L’Encyclopédie/1re édition/PANTHÉES

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PANTHÉES, s. m. pl. (Antiq. & Médailles.) en latin signa panthea : on appelloit ainsi des têtes ou des statues ornées de symboles de plusieurs divinités réunies ensemble. Les statues de Junon avoient souvent rapport à plusieurs déesses : elles tenoient quelque chose de celle de Pallas, de Vénus, de Diane, de Nemesis, des Parques, &c.

On voit dans les anciens monumens une Fortune aîlée, qui tient de la main droite le timon, & de la gauche la corne d’abondance ; tandis que le bas finit en tête de bélier ; l’ornement de sa tête est une fleur de lotus, qui s’éleve entre des rayons, marque d’Iris & d’Osiris. Elle a sur l’épaule la trousse de Diane, sur la poitrine l’égide de Minerve, sur la corne d’abondance le coq symbole de Mercure, & sur la tête de bélier, un corbeau symbole d’Apollon. On trouve beaucoup d’autres figures panthées parmi les antiques.

Ces dieux étoient peut-être aussi représentés ensemble, pour servir à la dévotion des particuliers qui vouloient honorer plusieurs dieux à-la-fois. Peut-être y a-t-il quelques autres raisons inconnues de ce culte, selon la signification du mot panthée, de παν, tout, & θεὸς, dieu. Ces figures devroient en effet représenter les symboles de tous les dieux ; mais on n’en connoît point qui les réunissent tous.

Les médailles nous offrent aussi des panthées, ou des têtes ornées des symboles de plusieurs déités. Telle est celle qui se trouve sur la médaille d’Antonin Pie, & de la jeune Faustine, qui est tout ensemble Sérapis par le boisseau qu’elle porte : le soleil par la couleur des rayons : Jupiter Hammon par les deux cornes de bélier : Pluton par la grosse barbe : Neptune par le trident : Esculape par le serpent entortillé autour du manche.

M. Baudelot dans sa dissertation sur les dieux Lares, croit que les panthées doivent leur origine à la superstition de ceux, qui ayant pris pour protecteurs de leurs maisons plusieurs dieux, les réunissoient tous dans une même statue, qu’ils ornoient des différens symboles de chacune de ces déïtés. Il en a fait graver plusieurs pour servir d’exemple & de preuve. Voyez aussi sur les figures qu’on appelle panthées, la dissertation de l’abbé Nicaise, de nummo pantheo Hadriani Augusti, Lugd. 1694. in-4°. (D. J.)