Bibliothèque des curieux (bibliographie méthodique et critique de tous les ouvrages composant cette célèbre collectionp. 9-75).

L’ENFER
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE



(N. B. Les chiffres placés à gauche des titres correspondent à la cote de bibliothèque.)

1. — Les Ruses, Supercheries, Artifices et Machinations des Filles Publiques pour tromper leurs Amants, par Retif de la Bretonne. — Genève, Lebondril, Librairie Editeur, Avenue du Chemin Couvert, 23, et chez tous les marchands de nouveautés, 1871.

1 vol.  in-12 carré de 36 pages, couverture impr. orange.

Note au crayon sur la couverture : Don du Prince Giedroye.

Suivi de (p. 27) : Le Droit du Seigneur et (p. 31) : Libertinage de Cléopâtre, Reine d’Egypte.

(Lettre de Cléopatre à son médecin et lettre d’Antoine Consul, au même, sur les désordres de Cléopâtre.)

Sur la 4e page de couverture un curieux catalogue d’ouvrages qui se trouvent chez le même éditeur (Bruxelles, Vital-Puissant).

L’attribution à Rétif de la Bretonne est une supercherie de l’Éditeur.


2. — Le secret de triompher des Femmes et de les fixer, suivi des signes qui annoncent le penchant à l’amour par Louis de Saint-Ange, Membre de plusieurs sociétés savantes et littéraires. — Prix : 60 centimes. — Bruxelles, F. Sacré, Imprimeur Editeur, 40, rue de la Putterie, 40. — 1872.

1 vol.  in-16, broché, couverture impr. orange, de 63 pages. Rien d’obscène ni même de licencieux. Note au crayon sur la couverture : Don du Prince Giedroye.

Suivi (à partir de la page 52) de : Maximes de Larochefoucault, ou Les Femmes et l’Amour.

Au dos de la couverture, un Catalogue d’ouvrages similaires.


3. — Deuxième Édition. La Maison des Jolies Filles, ou les Débauches d’un sénateur de l’Empire, racontées par Lemaine, avocat secrétaire particulier du Comte Alfred de la Guéronnière,

Bruxelles
Paris
Librairie Cosmopolite
Librairie Politique
Vital Puissant
Agricole et scientifique
Librairie-Éditeur
André Sagnier, éditeur
14, Grand Place, 14
7, carrefour de l’Odéon,
(ancienne rue de Fleurus, 9)
1871

1 vol.  pet. in-3 de 78 pages. Broché, couv. impr. Brochure pseudo-politique et probablement œuvre de vengeance personnelle de l’auteur. Note au crayon sur la page de garde : Don du Prince Giedroye.

À la fin, un très intéressant : Catalogue des Pamphlets interdits en France sous le Gouvernement Impérial, et un Catalogue de Caricatures satyriques sur Badinguet.


4. — Les délices du Cloître, ou la Religieuse en Chemise, Genève. Lebondril, libraire-éditeur, avenue du Chemin-Couvert, 25, et chez tous les marchands de Nouveautés.

1 brochure in-16, sans date (Bruxelles, Vital-Puissant), 96 pp. broché, couv. impr. Réimpression des Délices du Cloître ou la None éclairée [de l’abbé J. Barrin]. Voir nos 228 et 229. Le second titre ou la Religieuse en chemise, est une grossière erreur ou bien un artifice d’imprimeur qui a confondu ou voulu faire confondre cette brochure avec Vénus dans le Cloître ou la Religieuse en chemise. Suivi de 3 contes imités de Boccace :

1. — Le Jardinier au couvent.

2. — Le Péché partagé.

3. — La Tête d’âne.

La couverture est couleur saumon, en haut on lit 60 centimes ; la marque représente un amour appuyé sur son arc. Un papillon vole auprès. On lit cette note au crayon : Don du Prince Giedroye Au verso du second feuillet de la couverture se trouve l’annonce imprimée de brochures grivoises.

Voir les nos 228 : Les Délices du Cloître, ou la None Eclairée ; 674 : Vénus dans le Cloître ou la Religieuse en chemise ; 229 et 353 : La Religieuse en chemise ou la Nonne éclairée.


5. — Vida de la Mujer del Deleite ô Las veinticino posturas que usô, Londres, 1892.

vol. petit format, broché, couverture jaune, de 26 feuillets, avec 25 lithographies obscènes coloriées. Texte en espagnol.

Ouvrage de colportage.

Il y a peu d’années, au lieu de cet ouvrage on avait classé, Enfer 5, l’ouvrage suivant : Liste des écrits étrangers dont l’entrée en France a été interdite depuis le 4 septembre, devenu 4o  Q. 611.


6. — Contes Nouveaux, par Andréa de Nerciat, précédés d’une notice bio-bibliographique, ornés d’un portrait inédit de l’auteur, Liège. MDCCLXXVII-MDCCCLXVII.

vol. in-18 de viii-118 pages, sans couv. imp. Paris, Poulet-Malassis. Exemp. sur papier de Hollande ; le portrait est sur chine volant.

La notice signée B.-X est de Poulet-Malassis qui a surtout copié la notice de Beuchot dans la Biographie Michaud. Le portrait est gravé à l’eau-forte, d’après la sanguine du cabinet de M. Br… de Paris.

Ce portrait est de pure fantaisie. Il a été exécuté par M. Bracquemond. Ce renseignement vient de M. Tourneux, qui a vu exécuter le portrait[1].

Réimpression de Poulet-Malassis. Tirage à petit nombre. Prix : 12 francs.

Destruction ordonnée comme contenant des outrages à la morale publique et religieuse, ainsi qu’aux bonnes mœurs, par Jugement du Tribunal de Lille, en date du 6 mai 1868 (inséré au Moniteur du 19 septembre suivant, affaire contre Duquesne).

Sommaire. — Notice bio-bibliographique. — Épitre dédicatoire au prince de Ligne. — La Veillée du procureur. — Le Jeu d’hymen. — La Rancune posthume. — Les amours modernes. — Le superflu du régime. — La Duchesse. — Les Princes sans réplique. — L’âme en peine. — L’incertitude et la Barbe. — L’oracle imaginaire. — Le manchot. — Les Bas. — Céphise, — Le souhait. — La femme accomplie.

Ce recueil, qui n’est pas licencieux, contient des vers autobiographiques. L’édition originale des Contes nouveaux avait paru en 1777, à Liège, et sans doute aux dépens du libraire Desœr.


7. — Le Doctorat Impromptu, par Andrea de Nerciat, Londres, 1788-1866.

1 vol. in-12 de iv-98 pages, broché, sans couv. impr. Ex. sur hollande (Bruxelles, Poulet-Malassis), avec 2 figures libres, sur acier, hors texte, d’après celles de l’édition originale. Papier vergé. C’est un des meilleurs ouvrages du chevalier Robert Andrea de Nerciat.


8. — Contes et Nouvelles, de Jérôme Morlini, traduits en français pour la première fois, par M. W., Naples, imprimé chez Pietro Fiorentino, 1878.

1 vol. in-16 de x-206 pages, broché : sans couv. impr. (Bruxelles, Gay), imprimé à 500 exemplaires numérotés (no 52) sur papier de Hollande.

Cette traduction incomplète, inexacte, est attribuée à Ribeaucourt. Le volume comprend 81 nouvelles, plus un appendice de 19 nouvelles.

Voir un autre exemplaire de la même édition, sous la cote 176. A. Ribeaucourt, qui serait l’auteur de cette version, fut un personnage curieux qui traduisit les Ragionamenti de l’Arétin, les œuvres de Baffo, et peut-être d’autres ouvrages. Il imprimait généralement lui-même sur une presse à bras et tirait ses livres à très petit nombre : 15 ou 20 exemplaires. On les recherche.


9. — [Numéro supprimé].

L’ouvrage qui se trouvait à cette cote, Les Facéties de Pogge, a été replacé à la Réserve.


10. — [Numéro supprimé].

Encore les Facéties de Pogge (Liseux, 1878), 2 volumes, replacés sous la cote 8o  y2 30.


11. — [Numéro supprimé].

Toujours les Facéties de Pogge. Replacé à la Réserve, comme les précédents.


12. — Tableau des Mœurs du Temps dans les différents âges de la vie, par Crebillon fils, suivi de L’histoire de Zaïrette, par le Marquis de la Popelinière, à Venise, chez Bellopalazzo, imprimeur.

1 vol. in-18 s. d. broché, sans couv. impr. 364 pages [J. Gay, vers 1865].

Imprimé à 390 ex. sur Hollande pour les membres de la Societa dei amici delle lettere (no 34). Exemplaire incomplet du frontispice, de 2 vignettes et des deux culs de lampe de Rops (eau-forte) sur Chine volant qui, d’ailleurs, sont de toute rareté. Voir, à 306, une autre réimpression moderne, édition différente de celle-ci.

Autres réimpressions, en 1863, à 150 exemplaires (voir 306), puis en 1867, à Paris (Poulet-Malassis), imprimerie des ci-devant fermiers-généraux.

C’est cette édition que vise la condamnation prononcée par le Tribunal de Lille, le 6 mai 1868, insérée au Moniteur du 19 septembre suivant (Affaire contre Duquesne).

Citons d’abord la notice consacrée à cet ouvrage par Brunet (art. Daïra) :

« M. de la Popelinière est aussi l’auteur d’un ouvrage intitulé : Tableau des mœurs du temps dans les différents âges de la vie, duquel il n’a fait imprimer qu’un seul exemplaire qui a été décoré de peintures. Cet exemplaire s’étant trouvé chez lui, après sa mort, lorsqu’on fit son inventaire, fut saisi par ordre du roi, à ce que rapportent les Mémoires secrets de Bachaumont, t. Ier, sous la date du 15 juillet 1763. Ce même exemplaire passa depuis en Russie, et nous le trouvons porté dans le catalogue des livres précieux du prince Michel Galitzin (Moscou,1820, in-8, page 63), avec la note suivante : — Unique exemplaire, imprimé sous les yeux et par ordre de M. de la Popelinière, fermier-général, qui en fit aussitôt briser les planches ; ouvrage erotique, remarquable par des miniatures de format in-4, de la plus grande fraîcheur et du plus beau faire, représentant des sujets libres : M. de la Popelinière y est peint sous divers points de vue et d’après nature, dans les différents âges de la vie. C’est un volume grand in-4, relié en maroquin rouge. — Cinq ans après la publication de ce catalogue, les livres précieux du prince Galitzin furent envoyés à Paris, pour y être livrés aux enchères publiques. Le Tableau des mœurs du temps faisait partie de cet envoi ; mais ayant été vendu à l’amiable, à très haut prix, à un amateur français, il n’a pas dû être compris dans le catalogue des livres du prince russe, publié pour la vente qui s’est faite le 3 mars 1825. Ce singulier volume a été l’objet d’une longue analyse dans le journal l’Artiste, numéro du 16 septembre 1855. »

Depuis, le volume est passé dans le cabinet d’un riche amateur anglais, M. Henkey, résidant à Paris.

« Ce volume s’est trouvé à la vente J. G. Le catalogue annonce que le livre ne sera pas exposé, que la mise à prix sera de 5.000 francs et que les peintures sont attribuées à Caresme. Mais nous croyons qu’il y a là une erreur, car Philippe Caresme, né vers 1740, était trop jeune pour avoir travaillé à décorer un volume qui doit avoir été imprimé en 1750. » (G. Brunet, Fantaisies Bibliographiques).

Le livre avec les gouaches (sauf deux qui manquent maintenant) est à Rouen dans la Bibilothèque de M. L. de G… Ajoutons que les gouaches qui ont été attribuées tour à tour à Caresme, à Marolles ou à Chardin, seraient ou de Rouquet ou de Pasquier ou de Bocquet auquel on les attribue maintenant.

