de la Circoncision & de l’Epiphanie, on dit le cantique Audite cœli, ensuite trois fois Kyrie, eleison, & les Dimanches & les jours des fêtes des Saints, cinq ou sept fois une antienne à la Croix, avec l’oraison, ensuite le cantique des trois enfans, Benedicite, ou le Samedi le pseaume 117, Confitemini, ou enfin le pseaume 50 Miserere les jours de férie, puis une antienne, trois fois Kyrie, eleison, une oraison à haute voix, quatre pseaume sous un seul Gloria Patri, après les pseaumes le chapitre, une antienne, trois fois Kyrie eleison, Dominus vobiscum, &c. un pseaume qu’ils appellent direct, psalmus directus, une hymne qui change selon la différence des offices, douze fois Kyrie, eleison, une antienne simple ou double appelée psallenda, quelques versets & l’oraison du jour ; on ajoute quelquefois des commémorations ; & quand l’office n’est pas solennel, on en fait toujours trois, savoir, de la sainte Vierge, de saint Ambroise & du Patron de l’Eglise. A Prime, après un Pater & un Ave, le verset Deus, in adjutorium, &c. l’hymne Jam lucis orto sidere, on dit sans antienne les trois pseaumes ordinaires de Prime marqués dans le Bréviaire Romain, après quoi l’on dit Alleluia, ou Laus tibi, Domine, en Carême, puis une petite épître, Epistolella, avec un court répons, le symbole de S. Athanase, un chapitre avec des prières, qui ne se disent point les jours solennels. Ensuite on dit trois oraisons, qui sont toujours les mêmes ; puis on lit le martyrologe, que l’on termine par le verset exultabunt sancti, &c. & une oraison. A Tierce, Sexte & None, on dit les hymnes & les pseaumes qui sont marqués dans le Romain pour ces heures, mais on ne dit point d’antienne ; après les pseaumes on dit Alleluia, ou Laus tibi, Domine, puis une petite épître, un court répons, les prières si l’office n’est pas solennel, enfin l’oraison. Les Dimanches & les fêtes solennelles on chante à Tierce l’hymne Jam surgit hora tertia, &c. A Vêptres on dit le Pater & l’Ave, puis Dominus vobiscum, ensuite un lucernaire, lucernarium (c’est un répons qui se dit trois fois, & qui change selon les fêtes) on répété Dominus vobiscum, après qui l’on dit une antienne, & Dominus vobiscum, pour la troisième fois, puis l’hymne du jour ou de la fête, Dominus vobiscum une quatriéme fois ; cinq pseaumes avec leurs antiennes : après les pseaumes, on dit trois fois Kyrie, eleison, puis Dominus vobiscum, une antienne, le cantique Magnificat ; après l’avoir dit, on en répète le premier verset & l’ancienne ; on dit ensuite trois fois Kyrie, eleison, & une oraison, une autre antienne appelée psallenda, & le reste comme à Laudes. Les jours de férie en Carême, on dit neuf fois Kyrie eleison, au lieu de Magnificat. Les Vêpres des saints Patrons & Titulaires des Eglises ont ceci de particulier : après la première oraison, on dit le premier pseaume, & on lit une leçon de la vie du Saint avec son répons, & après une seconde oraison & le second pseaume, on lit une seconde leçon avec son répons ; enfin, après Magnificat, on chante des antiennes (psallenda) des prières & quelques oraisons. Il y a encore quelques petits changemens qui se font aux fêtes de notre Seigneur & à celles des Saints à Vêpres. A Complies, après le Pater & l’Ave, les versets Converte nos, & Deus, in adjutorium, on dit l’hymne, Te lucis ante terminum, &c. durant l’année ; & en Carême, Christe, qui lux es, &c. puis six pseaumes sans antiennes, & deux fois Gloria Patri, chaque fois après trois pseaumes ; après les pseaumes, on dit Alelluia, ou Laus tibi, Domine, puis en Carême l’hymne Te lucis, &c. 1 dans un autre temps une petite épître avec son répons ; après quoi l’on dit le cantique Nunc dimittis avec des prières, ou sans ces prières, suivant l’office du jour, puis l’antienne de la sainte Vierge ; & on finit par faire la confession à l’ordinaire. Voy. le Bréviaire de l’Eglise de Milan & le Cardinal Bona.

