L’Encyclopédie/1re édition/TÊTE

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TÊTE, s. f. (Anat.) la partie la plus haute du corps d’un animal. Voyez Corps & Animal.

Pline, & quelques autres anciens naturalistes, parlent d’un peuple appellé Blemmye, qui n’avoit point de tête. Voyez Blemmie.

Il est parlé dans les voyageurs & dans les géographes modernes, de certains peuples qui se rendent la tête aussi plate que la main, & qui mettent la tête de leurs enfans, dès qu’ils sont nés, entre deux presses, ou planches, sur le front & le derriere de la tête pour l’applatir. Ils demeurent dans la province de Cosaque, sur la riviere des Amazones, dans l’Amérique méridionale.

Les anatomistes regardent la tête comme le ventre le plus élevé du corps humain, & c’est elle qu’ils disséquent la derniere, parce que les parties qu’elle contient, sont moins sujettes à la corruption. Voyez Ventre.

On divise la tête en deux parties ; l’une est la partie chevelue, appellée en latin calvaria, qui est couverte de cheveux. Voyez Cheveux.

L’autre sans cheveux, qui est la face, ou le visage, appellée vultus par les Latins, & προσοπον par les Grecs, c’est-à-dire, regardant devant soi. Voyez Face.

On subdivise la premiere partie en quatre, savoir le front, qui est l’endroit le plus humide & le plus tendre, & que les médecins appellent sinciput, comme qui diroit, summum caput. Voyez Front & Sinciput.

Le derriere, appellé occiput, & par les Grecs ινιον, parce que tous les nerfs qu’ils appellent inés, prennent leur origine de-là. Voyez Occiput & Nerf.

Le milieu, ou le haut de la tête, appellé couronne, & par les anatomistes vertex a vertendo, parce que les cheveux tournent là en rond. Voyez Vertex.

Enfin les côtés sont appellés tempes, tempora, parce que c’est-là que le poil commence à blanchir, ou à montrer le tems ou l’âge de l’homme. Voyez Temple.

On donne à l’os, ou à la boëte osseuse qui renferme le cerveau, le nom général de crâne ; il est composé de huit os. Voyez Crane.

L’os du front s’appelle coronal, os de la poupe, ou sans vergogne ; d’où vient qu’on appelle les impudens, effrontés. Voyez Os du front, ou Frontal.

Les rois ont la couronne sur la tête dans les fêtes solemnelles ; les évêques la mitre. Voyez Couronne, Mitre, &c.

Les anciens cavaliers portoient un heaume, & les soldats un casque ou pot-en-tête. Voyez Heaume, Casque, &c.

Tête se dit aussi du sommet des arbres ou des plantes. Voyez Arbre & Elaguer.

On donne aussi le nom de tête à l’extrémité des os. Voyez Os.

Quand l’os a un bout rond qui avance en-dehors, soit apophyse ou épiphyse, on lui donne le nom de tête. Voyez Apophyse.

Si son principe est grele & s’élargit peu-à-peu, on l’appelle col. Voyez Col.

S’il aboutit en pointe, on l’appelle coronoïde ou coracoïde, à cause qu’il ressemble à un bec de corneille. Voyez Coronoïde, Coracoïde.

Quand cette tête est plate, on l’appelle condyle ou double tête, comme sont les extrémités des os des doigts. Voyez Condyle.

On dit aussi la tête d’un muscle, en parlant de son extrémité ; & on dit la tête du foie, en parlant de sa partie la plus élevée. Voyez Muscle.

Le sommet est appellé sinciput, ou bregma. Voyez Bregma.

L’os du derriere de la tête est appellé occipital, ou os de la proue. Voyez Occipital. Et ceux des tempes temporaux, ou os des tempes. Voyez Temporaux.

Les os qui composent le crâne, sont liés ensemble par des sutures. Voyez Suture.

La tête est le siege des principaux organes des sens, savoir des yeux, des oreilles, &c. Elle contient aussi le cerveau enveloppé de ses meninges, dans lequel on croit qu’est le siege de l’ame. Voyez Sens, Cerveau, &c.

La tête est mue par dix paires de muscles, savoir, le splénius, le complexus, le grand droit, le petit droit, l’oblique supérieur, l’oblique inférieur, le mastoïdien, le grand droit interne, le petit droit interne, & le droit latéral. Voyez la description de chacun de ces muscles aux noms qui leur conviennent.

Les Orientaux couvrent la tête d’un turban, & les Occidentaux d’un chapeau. Voyez Turban, Chapeau, & Bonnet.

Têtes, en Anatomie, nom de deux des tubercules quadrijumeaux. Voyez Quadrijumeaux.

Tête de coq, (Anatomie.) caroncule ou éminence qui est dans l’uretre, près de l’endroit où les vaisseaux séminaux envoient la semence dans ce canal. Son usage est, à ce que croyent la plûpart des anatomistes, d’empêcher que la semence ne cause un gonflement douloureux, en allant heurter contre l’orifice du côté opposé. (D. J.)

Tête des insectes. (Hist. nat. des insect.) partie antérieure de l’insecte. Nous ferons sur cette partie quelques légeres observations générales.

Il est si difficile de reconnoître la tête de divers insectes, qu’on seroit presque tenté de croire qu’ils n’en ont point du tout. Celle des uns est fort petite, à proportion de leurs corps ; & celle des autres est fort grande ; cette proportion entre la tête & le corps, n’est pas toujours la même dans le même insecte ; ceux qui l’ont écailleuse, l’ont petite chaque fois qu’ils doivent muer, & grosse chaque fois qu’ils ont mué : on en comprend aisément la raison ; les écailles l’empêchent de croitre tandis que le corps grossit, ce qui fait qu’alors sa grandeur relative par rapport au corps, diminue continuellement. Lorsque les insectes se disposent à muer, la substance de la tête d’un grand nombre, se retire dans leur cou & dans leur premier anneau ; là, n’ayant point ordinairement d’écailles qui la gênent, elle s’étend & grossit ; & lorsque l’animal a quitté sa vieille peau, on est surpris de lui voir une tête deux fois plus grosse qu’elle n’étoit auparavant. Comme l’insecte ne mange ni ne croît point tandis que sa tête se forme, on peut observer à son égard cette singularité que son corps & sa tête ont alternativement chacun leur tour pour croître ; ensorte que lorsque le corps ne croît pas, la tête croît, & que lorsque le corps croît, la tête ne croit pas.

Les têtes des insectes n’ont pas toutes la même figure : l’on en voit de rondes, de plates, d’ovales, de quarrées, de larges, de pointues ; les uns l’ont toute unie, les autres l’ont raboteuse, & quelques-uns comme les phalenes, y ont des poils.

