L’Encyclopédie/1re édition/ETOILE

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ETOILE, s. f. stella, en Astronomie, est un nom qu’on donne en général à tous les corps célestes. Voyez Ciel, Astre, &c.

On distingue les étoiles par les phénomenes de leur mouvement, en fixes & errantes.

Les étoiles errantes sont celles qui changent continuellement de place & de distance les unes par rapport aux autres : ce sont celles qu’on appelle proprement planetes. Voyez Planete. On peut mettre aussi dans la même classe les astres que nous appellons communément cometes. Voyez Comete.

Les étoiles fixes, qu’on appelle aussi simplement étoiles dans l’usage ordinaire, sont celles qui observent perpétuellement la même distance les unes par rapport aux autres. Voyez Fixe.

Les principaux points que les Astronomes examinent par rapport aux étoiles fixes, sont leur distance, leur grandeur, leur nature, leur nombre, & leur mouvement. Ces différens objets vont faire la matiere de cet article.

Distance des étoiles fixes. Les étoiles fixes sont des corps extrêmement éloignés de nous ; & si éloignés, que nous n’avons point de distance dans le système des planetes qui puisse leur être comparée.

En effet, les observations astronomiques nous apprennent que la Terre, cette masse qui nous paroît d’abord si énorme, ne seroit vûe cependant du soleil que comme un point imperceptible. Il faut donc que le Soleil soit prodigieusement éloigné de nous ; & néanmoins cette distance de la Terre au Soleil est très-petite en comparaison de celle des étoiles fixes.

Leur distance immense s’infere de ce qu’elles n’ont point de parallaxe sensible, c’est-à-dire de ce que le diametre de l’orbite de la Terre n’a point de proportion sensible avec leur distance ; mais qu’on les apperçoit de la même maniere dans tous les points de cette orbite : ensorte que quand même on regarderoit des étoiles fixes toute l’orbite que la Terre décrit chaque année, & dont le diametre est double de la distance du Soleil à la Terre, cette orbite ne paroîtroit que comme un point ; & l’angle qu’elle formeroit à l’étoile seroit si petit, qu’il n’est pas étonnant s’il a échappé jusqu’ici aux recherches des plus subtils astronomes. Supposant cet angle d’une demi-minute, ce qui est beaucoup plus grand que l’angle véritable, on trouveroit les étoiles plus loin de nous que le soleil 12000 fois, & au-delà.

M. Huyghens détermine la distance des étoiles par une autre méthode, c’est-à-dire en faisant l’ouverture d’un télescope si petite, que le Soleil vû à-travers, ne paroisse pas plus gros que Sirius. Dans cet état, il trouve que le diametre du Soleil est environ comme la 27664e partie de son diametre, quand il est vû à découvert. Si donc la distance du Soleil étoit 27664 fois aussi grande qu’elle l’est, on le verroit sous le même diametre que Sirius ; par conséquent si on suppose que Sirius est de même grandeur que le Soleil, on trouvera que la distance de Sirius à la Terre est à celle du Soleil, comme 27664 est à 1.

On dira peut-être que ces méthodes sont trop hypothétiques pour pouvoir en rien conclure ; mais du moins on peut démontrer que les étoiles sont incomparablement plus éloignées que Saturne, puisque Saturne a une parallaxe, & que les étoiles n’en ont point du tout. Voyez Saturne & Parallaxe. De plus il suit de ce que nous venons de dire un peu plus haut, que la distance des étoiles est au moins 10000 fois plus grande que celle du soleil ; supposition qu’on peut regarder comme incontestable.

Cette distance immense des étoiles sert à expliquer dans le système du mouvement de la Terre autour du Soleil, pourquoi certaines étoiles ne paroissent pas plus grandes dans un tems de l’année que dans l’autre ; & pourquoi la distance apparente où elles sont les unes à l’égard des autres, ne sauroit varier sensiblement par rapport à nous : car il y a telle étoile dont la Terre s’approche effectivement dans l’espace de six mois, de tout le diametre de son orbite ; & par la même raison elle s’en éloigne d’autant pendant les six autres mois de l’année. Si nous ne pouvons donc reconnoître de changemens sensibles dans la situation apparente de ces étoiles, c’est une marque qu’elles sont à une distance immense de la Terre, & que c’est précisément de même que si nous ne changions point de lieu. Il en est à-peu-près ainsi, lorsque nous appercevons sur la Terre deux tours à peu de distance l’une de l’autre, mais éloignées de notre œil de plus de dix mille pas ; car si nous n’avançons que d’un seul pas, assûrément nous ne verrons pas pour cela les deux tours ni plus grandes, ni à une distance plus considérable l’une de l’autre : il faudroit, pour qu’il y eût un changement sensible, s’en approcher davantage. Ainsi, quoique la Terre soit un peu plus proche dans un tems de l’année de certaines étoiles, que six mois après ou six mois auparavant ; cependant comme ce n’est pas même d’une cinq millieme partie qu’elle en approche, il ne sauroit y avoir de changemens remarquables, soit dans la grandeur, soit dans distance apparente de ces étoiles.

Que l’on suppose présentement le Soleil à la même distance que l’étoile fixe la plus proche de la Terre, il est aisé de voir que l’angle sous lequel il nous paroîtroit, seroit au moins dix mille fois plus petit que celui sous lequel nous le voyons : or l’angle sous lequel nous voyons le Soleil, est d’environ 30 minutes ou un demi-degré. Il s’ensuit donc que si nous étions placés dans quelqu’étoile fixe, le Soleil ne nous y paroîtroit que sous un angle égal à la dix millieme partie de trente minutes, c’est-à-dire d’environ dix tierces.

On objectera peut-être que si la distance des étoiles fixes étoit aussi considérable que nous venons de la supposer, il faudroit nécessairement que les étoiles fussent beaucoup plus grandes que le Soleil ; bien plus, qu’il s’ensuivroit qu’elles seroient au moins aussi grandes que le diametre de l’orbe annuel de la Terre. C’est une objection que nous allons examiner dans l’article suivant, où nous parlerons de la grandeur des étoiles.

Grandeur & nombre des étoiles. La grandeur des étoiles fixes paroît être différente ; mais cette différence peut venir, au moins en partie, de la différence de leurs distances, & non d’aucune diversité qu’il y ait dans leurs grandeurs réelles.

C’est à cause de cette différence qu’on divise les étoiles en sept classes, ou en sept différentes grandeurs. Voyez Constellation.

Les étoiles de la premiere grandeur sont celles dont les diametres nous paroissent les plus grands : après celles-là sont celles de la seconde grandeur ; & ainsi de suite jusqu’à la sixieme, qui comprend les plus petites étoiles qu’on puisse appercevoir sans télescope. Toutes celles qui sont au-dessus, sont appellées étoiles télescopiques. La multitude de ces étoiles est considérable, & on en découvre de nouvelles à mesure qu’on employe de plus longues lunettes ; mais il n’étoit pas possible aux anciens de les ranger dans les six classes dont nous venons de parler. Voyez Télescopique.

Ce n’est pas que toutes les étoiles de chaque classe paroissent être précisément de la même grandeur ; chaque classe est fort étendue à cet égard, & les étoiles de la premiere grandeur paroissent presque toutes différentes en éclat & en grosseur. Il y a d’autres étoiles de grandeurs intermédiaires, que les Astronomes ne peuvent placer dans telle classe plûtôt que dans la suivante, & qu’ils rangent à cause de cela entre deux classes.

