Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BESTIAL

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 873).
◄  BESTIAIRE

BESTIAL, ALE. adj. Qui tient de la nature de la bête. Belluinus, ferinus. Manières bestiales. Une fureur bestiale. Boucicault, vanté par notre Histoire comme l’honneur de la France, est décrit pour un bestial & stupide par Cortésius. Mascur.

Il est aussi substantif, & se prend pour bétail. Voilà bien du bestial. Ce bestial est bien mal gouverné & bien mal soigné, vos gens ne font pas leur devoir. Au reste, il ne se dit guère ainsi que par des gens qui se mêlent du bestial. Tous les autres disent plus communément bétail. Cependant une Ordonnance de Police du 5 Septembre 1635, dit qu’à cause des regratteries & intelligences qu’il y a au fait de la marchandise de bestial, qui se vend en débit, la viande de boucherie en est plus chère. Et Naudé dit dans le Mascurat : certain paysan du temps de Charlemagne confessoit avoir semé des poudres par les campagnes, afin de faire mourir le bestial. Tout ceci montre que la remarque de Furetière au mot bétail, est fausse, que l’on a dit bestial au singulier dans le même sens que bétail, & que bestiaux n’est point le pluriel de bétail, mais de bestial.

Dans bestial il faut prononcer l’s, tant au singulier qu’au pluriel ; au pluriel il fait bestiaux, qui lui est commun avec bétail, qui a pris ou retenu ce pluriel de bestial. On dit en françois, une grande nourriture de bestiaux. Il y a des charges de vendeurs de bestiaux.