Ajoutons enfin qu’un manuscrit, indiqué comme manuscrit original de cet ouvrage, a figuré au Catalogue d’un libraire nommé Leblanc (Paris, 1837) sous le no 348, il appartient aujourd’hui à un écrivain : M. P. L.

Malgré ce qu’en dit Prunet, le Tableau des mœurs du Temps n’est pas du Fermier-général Le Riche de la Pouplinière. Depuis pas mal d’années, on en a attribué la paternité à Crébillon fils. Tout au plus attribue-t-on à la Pouplinière l’Histoire de Zaïrette. qui termine le roman.


13. — Souvenirs d’une Cocodette, écrits par elle-même, Leipzig, chez Landmann, éditeur, 1878.

1 vol. in-12 de 197 pages et 2 ff. (faux-titre portant au verso la justification du tirage, et titre), sans couv. impr., avec 1 frontispice non-libre en 2 états (noir et sanguine), plus un album de 8 gravures également en 2 états. Quelques-unes sont signées Chauvet. Sur le titre se trouve une Marque formée de rayons de soleil, au centre desquels on voit un monogramme entouré de la devise : Utile dulci. Exemp. sur Hollande.

Tiré en tout à 500 exemplaires numérotés, dont 1 sur peau vélin, 50 sur chine et 449 sur papier vergé de Hollande (Ex. no 24, sur chine). C’est une nouvelle édition qui contient un Avant-propos et une Post-face, lesquels ne sont pas dans l’Édition originale. La Post-face indique la première Édition comme incomplète et signale les différences. Nous pensons que cette édition, comme la première, a paru à Bruxelles. La première édition avait paru l’année précédente sous le titre suivant :

Mémoires d’une Demoiselle de bonne famille, rédigés par elle-même, revus, corrigés, adoucis et mis en bon français par Ernest Feydeau. Londres, Société des Bibliophiles (Pet. in-8, sans date). La Préface, commençant par « À une Lectrice », est signée Ernest Feydeau. Cet ouvrage qui n’est point libre est entièrement d’Ernest Feydeau.

Il y a de ce petit roman une édition ante-première dont il n’y a eu sans doute que peu d’exemplaires. Le libraire Lemallier en offrait en 1911 un curieux exemplaire ainsi décrit : « Mémoires d’une demoiselle de bonne famille rédigés par elle-même, Revus, corrigés, élagués, adoucis et mis en bon français par E. Feydeau Paris, librairie du xixe siècle 1873 — in-18 mar. citron, fil. dos orné, dent inter. n. rog. (Belz Médrée), 35 fr. Exemplaire d’épreuves, avec corrections et additions autographes de l’auteur, offrant la curieuse particularité suivante : Ces épreuves portent les timbres de l’imprimeur J. Claye, et sont datées du 13 au 16 octobre 1873. Ernest Feydeau mourut le 29 du même mois. Cette édition ne vit pas le jour et ce ne fut qu’en 1877 que l’édition originale parut en Belgique. Notre exemplaire probablement unique présente donc le premier texte de ce roman, le seul revu et corrigé par l’auteur. »


14. — Mœurs Orientales. Les Huis-clos de l’Ethnographie. De la Circoncission [sic] des filles. Virginité. Infibulation. Génération. Eunuques. Skoptzis. Cadenas. Ceintures, par E. Ilex, Londres, Imprimerie particulière de la Société d’anthropologie et d’ethnographie comparées. MDCCCLXXVIII.

1 vol. in-16 de 31 pages, sans couv. impr. et 10 planches (lithographies en bistre). Imprimé pour les Sociétaires et non mis dans le commerce… Exempl. sur Hollande.

On attribue cet ouvrage au pseudonyme Dr Jacobus…, médecin de la marine. Voir 125.


15. — [Numéro supprimé].

Madame Ducroisy, par Marc de Montifaud [Mme de Quivogne], replacé dans le service aux 8o  y2


16. — Dictionnaire érotique moderne, par un professeur de langue verte. Nouvelle édition revue, corrigée et considérablement augmentée par l’auteur et enrichie de nombreuses citations. Bâle, imprimerie de K. Schmidt.

1 vol. in-8 de xxiv-375 pages, s. d. et sans couv. impr. (Exemp. sur Hollande avec frontispice gravé à l’eau forte en sanguine par Rops (Bruxelles, Gay et Doucé) ; le verso du faux-titre porte : Edition imprimée exclusivement pour les membres de la Biblio-Aphrodiphile Société et non mise dans le commerce.

La première édition a été condamnée à la destruction par Jugement du Tribunal correctionnel de la Seine (2 juin 1865) inséré au Moniteur du 8 novembre suivant (affaire contre Gay).

Par Alfred Delvau, Édition enrichie de citations par Jules Choux.

Voir à 187, un exempl. de la même édition et, à 313, la 1re édition (Freetown, 1864).

Voici ce que dit, au sujet des éditions de cet ouvrage, Barbier, (Dictionnaire des ouvr. anonymes, Paris, 1872, t. I, p. 973) :

« Une seconde édition a été annoncée en juillet 1871, comme devant paraître en septembre 1871 sous le titre de : « Dictionnaire érotique moderne par 2 professeurs de langue verte » (Alfred Delvau et Jules Choux), 2e édition dans laquelle on a refondu le supplément de la 1re édition in-18 et que l’on a augmentée d’environ 7 à 800 termes nouveaux puisés dans les meilleurs auteurs critiques anciens et modernes (Freetown. Impr. de la Bibliomaniac Company, 1871), vol. gr. in-18 à 2 col., pap. vergé, caract. elz., orné d’un joli front. libre et précédé d’une longue préface explicative érotico-littéraire écrite dans la langue la plus verte et la plus accentuée.

« Cette édition a-t-elle été, en effet, publiée, ou est-ce une nouvelle supercherie comme celle qui a trompé les éditeurs des Supercheries et leur a fait annoncer la 2e édition du livre de Delvau, sous un titre un peu différent de celui donné ci-dessus ?

« Voilà la cause de cette méprise :

« Le libraire belge Sluys ou Vital-Puissant (c’est son vrai nom) avait en magasin un certain nombre d’exemplaires du Glossaire érotique de la langue franc… par Louis des Landes (Alvin), Bruxelles, 1861, in-12, xii-396 p.

« Afin sans doute d’écouler plus facilement sa marchandise, il fit remplacer le titre primitif par le titre suivant, rédigé de façon à produire une confusion avec l’ouvrage de Delvau devenu alors très-rare : — Dictionnaire érotique moderne. Glossaire contenant l’explication de toutes les expressions, de tous les mots et les termes exclusivement consacrés à l’amour, depuis l’origine de la langue française jusqu’à nos jours, par un professeur de langues vivantes. Freetown, imprimerie de la Bibliomaniac company, 1866. — in-12, xii-396 p.

« Ce titre fut réimprimé plus tard avec la mention — 2e édition, Londres, — mais c’était encore l’ouvrage de Louis des Landes (Alvin), qu’il ne faut pas confondre avec le livre de Delvau.

« Ce dernier a-t-il aujourd’hui deux éditions, ou la 2e édition annoncée dans le Catalogue de Vital-Puissant : — la Bibliothèque de Paphos, — ne nous prépare-t-elle pas une nouvelle surprise, et aux bibliographes non prévenus une nouvelle cause d’erreur ? »

Il est probable que l’édition de Bâle (2 exemplaires à l’Enfer, 16 et 187) est postérieure à la note de Barbier. En tout cas, il ne s’agit pas d’une contrefaçon, mais bien d’une nouvelle édition revue et augmentée.


17. — [Numéro supprimé].

Pierre Bayle. — Remarques sur les obscénités. Replacé dans le service, sous la cote 8o  R 2466.


18. — Lettres amoureuses d’un frère à son élève, Alexandrie.

1 vol. in-12 s. d. de 2 ff. faux-titre et titre et 221 pages. Imprimé en tout à 500 exemplaires dont 450 sur papier vélin et 50 sur papier du Japon (no 111), par Durando, imprimeur à Alexandrie (Bruxelles, Gay, 1878).


19. — Les Dialogues du divin Pietro Aretino, entièrement et littéralement traduits pour la première fois. Première [Deuxième Troisième] partie, Paris, Isidore Liseux, 1879.

3 tomes in-24 formant un vol. de XXIV-372 pp, La pagination continue dans les trois tomes, brochés, couv. impr. Tirage à 350 ex. sur papier vergé. Chaque tome comprend une journée, c’est la première partie des Ragionamenti.

Voir, pour les éditions françaises, italiennes, anglaises ou allemandes de cet ouvrage, les numéros 67, 107, 119, 201, 207, 208, 209, 211, 212, 213, 216 à 218, 219, 220, 221, 222, 223, 224, 225, 766, 767. Alcide Bonneau devait après cette édition latine-française donner encore en 1882 une édition bilingue des Ragionamenti.

On comprend sous le nom de Ragionamenti de l’Arétin, plusieurs ouvrages dont le plus important est formé par les Dialogues putanesques ou Caprices, divisés en deux parties et en six journées. Ces dialogues sont un monument littéraire d’une importance considérable et marquent une date dans l’histoire des lettres universelles. Leur mérite comme document sur les mœurs du temps n’est pas moindre. Cette verve endiablée, ces descriptions bigarrées, cette imagination pittoresque, ce bon sens et cette liberté d’expressions n’ont pas été sans influencer le génie de François Rabelais et par là la culture générale des Français.


20. — Le livre de Volupté (Bah Nameh), traduit du Turc par Abdul-Haqq Effendi, Erzeroum chez Qizmich-Aga, libraire-éditeur.

1 vol. in-16 de 127 pages, broché, couv. impr. (Bruxelles vers 1878) avec une suite de douze gravures libres coloriées, sur Chine en feuilles volantes. Exemplaire sur Wathman, no 41.


21. — L’Ecole des Biches, ou Mœurs des petites Dames de ce temps, Erzeroum, chez Qizmich-Aga, libraire-éditeur.

1 vol. pet. in-8 de 224 pages, broché, sans couv. impr. Exemp. sur Hollande (2e édition, Gay et Doucé, vers 1880).

« L’école des Biches, dit la préface, fut publiée à Bruxelles en 1868 sous la rubrique de Paris 1863, imprimé à 64 exemplaires. »

L’édition originale (Paris, 1863) a été condamnée par Jugement du Tribunal de Lille en date du 6 mai 1868, insérée au Moniteur du 19 septembre suivant, comme contenant des outrages à la morale publique et aux bonnes mœurs (Aff. contre Duquesne).

Si nous en croyons le C. D’I*** (Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour…), ce volume serait dû aux loisirs de MM. Baroche, fils de l’ancien ministre de la Justice ; Henkey, riche amateur anglais bien connu à Paris ; Duponchel ; B,.., et autres…

Voici, maintenant, des renseignements dont beaucoup sont tirés de la notice que consacre à l’École des Biches, dans l’Index Librorum Prohibitorum, le bibliographe caché sous le pseudonyme de Pisanus Fraxi, (ce serait, dit-on, M, Ashbee) :

L’ouvrage consiste en 16 dialogues et un épilogue, et fut conçu par ses auteurs comme un pendant à l’ouvrage de Nicolas Chorier… Il est la production de trois personnes qui en ont rempli les principaux rôles, et qui, au début du livre, donnent sur elles-mêmes quelques renseignements, ainsi que sur les quatre petites dames : Caroline Deschamps, Marie Auber, Louisa et Antonia, leurs compagnes. Les auteurs-acteurs sont nommés dans ce livre : Le comte Henri de Sarsalle, Martin Duvernet, rentier, Adrien Lebel, artiste-peintre ; mais ce ne sont que les noms anagrammatisés de : Chapuys, Bokel, d’Enghien. Le dernier chef de ce trio fut Edmond Duponchel.