Par exemple, Procyon, que Ptolomée regarde comme une étoile de la premiere grandeur, & que Tycho place dans la seconde classe, n’est rangé par Flamsteed ni dans l’une ni dans l’autre ; mais il le place entre la premiere & la seconde.

Il faudroit même, à proprement parler, établir autant de classes différentes qu’il y a d’étoiles fixes. En effet, il est bien rare d’en trouver deux qui soient précisément de la même grandeur ; & pour ne parler uniquement que de celles de la premiere grandeur, voici les principales différences qu’on y a reconnues. Sirius est la plus grande & la plus éclatante de toutes ; ensuite on trouve qu’Arcturus surpasse en grandeur & en lumiere Aldebaran ou l’œil du Taureau, & l’épi de la Vierge ; & cependant on les nomme communément étoiles de la premiere grandeur.

Catalogue des Etoiles de différentes grandeurs, selon Kepler.
De la premiere grandeur, 15.
De la seconde, 58.
De la troisieme, 218.
De la quatrieme, 494.
De la cinquieme, 354.
De la sixieme, 240.
Des obscures & nébuleuses, 13.

En tout, 1392.

Ce nombre est celui des étoiles qu’on découvre à la vûe simple ; car avec le téleseope, comme nous l’avons déjà dit, on en apperçoit beaucoup plus.

Quelques auteurs assûrent que le diametre apparent des étoiles de la premiere grandeur, est d’une minute au moins ; & comme on a déjà dit que l’orbite de la Terre, vûe des étoiles fixes, paroît sous un angle moindre que 30 secondes, ils ont conclu de-là que le diametre des étoiles est beaucoup plus grand que celui de toute l’orbite de la Terre. De plus, disent-ils, une sphere dont le demi-diametre égale seulement la distance du Soleil à la Terre, est dix millions de fois plus grande que le Soleil ; par conséquent ils croyent que les étoiles fixes doivent être bien plus de dix millions de fois plus grandes que le Soleil. Il y auroit donc une différence énorme entre la grosseur du Soleil & celle des étoiles fixes ; & par conséquent on ne pourroit plus dire que ce sont des corps lumineux semblables, & on seroit assez mal fondé à mettre le Soleil au nombre des étoiles fixes.

Mais on s’est trompé : car les diametres même des plus grandes étoiles, vûs à-travers un télescope qui rend les objets par exemple cent fois plus gros qu’ils ne sorlt, ne paroissent point du tout avoir de grandeur sensible, mais ne sont que des points brillans.

Ainsi cette prétendue grandeur des étoiles n’est fondée que sur des observations fort imparfaites ; & il est vrai que quelques astronomes peu habiles en ce genre, se sont fort trompés dans les diametres apparens qu’ils ont assigné aux étoiles. L’angle sous lequel paroissent les étoiles fixes de la premiere grandeur, n’est pas même d’une seconde ; car lorsque la Lune rencontre l’œil du Taureau, le cœur du Lion, ou l’épi de la Vierge, l’occultation est tellement instantanée, & l’étoile si brillante à cet instant, qu’un observateur attentif ne sauroit se tromper, ni demeurer dans l’incertitude pendant une demi-seconde de tems. Or si ces étoiles avoient par exemple un diametre au moins de cinq secondes, on les verroit s’éclipser peu-à-peu, & diminuer sensiblement de grandeur pendant près de 10 secondes de tems, à raison de 13 degrés que la Lune parcourt en 24 heures. Il y a autour des étoiles, sur-tout pendant la nuit, une espece de fausse lumiere, un rayonnement on scintillation qui nous trompe, & qui fait que nous les jugeons au moins cent fois plus grandes qu’elles ne sont. On fait disparoître cependant la plus grande partie de cette fausse lumiere, en regardant les étoiles par un trou fait à une carte avec la pointe d’une aiguille, ou plûtôt en y employant d’excellentes lunettes d’approche qui en absorbent la plus grande quantité, puisqu’on n’y apperçoit les étoiles fixes que comme des points lumineux, & beaucoup plus petites qu’à la vûe simple. On sait pourtant que les lunettes d’approche grossissent les objets : or il semble que le contraire paroît à l’égard des étoiles fixes ; ce qui prouve combien le diametre apparent de ces étoiles est peu sensible à notre égard. On ne sait comment le P. Riccioli s’y est laissée tromper, jusqu’à donner à Sirius un diametre de 18 secondes ; car si on suppose qu’à la vûe simple les deux lignes tirées des extrémités du diametre de Sirius forment dans notre œil un angle de 18 secondes, une lunette qui augmenteroit 200 fois les objets, nous feroit par conséquent appercevoir cette étoile sous un angle de 3600 secondes, c’est-à-dire d’un degré : d’où il s’ensuivroit que Sirius vû à-travers la lunette, paroîtroit d’un diametre presque double de celui du Soleil ou de la Lune. Or quoique les plus excellentes lunettes ne soient pas même capables d’absorber totalement cette fausse lumiere qui environne les étoiles fixes, il est certain toutefois que Sirius n’y paroit pas plus grand que la planete de Mars mesurée au micrometre ou à la vûe simple ; mais le diametre de Mars dans sa plus petite distance de la Terre est au plus de 30 secondes : ainsi quoique la lunette augmente 200 fois environ le diametre apparent de Sirius, l’angle sous lequel on y apperçoit cette étoile n’est que d’environ 30 secondes, c’est-à-dire qu’à la vûe simple ce diametre ne seroit guere que de la 200e partie de 30 secondes, ou d’environ neuf tierces. On demandera peut-être maintenant comment nous pouvons appercevoir les étoiles fixes, puisque leur diametre apparent répond à un angle qui n’est aucunement sensible : mais il faut faire attention que c’est ce rayonnement & cette scintillation qui les environnent, qui est cause que ces corps lumineux se voyent à des distances si prodigieuses, au contraire de ce qui arrive à l’égard de tout autre objet. L’expérience ne nous apprend-t-elle pas qu’une bougie ou un flambeau allumé se voyent pendant la nuit sous un angle très-sensible à plus de deux lieues de distance ? Au lieu que si dans le plus grand jour on expose tout autre objet de pareille grosseur à la même distance, on ne pourra jamais l’appercevoir : à peine pourroit-on même distinguer un objet qui seroit dix fois plus grand que la flamme de la bougie. La raison de cela est que les corps lumineux lancent de tous côtés une matiere incomparablement plus-forte que celle qui est refléchie par les corps non lumineux ; & que celle-ci étant amortie par la réflexion, devient plus foible & se fait à peine sentir à une grande distance : l’autre au contraire est tellement vive, qu’elle ébranle avec une force incomparablement plus grande les fibres de la rétine ; ce qui produit une sensation tout-à-fait différente, & nous fait juger par cette raison les corps lumineux beaucoup plus grands qu’ils ne sont. Voyez les Instit. astron. de M. le Monnier. Il n’est pas inutile d’observer ici que la scintillation des étoiles est d’autant moindre, que l’air est moins chargé de vapeurs ; aussi dans les pays où l’air est extrèmement pur, comme dans l’Arabie, les étoiles n’ont point de scintillation. Voyez Etincellement, Scintillation, & l’hist. de l’acad. de 1743, pag. 28.

