Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Les cas/Paragraphe 125

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 365-377).
CHAPITRE II : LES CAS.

Nous groupons sous ce titre ce qui regarde l’accusatif, le génitif et (par opposition à ces deux cas) l’apposition, pour mieux faire ressortir, par contraste, l’usage de ces trois constructions. Nous employons les mots usuels accusatif, génitif, nominatif, à l’analogie du latin, bien que les désinences casuelles aient presque entièrement disparu de l’hébreu (cf. § 93 b sqq.).

§ 125. L’accusatif direct.

a L’accusatif est le cas proprement verbal ; en effet, il est subordonné au verbe, soit directement (accusatif de l’objet), soit indirectement (accusatif de détermination relative au verbe, accusatif ad-verbial, § 126). On trouve parfois, il est vrai, l’accusatif subordonné à un nom (§ 127) ; mais c’est un emploi secondaire, à l’analogie de l’accusatif subordonné indirectement au verbe.

L’accusatif direct indique l’objet du verbe. L’objet peut être effectué, produit par l’action verbale, p. ex. חֲלֹמוֹת יַֽחֲלֹמוּן Joël 3, 1 somnia somniabunt (ils feront des songes) ; ou simplement affecté, atteint (directement) par l’action verbale, p. ex. וַיְסַפֵּר אֹתוֹ Gn 37, 9 et il raconta (le songe). Nous distinguerons donc l’objet direct en objet affecté et objet effectué[1] (§ p).

b I. Accusatif de l’objet affecté. Dans certains verbes l’action verbale passe directement à l’objet (verbes transitifs), dans d’autres verbes elle passe à l’objet par une préposition (verbes intransitifs ou, plus exactement, transitifs par préposition). Mais le même verbe peut être transitif et intransitif. Ainsi נָגַע toucher est généralement intransitif (transitif par préposition) : il se construit ordinairement avec le בּ (du contact), parfois avec אֶל (effleurer, atteindre), assez rarement avec עַד (atteindre), très rarement avec עַל, enfin très rarement avec l’accusatif (nom : Is 52, 11 ; suffixe : Gn 26, 29 ; Ruth 2, 9). Diverses circonstances peuvent influer sur la transitivité et l’intransitivité.

La transitivité est favorisée par le fait que l’objet est un pronom : ainsi pour le verbe cité נָגַע : Gn 26, 29 נְגַֽעֲנ֫וּךָ ; Ruth 2, 9 לְבִלְתִּי נָגְעֵךְ. Pour l’emporter sur on a ordinairement יָכֹל ל, mais une fois יְכָלְתִּיו Ps 13, 5. Le verbe דָּבַק adhérer à est généralement intransitif (surtout בּ du contact ; aussi עִם, אֶל, ל), mais on a תִּדְבָּקַ֫נִי Gn 19, 19 (§ 63 a). Le verbe נָשַׁק baiser se construit généralement avec ל ; cependant avec le pronom on a parfois l’acc. : Gn 33, 4 ; 1 S 10, 1 ; Ct 1, 2 ; 8, 1. Dans 1 R 21, 10, 13 הֵעִיד avec suff. a le sens de témoigner contre (בּ) ; Job 29, 11 témoigner en faveur de (ל). Avec בּוֹא on n’a l’acc. qu’avec le pronom : Is 28, 15 ; Éz 32, 11 ; Ps 36, 12 ; 44, 18 ; 119, 41 ; Pr 10, 24 ; 28, 22 ; Job 15, 21 ; 20, 22 (textes poétiques)[2]. C’est au dictionnaire d’indiquer pour chaque verbe comment il se construit. On remarquera p. ex. que צִוָּה ordonner à est généralement transitif, p. ex. Gn 26, 11 וַיְצַו אֶת־כָּל־הָעָם (parfois avec ל, אֶל, עַד) ; עָנָה répondre à est toujours transitif, p. ex. Gn 23, 10 וַיַּ֫עַן אֶת־אַבְרָהָם (de même הֵשִׁיב דָּבָר répondre à, p. ex. 2 S 3, 11 לְהָשִׁיב אֶת־אַבְנֵר דָּבָר).

Dans Job 19, 7 (cf. Hab 1, 2) אֶצְעַק חָמָס je crie (à) l’injustice, חמס était sans doute originairement exclamation : Je crie « Injustice ! » (cf. 2 R 11, 14 קֶ֫שֶׁר « Conjuration ! »), puis חמס a été senti comme objet direct de אצעק.

c Les formes réfléchies peuvent être transitives, p. ex. נִבָּא prophétiser est généralement transitif quand l’objet est vague : ainsi, avec שֶׁ֫קֶר (p. ex. Jér 23, 25 etc. ; 1 fois לַשֶׁ֫קֶר 27, 15 pour une chose particulière), avec דְּבָרִים Jér 20, 1 etc. ; de même *הִתְנַבֵּא prophétiser : avec objet vague שֶׁ֫קֶר Jér 14, 14 ; טוֹב, רַע 1 R 22, 8, 18 ; mais avec un objet précis on a avec נִבָּא : לְמִלְחָמָה Jér 28, 8 ; לְשָׁלוֹם 28, 9 ; autres exemples : *הִתְפָּרֵק Ex 32, 3 ; *הִתְנַצֵּל 33, 6 ; *הִצְטַיֵּד Jos 9, 12 ; נָסַב Jug 19, 22 ; נִמְלָא (cf. § d)[3].

d Certaines catégories sémantiques de verbes demandent l’accusatif :

