Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÊCHE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 829-830).
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BÊCHE. s. f. Terme d’agriculture, & plus particulièrement de jardinage. Ligo, marra. C’est un outil de fer, qui est plat, large à peu près de 8 à 9 pouces, & long d’environ un pied, assez mince par en-bas, & un peu plus épais en haut, sur-tout au milieu, où le fer est tourné en manche rond d’environ trois pouces, & long de trois à quatre, par lequel ce fer est encore emmanché d’un manche de bois de près de trois pouces de tour, & de trois pieds de long. On se sert de cet instrument ainsi emmanché pour couper la terre, la remuer, labourer un jardin ; ce qui se fait en tenant le manche des deux mains, & enfonçant le fer de sa hauteur, c’est à-dire, d’environ un pied dans la terre, appuyant, s’il est besoin, le pied sur ce fer, pour couper ainsi la terre, la renverser sens dessus dessous, & par ce moyen déraciner & faire mourir les méchantes herbes, & disposer la terre à recevoir une nouvelle semence, ou un nouveau plant. La Quint. & Lig. La terre qui a été labourée avec la bêche est toujours bien façonnée.

Nicot dérive ce mot de bec. D’autres le dérivent par métathèse de l’hébreu scheber, qui signifie fraction, parce qu’elle sert à couper la terre. D’autres le dérivent de becca, besca, & bessa, mots de la basse latinité signifiant la même chose, eo quod becci seu rostri formam referat. Du Cange le dérive de vanga, mot de la basse latinité dont se servent les Italiens en la même signification.