Le bréviaire Mozarabe est celui dont se servoient les Ecclésiastiques en Espagne, depuis que les Maures s’en furent rendus maîtres. Le quatrième Concile de Tolède ordonne à toutes les églises de s’en servir. Dans la suite il s’y glissa des fautes & des erreurs. Le Cardinal Ximénez l’a réformé, & il est encore en usage dans cinq Paroisses de Tolède, & dans la chapelle du Cardinal Ximénez, & à Salamanque dans celle du Docteur de Salabrica. Toutes les heures de l’office Mozarabe commencent par Kyrie, cleison, &c, un Pater & un Ave : à Matines l’on ajoute l’antienne Ave, Regina cœlorum, &c, avec le verset & l’oraison, & une courte prière à Jesus-Christ. A la fin des heures on dit le Pater à haute voix, & à chaque demande ou verset on répond Amen, excepté au verset, Panem nostrum, &c, où l’on répond, Quia Deus es : après le Pater, on dit une prière, laquelle à Laudes & à Vêpres est différente de celle qu’on dit aux autres heures, après quoi le Diacre dit à haute voix, Humiliez-vous pour recevoir la bénédiction, Humiliate vos benedictioni, & le Prêtre prononce & donne la bénédiction. Les Matines de l’office Mozarabe sont fort courtes. Après le commencement ordinaire marqué ci-dessus, on dit le pseaume 50 Miserere avec antienne ; puis trois antiennes & un répons, & trois oraisons, une après chaque antienne, ensuite trois pseaumes avec leurs antiennes, & trois autres antiennes & un répons, avec leurs oraisons. Les Dimanches, depuis Pâque jusqu’à la Pentecôte, & les fêtes solennelles, au lieu du pseaume Miserere, on dit le pseaume Domine, quid multiplicati sunt. A Laudes, après le commencement ordinaire, & ces paroles Dominus sit semper vobiscum, on dit une antienne & un cantique tiré de l’ancien ou du nouveau Testament. (Ce cantique les jours des fêtes de notre Seigneur & de la sainte Vierge est toujours Magnificat ; & Benedictus le jour de S. Jean-Baptiste.) Après le cantique on répète l’antienne, on dit Dominus vobiscum, &c, & autre antienne devant le cantique des trois enfans Benedicite, &c, puis un son (sonus en latin, & sono en espagnol, c’est quelque chose de semblable aux répons) ensuite une antienne, le pseaume Laudate Dominum de cælis, &c, une prophétie, une hymne, une courte invitation au peuple pour l’exhorter à demander à Dieu ce qui est nécessaire pour le salut, & la réponse du peuple encore plus courte ; puis Kyrie, eleison, &c, un chapitre en forme d’oraison, un Pater, une Laude, ou louange (laus en latin, & lauda en espagnol ; elle consiste en plusieurs versets répétés plusieurs fois.) Enfin, l’on finit par la bénédiction. Souvent on ajoute aux antiennes & aux laudes, ou louanges, un verset qui répond au Gloria Patri, &c. Entre Laudes & Prime, les Mozarabes récitent une heure qu’ils appellent Aurore, Aurora, apparemment parce qu’elle se récite au lever de l’aurore. L’aurore consiste en quatre pseaumes, une antienne, une laude, une hymne, un verset, un Pater noster, & quelques prières : l’aurore ne se dit que les jours qu’on fait l’office de la férie ; mais il y a tant de fêtes de Saints dans l’office Mozarabe, qu’excepté la veille de Noël, la veille des Rois, & le jour des Cendres, on ne dit guère l’aurore durant l’année. Au commencement de Prime on dit une courte prière ou antienne ; puis on récite sept pseaumes ; après on répète l’antienne, on dit un répons, une prophétie, une épître, une laude, une hymne, un verset, puis le Te Deum, excepté en Avent & en Carême, ensuite le symbole des Apôtres, la supplication ou invitation au peuple, un Pater noster, & la bénédiction. Tierce, Sexte & None, commencent comme Prime, ensuite on dit quatre pseaumes, plusieurs répons, une prophétie, une épître, une laude, une hymne, des cris, (clamores en latin & en espagnol ; ce sont des prières par lesquelles on demande à Dieu de ne nous point punir selon que le méritent nos péchés) après cela on dit la supplication, le chapitre, le Pater noster, &c, & la bénédiction. A Vêpres on ne récite point de pseaumes, mais après la prière ordinaire du commencement on chante une laude, un son, une antienne, une autre laude, une hymne, la supplication, le chapitre, un Pater noster, la bénédiction, puis encore une laude, pendant laquelle on fait les encensemens, enfin, l’oraison ou la collecte du jour. Complies commencent par le pseaume Signatum est super nos : c’est le septième verset du quatrième pseaume, puis on dit trois fois Alleluia, ou Laus tibi, Domine, &c, en Carême, puis un pseaume & trois Alleluia, un autre pseaume, une hymne, un verset, deux autres pseaumes, une autre hymne, un verset, la supplication, le Pater & la bénédiction ; on finit par l’antienne Salve, Regina, &c, le verset & l’oraison. Voyez la vie du Cardinal Ximénez, écrite en espagnol par Eugène de Robles, Curé de S. Marc, & Chapelain de la chapelle des Mozarabes de l’église de Tolède. Voyez aussi le Cardinal Bona.

Il n’y a presque point d’église dans l’Occident, en France, en Allemagne, en Flandres, en Espagne, qui n’ait quelque chose de particulier dans son bréviaire, mais ces différences sont légères. A Besançon on ne dit point aux secondes Vêpres des fêtes solennelles de chapitre, ni d’hymne ; au lieu de chapitre on dit un Alleluia avec un verset, & au lieu d’hymne on chante une prose. Les jours de grandes fêtes on dit deux fois le cantique Magnificat, en mêlant aux versets différentes antiennes. A Tolède devant Matines, on dit à genoux l’antienne, Ave, Regina cælorum avec l’oraison. On dit aussi quelquefois les pseaumes graduels, & l’office de la sainte Vierge. Voyez le bréviaire de l’Eglise de Besançon, & ceux des autres églises particulières.

