Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/871-880

Fascicules du tome 1
pages 861 à 870

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 871 à 880

pages 881 à 890


BESAS. s. m. Terme du jeu de dez, qui signifie, deux as du même coup de dé. Pasq. Rech. Liv. VIII. ch. 30. On s’en seRt aussi au jeu de Trictrac. L’usage veut à-présent que l’on dire beset.

BESCHE. Voyez Bêche.

BESCHER. Voyez Bêcher.

BESCHOTER. Voyez Bechoter.

BESCU. adj. Vieux mot. Borel croit qu’il signifie qui a deux pointes aiguës. Bâtons bescus, comme bistardes.

BESER. v. n. Ce mot se dit en Basse-Normandie & autres lieux, des vaches qui mouchent, comme on parle en Anjou ; c’est-à-dire, qui courent quand elles sont piquées des mouches. Ménage, Dict. Etym. Il y a bezer à la fin de l’article ; & c’est ainsi que, con-formément à la prononciation, il est dans Nicot, qui dit que de-là est venu, aller à saint Bezet, ou Trottet.

BESESTAN, ou BESESTIN. On nomme ainsi à Andrinople, & dans quelques autres principales villes des Etats du Grand Seigneur, les lieux où les Marchands ont leurs boutiques, & étalent leurs marchandises. Voyez Bezestin.

BESET. Voyez Besas.

BESI. Mot originairement céltique. Nom générique qu’on donne à plusieurs espèces de poires, en y ajoutant le nom du pays dont on les a tirées. Voyez Besi d’Heri, Besi de la Motte, Beri Chacemontel, vulgairement Chaumontel. Acad. Fr.

BESICLES. s. f. pl. Sortes de Lunettes attachées à un bandeau qui se lie autour de la tête. Conspicillum, vitrum occularium. Voyez Lunettes, où l’on a parlé de l’invention des besicles.

Le vieux Ronsard ayant pris ses besicles,
Pour faire fête au Parnasse assemblé,
Lisoit tout haut ces Odes par articles,
Dont le public vient d’être régalé. R.

On dit proverbialement, qu’un homme n’a pas mis ses besicles, quand il se trompe, faute d’attention, d’examen.

Ce mot vient à duobus circulis, ou cyclis, qui composent des lunettes ; ou selon Pasquier, de bis oculi, doubles yeux.

BESI DE CAISSOY. s. m. Sorte de poire, qui s’appelle autrement Roussette d’Anjou. C’est une petite poire de Décembre & Janvier, de la grosseur à-peu près d’un blanquet : le fond du coloris est jaunâtre, chargé par-tout de rousseur ; la peau peu unie, la chair rendre, mais pâteuse ; beaucoup de pierre & de marc ; l’eau peu agréable, tirant au goût de cormes. Quelquefois néanmoins on en voit d’assez bonnes. La Quint. Tom. I, Part. III, pag. 369.

Ce mot vient de besi, qui en breton signifie poire, & de Caissoy, nom du lieu d’où apparemment elle est venue, comme dans les suivantes.

BESI-D’HERI. s. m. Espèce de poire très-ronde, de la grosseur à peu près d’une grosse balle de jeu de paume ; le coloris jaune, & d’un vert blanchâtre, la queue assez droite & longue, & mûrissant en Octobre & Novembre. La Quint. Le besi-d’heri se conserve pendant l’hiver. Besie-d’hery. Dery en vieux Gaulois signifie bois, & besie, poire. De sorte que besiedery signifie poire de bois. Pirum Sylvestre. Ce mot se trouve encore dans la langue irlandoise. London-dery en Irlande signifie Londinum Sylvestre ; car c’est une colonie de Londres établie dans le bois d’Irlande. M. Huet.

On devroit écrire besi de hery ; mais l’usage, qui se met peu en peine de la raison, fait écrire besi d’heri. La Quintinie écrit quelquefois besideri.

Besi-d’heri-landry. Espèce de poire que l’on nomme plus communément. Poire de Leschasserie ; &. quelques-uns, Verte-longue d’hiver. Voyez Leschasserie.

Besi des essars. Autre espèce de Poire, dont la Quintinie ne fait pas grand cas.

Besi de mapan. Espèce de poire qui se mange au mois d’Août, & que la Quintinie estime peu.

Besi de la motte. Autre espèce de poire qui se mange en Octobre. La Quintinie, Part. III, c. 2.

☞ BESIGHEIM. Petite ville d’Allemagne, dans le Cercle de Suabe, au Duché de Wurtenberg.

BESIERS. Voyez Beziers.

BESIGUE. Voyez Besaigue.

BESLANT. Voyez Bêlant.

BESLEMENT. Voyez Bêlement.

BESLER. Voyez Bêler.

☞ BESLIS. s. m. Nom qu’on donne en Turquie aux valets de pied des Gouverneurs & des Bachas.

BESNARDES. s. f. Terme de Serrurier, est le nom qu’on donne aux serrures qui s’ouvrent des deux côtés.

Besnardes, On appelle portes besnardes, celles qui ont des serrures appelées besnardes, & on l’écrit souvent sans s, bénarde.

BESOARD. Voyez Bezoard.

BESOCHE. s. f. Terme d’Agriculture & de Jardinage. Instrument de fer avec lequel on fait les labours dans les terres pierreuses. C’est la même chose qu’un hoyau, qui selon Nicot, en quelque pays s’appelle besoche. Ligo. Il se fait des labours de plusieurs façons, à la bêche, à la houe, dans les terres aisées ; à la fourche, & à la besoche ; dans les terres pierreuses. La Quint. Prononcez bezoche, comme écrit quelquefois Nicot.

BESOGNE. s. f. Travail, occupation à quelque chose que ce soit, opera, labor. Il faut qu’un chacun mette la main à la besogne. L’Avocat a sa besogne, aussi-bien que l’artisan.

☞ On dit aussi de l’ouvrage même qui résulte de ce travail, bonne besogne. Il a gâté la besogne, cette besogne est bien faite. Opus.

En parlant d’un homme qui ne s’applique qu’aux choses de sa vacation, de sa profession, on dit que c’est un homme qui ne songe qu’à faire sa besogne. Ac. Fr.

Besogne faite. s. f. Terme de Manufacture de laine, qui est en usage dans les fabriques de Poitou. Il se dit des serges, étamines, draps, tiretaines, &c. encore en toile, & telles qu’elles sortent du métier, avant que d’avoir reçu aucun aprêt.

Besogne, se dit aussi figurément dans le style simple & familier, de tout ouvrage d’esprit.

Muse, on admire votre besogne,
Mais vous n’avez ni feu ni lieu. Main.

Besogne, dans le même sens, se dit encore de toute affaire importante & embarrassante.

Le séjour de Catalogne
Vous peut tailler de la besogne. Voit.

Besognes. s. f. plur. Hardes qu’on porte avec soi, dont on a ordinairement besoin : il se dit particulièrement des hardes ou besognes de nuit. Sarcinæ, sarcinulæ.

Besogne, se dit quelquefois en style vieux & badin pour chose.

Enfin c’est bien pauvre besogne
Que de belle eau claire entre nous :
A tout hasard garnissez-vous
De quelque baril de Bourgogne.

C’est-à-dire, c’est bien pauvre chose, c’est bien peu de chose. Dans quelque cas que ce soit, ce mot ne peut s’employer que dans le style familier.

Besogne, se dit proverbialement en ces phrases. Il ressemble au Bahutier, il fait plus de bruit que de besogne. Vous nous faites de belle besogne ; pour dire, vous ne faites rien qui vaille. Selon l’argent la besogne ; pour dire, que les ouvriers travaillent selon qu’ils sont payés. Besogne qui plaît est à demie faite. On dit aussi, tailler de la besogne à quelqu’un ; pour dire, non-seulement au propre, lui préparer de la besogne pour travailler, mais aussi au figuré, lui susciter bien des affaires. On dit aussi d’un fainéant, d’un méchant valet, qu’il aime besogne faite, & qu’il s’endort sur la besogne ; pour dire, qu’il travaille nonchalament.

Besogne, se dit aussi d’une espèce de bateau foncet.

BESOGNER. v. a. enciennement BESONGNER. Travailler, faire sa besogne. Opus facere, exercere, labori incumbere.

Ce mot est vieux ; il a été employé par Amyot, Evêque d’Auxerre, dans les Vies de Plutarque en un sens obscène. Besogne bien ta jeune Chélidonide, & engendre de beaux enfans à Sparte. On ne le dit plus que dans le style burlesque, mais au premier sens que nous avons dit.

☞ BESOGNÉ. part. Compositus, comparatus. Fait, travaillé.

Peine ni soins, rien ne fut épargné,
Et me sembloit regardant mon ouvrage,
Des connoisseurs mériter le suffrage,
Et que le tout étoit bien besogné.

☞ BESOIN. s. m. Alicujus rei necessitas, penuria. C’est un sentiment désagréable, occasionné par l’absence apperçue, & la présence désirée d’un objet. Il s’ensuit de-là que nous avons deux sortes de besoins ; les uns du corps, qu’on nomme appetits ; les autres de l’esprit, qu’on appelle désirs.

☞ Ce mot, considéré comme appetits ou besoin du corps, a moins de rapport à l’état & à la situation habituelle que ces mots, pauvreté, indigence, disette, mais il en a davantage au secours qu’on attend, ou au remède qu’on cherche. M. l’Abbé Girard, Syn. Il faut que nos soins s’étendent, & que notre cœur se dilate à mesure que les besoins du prochain augmentent. Flech. Les hommes sont liés par une chaîne, c’est le besoin qu’ils ont les uns des autres. Quand on est dans le besoin, c’est à ses amis qu’il faut demander de l’aide ; mais il faut aussi s’aider soi-même, de peur de les importuner. M. l’Abbé Girard, Syn.

☞ Cassendre dans sa Trad. de la Rhét. d’Arist. dit que par le mot de nécessité ou de besoin, on doit entendre tous les désirs de l’appetit sensuel ; mais principalement ceux qui donnent de l’impatience, & qui fâchent toujours lorsqu’on n’a pas la chose qu’on voudroit avoir. Mais ces mots ont plus d’étendue dans notre langue.

☞ On dit, qu’est-il besoin de ; qu’est-il besoin que ; pour dire, qu’est-il nécessaire de, ou que ? On dit aussi avoir besoin, non-seulement dans la signification d’avoir faute, mais aussi dans la signification d’avoir affaire. Comme je ne vous puis pas prêter ce que vous me demandez, j’en ai besoin. Ac. Fr.

☞ On dit proverbialement, on connoît le véritable ami dans le besoin. On dit aussi, besoin fait vieille troter.

Sæpè necesse gravem currere cogit anum.

Besoin ou Besoins, au pl. signifie aussi nécessité naturelle. Il est sorti pour un besoin. Il lui a pris un besoin. Ac. Fr. Faire ses besoins. Aller à ses besoins.