  1. 1) Les verba copiae et inopiae, p. ex. מָלֵא être plein[4], נִמְלָא se remplir, être rempli : Is 1, 15 יְדֵיכֶם דָּמִים מָלֵ֑אוּ vos mains sont pleines de sang ; Ex 1, 7 וַתִּמָּלֵא הָאָ֫רֶץ אֹתָם et la terre fut remplie d’eux ; 1 R 7, 14 וַיִּמָּלֵא אֶת־הַֽחָכְמָה et il était rempli de la sagesse ; שָׂבַע (שָׂבֵ֑עוּ) être rassasié : Ex 16, 12 תִּשְׂבְּעוּ־לָ֑חֶם vous serez rassasiés de pain ; שָׁרַץ grouiller de : Ex 7, 28 ; שָׁכַר s’enivrer : Is 29, 9 ; 49, 26 ; רָוָה s’abreuver : Pr 7, 18 ; — verba inopiae : חָסֵר manquer de : Gn 18, 28 etc. ; שָׁכֹל être privé d’enfants : Gn 27, 45.
  2. À l’analogie de l’accusatif des verba copiae s’explique probablement[5] l’accusatif avec certains verbes impliquant mouvement : פָּרַץ déborder de : Pr 3, 10 ; נָטַף dégoutter de : Jug 5, 4 ; נָזַל ruisseler de : Jér 9, 17 ; יָרַד ruisseler de : Jér 9, 17 ; הָלַךְ ruisseler de : Joël 4, 18.
  3. 2) Les verba induendi et exuendi : לָבַשׁ (בֵ֑) ê. vêtu de, se vêtir de : 1 R 22, 30 לְבַשׁ בְּגָדֶ֫יךָ revêts-toi de tes vêtements ; Is 61, 10 ; עָדָה s’orner de : Is 61, 10 ; Job 40, 10 ; עָטָה ê. couvert de, se couvrir de : 1 S 28, 14 ; Is 59, 17 ; עָטַף se couvrir de : Ps 65, 14 ; — פָּשַׁט se dépouiller de : Ct 5, 3.

e Particule אֵת de l’accusatif. L’objet direct, soit pronominal, soit nominal, du verbe est souvent précédé de la particule אֵת (§ 103 k). La particule אֵת est surtout exposant de l’accusatif d’objet ; mais on la trouve aussi, bien que très rarement, pour d’autres accusatifs : acc. de mouvement (§ n), de temps (§ 126 i), de limitation (§ 126 g). Le אֵת a sans doute été employé d’abord avec le pronom, comme dans les autres langues sémitiques, puis son emploi a été étendu au nom déterminé[6].

Avec le pronom, אֵת s’emploie nécessairement 1) quand l’objet précède le verbe : Nb 22, 33 אֹֽתְךָ הָרַ֫גְתִּי וְאוֹתָהּ הֶֽחֱיֵ֫יתִי je t’aurais tué, et elle, je l’aurais laissée en vie ; 2) quand il y a double objet pronominal[7] : 2 S 15, 25 וְהִרְאַ֫נִי אֹתוֹ il me le fera voir ; 3) avec l’inf. absolu (cf. § 123 t) ; 4) avec l’infinitif construit en ◌ָה : Dt 10, 12 לְאַֽהֲבָה אֹתוֹ l’aimer ; 5) généralement aussi avec l’inf. cst. pour éviter une équivoque : Gn 4, 15 לְבִלְתִּי הַכּוֹת אֹתוֹ כָּל־מֹֽצְאוֹ (§ 124 g) ; 6) généralement quand l’objet pronominal est suivi d’un objet nominal : 1 S 5, 11 יָמִית אֹתִי וְאֶת־עַמִּי (une douzaine d’exceptions, p. ex. 5, 10 לַֽהֲמִיתֵ֫נִי וְאֶת־עַמִּי ; Dt 11, 6 [opp. Nb 16, 32] ; Dt 15, 16 ; cf. Driver in 1 S 5, 10).

f Avec le nom déterminé, אֵת est très fréquent, mais rarement nécessaire. On doit l’employer après un objet pronominal : Dt 11, 6 וַתִּבְלָעֵם וְאֶת־בָּֽתֵּיהֶם וְאֶת־אָֽהֳלֵיהֶם et elle les engloutit ainsi que leurs maisons et leurs tentes (cf. Ehrlich in h. l.) ; Nb 16, 32. Placé avant le verbe, le nom déterminé[8] ne demande pas spécialement אֵת ; ainsi on a sans אֵת : Gn 8, 17 ; 30, 40 ; 1 S 2, 9 ; 2 R 22, 8 ; avec אֵת : Gn 3, 10 ; 9, 13 ; Ex 18, 23 ; 2 R 23, 19.