Avant d’être imprimé, il courut de ce livre des copies manuscrites. Le manuscrit original fut calligraphié par un artiste nommé Ulm, sous la direction de Duponchel. Ce manuscrit est, à présent, en la possession d’un amateur de Londres ; il est orné d’un frontispice par Ulm (deux figures de femmes) et contient 12 dessins hors texte par J. Chauvet. Des copies de ces dessins, faites par un dessinateur de Londres, figurent dans le cabinet d’un autre bibliophile anglais. J. Chauvet a illustré une autre copie pour le même collectionneur, copie ornée d’un frontispice, 14 dessins et une vignette à la sépia sur la page du titre. Ce volume est relié par Hardy, de Paris, en maroquin plein, vieux rouge, tête dorée, non rogné.

Edmond Duponchel naquit à Paris aux environs de 1795, et mourut en avril 1868. Il commença par étudier l’architecture et vint ensuite en Angleterre apprendre le métier de ciseleur. C’est lui qui exécuta les bas-reliefs de la « Minerva », de Simart. En 1835, Duponchel devint Directeur de l’Opéra de Paris en remplacement de Véron ; il garda ce poste jusqu’en mai 1840, époque où il fut assisté dans ses fonctions par Léon Pillet, commissaire royal de ce théâtre depuis 1838. Après 18 mois de co-administration, Duponchel résigna sa charge en faveur de Pillet. Il la reprit en 1847, avec la collaboration de Roqueplan.

Jules-Adolphe Chauvet naquit à Péronne (Somme), 29 sept. 1828. Elève de P.-L.-C. Cicéri, il commença par étudier la peinture, puis l’abandonna pour se consacrer entièrement à l’illustration des livres d’amateurs. La plupart de ses productions sont dans les bibliothèques des collectionneurs et n’ont pas été publiées. Son ami et protecteur, le baron Pichon, en possédait quelques-unes. Il avait particulièrement étudié la gravure du xviiie siècle et s’était inspiré des « petits-grands maîtres » de cette époque. Mais il n’était lui-même qu’un artiste du second ordre.

Il est connu du public pour une série de 175 eaux-fortes destinées aux Œuvres d’Horace, et pour une autre de 53 eaux-fortes pour les Dialogues d’Erasme. On estime 10 eaux-fortes érotiques pour illustrer la Guerre des Dieux. Quelques-uns de ses travaux restés inédits méritent d’être cités : Une Physiologie du Mariage, de Balzac ; Point de Lendemain, qui se trouvaient dans la bibliothèque de M. Pichon ; et la Sultane Rozréa, calligraphiée et ornée de 15 dessins obscènes. On lit à la fin de la Sultane Rozréa : « Les dessins inédits ont été composés et exécutés à la plume par J. Chauvet, Paris, oct. 1866. »

M. Henkey, dont ne parle pas Pisanus Fraxi, vivait à Paris, sous le second Empire, où il faisait la noce avec le Prince de Galles, Grammont Caderousse, etc. Il était si maigre et si contrefait que, pouvant à peine se soutenir, il marchait avec des béquilles. Il avait en tout 200 volumes tous triés sur le volet. Il demeurait sur le boulevard des Italiens. Sa bibliothèque érotique fut en partie cédée à l’amiable à M. Ashbee, riche commerçant de Londres, plus connu sous le pseudonyme de Pisanus Fraxi, duquel il signa ses trois célèbres ouvrages de bibliographie sotadique. La Bibliothèque érotique de M. Ashbee, mort il y a peu d’années, a été donnée au British Muséum, qui songea d’abord à refuser le don, mais l’accepta finalement, parce que M. Ashbee, ayant légué en même temps sa collection de toutes les éditions et traductions de Don Quichotte, avait mis comme condition à ce legs que le British Muséum conserverait aussi sa Bibliothèque érotique. Elle s’y trouve maintenant.

(Les renseignements touchant M. Henkey et M. Ashbee (Pisanus Fraxi) viennent de M. Hirsch, éditeur et libraire).


22. — L’Enfant du Bordel, Erzeroum, chez Qizmich-Aga, éditeur.

1 vol. in-18, broché, s. d., de 1 feuillet et vi-151 pages. Réimpression moderne (Bruxelles, Gay) avec une courte notice. Sur l’imprimé de Paris 1800, ou plutôt sur l’édition de Poulet-Malassis [Le Mans, s. d. in-12], qui reproduit le texte susdit.

Par Pigault-Lebrun.

Destruction ordonnée deux fois : 1o  par arrêt de la Cour d’assises de la Vienne, du 12 décembre 1838 ; — 2o  par Jugement du Tribunal correctionnel de la Seine, du 25 février 1876. Ce dernier arrêt doit viser la réimpression ci-dessus.

Voir, à 637, l’édition du Mans, s. d., et à 635-636, celle de Paris, 1800.


23. — Les Dévotions de Mme de Bethzamooth. La Retraite, les Tentations et les Confessions de la marquise de Montcornillon, par l’Abbé Th.-J. Duvernet. Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1880.

1 vol. in-8 de vii-83-66 pages et 1 f. table. Broché, couverture imprimée, catalogue au dos. Papier de Hollande, tiré à 500 ex. (no 45). L’ouvrage comprend deux réimpressions : 1o  Les dévotions de MMe  de Bethzamoth et les pieuses facéties de M. de Saint-Ognon MDC LXXX IX. 2o  La retraite, les tentations et les confessions de MMe  la marquise de Montcornillon. Histoire Morale dans laquelle on voit comment une jeune veuve devient malheureuse par les conseils de son confesseur et comment pour la délivrer de ses malheurs, un jeune colonel de Hussards se fit ermite et prophète, ouvrage posthume de feu M. de Saint-Leu colonel au service de Pologne. M. DCCXC.

Voir, à 319, l’édition de Turin. 1871.

Les Dévotions de Mme de Bethzamoth sont attribuées à l’abbé Théoph.-J. Duvernet, auteur de la Vie de Voltaire.


24. — Mémoires secrets d’un Tailleur pour Dames, par Une femme masquée, édition illustrée d’un frontispice à l’eau-forte et de vingt-sept figures à mi-page. Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1880.

1 vol. in-8 de ii-162 pages, broché, couv. impr., avec un frontispice en bistre sur Chine volant de Chauvet et 27 vignettes. Couverture imprimée, catalogue au dos. Tiré à 100 exempl. numérotés (no 17) sur papier de Hollande et 10 exempl. sur papier de Chine. Les vignettes en ovale, gravées sur bois, sont signées F. L.

Anecdotes gaillardes sur le second Empire.


25. — Nocrion Conte Allobroge. D’après l’édition originale de 1747, avec une préface et des notes de Jamet. Suivi du fabliau de Garin : Le chevalier qui faisoit parler les C… et les C.ls, avec un glossaire et une post-face par Albert de la Fizeliere. Nouvelle édition à laquelle se trouvent joints les Blasons supprimés dans le Recueil publié par Méon. — Bruxelles, Gay et Doucé, 1881.

1 vol. in-16 de xiii-94 pages et 1 f. de table ; broché, couverture imprimée, titre noir et rouge. Deux vignettes.

La post-face est signée : A. de la Fizelière, pour copie non conforme : P-L. Jacob, bibliophile.

Nocrion est généralement attribué au Comte de Caylus, mais une note de l’inspecteur de la librairie, D’Hémery, l’attribue à T.-J. Gueulette, et dans une note manuscrite, Jamet le Jeune affirme que cet ouvrage est dû à l’abbé F.-J.-R. de Bernis. La première édition est de 1747, in-12, de 3 ff. et 38 p. avec un frontispice d’Eisen signé : Eisen fecit. Seconde édition en 1748 avec le même frontispice en rouge. Réimprimé par Cazin sous le titre Nocrion ou l’origine des bijoux indiscrets (Londres, 1777 pet. in-12). Les éditions de Londres 1781 et Constantinople, 1789, pet. in-12, avec frontispice gravé, sont encore des réimpressions de Cazin. Le présent exemplaire, imprimé sur Whatman, est orné d’une mauvaise réduction partielle du frontispice d’Eisen. On peut comparer d’autant plus facilement la copie à l’original que la Bibliothèque possède un exquis exemplaire de Nocrion en édition princeps dans une reliure de maroquin rouge aux armes royale, il est catalogué y2-inv. 9243.


26. — Lettre Philosophique, par M. de V***, avec plusieurs pièces galantes et nouvelles, de différents auteurs. Nouvelle édition, revue et corrigée, à Berlin, aux dépens de la Compagnie. M. DCC. LXXIV.

1 vol. in-4o de 151 pages, broché, sans couv. impr.

Ce volume contient des pièces en prose et en vers, parmi lesquelles la Comtesse d’Olonne, la comédie satyrique de Grandval, attribuée à Bussy-Rabutin, et des Contes de Grécourt.

Le texte des quatre éditions n’est pas toujours le même, des pièces ayant été retranchées ou ajoutées. C’est pourquoi il sera bon de les voir toutes les quatre.

La Lettre Philosophique est de Voltaire.

Il existe à l’Enfer 3 autres exemplaires (573, 574 et 575) de cette même édition ; plus 3 exemplaires (576, 577, 578) de celle de Londres, 1776 ; 3 exemplaires (571, 572, 760) de celle de Berlin, 1760 ; et un exempl. (570) de l’édition de Paris, 1756 ; soit onze exemplaires de la Lettre Philosophique.


27. — Erotika Biblion, par Mirabeau, édition revue et corrigée sur l’édition originale de 1783 et sur l’édition de l’An IX, avec les notes de l’édition de 1883, attribuées au Chevalier Pierrugues, et un Avant-propos, par C. de Katrix. — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1881.

1 vol. in-8o de xxix-267 pages, plus 2 f. de tables, avec une eau-forte de Chauvet, un portrait gravé par Flameng sur la gravure de Copia d’après Sicardi et le fac-similé d’un autographe de Mirabeau. Tiré à 500 exemplaires sur Hollande (no 117.)

Voir aux cotes 389, 390, 391, 392 et 393, cinq exemplaires de l’édition originale ou plutôt des différents tirages de la première édition (Rome, 1793).

Les notes attribuées au Chevalier Pierrugues donnent à la réimpression de Gay beaucoup d’intérêt.

La première édition (Rome, 1793) fut poursuivie par la Cour royale de Paris (Chambre des mises en accusation), le 16 septembre 1796. La Cour, en renvoyant l’inculpé des poursuites, ordonna néanmoins la destruction de l’ouvrage (pas d’insertion au Moniteur).

L’édition la plus rare a paru sous le titre suivant : — Erotika Biblion, par Mirabeau. Nouvelle édition revue et corrigée sur un exemplaire de l’an IX et augmentée d’une préface et de notes pour l’intelligence du texte. Paris, chez les frères Girodet, 1833 (pet. in-8 de xii-271 p. avec une vignette polytypée sur le titre). — Cette édition est aujourd’hui introuvable. On avait attribué sa disparition à l’incendie de la rue du Pot-de-Fer (qui n’eut lieu qu’en décembre 1835), mais il est beaucoup plus probable que l’auteur des notes aura cédé ou détruit tous les exemplaires avant leur mise en vente.

Cependant Poulet-Malassis, ayant retrouvé un des exemplaires qui avaient échappé à cette destruction, en a fait une réimpression textuelle en 1867. L’année suivante, un second tirage de cette édition fut fait : c’est sans nul doute cette édition qui a été visée par le jugement du tribunal de Lille du 6 mai 1868 (inséré au Moniteur du 19 septembre suivant), ordonnant la destruction, pour outrages à la morale publique et religieuse, ainsi qu’aux bonnes mœurs, de l’Erotika Biblion… (Affaire contre Duquesne).

Le Chevalier de Pierrugues, auteur des Notes, est l’auteur du Glossarium linguæ latinæ (Paris, 1826), ouvrage mis en ordre par Eloi Johanneau, et dû en partie à la collaboration du baron de Schonen, auteur de la dissertation sur l’Alcibiade fanciullo a Scuola de Ferrante Pallavicini.