BESON. s. m. Mesure des liquides, dont on se sert en quelques lieux d’Allemagne, particulièrement dans la ville d’Ausbourg.

☞ BESONGNER. Voyez Besogner.

☞ BESONGNÉ. Voyez Besogné.

☞ BESONS. Petit village de France, sur la Seine, à deux lieues de Paris, remarquable par une foire qui s’y tient tous les ans, où le plaisir, & la curiosité attirent une infinité de personnes des deux sexes. Voyez dans Dancourt la petite comédie intitulée la foire de Besons.

BESORCH. s. m. Monnoie d’étain, ou de métal d’alliage, qui a cours à Ormus, à-peu-près sur le pied des liards de France.

☞ BESSAN. Ville de France, en Languedoc, près d’Agdes.

BESSANEM. s. m. Avicenne entend par ce mot, une rougeur des parties extérieures, semblable à celle qui précède la lèpre : elle occupe quelquefois le visage et plus souvent les extrémités du corps. Il paroît que c’est ce que nous entendons par mules aux talons, ou bien engelures.

BESSARABIE. Bessarabia. Province de la Turquie, en Europe, bornée au nord par la Podolie, au couchant par la Moldavie, au midi par le Danube, qui la sépare de la Bulgarie, & au levant par la mer Noire. La Bulgarie fut anciennement une partie de la Dace, & la demeure des Arpiens, des Tyrangites, & des Britolages. Corn. & Maty.

☞ BESSE. Petite ville de France, en Auvergne, élection de Clermont.

☞ Il y a dans la même Election une paroisse nommée Bessa en Chandeze, pour la distinguer de cette Ville.

BESSIÈRE. Voyez Baissière.

BESSIN. Nom d’un petit pays de France, dans la basse Normandie. Il a le Lieuvin à l’orient, l’Avranchin au midi, le Cotentin au couchant, & la mer de Bretagne au septentrion. Il y a le haut & le bas Bessin ; le premier au levant, & l’autre au couchant. Bayeux, capitale du Bessin, est dans le bas Bessin. Voyez Du Moulin, Discours sur la Norm.

M. Corneille semble dire que ce nom est venu de Bajocasses ou Biducasses, noms des anciens peuples qui habitoient ce pays. Je crois qu’il vient de Bayeux. On a dit Bayossin, Bayeussin, Bayessin, Bassin, & enfin Bessin. Bajocensis ager, ou Diæcesis. M. Huet dit qu’on l’appelle Bagitrinum dans les Ordonnances de Charles le Chauve. Encore que l’Evêché de Bayeux s’étende depuis la rivière de Vire, jusqu’à la rivière de Dive, il ne faut pas s’imaginer que le nom de Bessin ait toujours marqué cette même étendue. Cenales ne fait commencer le Bessin qu’à Estreham, qui est à l’embouchure de la rivière d’Orne. Huet. Ant. de Caen.

BESSIN, INE. s. m. & f. Habitant du Bessin, pays de Normandie. Bajocencis. Les Bessins, qui sont fins & rusés, s’adonnent au labeur & à la draperie, voire se plaisent assez à trafiquer. G. Du Moulin.

BESSON, ONNE. adj. Vieux mot, qui se disoit autrefois de deux enfans d’une même couche, de deux jumeaux. Geminus, gemellus. Jacob & Esaü étoient des enfans bessons.

Ce mot vient, selon Ménage, de bis simplement. Pasquier, avec plus d’apparence, le dérive de bis homines, parce qu’on disoit autrefois homs pour hommes : c’est comme si on disoit beshoms.

En Astrologie on appelle le signe des bessons, celui qu’on nomme autrement des Gémeaux. Gemini.

Besson. s. m. Rabelais s’est servi de ce mot pour signifier ce qu’on appelle doublet au jeu de trictrac.

Besson. s. m. Terme de Marine. C’est la rondeur des bancs & des tillacs, & proprement tout ce qui est relevé hors d’œuvre, & qui n’est pas uni.

BESTAIL. Voyez Bétail.

BÉTANSARS. Lieu de Flandre, près de la méridienne de Paris du côté du nord, est à 20° 4′ 30″ de longitude, & à 50° 28′ 28″ de latitude. Cassini.

BESTE. Voyez Bête.

BESTIAMAGNA. C’est la même chose qu’Elan. Voy. Elan.

BESTIAIRE. s. m. Celui qui combat contre les bêtes, ou qui y est exposé. Bestiarius. On distinguoit communément deux sortes de bestiaires. Les premiers étoient ceux qui étoient condamnés aux bêtes, ou parce qu’ils avoient été pris en guerre, ou parce qu’ils avoient commis quelques crimes ou parce que c’étoient des esclaves, qui avoient commis quelque faute considérable. Tous ces bestiaires étoient exposés aux bêtes sans armes & sans défenses. Il ne leur servoit de rien de vaincre la bête & de la tuer, on en lâchoit toujours de nouvelles contre eux, jusqu’à ce qu’ils eussent été mis à mort ; mais il étoit rare qu’il fallût en lâcher deux contre un même homme : il étoit bien plus ordinaire qu’une seule bête défit plusieurs hommes. Cicéron, dans l’Oraison pour Sestius, parle d’un lion qui seul avoit suffi contre 200 bestiaires. Ceux qui succédoient aux premiers s’appeloient en grec ἔφεδροι, & les derniers ἔσχατοι, & chez les Romains Meridiani, ceux qui, le combat ayant commencé le matin, n’étoient exposés que l’après midi. Voyez Suétone dans Claude, C. 34, & ceux-ci étoient armés d’une épée. Les Chrétiens étoient bestiaires de cette première espèce ; c’est à-dire, qu’on les condamnoit aux bêtes, même ceux qui étoient citoyens Romains, quiuque ce fût un droit des citoyens Romains de n’y être point condamnés. Voyez Clém. Alex de Const. Apost. S. Irénée, Liv. V, Chap.28. Eusèbe, Hist. Eccles. Liv. III, ch.33.

La seconde espèce de bestiaires étoient, dit Sénèque, ép. 70, des jeunes gens qui, pour s’exercer à bien manier les armes, combattoient tantôt entr’eux, & tantôt contre des bêtes ; ou quelques braves qui par ostentation, & pour faire montre de leur assurance & de leur adresse, s’exposoient à ce dangereux combat. Auguste y produisit quelquefois de jeunes gens de la première noblesse, Suet. In Aug. 43. Néron s’y exposa lui-même. Id. in Nerone, 53. Et c’est pour avoir tué des bêtes dans l’amphithéâtre, que Commode fut appelé l’Hercule Romain, ainsi que Lampridius nous l’apprend. Vigenère, dans ses Annot. sur Tite-Live, Tom. I, p. 1434, & suiv. ajoute encore trois espèces de bestiaires. L’une est de ceux qui faisoient ce métier pour de l’argent. Une autre sorte de combat étoit quand on mettoit plusieurs gens armés tous à la fois contre plusieurs bêtes. Voyez Suétone dans Claude, n. 21. Enfin la dernière de ces sortes de chasses étoit quand on abandonnoit à tout le peuple confusément & en foule un grand nombre de bêtes sauvages, pour courir après & les tuer. ☞ Les premiers furent réputés infames & incapables d’aucun emploi. Ces spectacles se donnoient le matin : l’après midi étoit pour les autres gladiateurs. Il y en avoit qui se hasardoient d’attaquer même des lions sans armes. La manière d’éviter leur fureur étoit différente ; tantôt c’étoit par leur agilité ; tantôt en jetant quelque lambeau d’habit sur la tête de l’animal. D’autres lui tenoient fortement la gueule fermée, ou y enfonçoient leur bras si avant, qu’il étoit hors d’état de se défendre. On a vu des femmes s’exposer à combattre des bêtes féroces. On croit que ce sont les Athéniens qui ont introduit ces sortes de combats.

BESTIAL, ALE. adj. Qui tient de la nature de la bête. Belluinus, ferinus. Manières bestiales. Une fureur bestiale. Boucicault, vanté par notre Histoire comme l’honneur de la France, est décrit pour un bestial & stupide par Cortésius. Mascur.

Il est aussi substantif, & se prend pour bétail. Voilà bien du bestial. Ce bestial est bien mal gouverné & bien mal soigné, vos gens ne font pas leur devoir. Au reste, il ne se dit guère ainsi que par des gens qui se mêlent du bestial. Tous les autres disent plus communément bétail. Cependant une Ordonnance de Police du 5 Septembre 1635, dit qu’à cause des regratteries & intelligences qu’il y a au fait de la marchandise de bestial, qui se vend en débit, la viande de boucherie en est plus chère. Et Naudé dit dans le Mascurat : certain paysan du temps de Charlemagne confessoit avoir semé des poudres par les campagnes, afin de faire mourir le bestial. Tout ceci montre que la remarque de Furetière au mot bétail, est fausse, que l’on a dit bestial au singulier dans le même sens que bétail, & que bestiaux n’est point le pluriel de bétail, mais de bestial.

Dans bestial il faut prononcer l’s, tant au singulier qu’au pluriel ; au pluriel il fait bestiaux, qui lui est commun avec bétail, qui a pris ou retenu ce pluriel de bestial. On dit en françois, une grande nourriture de bestiaux. Il y a des charges de vendeurs de bestiaux.

BESTIALEMENT. adv. En bête. Belluino, ferino more, pecudis ritu. Les ivrognes vivent bestialement.

BESTIALITÉ. s. f. Bêtise. Stupiditas, stupor. La stupidité de cet homme a quelque chose de la bestialité. La bestialité des Princes & leur ignorance est bien dangereuse. Mém. de Comines. Ce mot n’est plus en usage.

Bestialité se dit du péché contre nature qui se commet avec une bête. Coitio cum bellua. On punit la bête même qui a été l’instrument du crime, on la brûle avec le coupable & le procès.

BESTIAUX. Voyez Bestial & Bêtail.

BESTIOLE. s. f. Petite bête. Bestiola. Il se dit particulièrement des insectes & de la vermine, comme fourmis, tignes, punaises, cloportes, &c.

Il se dit figurément & familièrement des jeunes personnes qui n’ont point d’esprit.

Cette fille fait la capable, & ce n’est qu’une bestiole.

BESTION. s. m. Terme de Marine. C’est le bec ou la pointe de l’éperon, ou la partie du vaisseau qui est le plus en saillie. Rostrum. Il porte ordinairement la figure de quelque bête, (ce qui la fait appeler bestion) & sur-tout celle d’un lion : ce qui fait que quelques-uns lui donnent aussi ce nom.

BESTISE. Voyez Bêtise.

BESTORS, ORTE. adj. Vieux mot, qui signifioit Traversé, oblique. Obliquus. Et tant fit les chemins bestors.

BESTOURNER. v. Invertere. Vieux mot, qui signifie, renverser, d’où a été fait Biftouruer.

Mes or vendent les jugemens.
Et bestournent les erremens.

