Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHAUD

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 487-488).
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☞ CHAUD, AUDE. adj. Qui a de la chaleur, qui contient en soi des principes de feu. Voyez Chaleur. Calidus. Le feu est chaud. Le Soleil est chaud. Bain chaud. Fer chaud. Bouillon chaud.

Chaud, se dit aussi de ce qui donne de la chaleur. Calefaciens, calefactorius. On dit que du vin est chaud. Les épiceries sont chaudes. Un habit de ratine est chaud.

On appelle fièvre chaude, celle qui cause le délire & le transport au cerveau. Febris ardens.

Chaud, se dit encore des femelles qui sont en amour. Une chienne chaude. Maris appetens.

Chaudes larmes, sont celles qui coulent avec impétuosité, quand on a le cœur serré de quelque douleur violente, à la différence de celles qui viennent goutte-à-goutte, par quelques mouvemens de muscles ou blessure de l’œil, ou qui viennent de joie & de tendresse. Fervidæ lacrymæ, magna vis lacrymarum. Pleurer à chaudes larmes. Pleurer excessivement.

Chaud, se dit aussi en morale des prompts & violens mouvemens que causent les passions dans l’esprit ou dans le cœur des hommes. Fervidus, ardens, promptus. Ainsi on appelle un chaud ami, un homme prompt à rendre service. Il est bienheureux d’avoir un si chaud protecteur que vous. Mol.

Je crois qu’un ami chaud & de ma qualité,
N’est pas assurement pour être rejeté. Idem.

On dit d’un homme indolent, nonchalant, & qui ne se détermine ni d’un côté ni de l’autre, qu’il n’est ni chaud ni froid.

On dit figurément d’une chose qui ne sert ni ne nuit à une affaire : cela ne fait ni chaud ni froid. Ac. Fr.

On dit qu’un homme a le sang chaud, pour dire, qu’il est en colère & emporté, calidus, fervens, fervidus : que les Picards ont la tête chaude.

On dit en ce sens une chaude alarme, pour dire, une émotion causée subitement par la nouvelle de quelque danger prochain. Une chaude attaque, pour dire, une attaque violente, impétueuse. Il faisoit chaud en cette occasion, pour dire, le combat étoit rude & sanglant. Nous nous sommes vu dans un endroit où il faisoit chaud. Mol.

Chaud, se dit quelquefois dans le style familier, pour dire, récent, nouveau. Ainsi l’on dit, en parlant d’une chose qui vient d’arriver, cela est encore tout chaud.

On dit aussi parmi les Joueurs, qu’un homme a la main chaude, pour dire, qu’il est heureux, qu’il a fait plusieurs mains, qu’il a gagné plusieurs coups de suite.

Fer chaud, se dit aussi d’un serment qu’on faisoit autrefois en Justice par l’attouchement du fer ardent. Ferrum calens. Voyez Preuve.

Chaud, est aussi une manière d’adverbe. Boire chaud, c’est-à-dire, boire une liqueur qui est chaude. Aquam potare calidant.

Chaud, est aussi substantif, & signifie la même chose que chaleur. Cet homme est accoutumé à souffrir le chaud & le froid. On brûle, on meurt, on étouffe de chaud. En 1653, on vit des hommes mourir de chaud en Pologne & en Lithuanie, quoique ce soit un pays froid.

☞ En parlant d’une occasion périlleuse, d’une attaque, d’une remonte, où il y avoit beaucoup de périls à courir : on dit familièrement qu’il y faisoit chaud.

☞ A la chaude, façon de parler adverbiale, qui signifie, sur l’heure, dans le premier mouvement. Les choses qui se font à la chaude sont excusables. Cette façon de parler n’est pas noble.

On dit proverbialement, tomber de fièvre en chaud mal ; pour dire, d’un petit malheur entrer en un plus grand. On dit qu’un homme ne trouve rien de trop froid ni de trop chaud, pour dire, qu’il n’est point dégoûté, que tout lui est bon, qu’il prend par-tout. On dit qu’un homme souffle le froid & le chaud, pour dire qu’il n’est d’aucun parti assuré, qu’il soutient le pour & le contre, qu’il dit du bien & du mal des mêmes gens. On dit aussi qu’il faut battre le fer tandis qu’il est chaud, pour dire, qu’il ne faut pas laisser échapper l’occasion. Et on dit ironiquement à ceux qu’on veut taxer de froideur : vous êtes un chaud lambin, un chaud lancier. On dit aussi, pour exagérer la chaleur d’une chambre, qu’il y fait chaud comme dans un four. On dit encore, si vous n’avez rien de plus chaud, vous n’avez que faire de souffler ; pour donner à entendre à quelqu’un, qu’il se flatte vainement de quelque espérance.

Chaud, vient du latin caldum. On disoit autrefois cald.