On remarque encore beaucoup de diversité dans la situation de la tête des insectes ; elle est tout-à-fait visible chez les uns, & on a de la peine à la découvrir chez les autres ; il y a même plusieurs especes d’insectes qui peuvent faire entrer leur tête dans le corps, ensorte qu’il n’en paroisse absolument rien : tels sont plusieurs sortes de vers qui se changent en mouches ; tels sont encore les limaces & les limaçons.

Quelques-uns cachent leur tête sous leur dos, comme les tortues sous leurs écailles, & ils l’enveloppent tellement, qu’à peine peut-on la voir. C’est ainsi que plusieurs chenilles & scarabées, cachent leur tête sous l’écaille qu’ils portent sur le dos.

Enfin quoique le plus grand nombre des insectes portent la tête droite, il y en a cependant qui l’ont un peu inclinée, & c’est une remarque qu’on a faite dans les phalenes. (D. J.)

Tête, (Hist. nat. Botan.) les Botanistes disent que les fleurs ou les graines sont ramassées en maniere de tête, lorsqu’elles sont entassées par petits bouquets : c’est ce qu’on appelle en latin, flores in capitulum congesti. (D. J.)

Tête de dragon, (Hist. nat. Botan.) genre de plante d’Amérique, dont on ne connoît encore qu’une seule espece : voici ses caracteres. Son calice est long & tubuleux ; ses feuilles sont plus étroites que celles du pêcher ; le casque de la fleur est creux, entier, s’ouvrant & se fermant ; sa barbe est divisée en trois segmens, & chaque segment en deux ; ces segmens forment deux especes de mâchoires, ensorte que toute la fleur représente, en quelque maniere, la gueule ouverte d’un serpent, d’un dragon, ou plutôt est semblable à la digitale ; ses fleurs croissent en petites guirlandes ; deux ou trois forment la guirlande, & elles sont placées aux nœuds des tiges. Le pistil s’éleve du calice de la fleur, & est fixe en maniere de clou ; les quatres embryons qui l’environnent, mûrissent en autant de graines.

Cette plante est nommée draco-cephalon americanum par Brugnius, prod. 1. 34. digitalis americana, purpurea, folio serrato, dans les act. ac. reg. par. 79.

M. de la Hire prétend que les fleurs de cette plante amériquaine, ont une propriété singuliere ; c’est que si on les sait aller & venir horisontalement dans l’espace d’un demi-cercle, elles restent en quelque endroit que ce soit de cet espace, sitôt que l’on cesse de les pousser ; ce phénomene qui paroit étonnant, & que dans un autre siecle eût été regardé comme une merveille, dépend de la seule situation des fleurs, de leur figure, & de la maniere dont elles sont attachées à la tige de la plante qui les porte.

En effet, ceux qui connoissent cette plante, jugeront sans peine, en l’examinant, 1°. que le pédicule de la fleur faite en gueule étant mollet & flexible, il peut être facilement mû à droite & à gauche, sans être rompu, ce qui n’arrive pas aux fleurs des autres plantes, qui ont ordinairement leur pédicule roide & faisant du ressort ; 2°. que le pédicule de cette fleur, tendant à l’abaisser en bas, sa pesanteur y contribuant aussi, le calice s’appuie sur la petite feuille qui les soutient, & s’y accroche par les petits poils dont sa base est garnie ; ainsi toutes les fois que l’on fera mouvoir la fleur horisontalement, elle doit nécessairement s’arrêter dès que l’on cessera de la pousser ; ceux qui ne connoissent pas cette plante curieuse, en trouveront la représentation dans les mém. de l’acad. des Sciences, année 1712. Le fait dont on vient de parler, n’est que pour les curieux en général ; voici une autre observation de M. de la Hire pour les Botanistes en particulier.

Outre la forme d’une tête de dragon, à quoi M. Tournefort prétend que la fleur de dracocephalon ressemble, & en quoi il fait consister toute la différence générique qu’il établit entre ce genre de plante, & presque tous les autres, dont les fleurs sont en gueule (auxquelles succedent après que la fleur est passée, 4 semences renfermées au fond du calice de la fleur), M. de la Hire a remarqué, qu’il y a à la base des semences qu’elle porte, entre les graines & le côté inférieur du calice, une espece de dent pointue, courbée par le bout en-haut, arrondie par-dessous, creusée par-dessus, ayant une arrête dans le milieu suivant sa longueur. Cette partie se distingue aisément d’avec les embryons des semences, non-seulement par sa figure, mais par sa couleur ; on peut même l’appercevoir à la vue simple, quoique les embryons des semences soient encore très petits ; car elle a presque autant de volume elle seule, que les embryons en ont tous quatre ensemble, & elle excede ordinairement leur grandeur. (D. J.)

Tête d’une coquille, (Conchyl.) autrement dite clavicule ; c’est la partie pyramidale extérieure & intérieure d’une coquille tournée en spirale ; elle prend vers le milieu jusqu’au sommet. (D. J.)

Tête, c’est un mot usité dans les anciens écrits pour exprimer chef ou personne. Voyez Chef.

Ce mot est évidemment formé du mot pole ; la tête ou le chef étant, pour ainsi dire, le pole du microcosme. Voyez Pole.

C’est pourquoi les Anglois se servent du mot to poll, pour l’action de recueillir & d’écrire les noms des personnes qui donnent leur voix à une élection. Voyez Voter, Voix, Suffrage, Election, &c.

Tête, (Critiq. sacrée.) κεφαλή ; ce mot au figuré se prend dans l’Ecriture, 1°. pour commencement ; 2°. pour le point capital de quelque chose, Luc, x. 17. La pierre rejettée est la principale du coin. 3°. pour le chef qui gouverne, I. Rois. xv. 17. N’êtes-vous pas devenu le chef de toutes les tribus d’Israël ? 4°. pour la vie, I. Paral. xij. 10. David retournera à Saül sur le péril de notre tête ; 5°. pour état, royaume : Ephraim fortitudo capitis mei, psal. v. 9. Ephraim est la force de mon royaume ; 6°. pour origine, source de quelque chose, bras d’un fleuve ; 7°. il signifie poison ; il sucera la tête des aspics, Job, xx. 16.

Voici les façons de parler proverbiales mentionnées dans l’Ecriture. Aller la tête baissée, c’est gémir dans la tristesse, Jérém. ij. 10. courber la tête, c’est affecter un air mortifié. Le jeûne, dit Is. lviij. 5. consiste-t il à faire comme un cercle de sa tête, en baissant le cou ? Donner de la tête contre quelque chose, c’est s’obstiner à le faire avec entêtement. Les Juifs se sont opiniâtrés, dederunt caput, à vouloir retourner à leur premiere servitude. II. Esdras, ix. 17. Elever la tête de quelqu’un, c’est le mettre en honneur, IV. Rois, xxv. 27. Oindre la tête de quelqu’un avec des parfums, c’est le combler de toutes sortes de biens, Ps. xxij. 5. Lever la tête, c’est prendre courage, Eccles. xx. 11.