Ce mot a été aussi employé pour tourmenter l’esprit, & le mettre hors de son assiette. Turbare, perturbare. On le trouve en ce sens dans Alain Chartier, où on lit ce qui suit : Par leurs paroles épouvantables & très-perceans le cœur & la pensée, m’avoit jà ces trois derroyées & séditieuses de caresses, bestourné le sens, & aveuglé la raison.

BET.

BÊTA. s. m. Terme bas, au moins familier qui se dit de quelqu’un qui est très-bête, c’est un gros bêta.

BÊTAIL. s. m. Terme collectif, qui signifie des bêtes à quatre pieds & domestiques, qui servent au labourage, ou à la nourriture de l’homme. Il ne se dit guère que des bœufs, des moutons. Pecus. On dit riche en gros & en menu bêtail, & non pas en gros & menu bêtail.

☞ On appelle gros bêtail, les bœufs, vaches, chevaux. Menu bêtail, les chèvres & les moutons, qu’on appelle aussi bêtail blanc ou bêtes à laine ; les bœufs & les vaches, bêtes à cornes. Les bêtes fauves sont celles qui sont sauvages dans les forêts. Il fait au pluriel, bestiaux, en prononçant l’s quoiqu’on ne dise point bestial au singulier.

Cette remarque de Furetière est fausse ; bestial se dit au singulier, voyez ce mot ci-devant : & bestiaux n’est point le plurier ce bêtail, mais de bestial ; bêtail n’en a point.

☞ BETANCOS, ou BETANZOS. Betanea. Ville d’Espagne, dans la Galice, près de l’Océan.

BÊTE. s. f. Animal privé de raison. ☞ Animal est le terme générique qui convient à tous les êtres organisés. L’Animal considéré comme privé de raison, d’intelligence & de volonté, s’appelle bête. Ainsi dans l’usage ordinaire, ce mot se prend par opposition à homme. On dit l’homme a une ame, & quelques Philosophes n’en accordent point aux Bêtes. Bestia, bellua.

La plûpart des Philosophes de l’antiquité ont cru que les bêtes raisonnoient. Plutarque a fait un discours assez grave pour prouver que les bêtes ont de la raison. Toute la secte des Pythagoriciens devoit être dans le même sentiment, parce que la métempsycose suppose que les ames humaines passent dans le corps des animaux ; & Platon dans son Dialogue ne nie point que sous le règne de Saturne les bêtes étoient en commerce de conversation avec les hommes. On a prétendu même qu’elles ont un jargon intelligible entr’elles ; & Porphyre rapporte que Tirésias & Apollone de Tyane entendoient leur langage. S. Basile lui-même a compté parmi les beautés du Paradis terrestre, que les bêtes y parloient. Mais plusieurs entre les modernes ont prétendu prouver que les bêtes n’ont point de sentiment, & que ce sont seulement des machines. C’est une opinion qui a été renouvelée par M. Descartes, Un Médecin Espagnol, nommé Gomesius Peretra, avança le premier ce paradoxe inoui ; car tout le monde étoit réuni à croire que les bêtes ont du sentiment. Il fut trente ans à en composer un Traité, qu’il a intitulé Antoniana Margarita, du nom de son pere & de sa mere. Il le publia en 1615, On ne lui fit pas l’honneur de réfuter son opinion, « & elle s’éteignit avec lui. Ainsi jusqu’à Descartes l’on a cru sans contestation que les bêtes connoissoient. On disputoit seulement entre les Philosophes, si les bêtes ont la faculté de raisonner en vertu de leur principe de connoissance. Mais le dogme des automates fit en peu de temps beaucoup de progrès. Il y a bien de l’apparence que M. Descartes a été poussé par sa doctrine à soutenir que les bêtes ne sentent point : car en considérant les suites de son principe touchant la substance étendue, & la substance qui pense, il s’apperçut que la connoissance des bêtes renversoit toute l’économie de son système. Le Père Pardies a fait un Livre de la connoissance des bêtes, pour montrer qu’elles ne sont destituées ni d’intelligence, ni de sentiment, & qu’il est impossible d’expliquer tous leurs mouvemens, & toutes leurs actions, par les seuls ressorts d’une machine qui se meut sans connoissance. Thomas Willis a fait aussi un Traité de l’ame des brutes. Il y a aussi un Traité du sieur Le Grand sur le même sujet, & un Livre de l’ame des bêtes, imprimé à Lyon en 1676, composé par Antoine d’Illy Prêtre d’Ambrun.

Dans le Journal de Hollande 1684, il est dit que cette opinion est ancienne, & qu’on en a disputé dès le temps de S. Augustin. Il est vrai que S. Augustin faisoit ce raisonnement ; que la misère étant une suite du péché, il en résulte que les bêtes qui n’ont point péché, ne doivent point être sujettes à la misère ; or elles y seroient sujettes si elles avoient du sentiment ; donc elles n’ont point de sentiment. Si les bêtes avoient une ame, Dieu n’auroit point donné à l’homme pécheur un pouvoir absolu sur elles, & le pouvoir de les égorger pour se nourrir. Le sieur du Rondel, Professeur à Mastricht, a prouvé que plus de 300 ans avant les Stoïciens de Rome, un Cynique avoit soutenu que les bêtes n’avoient ni sentiment, ni connoissance, & étoient de pures machines. Ainsi on a eu tort d’accuser Péreira d’avoir débité une nouveauté. Le P. Daniel dans ses Nouvelles difficultés en 1693, a bien pressé M. Descartes, en soutenant qu’il y a dans les bêtes un principe de connoissance & d’intelligence. Un Médecin Epicurien, nommé Lami, a soutenu que l’homme n’a d’autre empire sur les bêtes que celui de la force & de l’adresse. Boileau fait dire à l’âne,

Ma foi, non plus que nous l’homme n’est qu’une bête.

Guy Pape rapporte que passant auprès de Châlons, il vit un cochon attaché aux fourches patibulaires de cette ville, & qu’en ayant demandé la raison, on lui répondit, qu’on l’avoit fait parce que ce cochon avoit tué un enfant.

Au temps jadis bêtes parloient aussi ;
Sans remonter jusques au temps d’Esope
Bêtes encore parlent en celui-ci.

Bête, se dit particulièrement des animaux à quatre pieds, qui servent à voiturer. Une bête de somme, de charge. Voyez Somme.

On dit au Palais, une bête asine, pour parler plus honnêtement d’un âne. Bête chevaline, Cheval de paysan de peu de valeur.

Bête, se dit aussi de la vermine. Vermis. J’avois cette année de beaux fruits, mais les bêtes les ont mangés, les tignes, les vers, les chenilles.

On appelle populairement, bête épaulée, un cheval qui ne vaut rien, & qui n’est plus en état de servir ; & figurément on dit la même chose d’une fille qui est sur le retour, & qui a fait parler d’elle. Acad. Fran.

Bête, en termes de chasse, se dit absolument du gros gibier. Fera. Lancer la bête. Bêtes noires, ce sont les sangliers. Bêtes fauves, ce sont les cerfs, les chevreuils, les daims. Bêtes puantes, les renards, les bleraux. On les distingue aussi par le nom de bêtes de brout, comme les cerfs, chevreuils, &c. & bêtes mordantes, comme le sanglier, le blereau, le renard, l’ours, le loup, la loutre, &c.

☞ On appelle bêtes de compagnie, de jeunes sangliers qui vont encore par troupes. Ac. Fr.

☞ Par le mot bête, mis absolument, on entend quelquefois les bêtes sauvages, les bêtes féroces. On exposoit les Martyrs aux bêtes. Ac. Fr.

Bête, se dit figurément en morale, d’un homme qui ne cherche que ses plaisirs sensuels. Bellua pecus. C’est une bête brute. Il a vécu, il est mort en bête.

On dit de celui qui est trop particulier, que c’est une bête farouche ; de celui qui est trop colère, que c’est une bête féroce.

Bête, se dit encore figurément, d’une personne qui manque d’esprit presque en tout, par défaut d’intelligence. C’est en vain qu’on fait des leçons à une bête, la nature lui a refusé les moyens d’en profiter. Stolidus, vecors ; il y a des bêtes qui croient avoir de l’esprit, leur conversation fait le supplice des personnes qui en ont véritablement. M. l’Abbé Girard, Syn. Voyez Stupide. Idiot.

Outre qu’il est assez ennuyeux, que je croi,
D’avoir toute sa vie une bête avec soi ;
Comment prêtendez-vous, après tout qu’une bête
Puisse jamais savoir ce que c’est qu’être honnête.

Mol.

Bête, se dit quelquefois en riant, comme dans cet exemple:La bonne bête a ses rasions. Vulpecula.

Bête, se dit encore dans le style burlesque, pour quelque chose que ce puisse être. Par ma foi, je ne fçai pas quelle bête c’est-là. Mol. Pour dire, je ne sai pas quelle chose c’est-là.

On appelle populairement la bête, ce qui fait peur. Une nourrice dit à son enfant qui crie, je ferai venir la bête. On le dit aussi d’un homme chagrin, qui a de l’autorité, qui vient troubler la joie des autres. Voici la grande bête qui vient. Les artisans qui voient un Commissaire qui va en police, l’appellent la bête noire. L’Antechrist est aussi appelé la grande bête de l’Apocalypse. On le dit aussi de deux ennemis. M. Viette étoit la bête de Scaliger ; il l’attaquoit toujours, & il avoit peur de lui.

On dit proverbialement, remonter sur sa bête, non-seulement dans le jeu, quand on gagne le coup suivant, après celui où l’on a fait la bête, ce qu’on avoit perdu ; mais aussi quand on a rétabli sa fortune ruinée, réparé une perte qu’on avoir faite. On appelle aussi deux personnes qu’on voit toujours ensemble, des bêtes de compagnie. On dit, prendre du poil de la bête ; pour dire, boire le matin, quand on a été incommodé d’avoir trop bu le soir ; ou, se guérir par les mêmes choses qui ont causé le mal. On dit aussi, qu’un homme a fait la bête, quand il a fait quelque méchante affaire de sa tête, & malgré les conseils de ses amis. ☞ On dit encore qu’un homme n’a pas affaire à bête lasse, lorsqu’il a affaire à une partie qui est riche & vigilante. On dit aussi, plus fin que lui n’est pas bête. On dit ironiquement, qu’un homme est une bonne bête, une fausse bête ; pour dire, qu’il est dangereux de s’attaquer à lui, qu’il est plus à craindre qu’on ne pense. On dit, faites-vous bête, le loup vous mangera ; pour dire, qu’il faut savoir repousser l’injustice.