Il y avait, à Bordeaux, un ingénieur du nom de Pierrugues, cependant il n’est pas certain qu’il soit l’auteur des Notes, et il se pourrait que le nom véritable de celui-ci restât à dévoiler. Ajoutons que les définitions qui ont été adjointes aux notes de Mirabeau sont différentes et moins précises que celles du Glossarium.

Mirabeau écrivit son Erotika Biblion au Donjon de Vincennes, où il l’acheva en 1780. Le 21 octobre, il écrit à Sophie : « … Je comptais t’envoyer aujourd’hui, ma minette bonne, un nouveau manuscrit très singulier, qu’a fait ton infatigable ami, mais la copie que je destine au libraire de M. B… n’est pas finie ; et t’ôter à l’avenir l’original, ce serait l’interrompre pour longtemps[2]. Ce sera pour la prochaine fois. Il t’amusera : ce sont des sujets bien plaisants, traités avec un sérieux non moins grotesque, mais très décent. Croirais-tu que l’on pourrait faire dans la bible et l’antiquité des recherches sur l’onanisme, la tribaderie, etc., enfin sur les matières les plus scabreuses qu’aient traitées les casuistes, et rendre tout cela lisible même au collet le plus monté, et parsemé d’idées assez philosophiques ? »

Errotika était une faute d’impression qui persiste dans un certain nombre d’éditions de l’ouvrage.

Le manuscrit autographe de Mirabeau a appartenu à M. Solar et a été vendu 150 francs. Il était in-4o.

Le Chevalier de Pierrugues a écrit une préface à l’Erotika Biblion, qui est un excellent et curieux résumé de l’ouvrage, et que voici :

« Dans le chapitre par lequel il ouvre son écrit immortel, Mirabeau, avec cette finesse d’esprit et ce talent d’observation admirables, ridiculise le système absurde de tous les sectateurs qui, marchant sur les traces de Shackerley, prétendraient, comme le philosophe Maupertuis, soutenir que le phénomène étonnant, cette bande circulaire, solide et lumineuse qui entoure à une certaine distance le globe ou l’anneau de Saturne dans le plan de son équateur, que découvrit Galilée en 1610, était autrefois une mer ; que cette mer s’est endurcie et qu’elle est devenue terre ou roche ; qu’elle gravitait jadis vers deux centres et ne gravite plus aujourd’hui que vers un seul. Il sape ainsi par leur base les vaines théories des hommes sur les lois de la nature, qu’ils nous présentent comme d’incontestables vérités, et qui, dans le fond, ne sont que les extravagantes rêveries de leur cerveau.

« Passant ensuite au chapitre de l’Anélytroïde, après avoir résumé en peu de mots l’histoire merveilleuse de la création dont il attaque la physique avec cette justesse d’esprit qui lui est propre, il fait ressortir, en critique judicieux, toutes les absurdités fabuleuses de nos théologiens, qui prétendent tout expliquer, parce qu’ils raisonnent sur tout, et il démontre combien il est ridicule de soutenir, comme les casuistes de toutes les époques, que tous les moyens propres à faciliter la propagation de l’espèce humaine, n’ont en eux-mêmes rien que d’honnête et de décent dès qu’ils conduisent à cette destination.

L’Ischa nous étale avec pompe le chef-d’œuvre par lequel l’architecte de l’univers a clos son sublime ouvrage, cette âme de la reproduction, la femme, dont la faiblesse organique indique, il est bien vrai, combien elle est inférieure en puissance à l’homme, mais qu’une éducation virile et libérale au lieu d’une instruction nécessairement superficielle qu’on lui donne aujourd’hui, l’assimilerait davantage à la nature de l’homme, qu’elle égale en perfectionnement, et lui ferait participer avec une parfaite égalité de droits à la jouissance de la vie civile.

« Plus énergique, mais non moins éloquent, c’est dans la Tropoïde que le talent inimitable de Mirabeau prend un nouvel essor pour s’élever aux plus hautes pensées. Vivant dans un temps où la corruption d’une Cour offrait à la méditation du philosophe le tableau le plus saillant et le plus hideux d’une dissolution sans exemple, il porte le flambeau de l’investigation sur celle d’un peuple d’une autre époque beaucoup plus reculée de nous, et les comparant ensemble, il démontre avec une admirable vérité que l’espèce humaine, dont les facultés morales ont une connexion si intime avec ses facultés physiques, est susceptible d’une perfectibilité qui se développe par les lumières de l’observation et de l’expérience et qui s’augmente successivement avec les progrès de la civilisation. Il prouve que si des nuances plus ou moins caractéristiques distinguent si diversement tous les peuples de la terre, il faut l’attribuer à l’influence du sol qu’ils habitent et aux institutions politiques qui leur sont imposées, soit par des despotes qui les gouvernent d’après leurs vices et leurs vertus, soit par des conquérants qui les modèlent sur leurs propres mœurs et les climats qu’ils ont quittés.

« Le Thalaba nous fait voir l’homme dans toute la turpitude d’un vice infâme, lorsque, subjugué par son tempérament, il ne puise pas assez de forces dans son âme pour résister à un dérèglement qui, non seulement le dégrade à ses propres yeux, mais brise entre ses mains la coupe de la vie, si pleine d’avenir, avant de l’avoir épuisée.

« L’Anandrine sert de pendant au tableau honteux du Thalaba, et nous représente, dans la femme, l’épouvantable vice qu’il a critiqué dans l’homme.

« Il nous fait voir dans quel degré d’abjection peut tomber un sexe aimable si bien fait pour plaire, lorsqu’il a franchi les bornes de la pudeur[3].

« Après avoir établi d’une manière admirable que l’influence de la reproduction de notre espèce étend ses droits sur tous les hommes en général ; que la violence de l’amour sous un climat constamment brûlant n’est point la même que dans les pays septentrionaux, et que la nature procède à la reproduction par des moyens particuliers et propres à chacun.

« Mirabeau, par une transition heureusement amenée, critique, dans l’Akropodie, une des institutions les plus bizarres et les plus singulières que jamais tête d’homme ait enfantées, je veux dire la circoncision. En passant en revue les motifs qui l’ont pu établir chez les Orientaux, il démontre victorieusement qu’une observance religieuse quelconque, qui n’aurait pas pour base les lois de la morale et de la nature, ne peut servir qu’à tenir dans un avilissement perpétuel le peuple qui la pratiquerait.

« Le Kadesch confirme ces réflexions et prouve avec évidence que l’homme une fois livré à ses désirs immodérés, à ses seules passions, sans frein ni retenue, doit nécessairement s’avilir, au point de méconnaître entièrement les sentiments de la pudeur et de sa propre dignité. Et conduisant comme dans un cloaque d’impureté, il développe dans Béhémiah cette triste vérité que l’homme n’écoutant plus la raison dont il est partagé, poussera bientôt ses folies jusqu’aux plus nombreuses infamies, et ombragera la nature en faisant injure à la beauté sans craindre de se ravaler au-dessous de la brute même.

« Dans un chapitre de l’Anoscopie, Mirabeau nous expose au grand jour l’homme, depuis le berceau du monde, toujours le jouet de ces adroits charlatans qui, abusant sans pitié de sa crédulité, et établissant leur empire sur ses qualités surnaturelles qu’ils affectent mais ne possèdent pas, ont prétendu dévoiler les secrets de l’avenir et connaître ceux que le passé tient cachés dans son sein. Il en conclut que le peuple sera la dupe de ces jongleurs aussi longtemps que ses yeux seront couverts du bandeau de l’ignorance et de la superstition.

« Il couronne enfin son immortel ouvrage par la peinture énergique du tableau hideux des mœurs de toute l’antiquité, et, les mettant en parallèle avec les nôtres, il prouve combien la morale a fait de progrès immenses aujourd’hui, par la raison infiniment simple que la dépravation de l’homme est en raison du peu de développement de ses qualités intellectuelles, et que, plus il sera éclairé sur la dignité de son être et l’excellence de sa nature, moins il s’abandonnera à ses funestes passions qui finissent par enfanter le malheur et le mépris. »


28. — Les Dialogues de Luisa Sigea, ou Satire Sotadique de Nicolas Chorier, prétendue écrite en espagnol par Luisa Sigea, et traduite en latin par Jean Meursius. — Edition mixte franco-latine, Paris, Isidore Liseux, 1881.

4 vol. in-16, de xxxv-131, 200, 147, et vii-268, p. brochés, couv. impr. Le 4e volume contient, à la fin, une réimpression des feuilles 11 et 12 du tome III, destinées à remplacer ces feuilles dans certains exemplaires où elles ont été rognées trop près de la lettre. Frontispice gravé.

Traduction française d’Alcide Bonneau, avec le texte latin en regard.

Voir, à la cote 67 (Musée secret du Bibliophile), une autre édition de Liseux, et diverses éditions en français ou latin, aux nos 67, 108, 118, 143, 257, 258, 259, 260, 261, 262-263, 264, 265-266, 267-268, 269, 270, 271, 272-273, 274-275, 276, 277, 278, 279, 280-281, 282-283, 814-815-816.

Voici le très intéressant article que consacre à cet ouvrage M. Barbier, dans son Dictionnaire des Ouvrages Anonymes (Paris, 1872, tome I, page 49) :

« C’est ici la véritable place d’une lettre écrite le. 6 juin 1738, à M, Jamet le Cadet, par M. Lancelot, de l’Ac. des Inscr. et Bel. Lettres. Je la tire du 32e vol. des Observations de l’abbé Desfontaines sur les écrits modernes (p. 12 et suiv.) :

« « On ne peut rien vous refuser, Monsieur : je vous envoie les éclaircissements sur l’Aloysia que vous m’avez demandés. L’auteur de l’Aloysiæ Sigeæ satyra sotadica est Nicolas Chorier, avocat au parlement de Grenoble, le même qui a donné l’Histoire du Dauphiné, en 2 vol. in-fol., 1661 et 1672. Ce fut Nicolas, libraire de la même ville de Grenoble, qui donna la première édition, qui n’avait que six dialogues. La seconde fut faite à Genève. Il y a un septième dialogue de plus qu’à la précédente. Comme cette édition ne se fit point sous les yeux de Chorier, et qu’il fallut envoyer de Grenoble à Genève le manuscrit de cet auteur, qui écrivait très mal, elle est surchargée de fautes d’impressions. On attribue la traduction en français à l’avocat Nicolas, fils du libraire précédent. Le père et le fils sont morts dans un grand dérangement d’affaires. Chorier mourut aussi, peu de temps après, dans une grande vieillesse, en 1692, dans la même ville de Grenoble. Il a fait imprimer ses poésies latines. On y trouve les mêmes pièces de vers qu’il a insérées dans son Aloysia.

«« Ce que rapporte le Thomasius, et après lui ceux qui l’ont copié, n’est fondé que sur le rapport d’un ami qui avait vu un exemplaire de la Satyra Sotadica, sur lequel Beverland avait écrit que Jean Westrene était auteur de cet infâme ouvrage. Il n’y a pas beaucoup d’honneur à le revendiquer ; mais il est certain que Beverland s’est trompé, puisqu’il est de Nicolas Chorier. À qui en examinera la latinité, il sera facile d’y trouver une infinité de gallicismes, etc. Il y a plus, un séjour de six années à Grenoble m’a mis à portée d’être instruit parfaitement de ce fait. J’ai eu entre les mains un exemplaire de cet ouvrage sur lequel Chorier avait corrigé de sa main les fautes immenses que les imprimeurs de Genève y ont faites. Je connaissais parfaitement sa main, ayant travaillé assez longtemps à la Chambre des Comptes du Dauphiné. Cet original avait passé alors entre les mains de M. de la Roche, ancien conseiller du Parlement de cette province. Je le crois encore entre les mains de ses héritiers. Il n’y avait que dix ans que Chorier était mort, lorsque j’arrivai à Grenoble (1702). C’était un fait notoire dans toute la ville qu’il était l’auteur de cette satire, et que M. M. (du May), avocat général au Parlement de cette ville, avait fait les frais de ces éditions, Chorier n’étant pas en état de les faire par lui-même, Guy Allard, son contemporain, son ami et presque son semblable en genre d’études et de mœurs, me l’a dit et répété plus de cent fois. M. de la Roche m’a détaillé les particularités que je vous marque.