Branler la tête, exprime les différens sentimens dont on est affecté ; ainsi c’est quelquefois un signe de mépris & d’insulte. Sennacherib a secoué sa tête derriere vous, ô Jérusalem ! IV. Rois, xix. 21. D’autres fois c’est une marque de joie & de sensibilité. Les parens de Job, après sa guérison, vinrent s’en réjouir avec lui, & hochoient la tête sur lui, Job, xlij. 11.

Découvrir la tête, marquoit quelquefois le deuil, Levit. x. 6. & quelquefois aussi on se couvroit la tête dans des momens d’amertume. Le roi couvrit la tête, en s’écriant, mon cher fils Absalon ! II. Rois, xix. 4. (D. J.)

Tête, (Jurisprud.) on entend par-là celui qui prend une portion virile ou entiere dans une succession.

Faire une tête, c’est être compté pour une portion virile.

Succéder par têtes, c’est lorsque chacun des héritiers prend une portion virile ; au lieu que succéder par souches, ou par tige, c’est lorsque plusieurs héritiers, descendans d’une même souche, viennent par représentation de leur pere & mere, ou autre parent, & ne prennent tous ensemble que la part qu’auroit eu le représenté.

Pour savoir quand on succede par souches ou par tête, Voyez Représentation, Souche, Succession. (A)

Tête, s. f. (Art Numismat.) côté de la médaille opposé au revers. L’on voit peu de médailles antiques sans tête, c’est-à-dire sans qu’on y ait frappé la tête ou le buste, soit de quelque divinité, soit de quelque personnage humain ; ou bien il se rencontre sur ce côté de la médaille, quelque chose qui en tient lieu. Il se trouve aussi très-peu de médailles antiques sans revers, à moins qu’elles ne soient incuses.

Les têtes se connoissent d’abord par la légende ; mais les ornemens qui les accompagnent, sont autant d’énigmes capables d’embarrasser par leur obscurité, si l’on n’a au-moins les premieres notions de la science des antiquaires. C’est à tracer ces premieres notions, à l’égard de têtes, que cet article est destiné.

Les têtes ou personnages qui se voient sur les médailles, sont quelquefois de simples têtes qui finissent avec le col ; quelquefois ce sont des bustes avec les épaules & les bras ; quelquefois des figures à mi-corps. Chacune de ces positions reçoit des ornemens différens.

Les simples têtes sont quelquefois toutes nues, d’autres fois couvertes en diverses façons.

Nous ne parlerons point de celle des femmes, parce qu’il n’est pas possible de donner de noms propres à leurs différentes coëffures. On ne peut que les connoître à l’œil, & les exprimer ensuite par des noms qui aient quelque analogie aux coëffures modernes : cependant on trouvera dans le Valesiana, pag. 99. 103. un petit article sur les coëffures qui se voient sur les médailles des impératrices. Ce léger essai auroit dû porter des antiquaires à faire quelques recherches sur les différentes coëffures qui ont été en usage, tant dans le haut que dans le bas Empire ; mais personne n’y a songé.

Dans les médailles impériales, lorsque la tête est toute nue, c’est ordinairement la marque que ce n’est point une tête d’empereur, mais de quelqu’un de ses enfans, ou véritables ou adoptifs, ou de quelque héritier présomptif de l’Empire. Tel est le jeune Néron, Aelius adopté par Hadrien, Aurelius par Antonin, &c. ou bien ce sont des princes qui n’ont jamais regné, comme Drusus, Germanicus, &c. Cependant on ne peut sur cela faire de regle générale, car si l’on vouloit dire que personne n’a porté sur les médailles la couronne avant que de regner, on feroit voir de simples césars couronnés de laurier, ou parés du diadème, comme Constantin le jeune, & Constantius dans la famille de Constantin. Et si l’on vouloit avancer, qu’au moins tous les empereurs regnans ont pris la couronne ou le diadème, on montreroit avec la même facilité plusieurs médailles d’Auguste dejà empereur, de Néron, de Galba, d’Othon, d’Hadrien, &c. où leur tête se trouve toute nue.

Les têtes couvertes, le sont ou du diadème, ou d’une couronne, ou d’un casque, ou d’un voile, ou de quelque ornement étranger.

Des ornemens de têtes sur les médailles. Le diadème est plus ancien que la couronne. C’est le propre ornement des rois, qui n’est devenu que dans le bas Empire, celui des empereurs. Je sai qu’un savant a prétendu que le diadème étoit un privilege attaché à la qualité d’auguste. Et Jornandès dit, qu’Aurelien est le premier des empereurs romains qui s’en soit paré. Le diadème est un tissu, tantôt plus & tantôt moins large, dont les extrémités nouées derriere la tête, tombent sur le col. Ce n’est que depuis Constantin que les empereurs romains s’en sont servis, en le relevant par des perles & par des diamans, ou simples ou à double rang ; & permettant même aux impératrices de le porter, ce qui ne s’étoit point vu dans le haut Empire, ou jamais tête de femme ne fut couronnée. Je dis dans l’Empire, & dans le haut Empire, parce que nous trouvons des reines sur les médailles greques & dans le bas Empire, qui portent le diadème ou la couronne, témoin Jotape, Theodora, Galeria Valeria.

La couronne des empereurs est ordinairement de laurier, le droit de la porter fut accordé à Jules-César par le sénat, & ses successeurs ont continué d’en jouir.

Justinien est le premier qui ait pris une espece de couronne fermée, qui tantôt est plus profonde en forme de bonnet, & tantôt plus plate en approchant du mortier de nos présidens, excepté qu’elle est surmontée d’une croix, & souvent bordée de perles à double rang. C’est ce que M. du Cange nomme camelaucium, que l’on a confondu ordinairement avec le mantelet qu’on appelle camail, à cause de la ressemblance du mot, quoique l’un soit fait pour couvrir les épaules, au lieu que l’autre est pour couvrir la tête.

Les couronnes radiales se donnoient aux princes, lorsqu’ils étoient mis au rang des dieux, soit devant, soit après leur mort : cette sorte de couronnes n’étant propres qu’à des déïtés, comme dit Casaubon.

Je ne prétens pas néanmoins faire de cela une maxime constante ; car je sai combien il y faudroit d’exceptions, particulierement depuis les douze Césars. Nous ne voyons point qu’aucun empereur vivant ait pris la couronne radiale avant Néron, qui la méritoit le moins de tous ; Auguste même n’ayant eu cet honneur qu’après sa mort.