Catalogue des étoiles. On divise aussi les étoiles par rapport à leur situation, en astérismes ou constellations, qui ne sont autre chose qu’un assemblage de plusieurs étoiles voisines, qu’on considere comme formant quelque figure déterminée, par exemple d’un animal, &c. & qui en prend le nom : cette division est aussi ancienne au moins que le livre de Job, dans lequel il est parlé d’Orion & des Pleyades, &c. Voyez Constellation & Arcturus.

Outre les étoiles qui sont ainsi distinguées en différentes grandeurs ou constellations, il y en a qui ne font partie d’aucune. Celles qui ne sont point rangées en constellations sont nommées informes, ou étoiles sans forme. Les astronomes modernes ont formé de nouvelles constellations de plusieurs étoiles, que les anciens regardoient comme étoiles informes ; comme le cœur de Charles, cor Caroli, qui a été formé en constellation par Halley, & l’écu de Sobieski, scutum Sobiesci, par Hevelius, &c. V. Cœur, Ecu, &c.

Celles qui ne sont point réduites en classes ou grandeurs, sont appellées étoiles nébuleuses ; parce qu’elles ne paroissent que foiblement & en forme de petits nuages brillans. Voyez Nébuleux.

Le nombre des étoiles paroît très-grand & presque infini ; cependant il y a long-tems que les Astronomes ont déterminé le nombre de celles que les yeux peuvent appercevoir, qu’ils ont trouvé beaucoup moindre qu’on ne se l’imagineroit. 125 ans avant J. C. Hipparque fit un catalogue, c’est-à-dire une énumération des étoiles avec la description exacte de leurs grandeurs, situations, longitude, latitude, &c. Ce catalogue est le premier dont nous ayons connoissance ; & Pline ne craint point d’appeller cette entreprise, rem etiam Deo improbam. Hipparque fit monter le nombre des étoiles visibles à 1022 ; elles étoient distribuées en 48 constellations. Ptolomée ajoûta quatre étoiles au catalogue d’Hipparque, & fit monter le nombre jusqu’à 1026. Dans l’année 1437, Ulug Beigh petit-fils de Tamerlan, n’en compte que 1017 dans un catalogue nouveau qu’il fit, ou qu’il fit faire.

Mais dans le seizieme & le dix-septieme siecles, lorsque l’Astronomie commença à refleurir, on trouva que le nombre des étoiles étoit beaucoup plus grand. On ajoûta aux 48 constellations des anciens douze autres nouvelles, qu’on observa vers le pole méridional, & deux autres vers le pole septentrional, &c. Voyez Constellation.

Ticho Brahé publia un catalogue de 777 étoiles, qu’il observa lui-même. Kepler, sur les observations de Ptolomée & autres, en augmenta le nombre jusqu’à 1163 : Riccioli jusqu’à 1468, & Bayer jusqu’à 1725. Halley en ajoûta 373, qu’il observa lui-même vers le pole antarctique : Hevelius, sur les observations de Halley & sur les siennes propres, fit un catalogue de 1888 étoiles ; & depuis, Flamsteed en a fait un contenant 3000 étoiles, qu’il a toutes observées lui-même avec exactitude.

Il est vrai que de ces 3000 étoiles il y en a beaucoup qu’on ne peut appercevoir qu’à-travers un télescope. S’il arrive souvent dans les belles nuits d’hyver qu’on en voye une quantité innombrable, cela vient de ce que notre vûe est trompée par la vivacité de leur éclat ; parce que nous ne les voyons que confusément, & que nous ne les examinons pas par ordre : au lieu que quand on vient à les considérer plus attentivement, & même à les distinguer l’une après l’autre, il seroit bien difficile d’en trouver qui n’ayent été marquées dans les cartes ou les catalogues d’Hevelius ou de Flamsteed. Bien plus, si on a devant les yeux un de ces grands globes, semblables à ceux de Blaen, & qu’on le compare avec le ciel ; quelque excellente vûe que l’on ait, on n’en pourra guere découvrir, même parmi les plus petites étoiles, qui n’ait été placée sur la surface de ce globe. Cependant le nombre des étoiles est presque infini. Riccioli (ce qui est peut-être exagéré) avance dans son almageste, que quand quelqu’un diroit qu’il y en a plus de 20000 fois 20000, il ne diroit rien que de probable.

En effet un bon télescope dirigé vers un point quelconque du ciel, en découvre une multitude immense, que l’œil seul ne peut pas appercevoir ; particulierement dans la voie lactée, qui pourroit bien n’être autre chose qu’un assemblage d’étoiles trop éloignées pour être vûes séparément ; mais arrangées si prés les unes des autres, qu’elles donnent une apparence lumineuse à cette partie des cieux qu’elles occupent. Voyez Galaxie & Voix lactée.

Dans la seule constellation des Pleyades, au lieu de six ou sept étoiles qu’apperçoit l’œil le plus perçant, le docteur Hooke avec un télescope de douze piés de long, en a apperçû 78 ; & avec des verres plus grands, une quantité encore plus grande de différentes grandeurs. Le P. Rheita capucin, assûre qu’il a observé plus de deux mille étoiles dans la seule constellation d’Orion ; il est vrai que ce dernier fait n’a point été confirmé. Le même auteur en a trouvé 188 dans les Pleyades ; & Huyghens considérant l’étoile qui est au milieu de l’épée d’Orion, a trouvé qu’au lieu d’une il y en avoit douze. Galilée en a trouvé 80 dans l’épée d’Orion, 21 dans l’étoile nébuleuse de sa tête, & 36 dans l’étoile nébuleuse nommée Præsepe.

En 1603, Jean Bayer astrologue allemand, publia des cartes célestes gravées ou toutes les constellations sont dessinées avec les étoiles visibles, dont chacune est composée. Il désigna ces étoiles par des lettres greques, appellant l’une α, l’autre β, &c. ce qui abrege les dénominations : ainsi on dit l’étoile η de la grande ourse, au lieu de l’étoile de la seconde grandeur, qui est à l’extrémité de la queue de la grande ourse, &c.

Les changemens qu’ont éprouvé les étoiles sont très-considérables ; ce qui renverse l’opinion des anciens, qui soûtenoient que les cieux & les corps célestes étoient incapables d’aucun changement ; que leur matiere étoit permanente & éternelle, infiniment plus dure que le diamant, & n’étoit point susceptible d’une autre forme. En effet jusqu’au tems d’Aristote & même 200 ans après, on n’avoit encore observé aucun changement.

Le premier fut remarqué l’an 125 avant J. C. Hipparque s’apperçut qu’il paroissoit une nouvelle étoile ; ce qui l’engagea à faire son catalogue des étoiles, dont nous avons parlé, afin que la postérité pût appercevoir les changemens de cette espece qui pourroient arriver à l’avenir.

En 1572, Ticho Brahé observa encore une nouvelle étoile dans Cassiopée, qui lui donna pareillement occasion de faire son nouveau catalogue. Sa grandeur d’abord surpassoit celle de Sirius & de la luisante de la Lyre, qui sont les plus grandes de nos étoiles ; elle égaloit même celle de Vénus quand elle est le plus près de la Terre, & on l’apperçut en plein jour : elle parut pendant seize mois ; dans les derniers tems elle commença à décroître, & enfin disparut tout-à-fait sans avoir changé de place pendant tout le tems qu’elle dura.

Leovicius parle d’une autre étoile qui parut dans la même constellation vers l’an 945, & ressembloit à celle de 1572 ; & il cite une autre observation ancienne, par laquelle il paroît qu’on avoit vû une nouvelle étoile dans le même endroit en 1264.

