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Changements de voyelles. Harmonisation vocalique

אַחַי mais אֶחָ֑י (§ 20 c) ; בַּחֶ֫רֶב mais בֶּחָ֑רֶב ; יִתְנַחֵם* mais יִתְנֶחָ֑ם « il se repentira » ; הֶֽחָכָם « le sage » et « num sapiens ? » ; — הַחֹ֫דֶשׁ mais הֶֽחֳדָשִׁים (§ 35 d).

Si le qameṣ est bref (donc en syllabe fermée atone) le ◌ַ se maintient, p. ex. הַחָכְמָה « la sagesse ». La raison de cette exception n’apparaît pas.

Le changement de ◌ַ en ◌ֶ ne peut guère être considéré ici comme un affaiblissement. Les deux timbres , sont deux voyelles ouvertes symétriques dans l’échelle vocalique de l’hébreu (§ 6 b) : elles sont en effet séparées d’un degré de la voyelle centrale . La loi en question s’explique donc par une tendance d’harmonisation vocalique.

Cette suite vocalique [1] est très aimée et se trouve encore en dehors de la loi citée. Ainsi :

  1. A) Devant gutturale : 1) יִקְטְלֵ֫הוּ mais יִקְטְלֶ֫הָ ; 2) on a יַֽחֲבשׁ « il liera », וַיַּֽחֲבָשׁ־, mais יֶחְבָּ֑שׁ Job 5, 18 † (où l’on a un ō̦ long, provenant de u, en pause, § 32 c) ; dans deux mots étroitement unis, p. ex. מֶ֤ה עָשִׂ֙יתִי֙ (pour מַה (§ 37 c), דְּעֶה חָכְמָה (pour דְּעָה ; devant un qameṣ bref !) Pr 24, 14 « connais la sagesse ».
  2. B) Devant non-gutturale : 1) סוּסֵ֫נוּ, mais סוּסֶ֑ךָ (ici le ◌ֶ est allongé en pause) ; 2) סוּסֵ֫ינוּ, סוּסֵיכֶם mais סוּסֶ֫יךָ ; 3) פְּרִי, פִרְיִי, mais פֶּרְיְךָ ; 4) פַּדָּן (nom propre) mais פַּדֶּ֫נָה[2].

g Le second degré d’affaiblissement de ◌ַ en ◌ִ est également très fréquent.

Un a primitif est devenu ◌ִ dans les parfaits נִקְטַל, הִקְטִיל (mais fut. יַקְטִיל), קִטֵּל (en syllabe aiguë, mais fut. יְקַטֵּל) ; dans le futur qal des verbes d’action יִקְטֹל (§ 41 e), dans le type d’état cst. pl. דִּבְרֵי (de דָּבָר) pour daḇrẹ̄ (§ 96 B b).

L’affaiblissement de ◌ַ en ◌ִ se trouve fréquemment dans la flexion nominale : 1) dans les types צִדְקִי auprès de מַלְכִּי, בִּגְדֵי auprès de מַלְכֵי, נִסְכֵּי auprès de כַּסְפֵּי, כִּבְשָׂה auprès de כַּבְשָׁה (ainsi on a l’infinitif fém. קִטְלָה auprès de קַטְלָה § 49 d) ; 2) dans la flexion du type מַרְבֵּץ, cst. מִרְבַּץ (ici dissimilation ; cf. § 96 C c) ; 3) dans la forme

  1. En parlant de cette suite vocalique, nous transcrivons, le qameṣ provenant de a, à savoir å, d’une façon purement phonétique : , puisqu’il s’agit d’attirer l’attention sur un phénomène phonétique.
  2. Voir encore §§ 68 e, 79 q, 88 L g, 93 c, 94 c, d, h, 96 A q, f.