Le bréviaire des Grecs est le même, à peu de choses près, dans routes les églises & dans tous les monastères qui suivent le rit grec. Les Grecs divisent le pseautier en vingt parties, ϰαφίσματα ; ce sont comme des répons, des pauses ou stations ; quelque nombre de pseaumes que contiennent ces pauses, on les sousdivise en trois parties, même la dix-septième qui ne contient que le pseaume 118 ; le verset Gloria Patri sert à marquer ces trois parties. Le bréviaire se divise en deux parties ; l’une contient les prières qu’on dit la nuit, qu’ils appellent μεσονύκτιον, l’autre les prières du jour, qui sont Matines, Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres & Complies. Le μεσονύκτιον, ou office de la nuit, commence par une prière à Dieu, après on dit le Trisagion, ou Sanctus Deus, &c. trois fois Gloria Patri, une prière à la sainte Trinité, douze fois Kyrie, eleison, Gloria Patri, une autre prière qui répond au pseaume Venite, exultemus, dont elle renferme le sens, & presque les paroles. Ce commencement est commun à toutes les heures. Ce qui suit est propre de l’office de la nuit ; savoir, le pseaume 50e Miserere, & le 118e Beati immaculati, le Symbole de Nicée, le Trisagion, des tropaires, τροπάρια, (ce sont des cantiques que l’on chante comme nos antiennes) quarante fois Kyrie, eleison. Tout cela fait la première partie du μεσονύκτιον, mesonyction ; à la seconde on dit Venite, adoremus, comme à la première, puis le pseaume 120e Levavi oculos, & le 133e Ecce nunc, le Trisagion, des tropaires pour les défunts, douze fois Kyrie, eleison, une oraison pour les morts, des prières pour les vivans ; ensuite l’Archimandrite, ou celui qui préside au chœur, donne l’absolution. Le samedi les pseaumes sont différens. Le Dimanche tout le nocturne, ou office de la nuit est différent. Après les prières du commencement qui se disent à l’ordinaire, on récite le pseaume 50e Miserere, puis un Odaire de la sainte Trinité, (l’Odaire, Odarium, est une espèce d’hymne qui contient neuf odes,) le Trisagion, les Tropaires, des Litanies ou prières ; ensuite l’on donne l’absolution, & l’on finit par des prières pour les vivans, où l’on demande ce qui leur est nécessaire. A Matines après les prières ordinaires du commencement on dit deux pseaumes, le Trisagion, des Tropaires, une litanie appellée Litania sacerdotis, une antienne qui change selon ses temps, ensuite six pseaumes, puis la grande litanie, une antienne qui est différente des Tropaires selon les temps, la partis du pseautier marquée pour ce jour-là, le pseaume 50e Miserere, quelques Odaires, le cantique Magnificat, aux versets duquel on mêle un verset à l’honneur de la sainte Vierge. Aux fêtes solennelles, au lieu du cantique Magnificat, on dit quelques autres prières ; & aux autres fêtes on dit l’ode neuvième, qui est toujours sur la sainte Vierge. Les Grecs disent toujours Laudes immédiatement après Matines, sans réciter auparavant les prières ordinaires du commencement des heures. Ainsi d’abord on dit le verset Omnis spiritus laudet Dominum, puis trois pseaumes, en mêlant aux versets du dernier différens stichères, Στιχήρα (ce sont des versets composés par ceux qui ont fait les hymnes des Grecs) ensuite le Gloria in excelcis, avec des oraisons, des litanies, ou Kyrie, eleison, des stichères, & des versets, le verset Gloria Patri, un stichère, στιχήρον ; le verset Bonum est confiteri Domino, le Trisagion, un Tropaire, des litanies, & les prières de la fin, ou le dimissoire, demissorium, ἀπολυτίϰιον, ou ἐξαποζειλάριον. A Prime après les prières ordinaires on dit trois pseaumes, des Tropaires selon le temps & les fêtes, quelques prières qui ne changent jamais, le Trisagion, un contacion, ϰοντάϰιον, (c’est une espèce d’hymne plus courte & plus simple que les autres) puis quarante fois Kyrie, eleison, des oraisons, & le dimissoire. Tierce, Sexte & None se disent de même, il n’y a de différence que dans les pseaumes. Après chacune des petites heures, les Grecs en récitent une qui leur est particulière, & qu’ils appellent μεσώριον, pour faire entendre qu’on la récite entre les autres heures. Ces Mésores μεσώρια, commencent par le Trisagion, puis on récite trois pseaumes, on répète le Trisagion ; on dit des Tropaires, trente fois Kyrie, eleison, des oraisons & le dimissoire ; les pseaumes & les oraisons changent à chaque mésore. A Vêpres après les prières ordinaires on dit le pseaume 103e, puis une grande litanie, quatre pseaumes en mêlant des stichères aux versets des deux derniers, ensuite des versets, des prophéties, une litanie, des oraisons, le pseaume 122e avec les stichères, le cantique Nunc dimittis, le Trisagion, un Tropaire, une litanie, & le dimissoire. Les Samedis, & aux premières Vêpres des fêtes solennelles, au lieu du pseaume 122e on dit plusieurs versets. Les Grecs appellent Complies ἀποδείπνον, ce qui veut dire après le repas, ou l’après-souper. Il y a trois sortes de Complies, les petites, les moyennes & les grandes, qui se disent en Carême, &c les autres le reste de l’année. Aux petites Complies après les prières ordinaires on dit trois pseaumes, puis le Gloria in excelsis avec des oraisons, un Odaire, le Trisagion, des Tropaires, quarante fois Kyrie, eleison, trois oraisons, dont la seconde s’adresse à la sainte Vierge, le dimissoire, l’absolution, & des prières pour les vivans & pour les morts. Aux Complies moyennes après les prières du commencement on dit le pseaume Qui habitat, &c, puis le cantique d’Isaïe Nobiscum, Deus, &c, des Tropaires, le symbole de Nicée, des invocations à la sainte Vierge, aux Anges &c aux Saints, le Trisagion, des Tropaires, quarante fois Kyrie, eleison, une oraison, trois fois Venite, adoremus, trois pseaumes, le Gloria in excelsis, & le reste comme aux petites Complies. Les grandes Complies ont trois parties ; dans la première, après les prières du commencement, on récite quatre pseaumes, puis le cantique d’Isaïe Nobiscum Deus, &c, des Tropaires, le Symbole de Nicée, des invocations à la sainte Vierge, aux Anges & aux Saints, le Trisagion, des Tropaires, quarante fois Kyrie, eleison, & une oraison. La seconde partie commence par le verset Venite, adoremus, qu’on dit trois fois ; après on récite deux pseaumes & l’oraison du Roi Manassès, le Trisagion, des Tropaires, le Kyrie, eleison, & l’oraison. La troisième partie commence comme la seconde, puis on dit deux pseaumes, la doxologie ou le Gloria in excelsis, le reste comme aux petites Complies. Il faut remarquer qu’il y a quelquefois, à certaines fêtes & en certains temps, de petits changemens qui ne font rien à la forme générale du bréviaire que nous avons expliquée ; par exemple, dans le temps Paschal, l’office est beaucoup plus court, & durant le Carême beaucoup plus long que dans un autre temps. Voyez le P. Goar, Godinus, le P. Morin, M. Habert, Evêque de Vabres, le Cardinal Bona, Du Cange, les Typiques des Grecs, le second tome du mois de Juin des Acta Sanctorum par les Jésuites, où l’on trouve un traité de l’ordre & de l’œconomie de l’office des Grecs.