Au contraire le nom indéterminé ne prend pas אֵת (cf. § h) : p. ex. Jug 3, 15 וַיָּ֫קֶם לָהֶם מוֹשִׁיעַ אֶת־אֵהוּד et il leur suscita un sauveur, Ehud.

g Le pronom démonstratif est considéré comme déterminé : אֶת־זֶה Gn 44, 29 ; Lév 11, 4, 9, 21 ; אֶת־זֹאת 2 S 13, 17 ; אֶת־אֵ֫לֶּה Gn 46, 18, 25. Le pronom interrogatif pour les personnes מִי est censé déterminé, d’où אֶת־מִי Is 6, 8 (mais jamais *אֶת־מָה). Le relatif אֲשֶׁר peut être déterminé quant au sens, d’où אֶת־אֲשֶׁר au sens de celui qui 1 S 16, 3, ce qui Gn 9, 24, le fait que (comme quoi) Jos 2, 10.

h Un nom grammaticalement indéterminé, mais ayant une certaine détermination logique, peut avoir אֵת. Ainsi le nom כֹּל totalité, tout, impliquant une certaine détermination (§ 139 e), est traité comme un nom déterminé : Gn 1, 21 b : אֵת כָּל־עוֹף כָּנָף tout volatile ; 1, 30 ; 8, 21. Il y a également une certaine détermination dans des cas comme : Ex 40, 2 אֶת־מִשְׁכַּן אֹ֫הֶל מוֹעֵד la demeure de la Tente d’audience (אהל מוֹעד équivaut à un nom propre ; n’a jamais l’article, § 137 h) ; Lév 7, 8 l’holocauste d’un homme ; 2 S 4, 11 un homme juste (déterminé par le contexte) ; Pr 23, 6 la nourriture de l’envieux.

Avec אֶחָד déterminé par une préposition et son nom (ou pronom) : 1 S 9, 3 אֶת־אַחַד מֵֽהַנְּעָרִים un des serviteurs ; Nb 16, 15 אֶת־אַחַד מֵהֶם. Avec des nombres : Ex 28, 9 deux pierres de shoham (mais Samar. הַשֹּׁ֫הַם) ; Gn 21, 30 sept brebis ; Nb 26, 10 250 hommes ; 1 R 6, 16 vingt coudées (avec quelque détermination).

Parfois אֵת est employé avec un nom indéterminé par raison de clarté, pour indiquer clairement l’objet : Lév 26, 5 ; Nb 21, 9 ; Ex 21, 28 (opp. 29) ; Is 10, 2 ; 41, 7 ; 50, 4 ; 64, 4.

i On remarque une grande liberté dans l’emploi de אֵת : comp. 1 S 10, 1 וַיִּקַּח שְׁמוּאֵל אֶת־פַּךְ הַשֶּׁ֫מֶן et 2 R 9, 1 קַח פַּךְ הַשֶּׁ֫מֶן הַזֶּה ; Ruth 3, 16 אֵת כָּל־אֲשֶׁר (après le verbe) et 3, 5, 11 כֹּל אֲשֶׁר (avant le verbe).

j Remarque. Autres emplois de אֵת. On rencontre un certain nombre de cas où אֵת précède un nom qui ne peut pas être considéré, même virtuellement, comme objet. Ces cas sont difficiles à expliquer ; dans quelques-uns il y a peut-être accusatif de limitation ou de spécification ; dans d’autres le אֵת semble uniquement destiné à mettre le nom en relief, à l’analogie du אֵת mettant l’objet en relief. En éliminant les exemples critiquement douteux et ceux qui peuvent s’expliquer à la rigueur comme accusatifs d’objet, il reste un certain nombre de cas qu’on peut grouper ainsi :[9]

  1. 1) Devant un nom en apposition à un nom avec préposition : Ex 1, 14 בְּכָל־עֲבֹדָה בַּשָּׂדֶה אֵת כָּל־עֲבֹדָתָם par tous travaux dans les champs, tous leurs travaux… ; Éz 14, 22 à propos du malheur que j’ai amené sur Jérusalem, tout ce que j’ai amené sur elle.
  2. 2) Dans une énumération : Nb 3, 26 devant les deux derniers termes plus longs, d’une énumération au nominatif ; Jos 17, 11 au début du groupe des quatre יֽשְׁבֵי dans une énumération au nominatif ; Néh 9, 34 devant le premier terme d’une énumération au nominatif.
  3. 3) Devant un sujet ordinaire : Jug 20, 44 (46) Tous ceux-là étaient des vaillants ; Éz 17, 21 ; 35, 10 ; Néh 9, 19.
  4. 4) Devant un nom en casus pendens (cf. § 156 c) : 1 R 15, 13 וְגַם אֶת־מַעֲכָה אִמּוֹ וַיְסִרֶ֫הָ מִגְּבִירָה et même, sa mère Maʿka, il lui enleva la dignité de reine-mère (ici peut-être attraction de l’accusatif suivant) ; Éz 20, 16 וְאֶת־חֻקּוֹתַי לֹא הָֽלְכוּ בָהֶם et mes décrets, ils ne les ont pas suivis.
  5. 5) אֵת avec un sens fort équivalant à un pronom : Éz 43, 7 אֶת־מְקוֹם כִּסְאִי c’est ici le lieu de mon trône ; Agg 2, 5 אֶת־הַדָּבָר c’est la parole[10] ; Zach 7, 7 הֲלֹא אֶת־הַדְּבָרִים Ne sont-ce pas là les paroles… ?
  6. 6) Il y a p.-ê. accusatif de limitation (§ 126 g) dans 2 S 11, 25 אַל־יֵרַע בְּעֵינֶ֫יךָ אֶת־הַדָּבָר הַזֶּה en considérant יֵרַע comme impersonnel (§ 152 d) ne tibi videatur malum, quoad rem hanc ; Néh 9, 32 אַל יִמְעַט לְפָנֶ֫יךָ אֵת כָּל־הַתְּלָאָה ne tibi videatur parvum quoad omnem laborem ; et analogiquement Jos 22, 17 הַמְעַט־לָ֫נוּ אֶת־עֲוֺן פְּעוֹר est-ce peu pour nous le crime de Peʿor ?[11]