«« Enfin Chorier lui-même n’a pu se refuser la satisfaction d’avouer en quelque façon ce malheureux ouvrage. On trouve ordinairement deux pièces de vers qui y sont jointes. L’une est intitulée : In laudem eruditæ Virginis quæ contra turpia Satyram scripsit. L’autre est, autant que je puis m’en souvenir : Tuberonis genethliacon. Celui qui a fait ces vers est aussi l’auteur de l’Aloysiæ Sigiæ. Or Chorier a bien voulu reconnaître qu’il était l’auteur des deux petits poèmes ; il les a avoués pour son ouvrage, et les a insérés dans le recueil de ses poésies, imprimé à Grenoble. Je vous le montrerais si j’avais le bonheur d’être avec mes livres à Paris. Je m’étonne que cette découverte ait échappé au P. Niceron. Il y a plusieurs années que j’en dis un mot dans une de nos conversations d’académie : c’est un fait qui ne doit plus être ignoré dans notre France. »»

« Jamet le Jeune, à qui cette lettre est adressée, est mort le 30 août 1778. C’était un homme très instruit, qui avait l’habitude d’écrire sur les livres de sa bibliothèque des remarques historiques, grammaticales, littéraires et souvent satiriques ; ce qui les fait rechercher de certains curieux.

« Claudin, libraire de Paris très connu, possédait de lui un manuscrit en 2 gros vol. in-4, intitulé Stromates. (Il app. maint. à la B. N.)…

« Moller, dans ses notes sur le Polyhystor de Morhof, attribue aussi l’ouvrage de Chorier à Jean Westrène, jurisconsulte de La Haye. C’est en vain que le P. Nicéron (t. XXXVI, p. 25) présente cet individu comme un être imaginaire : c’était, suivant M. Van Thol, un homme savant et de très bonnes mœurs, tout à fait incapable de s’occuper de la composition d’un ouvrage de ce genre. Cette famille a produit beaucoup d’hommes de lettres.

« M. Ch. Nodier a dit plusieurs fois, dans le Journal des Débats, que Camille Desmoulins était auteur d’une traduction de l’ouvrage de Chorier. Peut-être a-t-il voulu parler de l’ouvrage intitulé : Nouvelle Traduction du Meursius, etc. C’est une nouvelle édition de la traduction imprimée en 1749 pour la première fois. L’auteur n’en est pas connu. »

Citons également la notice dont Alcide Bonneau a fait précéder sa traduction :

« La supercherie littéraire dont Chorier s’était avisé, pour se mettre à couvert, en attribuant ces Dialogues à Luisa Sigea de Tolède, dont le manuscrit perdu aurait été traduit en latin par le savant hollandais Meursius, n’a pas eu un succès de bien longue durée. L’opinion, un moment égarée, n’a pas tardé à faire justice de l’assertion facétieuse qui prêtait à la vertueuse fille d’honneur de Dona Maria de Portugal une si vaste érudition en matière erotique. On fut un peu plus longtemps à revenir sur le compte de Meursius et, en plein xviiie siècle, quelques critiques étrangers attribuaient encore l’Aloysia au laborieux érudit hollandais. On songea aussi à Isaac Vossius et à Jean Westrène, jurisconsulte de la Haye ; mais en France le jour était fait depuis longtemps sur cette question… »

Bonneau a encore donné, dans la Curiosité, IIIe et IVe série, une traduction des Mémoires de Chorier qui dit avoir composé dans sa jeunesse une satire Ménippée et une satire Sotadique. « La satire Ménippée est perdue, dit Bonneau, mais la Sotadique est évidemment celle qu’il a publiée sous le nom de Luisa Sigea. » Alcide Bonneau a eu sous les yeux la première édition : Aloisiæ Sigeæ Toletanæ Satyra sotadica de Arcarnis Amoris et veneris : Aloisia Hispanice scripsit ; latinitate Donavit Joannes Meursius. Il croit qu’elle fut imprimée à Lyon.

Les caractères typographiques sont les mêmes que ceux des Recherches du sieur Chorier sur les antiquités de la ville de Vienne… A Lyon et se vendent à Vienne, chez Claude Baudrand, 1658, pet. in-12.

Nicolas Chorier naquit à Vienne, dans le Dauphiné, en 1609. Il suivit les cours de droit de l’Université de Valence et fut reçu docteur en 1639. Il se fit alors inscrire sur le tableau de l’Ordre des avocats à la Cour des Aides de Vienne. Plus tard il fut nommé avocat de la ville de Grenoble. Nous n’énumérons pas tous les ouvrages historiques qu’écrivit Chorier et qui établirent le renom de son érudition. La satire d’Aloysia Sigea parut, pour la première fois, vers 1649 et Chorier mourut en 1692, à 83 ans, honoré de tous et comblé de charges et de dignités.

La satire était attribuée à une certaine Aloysia Sigea qui l’aurait écrite en espagnol.

Luisa Sigea, née à Tolède vers 1530, était fille de Jacques Sigée, français d’origine. Elle savait le grec, le latin, l’hébreu, le syriaque, l’arabe, le castillan, le français et l’italien. Elle fut appelée en Portugal, à peine âgée de treize ans, pour élever et instruire la sœur du roi Jean III, l’infante Marie, fille du feu roi don Manuel et d’Eléonore d’Autriche, sœur de Charles-Quint.

Après avoir séjourné treize ans à la Cour de Lisbonne, elle se retira à Torres Novas où elle épousa, en 1557, Francisco de Cuevas, pauvre gentilhomme de Burgos. C’est là qu’elle vit la reine de Hongrie, sœur de Charlcs-Quint. Elle habitait Valladolid et mit Luisa au nombre des dames de sa maison, tandis que Francisco de Cuevas devenait secrétaire des commandements de la reine qui mourut la même année, ne laissant à ses protégés qu’une pension très modique. Luisa mourut à trente ans, à Burgos ; elle était en correspondance avec les hommes les plus érudits de son temps et mérita d’être appelée la Minerve de son siècle. Le soi-disant traducteur latin de la Satire, Jean II Meursius, fils de Jean Ier, fut un érudit hollandais fort estimable. Ce célèbre antiquaire naquit à Leyde en 1623 et mourut en 1653.

D’après Desnoireterres, M. Rochas aurait eu entre les mains un exemplaire de la satire avec la clef des personnages. C’est ainsi que l’héroïne de l’aventure racontée au 7e Dialogue, et où paraît un jouvenceau nommé Robert, serait une demoiselle Anastasie Serment, jolie et spirituelle Dauphinoise. Lettrée, elle eut pour admirateurs : Corneille, Quinault, Maucroix, etc. Elle avait rapporté de Naples des goûts de tribade. Mais elle ne méprisait pas les hommes, et vint abriter à Paris une grossesse clandestine.

Ajoutons que la source de la Satire ce sont les Ragionamenti de l’Arétin et que Chorier a emprunté aux Sonnets luxurieux le nom de son Rangonius (Voir sur ce personnage une dissertation de M. Guillaume Apollinaire dans sa notice de L’Arétin, Paris, Mercure de France, 1912).

La Satire de Chorier est un chef-d’œuvre et l’on ne saurait trop louer, avec Forberg. « la finesse et la grâce des plaisanteries, les étincelles d’érudition latine jetant çà et là des feux éclatants, l’abondance et la facilité du discours où reluisent, comme des perles, des expressions, des pensées originales et brillantes, exhalant une bonne odeur d’archaïsme, enfin cet art suprême de varier merveilleusement un sujet limité[4]. »

Ajoutons encore que cette satire a pris son nom sotadique de Sotadès, de Maronée, qui fut surnommé le Cinédologue. Athénée dit (XIV, 4) : « On a donné le nom d’ionique au style licencieux de Sotadès et à tous les ouvrages de ce genre qui avaient paru avant les siens, ceux d’Alexandre d’Etolie, de Pyrète de Milet, d’Alexus et autres semblables. Ce Sotadès le Maronite fut même surnommé le Cinédologue, et il se distingua dans ce genre, comme disent à propos de l’ouvrage de Sotadès, Carystios de Pergame et le fils de Sotadès, Apollonios, qui écrivit un commentaire sur les poésies de son père. » Sotadès finit misérablement ; comme il s’était moqué du roi d’Égypte, Ptolémée Philadelphe, celui-ci le fit saisir et on l’enferma dans une cage de plomb, que l’on jeta à la mer.

Voir, pour les diverses éditions de cet ouvrage, tant latines que françaises, les nos 28, 67, 108, 118, 143, 257, 258, 259, 260, 261, 262-263, 264, 265-266, 267-268, 269-270, 271, 272-273, 274-275, 276, 277, 278, 279, 280-281, 282-283, 814, 815 et 816. Il y en a 29 exemplaires à l’Enfer.


29. — Le Panier aux Ordures, suivi de quelques chansons ejusdem farinæ. — Canton, W. Field et Tching-Kong. Librairie Brahmique et Bouddhique.

1 vol. in-8 de vi-148 pages, plus 3 ff. pour la Table. Papier de Hollande (en 1875). Vignette dans le titre (gravée sur bois) représentant une paysanne debout, relevant ses jupes en face d’un curé agenouillé.

Voici l’Avertissement de l’éditeur :

« Cet abominable recueil d’obscénités modernes intitulé : Panier aux Ordures, est conservé dans l’Enfer de la Bibliothèque Impériale, à Paris. Cet endroit est appelé l’Enfer, parce que tous les livres qui y sont contenus doivent être brûlés un jour ou l’autre. Déjà, sous la Restauration, un chapelain des Tuileries a brûlé les mauvais livres de la Bibliothèque de l’Arsenal. Malheureusement, il en est échappé quelques-uns, car il y avait, en ce moment-là, beaucoup de désordre dans cette bibliothèque ; mais on a remis la main dessus, et ils sont en prison en attendant un nouvel auto-da-fé.

« Ces petites satisfactions données à la morale publique désolent une singulière espèce de maniaques qui s’appellent bibliophiles. Lorsqu’un livre est devenu rarissime, ils font des folies pour se le procurer, ou du moins pour le voir et l’admirer. On ne peut malheureusement toujours pas résister à ces sortes de gens ; c’est ainsi que le Panier aux Ordures a été communiqué à un grand personnage étranger, qu’une copie en a été prise et qu’un petit nombre d’exemplaires autographiés en a été tiré. La Société pour la propagation des livres de l’Enfer s’en est procuré un exemplaire à prix d’or, elle y a joint quelques autres pièces du même genre, c’est-à-dire déplorables sous le point de vue de la morale, et assez mauvaises sous le rapport du style, mais également rares, et elle en a érigé la présente édition nouvelle, laquelle est tirée à très petit nombre, ce qui est la meilleure excuse qu’elle puisse donner de sa belle prouesse auprès du public et auprès des amateurs. »

Ce recueil de chansons et de poésies libres est composé de deux parties. La première, qui formerait le soi-disant recueil dont il est question dans l’Avertissement (inutile d’ajouter que cet Avertissement n’est qu’une amusante supercherie d’éditeur) et qui remplit 37 pages du volume, contient 22 pièces, signées pour la plupart : — 8 par Armand Gouffé ; 3 par Bruneau ; une par Moreau ; une par Antignac ; une par Brazier ; une par Rougemont et 7 anonymes.