L’église Arménienne a deux bréviaires ; le plus long se dit dans les monastères, & le plus court dans les autres églises. Le premier renferme tout le pseautier dans l’office de chaque jour ; & dans le second on ne dit le pseautier qu’une fois chaque semaine. Il y a huit parties dans l’office du bréviaire Arménien, qui sont l’office de la nuit, le point du jour, ou Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres, & la pacification ou le repas, qui répond à nos Complies. On ajoute une petite heure qu’on dit en particulier avant la nuit, un peu devant que de se coucher. L’office de la nuit commence par le Pater noster, puis on dit le verset Domine, labia, &c. avec une prière à la sainte Trinité, quatre pseaumes, dont chacun est terminé par le verset Gloria Patri, une oraison, après laquelle on lit un sermon, ou une panérèse ; puis on dit Domine, miserere cinquante fois, ou cent, si c’est un jour de jeûne, ou trois fois seulement, si c’est un jour de fête, une oraison, des cantiques ; puis si c’est le Dimanche, on lit l’Evangile, ensuite on dit une oraison, puis les pseaumes du jour ou de la fête ; après quoi on lit quatre sermons, ou exhortations, qui changent selon les temps ; après chaque sermon on dit une oraison, ce qui répond à nos leçons & à leurs répons, ensuite on dit une hymne, qui est toujours la même, & une autre qui change chaque jour de la semaine ; on fait une prière : on lit le Ménologe, & l’on dit le Pater noster. A Laudes, après le Pater noster, on dit les quatre derniers versets du pseaume 89e, puis le cantique des trois enfans, Benedicite, &c, une oraison, un ode sur les Saints, une invitation à la prière, une oraison à la sainte Vierge, le cantique Benedictus, &c. après quoi les Dimanches on dit différentes prières, trois versets des pseaumes, on lit l’Evangile de la résurrection, un sermon qui est suivi d’une oraison : les autres jours, après le cantique Benedictus, on dit l’oraison. Ensuite les Dimanches & les autres jours on dit le pseaume 50 Miserere, une exhortation à la prière, une ode à la louange des Saints, une oraison, trois pseaumes, trois versets, le Gloria in excelsis, des oraisons, le Trisagion, un pseaume, après lequel on lit le Dimanche seulement l’Evangile du jour : puis on dit une ode, quatre pseaumes, deux versets, des prières, une hymne, un sermon, une oraison & le Pater noster, &c. A Prime, après le Pater noster, on dit une partie du pseaume soixante-quinzième, avec le verset Gloria Patri, &c. une oraison, le pseaume Bonum est confiteri, &c. une oraison, deux pseaumes, une hymne, les jours de jeûne seulement, puis un pseaume, & une partie d’un autre, deux autres pseaumes, deux versets, le Gloria Patri, &c. un sermon, une oraison, le Pater noster, &c. A Tierce, après le Pater noster, & une oraison au saint Esprit, on dit le pseaume cinquantième Miserere, une autre oraison au Saint Esprit, un pseaume & partie d’un autre, le verset Gloria Patri, un sermon, une oraison, & le Pater noster. A Sexte, après le Pater noster & une oraison au Père Eternel, on dit le pseaume Miserere, un sermon, une oraison, les pseaumes marqués pour Sexte, quatre versets du pseaume 40e, un sermon, une oraison, le Pater noster. A None, après le Pater noster, une oraison au fils de Dieu & le pseaume Miserere, on dit un sermon, une oraison, plusieurs pseaumes, un cantique, un sermon & le Pater noster ; après quoi dans l’église on dit la messe. Ceux qui récitent l’office en particulier, après ce dernier Pater noster, disent un pseaume qui change à chaque férie ; puis on récite un discours à la louange de quelque Saint, dont on fait la fête ce jour-là : ensuite on dit le Trisagion, une oraison, un sermon, quelques versets, des pseaumes, une leçon fort longue tirée des Prophétes, ou de l’Apôtre, deux fois Alleluia, trois versets des pseaumes, une fois Alleluia ; puis on lit l’Evangile, on dit le Credo, un sermon, une oraison, & le Pater noster. A Vêpres après le Paster noster, quelques versets, le Gloria Patri, on dit un pseaume, puis Gloria tibi, Domine, ensuite trois pseaumes, des prières comme à Laudes, & vingt-trois oraisons, à chacune desquelles on dit Dominum oremus, Prions le Seigneur ; ces prières & ces oraisons ne se disent que le Dimanche ; puis on dit une oraison, le Trisagion, un pseaume, un cantique, un sermon, trois pseaumes, un sermon, une oraison & le Pater noster. Nous avons déjà remarqué qu’il y a dans le bréviaire Arménien deux offices de Complies, l’un se dit dans l’église immédiatement après Vêpres, & l’autre en particulier après le souper ; & après l’avoir dit, il est expressément défendu de boire & de manger, ou de parler à qui que ce soit. Aux premières Complies après le Pater noster, &c, on dit un verset, le Gloria Patri, &c, sept pseaumes, deux versets, le Gloria Patri, un long cantique, un sermon, une oraison, un pseaume, une hymne ; les jours de jeûne seulement un sermon, une oraison, & le Pater noster. Aux secondes Complies après le Pater noster, on dit quatre versets du pseaume 42e, le Gloria Patri, plusieurs versets de différens pseaumes & du cantique d’Habacuc, le commencement du cantique des trois enfans, le dernier des pseaumes, le cantique Nune dimittis, des versets des pseaumes 137, 141, 85, une oraison, le pseaume Cùm invocarem, une hymne, puis on lit l’Evangile ; on dit une longue oraison & le Pater noster, &c. Voyez le bréviaire du rit Arménien, qui est en langue Arménienne, & le Cardinal Bona.

Le bréviaire des Maronites contient sept heures canoniques, qui sont l’office de la nuit, Matines, Tierce, Sexte, None, Vêpres & Complies. Les Maronites disent toujours les mêmes pseaumes à chaque heure sans y rien changer ; ainsi ils ne récitent point tout le pseautier même en une année. Au commencement & à la fin des heures ils disent toujours le Trisagion, le Pater & l’Ave, le Symbole de Nicée & une oraison, puis des hymnes ou des cantiques & des prières, en mêlant ces prières aux strophes de l’hymne, & aux versets du cantique. L’office de la nuit contient seize oraisons, onze cantiques, six hymnes, deux pseaumes, un répons & des prières. D’abord on dit une oraison, & un cantique suivi d’une oraison, puis une hymne, un pseaume, deux oraisons, une hymne, quelques prières, une oraison, deux cantiques, deux oraisons, une hymne, des prières, une oraison, deux cantiques, trois oraisons, une hymnes, des invocations, une oraison, deux cantiques, une oraison, une hymne, un cantique, un répons, deux oraisons, une hymne, un pseaume, une oraison, & le reste des cantiques. A Matines il y a onze oraisons, sept hymnes, six cantiques, quatre pseaumes, & un répons, qui se disent ainsi. On commence par une oraison, puis on dit un cantique, une oraison, un cantique, une oraison, une hymne, un pseaume, une oraison, une hymne, un pseaume, une oraison, une hymne, un pseaume, une oraison, une hymne, un cantique, une oraison, une hymne, des invocations, une oraison, une hymne, un pseaume, un répons, deux oraisons, un cantique, une oraison, un cantique. Tierce, Sexte & None, ont chacune cinq oraisons, deux ou trois cantiques ; Tierce & None, deux seulement & un pseaume. Ces heures se disent ainsi : on dit d’abord une oraison, puis un pseaume, ou un cantique, trois oraisons, un cantique, une oraison, & un cantique. Les Vêpres ont sept oraisons, deux hymnes, quatre cantiques, quatre pseaumes, & un répons. Ces prières se disent de cette manière. On chante une oraison & un cantique, puis une oraison, un cantique & une oraison, une hymne, un pseaume, une oraison, une hymne, trois pseaumes, un répons, deux oraisons, un cantique, une oraison & un cantique. A Complies, il y a cinq oraisons, trois pseaumes, deux hymnes, deux cantiques, qu’on dit ainsi. On commence par une oraison, puis on dit un pseaume, une oraison ; une hymne, un pseaume, deux oraisons, un cantique, une hymne, un pseaume, une oraison & un cantique.

Chez les peuples qui parlent la langue Esclavone, ou quelqu’un de ses dialectes, ceux qui disent le bréviaire, excepté les Polonois, & quelques autres, le récitent en langue vulgaire, comme les Maronites en Syriac, & les Arméniens en langue Arménienne. Ceux qui récitent le bréviaire en esclavon sont partagés pour le rit, les uns suivent le rit latin ou romain, & ce sont ceux qui habitent la Dalmatie & les côtes voisines ; ceux qui habitent plus avant dans les terres, en Hongrie, en Bossinie, en Esclavonie, &c. en Pologne, en Lithuanie, en Moscovie, & le long de la mer Noire du côté du nord, suivent le rit grec. On a imprimé à rome en 1648 le bréviaire Romain en langue Esclavone & en caractères Esclavons.