Sur אֵת avec un passif impersonnel, cf. § 128 b.

k ל exposant de l’accusatif d’object direct. Dans la langue postérieure principalement, on trouve assez souvent ל employé comme exposant de l’accusatif du nom objet direct déterminé[12] : Ps 69, 6 יָדַ֫עְתָּ לְאִוַּלְתִּי tu connais ma folie ; Job 5, 2 כִּי לֶֽאֱוִיל יַֽהֲרָג־כָּ֑עַשׂ car le chagrin tue l’insensé (objet préposé ; ici la détermination grammaticale manque) ; avec עָזַב 1 Ch 16, 37 ; הִבְדִּיל 25, 1 ; הִמְלִיךְ 29, 22 ; שָׁלַח Esd 8, 16 ; דָּרַשׁ 1 Ch 22, 19 ; 2 Ch 17, 3, 4 ; 20, 3 ; 31, 21 ; 34, 3 ; זַָכַר Ex 32, 13 ; Dt 9, 27 ; Jér 31, 34 (ל dû au parall.) ; 2 Ch 6, 42 ; אָהַב Lév 19, 18, 34. Avec un participe : Is 11, 9 כַּמַּ֫יִם לַיָּם מְכַסִּים comme l’eau couvre la mer (opp. Hab 2, 14) ; 14, 2 ; Am 6, 3.

l Remarque. Autres emplois de ל analogues à ceux de אֵת (cf. § j) :

  1. 1) ל devant un nom en apposition à n’importe quel cas : 1 Ch 13, 1 עִם־שָׂרֵי הָֽאֲלָפִים וְהַמֵּאוֹת לְכָל־נָגִיד avec les chiliarques et les centurions, tous les chefs ; Jér 1, 18 b (après עַל) ; génitif : Gn 23, 10 בְּאָזְנֵי בְנֵי חֵת לְכֹל בָּאֵי שַׁ֫עַר־עִירוֹ ; 1 Ch 7, 5 ; nominatif : Éz 44, 9 לְכָל־ ; Esd 1, 5 ; 1 Ch 26, 26 ; 2 Ch 5, 12 ; accusatif : Esd 8, 24 ; Néh 8, 9 ; même après את : 2 Ch 23, 1 ; 33, 8.
  2. 2) Dans une énumération, devant le dernier nom (parfois même quand il n’y en a que deux) : nominatif : 1 Ch 29, 6 ; accusatif : 1 Ch 28, 1 (après את) ; 28, 18 (dernier terme de l’énumération commencée v. 11) ; 2 Ch 24, 12 ; 26, 14 ; génitif : Esd 7, 28.
  3. 3) Devant un sujet : 1 Ch 28, 21 לְכָל־נָדִיב ; 3, 2 ; 2 Ch 7, 21.

m בּ de transitivité. Quand l’objet est un instrument, on a parfois la construction avec בּ au lieu de l’accusatif [13] : Ex 7, 20 וַיָּ֫רֶם בַּמַּטֶּה et il leva la verge (opp. 14, 16 ; Is 10, 15 avec l’acc.) littt il fit une élévation avec la verge ; Jos 8, 18 נְטֵה בַּכִּידוֹן incline le javelot[14] ; 1 Ch 15, 16 (⸮) לְהָרִים בְּקוֹל élever ta voix (seul ex. en prose) ; — הֵנִיעַ בְּרֹאשׁ hocher la tête Job 16, 4 (acc. Ps 22, 8) ; הֵנִיד בְּרֹאשׁ id. Jér 18, 16 ; פָּעַר בְּפֶה ouvrir la bouche Job 16, 10 ; הִפְטִיר בְּשָׂפָה ouvrir les lèvres (?) Ps 22, 8 ; פֵּֽרְשָׂה בְּיָדֶ֫יהָ elle a étendu ses bras Lam 1, 17 ; נָתַן בְּקוֹל Jér 12, 8 ; Ps 46, 7 ; 68, 34 (ailleurs acc.).

n À l’accusatif d’objet direct (§ b) se rattache probablement l’accusatif de mouvement vers un lieu, de direction vers un but. Dans ce cas le nom peut avoir le ◌֫◌ָה paragogique (§ 93 c) : 1 R 2, 40 וַיֵּ֫לֶךְ גַּ֫תָּה et il alla à Geth (mais 41 הָלַךְ … גַּת) ; Gn 42, 38 וְהֽוֹרַדְתֶּם אֶת־שֵׂיבָתִי … שְׁא֫וֹלָה et vous ferez descendre mes cheveux blancs au Sheol (mais 1 R 2, 9 שְׁאוֹל) ; Gn 19, 1 וַיִּשְׁתַּ֫חוּ אַפַּ֫יִם אָ֑רְצָה et il adora, face contre terre (face [étant] vers la terre) (mais אֶ֫רֶץ 1 R 1, 31 et [avant le verbe] Is 49, 23). Avec l’acc. préposé, pour l’emphase : Jos 6, 19 אוֹצַר יְהֹוָה יָבוֹא c’est dans le trésor de J. qu’il entrera ; Ex 1, 22 ; Jos 2, 16 ; Jug 20, 4 ; 1 S 5, 8 ; 1 R 2, 26 ; 12, 1 ; Is 23, 12 ; 52, 4 ; Jér 2, 10 ; 20, 6 ; 32, 5. Le verbe בּוֹא avec l’acc. signifie non seulement aller à, venir à (Jug 11, 16 ; 2 R 6, 4 ; 1 S 4, 12 ; 2 R 8, 7 ; Ruth 1, 2), mais encore entrer dans Gn 12, 11 ; 41, 57 ; 1 R 14, 12 (cf. ingredi urbem). À l’analogie de cette construction, on a l’accusatif pour le lieu d’où l’on sort (cf. egredi urbem) : Gn 44, 4 יָֽצְאוּ אֶת־הָעִיר ; Ex 9, 29, 33 ; Dt 14, 22 ; cf. Jér 10, 20 b (suffixe).

