Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Accord/Paragraphe 151

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 463-464).
§ 151. APPENDICE I : Accord quant à la personne.

a Nous groupons ici quelques particularités relatives à l’accord quant à la personne.

Le waw reliant un nom à un pronom a à peu près la valeur du waw d’accompagnement de l’arabe (= avec, cf. § 150 p) dans Esth 4, 16 אֲנִי וְנַֽעֲרֹתַי אָצוּם moi, avec mes suivantes, je jeûnerai ; Néh 5, 14 אֲנִי וְאַחַי … לֹא אָכַ֫לְתִּי moi et mes frères nous ne mangeâmes pas.

b Dans le langage révérenciel où l’on emploie ton serviteur pour moi, je, on passe facilement à la 1re personne du pronom ou même parfois du verbe : 1 R 18, 12 עַבְדְּךָ יָרֵא אֶת־יְהֹוָה מִנְּעֻרַי ton serviteur craint J. depuis sa (ma) jeunesse ; 2 S 9, 8 כָּמ֫וֹנִי ; Gn 42, 13 ; 2 S 19, 36 אִם־יִטְעַם עַבְדְּךָ אֶת־אֲשֶׁר אֹכַל ton serviteur a-t-il le goût de ce qu’il (je) mange ?

c Il y a également syllepse de la personne dans le cas suivant, qui du reste, ne se trouve qu’en poésie. Avec certains noms exprimant quelque chose de l’individu (נֶ֫פֶשׁ âme, פֶּה bouche et surtout קוֹל voix) suivis d’un suffixe de la 1re ou 2e personne, le verbe se met à la personne de ce suffixe. La construction a pu s’introduire avec נֶ֫פֶשׁ, équivalent du moi, puis se propager à d’autres noms : Is 26, 9 נַפְשִׁי אִוִּיתִ֫ךָ בַלַּ֫יְלָה אַף־רוּחִי בְקִרְבִּי אֲשַֽׁחֲרֶ֑ךָּ mon âme te désire la nuit ; et mon esprit, en moi, t’espère au matin (littt : anima mea (= ego) desidero te) ; Ps 57, 5 נַפְשִׁי בְּתוֹךְ לְבָאִם אֶשְׁכְּבָה je (mon âme) dois dormir au milieu des lions. Avec קוֹל : Ps 3, 5 קוֹלִי אֶל־יְהֹוָה אֶקְרָא ma voix crie vers Jéhovah[1] ; Ps 27, 7 Écoute, Jéhovah, ma voix (qui) appelle ; 142, 2 ma voix crie vers Jéhovah, ma voix supplie Jéhovah. De même avec פִּי : Ps 66, 17 אֵלָיו פִּי קָרָ֑אתִי vers lui ma bouche a crié. — Inversement il y a passage du verbe à la 2e p. au nom avec suff. 2e p. dans Ps 44, 3 אַתָּה יָֽדְךָ גּוֹיִם הוֹרַ֫שְׁתָּ c’est ton bras qui a dépossédé les nations (littt toi, (à savoir) ton bras, tu as dép.) ; Ps 60, 7 הוֹשִׁ֫יעָה יְמִֽינְךָ que ta droite secoure ! (littt secours, (à savoir) ta droite !).

d Sur le type חִגְרוּ אִישׁ אֶת־חַרְבּוֹ 1 S 25, 13 cf. § 147 d.

Sur le type שִׁמְעוּ עַמִּים כֻּלָּם 1 R 22, 28 cf. § 146 j.

Sur la syllepse de la personne dans les propositions relatives, cf. § 158 n.

  1. קוֹלִי, avant le verbe, est ici sujet comme נפשׁי Is 26, 9 ; Ps 57, 5 ; פִּי 66, 17. (Au contraire קוֹלֵךְ dans Is 10, 30 צַֽהֲלִי קוֹלֵךְ, § 125 s). — La nuance emphatique admise généralement n’apparaît guère.