La deuxième partie (108 pages), contient le Supplément. On y trouve 59 pièces, presque toutes anonymes, à l’exception des suivantes : — 3, signées Milord Arsouille ; 2, Paul Saunière ; 2, Henri Callo ; 1, Emile Ernery ; 1, Alexandre Flan ; 1, J., C. ; 1, A. ; 1, Em. D.-J. Ch ; 1, une ouvrière en culottes ; 1, ***, avec cette note : L’auteur a voulu garder l’onanisme. Enfin, une pièce porte la mention : Extraite du Chansonnier du Bordel, et une autre : Extraite de l’Anthologie Érotique. Un certain nombre des pièces anonymes avaient déjà paru dans d’autres recueils du même genre, en particulier dans le Parnasse Satyrique du XIXe siècle.

Pour donner une idée plus exacte du genre des pièces qui composent le Panier aux ordures, voici quelques titres de Chansons : — Quand on bande, on brave tout ; Mon Cu ! Chanson à boire et à manger ; La Bonne Pampine ; Le saut du Morpion ; La Noce merdeuse ; L’Enculeur sans reproche ; La peau de mes couilles ; Rien n’est sacré pour un bandeur, etc., etc.


30. — Le rut ou la pudeur éteinte, par Pierre-Corneille Blessebois. — Genève, chez Augustin Le Guillard.

1 vol. in-12 s. d. de xii-143 pages (Gay). Imprimé à cinq cents exemplaires sur Hollande (no 47).

Pierre-Corneille Blessebois, l’un des premiers en date des romanciers libertins, naquit, non à Alençon, mais à Verneuil ou dans les environs, vers 1646, d’une famille estimée. À peine sorti de l’adolescence, Blessebois s’abandonna à la fougue de ses passions, et ses désordres lui firent quitter sa famille et sa ville natale. Il enleva Marthe le Hayer de Sai (dont le nom se trouve, dans plusieurs de ses écrits, orthographié de Sçay), et se retira en Hollande, où il vécut de sa plume. Brouillé avec sa maîtresse, Blessebois tenta d’en obtenir de l’argent en la menaçant de la couvrir d’ordures dans ses romans, — ce qu’il fit. Il fut enfermé à plusieurs reprises, et l’on trouvera aux Archives nationales les pièces relatives à ses procès. Il mourut vers 1696, après avoir été aux Antilles, où il fit imprimer le Zombi du Grand Pérou, qui est le premier roman colonial français.

Mme  Marc de Montifaud s’est intéressée à la plupart des romans de Corneille Blessebois, et lui a consacré, dans les rééditions, des notices critiques et biographiques, peu documentées, il est vrai, quant à ces dernières. Charles Nodier s’en est également occupé (Cf. Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, p. 366).

Le chevalier de la Morlière rappelle un peu l’aventurier que fut Corneille Blessebois. Ajoutons que ce piètre écrivain se montra parfois supérieur à la mauvaise réputation qu’il a laissée. Mirabeau le rappelle parfois.


31. — Le Joujou des demoiselles, Larnaca, chez Giov. della Rosa.

1 vol. in-8 de 71 pages, broché, couverture imprimée, titre en rouge et noir, papier de Hollande. Frontispice libre, sur chine, de Félicien Rops.

Voir, aux cotes 683 et 922, deux exemplaires de l’Édition originale, et à la cote 684, un exemplaire d’une mauvaise réimpression moderne.

Contes en vers attribués à l’abbé Jouffreau de Lazarie.

Le Joujou des Messieurs forme le pendant à ce volume. Un exemplaire est classé dans les Collections de la Bibliothèque de l’Arsenal, à la Réserve spéciale.


32. — La Messe de Gnide, suivie du Sermon prêché à Gnide, de la Prière à Céline, et de la Veillée de Vénus. — Bruxelles, chez Gay et Doucé, éditeurs, 1881.

1 vol. petit in-4o de 2 ff. limin. et ii-88 pages, plus 1 f. table et 1 f. blanc. Couverture imprimée en deux couleurs (noire et rouge), texte en deux couleurs (sanguine et violet). Frontispice de Félicien Rops. Imprimé à 500 ex. (no 72 sur Hollande).

Voir à la dernière page de couverture, un Catalogue d’Originalités Bibliographiques.

Attribué à Griffet de la Beaume.

Une jolie édition est celle : A Paris, chez les marchands de Nouveautés, l’an deuxième de la République Française une et indivisible, in-12.


33. — La Fleur lascive orientale. Contes libres inédits traduits du Mongol, de l’Arabe, du Japonais, de l’Indien, du Chinois, du Persan, du Malay, du Tamoul, etc. — Oxford, imprimé par les presses de la Bibliomaniac Society exclusivement pour les membres, 1882.

1 vol. in-16 de iii-190 pages. Imprimé à 500 exemplaires. Le frontispice de Félicien Rops manque. Catalogue sur la dernière page de couverture (Poulet-Malassis).


34. — Trois petits poèmes érotiques, c’est à savoir : La Foutriade, la Masturbomanie, et la Foutromanie. A Bâle, imprimé exclusivement pour les membres de la Société des Bibliophiles « Les Amis des lettres et des arts galants ».

1 volume in-8o, 4 ff. liminaires, 142 pages et 1 f. de table (Genève, Gay (?)). Avec trois gravures libres dans le genre antique tirées en sanguine sur chine volant.

Voir, à 750, un exemplaire de la Foutriade ; à 702, un exempl. de la Masturbomanie avec gravures ; et à 541, 542, 543, 544, 545, 546, 548 et 823, diverses éditions de la Foutromanie, ainsi que les notices relatives à ces ouvrages.


35. — Il Libro Decreto [sic] dei Preti. Trattato di Castita del reverendo Don Renato Louvel, Superiore del seminario di Séez e vicario générale del vescovo di Evreux. — Milano. Editori, C. Bignami e Cie, Editori, Corso Venezia, num. 5. — 1880.

1 vol. in-16 de 64 pages, broché, couverture imprimée, avec Catalogue à la dernière page de couverture. La couverture porte bien : Il libro secreto sans la faute d’impression du titre.

Traduction italienne du Manuel des Confesseurs.


36. — Le Diable dupé par les Femmesnouvelle critique et galante par le sieur F.-N, Henry, sur l’imprimé de Paris, chez la veuve Dubreuil, quai de la Tournelle, à l’Image Saint-Georges, 1714. — Bruxelles, Gay et Doucé éditeurs, 1881.

1 vol. in-16 de 49 pages. Couverture imprimée. En trois couleurs (rouge, noir et vert) comme le texte. Catalogue au dos. Frontispice de Félicien Rops. Tirage à 500 exemp. sur Hollande (no 12.)


37. — Vingt ans de la vie d’une jolie femme, ou Mémoires de Julia R… — A Vito-Cono-culo-clytoropolis, chez Bandefort, imprimeur-libraire, rue de la Couille, au Fouteur Libéral, 1789.

1 vol, in-16 de 85 pages, broché (Gay), sans couv. impr. (Vers 1840. La date de 1789 est fausse).

Note imprimée sur la page de garde :

« Ce livre, réimprimé pour les membres de la Société des Amis des lettres et des Arts galants, de Bâle, parut pour la première fois, en 1830, sous l’antidate de 1789, puis à Bruxelles, en 1854, et en 1864, sous la date de 1790. »

Ouvrage licencieux, condamné à la destruction en même temps que Vingt ans de la vie d’un Jeune Homme (voir 46), pour outrages aux bonnes mœurs et à la morale publique : 1o  par arrêt de la Cour d’assises de la Seine, en date du 9 août 1842 (Aff. contre Regnier-Becker, Moniteur du 15 déc, 1843) ;

2o  Par jugement du Trib. correct. de la Seine, en date du 13 mars 1852 (Aff. Langlois).

Ces écrits ont encore été visés dans les sentences rendues contre Chapelle et Lefebvre, les 10 février et 30 mars 1852.


38. — La Morale des sens, ou l’Homme du siècle, extrait des mémoires de M. le Chevalier de Barville, rédigés par M. M… D. M. — Nouvelle édition augmentée d’une notice bibliographique par M. P. L. (bibliophile Jacob). — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1882.

1 vol. in-16 de xvi-258 pages et 1 f. avec marque de l’imprimeur. Broché, couverture imprimée. Imprimé à cinq cents exemplaires (no 42). Frontispice sur chine, signé Chauvet. Catalogue au dos.

Les initiales M. M… D. M… désignent le marquis de Mirabeau, attribution gratuite, si l’on en croit Barbier. Roman à peine léger.


39. — De Sodomia Tractatus, in quo exponitur doctrina nova de Sodomia Fæminarum a Tribadismo distincta ; auctore, R. P. Sinistrari De Ameno, Ordinis Minorum Observantiæ Reformatorum Parisiis, Apud Isidorum Liseux, rue Bonaparte, n° 2. — 1879.

1 vol. de xii-89 pages. Broché. Couverture imprimée en rouge et noir. Texte latin et courte préface en français signée Isidore Liseux, et datée du 1er décembre 1879.

Voir à 97 une traduction française.


40. — Les Nuits d’épreuve des villageoises allemandes avant le mariage. Dissertation sur un usage singulier ; traduite de l’allemand et accompagnée de notes et d’une postface par un Bibliophile. Seconde édition, revue et augmentée, — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1877.

1 vol. in-16 de 86 pages. Broché, couv. impr. Frontispice à l’eau-forte de Mabboux en deux états, noir et rouge. Imprimé à 500 exemplaires numérotés, sur hollande (no 88). Titre rouge et noir, texte encadré d’un filet rouge.


41. — [Numéro supprimé].

Marc de Montifaud, Entre messe et vêpres. Replacé dans le service.


42. — Théodore Hannon, Rimes de Joie. Avec une Préface de J.-K. Huysmans, un frontispice et trois gravures à l’eau-forte de Félicien Rops. — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1881.

1 vol. in-8 broché de xiv-208 pages et 2 f. table. Titre rouge et noir. Couverture imprimée. Exemplaire sur hollande, avec frontispice et trois gravures à l’eau-forte (non libres) de Félicien Rops. Imprimé à 480 exemplaires sur papier de Hollande et 50 exemplaires numérotés sur papier de Chine.

Contient 35 poésies.

Cette édition des Rimes de Joie est précédée d’une préface de J. K. Huysmans, qui est un curieux morceau de polémique où s’exhale la haine du signataire pour les romantiques et les parnassiens.

Parmi tous les poètes de ces deux écoles, seuls, Soulary, Sully-Prudhomme et Coppée trouvent grâce devant Huysmans ! Après un éreintement en règle de Banville et de Richepin, il termine en célébrant en Hannon, Baudelaire et Glatigny, « les poètes du naturalisme ».


43. — Chansons badines de Collé. Nouvelle édition revue et corrigée. — Utrecht, chez Jean Pleckt, éditeur.

1 vol. in-8 de viii-264 pages, s. d., broché, couverture imprimée, catalogue au dos. Tiré à 500 exemplaires sur papier vergé de Hollande (no 70). Frontispice de Félicien Rops. (Édition de Gay).


44. — Contes à rire d’un nouveau genre et des plus amusants, par Le citoyen Collier, Commandant des croisades du Bas-Rhin. Nouvelle édition augmentée d’une notice bibliographique par le Chevalier de Katrix et d’un frontispice gravé à l’eau-forte. — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1881.

1 vol. in-16 de xi-214 pages et 1 f. blanc ; broché, couverture imprimée, avec Catalogue au dos, imprimé à 500 exemplaires numérotés sur hollande (no 52), avec un frontispice (non libre) de Chauvet, titre en bistre sur chine volant.

Voir, cote 345, Contes et Poésies du C. Collier, Saverne, 1791.

Le C. Collier est une allusion au Cardinal de Rohan et à la fameuse Affaire du Collier.