o À l’accusatif direct se rattachent peut-être[15] certains accusatifs qu’on peut appeler accusatifs de résultat : Is 5, 6 וְעָלָה שָׁמִיר וָשָׁ֑יִת (la vigne) montera en ronces et en épines ; 34, 13 ; Pr 24, 31 (comp. ire in semen, monter en graine) ; avec נוּב Pr 10, 31 la bouche du juste s’épanouit en sagesse ; פָּרַח Ex 9, 9 éruption bourgeonnant en pustules ; p.-ê. פָּצַח רִנָּה éclater en cris de joie (Is 14, 7 ; 44, 23 ; 49, 13 ; 54, 1 ; 55, 12) ; Is 59, 5 תִּבָּקַע (l’œuf) pressé se fend en vipère.

Sur l’accusatif חָלִ֫ילָה cf. § 93 h.

p II. Accusatif de l’objet effectué. Tandis que l’objet affecté (§ a) est conçu comme préexistant à l’action, l’objet effectué est produit par l’action elle-même. Ainsi Gn 1, 29 זֹרֵעַ זֶ֫רַע (cf. 1, 11, 12) produisant semence, זֶ֫רַע est objet effectué, tandis qu’il est objet affecté dans זָרַע זֶ֫רַע semer (jeter) la semence de Dt 11, 10 ; 22, 9 etc. L’objet effectué est concret, et il est extérieur par rapport à l’action : il se distingue ainsi de l’objet interne (§ q). L’objet effectué, ainsi défini, est assez rare ; on ne le trouve guère qu’avec le verbe de même racine (souvent dénominatif)[16]. Exemples : Gn 1, 11 תַּדְשֵׁא הָאָ֫רֶץ דֶּ֫שֶׁא que la terre produise de l’herbe ; 9, 14 עָנָן ; 11, 3 לְבֵנִים ; 37, 7 אֲלֻמִּים ; Mich 2, 4 נְהִי ; Ps 144, 6 בָּרָק ; avec un déterminant : Gn 30, 37 וַיְפַצֵּל פְּצָלוֹת לְבָנוֹת et il fit des bandes blanches.

q III. Accusatif d’objet interne. L’objet interne est un nom abstrait d’action, identique ou analogue à l’action exprimée par le verbe. Par extension, on rapporte à l’objet interne certains accusatifs équivalant à cette action ou la déterminant. Le nom abstrait d’action est surtout l’infinitif absolu, dont l’emploi comme acc. d’objet interne a été exposé § 123 d sqq. Mais on peut avoir toute autre forme, p. ex. Nb 11, 4 הִתְאַוּוּ תַּֽאֲוָה cupierunt cupidinem, ils furent pris de convoitise (Ps 106, 14 ; Pr 21, 26) ; פְּקֻדָּה Nb 16, 29 ; אַֽהֲבָה 1 S 20, 17 ; קְבוּרָה Jér 22, 19[17]. — Avec un nom analogue au verbe : יָדַע בִּינָה avoir de l’intelligence (littt connaître ou apprendre l’intell. : Is 29, 24 ; Pr 4, 1 ; Job 38, 4 ; 1 Ch 12, 32 ; 2 Ch 2, 11, 12).

L’accusatif d’objet interne se trouve non seulement avec les verbes transitifs (p. ex. Gn 43, 3), mais encore avec les verbes intransitifs : Éz 18, 21 חָיֹה יִֽחְיֶה vitam (vivere) vivet, avec les verbes réfléchis et passifs : Nb 16, 29 פְקֻדַּת כָּל־הָֽאָדָם יִפָּקֵד עֲלֵיהֶם ils sont châtiés du châtiment de tous les hommes ; Jér 22, 19 קְבוּרַת חֲמוֹר יִקָּבֵר il aura la sépulture d’un âne (cf. § 123 r) ; 1 S 20, 6 ; Gn 17, 13 ; Nb 11, 4 ; Ex 21, 12 ; probt הָלַךְ רָכִיל Lév 19, 16 etc. diffamer (רָכִיל nom d’action : circulation, d’où diffamation ; cf. König, Syntax, § 329 k).

r L’accusatif d’objet interne peut recevoir une détermination. Ainsi il peut avoir un adjectif[18] : Nb 11, 33 וַיַּךְ יְהֹוָה בָּעָם מַכָּה רַבָּה מְאֹד Et Jéhovah frappa parmi le peuple un très grand coup[19] ; Gn 27, 34. Il peut avoir un génitif : 2 S 4, 5 וְהוּא שֹׁכֵב אֵת מִשְׁכַּב הַצָּֽהֳרָ֑יִם or il dormait du sommeil de midi = (il faisait la sieste) ; 1 S 20, 17 כִּי־אַֽהֲבַת נַפְשׁוֹ אֲהֵבוֹ car il l’aimait comme[20] lui-même (de l’amour de lui-même) ; Lév 25, 42 לֹא יִמָּֽכְרוּ מִמְכֶּ֫רֶת עָ֑בֶד ils ne seront pas vendus comme on vend un esclave ; Is 24, 22 ; — avec sujets différents : Is 62, 5 מְשׂוֹשׂ חָתָן עַל־כַּלָּה יָשִׂישׂ עָלַ֫יִךְ אֱלֹהָ֑יִךְ comme le nouvel époux se réjouit de l’épouse, ton Dieu se réjouira de toi.

