Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BRUN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 96).

BRUN, une. adj. Qui est de couleur sombre & obscure, tirant sur le noir Fuscus, subniger. Du drap brun, gris-brun, rouge-brun, vert-brun.

Brun. s. m. Signifie couleur brune. Cette étoffe est d’un beau brun, tire sur le brun, sur le gris-brun.

Ce mot vient du flamand bruin, ou de l’allemand braun, qui signifient la même chose. Mén. Octavius Ferrarius dit qu’on a donné ce nom à cette couleur, à cause qu’elle approche de celle des prunes, ou de la couleur des armes brunes, dont ont croit qu’on a fait aussi bronze & bronzer, à cause que le Italiens disent abronzare ; pour dire, enduire d’une couleur brune. Quelques-un croient que c’est un vieux mot françois, à cause de Brunehaut, qui signifioit une Dame brune.

Brun, se dit aussi des personnes qui ont le poil noir, ou qui n’ont point la peau extrêmement blanche. Un beau brun, une belle brune. Les gouts sont différens ; l’un aime la blonde, & l’autre la brune : & l’on dit des inconstans, que tout leur est bon, qu’ils courent après la blonde & la brune.

Brun, Brune, adj. se dit aussi figurément, mais dans le style comique, pour sombre, mélancolique. Obscurus, tetricus. Cet homme est d’une humeur bien brune.

On dit aussi, que le temps est brun : qu’il fait brun : ou absolument on dit la brune, quand la nuit approche. Il est familier.

On appelle un clair-brun, celui qui a les cheveux entre le blond & le noir foncé.

Bai-Brun, se dit des chevaux qui sont de couleur de châtaigne, mais fort obscure. Badius. Le Soudiacre Bonitus, dans la vie de S. Théodore, qu’il écrivoit, ou qu’il augmentoit il y a plus de 600 ans, dit qu’en latin on appelle Brunus, une espèce de cheval que les Grecs appellent Dardanus, c’est-à-dire, un cheval brun, ou, comme il parle, d’un blanc obscur. Equumquem albus ac perobscurus color exornat ; où Bollandus remarque que brunus s’est dit en effet pour fuscus, dans les Auteurs du moyen âge ; mais que ce mot n’est point latin, non plus que Dardanus n’est point grec dans ce sens. Act. Sanct. Febr. T. II. p. 33.

Brun-rouge. Quelques-uns appellent ainsi un ocre rouge d’une couleur foncée, dont on se sert dans la peinture.

☞ En termes de peinture, on dit les bruns d’un tableau, pour dire les ombres. Voy ce mot. Mais quand on dit qu’un tableau est brun, on entend alors que le peintre a forcé les ombres, a donné, comme on dit, dans le noir.

Brun, s. m. Nom d’homme. Brunus. S. Brun, Archevêque & Apôtre de Prusse, où il fut décollé avec 18 autres Missionnaires, est nommé Brunus, & non Bruno, en tous les manuscrits de sa vie écrite par Ditmar, Evêque de Mersbourg, qui avoit étudié avec lui. Chast. Cependant on dit aussi quelquefois Brun en françois pour Bruno, ou Brunon.

Brune. s. m. On appelle ainsi le temps du soir, lorsque la nuit approche ; le temps qui est entre le coucher du soleil & la nuit. Vesper, vesperus, vespera, vespertinum tempus. Sur la brune ; c’est-à-dire, au temps, ou vers le temps qu’on appelle brune. Cet homme craint les Sergens, il n’ose sortir que sur la brune. Cette façon de parler vieillit. Il fait brun, la nuit approche. Sur la mer on dit, le brun de la nuit ; pour dire, l’obscurité.

BRUNE. s. f. Fille de l’Hôpital-Général. On appelle les filles de l’Hôpital Général les Brunes.

Brune. s. f. Toile qui se fabrique à Rouen.