On dit aussi, morte la bête, mort le venin ; pour dire, que ceux qui sont morts ne font plus de mal, ou qu’on ne garde point la colère contre les morts. On dit aussi, parlant d’une grande solitude ou obscurité, on n’y voyoit ni bêtes ni gens. On dit en Normandie, haro sur toi & sur ta bête, pour une formule dont on se sert pour arrêter quelqu’un prisonnier. On dit aussi, que quand Jean bête est mort il a bien laissé des héritiers; pour dire, qu’il y a encore bien des sots au monde. On dit d’un logis où il y a plusieurs locataires, que c’est l’arche de Noë, il y a toutes sortes de bêtes.

☞ BÊTE. s. f. Sorte de jeu des cartes. Ce jeu s’appelle aussi Triomphe. On le joue à trois, à quatre ou à cinq. Quand celui qui fait jouer ne gagne pas, il paye autant qu’il y a au jeu, & on dit qu’il a fait la bête. Ce mot se dit aussi de la somme que l’on a perdue en faisant la bête. Ma bête est sur le jeu. Les deux bêtes vont ensemble. Ce mot est fort usité au jeu de l’Hombre.

Bête rouge. s. f. Petit insecte des îles de Amérique, qui n’est pas plus gros que la pointe d’une épingle, & qui est tout rouge, ce qui lui a fait donner le nom de bête rouge. Quand les savannes sont un peu séches, elles en sont remplies, & les chevaux & autres animaux qui y sont en pature, en ont quelquefois le museau & la tête toute couverte de rouge. Cela cause une démangeaison inssuportable ; en sorte qu’ils se frotent contre les pierres & contre les arbres, comme s’ils vouloient se déchirer. Les bêtes rouges percent au travers des bas des hommes, & leur causent une démangeaison si pressante aux jambes, qu’ils se les écorchent à force de les grater. La décoction des bourgeons de vigne & de monbain, des feuilles d’oranger, & d’herbes odoriférantes, est un bon remède contre les bêtes rouges & leur démangeaison. On s’en lave les jambes & autres parties qui en sont attaquées. P. Labat.

Bête venimeuse des sages, en termes du grand Art, signifie la pierre philosophale, lorsqu’elle est sublimée. On l’appelle aussi serpent.

BÊTE-BIR, Sorte de mauvaise poire, qui se mange au mois de Mars. La Quint.

BETEL, ou BETLE. s. f. Dans l’Ambassade des Hollandois à la Chine, P. II, Ch. XIII, p. 85, on l’appelle Betelle, ou Betre, & l’on dit que quelques-uns soutiennent que c’est le Malabathrum des Indes, nommé par d’autres Syri-boa, & Tembal, & Pam. Le Traducteur de la Relation de Tunquin du P. Marini l’appelle Betlé, & en tunkin Blaü. Voyez ce qu’il en dit, p. 92.

C’est une plante qui s’attache aux arbres & qui y monte, comme le lierre : ses feuilles sont semblables à celles du citronier, & d’un goût amer : elles ont des nerfs suivant leur longueur, de même que le plantin. Lorsqu’elles sont mûres, elles doivent être de couleur rouge pour être bonnes. Le Betel porte dans les Isles Moluques un fruit entortillé, qui ressemble à la queue d’un lézard ou d’un rat, que les Indiens appellent Suruboa ; ils l’estiment beaucoup plus que la feuille, parce qu’il est plus rare. Il croît dans tous les lieux maritimes de l’Inde. Il croît fort bien aussi aux parties méridionales de la Chine, mais cependant moins bien qu’au pays de Decan, de Guzarate, de Canan, de Bisnagar, & autres des Indes plus tempérés ; car il ne se plaît pas dans les pays trop froids, comme dans la Chine septentrionale, ni dans les pays trop chauds, comme le Mozambique & Sofala Ambass. de Holl. à la Chine. Voyez là-même sa description, &c P.II, p.86. Voyez aussi l’Ambass. du Japon, I, p. 29. Il est bien différent du Malabathrum, ou feuille d’Inde, avec laquelle les anciens Botanistes l’ont confondu.

Les Indiens mangent du betel, le matin, l’après midi, le soir, & même la nuit, & ils en portent toujours entre leurs mains ; mais comme il est amer ils le mêlent avec l’Aréca & un peu de chaux, pour diminuer cette amertume ; & de cette manière ils le trouvent d’un goût très-agréable ; il y en a qui ajoutent du bois d’Aloës, de l’ambre & du musc. Le betel est bon pour affermir les gencives, pour fortifier le cœur & l’estomac, pour dissiper les vents, & sur-tout pour empêcher la puanteur de la bouche, à quoi les Indiens sont fort sujets. C est pourquoi ils en portent toujours avec eux, & se le présentent par cérémonie. Cependant il noircit les dents, & si on en abuse, il les ronge, & les fait tomber.

☞ BÉTELETTE. s. f. Vieux diminutif de bête. Bestiolia. Ch. Est. Dict.

☞ BETELFAGUI. Ville de l’Arabie heureuse, dans l’Yemen, environ à trente lieues de Moka.

BÊTEMENT. adv. En bête. Stupidement. Un mouton qui va sur la foi d’autrui, est celui qui fait bêtement ce qu’il voit faire aux autres. Notes sur les Fables de la Font.

BETH. s. m. Terme de Grammaire hébraïque. Beth, ou betha. C est le nom de la seconde lettre de l’alphabet hébraïque, qui est le même que le Βήτα des Grecs, & notre B. La forme de cette lettre dans l’hébreu carré est ב. Le beth est une lettre servile, ou une préposition qui répond à l'in des Latins. Ce que dit Zuingle sur cette lettre est singulier ; car, si nous l’en croyons, ce n’est point ici (Exod. VI, 3.) une préposition, c’est un article. Un ב beth, article, n’est pas l’invention d’une érudition bien profonde ; & quiconque entend ainsi l’hébreu, peut sans doute voir dans le texte original de la parole de Dieu, bien des choses qui n’y furent jamais. P. Souc. Disser. p. 303. Le beth est aussi en hébreu une lettre numérale, qui signifie deux ; & deux mille, quand il est devant un nombre de cent.

Ce nom vient du mot hébreu, בית, baith, qui signifie maison, parce que cette lettre, dit-on, en a la forme. Il faudroit donc prononcer baith, qui est la forme absolue de ce nom, & non pas beth, qui est la forme construite ; mais l’usage en a autrement décidé, & l’on dit toujours beth. De ce mot s’est formé en grec le nom du Βήτα, betha, ou vita. C’est la forme syriaque & chaldaïque du nom de cette lettre.

Beth, ou Bed. C est le nom que les Indiens donnent à leurs Livres sacrés. Il ne se dit guère qu’au pluriel. Ils prétendent que Dieu donna à Brama quatre livres, où toutes les sciences & les cérémonies de la Religion des Brachmanes sont comprises, & ce sont ces quatres livres qu’ils appellent des beths.

BETHA. s. m. C’est le nom de la seconde lettre des Grecs, que quelques-uns prononcent Vita, comme font les Grecs depuis plusieurs siècles. Voyez Beth.

BÉTHANIE. Bethania. Bourg & château de la Tribu de Benjamin, aux environs de Jérusalem au levant, au pied du mont des Olives. C’est à Béthanie que J. C. ressuscita le Lazare. Or Béthanie étoit environ à 15 stades de Jérusalem. Bouh. Jean, XI, 18. Selon M. Dacier, c’est à trois quarts de lieue. Selon la Guilletière, ce n’est qu’un peu plus d’une demi-lieue. Il y avoit encore une Béthanie au-delà du Jourdain. On l’appeloit autrement Béthabara. Beze, Drusius, Casaubon, Sculter, Light-foot & Grotius veulent même qu’il y ait une faute dans la Vulgate, & qu’on lise Béthabara, au lieu de Bethania. Mais tous les anciens manuscrits, la version syriaque & l’arabe, saint Epiphane, ont dit Béthanie, & non pas Béthabara, & il n’est pas rare de trouver dans l’Ecriture deux lieux de même nom. Ces choses se passerent à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisoit. Bouhours. Jean, I, 28.

BÉTHEL. Bethel, Luza. C’étoit anciennement une ville de la Terre-Sainte, dans la Tribu de Benjamin, environ à six lieues de Jérusalem, vers l’orient septentrional. Son premier nom étoit Luz. La vision que le Patriarche Jacob eut auprès de cette ville, d’une échelle qui touchoit au Ciel, la lui fit appeler Béthel ; c’est-à-dire, Maison de Dieu, de בית, Beth, maison, & אל, El, Dieu : Suidas ne traduit pas assez bien quand il traduit Temple divin, θεῖος ναός, Hésychius a mieux dit οἶκος θεοῦ. Depuis que Jéroboam y eut élevé un taureau d’or, elle fut appelé Béthayen, c’est-à-dire, Maison d’iniquité.

BETHLÉEM. Bethlehem. Petite ville de la Terre-Sainte, dans la Tribu de Juda, à deux lieues de Jérusalem au Sud-Est, célèbre par la naissance du Fils de Dieu, ainsi qu’il avoir été promis dans le Prophète Michée, ch. V, v.2. Les anciens Traducteurs de l’Ecriture, comme ceux de Genève & de Louvain, écrivoient Bethléhem, ce qui est plus conforme à l’étymologie de ce nom qui a une aspiration très-forte à la troisième syllabe : il vient de בית, beth, maison, & de לחם, lehhem, pain ; mais nos Traducteurs récens, & presque tous nos Auteurs aujourd’hui, ôtent l’h, & écrivent Bethléem, comme on prononce. Jesus étant donc né à Bethléem de Juda. Bouh. Et vous, Bethléhem terre de Juda, vous n’êtes pas la dernière parmi les principales villes de Juda. Port-R. On croit que cette ville fut ainsi nommée, parce qu’elle croit dans un pays fertile en blé. Bethléem fut érigé en Evêché en 1110.

Il y avoit encore un autre Bethléem au Nord de la Terre-Sainte, que le P. Lubin croit être Béthulie, que Josué, XIX, 15, place dans la Tribu de Zabulon. C’est pour distinguer de celle-ci celle dont nous avons parlé d’abord, que l’Ecriture l’appelle Bethléem de Juda.

Bethléem. (Notre-Dame de) Ordre militaire institué par le Pape Pie II, le 18 Janvier 1459, lorsqu’après la prise de Constantinople, par Mahomet II, les Turcs menaçoient d’envahir toute la Chrétienté. Le dessein de ce souverain Pontife étoit que ces Chevaliers s’opposassent continuellement aux courses que les Turcs faisoient dans la mer Egée & dans l’Hellespont, ou détroit de Gallipoli. Leur principale demeure devoit être à Lemnos, que Calixte III avoit reprise sur les Turcs. Ils devoient avoir un Grand-Maître électif des Frères Chevaliers & des Prêtres, comme les Chevaliers de Rhodes. Leur habit étoit blanc, avec une croix rouge, & pour leur entretien le Pape leur donna les biens de quelques Ordres militaires & hospitaliers qu’il supprima. Lemnos ayant été reprise quelque temps après, cet Ordre fut aboli. P. Helyot. T. VIII, C. 58.