Le bréviaire des Cophtes est semblable à celui des Abissins, qui disent les heures de l’office en cette manière. Toutes les heures commencent par le Pater noster & l’Ave, Maria. Au commencement de l’office de la nuit, ils récitent le pseaume Venite exultemus : ils lisent beaucoup de leçons de la Sainte Ecriture, & ils n’en lisent qui soient tirées des S. Peres que durant la semaine sainte. Toutes les heures de leur bréviaire renferment douze pseaumes, & dans les Monastères où il y a beaucoup de Moines, on récite tout le pseautier avant dîner, se qui se fait en fort peu de tems, parce que l’on donne à chaque Moine quelques pseaumes, ou seulement quelque partie des plus grands pseaumes que l’on divise. Le pseaume 50e Miserere, est toujours un des douze de chaque heure du bréviaire. Voyez les bréviaires Cophtes, & les bréviaires Abissins, & le Cardinal Bona.

D. Joseph Mége conjecture que le mot bréviaire vient de ce qu’on donnoit aux Moines qui faisoient voyage, de petits livres, dans lesquels on ramassoit les pseaumes, les leçons & les oraisons qu’on lisoit au chœur dans de grands volumes. Le P. Mabillon dit qu’il a vu dans le trésor de Cîteaux deux de ces petits livres, & il en donne cette description. Ces livres n’ont que trois doigts de large, mais ils sont plus longs. Ils paroissent fort petits quand ils sont fermés, mais quand on les ouvre ils paroissent trois fois plus grands, parce que les feuillets en sont pliés à trois plis ; ils ne sont écrits que d’un côté, & la lettre en est si menue & si abrégé, qu’en fort peu de syllabes on exprime toute une période. Les feuillets en sont attachés par un filet, & on enferme ces petits livres dans un sac de cuir.

Bréviaire, chez les Anciens, signifioit seulement le lieu où on gardoit les brefs, ou ce qui étoit écrit en abrégé : d’où vient qu’on a appelé Bréviaire l’Abrégé de l’Office divin. Quelques-uns croient que ce livre ne contenoit autrefois que les rubriques, & qu’on l’a étendu depuis à tout l’office.

Bréviaire, se dit aussi du livre qui contient cet office, & tous les changemens qui s’y doivent faire suivant les divers jours & fêtes de l’année. Le mot de Bréviaire est employé pour signifier un livre d’Eglise, dans la lettre de l’Archevêque de Lyon à Robert, retiré à Molême en 1099. C’est peut-être la première fois qu’il se trouve en ce sens.

Bréviaire, selon Chauvet & le P. Papebrock, Act. SS. Jun. Tom. II, pag. 498, s’est dit aussi quelquefois pour Missel.

BRÉVIATEUR. s. m. Nom d’Office. Breviator. Les Bréviateurs étoient dans l’Empire de Constantinople, les Secrétaires des brefs, ou les Ecrivains des brefs. Scriptores Brevium. On appelle encore Bréviateurs, ou plutôt Abréviateurs ceux qui écrivent & délivrent à Rome les rescripts & les brefs du Pape. Voyez le Dict. de Droit de Calvin.

BREUIL. s. m. En termes d’Eaux & Forêts, se dit d’un bois taillis, ou buisson fermé de murs, ou de haies, dans lequel les bêtes ont accoutumé de se retirer. Lustrum. Dans la Coutume d’Anjou, est réputé, breuil de forêt, un grand bois marmenteau, ou taillis, ou buisson, où les grosses bêtes se peuvent retirer. Ce mot a formé plusieurs noms de lieux.

Le mot de breuil, pour dire bois, forêt, est fort commun en Poitou. Il vient apparemment de Broilum, qui se trouve en ce sens-là dans les Capitulaires de Charlemagne & de Charles le Chauve, & dans l’histoire de Luitprand. L’un des quartiers de la place de Venise s’appelle Broglio, parce qu’il y avoit autrefois un bois en cet endroit-là. Voyez le Dict. etymolog. de Ménage.

Ce mot vient de broilum, ou briolium, ou brolium, ou brogilum, selon Luitprand. On a dit aussi breil, & broillot & bruillet, bruillot, des petits bois ou brossailles qu’on avoit accoutumé de brûler afin de les défricher.

Breuils. Terme de Marine. Ce sont des cordes qui servent à trousser ou à bourcer les voiles, qu’on appelle autrement Carguesfond. Pomey dit qu’on les appelle aussi Brouils, Martinets, Garcettes. On dit aussi breuiller les voiles, ou les brouiller, pour dire les carguer, ou les trousser. Voyez Carguer.

BREUILLES. s. f. pl. Entrailles, boyaux, intestins d’un poisson. Viscera, intestina. Avant que de caquer le hareng, on lui arrache les breuilles, ou entrailles.

☞ BREVOGNE. Petite rivière de France en normandie, dans le Cotentin où elle a ses sources, & tombe dans la Vire, au-dessus d’Etouri.

☞ BREVOORT. Petite ville des Provinces-Unies, dans le Comté de Zuphten, sur les confins du pays de Munster.

BREUVAGE. s. m. Liqueur qui sert de boisson. Potio. Le Condrieux est un excellent breuvage. Le nectar est le breuvage des Dieux. Ablanc. De-là vient qu’en parlant d’une liqueur agréable à boire, on dit que c’est du nectar.

Ce mot a été dit pour biberage, qui se trouve dans les anciens livres, qui vient de biberagium, qui signifioit vin du marché, qui a été fait de bibere, comme abreuver, de adbibere. Ménage. M. Huet croit que ce mot vient de brou, broue, & brouet ; & que ces derniers viennent de braia, ancien mot gaulois, qui signifie de la boue, & qu’on a transporté à toute sorte de liqueur épaisse.

Breuvage, se dit aussi des potions médicinales qu’on donne aux animaux, donner un breuvage à un cheval, à une vache, &c.

On appelle aussi breuvage, le mêlange égal de vin & d’eau que l’on fait sur mer pour la boisson de l’équipage.

Les anciens parlent de certains breuvages préparés pour donner de l’amour, ou de la haine. Les breuvages de haine (μίσηθρα) étoient composés du suc de l’herbe appelée Promethea, & du fiel de quatre animaux. Circé changea les compagnons d’Ulysse en pourceaux par un breuvage magique. Dac.

☞ BREZÉ. Bourg de France en Anjou, avec titre de Marquisat, au midi de Saumur.

☞ BREZOLLE. Bourg dans le Perche, près de Verneuil.

☞ BREZOLLES. Bourg dans le Querci, près de Montauban.

BRI.