Il se trouve sur les médailles plusieurs autres façons de couronnes qu’il faut distinguer : les unes appellées rostrales, sont composées de proues de vaisseaux enlacées les unes dans les autres ; elles se donnoient après les victoires navales. Agrippa reçut cette couronne d’Auguste, après qu’il eut défait les flottes de Sextus Pompeius, & de M. Antoine.

D’autres appellées murales, sont composées de tours ; c’étoit la récompense de ceux qui avoient pris des villes, comme c’est l’ornement des génies & des déités qui les protegent. C’est pourquoi Cybele, déesse de la terre, & tous les génies particuliers des provinces & des villes, portent des couronnes tourelées.

On en voit de chêne que l’on donnoit à ceux qui avoient sauvé la vie à un citoyen ; telle est celle qui enferme les inscriptions, ob cives servatos, & qui se voit quelquefois sur la tête même du prince.

Il y en a de destinées à couronner ceux qui remportoient le prix aux jeux publics. Ainsi aux jeux de l’isthme de Corinthe, nommés isthmia, les victorieux étoient couronnés d’ache, qui est une espece de persil plus fort & plus grand que le nôtre ; on en voit la forme sur une médaille de Néron. Hadrien en faveur d’Antinoüs, en fit faire une de lotus, à laquelle il donna son nom, Ἀντινόεια, qui se lit sur ses médailles.

Les prêtres pour marquer le sacerdoce, en faisoient de crânes de bœufs, enlacés avec les plats où l’on mettoit les entrailles des victimes, & les rubans dont elles étoient parées quand on les conduisoit à l’autel ; cette couronne se trouve sur une médaille d’Auguste.

Les déités ont leurs têtes ornées de couronnes particulieres ; Bacchus est couronné tantôt de pampre, tantôt de lierre ; Hercule en porte une d’un feuillage semblable au lierre ; celle de Cérès est d’épis de blé ; celle de Flore est de fleurs.

Au reste, le lecteur peut voir sur les couronnes, les diadèmes & les autres ornemens de tête, représentés sur les médailles des rois, des empereurs, des impératrices, des prêtres, des athletes, &c. le savant ouvrage de Charles Paschal, intitulé Caroli Paschalii coronæ opus, libris X. distinctum, quibus res omnis coronaria, è priscorum monumentis eruta, continetur. Paris, 1610 in-4°. & Lugd. Bat. 1671, in-8°.

On peut aisément connoître à l’œil les différentes façons de casques, soit à la greque, soit à la romaine. C’est le plus ancien habillement de tête qui paroisse sur les médailles, & le plus universel ; les rois, les empereurs, & les dieux même s’en sont servis. Le casque qui couvre la tête de Rome, a d’ordinaire deux aîles, comme le pétase de Mercure. Celui de quelques rois est paré des cornes du Jupiter Hammon, ou simplement de cornes de taureau ou de belier, pour marquer une force extraordinaire.

Les habillemens étrangers sont la mitre des rois d’Arménie & de Syrie, presque semblable à celle de nos évêques, excepté qu’elle est quelquefois carrée, ou crenelée par le haut. Tel est sur les médailles l’ornement de tête d’Abgare roi d’Edesse.

La tiare, fort semblable à celle des papes, servoit aux rois de Perse & aux Parthes.

On voit aussi le bonnet phrygien ou arménien, sur les médailles de Midas, d’Athys, & sur celle de Zemiscès, dont le revers qui représente l’adoration des mages, fait voir ces trois princes avec ce même bonnet. Telle est du moins la pensée de M. du Cange, que tout le monde n’approuve pas : mais ce n’est pas ici le lieu de décider ce différend.

Plusieurs rois grecs ont affecté de se coëffer de la dépouille de lion, à l’imitation d’Hercule, comme Philippe pere d’Alexandre. A leur exemple quelques empereurs s’en sont parés, Commode, Alexandre, Severe, &c. c’est ce qui paroît par les têtes de leurs médailles.

Le voile qui couvre souvent la tête des princes & des princesses, marque ou les fonctions sacerdotales qu’ils exercent, comme de faire des sacrifices, ou qu’ils sont mis au rang des dieux ; honneur qui leur a été rendu par les Payens jusqu’à Constantin, dont on souffrit l’apothéose sur la monnoie, les empereurs chrétiens ne se croyant pas encore assez maîtres pour bannir généralement toutes les cérémonies payennes. Mais bientôt après, les princes & les princesses affecterent par dévotion, de faire paroître sur leurs médailles une main qui sortoit du ciel, & qui leur mettoit la couronne sur la tête ; telles sont les médailles d’Eudoxia & de son mari Arcadius, d’Honorius, de Galla Placidia, &c.

On remarque quelquefois, sur-tout dans les médailles du bas Empire, tout-autour de la tête des empereurs, une espece de cercle rayonnant que l’on appelle nimbe. Voyez Nimbe.

Les têtes des déités portent comme les princes, ou la couronne, ou le casque, ou le voile, ou le bonnet, ou quelqu’autre symbole qui les doit faire reconnoître.

La couronne de laurier distingue Apollon, & le génie du sénat ou du peuple, appellé ἱερὰ σύνκλητος ἱερὸς δῆμος.

La couronne d’épis, est le symbole de Cérès.

La couronne de fleurs fait connoître Flora.

La couronne de lierre ou de pampre, marque Bacchus ou les bacchantes.

La couronne de rayons marque le Soleil, quand les rayons partent de la tête, sans être liés par un cercle.

Le casque convient à Mars & à Minerve ; mais quand il est surmonté par le chat-huant, c’est indubitablement Minerve.

La barette avec deux aîles, est le chapeau de Mercure, nommé par les Latins petasus.

Un bonnet sans bords, comme nos bonnets de nuit, marque Vulcain, les Cyclopes, ou les cabires & forgerons.

Deux semblables bonnets, surmontés chacun d’une étoile, marquent Castor & Pollux. On dit que ce sont les coques des œufs dont on prétend qu’ils sont sortis.

Le bonnet recourbé en pointe, se donne au dieu Lunus.

Le boisseau qui se voit sur la tête de Sérapis & de tous les génies, désigne la Providence, qui ne fait rien qu’avec mesure, & qui nourrit les hommes & les animaux.

Télesphore dieu de la santé, porte une capotte toute semblable à celle de nos matelots, ou des soldats qui sont l’hiver en faction.

Junon est souvent voilée ; mais celle qui préside aux nôces sous le nom de Juno pronuba, est enveloppée presque à mi-corps, d’un grand voile nommé flammeum. Junon, dite Sospita, est coëffée d’une dépouille de chevre avec les deux cornes.