s À l’objet interne se rattache probablement[21] l’emploi du mot קוֹל voix avec des verbes comportant une émission de voix. Ce substantif concret, qui n’a pas de verbe correspondant, semble employé, en effet, à l’analogie d’un nom d’action. Ainsi avec קָרָא parler à haute voix, crier, appeler (sans nom d’action correspondant) on a קָרָא קוֹל גָּדוֹל Éz 8, 18 ; 9, 1 ; 11, 13 ; Esd 10, 12 (opp. בְּקוֹל Gn 39, 14 etc.) ; avec זָעַק crier 2 S 19, 5 וַיִּזְעַק קוֹל גָּדוֹל ; avec בָּכָה pleurer 2 S 15, 23 בּוֹכִים קוֹל גָּדוֹל. Autres ex. : Dt 5, 19 ; 27, 14 ; 1 R 8, 55 ; probt aussi Ex 24, 3 וַיַּ֫עַן כָּל־הָעָם קוֹל אֶחָד et tout le peuple répondit d’une seule voix. Il y a probablement acc. dans Is 10, 30 צַֽהֲלִי קוֹלֵךְ hinni voce(m) tua(m) (mais non dans קוֹלִי אֶקְרָא Ps 3, 5 ; cf. § 151 c).

t À l’objet interne se rattache aussi, probablement, l’accusatif du nombre de fois (équivalent du nombre d’actions)[22] : Gn 33, 3 וַיִּשְׁתַּ֫חוּ שֶׁ֫בַע פְּעָמִים et il se prosterna 7 fois (= de 7 prosternements) ; Ex 23, 14 שָׁלשׁ רְגָלִים תָּחֹג לִי trois fois tu célébreras la fête en mon honneur ; Nb 20, 11.

u IV. Double accusatif d’objet affecté[23].

1) Si, dans une proposition composée d’un sujet, d’un objet, et d’un verbe transitif à sens simple (non causatif ; § b-d) on change ce verbe en causatif, le sujet (généralement une personne) devient second objet. Ainsi une phrase telle que רָאִ֫ינוּ אֶת־כְּבֹדוֹ nous avons vu sa gloire devient הֶרְאָ֫נוּ אֶת־כְּבֹדוֹ Dt 5, 21 il a fait que nous vissions sa gloire = il nous a fait voir (= a montré) sa gloire. Ainsi on a הִשְׁמִיעַ faire entendre 2 R 7, 6 ; הוֹדִיעַ faire savoir 1 S 14, 12 ; *לִםֵּד enseigner Dt 4, 5 ; הֶֽאֱכִיל faire que quelqu’un mange quelque chose = donner quelque chose à manger à quelqu’un, nourrir quelqu’un de quelque chose Dt 8, 3 ; הִשְׁקָה faire que quelqu’un boive (שָׁתָה) quelque chose, donner quelque chose à boire à quelqu’un, abreuver quelqu’un de quelque chose Jug 4, 19. Avec כִּלְכֵּל entretenir (nourrir) quelqu’un de quelque chose Gn 47, 12 ; 1 R 18, 4, 13 † le second acc. est probablement un acc. d’objet (p.-ê. à l’analogie de הֶֽאֱכִיל)[24]. Ainsi se construisent les verba copiae et inopiae, induendi et exuendi, et d’autres verbes à l’analogie de ceux-ci (§ d), quand le sens est causatif, p. ex. Gn 26, 15 וַיְמַלְאוּם עָפָר et ils les remplirent de terre ; 41, 42 וַיַּלְבֵּשׁ אֹתוֹ בִּגְדֵי־שֵׁשׁ et il le revêtit de vêtements de byssus ; Ex 25, 11 וְצִפִּיתָ֫ אֹתוֹ זָהָב et tu revêtiras l’(arche) d’or ; Gn 37, 23 וַיַּפְשִׁ֫יטוּ אֶת־יוֹסֵף אֶת־כֻּתָּנְתּוֹ et ils dépouillèrent Joseph de sa tunique.

v 2) Il y a encore double objet dans le cas suivant : si l’on transforme une proposition nominale (composée d’un sujet et d’un prédicat) en proposition verbale, avec un verbe tel que faire etc., le sujet devient objet, et le prédicat devient second objet. Ainsi une proposition nominale telle que הָֽאָדָם עָפָר l’homme (est) poussière devient p. ex. וַיִּ֫יצֶר אֶת־האדם עפר Gn 2, 7 et il forma l’homme (de) poussière. Comme le prédicat de la proposition nominale s’emploie d’une façon très large (§ 154 e), la proposition verbale avec double objet s’emploie également d’une façon très large. Ainsi on l’emploie pour : 1) la chose et la matière dont elle est faite : Ct 3, 10 עַמּוּדָיו עָשָׂה כֶ֫סֶף il fit ses colonnes (en) argent ; Dt 27, 6 אֲבָנִים שְׁלֵמוֹת תִּבְנֶה אֶת־מִזְבַּח יְהֹוָה c’est (en) pierres intactes que tu bâtiras l’autel de J. (le 2d objet en tête, pour l’emphase) ; 2) le mot שֵׁם nom et un nom propre : Gn 30, 6 קָֽרְאָה שְׁמוֹ דָּן appellavit nomen eius Dan (Vulg.) ; 3) la chose nombrée et le nombre : Ex 25, 37 וְעָשִׂ֫יתָ אֶת־נֵֽרֹתֶ֫יהָ שִׁבְעָה tu feras ses lampes (au nombre) de sept ; 2 S 14, 26 b ; — de même probablement avec מִסְפָּר nombre : Job 1, 5[25] ; Ex 16, 16 ; 1 S 6, 4 (מספּר en tête ; au v. 18 comme prédicat d’une proposition nominale, et de même Jér 2, 28, § 154 e 4).

