L’Encyclopédie/1re édition/RELEVER

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RELEVER, v. act. (Gram.) c’est lever une seconde fois. On dit relever des murailles abattues, relever un arrêt, relever les carreaux d’un appartement, relever un monument, se relever pour sortir de son lit, se relever de terre, se relever d’une maladie, relever de couche, se relever d’une chûte, relever sa robe, relever sa tête, relever une sentinelle, relever des cartes, relever un cheval, un vaisseau, un défaut, une bille, relever du roi, relever d’un acte, d’une sentence, d’un jugement, relever en bosse, se relever d’une faute, relever une injure, relever les grandes actions d’un homme, &c. où l’on voit que ce verbe a rapport tant au simple qu’au figuré, au mouvement du bas en haut.

Relever, (Jurisprud.) se dit de plusieurs choses.

Relever un fief, c’est faire la foi & hommage au seigneur pour la mutation & ouverture qui est arrivée au fief. On entend aussi quelquefois par-là le payement que l’on fait du droit de relief.

On dit aussi d’un fief qu’il releve de tel autre fief qui est à son égard le fief dominant. Voyez Fief, Mouvance, Ouverture, Mutation, Vassal, & Hommage, Relief.

Relever son appel, c’est obtenir des lettres de chancellerie, ou un arrêt, pour être autorisé à faire intimer quelqu’un sur l’appel que l’on interjette de la sentence rendue avec lui ; l’origine des reliefs d’appel vient de ce qu’anciennement il falloit appeller illico, sur le champ ; suivant l’ancien style du parlement, ch. xx. § 2, il falloit appeller avant que le juge sortît de l’auditoire ; en pays de droit écrit, il suffisoit de dire j’appelle, sans en donner d’acte par écrit ; mais dans les dix jours suivans il falloit faire signifier son acte d’appel contenant les motifs. Ordonnance de la troisieme race, tom. II. p. 212.

Faute d’avoir appellé illico, l’on n’étoit plus recevable à le faire ; & ce fut pour être relevé de l’illico, c’est-à-dire, de ce que l’appel n’avoit pas été interjetté sur le champ, que l’on inventa la forme des reliefs d’appel.

Au parlement l’appel doit être relevé dans trois mois, a la cour des aydes, dans 40 jours, & dans pareil tems, aux bailliages & sénéchaussées ; pour les sieges inférieurs qui y ressortissent, faute par l’appellant d’avoir fait relever son appel dans le tems, l’intimé peut faire déclarer l’appel désert. Voyez Appel, Anticipation, Désertion d’appel, Intimation, Relief d’appel.

Relever se dit aussi en parlant d’une jurisdiction qui ressortit par appel à une autre jurisdiction supérieure ; par exemple, les appellations des duchés-pairies se relevent au parlement.

Se faire relever d’un acte, c’est obtenir des lettres du prince pour être restitué contre cet acte, & les faire enthériner. Voyez Lésion, Minorité, Rescision, Lettres de rescision, Restitution en entier. (A)

Relever, dans le sens militatre, c’est prendre la place, ou occuper le poste d’un autre corps. De-là est venu cette maniere de parler, relever une garde : relever la tranchée, pour dire faire monter la garde ou la tranchée par des hommes frais, & relever ceux qui l’ont montée auparavant. Voyez Gardes, Tranchée. On dit aussi relever une sentinelle. Voyez Sentinelle. Chambers.

Relever, (Marine.) c’est remettre un vaisseau à flots, lorsqu’il a échoué, ou qu’il a touché le fond. C’est aussi le redresser, lorsqu’il est à la bande.

Relever l’ancre, (Marine.) c’est changer l’ancre de place, ou la mettre dans une autre situation.

Relever le quart, (Marine.) c’est changer le quart. Voyez Quart.

Relever les branles, (Marine.) c’est attacher les branles vers le milieu près du pont, afin qu’ils ne nuisent, ni n’empêchent de passer entre les ponts.

Relever une broderie, terme de Brodeur ; c’est l’emboutir, c’est-à-dire la remplir par-dessous de laine ou d’autre matiere, pour la faire paroître davantage au-dessus de l’étoffe qui lui sert de fond.

Relever, en terme de Chauderonnier ; c’est augmenter la hauteur ou la grandeur d’un vase, en étendant la matiere à coups de marteaux. Voyez Planer & Retraindre.

Relever, se dit parmi les Cuisiniers, de l’action par laquelle avec des fines herbes, des épices, du sel, & d’autres choses semblables, ils donnent à un mets une pointe agréable au goût, & propre à réveiller l’appétit.

Relever un cheval, en terme de Manege ; c’est l’obliger à porter en beau lieu & lui faire bien placer sa tête, lorsqu’il porte bas ou qu’il s’arme, pour avoir l’encolure trop molle. Voyez S’armer.

Il y a de certains mors propres à relever un cheval, comme ceux qui sont faits en branche à genou. On se servoit autrefois pour le même effet d’une branche flasque ; mais elle n’est plus d’usage, parce qu’elle releve infiniment moins que l’autre. Un coude de la branche serré contribue aussi à relever un cheval, & à le faire porter en beau lieu. On peut aussi se servir pour le même effet, d’une branche françoise ou à la gigotte.

Les Eperonniers se servent mal-à-propos du mot soutenir, dans le sens de relever, & disent : cette branche soutient, pour dire qu’elle releve ; mais soutenir a une autre signification dans le manege.

On appelle aussi airs relevés, les mouvemens d’un cheval qui s’éleve plus haut que le terre à terre, quand il manie à courbettes, à balotades, à croupades & à capriole ; on dit aussi un pas relevé, des passades relevées. Voyez Pas, Passade.

Relever sur la traite, est un terme de Mégissier, Tanneur, Chamoiseur & Maroquinier, qui veut dire, ôter les peaux ou cuirs de dedans la chaux, pour les mettre égoutter sur le bord du plain, qu’on nomme en terme du métier la traite. Voyez Plain.

Relever, en terme d’Orfévre en grosserie ; c’est faire sortir certaines parties d’une piece, comme le fond d’une burette, &c. en les mettant sur le bout d’une réssingue pendant qu’on frappe sur l’autre à coups de marteau.

Releve-moustache, en terme de Vergetier ; ce sont de petites brosses, dont on se servoit autrefois fort communément pour relever les moustaches. Comme les moustaches ne sont plus de mode ; on ne connoit plus guere que le nom de ces sortes de brosses.