Bethléem, Titre d’Evêché, en France, dans le Nivernois. Les Barbares ayant chassé les Chrétiens de la Terre-Sainte, Rainaud, Evêque de Bethléem, suivit l’an 1223, Gui Comte de Nevers, en France, & ce Seigneur lui donna l’administration d’un hôpital qui étoit à Clameci, petite ville du Nivernois. Depuis on établit en ce même lieu un titre d’Evêque de Bethléem, à la nomination des Comtes & Ducs de Nevers, qui a subsisté jusqu’à présent. Comme cet Evêque n’a point de territoire, il ne fait que soulager les autres Prélats, riches ou infirmes, dans les pénibles fonctions de l’épiscopat. On a bien rencontré, quand on a dit que personne ne peut prendre à plus juste titre la qualité de Serviteur des Serviteurs de Dieu, que cet Evêque.

BETHLÉÉMITE, ou BÉTHLÉHÉMITE. s. m. Qui est de Bethléem. Bethlehemites. Les anciens Traducteurs ne font point difficulté de se servir de ce mot. Emplis ton cornet d’huile, & viens que je t’envoie à Isay Bethléhémite. Louv. Ainsi en ont usé Olivétan, & tous les autres Traducteurs de Genève, Chasteillon, &c. Mais Jacques le Fevre d’Etaples, & M. de Saci, ont évité ce mot ; ils disent toujours : qui est de Bethléem, ou de Bethléhem,

Bethleemite. Nom de Religieux. Bethleemita. Les Bethléemites, qu’on appelle aussi Porte-étoile, sont un Ordre Religieux, dont plusieurs Auteurs ont parlé sans rapporter l’origine de leur Ordre, ni en quels lieux étoient leurs Couvens, si l’on excepte Matthieu Paris, qui dit que l’an 1257, on leur accorda une demeure en Angleterre à Cambrige ; que leur habit étoit semblable à celui des Frères Prêcheurs, & que les Bethléémites n’étoient distingués que par une étoile rouge à cinq raieS, avec un petit rond bleu au milieu, qu’ils porterent à cause de l’étoile qui apparut aux Mages, & qui les conduisît à Bethléem, d’où on leur donna le nom de Bethléémites. Voyez le P. Hélyot, Hist. des Ordres Relig. T. III. C. 46.

Il y a aussi des Bethléémites aux Indes Occidentales, qui font profession de servir les malades & de les recevoir dans leurs hôpitaux. Innocent XI leur permit de faire des vœux. Avant ce temps-là ils formoient une Congrégation séculière du Tiers-Ordre de S. François, fondée par le Frère Pierre de Beancourt, natif de l’Île de Ténérife ; mais originaire de Normandie au XVIIe siècle.

Il y a encore aux Indes Occidentales les Religieuses Hospitalières Bethléémites. Voyez le même Auteur, Ch. 47.

BETPHAGÉ. Bethphage. Bourgade de la Terre-Sainte, assez près de Jérusalem à côté du mont Olivet. Ce fut là que le Fils de Dieu commença son entrée triomphante à Jérusalem, six jours avant sa passion. Etant près de Bethphagé & de Béthanie vers la montagne qu’on nomme des Oliviers. Bouh. Le P. Bouhours, dans la vie de S. Ignace, L. II, écrit Betfagé, s’en allant à Betfagé qui est tout proche. Bouhours. Mais dans sa traduction du Nouveau Testament, il écrit Bethphagé, comme on vient de le voir, & Bethphagé est mieux.

BETHPHÉGOR. Nom de lieu, qui signifie en hébreu, maison, c’est-à-dire, temple de PHégor. Voyez Béel-phégor ; & si vous voulez, Voss. De Idol. L. II, C. 7.

BETHSAÏDE. Bethsaïda. Ville de Galilée, dans la Décapole, sur le bord de la mer de Tibériade, dans la Tribu de Zabulon, Philippe étoit de la ville de Bethsaïde, d’où étoient aussi André & Pierre. Bouh. Jean I, 44. Dans la suite elle fut appelée Juliade, Julias.Le P. Lubin. Bethsaïde signifie maison de chasse, ou maison de victuailles, d’alimens. Il est formé de בית, beth, maison ; & צידה tsaida, chasse, ou généralement chose bonne à manger, aliment.

BETHSAMES. Bethsames. C’est un nom hébreu, qui signifie maison du ministère, ou maison du soleil. Il est composé de בית, maison, & שמש, soleil. La prononciation hébraïque, que les Protestans conservent dans leurs Versions malgré l’usage, est bethschemesch, bethscemes, ou bethsemes. C’étoit une ville sacerdotale de la Tribu de Juda, Jos. XV, 10, & ensuite ville Lévitique, Jos. XXI, 16. C’est à Bethsames que les vaches des Philistins ramenerent l’Arche. I Liv, des Rois, VI, 12.

Il y avoit encore deux autres Bethsames. L’une dans la Tribu de Nephthali, Jos. XIX, 38, & l’autre dans la Tribu d’Issachar, au pied du mont Carmel.

Il est évident que c’étoient les Phéniciens qui avoient donné ce nom à ces villes, puisque la seconde dont nous avons parlé, n’étoit point aux Israélites, qui n’avoient pû la prendre. Liv. des Jug. I, 33. De là il s’ensuit bien clairement, 1°. Que la langue phénicienne étoit la même que la langue hébraïque : 2°. Qu’apparemment ils nommèrent ainsi ces villes, parce qu’ils adoroientle soleil.

Quelques-uns appellent aussi Bethsames, ou Bethsémes, l’Héliopolis d’Egypte. Voyez Maty. Il est vrai que Bethsemes en hébreu & Héliopolis en grec signifient la même chose, ville du soleil ; mais l’usage n’est point de dire en françois Bethsames pour Héliopolis, ni Héliopolis pour Bethsames. Le dernier se pourroit souffrir en latin.

BETHSAMITE. s. m. & f. Bethsamites, Bethsamita. Habitans de Bethsames. Cinquante mille Bethsamites d’entre le peuple, & septante de leurs chefs moururent subitement pour avoir regardé l’Arche à découvert avec une curiosité peu respectueuse. God.

Il y a plusieurs interprètes qui prétendent que Dieu n’en fit mourir que soixante & dix. C’est un sentiment commun parmi les Rabbins, qui expliquent différemment cet endroit de l’Ecriture. Le Targum ou Paraphrase chaldaïque de Jonathan dit que Dieu frappa septante Bethsamites & 50000 hommes de tout le peuple qui s’étoit assemblé là. D’autres anciens Rabbins disent que Dieu ne fit mourir que 70 hommes, mais qui en valoient 50000, parce que c’étoient les principaux du peuple ; ou bien qu’il fit mourir 50000 hommes, dont chacun en valoit 70, ou valoit autant que les septante Conseillers du Sanedrin. Abarbanel trouve ces explications trop tirées : il croit que ces 50000 sont tous ceux qui moururent à cause de l’Arche, tant Philistins, que Bethsamites, & qu’il n’y en eut que septante de ces derniers, de sorte que c’est comme si l’Ecriture disoit, Dieu fit mourir septante Bethsamites ; ce qui joint aux Philistins, qui étoient aussi morts à cause de l’Arche, fait en tout 50000. Cette interprétation est ingénieuse, & vient bien au texte hébreux, & même aux anciennes Versions.

Des Auteurs Chrétiens l’expliquent encore autrement. Quelques-uns disent que le sens est : de 50000, qui étoient là assemblés, ou de 50000 Habitans de Bethsames, Dieu en frappa de mort septante. Tirin, Sanctius, Serrarius, Muiana, Mendoza, croient qu’on peut l’entendre de cette manière. Bochart veut qu’on le prenne ainsi : Dieu fit mourir septante Bethsamites, cinquante de mille, c’est-à dire, la vingtième partie des coupables. De toutes ces explications, c’est la moins bonne. Au reste, un grand nombre d’autres Auteurs veulent qu’il y eût effecivement cinquante mille septante Bethsamites, à qui leur curiosité coûta la vie. Tel est le sentiment entr’autres de S. Grégoire, de Théodoret, de Denys le Chartreux, Mendoza, Calvin, Junius, Corn., à Lapide, Serrarius.

BÉTHULIE. Bethulia, Ville de la Terre-Sainte, dans la Tribu de Zabulon, & non pas dans celle de Siméon, comme quelques-uns l’ont cru. Elle étoit sur une montagne, & elle est fameuse par l’action hardie de Judith, la mort d’Holoferne & la défaite des Assyriens qui assiégeoient cette ville.

Il y a eu aussi la Béthulie des Francs, qui étoit une forteresse que les Chrétiens firent bâtir sur le sommet d’une montagne, ou plutôt d’un rocher, & que les Arabes appellent Bethiel Franki.

BÉTHUNE, ou BÉTUNE. Ville des Pays Bas, dans l’Artois sur la Biette. Bethunia. Cette ville a 20° 9′ 39″, de longitude, & 50° 31′ 36″ de latitude. Cassini.

☞ BETHUNE. Rivière de France en haute Normandie, au pays de Caux, qui a sa source auprès de Gaille-Fontaine, & va se perdre dans la mer, en traversant le port de Dieppe, après s’être jointe à la rivière d’Arques & à l’Eaune.

BÉTILLE. s. f. Sorte de toile. C’est une espèce de mousseline. Lineæ telæ genus. Elle vient des Indes Orientales.

☞ BÉTIQUE. Partie considérable de l’ancienne Espagne, ainsi nommée du fleuve Bétis. Elle comprenoit l’Andalousie, une partie du Royaume, & quelque chose de l’Estramadure.

BÊTISE. s. f. ☞ Ignorance crasse provenant d’un défaut d’intelligence. Voyez Bête. Stupide. Idiot. On est bête, par défaut d’intelligence. Stupide, par défaut de sentiment. Idiot, par défaut de connoissance. Stoliditas, stupor. La bêtise de ce valet n’est pas concevable. Le silence est quelquefois un signe de jugement, & quelquefois de bêtise. S. Evr. Etre toujours dans l’admiration, est une marque de bêtise, ou d’une affection qui approche de la flatterie. Bell. C’est fierté ou bêtise, que de ne point approuver ce qui mérite de l’approbation. Id. La bonne foi n’est plus que foiblesse ou bêtise. S. Evr.

☞ BETLIS. Ville d’Asie, au Curdistan, principale ville d’un Bey ou Prince du pays des Curdes, à dix journées de Diarbekir.