Keill prétend que c’étoit la même étoile, & ne doute point qu’elle ne reparoisse de nouveau dans 150 ans.

Fabricius a découvert une autre nouvelle étoile dans le cou de la Baleine, qui parut & disparut différentes fois dans les années 1648 & 1662. Son cours & son mouvement ont été décrits par Bouillaud.

Simon Marius en a découvert une autre dans la ceinture d’Andromede en 1612 & 1613 : Bouillaud prétend qu’elle avoit déjà paru dans le quinzieme siecle. Kepler en a apperçû une autre dans le Serpentaire, & une autre de la même grandeur dans la constellation du Cygne proche du bec, en l’année 1601, qui disparut en 1626 ; qui fut encore observée par Hevelius en 1659, jusqu’en l’année 1661 ; & qui reparut une troisieme fois en 1666 & en 1671, comme une étoile de la sixieme grandeur.

Il est certain par les anciens catalogues, que plusieurs des anciennes étoiles ne sont plus visibles à présent : cela se remarque particulierement dans les Pleyades ou sept étoiles, dont il n’y en a plus que six que l’œil peut appercevoir : c’est une observation qu’Ovide a faite il y a long-tems, témoin ce vers de cet auteur :

Quæ septem dici, sex tamen esse solent.

Ce qu’il y a de plus remarquable, c’est qu’il y a des étoiles dont la lumiere, après s’être affoiblie successivement & par degrés, s’éteint enfin absolument pour reparoître ensuite ; parmi ces dernieres étoiles, celle du cou de la Baleine est célebre parmi les Astronomes. Il arrive pendant huit ou neuf mois qu’on cesse absolument de voir cette étoile, & les trois ou quatre autres mois de l’année, on la voit augmenter ou diminuer de grandeur. Quelques philosophes ont cru que cela venoit uniquement de ce que la surface de cette étoile est couverte, pour la plus grande partie, de corps opaques ou taches semblables à celles du Soleil ; qu’il n’y reste qu’une partie découverte ou lumineuse ; & que cette étoile achevant successivement les révolutions ou rotations autour de son axe, ne sauroit toûjours présenter directement sa partie lumineuse : ensorte que nous-devons l’appercevoir tantôt plus, tantôt moins grande, & cesser de la voir entierement, lorsque sa partie lumineuse n’est plus tournée vers nous. Ce qui a fait soupçonner que c’étoient des taches qui causoient principalement ces changemens, c’est qu’en diverses années l’étoile ne conserve pas une régularité constante, ou n’est pas précisément de la même grandeur : tantôt elle égale en lumiere les plus belles étoiles de la seconde grandeur, tantôt celles de la troisieme ; en un mot l’augmentation ou la diminution de sa lumiere, ne répond pas à des intervalles égaux. Elle n’est visible quelquefois que pendant trois mois entiers : au lieu qu’on l’a vûe souvent pendant quatre mois & davantage. Cependant cette opinion des Philosophes sur l’apparition & la disparition des étoiles n’est guere vraissemblable, si on considere que nonobstant quelques irrégularités, l’étoile de la Baleine paroît & disparoît assez régulierement dans les mêmes saisons de l’année ; ce qu’on ne doit pas raisonnablement soupçonner dans l’hypothèse des taches qui peuvent se détruire ou renaître sans observer d’ordre, soit pour les tems, soit pour les saisons : il est bien plus simple de supposer, comme a fait M. de Maupertuis dans son livre de la figure des astres, que ces sortes d’étoiles ne sont pas rondes comme le Soleil, mais considérablement applaties, parce qu’elles tournent sans doute très-rapidement autour de leur axe. Cette supposition est d’autant plus légitime, que l’on voit parmi nos planetes celles qui tournent le plus rapidement autour de leur axe, être bien plus applaties que les autres. Jupiter, selon l’observation de M. Picard faite en 1668, & selon les mesures de MM. Cassini & Pound, est considérablement applati ; ce qu’on ne peut pas dire des autres planetes : aussi Jupiter tourne-t-il très-rapidement sur son axe. Pourquoi donc ne seroit-il pas permis de supposer des étoiles fixes plus ou moins applaties, selon qu’elles tournent plus ou moins rapidement ? d’ailleurs comme de grosses planetes peuvent faire leurs révolutions autour de ces étoiles, & changer à notre égard la situation de l’axe de ces corps lumineux, il s’ensuit que selon leur inclinaison plus ou moins grande, ils paroîtront plus ou moins éclatans, jusqu’à ne nous envoyer qu’une très-petite quantité de lumiere. Voy. la figure des astres de M. de Maupertuis, chap. vij. pag. 114. seconde édition.

Montanari dans une lettre qu’il écrivit à la société royale en 1670, observe qu’il y avoit alors de moins dans les cieux deux étoiles de la seconde grandeur dans le navire Argo, qui ont paru jusqu’à l’année 1664 ; il ne sait quand elles commencerent à disparoître, mais il asiure qu’il n’en restoit pas la moindre apparence en 1668 : il ajoûte qu’il a observé beaucoup d’autres changemens dans les étoiles fixes, & il fait monter ces changemens à plus de cent. Nous ne croyons pas cependant que ces prétendues observations de Montanari méritent beaucoup d’attention, puisqu’il est vrai, selon M. Kirch, que les deux belles étoiles que Montanari prétend avoir perdu de vûe, ont été apperçûes continuellement depuis Ptolomée jusqu’à ce jour à un signe au-delà, ou 30 degrés loin de l’endroit du ciel où on les cherchoit. Ces étoiles, dit Montanari, sont marquées β & γ dans Bayer, proche le grand chien. L’erreur des cartes de Bayer vient sans doute de ce que cet auteur s’en est rapporté aux traductions latines du texte de Ptolomée ; au lieu que l’édition greque de Basle nous apprend qu’il falloit chercher ces étoiles dans le vieux catalogue vers le 15 degré du Lion, & non pas au 15 de l’Ecrevisse.

Comme il y a des étoiles qui ne se couchent jamais pour nous (voyez Circonpolaire), il en est d’autres qui ne se levent jamais ; ce sont celles qui sont à une distance du pole austral, moindre que notre latitude. M. Halley en avoit déjà dressé un catalogue (voyez Constellation) ; M. de la Caille dans son voyage récent au cap de Bonne-Espérance, assûre avoir avoir déterminé en peu de tems la position de plus de 9800 étoiles comprises entre le pole austral & le tropique du capricorne ; il a construit un planisphere de 1930 de ces étoiles ; le tems en apprendra l’exactitude.

Nature des étoiles fixes. Leur éloignement immense ne nous permet pas de pousser bien loin nos découvertes sur cet objet : tout ce que nous pouvons en apprendre de certain par les phénomenes, se réduit à ce qui suit.

1°. Les étoiles fixes brillent de leur propre lumiere ; car elles sont beaucoup plus éloignées du Soleil que Saturne, & paroissent plus petites que Saturne : cependant on remarque qu’elles sont bien plus brillantes que Saturne ; d’où il est évident qu’elles ne peuvent pas emprunter leur lumiere de la même source que Saturne, c’est-à-dire du Soleil. Or puisque nous ne connoissons point d’autre corps lumineux dont elles puissent tirer leur lumiere, que le Soleil, il s’ensuit qu’elles brillent de leur propre lumiere.

On conclut de-là 2°. que les étoiles fixes sont autant de soleils : car elles ont tous les caracteres du Soleil ; savoir l’immobilité, la lumiere propre, &c. Voyez Soleil.

