L’Encyclopédie/1re édition/NÉBULEUX

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NÉBULEUX, adj. il se dit du ciel lorsqu’il est obscurci par des nuages.

Nébuleux, s. m. (Astronom.) terme qu’on applique dans l’Astronomie à quelques étoiles fixes, d’une lumiere pâle & obscure ; elles sont plus petites que celles de la sixieme grandeur, & par conséquent difficiles à distinguer à la vûe simple ; tout-au-plus on les voit comme de petits nuages, ou de petites taches obscures.

Avec un médiocre télescope ces nébuleuses se voient facilement ; elles paroissent d’une matiere à peu-près semblable à la voie lactée ou galaxie. Voyez Étoile & Galaxie.

Dans la nébuleuse appellée præsepe, qui est à la poitrine du cancer, on a compté jusqu’à trente-six petites étoiles, dont il y en a trois que M. Flamsted a mis dans son catalogue. Voyez Cancer.

Dans la nébuleuse d’orion on en a compté vingt-une. Le pere le Comte ajoute, que dans la constellation des pleïades il y en a quarante ; douze dans l’étoile du milieu de l’épée d’orion ; cinq cens dans l’étendue de deux degres de la même constellation, & deux milles cinq cens dans la constellation entiere. Chambers.

En se servant de lunettes plus fortes que les lunettes ordinaires, on a découvert que du-moins plusieurs de ces apparences, non-seulement n’étoient point causées par ces amas d’étoiles qu’on avoit imaginés, mais même n’en renfermoient aucune, & ne paroissoient être que de grandes aires ovales, lumineuses, ou d’une lumiere plus claire que celle du ciel. Hevelius a donné une table des nébuleuses, ou taches répandues dans le ciel. M. de Maupertuis, dans son discours sur les différentes figures des astres, a proposé une nouvelle conjecture sur ce sujet. Selon lui, il peut y avoir dans les cieux des masses de matiere, soit lumineuses, soit réfléchissant la lumiere, dont les formes sont des sphéroïdes de toute espece, les uns approchant de la sphéricité, les autres fort applatis. De tels astres, dit-il, doivent causer des apparences semblables à celles dont il s’agit. Il ne décide point si la matiere dont ces corps sont formés est aussi lumineuse que celle des étoiles, & si elle ne brille moins que parce qu’elle est plus éloignée. On ne peut pas non plus s’assurer si les astres, qui forment ces taches, sont plus ou moins éloignés que les étoiles fixes. L’immensité des cieux offre, & offrira encore dans la suite des siecles, matiere à des observations perpétuelles, & à des conjectures sans fin. Mais il y aura toujours une infinité de choses qu’on ne pourra pousser au-delà de la conjecture. L’éloignement prodigieux de tout ce qui est au-delà des planetes, ne sera probablement jamais surmonté par aucun instrument, & toute l’industrie des hommes ne viendra pas à bout de rapprocher les étoiles fixes, & les objets qui sont à-peu-près dans la même région, au point de déterminer quelque chose de précis sur leur grandeur, leur figure, & leur éloignement. Au fond, à n’envisager les découvertes que du côté de l’utilité, le malheur n’est pas grand. Ce qui est le plus à notre portée en tout genre, est en même tems, par une sage disposition, ce qui est le plus intéressant, & nos lumieres sont reglées sur nos besoins. On ne sauroit pourtant trop estimer ces hommes, qui s’élevant au-dessus de notre sphere, semblent vouloir embrasser tout l’univers. Article de M. Formey.