BÉTOINE. s. f. Betonica. Plante vivace à fleurs en gueule. Sa racine est grosse comme le doigt, & garnie de plusieurs fibres longues & chevelues. Les feuilles qui en partent sont oblongues, bosselées, velues, & portées sur des queues longues d’un pouce ou deux. Ses tiges sont carrées, rarement branchues, hautes d’un pied & demi, chargées par intervalle de quelques feuilles opposées, plus alongées que celles du bas, & plus étroites. Ces tiges se terminent par un épi de fleurs purpurines assez pressées, dont chacune est un tuyau découpé par-devant en deux lèvres. La supérieure est relevée, pliée en gouttière, & échancrée ; & l’inférieure est divisée en trois parties ; le calice est un cornet verdâtre, au fond duquel sont contenues quatre petites semences oblongues. La bétoine est céphalique. Antonius Musa, Médecin de l’Empereur Auguste, en a recueilli les vertus dans un Traité particulier qu’il nous a laissé. On a tant attribué de bonnes qualités à la bétoine, que les Italiens disent en proverbe d’une personne qu’on veut louer beaucoup, qu’il a autant & plus de mérite que la bétoine. Tu hai piu virtu che non hà la betonica.

Betonica vient de Vetones, peuples d’Espagne, qui ont les premiers employé cette plante ; on croit que ce sont les Béarnois. Pline dit que cette herbe s’appeloit vettonica dans la Gaule, en Italie, serratula ; & en Grèce castron ou psycotrophon, & que les Gaulois l’avoient appelée vettonica à vetonibus.

On prend la poudre de bétoine en guise de tabac. Elle est âcre & amère ; elle atténue, elle ouvre, elle absterge. Sur-tout on l’estime dans les maladies du cerveau, du foie, de la rate, &c. Elle est aussi diurétique & vulnéraire. Il y a des Médecins qui s’en servent avec succès dans la goutte.

BÉTON. s. m. Sorte de mortier qu’on jette dans les fondemens, & qui se durcit extrêmement. Signini operis structura. Le béton se pétrifie dans la terre, & devient dure comme un roc. Pomey.

Béton. Protogala. Lait trouble & épais qui vient aux femmes nouvellement accouchées, & aux bêtes qui ont mis bas. Dict. de James.

BETRE. s. f. Terme de Botanique. Quelques-uns donnent ce nom au bétel, dont il est parlé ci-devant : d’autres le donnent à une autre plante, qu’ils appellent poivre long du Brésil. C’est un arbrissau haut de quatre ou cinq pieds : sa tige est droite, noueuse, de la grosseur du doigt, d’un vert pâle, & marquetée de petits points blancs. Dans sa partie supérieure à l’endroit de quelques nœuds elle jette des branches qui sont aussi noueuses & de la même couleur. Il sort à chacun de ces nœuds une feuille longue de cinq ou six travers de doigt, & de la figure de la langue, d’un vert pâle, tirant sur le jaune, & de l’épaisseur des feuilles de laurier. Il y a aussi à chacun de ces nœuds un chaton long d’un ou deux doigts, & gros comme une plume de cigne. Sa semence est oblongue, noirâtre, & d’une odeur forte comme le gingembre, mais insipide, & de nul usage : elle a la forme de poivre long. Le bois de la tige est spongieux. Sa racine a quelque chose d’aromatique : elle a le goût, la couleur & l’odeur du gingembre, surtout quand elle est récente. On s’en sert pour apaiser les douleurs, pour dissiper les vents, & les tumeurs des pieds qui vient par le froid. Voyez Marcgrave, de qui tout ceci est tiré.

BETTE, ou POIRÉE. s. f. Est une plante fort commune. Beta. Il y en a de blanche, de rouge, de jaune, & de plusieurs autres sortes. La blanche a les feuilles qui sont d’un vert pâle. Voyez Poiré.

BETTERAVE. s. f. Est une espèce de bette, ou de poirée, ainsi appelée, parce que sa racine est fort grosse, & qu’elle ressemble à celle de la rave. Elle est de couleur de sang par dehors & par dedans. Beta-rubra. On la fait cuire, on la coupe par tranches, & on en mange dans la salade pendant l’hiver. Les betteraves sont annuelles & ne viennent que de graine ; on les séme au mois de Mars, soit en plein champ, soit en bordures, & il les faut semer clair ; au moins si elles ont levé trop dru, il les faut éclaircir beaucoup, autrement elles ne viennent pas belles. Les meilleures betteraves sont celles qui ont la chair la plus rouge ; leur fane est pareillement fort rouge : elles ne sont bonnes à prendre qu’à la fin d’automne, & tout l’hiver. Pour en avoir de la graine on replante au mois de Mars quelques-unes de celles de l’année précédente qu’on avoit garanties de la gelée. La graine s’en recueille au mois d’Août & de Septembre. La Quint. P. VI, p. 373. Ces graines sont grosses comme des pois médiocres, rondes, mais toutes graveleuses dans leur rondeur, jaunâtres, & si semblables à celles de la poirée, qu’on ne les sauroit guère distinguer les unes d’avec les autres. La Quint. P. VI, p. 279. Voyez Poirée.

Un nez de betterave, se dit figurément & dans le style burlesque pour un nez rouge, dont la rougeur est dans celui qui le porte, la marque d’un homme qui aime le vin. Rubicundus.

Betterave. Sorte de mauvaise poire qui est du mois d’Août. La Quint.

Il y a aussi une espèce de Pêche qu’on nomme Betterave, ou Pêche-betterave. Les Pêches-betteraves ont la chair grossière : elles ne sont bonnes que pour mettre en compote.

BETUNE. s. f. On appelle ainsi par dérision, à Paris, un carrosse à un cheval, par allusion à bête-une.

BETUSE. s. f. Tonneau ouvert sur le côté avec une fermeture à charnière, où les palfreniers conservent l’avoine. On en a pour charrier du poisson d’un étang à l’autre, quand on lève le peuple.

BETUVE (le) BETUWE & BETAW. Petit pays, au duché de Gueldres, dans la République des Provinces Unies. C’est une île entre le Rhin, le Waal & le Leck. On croit que c’est une partie de l’ancienne demeure des Bataves dont ce pays porte le nom, avec quelque changement.

BEV.

BEVAGNA. Petite ville d’Italie, voisine de Spello. Elle est dans l’Umbrie.

BEUBANT, ou BOBANS. adj. & vieux mot. Dur, insupportable, fier ; quelquefois il signifie appareil, orgueil, dureté. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

BEVEAU, ou BEUVEAU ou BUVEAU. s. m. Ce dernier est le terme du P. Deran. Les Ouvriers qui disent Biviau ou Biveau, conservent mieux l’étymologie du mot bivium, chemin fourchu. En effet, c’est le modèle d’un angle quelconque rectiligne, curviligne, ou le plus souvent mixte, pour former l’angle d’inclinaison de deux surfaces qui se rencontrent. Lorsqu’elles sont planes ; on se sert pour biveau d’une sauterelle ou d’une fausse équerre à branches mobiles. Lorsqu’une des deux surfaces est courbe, ou toutes les deux : le biveau est un instrument de bois fait exprès, en forme d’équerre stable ; je veux dire dont les branches ne s’ouvrent ni ne se ferment. Frezier.

☞ BEVERLI, ou BEVERLAR. Petite ville d’Angleterre dans la partie orientale du comté d’Yorck.

☞ BEVELAND, ou la BEVELANDE. Contrée des Provinces-Unies, en Zélande. Ce n’étoit autrefois qu’une seule île formée par deux branches de l’Escaut ; mais l’inondation qui survint en 1551, par une grande tempête, rompit les digues, noya une partie de cette île, & en forma trois ; Nord-Beveland Sud-Beveland, ou Zuit-Beveland ; & entre deux, l’île de Volfers-Dyck.

BEVERARIEN. s. m. Beverarius. Voyez Bersarien.

☞ BEVERGEN. Petite ville d’Allemagne, au Cercle de Westphalie.

☞ BEVERLEY, BEVERLAC, BEWERLEY, & BEWERLAC. Petite ville d’Angleterre, en Zorckshire.

☞ BEVERUNGEN. Petite ville d’Allemagne, au Cercle de Westphalie, Evêché de Paderborn.

BEUF. Voyez Bœuf.

☞ BEUFFLE. Voyez Buffle.

BEUGLE. s. f. On nomme ainsi dans quelques Provinces de France, cette espèce de grosse étoffe de laine, qui s’appelle plus ordinairement Bure.

BEUGLEMENT. s. m. Mugissement, cri du taureau, du bœuf, de la vache, Boatus.

BEUGLER. v. n. Mugire, Boare. Ménage dérive ce mot qui signifie proprement le cri d’un bœuf, de buculare, qui a été formé de bucula, quoique Pasquier croie qu’il a été fait par onomatopée.

On dit figurément d’un homme qui a la voix forte, rude & dissonante, qu’il beugle au lieu de chanter ; & méthaphoriquement de celui qui a une grosse voix, semblable à celle d’un bœuf. Ce chanteur nous a beuglé l’Inconstant. Me de Sev.

BEUILLER. v. a. Vieux mot qui signifie regarder de près & avec attention : de beu & d’euille, c’est-à-dire, de bœuf & d’œil, comme qui diroit, regarder avec de gros yeux de bœuf, tels qu’Homère en donne à Junon. La Monnoye. L’Auteur de la Traduction burlesque de Virgile en vers bourguignons, in-12 Dijon, 1718, s’est même servi du verbe réduplicatif rebeuiller, p. 43 du I. Livre.

Volé voisé de vot deux euille,
Et pu je beuille & je rebeuille,
Pu je voi qui ne manque lai,
Que ceu que j’aivon vu niai.

C’est-à-dire, pour ces deux derniers vers, plus je vois qu’il ne manque là que ceux que nous avons vu noyer.

BEURRE. s. m. Substance grasse & onctueuse, séparée du lait épaissi en le battant. Butyrum. Le lait a trois substances, le fromage, le beurre, & le lait clair. On fait du beurre, principalement avec le lait de vache, d’où il a pris son nom qui vient du grec βούτυρον. Les Grecs n’ont presque point connu le beurre, ou ne l’ont connu que fort tard. Homère, Théocrite, Euripide, & tous les autres Poëtes, parlent souvent de lait & de fromage, jamais de beurre. Aristote a ramassé plusieurs choses remarquables touchant le lait & le fromage, dans son Hist. des Anim. Liv. III, c. 20, & 21. Il n’a pas dit un mot du beurre. Pline dit, Liv. XVIII, c. 9, que le beurre étoit un mets délicieux chez les nations barbares, & qui distinguoit les riches d’avec les pauvres.

Martin Schookius a fait un Traité du beurre si exact, qu’il n’y a aucune question qu’on puisse faire sur cette matière qui n’y soit décidé, Schoockius de Butyro & aversione casei. Il commence par proposer tous les différens noms hébreux, grecs, latins, & Allemands, qu’on a donnés au beurre, & il en recherche les étymologies avec beaucoup de soin. Il examine si le beurre étoit déjà connu du temps d’Abraham, & si ce fut de ces mets qu’il régala les trois pèlerins qu’il retira chez lui. De-là il vient aux Scythes, & recherche de quelle manière ils faisoient le beurre. Il parle des diverses couleurs qu’on donne au beurre, & de celle qu’il prend de lui-même. Il enseigne comment on peut lui rendre sa couleur naturelle, comment il faut le battre & le saler, & donne des préceptes pour corriger tous les accidens qui y peuvent survenir. Il dit que sans l’industrie des Hollandois, il n’y auroit point de beurre dans les Indes, qu’en Espagne le beurre n’est en usage que pour les ulcères, & que le meilleur opiat pour avoir les dents belles, c’est de les frotter avec du beurre.