3°. Qu’il est très-probable que les étoiles ne sont pas plus petites que notre Soleil.

4°. Qu’il est fort probable que ces étoiles ne doivent point être dans une même surface sphérique du ciel ; car en ce cas elles seroient toutes à la même distance du Soleil, & différemment distantes entr’elles, comme elles nous le paroissent : or pourquoi cette régularité d’une part, & cette irrégularité de l’autre ? D’ailleurs pourquoi notre soleil occuperoit-il le centre de cette sphere des étoiles ?

5°. De plus, il est bien naturel de penser que chaque étoile est le centre d’un système & a des planetes qui font leurs révolutions autour d’elle de la même maniere que notre Soleil ; c’est-à-dire qu’elle a des corps opaques qu’elle éclaire, échauffe, & entretient par sa lumiere : car pourquoi Dieu auroit-il placé tant de corps lumineux à de si grandes distances les uns des autres, sans qu’il y eût autour d’eux quelques corps opaques qui en reçussent de la lumiere & de la chaleur ? Rien ne paroît assûrément plus convenable à la sagesse divine qui ne fait rien inutilement. Au reste nous ne donnons ceci que pour une legere conjecture. Voyez Pluralité des Mondes. Les planetes imaginées autour de certaines étoiles, pourroient servir à expliquer le mouvement particulier qu’on remarque dans quelques-unes d’elles, & qui pourroit être causé par l’action de ces planetes, lorsque la théorie de la précession & de la nutation (voyez ces mots) ne suffit pas pour l’expliquer. C’est ainsi que le Soleil est tant-soit-peu dérangé par l’action des sept planetes, sur-tout de Jupiter & de Saturne. Voyez mes recherches sur le système du monde, II. partie, ch. jv.

Mouvement des étoiles. Les étoiles fixes ont en général deux sortes de mouvemens apparens : l’un qu’on appelle premier, commun, ou mouvement journalier, ou mouvement du premier mobile ; c’est par ce mouvement qu’elles paroissent emportées avec la sphere ou firmament auquel elles sont attachées, autour de la Terre d’orient en occident dans l’espace de vingt-quatre heures. Ce mouvement apparent vient du mouvement réel de la Terre autour de son axe.

L’autre, qu’on appelle le second mouvement, est celui par lequel elles paroissent se mouvoir suivant l’ordre des signes, en tournant autour des poles de l’écliptique avec tant de lenteur, qu’elles ne décrivent pas plus d’un degré de leur cercle dans l’espace de 71 ou 72 ans, ou 51 secondes par an.

Quelques-uns ont imaginé, on ne sait sur quel fondement, que quand elles seront arrivées à la fin de leur cercle au point où elles l’ont commencé, les cieux demeureront en repos, à moins que l’Être qui leur a donné d’abord leur mouvement, ne leur ordonne de faire un autre circuit.

Sur ce pié le monde doit finir après avoir duré environ 30000 ans, suivant Ptolomée ; 25816 suivant Ticho ; 25920 suivant Riccioli, & 24800 suivant Cassini. Voyez Précession des Equinoxes. Mais ce calcul est appuyé sur une chimere.

En comparant les observations des anciens astronomes avec celles des modernes, nous trouvons que les latitudes de la plûpart des étoiles fixes sont toûjours sensiblement les mêmes ; abstraction faite de la nutation presque insensible de l’axe de la Terre (Voy. Nutation) ; mais que leur longitude augmente toûjours de plus en plus, à cause de la précession.

Ainsi, par exemple, la longitude du cœur du Lion fut trouvée par Ptolomée, l’an 138, de 2d 3′ ; en 1115 les Persans observerent qu’elle étoit 17d 30′ ; en 1364 elle fut trouvée par Alphonse de 20d 40′ ; en 1586, par le prince de Hesse, 24d 11′ ; en 1601, par Ticho, 24d 17′ ; & en 1690, par Flamsteed, 25d 31′ 20″ : d’où il est aisé d’inférer le mouvement propre des étoiles, suivant l’ordre des signes, sur des cercles paralleles à l’écliptique.

Ce fut Hipparque qui soupçonna le premier ce mouvement, en comparant les observations de Tymocharis & Aristille, avec les siennes. Ptolomée qui vécut 300 ans après Hipparque, le démontra par des argumens incontestables. Voyez Longitude.

Tycho Brahé prétend que l’accroissement de longitude est d’un degré 25′ par chaque siecle ; Copernic, d’un degré 23′ 40″ 12‴ ; Flamsteed & Riccioli, d’un degré 23′ 20″ ; Bouillaud, d’un degré 24′ 54″ ; Hevelius, d’un degré 24′ 46″ 50‴ : d’où il résulte, suivant Flamsteed, que l’accroissement annuel de longitude des étoiles fixes doit être fixé à 50″.

Cela posé, il est aisé de déterminer l’accroissement de la longitude d’une étoile pour une année quelconque donnée ; & de-là la longitude d’une étoile pour une année quelconque étant donnée, il est aisé de trouver sa longitude pour toute autre année : par exemple la longitude de Sirius, dans les tables de M. Flamsteed pour l’année 1690, étant 9d 49′ 1″, on aura sa longitude pour l’année 1724, en multipliant l’intervalle de tems, c’est-à-dire 34 ans par 50″ ; le produit qui est 1700″, ou 28′ 20″, ajoûté à la longitude donnée, donnera la longitude 10d 17′ 21″.

Au reste la longitude des étoiles est sujette à une petite équation que j’ai donnée dans mes Recherches sur le système du monde, II. part. pag. 189. & je remarquerai à cette occasion qu’au bas de la table suivante, page 190 du même ouvrage, pour la correction de l’obliquité de l’écliptique, les mots ajoûtés & ôtés ont été mis par mégarde l’un à place de l’autre.

Les principaux phénomenes des étoiles fixes qui viennent de leur mouvement commun & de leur mouvement propre apparens, outre leurs longitudes, sont leurs hauteurs, ascensions droites, déclinaisons, occultations, culminations, lever & coucher. Voyez Hauteur, Ascension, Déclinaison, Occultation, &c.

J’observerai seulement ici que la méthode donnée au mot Ascension pour trouver l’ascension droite, n’a proprement lieu que pour le Soleil ; ce qu’on appelle dans cet article le cosinus de la déclinaison de l’astre, est le cosinus de l’obliquité de l’écliptique. Pour trouver l’ascension droite des étoiles en général, on peut se servir des méthodes expliquées & détaillées dans les institutions astronomiques de M. le Monnier, pages 383 & 387. Nous y renvoyons le lecteur.

Le nombre des différentes étoiles qui forment chaque constellation, par exemple le Taureau, le Bouvier, Hercule, &c. se peut voir sous le propre article de chaque constellation ; Taureau, Bouvier, Hercule, &c.

Pour apprendre à connoître les différentes étoiles fixes par le globe, voyez Globe.