w 3) Dans le cas suivant, la proposition qui est à la base de la construction avec les deux accusatifs ne peut guère être une proposition nominale, comme dans le cas précédent ; c’est bien plutôt une proposition verbale avec le verbe הָיָה au sens de devenir. Ainsi une proposition telle que הַכֶּ֫סֶף הָיָה פֶּ֫סֶל l’argent est devenu une statue, composée d’un sujet, du prédicat verbal היה et d’un prédicatif[26] (complément du prédicat, cf. § 126 a), devient, avec un verbe à sens causatif faire devenir etc., faire : עָשָׂה הַכֶּ֫סֶף פֶּ֫סֶל fecit argentum statuam, où le sujet devient premier objet, et le prédicatif second objet. Ainsi on a souvent le second accusatif de la chose produite avec les verbes[27] tels que עָשָׂה faire, שׂוּם et שִׁית mettre etc., נָתַן mettre, donner : Jug 17, 4 וַיַּֽעֲשֵׂ֫הוּ פֶּ֫סֶל il transforma l’(argent) (en) statue ; encore avec עָשָׂה : Gn 27, 9 ; Nb 11, 8 ; 17, 3 ; Os 8, 4 ; Ps 104, 4. Avec שׂוּם : 1 S 8, 1 וַיָּ֫שֶׂם אֶת־בָּנָיו שֹֽׁפְטִים il fit ses fils juges ; Gn 28, 18 וַיָּ֫שֶׂם אֹתָהּ מַצֵּבָה posuit eum (lapidem) in titulum, et de même 31, 45 וַיְרִימֶ֫הָ מַצֵּבָה « erexit illum (in) titulum » (Vulg.) ; encore avec שׂוּם : Gn 27, 37 ; 1 S 18, 13 ; 22, 7 ; 11, 11 וַיָּ֫שֶׂם אֶת־הָעָם שְׁלשָׁה רָאשִׁים « constituit populum (in) tres partes » (Vulg. ; comp. 13, 17, § 126 c). Avec שִׁית : 1 R 11, 34 נָשִׂיא אֲשִׁתֶ֫נּוּ « ducem ponam eum » (Vulg.) ; Is 5, 6 ; 26, 1 etc. Avec נָתַן : Is 3, 4 וְנָתַתִּ֫י נְעָרִים שָֽׂרֵיהֶם « dabo pueros principes eorum » (Vulg.) ; Gn 17, 5 etc. Avec d’autres verbes : 1 R 18, 32 וַיִּבְנֶה אֶת־הָֽאֲבָנִים מִזְבֵּחַ aedificavit lapides (in) altare, c’est-à-dire il disposa les pierres (en forme d’)autel (opp. Dt 27, 6 ; § v) ; Ex 12, 39 וַיֹּאפוּ אֶת־הַבָּצֵק עֻגֹת coxerunt massam farinaceam (in) placentas ; 1 R 11, 30 וַיִּקְרָעֶ֫הָ שְׁנֵים עָשָׂר קְרָעִים il déchira le (manteau) (en) douze morceaux ; Ps 114, 8 הַהֹֽפְכִי הַצּוּר אֲגַם־מָ֑יִם « qui convertit petram in stagna aquarum » (Vulg.) ; Am 5, 8 ; Hab 3, 9 נְהָרוֹת תְּבַקַּע־אָ֑רֶץ tu fends la terre (en) fleuves (= et il en sort des fleuves) ; Job 28, 2.

Pour la construction d’un verbe doublement transitif employé passivement cf. § 128 c.