On appelle par-tout le monde les Hollandois Botorboeren, c’est-à-dire, Paysan à beurre. En France on dit Mangeurs de beurre.

On trouve les Règlemens de Police sur les beurres dans le Traité de la Police de M. de la Marre, T. I, p. 124, & L. IV, T. VII, p. 576. Dans l’Inde le beurre se fait dans le premier pot qui tombe sous la main. On fend un bâton en quatre, & on l’étend à proportion du pot où est le lait : ensuite on tourne en divers sens ce bâton par le moyen d’une corde, qui y est attachée, & au bout de quelque temps le beurre se trouve fait. Lettr. éd.

On a fait du beurre non-seulement de lait de vache, mais encore de lait de brebis & de chèvre, & même de lait de cavale, d’anesse. Voyez Bochart, Hieroz. P. I, Liv. II, c. 45, & Vossius, De orig. & prog. Idolol. Liv. III c. 64.

Les anciens Chrétiens d’Egypte, dit Clément Alex. Pædag. L. I. c. 6, brûloient du beurre dans leurs lampes au lieu d’huile. Les Abyssins retiennent encore quelque chose de semblable au rapport de Nicol. Godignus de Abassin. reb. L. I, c. 23, car il dit qu’au lieu d’huile ils mettent de la graisse dans les lampes qui brûlent devant l’Autel. Clément Alexand. y trouve du mystère. Vossius qui parle du beurre & de ses bonnes & mauvaises qualités, De Idol, Lib. III, c. 64, sur la fin, remarque que les Romains ne s’en servoient qu’en remède, & n’en faisoient point un mêts. En effet, Pline, Liv. XXVIII, c. 9, l’appelle un manger des nations barbares, dont les seuls riches se régaloient.

Beurre frais. Recens coactum. C’est celui qui est battu depuis peu. Beurre salé. Salsum. Celui qu’on garde par le moyen du sel. Beurre fort. Acre. Celui qui est gâté, & qui prend au gosier. Beurre refait. Denuo subactum. Celui qui est relavé, & repaîtri de nouveau. Beurre noir. C’est un beurre fondu qui a quelque temps bouilli dans la poêle.

Pot à Beurre, un pot de grès rond & haut, où l’on met du beurre salé pour le conserver : & on dit populairement des formes de chapeau, quand elles sont trop hautes, que ce sont des pots à beurre.

Il y avoit ci-devant dans les Eglises un tronc pour le beurre, pour la permission qu’on donnoit d’en manger le Carême. A Notre-Dame il y a la tour de beurre. Il y a aussi à la Cathédrale de Rouen une tour appelée la tour de beurre, parce que George d’Amboise, Archevêque de Rouen en 1500, voyant que l’huile manquoit dans son diocèse pendant le Carême, permit l’usage du beurre, à condition que chaque diocèsain payeroit six deniers tournois : & de la somme qu’on amassa, on en bâtit cette tour. Il y en a encore une fort belle à la Cathédrale de Bourges, qui porte le même nom. Il me semble que M. Cathérinot dit quelque part que c’est parce que pour la bâtir on mit un droit sur tout le beurre qui entroit dans la ville.

Beurre, se dit de plusieurs opérations de Chimie. Beurre d’antimoine, beurre d’arsenic, beurre de cire, beurre de Saturne, &c. Voyez Antimoine, &c.

On dit proverbialement, promettre plus de beurre que de pain ; pour dire, amuser une personne par de belles promesses. On dit aussi, en voyant des contusions qui rendent les parties proches des yeux livides, que ce sont des yeux pochés au beurre noir. On dit aussi d’une personne, qu’on lui ôte son bon beurre, quand on lui ôte quelque chose, quelque liqueur qu’elle estimoit beaucoup. On dit encore : il ne faut pas tant de beurre pour faire un quarteron, lorsqu’on propose un expédient pour faire une chose facilement, qu’on croyoit fort difficile. Ces proverbes sont très-bas.

Plotte de Beurre. s. f. Nom d’une espèce de coquillage marin.

BEURRÉ, ÉE. adj. Qui ressemble en quelque sorte à du beurre. Pinguis. Il se dit de la chair de quelques fruits. En fait de poires crues, j’aime en premier lieu celles qui ont la chair beurrée. La Quint. La poire de bon Chrétien d’hiver n’est pas beurrée. Id. La maturité de la plupart des fruits beurrés passe comme des éclairs, elle n’est pas sitôt arrivée qu’elle dégénère en pourriture. Id.

☞ BEURRÉ. s. f. Sorte de poire fondante, ainsi nommée parce qu’elle fond dans la bouche comme du beurre. Pyrum butyraceum. C’est une excellente poire. Elle est grosse, d’une belle figure, d’un beau coloris. Son eau est douce & abondante, quelquefois parfumée : sa chair fine & délicate, d’un goût relevé. Trop mûre, elle devient pâteuse & insipide. L’arbre qui porte ce fruit, réussit également sur franc & sur coignassier, & dans toutes sortes de terrains. Il charge beaucoup tous les ans. Il y a différentes sortes de beurré, rouge, gris, vert, doré, qui, selon la Quintinie, ne sont point des espèces différentes, toutes ces variétés ne provenant que de la différence de l’exposition, de la vigueur de l’arbre, ou de la branche sur laquelle le fruit est venu. Cela est démenti par l’expérience.

Il y a un beurré blanc qui s’appelle beurré blanc d’Automne ; un beurré doré ; un beurré d’Angleterre, autrement poire d’Angleterre, qui est plus longue que ronde, ressemblant par sa figure & sa grosseur à une belle verte-longue, mais non pas par son coloris ; la peau en est unie, grise, verdâtre, chargée de piqûres rousses, la chair fort tendre & beurrée, bien de l’eau qui est agréable. Sa chair est d’ordinaire farineuse : elle molit aisément, & même sur l’arbre. Elle vient en été. La Quint.

BEURRÉE. s. f. Enduit, ou couche de beurre sur du pain. Panis butyro illitus. Je voudrois que vous l’eussiez vue les matins manger une beurrée longue comme d’ici à Pâques, & l’après-dînée croquer deux pommes vertes avec du pain bis. M. de Sev.

BEURRER. v. a. C’est étendre du beurre sur quelque chose. Butyro condire. Beurrer du pain. Le pain est suffisamment beurré. On ne le dit guère que dans les Provinces.

Beurrer, en termes de Pâtissiers, c’est faire tremper dans du beurre. Butyro condire. Beurrer des choux. Beurrer un poupelin.

BEURRIER, IÈRE. s. m. & f. Marchand & marchande de beurre, qui se dit particulièrement d’une femme qui vend le beurre en détail. Qui, quæ butyrum vendit. Et on dit des méchans livres, qu’ils vont à la beurrière, parce qu’elles ont besoin de méchant papier pour envelopper leur beurre. Les Règlemens de Police pour les beurriers & beurrières, sont rapportés par M. de la Mare, Traité de la Police, Liv. I, T. VIII. c. 3.

Poire de la beurrière. Voyez Bergamotte d’été.

☞ BEUSEVILLE. Il y a, en Normandie, deux bourgs de ce nom : l’un avec titre de marquisat, au diocèse de Coutance, sur la Douve : l’autre au diocèse de Lisieux, entre Pontaudemer & Pont-l’Évêque.

☞ BEUTHEN. Bethonia. Petite ville de Silésie, sur l’Oder, au Duché de Glaugau.

Beuthen Autre ville de Silésie, au Duché d’Oppelu, fort proche des frontières de Pologne.

BEUVANDE. s. f. Voyez Buvande.

BEUVANT. Voyez Buvant.

BEUVANTE. s. f. On nomme ainsi dans le commerce de mer, un droit qu’un maître de barque ou de navire se réserve lorsqu’il donne son vaisseau à fret. Ce droit se règle suivant la grandeur & le port du vaisseau.

BEUVE. s. f. Nom propre de femme. Bova. Sainte Beuve, ou sainte Bove, que plusieurs étrangers appellent sainte Bonne par corruption, tiroit son origine d’une race si illustre qu’on la croyoit du sang royal, & parente de Dagobert. Baillet. Elle fut élue en 659, première Abbesse du Monastère de saint Pierre, bâti par Baudry son frere. Au reste, il faut dire Beuve, & non pas Bove, avec M. Baillet : c’est l’usage. Il y a des familles de ce nom ; & l’on ne dit pas M. de sainte Bove a fait un Traité de la Confirmation, & un de l’Extrême-Onction, ni M. de sainte Bove étoit un habile Casuiste, mais M. de sainte Beuve.

☞ BÉVUE. s. f. Erreur grossière, méprise où l’on tombe par ignorance ou par inadvertance. Error, erratio, erratum. C’est une étrange bévue de prendre le nom d’un homme pour celui d’une ville. Attribuer à un Auteur ce qui appartient à un autre, c’est une bévue. Quand les Vocabulistes disent : Bayer, verbe neutre, & qu’ils apportent pour exemple : Que bayez-vous là, depuis deux heures, c’est une bévue. Ceux qui n’entendent rien aux affaires, sont sujets à faire bien des bévues.

Ménage dérive ce mot de bis veduta, parce que les objets qu’on voit doubles, sont connus imparfaitement. En termes d’Imprimerie, on appelle bévue, la faute qu’on fait quand on tire des formes de diverses signatures l’une sur l’autre.

BEUVERIE. s. f. Vieux mot. Ivrognerie. Dacier sur Horace, in-12, Paris, 1709, T. IX, p. 145. Rabelais ; Prop. des Buveurs. Il signifie aussi boisson. Ch. Est. Dict.

BEUVETTE. Voyez Buvette.

BEUVETIER. Voyez Buvetier.

BEUVEUR. voyez Buveur.

BEUVON. s. m. Nom d’homme. Bobo. Saint Bobon, que nous appelons communément saint Beuvon, & les Italiens Sam-Bobo, naquit en Provence dans le château de Noguiers, vers les commencemens du règne de l’Empereur Othon I, & du Roi Louis d’Outremer.

BEUVOTTER. Voyez Buvotter.

BEUVRIÈRE. Voyez Milan de la Beuvrière. C’est une sorte de poires.

☞ BEUVERONE. Rivière de France, dans la Brie, qui a sa source dans la paroisse de saint Vic, passe à Gressy, Goville, & Claye, & tombe dans la marne au-dessus d’Anet. Son vrai nom est Breuronne.