Si l’on en croit Quérard, l’auteur de ces contes serait un certain Jacquemart, né à Sedan en 1725, et mort en 1799, à l’hôpital de la Charité. Il s’était établi libraire à Paris. « Quoi qu’il en soit, écrit M. Ad. Van Bever, dans ses Contes et conteurs gaillards du xviiie siècle (Paris, Daragon, 1906), c’est un livre qu’on ne saurait passer sous silence et qui mérite la réputation qu’il s’est acquise près des bibliophiles. »


45. — Amélie de Saint-Far ou La Fatale erreur, par Madame de C***, auteur de Julie, ou J’ai sauvé ma rose. Pour me lire, cachez-vous bien. Premier [Deuxième] volume. — Bruxelles, Gay et Doucé, libraires-éditeurs, 1882.

Réédition. 2 tomes en 1 vol. in-12 de iv-139 et 142 pages, avec deux frontispices, sur chine volant, de Chauvet.

Ce roman libertin est de la comtesse de Choiseul-Meuse. Quérard raconte qu’on a prétendu aussi que Rougemont y avait pris part. Il a été attribué ainsi que Julie, ou j’ai sauvé ma rose (voir cotes 63, 339 et 340-341) à une Mme Guyot qui n’a peut-être jamais existé.


46. — Vingt ans de la vie d’un jeune homme.

Dans le con gît toute la joie,
Le con met tous les vits en rut ;
Le con du bonheur est la voie,
Et hors du con, point de salut.

A Vito-Cono-Culo-Clytoropolis, chez Bandefort, imprimeur-libraire, rue de la Couille, au Fouteur Libéral, 1789.

1 vol. in-18 de 83 p. broché, sans couv. imprimée, Bâle, vers 1870. Publié pour la première fois en 1830, sous l’antidate de 1789. Ex. sur Hollande, Voir cote 37, Vingt ans de la vie d’une jolie femme.


47. — Vénus en rut, ou Vie d’une célèbre libertine. (C’est Vénus toute entière à sa proie attachée : Phèdre de Racine). Tome premier [second]. Sur l’imprimé de Bruxelles, chez Hercule Tapefort, imprimeur des Dames, 1771, — A Interlaken, chez William Tell, l’an 999 de l’indépendance suisse.

Réédition. 2 tomes en 1 volume numéroté à la suite, 199 pp. Papier de Hollande.


48. — Les Nonnes galantes, ou l’Amour embéguiné, par le Marquis d’Argens, — Sur l’imprimé à la Haye, chez Jean Van Es, M. D, CC. XI, Bruxelles. — Gay et Doucé, libraires-éditeurs, 1882.

1 vol. in-16 de 231 pages, couverture imprimée, avec Catalogue au dos, titre rouge et noir. Frontispice de Chauvet sur chine volant. Tiré à 500 ex. (no 87).


49. — Etrennes aux fouteurs ou Calendrier des trois sexes. — A Sodome et à Cythère, et se trouvent, plus qu’ailleurs, dans la poche de ceux qui le condamnent.

1 vol. in-16 de 95 pages, s. d. sur papier de Hollande (Gay), avec un frontispice et 3 gravures libres sur chine (reproduction de celles de l’édition de 1793). Voir 640.

On lit au verso du faux-titre :

« Cette réimpression a été faite exclusivement pour les membres de la Société des Bibliophiles Aphrodiphiles de Bâle, cette présente année, l’an de Notre-Seigneur. On sait que les Étrennes aux Fouteurs parurent, pour la première fois, en 1790, puis en 1792, enfin en 1793. Ce livre, très critique, est, au fond, un violent pamphlet dirigé contre la reine Marie-Antoinette et d’autres personnages de l’époque.

Giovanne della Rosa. »

Cette affirmation est inexacte. À part la première pièce de vers, qui n’est qu’une Préface et qui met en effet en scène Marie-Antoinette, l’Étranger et le Tiers-État, plus une chanson intitulée : Réponse anti-constitutionnelle de l’abbé M… (Maury), aucune autre pièce n’a de caractère politique. Ce sont des chansons et des contes dont l’inceste fournit presque toute la matière. Une partie des pièces publiées dans les Épices de Vénus, de Nogaret, viennent ensuite, puis le volume se termine par une espèce de catéchisme érotique intitulé : La Doctrine Amoureuse.

Voir, à la cote 640, où se trouve un exemplaire de l’édition de 1793, le sommaire de cet ouvrage.


50. — Les Sonnettes, ou Mémoires de Monsieur le Marquis D’***, auxquels on a joint l’Histoire d’une Comédienne qui a quitté le spectacle. Sur l’imprimé à Londres, M. D. CC. LXXXI. — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1882.

Trois parties en 1 vol. in-16 de 142 pages (2 parties pour Les Sonnettes et une pour l’Histoire d’une Comédienne). Broché, titre rouge et noir, couverture imprimée avec Catalogue au dos. Imprimé à 500 exemplaires sur hollande (no 98). Trois frontispices sur chine volant (non libres), signés Chauvet.

Le marquis D’*** signifie le marquis d’Argens.

Par J. B, Guiard de Servigné. L’Éd. originale est de 1751.


51. — Catéchisme Libertin, à l’usage des filles de joie et des jeunes demoiselles qui se décident à embrasser cette profession, par Mlle  Theroigne.

Théroigne au district, aussi bien qu’au bordel.
De ses talents divers a fait l’expérience ;
Par sa langue et son con précieuse à la France,
Son nom va devenir à jamais immortel.

Sur la copie imprimée, à Paris, aux dépens de la veuve Gourdan, 1792.

1 vol. in-8 de 74 pages et 1 f. (Réimpression de Gay). Broché, sans couv. imp., sur papier vergé. Ouvrage cité au Catalogue Wittersheim, p. 14.

De la page 42 à la page 58, des « Poésies libres » et, à la fin (p. 61 à 74), l’Inventaire des livres du boudoir de très amoureuse dame Cypris, catalogue des éditions clandestines de Gay.


52, — Les Cousines de la Colonelle, par Madame la Vicomtesse de Cœur-Brulant. — Lisbonne, chez Antonio da Boa-Vista.

1 vol. in-12 s. d. (1880) de 171 pages, broché, couverture imprimée, avec Catalogue au dos. Imprimé à 500 exemplaires sur papier vergé anglais (no 386). — Frontispice de Félicien Rops, Acquisition, no 85, 595.

Voir, à la cote 798-799, une édition postérieure, augmentée d’un second volume.

Le volume qui nous occupe est la première édition. Un second volume rajouté aux autres éditions fut écrit plus tard. On a parfois attribué se roman à Guy de Maupassant, mais il s’en défendit. Des gens renseignés affirmèrent que l’auteur du second volume était une femme du monde. C’est un ouvrage intéressant où il y a d’excellents morceaux, surtout dans le premier volume.

Nous avons appris que cet ouvrage aurait été écrit, vers 1885, par une dame habitant Bruxelles, où elle se faisait appeler de Quérouen de Boussiron. D’après un autre renseignement, cette dame se serait appelée la comtesse de Mauriac de Boissiron, veuve d’un capitaine de la marine française ; elle avait environ 40 ans, vers 1882. C’était une ancienne amie de George Sand. Elle aurait apporté tout d’abord à Brancart Le roman de Violette, dont Gay n’avait pas voulu. Elle se présenta, dit-on, à Brancart munie d’une recommandation de Théodore Hannon. Elle écrivit ensuite le 1er vol. des Cousines de la colonelle, puis le second qui fut amplifié par l’éditeur ; Une nuit orageuse ; la Vertu de Mme Gilles.


53. — Lyndamine, ou L’optimisme des pays chauds. Première parlie. Sur l’imprimé de Londres, 1794. — Larnaka, chez Giovane della Rosa.

Papier de Hollande, 2 parties en 1 vol. in-16 de ii-272 pages (Gay, 1875).

Un avis de l’éditeur dit qu’une traduction allemande de cet ouvrage fut retraduite en français et parut en 1863 sous le titre Lucrèce, ou l’Optimisme des Pays-Bas, mais qu’elle ne peut être comparée à l’original.

Le volume se termine par des Contes libres assez intéressants, intitulés : Contes Moraux, mis en vers par l’auteur de l’Optimisme des pays chauds, pour servir à l’histoire de sa belle vie.


54. — Ma tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, par Dorvigny. Tome premier [deuxième, troisième, quatrième]. Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1882.

4 tomes en 2 volumes, de ix-248, 215, pp. broché, couv. impr. avec 2 frontispices (non libres), sur Chine volant signés Chauvet, Papier de Hollande. La couverture porte en plus… Nouvelle édition, revue et augmentée d’une notice par P. Lacroix, bibliophile Jacob.

Voir 1 exemplaire de l’édition de Paris, 1800, en 4 volumes, 314 à 317.


55. — Les Lauriers Ecclésiastiques, ou Campagnes de l’Abbé T***, par le Chevalier de la Morlière. Sur l’imprimé à Luxuriopolis, M. D. CC. LXXVII. — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1882.

1 vol. in-12, papier de Hollande. Tiré à 500 ex. (no 296) avec un frontispice sur chine volant, de Chauvet.

Voir, à 65, 368 et 369, trois exempl. de l’édition de 1748. Voir aussi 371.

Ce pamphlet fut attribué à tort à l’abbé Terrasson. Il est du chevalier de la Morlière, qui l’avait dirigé contre l’abbé Terray, dont il prétendait dévoiler la jeunesse amoureuse.

Les Lauriers Ecclésiastiques, imprimés chez le sieur Robustel, furent saisis sur un colporteur à qui les vendait Lacombe de Lafage, sorte de dévoyé, fils naturel d’un gentilhomme, et laquais de la Morlière. Incarcéré au Fort-Levêque, Lacombe ne dut d’en sortir bientôt qu’à l’intercession de son père et à la dénonciation du coupable. Cette aventure, qui fit reléguer le chevalier à Rouen, a été relatée, pour la première fois, par M. Paul d’Estrées, dans une excellente étude sur la Morlière (Revue Hebdomadaire, 21 sept. 1901).

MM. Octave Uzanne et Van Bever ont raconté la vie du célèbre auteur d’Angola, le premier en tête des Contes du chevalier de la Morlière, etc., Paris, Quantin, 1879 ; le second, dans les Contes et Facéties galantes du XVIIIe siècle, 2e série, Paris, Michaud, 1911. Enfin, Charles Monselet (Les originaux du siècle dernier, Les oubliés et les dédaignés, Paris, Michel Lévy, 1864), a consacré au chevalier de la Morlière une nouvelle romanesque, qui est peut-être un chef-d’œuvre.

La destruction de cet ouvrage a été ordonnée par un jugement du Tribunal correctionnel de la Seine, le 12 mai 1865. L’arrêt visait une réimpression de Poulet-Malassis, qui ne se trouve pas à l’Enfer.


56. — [Numéro supprimé].

Nouvelles de Batacchi. — Replacé sous la cote Réserve y2 — 1360. — Il s’agit de la 2e série des Nouvelles, la seule qui ait jamais été mise à l’Enfer. La 1re série se trouve toujours sous la cote Réserve y2 1359, d’où elle n’a jamais bougé.


57. — Mémoires de Suzon, sœur du portier des Chartreux, suivis de l’Histoire de Marguerite, fille de Suzon. Dédiée à raimable Miss… très connue. — Philadelphie, chez W. Jackson et Cie imprimeur no 3 de la 4e rue de la 2e avenue.

Papier de Hollande, in-8o, s. d. de xxxvii-672, p. broché, sans couv. impr.

Voir, à 703, l’édition de Londres, 1778, et sous les no  704, 705, 706 et 707, quatre exemplaires de l’édition A J’enconne (s. d.).


58. — Jean Richepin. La chanson des Gueux, Pièces supprimées. — Bruxelles, chez Henry Kistemaeckers, éditeur, 25, rue Royale, 25. — 1881.

1 plaquette in-12 de 23 pages. Sur fort papier teinté, broché, couv. impr.

