Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 903).
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COR, s. m. espèce de calus ou de durillon qui se forme aux doigts des pies. Clavus, gemursa. Les cors viennent ☞ d’une trop grande compression de la peau causée par une chaussure trop étroite. La peau se détruit & forme un nœud. Il est dangereux d’appliquer sur les cors des remèdes corrosifs.

COR, s. m. trompette de chasseur, instrument de cuivre tourné en plusieurs cercles, dans lequel on souffle pour faire un grand bruit qui anime & qui rappelle les chiens & les chasseurs. Cornu. On dit, donner du cor, sonner du cor. On faisoit autrefois des cors d’yvoire.

Mais le cor sonne la retraite,
Sous les eaux l’astre du jour fuit,
Un repas rustique s’apprête,
Déjà le feu chasse la nuit. Nouv. ch. de vers.

Les Chasseurs ont un petit cor qu’on appelle huchet, qui est un tuyau de cuivre recourbé sans aucun retour, étroit par l’embouchure, & large par l’autre bout. Il y a aussi des cors qui ont un retour au milieu comme un anneau, qu’on appelle trompes ; & des cors tortillés qui ont jusqu’à huit ou neuf retours qui sont plus en usage dans les concerts. Le grand cor est de même figure que le huchet, mais bien de plus grand volume. On peut donner au cor toute l’étendue d’une trompette. L’endroit par où l’on embouche le cor, se nomme bocal, qu’on fait d’argent, de cuivre, de corne, ou de bois. L’autre extrémité, qui est fort large, s’appelle le pavillon.

Il y a aussi de petits cors de la même figure, dont se servent les Postillons, qu’ils portent pendus à leur cou. Les Vachers & les Bergers ont aussi des cors qu’ils font de cornes de béliers ou de bœufs, dont ils coupent le petit bout pour faire l’embouchure, où ils ajoutent un petit bâton de sureau percé & creusé, qui sert de portevent & de bocal. Ces sortes de cors s’appellent proprement cornets-à-bouquin. Les Hébreux se servoient de ces cors faits de cornes de bélier pour annoncer le Jubilé, dont le nom Jubel signifie bélier, corne de bélier, d’où est venu le mot jubilé.

On dit proverbialement, par une métaphore tirée de la chasse, qu’on a cherché quelqu’un à cor & à cri ; pour dire, qu’on a fait toute la diligence possible pour le trouver. Omni studio ac diligentia, remis velisque, ou velis equisque.

On le dit aussi de la poursuite d’une affaire qu’on fait hautement & avec éclat. Omni contentione, intentis animis ac viribus.

Cor, en termes de Chasse, se dit des pointes ou chevillures sortans du marrein de la tête des cerfs sur chaque branche au dessous du surandouiller. Cornuum cervinorum ramuli, rami. Un cerf dix cors.

Cor de mer, coquille rude par dehors, unie & blanche par dedans, large par le milieu, qui va en pointe, & qui est propre à recevoir la bouche, afin de corner.

Cette coquille renferme une sorte de poisson. Ron.