☞ BEUVRON. Bourg de France en Normandie, dans le pays d’auge, avec titre de Marquisat, appartenant à la maison d’Harcourt.

Beuvron. Rivière de France, dans la Sologne, qui a sa source dans l’élection de Gien, & se jette dans la Loire, entre Chousi & Onzain, au-dessous de Blois.

BEX.

BEXUGO. s. m. Racine du Pérou, dont parle Clusius, sarmenteuse presque par-tout, aussi grosse que le doigt ; les endroits les plus déliés ressemblent à la viorne. Elle purge à la dose d’une dragme. Les Indiens la préfèrent au méchoacan.

BEY.

BEY. s. m. Terme de Relation. Gouverneur d’un pays ou d’une ville dans l’Empire Turc. Le Bey de Misitra. On appelle beyglière, le vaisseau ou la galère que monte le Bey.

Ce nom, que les Turcs écrivent Begh, ou Bek, ou Beg, comme écrit La Boulaye, & qu’ils prononcent souvent Bey, d’où le mot françois est venu, ce nom dis-je, est un mot turc, qui signifie proprement Seigneur ; mais on l’applique en particulier à un Seigneur de bannière, que l’on appelle aussi dans la même langue Sangiakbeghi, ou bey sangiak, qui signifie bannière, ou étendart chez les Turcs, & la marque de celui qui commande dans un lieu considérable de quelque Province. Il est le chef d’un certain nombre de sphalis, ou cavaliers entretenus d’une Province. Toutes les Provinces de l’Empire Turc sont divisées en plusieurs de ces sangiaks, ou bannières, & chacun de ceux qui en sont pourvus, se qualifie de Bey, ou Sangiakbeghi ; & le Gouverneur général auquel ils obéissent en chaque Province, porte le titre de Beeghiler-Beghi, & Bryler-bey, qui signifie Seigneur des Seigneurs, ou des Beys de toute la Province. Ces Beys sont à-peu près ce qu’étoient autrefois en France les Chevaliers Bannerets. d’Herb. Voyez les Voyages de la Boulaye, p. 534.

BEYA, est synonyme en jargon alchimiste, à eau mercurielle. C’est la femme du Gabrien, ou soufre des Philosophes.

BEYNES. Lieu du Hainaut. Il y a des Lettres de Louis XI, données à Beynes en Haynaut, le 3 Août 1461, par lesquelles il ôte l’Office de Chevalier du Guet à Philippe de la Tour.

BEYUPURA. s. m. Poisson de la mer du Brésil, qui est fort gras, d’un bon goût & sain. Il est long de six ou sept palmes. Il a le dos noir & le ventre blanc, & approche fort de l’éturgeon de Portugal. On le prend avec l’ameçon dans la pleine mer.

BEZ.

BEZA. Nom d’une Divinité. adorée à Abyde. Voyez BEZA.

☞ BEZANITES, ou BEZANIENS. Nom d’une secte imaginaire qui s’éleva, dit Prateolas, & ceux qui l’ont copié, sous l’Empire de Charles V, & sous le Pontificat de Jules III, vers l’an 1550. Lindanus avoit dit la même chose avant lui. Ce qu’il y a de certain, dit Bayle, c’est qu’il n’y a point eu dans le XVI siècle de personnes qui, en qualité de disciples de Théodore de Beze, aient fait secte à part.

BEZANS. s. m. pl. Toiles de coton qui se tirent de Bengale. Il y en a de blanches & de rayées de diverse couleur.

BEVANT. Voyez BEZANT.

☞ BEZAT. Basia, ou Besara. Ville d’Afrique, au royaume de Fez, dans la Province de Habat.

BEZESTIN, ou BEZESTAN. s. m. Terme de relation. Marché, halle, lieu où se vendent différentes marchandises à Andrinople & dans quelques autres villes des Etats du Grand-Seigneur. Forum nundinale, atrium, porticus nundinaria. Au-delà de cette mosquée, (la mosquée neuve à Constantinople) sont les deux Bezestins, le vieux & le neuf, assez près l’un de l’autre. Ce sont deux grandes places carrées & couvertes, dans lesquelles se vendent tous les jours de l’année les choses qui servent plus au luxe qu’à la nécessité. On vend dans le vieux de beaux harnois, les cimeterres enrichis d’or, d’argent & de pierreries, les porcelaines, & enfin toutes les gentillesses de la vanité ; dans le neuf on y vend les tapis & les étoffes d’or, d’argent & de soie. Du Loir, p.50.

BEZET. s. m. Terme de Trictrac, qui signifie deux as, en dez. Lusoriæ tesseræ monas gemina. Ce mot vient de bis, & as. On dit dans le même sens ambesas.

☞ BEZETTA. s. m. Crepon ou Linon très-fin, teint avec de la cochenille dont les femmes se servent pour se farder.

BEZI Voyez Besi.

BEZIER. s. m. Poirier sauvage qui porte beaucoup de fruit fort menu & fort âpre. Les poires s’appellent besies, bezialles. On en peut faire un bon fruit en les cuisant, telles que sont les Besies d’Heri & de l’Echassière. Dict. des Arts 1731. Voyez Besi, & ce qu’en dit M. Huet dans le II Tom. de ses Dissertations recueillies par M. l’Abbé de Tilladet, p. 177.

BEZIERS. Ville épiscopale de France, dans le Languedoc, sur une colline, autour de laquelle passe la rivière d’Orbe. Pline l’appelle Bliterræ Septimanorum. Ptolomée l’appelle Βαιτίραι, Betiræ. Casaubon a cru que c’étoit une faute, & qu’il falloit un L, Βλετίραι ; mais il s’est trompé. Julien de Tolède, Gregoire de Tours, l’Appendix de Frédégaire, la Table de Peutinger & Æthius disent Beterras. Holstenius dit que M. Peyresc lui avoit fait présent d’une médaille, sur Laquelle on lisoit Βητηρράτον, qu’ainsi il faut dire Bæzerra, Βαίτερρα, & que par-tout où il y a Bliterra ou Biterræ, c’est une faute qui consiste en ce qu’on a pris un Α pour un Λ, & qu’au lieu de ΒΑΙΤΕΡΡΑ on a lu ΒΛΙΤΕΡΡΑ. D’autres soutiennent qu’on a dit l’un ou l’autre, Bliterræ, ou Biterræ, ou Bæterræ. Le plus ancien Evêque de Beziers, que l’on connoisse, est S. Aphrodise, que l’on prétend avoir été disciple des Apôtres. Beziers a eu des Vicomtes. T. Cor. Maty. Hoffman donne à Beziers 23° 50′ de longitude, & 24° 42′ de latitude.

Cette ville a 20° 44′ 33″, de longitude, & 43° 20′ 25″ de latitude. Acad. de Bez. Et selon l’Acad. de Montp. 43° 21′ de latitude. La tour de Beziers a 20° 43′ 36″ de longitude, & 43° 20′ 37″ de latitude. Cassini. Voyez sur Beziers Cat. Hist. de Lang. Liv. II, Ch.3 p. 273 ; & Liv. IV, p. 644, 645. Andoque, Hist. de Lang. p. 15, 36, 51.

☞ La charmante situation de Beziers a donné lieu de dire que si Dieu vouloit choisir un séjour sur la terre, il n’en prendroit point d’autre que Beziers. Ce qu’on a exprimé par ce vers latin :

Si Deus in terris, vellet habitare Bitorsis.

Quelqu’un qui croyoit avoir lieu de se plaindre des habitans, ajouta, ut iterùm crucifigeretur. Oui pour être crucifié de nouveau.

BÉZOARD. s. m. Plusieurs écrivent bézoart, bézoars, sans d. Le Bézoard n’est que la pierre du fiel de plusieurs espèces d’animaux des Indes, tant orientales qu’occidentales, comme chèvres, cochons, singes, &c. Cette pierre médicinale est un excellent contrepoison. Lapis bezohar. Quelques-uns disent qu’elle se trouve dans le ventre d’un animal nommé Pazan. C’est une espèce de bouc, ou de chevreuil qui a le poil court, & un bois presque semblable à celui du cerf. Du Renou dit que cet animal est très-agile & fort cruel ; qu’il tue souvent les chasseurs qui se pressent trop ; qu’il a la corne des pieds fendue en deux comme le bouc ; que ses jambes sont assez grosses, sa queue courte & retroussée, son corps velu comme celui d’un bouc, mais couvert d’un poil beaucoup plus court, qui est de couleur cendrée tirant sur le roux ; sa tête est comme celle d’un bouc, armée de deux cornes fort noires, creuses en la partie inférieure, & renversées, & presque comme couchées sur le dos, sur lequel elles font un angle obtus en se réunissant. M. Pomet confirme ceci, & dit qu’il a vu à Coubert, château du Maréchal de Vitri, deux cornes de cet animal tout-à-fait semblables à celles que Du Renou a décrites.

Le bézoard oriental qui est le plus estimé, vient de l’Inde, & sur-tout dans le royaume de Golconde, & de Cananor. Quelques-uns disent, dans une province du royaume de Golconde, tirant au nord-est. Dans la Perse & dans les Indes, il est fort ordinaire de trouver le bézoard dans l’estomac des chèvres, qu’on nourrit en certains pâturages. On ne convient pas néanmoins en quelle partie de l’animal il se forme. Quelques-uns veulent que ce soit dans le coin des yeux, d’autres dans le ventricule ; quelques-autres dans les reins, il y en a qui soutiennent que c’est dans la vésicule du fiel : quelques-uns près du foie ; & enfin les derniers auprès du cœur. Ce que nous avons dit, & ce que nous dirons encore, montre que c’est dans le ventricule, ou estomac.

La figure de ces pierres de bézoard est différente : les unes sont rondes, les autres oblonges, & les autres semblables à un œuf de pigeon, à un rein, ou à une châtaigne. Leur couleur est différente aussi, tantôt noire, & tantôt cendrée, quelquefois tirant sur le jaune, & quelquefois verdâtre ; mais pour l’ordinaire d’un gris obscur, ou d’un vert noirâtre. Elles sont composées de plusieurs couches ou enveloppes, comme les oignons, qui sont les unes sur les autres, polies & luisantes, la seconde plus que la première, & ainsi des autres. Ces couches concentriques prouvent que ces corps ne se forment pas tout d’un coup, mais successivement, en recevant des matières propres à leur formation. Au centre de ces pierres il y a une petite cavité, dans laquelle on trouve un peu de poudre qui est de la même nature que la pierre ; ou bien quelque paille, ou bien quelque brin d’herbe, quelques fruits, des féves, des morceaux, ou petit caillou qui sert d’ame au bézoard, c’est-à-dire, qui a donné lieu à la production de la pierre, & qui en a été la base. Leur grosseur est aussi diverse : il y en a qui ne pèsent qu’une dragme, & d’autres qui en pesent douze & quinze, & même davantage.

Pour les éprouver, on les frotte avec de la chaux