  1. Cf. Brockelmann, Grundriss, 2, 291 sqq.
  2. Mais, p. ex. Zach 7, 5 הֲצוֹם צַמְתֻּ֫נִי אָ֑נִי qui signifierait « avez-vous jeûné pour moi ? » est bien suspect ; (lire צַמְתִּי, Mayer Lambert, Rev. des Études juives, t. 71, 200) ; de même Is 65, 5 ; Jér 31, 3 ; Job 31, 18. — Le verbe נָתַן semble pouvoir se construire avec le suffixe de la personne au sens du datif : Jos 15, 19 נְתַתַּ֫נִי dedisti mihi (= Jug 1, 15) ; Is 27, 4 ; Jér 9, 1. Cette construction a pu être favorisée par le fait que נתן, au sens d’accorder, se construit avec l’acc. de la pers. et l’inf. cst. (à l’acc.), p. ex. Nb 21, 23 נָתַן אֶת־יִשְׂרָאֵל עֲבֹר. En araméen ancien le verbe שום, synonyme de נתן, poser, donner est construit avec le suffixe de la pers. au sens du datif, dans l’inscription de Nerab II, 3 שמני שם טב dedit mihi nomen bonum. Brockelmann (2, 322) nie l’existence du suffixe au sens du datif en hébreu. König (§ 21), au contraire, l’admet assez largement, p. ex. Éz 29, 3 עֲשִׂיתִ֫נִי feci (id) mihi.
  3. Sur l’accusatif avec les formes passives, cf. § 128.
  4. D’après certains grammairiens, on aurait ici l’accusatif adverbial. Pour les grammairiens arabes, l’accusatif des verbes comme maliʾa « ê. plein » est un tamyīz (accusatif de spécification).
  5. D’après certains grammairiens il y aurait ici accusatif indirect : quant à.
  6. Si את est employé avec le nom déterminé et non avec le nom indéterminé, c’est sans doute parce que, originairement, il s’employait avec le pronom, lequel est censé déterminé.
  7. En arabe et en éthiopien le verbe peut prendre deux suffixes.
  8. Sont déterminés : 1) le nom propre ; 2) le nom avec l’article ; 3) le nom avec un suffixe ; 4) le nom construit sur un nom déterminé, p. ex. Gn 1, 25 אֶת־חַיַּת הָאָ֫רֶץ les animaux de la terre (cf. § 137 a).
  9. La plupart de ces emplois se trouvent aussi avec ל (cf. § l).
  10. Comp. Act. 10, 36 τὸν λόγον ὃν ἀπέστειλεν.
  11. Cf. Brockelmann, t. 2, 125, 349.
  12. Et, dans les Chroniques, seulement quand il s’agit de personnes (Kropat, Syntax der Chronik, p. 35) ; de même en araméen. L’emploi du ל comme exposant de l’objet déterminé est dû sans doute, en grande partie, à l’influence de l’araméen ; mais certains emplois hébreux du ל tendaient au même résultat, p. ex. la double construction de plusieurs verbes soit avec l’acc., soit avec ל : ainsi רָפָא guérir (gént avec l’acc., parfois avec ל, p. ex. Nb 12, 13 ; et même le piel 1 fois avec ל : 2 R 2, 21), קָרָא appeler, שָׁאַל demander ; הוֹשִׁיעַ secourir, sauver ; les hifil avec ל comme הֵנִיחַ לְ : procurer du repos à ; הֵצִיק לְ faire que cela soit étroit à.
  13. Comp. en arabe, avec le bi de transitivité, p. ex. ramā bissahmi رَمَى بِالسَهْمِ il lança la flèche (il fit un lancement avec la flèche).
  14. Comp. fr. « cligner (de clinare) de l’œil » à côté de cligner les yeux.
  15. Mais peut-être accusatif prédicatif, cf. § w N ; § 126 d.
  16. La paronomase est très fréquente avec l’objet interne (§ q) ; elle est relativement rare avec l’objet affecté. Dans tous ces cas il y a figure étymologique (schema etymologicum).
  17. D’où une manière (fréquente en arabe) d’exprimer l’idée comparative (comme) entre deux actions, p. ex. 1 S 20, 17 כִּי־אַֽהֲבַת נַפְשׁוֹ אֲהֵבוֹ car il l’aimait de l’amour (qu’il avait) de lui-même = il l’aimait comme lui-même ; Nb 16, 29 s’ils sont châtiés comme tous les hommes (mais ibid. et 2 S 3, 33 כְּמוֹת, avec le כ de comparaison ; au contraire מְמוֹתִים sans כ Éz 28, 8) ; Jér 22, 19 il sera enseveli comme (est enseveli) un âne (cf. § r autres exemples).
  18. Comp. p. ex. Mt 2, 10 ἐχάρησαν χαρὰν μεγάλην σφόδρα.
  19. C’est-à-dire fit parmi le peuple un grand carnage (2 Ch 13, 17 ; Jos 10, 20 ; 1 S 6, 10 etc.).
  20. Cf. § q Note.
  21. Cf. Brockelmann, 2, 306.
  22. Ibid. p. 301.
  23. Naturellement on peut avoir aussi plusieurs accusatifs d’espèces différentes, p. ex. Jon 1, 16 וַיִּֽירְאוּ הָֽאֲנָשִׁים יִרְאָה גְדוֹלָה אֶת־יְהֹוָה et ils craignirent d’une grande crainte (objet interne) Jéhovah (objet affecté) ; Jér 50, 34 רִיב יָרִיב אֶת־רִיבָם certes il prendra en main leur cause (ריב inf. cst. en fonction d’inf. abs. § 123 q ; רִיבָם objet affecté ou p.-ê. effectué) ; Jos 6, 11 וַיַּסֵּב אֲרוֹן־יְהֹוָה אֶת־הָעִיר הַקֵּף פַּ֫עַם אֶחָ֑ת et circumduxit arcam Domini (1er objet affecté) urbem (2d objet affecté) gyratione(m) (inf. abs. § 123 r) una vice (objet interne § 125 t).
  24. P.-ê. rapprocher de כּלכּל la construction de סָעַד Jug 19, 5.
  25. Cf. Ehrlich, Randglossen, in Job 1, 5.
  26. D’après l’analogie de l’arabe, le prédicatif est à l’accusatif ; cf. Driver, Hebrew Tenses, § 161, 3, note.
  27. Avec ces mêmes verbes, au lieu du second accusatif on a aussi, et plus souvent ל : dans Am 5, 8 הָפַךְ לְ, puis הֶחְשִׁיךְ avec l’acc. ; Is 54, 12 שׂוּם avec l’acc., puis avec לְ.