Il y a d’autres déités, particulierement chez les Egyptiens, qui ont la tête nue avec un symbole ; Apis est un taureau qui porte une fleur de lotus entre les deux cornes, une marque blanche au milieu du front, & le croissant blanc sur la tête. Osiris a le même symbole ; Isis & le Canope, portent sur le devant de la tête, une espece de fleur plus large & plus épanouie que le lys : on dit que c’est la fleur d’aurone, dite par les Grecs ἀβρότονον. Elle est commune aux deux Canopes, pour l’un & l’autre sexe, comme on le voit sur quelques médailles ; le dieu retenant le nom de Canope, & la déesse prenant celui d’Euménythis. L’Espérance porte la même fleur, plus approchante du lis.

Les têtes parées des symboles de plusieurs déités différentes, se nomment Panthées. Voyez Panthées.

Des ornemens de bustes. Les bustes qu’on voit sur les médailles, se trouvent accompagnés de symboles qui leur sont particuliers, sur-tout quand les deux bras paroissent, comme il est ordinaire dans les médaillons, & dans les plus petites médailles du bas Empire. Souvent ils tiennent dans la main un globe, pour marquer qu’ils sont les maîtres du monde. Ce globe est quelquefois surmonté d’une Victoire aîlée, qui tient une couronne afin de faire connoître que c’est à la Victoire que le prince doit l’empire du monde ; quelquefois ce globe est surmonté d’une croix, sur-tout depuis Constantin.

Le sceptre qu’ils tiennent à la main lorsqu’ils sont en habit consulaire, & c’est ainsi que sont presque toujours les empereurs de Constantinople, est surmonté d’un globe chargé d’une aigle. Dès le tems d’Auguste, on voit sur les médailles le sceptre consulaire dont nous parlons.

Phocas est le premier qui ait fait ajouter une croix à son sceptre.

Lorsqu’ils sont représentés en armes, outre le casque & le bouclier, ils ont ordinairement un javelot à la main ou sur l’épaule.

Quand ils sont en robe dans le bas Empire, le sceptre est une férule, nommée νάρθηξ, qui consiste en une tige assez longue, dont le haut est carré & plat. L’usage en est fort ancien parmi les Grecs, qui appelloient leurs princes narticophores, porte-férules.

Dans la famille de Constantin, & dans quelques autres, on voit souvent les princes portant une espece de guidon, nommé labarum.

La foudre qui est quelquefois placée derriere la tête des princes, comme sur une médaille d’Auguste, marque la souveraine autorité, & un pouvoir égal à celui des dieux.

Depuis Anastase, on voit dans la main des empereurs une espece de sachet, ou de rouleau long & étroit, dont il n’est pas aisé de pénétrer le mystere. Les uns prétendent que c’est un mouchoir plié, que celui qui présidoit aux jeux jettoit de sa loge pour les faire commencer ; & que c’est pour cela que les consuls dont nous avons les figures, en tiennent un semblable. D’autres veulent que c’est ce sachet que l’on présentoit à l’empereur à la cérémonie de son sacre : il étoit plein de cendre & de poussiere, & on le nommoit akakia. Peut-être que ceux qui disent simplement, que ce n’est qu’un rouleau de papiers & de mémoires que l’on présentoit aux princes & aux consuls, & qu’ils tenoient à la main pour y répondre, sont aussi bien fondés que les autres dans leurs conjectures ; d’autant plus que lorsque les statues sont entieres, on voit ordinairement au pié une petite cassette pour serrer ces papiers.

Le croissant est souvent employé pour soutenir le buste des princesses ; elles tiennent dans l’état, dont le prince est le soleil, la place que l’on donne à la lune dans le ciel. Le dieu Lunus porte le croissant aux épaules pour symbole naturel, selon la pensée superstitieuse de certains peuples qui ont cru que la lune étoit une déité mâle, & que ceux qui l’adoroient comme une déesse étoient malheureux dans leur mariage.

Le buste des Amazones est ordinairement orné d’une petite hache d’armes, qu’elles portent sur l’épaule avec un petit bouclier fait en croissant, que les Latins nomment pelta.

Les Cabires portent un gros maillet à deux têtes ; & Vulcain des tenailles & un marteau, qui souvent dans le revers se mettent avec l’enclume.

Anubis est connu par sa tête de chien, & par le sistre d’Isis qu’on lui met à la main.

La massue & la dépouille de lion est le symbole d’Hercule, & des princes qui prétendoient être de ses descendans, ou les imitateurs de sa valeur, comme les Macédoniens.

Je finis par ces especes de bustes qui vont jusqu’à mi-corps, tels qu’il s’en rencontre sur des médaillons ou sur le grand bronze. On y voit le casque, le bouclier, & un cheval qu’on tient par la bride, pour marquer les victoires remportées, ou dans les combats de la guerre, ou dans les jeux du cirque.

Il se trouve encore sur les médailles, principalement sur les greques, d’autres petits symboles du côté de la tête, qui sont la marque ou des charges que possédoient ceux qui y sont représentés, ou des victoires qu’ils avoient remportées, ou les monogrammes des villes, ou les symboles des déites honorées singulierement par les princes ou par les villes, ou des contre-marques de la différente valeur des monnoies. (Le chevalier de Jaucourt.)

Tête de maure, (Chim.) chapiteau d’un alembic à long col, pour porter les vapeurs dans un tonneau qui sert de réfrigérant.

Tête de mouche, (Médecine.) nom françois de la maladie des yeux, nommée par les médecins grecs myocephalon, mot formé de μῦα, mouche, & de κεφαλὴ, tête ; c’est une petite tumeur pas plus grosse que la tête d’une mouche, qui se forme sur l’uvée de l’œil par une petite rupture de la cornée. Cette espece de staphylome ne cause pas tant de difformité que les autres, quelque partie de l’œil qu’elle occupe, & ne détruit pas entierement la vue, quand elle se trouve dans la cornée opaque ; mais quand elle est dans la cornée transparente, elle la détruit presque toujours, ou la diminue considérablement, tant à cause du dérangement de l’uvée, que par la cicatrice qui a précédé. Il ne faut point toucher à cette petite tumeur, parce qu’elle est sans remede. Tout ce qu’on peut faire dans les commencemens, c’est de se servir de collyres desséchans & astringens ; afin d’empêcher autant qu’il est possible, l’accroissement de la petite tumeur. Dans la suite il arrive souvent qu’elle vient à diminuer en se desséchant.

Tête de negre, (Comm. d’Afrique.) c’est ainsi qu’on nomme sur les côtes d’Afrique, où les Européens font la traite des negres, ceux qui sont âgés depuis 16 ou 17 ans jusqu’à 30. On leur donne le même nom aux îles Antilles. Ricard.

Tête, (Archit.) ornement de sculpture qui sert à la clé d’un arc, d’une platebande, &c. Les têtes représentent ordinairement des divinités, des vertus, des saisons, des âges, &c. avec leurs attributs, comme un trident à Neptune, un casque à Mars, un caducée à Mercure, un diadème à Jupiter, une couronne d’épis à Cerès, &c. On emploie aussi des têtes d’animaux par rapport aux lieux, comme une tête de bœuf ou de bélier, pour une boucherie ; de chien, pour un chenil ; de cerf ou de sanglier, pour un parc ; de cheval, pour une écurie, &c.

