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Verbes statifs

soit pour le sens, soit pour la vocalisation[1]. L’envahissement de l’actif sur le statif est dû à l’évolution du sens, au fait que les verbes d’action sont de beaucoup les plus nombreux, et parfois à des raisons phonétiques particulières.

Dans quelques verbes, au parfait statif répond un futur d’action : שָׁכֵ֑ן, שָׁכַן, fut. יִשְׁכֹּן habiter ; חָפֵץ, f. יַחְפֹּץ aimer, vouloir ; נָבֵל, f. יִבֹּל se flétrir ; *עָמֵל, עָמַל־, f. יַֽעֲמֹל se fatiguer ; מֵת, f. יָמוּת mourir ; *שָׁמֵם, f. יִשֹּׁם être stupéfié, désolé.

Au parfait la voyelle ◌ֵ des verbes statifs a été souvent supplantée par la voyelle ◌ַ des verbes d’action : 1) surtout en contexte, p. ex. שָׁכַן, mais שָׁכֵ֑ן ; 2) assez souvent même en pause, p. ex. חָזָ֑ק être fort[2]. Parfois la voyelle ◌ֵ n’a pu se maintenir que devant suffixe, p. ex. שְׁאֵֽלְךָ mais שָׁאַל, שָׁאָ֑ל ; גְּדֵלַ֫נִי (Job 31, 18 ⸮), mais גָּדַל[3].

c Un verbe strictement statif ne devrait pas avoir de participe mais seulement un adjectif verbal, p. ex. חָזֵק, יָרֵא craignant. Mais en fait, par suite de l’évolution du statif vers l’actif, souvent un verbe statif a un participe, p. ex. אֹהֵב aimant ; שׂנֵא haïssant. Parfois il y a participe et adjectif verbal, p. ex. שֹׁכֵן habitant (habitans), שָׁכֵן un habitant (habitator), un voisin.

d En pratique, un verbe statif se reconnaît surtout à la voyelle a du futur (pourvu que cet a ne soit pas dû à une cause phonétique, p. ex. à une gutturale) ; dans certaines classes de verbes à la voyelle i, de la préformante (cf. § e) ; moins souvent à la voyelle du parfait (laquelle a été souvent supplantée par a).

Il y a quelques autres indices secondaires, p. ex. l’existence d’un adjectif verbal (types כָּבֵד, קָטֹן), l’existence d’un infinitif en ◌ָה (car, de fait, les infinitifs קַטְלָה, קִטְלָה, קָטְלָה ne se trouvent guère que dans des verbes statifs, § 49 d).

e De la voyelle de la préformante du futur dans les verbes actifs et statifs. D’après une vue qui semble sérieusement probable, la voyelle de la préformante du futur était primitivement a dans les

  1. Cf. Verbes actifs et verbes statifs dans Mélanges Beyrouth, 5, p. 356 sqq.
  2. Ici peut-être sous l’influence du ק ; mais l’adj. verbal est חָזֵק. Comp. רָחַק être loin, malgré l’adjectif רָחוֹק ; adj. verbal רָחֵק (1 f.).
  3. Dans ces deux verbes l’a a été probablement favorisé par le ל de la syllabe fermée.