BRIANÇON. ville de France dans le Dauphiné. Cette ville est fort ancienne. L’Itinéraire d’Antonin la nomme Brigantion, aussi-bien qu’Æthicus, Ptolomée Βριγάντιον ; mais de nouveaux Critiques soupçonnent qu’il faut lire Βριγαντέων. Julien, dans son épître aux Athéniens, l’appelle Brigantia. Dans Ammien Marcellin on trouve Virgantia, au lieu de Vrigantia, qui est la même chose que Brigantia. La Manne de Briançon est une gomme blanche fort douce & sucrée qui découle des frênes.

BRIANÇONNOIS, OISE. s. m. & f. Qui est Briançon. Brigantionensis.

Briançonnois. s. m. Petit pays de Dauphiné, dont Briançon est la capitale, qui lui a donné son nom. Brigantionensis ager. Quelques Dauphines de Viennois ont pris le nom de Princes du Briançonnois.

BRIANGE. s. & adj. m. & f. Qui est Brie, qui appartient à la Brie. Brigensis, e. La Fère Briange. Valois. Not. Gall. p. 192.

BRIARE. Brivodurus, Brivodurum, Briviodurus, Bridoborum. Petite ville de France dans le Gâtinois, qui n’est connue que par son canal, appelé le Canal de Briare, fait sous Louis XIII, pour passer les bateaux de la Loire dans la Seine, par le moyen du Loing.

BRIAS. Lieu de Flandre, suivant la méridienne de Paris du côté du nord, se trouve à 19°. 54’, 8”, de longitude, & à 50°. 24’, 36” de latitude. Cassini.

☞ BRIATESTE. Briatesta. Petite ville de France, dans le Languedoc, sur le Dadou, à cinq lieues d’Albi.

BRIBE. s. f. Morceau de pain ou de viande qui reste d’un repas ; tout ce que l’on dessert de quelque table. Frustum. Vaug. Rem. Il y avoit toujours quelques bribes dans la besace de Diogène. Ablanc.

On le dit aussi d’un gros quartier de pain. Ce berger ne veut point sortir, qu’il n’ait sa bribe de pain dans sa panetière. Il est du style familier.

Bribes, au pluriel, se dit figurément de quelques morceaux qu’on attrape de quelque chose. Ce neveu n’a pas eu toute la succession de son oncle ; mais il en a eu de bonne bribes. On dit encore des bribes de latin ; pou dire, des passages & des phrases de latin, que l’on prend çà & là. On dit aussi, mettons nos bribes ensemble ; pour dire, joignons ensemble nos morceaux, ou contribuons chacun de notre part à la dépense du dîner. Ils se régalent quelquefois entr’eux, en mettant toutes leurs bribes ensemble. Ablanc. Tout cela ne se peut dire que dans le style bas & familier.

On dit proverbialement en ce sens, qu’il n’y a tel festin que de gueux, quand toutes leurs bribes sont ramassées.

BRIC. s. m. Vieux mot. Cage à prendre les oiseaux. Gloss. sur Marot.

Bric. adv. au bric, c’est-à-dire, à l’improviste. In ipso articulo opprimere. Il est vieux. Ch. est. Dict.

BRICE. s. m. Nom d’homme. Brictio, Brictius, S. Brice étoit de la ville de Tours. Bail. & vécut au IVe & Ve siècle.

BRICHET. Voyez Bréchet

BRICIEN. s. m. L’Ordre des Briciens. Bricianorum Ordo. Ordre militaire établi par sainte Brigide, Reine de Suède, l’an 1366, sous le Pontificat d’Urbain V qui l’approuva, & lui donna la règle de S. Augustin. Leurs armes étoient une Croix d’azur semblable à celle de Malte, sous laquelle étoit une langue de feu, symbole de l’ardeur de la foi & de la charité envers le prochain. Leurs devoirs étoient de combatte contre les Hérétiques, la sépulture des morts, l’assistance des veuves, des orphelins & des hôpitaux. La sainte Institutrice le dora de riches Commanderies. Voyez Ant. Bosius, des Hermites de S. Augustin, Marc-Ant. Viano, Polonois, Description de Pologne, Justiniani, Hist. di tutti gl’Ord. mil. T. II, c. 59, p. 685, outre ceux qui parlent en général de tous les Ordres militaires.

BRICOLE. s. f. Réflexion d’un corps solide qui se fait à la rencontre de quelque autre corps dur. Obliqua corporis alicujus solidi in aliud corpus durum impactio.. ☞ C’est, à parler exactement, la ligne que décrit un corps que l’on pousse obliquement pour le faire aller en quelque endroit par réflexion. On le dit des balles dans un jeu de Paume, quand on les fait frapper contre un des murs de la longueur du jeu de Paume. On le dit au jeu de Billard, lorsqu’une bille, au lieu d’être poussée directement contre une autre, ne la rencontre qu’après avoir frappé la bande du billard & avoit été renvoyée par cette bande ; & des boulets de canon qui battent obliquement, comme il arrive dans les batteries qu’on appelle en écharpe.

Ce mot vient de l’Espagnol brincar, qui signifie faire des cabrioles, sauter.

Bricole, a signifié chez les Anciens une machine à jeter des pierres. Du Cange. C’étoit une espèce de fronde faite de cuir. Funda coriacea.

Bricole. Terme de Marine. Il se dit de la puissance qu’ont les poids qui sont placés au-dessus du centre de gravité, pour mettre le vaisseau sur le côté ; le lest contre-balance la bricole qui est occasionnée par les poids des mâts, des manœuvres hautes, &c.

Bricole, dans le sens figuré, signifie aussi une tromperie qu’on fait à quelqu’un, quand on agit avec lui par des voies obliques & indirectes. Je m’attendois à recevoir de cet homme le secours qu’il m’avoit promis ; mais je vois bien qu’il m’a donné une bricole. Ce valet est un grand menteur, il me donne toujours quelque bricole.

Dans cette acception, de bricole, par bricole, pour dire, indirectement, sont des expressions adverbiales.

Petit écrit donné sous le manteau
Qu’on se dérobe, & qui vient par bricole,
Ou bien moulé chez Pierre du Marteau,
Fût-il mauvais, nous paroît toujours beau,
Et pour l’avoir, on ne plaint la pistole. P. D.

On ne voit point ici ces tours & ces bricoles
Qui du fort imposteur determinent les coups,
Ni la dupe exposée à la gueule des loups
Plaindre l’affreux revers de ses espoirs frivoles.

L’Ab. Genest.

Dans ce sens, il ne peut passer que dans le style familier & badin.