Tête de bœuf, ou de bélier décharnée. Ornement de sculpture des temples des payens, par rapport à leurs sacrifices, qui entroit dans les métopes de la frise dorique, & dans d’autres endroits. Il y a une tête de bœuf à une sépulture de la famille Métella, près de Rome, appellée à cause de cela, capo di bove.

Tête de chevalement. Piece de bois qui porte sur deux étaies, pour soutenir quelque pan de mur ou quelque encoignure, pendant qu’on fait une reprise par sous-œuvre.

Tête de mur. C’est ce qui paroît de l’épaisseur d’un mur dans une ouverture, qui est ordinairement revêtu d’une chaîne de pierre ou d’une jambe étriere.

Tête de voussoir. C’est la partie de devant, ou de derriere d’un voussoir d’arc.

Tête perdue. On appelle ainsi toutes les têtes ou boutons, vis & cloux qui n’excedent point le parement de ce qu’ils attachent ou retiennent. Daviler.

Tête de canal, (Archit. hydraul.) c’est l’entrée d’un canal, & la partie la plus proche du jardin, où les eaux viennent se rendre après le jeu des fontaines. C’est aussi un bâtiment rustique en maniere de grotte, avec fontaines & cascades, au bout d’une longue piece d’eau. Telle est la tête du canal de Vaux-le-vicomte, qui est un ouvrage très-considérable.

Tête de maure, (Artillerie.) espece de grenade qu’on tire avec le canon. (D. J.)

Tête de porc, caput porcinum, disposition de troupes dont les anciens se servoient quelquefois. Voyez Coin.

Tête, se dit dans la marche des troupes, de la partie la plus avancée ou qui marche la premiere ; ainsi la tête d’une colonne, dans les marches, est formée des premieres troupes de la colonne. La tête est opposée à la queue, qui est formée des troupes qui marchent les dernieres.

La tête du camp, est aussi sa partie la plus avancée ou qui fait face à l’ennemi. Voyez Front de bandiere.

Dans les sapes, la tête est de même la partie la plus avancée du travail vers la place. (Q)

Tête de la tranchée, (Fortific.) c’est sa partie la plus avancée vers la place. Voyez Tranchée.

Tête ou Tête de more, (Marine.) Voyez Chouquet.

Tête de l’ancre, (Marine.) c’est la partie de l’ancre, où la vergue est jointe avec la croisée.

Tête du vent, (Marine.) c’est le tems où le vent commence à souffler.

Tête, en Musique ; la tête ou le corps d’une note, est cette partie de la note qui en détermine la position, & à laquelle tient la queue quand elle en a. Voyez Queue.

Avant l’invention de l’Imprimerie il n’y avoit que des notes noires ; car la plûpart des notes étant quarrées, il eût été trop long de les faire blanches en écrivant. Dans l’impression, on forma des têtes de notes blanches, c’est-à-dire vuides dans le milieu. Aujourd’hui les unes & les autres sont en usage, &, toutes choses d’ailleurs égales, une tête blanche marque toujours une durée double de celle d’une tête noire. Voyez Notes, Valeur des notes, &c.

Tête du rouet, en terme de Cardeur, c’est le bout du rouet qui pose à terre, & qui porte les marionettes, les tasseaux, & la broche.

Tête, en terme de Cirier, c’est l’extrémité d’une bougie, d’un cierge, &c. par laquelle ils doivent être allumés : on a soin d’enfermer la tête de la meche dans un feret, pour l’empêcher de s’imbiber de cire. Voyez Feret.

Tête de bougie, (Cirerie.) c’est le côté où la meche n’est point couverte de cire ; cette tête se fait en mettant le haut de la meche dans des ferets lorsqu’on commence la bougie, & en coupant avec un couteau de bois la cire du côté de cette meche, quand on l’a roulée pour achever. Savarv. (D. J.)

Tête à trois coups, (Clouterie.) on appelle ainsi les clous ordinaires pour les distinguer des clous à crochets & des clous à tête plate : ce nom de tête à trois coups, leur vient de ce qu’on en forge la tête en la frappant trois fois du marteau, ce qui forme trois especes de triangles irréguliers. (D. J.)

Tête de champignon, (Clouterie.) ce sont de grands clous dont la tête est ronde, de près d’un pouce de diametre, & presque d’autant de hauteur, creuse en-dedans, & de la figure d’un champignon ; ils ont deux pointes soudées ensemble, longues d’environ six pouces, qui s’ouvrent & se rivent séparément, quand elles ont percé les planches & traverses où on les attache ; ils servent aux portes cocheres dont ils arrêtent les barres qui sont derriere, & forment en-devant une espece d’ornement en quinconce. (D. J.)

Tête emboutie, en terme de Cloutier, c’est la plus grosse sorte de broquettes qui se fassent & se débitent par les cloutiers : elle est ainsi nommée de ce que la tête du clou en est relevée & arrondie. (D. J.)

Tête platte, (Clouterie.) on nomme ainsi les clous à ardoise & à latte, qu’on appelle autrement clous à bouche. (D. J.)

Tête rabatue, (Clouterie.) les clous à tête rabattue, sort de gros clous qui servent à clouer & attacher les bandes de fer qu’on met aux roues de charrette ; ceux qui sont destinés aux roues de carrosses & de chaises ne sont pas si forts, & s’appellent simplement clous à bandes. (D. J.)

Tête de mort, terme de Doreur, les peintres & doreurs du pont Notre-Dame & du quai de Gêvres, appellent ainsi les bordures de bois uni qui ont six pouces de hauteur sur quatre pouces neuf lignes de largeur : leur nom vient de ce que les premieres estampes pour lesquelles on les fit, représentoient une tête de mort. Savary. (D. J.)

Tête, en terme d’Epinglier, n’est autre chose qu’un tour de laiton en forme d’anneau, que l’on a filé sur le moule au rouet, & coupé un-à-un, pour être fortement appliqué sur le métier, à la partie de l’épingle destinée à l’empêcher de blesser les doigts, ou de sortir de l’endroit où on l’a piquée.

Tête, (Fonder. de caracteres.) ce mot se prend quelquefois parmi les fondeurs de caracteres d’Imprimerie, pour ce qu’on nomme autrement l’œil de la lettre ; on doit pourtant y faire quelque différence, l’œil étant proprement la gravure en relief de la lettre, & la tête le haut ou la table de la lettre où est cette gravure : une lettre bien fondue ne doit être ni forte en pié, ni forte en tête. (D. J.)