Voyez les élémens d’Astronomie de Wolf ; les dictionnaires d’Harris & de Chambers ; les mémoires de l’académie des Sciences ; les institutions astronomiques de M. le Monnier, d’où nous avons tiré une grande partie de cet article. (O)

Etoiles errantes, est le nom qu’on donne quelquefois aux planetes, pour les distinguer des étoiles fixes. Voyez Etoile & Planete. (O)

Etoiles flamboyantes, est le nom que l’on a donné quelquefois aux cometes, à cause de la chevelure lumineuse dont elles sont presque toûjours accompagnées. Voyez Comete. (O)

Etoile tombante, (Physique.) On donne ce nom à un petit globe de feu qu’on voit quelquefois rouler dans l’atmosphere, & qui répand çà & là une lumiere assez vive. « Il tombe aussi quelquefois à terre ; & comme il a quelque ressemblance avec une étoile, on lui donne le nom d’étoile tombante. Il paroît ordinairement au printems & dans l’automne. Lorsque cette étoile vient à tomber, & qu’on rencontre l’endroit où elle est, on remarque que la matiere qui reste encore, est visqueuse comme de la colle, de couleur jaunâtre ; & que tout ce qui en étoit combustible, ou qui pouvoit répandre de la lumiere, se trouve entierement consumé. On peut imiter ces sortes d’étoiles, en mêlant ensemble du camphre & du nitre avec un peu de limon, que l’on arrose avec du vin ou de l’eau-de-vie. Lorsqu’on a formé de ce mêlange une boule, & qu’on la jette dans l’air après y avoir mis le feu, elle répand en brûlant une lumiere semblable à celle de l’étoile tombante ; & quand elle est tombée, il ne reste plus qu’une matiere visqueuse, qui ne differe pas de celle que laisse l’étoile après sa chûte.

» Il flote çà & là dans l’air du camphre qui est fort volatil ; il y a aussi beaucoup de nitre & du limon fort délié ; de sorte que ces parties venant à se rencontrer, s’incorporent & forment une longue trainée, qui n’a plus alors besoin que d’être allumée par l’une ou par l’autre de ses extrémités, à l’aide de l’effervescence qui se fait par le mêlange de quelque autre matiere qu’elle rencontre. Aussitôt que cette traînée est en feu, & que la flamme passe d’un bout à l’autre, la matiere incombustible se rassemble ; elle devient beaucoup plus pesante que l’air, & tombe alors pour la plus grande partie à terre. La nature employe peut-être encore quelque autre matiere pour produire ce phénomene ». Mussch. essais de Physiq. §. 1683. &c. (O)

Etoile de Mer, stella marina, (Hist. nat.) animal qui doit ce nom à sa figure. Planc. XVIII. Les étoiles de mer sont découpées, ou plûtôt comme divisées en cinq parties qu’on peut nommer rayons. La surface supérieure des étoiles de mer, ou celle à laquelle les jambes ne sont pas attachées, est couverte par une peau très-dure : c’est peut-être ce qui a déterminé Aristote à les ranger parmi les testacées ou animaux à coquilles ; mais Pline donne avec plus de raison à cette peau le nom de callum durum, car elle ressemble par sa solidité à une espece de cuir ; elle est hérissée de diverses petites éminences d’une matiere beaucoup plus dure, & qui ressemble fort à celle des os ou des coquilles. Cette peau supérieur : est différemment colorée dans diverses étoiles : dans quelques-unes elle est rouge : dans d’autres violette ; dans d’autres bleue, & jaunâtre dans d’autres ; & enfin elle est souvent de diverses couleurs moyennes entre celles-ci. Les mêmes couleurs ne paroissent pas sur la surface inférieure, qui est presque couverte par les jambes & par diverses pointes qui bordent ses côtés, plus longues que celles de la surface supérieure.

On voit au milieu de l’étoile, lorsqu’on la regarde par-dessous, une petite bouche ou suçoir dont elle se sert pour tirer la substance des coquillages, desquels elle se nourrit, comme Aristote l’a fort bien remarqué. Il auroit eu moins de raison s’il avoit assûré, comme il paroît par la traduction de Gasa, que les étoiles ont une telle chaleur, qu’elles brûlent tout ce qu’elles touchent : Rondelet, qui veut faire parler Aristote plus raisonnablement, dit que cela doit s’entendre des choses qu’elles ont mangées, qu’elles digerent très-vîte. Pline cependant a adopté le sentiment d’Aristote dans le sens que Gaza l’a traduit ; car il dit expressément, tam igneum fervorem esse tradunt, parlant de l’étoile, ut omnia in mari contacta adurat. Après quoi il parle comme d’une chose différente de la facilité qu’elle a à digérer.

On a cru apparemment devoir leur attribuer une chaleur semblable à celle des astres dont elles portent le nom. Quoi qu’il en soit de cette chaleur imaginaire, il est certain qu’elles mangent les coquillages, & qu’elles ont autour de leur suçoir cinq dents, ou plûtôt cinq petites fourchettes d’une espece de matiere osseuse, par le moyen desquelles elles tiennent les coquillages, pendant qu’elles les sucent : peut-être que c’est avec les mêmes pointes qu’elles ouvrent leurs coquilles, lorsqu’elles sont de deux pieces. Chaque rayon de l’étoile est fourni d’un grand nombre de jambes, dont le méchanisme est ce qu’il y a de plus curieux dans cet animal.

Le nombre des jambes est si grand, qu’elles couvrent le rayon presque tout entier du côté où elles lui sont attachées. Elles v sont posées dans quatre rangs différens : chacun desquels est d’environ soixante-seize jambes ; & par conséquent l’étoile entiere est pourvûe de 1520 jambes, nombre assez merveilleux, sans que Bellon le poussât jusqu’à près de cinq mille. Tout ce grand attirail de jambes ne sert cependant qu’à exécuter un mouvement très lent ; aussi sont-elles si molles, qu’elles ne semblent guere mériter le nom de jambes. A proprement parler, ce ne sont que des especes de cornes telles que celles de nos limaçons de jardins, mais dont les étoiles se servent pour marcher ; ce n’est pas simplement par leur peu de consistance qu’elles ressemblent à des cornes de limaçons, elles ne leur sont pas moins semblables par leur couleur & leur figure : elles sont aussi souvent retirées comme les cornes d’un limaçon ; c’est seulement lorsque l’étoile veut marcher, qu’on les voit dans leur longueur, encore l’étoile ne fait-elle paroître alors qu’une partie de ses jambes : mais dans le tems même que l’étoile, ou plûtôt leur ressort naturel les tient elles-mêmes raccourcies, on apperçoit toûjours leur petit bout, qui est un peu plus gros que l’endroit qui est immédiatement au-dessous.

La méchanique que l’étoile employe pour marcher, ou plûtôt pour allonger ses jambes, doit nous paroître d’autant plus curieuse, qu’on l’apperçoit clairement ; chose rare dans ces sortes d’opérations de la nature, dont les causes nous sont ordinairement si cachées, que nous pouvons également les expliquer par des raisonnemens très-opposés ; il n’en est point, dis-je, de même de la méchanique dont l’étoile se sert pour allonger ses jambes. Il est aisé de la remarquer très-distinctement, si-tôt que l’on a mis à découvert les parties intérieures d’un des rayons, en coupant sa peau dure du côté de la surface supérieure de l’étoile, ou de la surface opposée à celle sur laquelle les jambes font situées : l’intérieur de l’étoile paroît alors divise en deux parties par une espece de corps cartilagineux, quoique assez dur.