Bricole, en termes de Chasse, c’est un filet de petites cordes, & qui est en forme de bourses pour prendre les grandes bêtes. Salnove, qui ecrit bricolles. Une Ordonnance d’Henri IV, du mois de Juin 1601, défend dans l’Art. IX à toutes personnes indifféremment de faire ouvrer, & exposer en vente, avoir & eux aider de tirasses, tonnelles, traîneaux, bricoles de corde, & de fil d’archal, &c. Et une Ordonnance du Roi du mois d’Août 1669. porte, Art. XII. Tous tendeurs de lacs, tirasses, tonnelles, traîneaux, bricoles de corde & de fil d’archal, pièces & pans de rêts, colliers, halliers de fil, ou de soie, seront condamnés au fouet pour la première fois, & en 30 liv. d’amende, &c.

On appelle aussi bricole, ce dont on se sert pour empêcher les chiens d’aller trop vîte devant les autres.

Bricole, terme de Bourrelier, est la partie du harnois d’un cheval de carrosse, qui passe sous les coussinets, & qui s’attache de côté & d’autre aux boucles du poitrail.

On le dit aussi des pièces de cuir, attachées ensemble, qui servent aux porteurs à porter des chaises.

BRICOLER. v. n. Pousser une balle, une bille, un boulet, obliquement, pour le faire aller en un certain endroit par réflexion. Obliquè impingere. Toucher une bille en bricolant.

On dit aussi au figuré, de ceux qui ne vont point droit dans les affaires, qu’ils ne font que fuir & bricoler ; c’est-à-dire, amuser & tromper. Il est bas en ce sens.

Bricoler, v. n. se dit des choses qui dans leur situation ont des tours & des détours qui vont en zigzag. Mæandros agere. Les vaisseaux lymphatiques des doigts tant du pied que de la main se réunissant en deux ou trois troncs, accompagnent en remontant les veines céphaliques & saphènes, tantôt en ligne droite, tantôt en bricolant à l’entour. Journal des Sc. 1714. p. 412.

Bricoler, se dit aussi, mais dans le style bas, de ceux qui mangent trop chaud. Il signifie, faire aller le morceau de côté & d’autre dans sa bouche avant que de l’avaler, afin de n’en être point brûlé. Ma foi j’ai été obligé de bricoler.

BRICOLIER, s. m. en terme de manège, est le cheval que l’on met à une chaise de poste à côté du cheval de brancard, & sur lequel le postillon est monté. Il est ainsi nommé du harnois qu’on lui met, qui s’appelle une bricole.

BRICON. s. m. Vieux mot. Coquin, misérable, malotru, trompeur. Poës. du Roi de Nav.

BRICOTEAUX. s. m. pl. Pièces de bois longues & étroites, en façon de tringles, qui sont placées sur le devant du métier des Ouvriers qui travaillent avec la navette.

BRIDE. s. f. Assortiment de bandes de cuir & de pièces de fer, propre à tenir la tête d’un cheval sujette & à le conduite. Frenum, habena. La bride est composée de deux rênes, d’une têtière, & d’un mors. On dit, en termes de manège, tenir, rendre, lâcher, donner la bride, & plus élégamment, tenir, rendre, donner la main.

Bride, se prend quelquefois pour les rênes seules, & dans ce sens on dit, qu’un cheval a rompu sa bride lorsqu’il a rompu ses rênes.

Ménage dérive ce mot du latin brida, qui a été fait du grec ζύω, qui signifie traho, je tire. Il est bien plus naturel de le dériver avec Icquez de la langue saxone, & de celle des Francs, où l’on trouve les mots bridel, brydel, dans le même sens. Le P. Pezron dérive le grec Βρυτήρ, & le françois bride, qui signifient la même chose, du celtique brid.

Boire la bride ou le mors, se dit quand le mors remonte trop haut, & se déplace de dessus les barres où se fait l’appui. Se tenir à la bride, c’est s’y attacher comme on fait aux crins. La main de la bride, c’est la main gauche du Cavalier. On appelle coup de bride, l’espèce de châtiment que le Cavalier donne à son cheval en secouant une rêne, lorsque le cheval ne veut point tourner. On appelle effet de la bride, le degré de sensibilité que le mors cause aux barres du cheval, par la main du Cavalier, & l’on dit que le cheval commence à goûter la bride, quand il commence à s’accoutumer aux impressions du mors.

On dit courir à bride abattue, ou à toute bride ; pour dire, courir de toute la vîtesse du cheval. Immissis, laxatis habenis accurrere. Ablanc. Il gagna la ville, où il se retira à toute bride. Dans le figuré, courir à bride abattue après les plaisirs, c’est les recherche ardemment, s’y livrer aveuglément & sans retenue. Courir à bride abattue à sa perte, s’y porter ardemment & inconsidérément. On dit aussi, pousser un cheval à toute bride. Vaug. Voyez sur les Opérations de la bride au Manège, la Méthode de dresser les chevaux par le Comte de Newcastle, pag. 182 & suiv. de la traduction fançoise, & pag. 190 & suiv. p. 322 & suiv. pag. 378 & suiv.

Bride à abréver ou abreuver. Vous pouvez mettre au poulin pour quelques jours la bride à abréver, sans rènes, après quoi vous lui mettrez le mors. Newc. Il n’y a rien de si utile à la santé des chevaux que de les tenir avec la bride à abréver trois ou quatre heures avant que de les monter, & autant de tems après, jusqu’à ce qu’ils soient bien refroidis. Id.

Bride, se dit figurément de tout ce qui arrête, ou qui borne la puissance de quelqu’un ; qui le retient dans son devoir. Freni. Les Ephores de Sparte étoient établis pour tenir en bride la puissance royale. Les loix tiennent en bride les peuples. Il faut tenir la bride haute aux jeunes gens qui sont trop fougueux, pour dire les traiter avec sévérité, de peur qu’ils ne s’échappent. Notre esprit assez souvent n’a pas moins besoin de bride que d’éperon. Boil. On dit aussi, qu’un homme a lâché la bride à ses passions, lorsqu’il s’y abandonne entièrement. Il faut user de toutes choses avec modération, & ne lâcher jamais la bride à nos sens ; quelque innocens qu’en soient les objets. Nicol. Lâcher la bride à quelqu’un, l’abandonner à lui-même, à sa propre volonté, ne le plus retenir. On dit aussi, qu’une citadelle, une place forte, tient en bride toute une ville, toute une Province ; pour dire, qu’elle la tient dans la sujettion, dans l’obéissance.

On appelle proverbialement des brides à veaux, les raisons qui persuadent les sorts, & dont se moquent les gens éclairés. Je ne sauroir souffrir qu’on se moque de vous, & je vois que tout ce qu’il vous dit là, sont des brides à veaux. R.

Huit cens petits livres nouveaux
Qu’on appelle bride à veaux. Masc.