Tête. (Jardinage.) s’emploie pour désigner le haut d’un parterre ; on dit la tête d’un bois, d’un canal, d’une cascade, pour exprimer la partie par où commencent ces pieces.

Tête et queue, terme de Manufacturiers, on dit chez les Manufacturiers & chez les Marchands, qu’une piece d’étoffe a tête & queue, quand elle n’a point été entamée, qu’elle est toute entiere. (D. J.)

Tête de cheval, (Maréchal.) elle doit en général être menue, seche, déchargée de chair, & médiocrement longue. Elle est composée des oreilles, du toupet, du front, des carmies, des salieres, des yeux, du chanfrein, de la ganache, du canal, de la barbe ou barbouchet, du menton, des naseaux, du bout du nez, des levres. Le dedans de la bouche est composé des dents de devant, des crocs, crochets ou écaillons, des dents mâchelieres, des barres, de la langue & du palais. Voyez chacun de ces mots aux lettres qui leur conviennent.

Il y a des têtes de conformations différentes ; savoir, de longues, de larges ou quarrées, de courtes, de busquées ou moutonnées, & de petites ; mais la beauté d’une tête de cheval est d’être petite, déchargée de chair, de façon que les veines paroissent à-travers la peau ; celles qui approchent le plus de cette description approchent le plus de la beauté. Les têtes busquées ou moutonnées, c’est-à-dire celles qui depuis les yeux jusqu’au bout du nez, forment une ligne convexe quand on les regarde de côté, passent pour belles ; mais celles qui en les regardant ainsi, forment une ligne concave en s’enfonçant vers le milieu du chanfrein, & se relevant ensuite pour former les naseaux, sont les plus vilaines & les plus ignobles de toutes. C’est un défaut pour une tête d’être trop longue. Le front large qui fait la tête quarrée, n’est pas une beauté. La tête grosse est un défaut, de même que la tête mal attachée ou mal pendue, c’est-à-dire commençant un peu trop bas, & au dessous du haut du cou. Lisse en tête, voyez Chanfrein. Marqué en tête, voyez Etoile. La tête à la muraille, voyez Passeger. Porter bien la tête, la tête dans les nues, voyez Porter. Placer sa tête, voyez Placer. Relever la tête, voyez Relever. On dit aux voltes qu’un cheval a la tête dedans, lorsqu’on le mene de biais sur la volte, & qu’on lui fait plier un peu la tête en-dedans de la volte. Courir les têtes, exercice d’académie ; on place une tête de carton dans la carriere, & l’écolier tantôt armé d’une épée, & tantôt d’un dard, tâche de l’enlever ou de la frapper en courant à cheval à toutes jambes.

Tête, en termes de Marchand de modes, est un rang de blonde beaucoup plus étroite, qui sert comme de bord au côté du fichu qui touche sous le menton. Voyez Fichu. Ce petit rang est monté & froncé sur un ruban ainsi que les deux autres qui forment le bas du fichu.

Tête de cheveux, terme de Perruquier, c’est le côté des cheveux par où ils ont été coupés & détachés de la tête ; l’autre extrémité se nomme la pointe. C’est par le côté de la tête qu’on tresse les cheveux sur le métier pour pouvoir en faire une perruque. Voyez Cheveux.

Tête a perruque, (Perruquier.) ce sont des morceaux de bois sculptés, auxquels on a donné la forme & les dimensions d’une tête d’homme. Elle est ordinairement montée sur un pié ou pivot d’une hauteur suffisante pour que l’ouvrier puisse s’en servir commodément.

Il y a des têtes qui ne servent que pour y mettre les perruques, quand on veut les peigner & poudrer.

Il y en a d’autres qui sont faites exprès pour monter les perruques. Elles sont construites de la même maniere que les autres, excepté qu’on y attache en plusieurs endroits de petits clous ou pointes crochues, par le moyen desquelles le perruquier assujettit la coëfe quand il veut monter une perruque.

Comme on fait des perruques suivant la grosseur de la tête de ceux qui les commandent, & que les têtes ne sont pas toutes de la même grosseur, les perruquiers ont des têtes à perruques de six ou sept grosseurs différentes : ils les distinguent par les numéros 1, 2, 3, 4, &c. la plus petite est appellée du numéro 1, & ainsi de suite.

Quand la tête de celui qui commande une perruque ne se trouve pas précisément de la grosseur de quelqu’une de ces différentes têtes à perruque, l’ouvrier se sert de la tête du degré immédiatement au-dessous, & supplée au défaut de grosseur par des cartes ou papiers qu’il place entre la tête & la coëffe. Voyez les figures.

Tête, en termes de Raffineur, est le petit bout d’un pain de sucre. Toute l’étude d’un rafineur est de faire de belles têtes au sucre, parce que comme c’est la derniere qui se fait, il est à présumer que le pain entier est parfait quand elle est belle ; & c’est pour cela que les marchands ne visitent que la tête des pains quand ils achetent de cette marchandise. Voyez les Pl.

Tête d’un rot, (terme de Rotiers.) ils nomment la tête d’un rot, la partie supérieure d’un rot, & la partie inférieure ils l’appellent le pié. (D. J.)

Tête, (Sculpture.) ornement qu’on place à la clé d’une arcade, d’une plate-bande, au-dessus d’une porte, d’une fenêtre, & en d’autres endroits. Ces sortes de têtes représentent quelquefois des divinités, des vertus, des saisons, des âges, &c. avec leurs attributs, comme un trident à Neptune, un casque à Mars, un caducée à Mercure, un diadème à Junon, une couronne d’épis de blé à Cérès, &c. On emploie aussi dans ces sortes d’ornemens, non-seulement des têtes d’hommes, mais des têtes d’animaux ; ainsi on met des têtes de cerfs sur la porte des parcs, des têtes de chien pour les chenils, des têtes de cheval pour une écurie, comme à la belle écurie de Chantilli, &c. (D. J.)

Tête, en termes de Serrurerie & Taillanderie, &c. est la partie du marteau qui est ordinairement quarrée, ou ronde, opposée à la panne ; elle doit être acérée.

Tête d’argue, s. f. (terme de Tireur d’or.) c’est la partie supérieure d’un gros billot quarré élevé de deux piés de terre, qui a deux entailles, dont l’une sert à placer & appuyer les filieres, & l’autre à faire passer les lingots par les pertuis des mêmes filieres pour les tirer à l’argne. Savary. (D. J.)

Tête, (Tisseranderie.) on nomme en terme de rotiers, la tête d’un rot, la partie supérieure du rot ; l’inférieure s’appelle le pié. (D. J.)