Le corps semble composé d’un grand nombre de vertebres faites de telle façon, qu’il se trouve une coulisse au milieu du corps, qu’elles forment par leur assemblage. A chaque côté de cette coulisse on voit avec plaisir deux rangs de petites sphéroïdes elliptiques, ou de boules longues, d’une clarté, d’une transparence très-grande, longues de plus d’une ligne, mais moins grosses que longues ; il semble que ce soient autant de petites perles rangées les unes auprès des autres. Entre chaque vertebre est attachée une de ces boules de part & d’autre de la coulisse, mais à deux distances inégales. Ces petites boules sont formées par une membrane mince, mais pourtant assez forte, dont l’intérieur est rempli d’eau ; ensorte qu’il n’y a que la surface de la boule qui soit membraneuse. Il n’est pas difficile de découvrir que ces boules sont faites pour servir à l’allongement des jambes de l’étoile. On développe toute leur ingénieuse méchanique, lorsqu’en pressant avec le doigt quelqu’une de ces boules on les voit se vuider, & qu’en même tems on observe que les jambes qui leur correspondent se gonflent. Enfin lorsqu’on voit qu’après avoir cessé de presser ces mêmes boules, elles se remplissent pendant que les jambes s’affaissent & se raccourcissent à leur tour, qui ne sent que tout ce que l’étoile a à faire pour enfler ses jambes, c’est de presser les boules. Ces boules pressées se déchargent de leur eau dans les jambes, qu’elles gonflent & étendent aussi-tôt : mais dès que l’étoile cesse de presser les boules, le ressort naturel des jambes qui les affaisse, les raccourcit & chasse l’eau dans les boules dont elle étoit sortie. Ces jambes ainsi allongées, les étoiles s’en servent pour marcher sur les pierres & sur le sable, soit qu’elles soient à sec, soit que l’eau de la mer les couvre. Mémoires de l’acad. royale des Sciences, 1710, pag. 634, in-8o. Article de M. Formey, secrétaire de l’acad. roy. des Sciences & Belles-Lettres de Prusse.

Il résulte de ce détail, que l’étoile est un insecte de mer, divisé en plusieurs rayons, ayant au milieu du corps une petite bouche ou suçoir, autour duquel sont cinq dents ou fourchettes dures & comme osseuses. La surface supérieure de l’étoile de mer est revêtue d’un cuir calleux, diversement coloré. La surface inférieure & les rayons sont couverts des jambes, dont le méchanisme est, comme on l’a dit ci-dessus, extrèmement curieux.

L’insecte que Rondelet appelle soleil de mer, & celui que Gasner nomme lune de mer, paroît être le même que la petite étoile de mer à cinq rayons dont on vient de parler ; mais il n’a point de jambes à ses rayons. Les cinq rayons sont eux-mêmes les jambes. L’animal en accroche deux à l’endroit vers lequel il veut s’avancer, & se retire ou se traîne sur ces deux-là, tandis que le rayon qui leur est opposé, se recourbant en un sens contraire & s’appuyant sur le sable, pousse le corps de l’étoile vers le même endroit : alors les deux autres rayons demeurent inutiles ; mais ils ne le seroient plus, si l’animal vouloit tourner à droite ou à gauche. On voit par-là comment il peut aller de tous côtés avec une égale facilité, n’employant jamais que trois jambes ou rayons, & laissant reposer les deux autres.

Il y a plusieurs autres especes d’étoiles de mer grandes & petites, qui restent encore à connoître aux Naturalistes, sur-tout celles de la mer des Indes & du Sud. Les curieux en parent leurs cabinets, & les estiment à proportion de leur grosseur, de leur couleur, du nombre & de la perfection de leurs rayons.

Au reste les amateurs de cette petite branche de la Conchyliologie pourront se procurer l’ouvrage de Linckius sur les étoiles de mer. En voici le titre : Linckii (Joh. Henr.), de stellis marinis liber singularis cum observationib. (Christ. Gab.) Fischer ; accedunt Luydii, de Reaumur, & (Dan.) Kave in hoc argumentum opuscula. Lips. 1733, fol. cum tab. œneis 42. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Etoile, (Hist. mod.) est aussi une marque qui caractérise les ordres de la jarretiere & du bain. Voy. Jarretiere.

L’ordre de l’étoile, ou de Notre-Dame de l’étoile, est un ordre de chevalerie institué ou renouvellé par Jean roi de France, en l’année 1352 ; ainsi nommé à cause d’une étoile qu’il portoit sur l’estomac.

D’abord il n’y eut que trente chevaliers, & de la noblesse la plus distinguée ; mais peu-à-peu cet ordre tomba dans le mépris à cause de la quantité de gens qu’on y admit sans aucune distinction : c’est pourquoi Charles VII. qui en étoit grand-maître, le quitta & le donna au chevalier du guet de Paris & à ses archers. Mais d’autres traitent tout cela d’erreur, & prétendent que cet ordre fut institué par le roi Robert en 1022, en l’honneur de la sainte Vierge, durant les guerres de Philippe-de-Valois ; & que le roi Jean son fils le rétablit.

Le collier de l’ordre de l’étoile étoit d’or à trois chaînes, entrelacées de roses d’or émaillées alternativement de blanc & de rouge, & au bout pendoit une étoile d’or à cinq rayons. Les chevaliers portoient le manteau de damas blanc, & les doublures de damas incarnat ; la gonnelle ou cotte d’armes de même, sur le devant de laquelle, au côté gauche, étoit une étoile brodée en or. Les chevaliers étoient obligés de dire tous les jours une couronne ou cinq dixaines d’Ave Maria & cinq Pater, & quelques prieres pour le roi & pour son état. Ce qui prouve que cet ordre a été institué par Robert, & non par le roi Jean, c’est qu’on trouve une promotion de chevaliers de l’étoile sous le premier, sous Philippe-Auguste, & sous S. Louis. 2°. Il ne paroît pas que Charles VII. ait avili, comme on prétend, l’ordre de l’étoile ; puisque trois ans avant sa mort il le conféra au prince de Navarre Gaston de Foix son gendre. Il est bien plus probable que Louis XI. ayant institué l’ordre de Saint Michel, les grands, comme il arrive ordinairement, aspirerent à en être décorés, & que celui de l’étoile tomba peu-à-peu dans l’oubli.

Justiniani fait mention d’un autre ordre de l’étoile à Messine en Sicile, qu’on nommoit aussi l’ordre du croissant. Il fut institué en l’année 1268 par Charles d’Anjou frere de S. Louis, roi des deux Siciles.

D’autres soûtiennent qu’il fut institué en 1464 par René duc d’Anjou, qui prit le titre de roi de Sicile ; du moins il paroît par les armes de ce prince, qu’il fit quelque changement dans le collier de cet ordre : car au lieu de fleurs de lumiere ou étoiles, il ne portoit que deux chaînes, d’où pendoit un croissant avec le vieil mot françois Loz, qui en langage de rébus signifioit Los en croissant, c’est-à-dire honneur en croissant ou s’augmentant.

Cet ordre étant tombé dans l’obscurité, fut relevé de nouveau par le peuple de Messine sous le nom de noble académie des chevaliers de l’étoile, dont ils reduisirent l’ancien collier à une simple étoile placée sur une croix fourchue, & le nombre des chevaliers à soixante-deux.

M R
*
A V


Ils prirent pour devise, monstrant regibus astra viam, qu’ils exprimerent par les quatre lettres initiales, avec une étoile au milieu. Voyez Croissant. Voyez le dictionnaire de Trévoux & Chambers. (G)

Etoile, en Blason, signifie la représentation d’une étoile, dont on charge souvent les pieces honorables d’un écusson. Elle differe de la mollette ou roue d’un éperon, en ce qu’elle n’est point percée comme la mollette. Voyez Mollette.