On dit aussi qu’il faut aller bride en main en quelque affaire ; pour dire, qu’il faut agir lentement, & après une mûre délibération. On dit aussi, mettre la bride sur le cou à quelqu’un, lorsqu’on l’abandonne à lui-même. On dit aussi, qu’on a hoché la bride à quelqu’un ; pour dire, qu’on a fondé ses intentions, pour savoir s’il voudroit faire quelque chose qu’on ne lui a pas demandée ouvertement.

Bride, se dit aussi de ce qui serre, qui arrête & qui attache une chose à une autre. Retinaculum. Il faut refaire des brides à cette dentelle. Les boutonnières ont besoin de brides pour les arrêter. On met des brides aux beguins des enfans pour les attacher.

Bride, chez les Arquebusiers, est un morceau de fer plat, assujetti en dedans par des vis au corps de platine, servant pour soutenir la noix, & empêcher que le chien n’ approche trop près du corps de platine en dehors.

Bride, chez les charrons, est une bande de fer, plate, pliée en trois, carrément, dont les deux branches sont percées de plusieurs trous vis-à-vis les uns des autres pour y placer une cheville de fer qui va répondre d’un trou dans un autre. Elle sert aux charrons pour assujettir plusieurs pièces de leurs ouvrages ensemble. Encyc. Les charrons se servent encore d’un autre outil assez semblable, qu’ils appellent Bride de brancard, dont l’usage est de maintenir le brancard, quand ils le montent & l’assemblent.

☞ Chez les fondeurs de cloches, on appelle brides, de grands anneaux de fer, servant à suspendre la cloche au mouton par le moyen des barreaux de fer qui traversent les anses de la cloche & les barreaux de bois & de fer posés en travers sur le mouton.

BRIDER. v. a. Mettre la bride à un cheval, ou à une autre bête de voiture. Frenare. C’est faire entrer le mors dans la bouche, passer le haut de la têtière par dessus les oreilles, & accrocher la gourmette. Brodez les chevaux, & absolument bridez, nous allons partir.

On dit qu’un cheval se bride bien ; pour dire, qu’il a la tête bien placée.

On dit familièrement que chacun bridera sa bête ; pour dire, que chacun se conduira à sa fantaisie.

En termes de Marine, on dit brider l’ancre ; pour dire, empêcher qu’elle n’enfonce dans le sable : ce qui se fait en enveloppant ses pattes de planches.

On dit en Fauconnerie, brider les serres d’un oiseau, quand on en lie une de chaque main : ce qui l’empêche de charrier, ou d’emporter sa proie.

Brider une pierre. Terme de Carrier. C’est l’attacher avec le bout du cable de la grande roue, où tient le crochet, pour la tirer en haut.

Brider, en termes d’Histoire naturelle, se dit pour Arrêter, retenir, empêcher l’action ou la vertu d’un agent naturel. Cohibere. Le sucre dans cette préparation est chargé d’une huile essentielle, qui bride l’action de ses parties salines. Demours.

Brider, signifie figurément, tenir en sujettion. Frenare, frenis injicere. Cette forteresse, bride toute la Province. Les peuples sont bridés par les loix, par l’autorité des Magistrats. Brider le cours impétueux de l’ambition & de la fortune. Brider ses passions. Théoph. Ils sont bridés par mer, ils ne peuvent plus sortir.

La raison trop farouche au milieu des plaisirs,
D’un remors importun vient brider nos desirs. Boil.

On le dit aussi des conventions particulières. Cet homme est bien bridé par cette transaction, il ne peut plus faire de chicane. Il est du style familier.

On dit figurément & proverbialement, brider la bécasse ; pour dire, engager adroitement quelqu’un, de telle sorte qu’il ne puise plus ’en dédire ; l’attraper, le tromper. La becasse est bridée. On appelle aussi un oison bridé, un sot, un homme qui n’a point vu le monde.

Brider, signifie aussi, étreindre, serrer, cacher. Stringere, astringere. Ce juste-au-corps est mal taillé, il vous bride trop sur les épaules. Il s’est bridé le nez de son manteau pour n’être point apperçu.

Brider le nez, se dit aussi, pour donner un coup de fouet, de verge, ou de baguette par le nez. Il lui a bridé le nez d’un coup du fouet qu’il avoit en main. Quand on marche dans un bois épais les petites branches que l’on fait plier, vont brider le nez de ceux qui suivent de trop près. On dit même de tous ceux à qui on jette quelque chose au visage, qu’on leur en a bridé le nez. Tout cela est familier.

Brider, est aussi un terme d’Académiste, qui se dit en parlant de la course de la bague. Impingere. C’est toucher la potence avec sa lance, passer par dessous la potence, ou fraper le canon de la potence. Cet homme est bien mal adroit, il bride toujours la potence.

Brider les cloches, c’est en lier les battans avec des cordes pour carillonner.

BRIDÉ, ÉE. part.

On dit proverbialement, qu’une affaire est sellée & bridée ; pour dire, qu’elle est achevée, qu’elle est conclue, par une méchante allusion de la selle du cheval, au sceau des arrêts qui terminent les affaires.

☞ BRIDGENARTH. Petite ville d’Allemagne, en Shropshire, sur la Severne.

☞ BRIDGETOWN. Ville de l’Amérique Angloise, dans l’Île de la Barbade ; on l’appelle autrement ville de Saint. Michel.

☞ BRIDGEWATER. Ville d’Angleterre en Sommersetshire, sur le Parret.

BRIDOIR. s. m. Prononcez Bridoi. C’est un morceau de linge, large d’environ trois doigts, que les Dames mettent à leur bonnet, quand elles se coëffent. Il sert à bander le menton, & c’est pour cela qu’on l’appelle aussi une mentonniere.

BRIDON. s. m. Terme de Manège & d’Eperonnier. C’est un filet à l’Angloise, qui a une embouchure fort menue, & qui n’a aucunes branches ; bride légère & sans branches. Les chevaux Anglois se ménent avec des bridons, & n’ont des brides qu’à l’armée. Il n’y a point de cheval, ni sûr, ni utile, ni qui puisse aller avec un bridon, s’il n’est premièrement monté avec le mors. Newc. Les bridons à la royale, ne sont presque pas différens des bridons à l’angloise.

Bridon, est aussi un terme de quelques Religieuses. Il signifie un morceau de linge large d’environ deux doigts, qui est cousu & attaché au voile. Ce bridon fait voir que les Religieuses doivent se priver de tous les plaisirs du monde.

☞ BRIDURE. s. f. Terme de rivière : perche qui tient avec une longue rouette. Voy. Rouette.

BRIE. s. f. On nomme brie en Normandie, ce qu’on nomme ailleurs brayoire ; c’est-à-dire, cet instrument qui sert à donner au chanvre la première façon, & à commencer à en séparer la filasse de la chevenotte.