Tete, s. f. (terme de Manege.) Ce mot entre en plusieurs façons de parler de manege : ainsi on dit, passager un cheval la tête & les hanches dedans ; cette phrase signifie, porter un cheval de côté sur deux lignes paralleles au pas, ou au trot ; de sorte que le cheval pliant le cou, tourne la tête au-dedans de la volte, & regarde le chemin qu’il va faire. On dit qu’un cheval place bien sa tête, qu’il porte en beau lieu, en parlant de son action & de son encolure. On dit aussi qu’il a la tête dedans, quand il manie sur les voltes de biais, & en pliant un peu la tête. (D. J.)

Têtes, courir les, (terme de Manege.) ce qu’on nomme courir les têtes, est une sorte d’exercice à cheval, qui se fait en quatre courses à toute bride. La premiere pour enlever avec la lance une tête de carton posée pour cet effet sur un poteau ; la seconde pour lancer un dard contre une tête semblable ; la troisieme pour lancer un dard contre une tête de Méduse peinte sur un rond de bois ; & la derniere pour relever de terre une troisieme tête avec la pointe de l’épée. (D. J.)

Tête, en Fauconnerie, on dit faire la tête d’un oiseau, c’est-à-dire l’accoutumer au chaperon.

Tête, se dit aussi du bois de cerf, les cerfs quittent tous les ans leurs têtes, c’est-à-dire leur bois, on dit une tête bien née.

On connoît l’âge d’un cerf par la tête ; on dit qu’un cerf est à sa premiere tête. Voyez Dagues.

La deuxieme tête du cerf, est le bois qu’il pousse en commençant sa troisieme année dite porte six, parce que chaque perche porte deux petits andouillers outre les deux bouts de la perche.

Troisieme tête qu’il pousse en commençant sa quatrieme année.

Quatrieme tête en commençant la cinquieme année.

Cinquieme tête en commençant sa sixieme année ; passé six ans, c’est un vrai cerf de dix cors.

Tête portant trochures, qui portent trois ou quatre chevilles andouillers ou épois à la sommité de leur bois.

Tête enfourchée, dont les dards du sommet font la fourche, on dit aussi tête bien chevillée.

Tête paumée, celle dont la sommité s’ouvre & représente les doigts & la paume de la main.

Tête couronnée, celle dont les cors font une espece de couronne, elles sont rares.

Tête faux marquée, est celle dont les deux côtés ne portent pas autant de cors l’un que l’autre ; par exemple, quand il n’y a que six cors d’un côté & sept de l’autre ; on dit alors, tête faux marquée, ce cerf porte quatorze faux marqués, car le plus emporte le moins.

Tête rouée, terme de Vénerie ; tête rouée se dit des têtes de cerfs, daim & chevreuil, dont les perches sont serrées. Salnove. (D. J.)

Tête de maure, terme de Blason, on appelle têtes de maure des têtes représentées de profil, bandées, liées & tortillées. (D. J.)

Tête, au jeu du revertier, se dit de la onzieme case, ou de la lame du coin qui est à la droite de celui contre qui on joue. Il est à-propos de la bien garnir, parce que l’on case bien plus aisément après. Il n’y a aucun risque d’y mettre jusqu’à sept ou huit dames.

Tête-chevre, Crapaud volant, caprimulgus, oiseau de nuit qui ressemble plus au coucou qu’à la chouette ; il a environ 10 pouces de longueur, depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue ; sa tête est grosse à proportion du corps, cependant cette différence est moins sensible que dans les autres oiseaux de son genre, tels que les chouettes, les hiboux, &c. il a le bec petit, noir & un peu courbe ; l’ouverture de la bouche est un peu grande ; il y a sur les côtés de la piece supérieure du bec des poils noirs & roides, qui ressemblent à des soies. Toute la face inférieure de cet oiseau est variée de petites bandes noires & de bandes blanches, mêlées de roux ; le derriere de la tête & le dessus de la face supérieure du cou sont cendrés, à l’exception du milieu de chaque plume qui est noir. Les grandes plumes des aîles & celles du second rang sont d’un noir mêlé de roux, & les petites ont de plus un peu de cendré. La queue a 4 pouces & demi de longueur, elle est composée de dix plumes qui ont des bandes noires transversales ; l’espace qui se trouve entre les bandes est d’un cendré, mêlé d’une teinte de roux avec de petits points noirs ; les deux plumes extérieures de chaque côté ont à leur extrémité une tache d’un jaune pâle, mêlé de noir. Les piés sont couverts de plumes presque jusqu’aux doigts seulement sur la partie antérieure ; ces doigts ont une couleur noirâtre ; ces ongles sont petits & noirs ; celui du doigt du milieu est le plus long, & il a sur le côté intérieur un appendice denté comme celui des hérons. Cet oiseau varie un peu pour les couleurs, soit par rapport à l’âge ou à la différence du sexe ; il y a des individus qui ont une grande tache blanche sur les trois premieres grandes plumes des aîles, & une autre sur les deux plumes extérieures de la queue près de leur extrémité. On a donné le nom de tête-chevre à cet oiseau, parce qu’on prétend qu’il s’attache aux mamelles des chevres dans les campagnes, & qu’il en suce le lait. Willughbi, ornit. Voyez Oiseau.

Tête-plate, (Hist. d’Amériq.) nom françois qui répond à celui d’omagnas, dans la langue du Pérou ; & à celui de camberas, dans la langue du Brésil. Les peuples qui habitent le long de la riviere des Amazones, ont la bisarre coutume de presser entre deux planches, le front des enfans qui viennent de naître, & de leur procurer l’étrange figure applatie qui en résulte, pour les faire mieux ressembler, disent-ils, à la pleine lune. Le plus difficile à comprendre, c’est qu’il n’en résulte pas des dérangemens considérables dans l’organe du cerveau. (D. J.)

Tête-ronde, (Hist. d’Anglet.) sobriquet qu’on donna sous Charles I. en 1641 au parti du peuple, qui vouloit exclure les évêques de la chambre haute. Les apprentis de plusieurs métiers qui coururent cette année dans Londres & dans Westmunster, en criant, point d’évêques, portoient alors leurs cheveux coupés en rond. La reine voyant dans la foule de ces apprentifs, un nommé Barnadiston, se mit à dire, ho la belle tête-ronde ! Telle est l’origine du nom de tête-ronde qui fut donné aux parlementaires de la chambre basse, comme le nom de cavalier fut donné aux partisans du roi. Ces deux sobriquets durerent jusqu’au rétablissement de Charles II, qu’ils furent changés peu-à-peu, en ceux de Torys & Whigs. (D. J.)

Tête a l’Anglois, Melon épineux, melocactus, genre de plante à fleur monopétale, campaniforme tubulée, profondement découpée & soutenue par un calice qui devient dans la suite un fruit semblable à une olive, & charnu, qui renferme une petite semence. Ces fruits sont réunis en maniere de tête dans beaucoup d’especes. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tête d’ane, Voyez Chabot.