Elle est ordinairement composée de cinq rayons ou pointes : quand il y en a six ou huit, comme parmi les Italiens & les Allemands, il en faut faire mention en expliquant le blason d’une armoirie.

Sur les médailles, les étoiles sont une marque de consécration & de déification : on les regarde comme des symboles d’éternité. Le P. Jobert dit qu’elles signifient quelquefois les enfans des princes régnans, & quelquefois les enfans morts & mis au rang des dieux. Voyez Apothéose. Ménétr. & Trév.

Etoile, c’est, dans la Fortification, un petit fort qui a quatre, cinq, ou six angles saillans & autant de rentrans, & dont les côtés se flanquent obliquement les uns & les autres. Voyez Fort de campagne de campagne & Fort à étoile. (Q)

Etoile ou Pelote, (Manége & Maréch.) termes synonymes dont nous nous servons pour désigner un espace plus ou moins grand de poils blancs contournés en forme d’épi, & placés au milieu du front un peu au-dessus des yeux. On conçoit que ces poils blancs ne peuvent se distinguer que sur des chevaux de tout autre poil. Nous nommons des chevaux dont le front est garni de cette pelote, des chevaux marqués en tête, & cette pelote entre toûjours dans le détail de leur signalement. Les chevaux blancs ne peuvent être dits tels.

Souvent cette marque est artificielle & faite de la main du maquignon, soit qu’il se trouve dans la nécessité d’appareiller un cheval qui est marqué en tête avec un cheval qui ne l’est pas, soit aussi pour tromper les ignorans qui regardent un cheval qui n’a point d’étoile, comme un cheval défectueux. Voy. Zain.

Pour cet effet ils cherchent à faire une plaie au milieu du front de l’animal. Les uns y appliquent une écrevisse rôtie & brûlante : les autres percent le cuir avec une haleine, & pratiquent ainsi six trous dans lesquels ils insinuent longitudinalement & transversalement des petites verges de plomb, dont les extrémités restent en-dehors, & débordent de maniere que ces verges sont placées en figure d’étoile. Ils passent ensuite une corde de laine, ou un lien quelconque sous ces six pointes ; ils la recroisent ensuite dessus, & sont autant de tours qu’il en faut pour que toute la place de la pelote soit couverte : après quoi ils arrêtent ce lien par un nœud, & rabattent les extrémités des verges sur la peau. Quelques jours après ils les retirent, & il en résulte une plaie qui occasionne la chûte du poil, lequel en renaissant reparoît blanc. Voyez Poil. (e)

Etoile, (Artificier.) on appelle ainsi un petit artifice lumineux d’un feu clair & brillant, comparable à la lumiere des étoiles. Lorsqu’il est adhérent à un saucisson, on l’appelle étoile à pet.

La maniere de faire cette espece d’artifice, peut être beaucoup variée, tant dans sa composition, que dans sa forme, & produire cependant toûjours à-peu près le même effet. Les uns les font en forme de petite, boules massives : les autres en boules de pâte, percées & enfilées comme des grains de chapelet : les autres en petits paquets de poudre seche, simplement enveloppée de papier ou d’étoupe : d’autres enfin en roüelles plates, de compositions aussi seches, mais bien pressées & enfilées avec des étoupilles.

Dose de composition pour les étoiles. Prenez quatre onces de poudre, deux onces de salpetre, autant de soufre ; deux tiers de limaille de fer, de camphre, d’ambre blanc, d’antimoine, & de sublimé, de chacun demi-once : on peut supprimer ces trois derniers ingrédiens si l’on veut. Après avoir réduit toutes ces matieres en poudre, on les trempe dans de l’eau-de-vie, dans laquelle on a fait dissoudre un peu de gomme adragant sur les cendres chaudes ; lorsqu’on voit que la gomme se fond, on y jette les poudres dont on vient de parler, pour en faire une pâte, qu’on coupe ensuite par petits morceaux, & qu’on perce au milieu avant qu’elle soit seche, pour les enfiler avec des étoupilles.

Des étoiles à pet. Lorsqu’on veut que la lumiere des étoiles finisse par le bruit d’un coup, on prend un cartouche de cette espece de serpenteaux qu’on appelle lardons, très-peu étranglé ; on le charge de la maniere des étoiles dont on a parlé, à la hauteur d’un pouce ; ensuite on l’étrangle fortement, de sorte qu’il n’y reste d’ouverture que celle qui est nécessaire pour la communication du feu ; on remplit le reste du cartouche de poudre grenée, laissant seulement au-dessus autant de vuide qu’il en faut pour le couvrir d’un tampon de papier, & l’étrangler totalement par-dessus. On met cet artifice dans le pot de la fusée, d’où étant chassé par la force de la poudre, il paroît en étoile & finit par un pet.

Des étoiles à serpenteaux. On étrangle un cartouche de gros serpenteaux de neuf à dix lignes de diametre, à la distance d’un pouce de ses bouts ; & l’ayant introduit dans son moule pour le charger, on a un culot dont la têtine est assez longue pour remplir exactement le vuide qu’on a laissé, afin que la partie qui doit contenir la matiere du serpenteau, soit bien appuyée sur cette têtine pour y être chargée avec une baguette de cuivre, comme les serpenteaux ordinaires & de la même matiere de leur composition.

Le serpenteau étant chargé & étranglé par son bout, on renverse le cartouche pour remplir la partie intérieure, dans laquelle entroit la têtine de la matiere seche ou humide des étoiles sans l’étrangler. Mais auparavant il faut ouvrir avec un poinçon un trou de communication au serpenteau dans le fond de cette partie, qu’on amorce de poudre avant que de mettre dessus la matiere à étoile.

Cette partie étant remplie & foulée comme il convient, on la laisse ainsi pleine sans l’étrangler, l’arrêtant seulement par un peu de pâte de poudre écrasée dans l’eau, pour l’amorcer & placer cet artifice dans un pot de fusée volante sur cette amorce. Traité des feux d’Artifice.

Etoile, (Horlogerie.) piece de la quadrature d’une montre, ou d’une pendule à répétition. On lui a donné ce nom à cause de sa figure, qui ressemble à celle que l’on donne ordinairement aux étoiles. Elle a douze dents. Voyez son usage à l’article Répétition, & la fig. 57, Pl. II. de l’Horlogeries & suiv. marque B, & dans la 57 par 1, 2, 3-12. (T)

Etoile, (Jard.) on appelle ainsi plusieurs allées d’un jardin, ou d’un parc, qui viennent aboutir à un même centre, d’où l’on jouit de différens points de vûe. Il y a des étoiles simples & des doubles. Les simples sont fermées de huit allées ; les doubles de douze ou de seize.

Etoile est encore un petit oignon de fleur, dont la tige est fort basse, & la fleur tantôt blanche, & tantôt jaune : c’est une espece d’ornithogalum. (K)

Etoile, nom d’un outil dont se servent les Relieurs-Doreurs. On pousse les étoiles après le bouquet & les coins ; on en met plusieurs entre les coins & le bouquet, pour y servir d’ornement. On dit pousser les coins & les étoiles. Voyez Fers à dorer.

Etoile, (Manuf. en soie.) c’est une des pieces du moulin à mouliner les soies. Voyez l’article Soie.

Etoile, terme d’Imprimeur. C’est la même chose qu’astérique. Voyez Astérique.

Etoile, (Géog. mod.) petite ville du Dauphiné.