Sommaire. — Avertissement (signé Jean Richepin). — Idylle de Pauvres. — Fils de fille. — Voyou. — Frère, il faut vivre. — Ballade de Joyeuse vie.

La première édition de la Chanson des Gueux parut en mai 1876, à la Librairie Illustrée (G. Decaux), et fut imprimée chez Debons. C’est un volume in-12 de 248 pages. Il a été saisi, le 24 juin 1876, chez différents libraires, comme contenant des outrages à la morale publique et aux bonnes mœurs. Bien qu’il eût été mis en vente depuis un mois à peine, il était déjà presque épuisé ; on n’en trouva que 118 ex. Une seconde édition, ou plutôt un second tirage à 1.000 ex. a été saisi tout entier, en feuilles, chez le brocheur.

Les passages incriminés se trouvent dans les pièces suivantes : Idylle de pauvres (p. 52 à 54) ; Fils de fille (p. 128-129) ; Voyou (p. 132) ; Ivres-morts (p. 155-157) ; Frère, il faut vivre (p. 160) ; Sonnet bigorne (p. 162) ; Ballade de Joyeuse vie (p. 171) ; Fleurs de boisson (p. 173).

(Comme on voit, Kistemaeckers n’a pas publié toutes les pièces condamnées dans sa plaquette. Ivres-morts, Sonnet bigorne et Fleurs de boisson manquent).

Dans son audience du 15 juillet 1876, le Trib. de police correct. de la Seine (9e Ch.) condamna les trois prévenus défaillants, savoir : Richepin, à un mois d’emprisonnement et 500 francs d’amende ; Debons et Decaux, chacun à 500 francs d’amende et tous trois solidairement aux frais.

Tous trois ayant formé opposition, l’affaire revint, le 27 août suivant, devant ce Trib., qui maintient le premier jugement, malgré les déclarations de M. Richepin, lequel affirma que « s’il s’était laissé entraîner à la suite de notre vieux poète Villon, il n’avait eu cependant aucune intention outrageante à l’endroit de la morale et des mœurs. »

Enfin M. le Procureur de la République ayant interjeté appel a minima la Cour de Paris (Ch. des appels correctionnels), par arrêt du 10 nov. 1876, a confirmé les sentences des premiers juges en y ajoutant la suppression et la destruction du livre incriminé.

Il va sans dire que les exemplaires de la Chanson des gueux que l’on trouve dans le commerce avec les mentions : Deuxième ou Troisième édition, sont des exemplaires expurgés des pièces qui ont motivé la condamnation.


59. — La belle sans chemise, ou Eve ressuscitée ; nouvelle édition, augmentée d’une notice. — Bruxelles, chez Gay et Doucé, 1882.

1 vol. in-12 de 78 pages, avec un frontispice sur Chine volant de Chauvet. Tiré à 200 ex. sur Hollande (no 23).

Réimpression d’un ouvrage de la fin du xviie siècle, qui eut, par la suite, plusieurs éditions au cours du xviiie, et fut traduit en allemand. Sous la Restauration, une édition fut poursuivie, mais le procès ne dut pas avoir lieu, car on ne trouve à ce sujet aucune décision judiciaire au Moniteur.


60. — Sainte Nitouche, ou Histoire galante de la Tourière des Carmélites, suivie de l’Histoire de la Duchapt, célèbre marchande de Modes, publiée pour la première fois au grand complet sur le manuscrit autographe de l’auteur, pour servir de pendant au Portier des Chartreux. — Londres, 1830.

1 vol. in-18 sur Hollande, vii-79 p. broché, sans couv. Édition publiée exclusivement pour les Bibliophiles Aphrodiphiles et non autres. (Réimpression de Bruxelles, vers 1880). Par Meusnier de Querlon. Manquent les 4 figures sur Chine monté.

Voir à 384 un exemplaire de la véritable édition, de Londres, 1830, et à 385, une traduction italienne de cet ouvrage.

Ouvrage dont la destruction a été ordonnée pour outrages aux bonnes mœurs ainsi qu’à la morale publique et religieuse, par arrêt de la Cour d’assises de la Seine, en date du 9 août 1842, condamnant Régnier-Becker à six mois de prison et 200 francs d’amende (Moniteur du 15 déc. 1843).

Cet ouvrage avait d’abord paru sous le titre : Histoire de la Tourière des Carmélites. Il n’y a à l’Enfer aucun exemplaire de cette édition originale.


61. — La Sphère de la Lune composée de la tête de la femme, par Mlle  de B***. Nouvelle édition, augmentée d’un avant-propos. — Bruxelles, Gay et Doucé, libraires-éditeurs, 1881.

1 vol. in-16 xx et 77 pp. broché, couv. impr., tiré sur Hollande, à 500 ex., en deux couleurs, rose et tabac, avec un frontispice à l’eau-forte de Rops.

On n’a jamais pu connaître l’auteur de cette fantaisie.


62. — La Rhétorique des Putains, ou La Fameuse Maquerelle, ouvrage imité de l’italien. Tome Premier [Deuxième]. — Sur la copie imprimée à Rome, aux dépens du Saint-Père, 1794.

2 tomes en 1 volume, in-8o de 124 et 111 pp, cartonné, sans couv. impr., imprimé exclusivement pour les membres de la Société royale des Bibliophiles de Venise, au Palais-Ducal. Réimpression moderne à 50 exemplaires sur Hollande vers 1880 (Bruxelles), avec 8 figures libres sur chine, d’après celles de l’édition originale.

Extrait de l’Avant-Propos :

« Les 8 figures qui ornent l’édition de 1794, et que nous reproduisons dans la nôtre, n’ont aucun rapport avec l’ouvrage ; mais leur grande originalité nous a déterminé à les reproduire exactement. Elles appartiennent à un autre livre, non moins libre, et dont on ne connaît qu’un seul exemplaire, lequel fut mis en vente, il y a quelques, années, au prix de 1.500 francs. Il a pour titre l’Arétin de la Révolution.

Voir à 472, 473 et 474, trois éditions différentes de la Retorica delle Puttane, dont cet ouvrage n’est pas une traduction, mais une adaptation.


Ce dialogue licencieux où figurent trois interlocutrices : «  Angélique, Marguerite et Marthe », a été poursuivi pour outrages à la morale publique et aux bonnes mœurs, mais la décision judiciaire ne se trouve point au Moniteur.


63. — Julie ou J’ai sauvé ma rose, par Mme  de C***, (Choiseul-Meuse). Publié par P.-L. Jacob., Bibliophile. — Bruxelles, Gay et Doucé, 1882.

2 vol. in-16, de xi-169 et 288 pp, sur Hollande avec 2 figures (non libres) de Chauvet. sur Chine volant.

Citons la Notice de l’édition Gay et Doucé de Julie (1882) ; elle semble décider qu’il faut bien attribuer ce roman à Mme  de Choiseul-Meuse.

« Il est vraiment à regretter que ce roman de femme, si fin, si délicat, si ingénieux, si instructif pour les hommes, soit gâté par quelques traits d’indécence et de libertinage, surtout vers la fin, qui n’aboutit pourtant pas à un dénouement prévu, espéré et décisif : il mériterait alors d’être cité et classé parmi les œuvres les plus remarquables de la littérature féminine. C’est, en effet, un ouvrage charmant, écrit du meilleur style, à part quelques exagérations de langage qui se ressentent de l’époque où il a été composé. L’auteur a fait, sans s’en douter, une étude morale sur ce qu’on nomme la flirtation en Angleterre, et sur les préludes voluptueux de l’amour, que nos pères, les bons Gaulois, avaient compris dans cette expression aujourd’hui presque inintelligible, bien qu’on la rencontre souvent chez les anciens auteurs français : la Petite Oie.

« L’auteur de Julie ou J’ai sauvé ma rose eût été bien étonné et sans doute fort scandalisé du rapprochement, si quelqu’un de ses contemporains lui avait dit tout crûment : Vous avez fait, Madame, une description variée de la Petite Oie, en 2 volumes. Personne, en 1870, n’aurait imaginé que des héros de romans pussent s’amuser et amuser leurs lecteurs ou leurs lectrices, avec cette Petite Oie, qui ne figure pas dans l’Histoire naturelle de Buffon.

« Ce joli roman eut pourtant un grand succès, à cause de son titre allégorique, qui n’avait rien d’incompréhensible pour les plus innocents : Julie ou J’ai sauvé ma rose. Tous les poètes du xviiie siècle avaient consacré d’innombrables vers à cette rose emblématique, qui avait été célébrée, dès le xive siècle, dans le fameux Roman de la Rose, par Guillaume de Lorris et Jean de Meung. L’édition du roman de 1807 fut donc promptement épuisée, et les exemplaires que les cabinets de lecture s’étaient partagés à l’envi, ne tardèrent pas à être bien fatigués et très maltraités en passant de mains en mains, quoique l’auteur eût mis cette épigraphe de précaution, en tête de son livre : La mère en défendra la lecture à sa fille.

« Cet auteur n’a pas toujours gardé le voile de l’anonyme, sous lequel il s’était caché en publiant son premier livre et quelques autres du même genre. Le voile est devenu d’ailleurs de plus en plus transparent, à mesure que l’auteur, encouragé par ses succès, faisait paraître, chaque année, chez le même libraire, un ou deux romans galants, qu’on qualifia depuis de licencieux et d’obscènes. Ces romans-là étaient faits dans le goût du temps, qui se permettait beaucoup de choses qu’on a blâmées, qu’on a condamnées depuis. Ce n’était plus le Directoire, l’ère de la liberté des mœurs, cette liberté qui ne connaissait ni borne ? ni obstacles et qui ne rougissait pas de devenir la licence : c’était la belle époque de l’Empire, pendant laquelle les passions les plus folles et les plus hardies ne craignaient ni censure, ni critique, ni gêne, ni tyrannie. De là le roman de Julie ou J’ai sauvé ma rose et les romans de la même famille, composés et publiés par le même auteur, la comtesse Félicité de Choiseul-Meuse.

« On ne comprend pas que des bibliographes, légers ou complaisants, aient imaginé ou accepté, pour deux de ces romans galants de premier ordre, la maternité prétendue d’une dame Guyot qui est restée absolument inconnue et qui n’aurait fait que les deux romans de Julie et d’Amélie de Saint-Far, avec la collaboration ou du moins sous la direction littéraire du fécond chansonnier-vaudevilliste, Balisson de Rougemont. Le témoignage de ce dernier aurait seul révélé l’existence de cette dame Guyot. Il est à peu près incontestable, au contraire, que la comtesse Félicité de Choiseul-Meuse serait l’auteur de Julie ou J’ai sauvé ma rose, son premier roman, qui parut en 1807 chez le libraire Léopold Collin ; puis ensuite d’Amélie de Saint-Far ou la Fatale Erreur, qui tut publié en 1808, chez le même libraire, et qui porte sur le titre : « par Mme  de C*** (et non pas de G***, comme Quérard l’a dit dans la France littéraire), auteur de Julie ou J’ai sauvé ma rose. » La déclaration est formelle et semble exclure toute espèce de doute. Ce n’est pas tout : en 1808, la comtesse de Choiseul-Meuse faisait paraître, toujours chez Léopold Collin, un autre roman anonyme, intitulé : Elvire ou la Femme innocente et perdue, et l’année suivante, un quatrième roman, qu’on n’a jamais attribué qu’à elle et dont elle n’a pas repoussé la responsabilité, quoiqu’il soit aussi gaillard que sa Julie et son Amélie. Ce roman, également anonyme et digne de figurer à côté des autres, porte pour titre : Entre chien et loup, charmante et spirituelle composition, dont la comtesse de Choiseul-Meuse fut proclamée l’auteur dans tous les catalogues des cabinets de lecture. Elle n’eut donc garde de s’en défendre, et après la publication de quelques romans moins épicés, et par conséquent avoués par elle très délibérément, malgré quelques galantes réminiscences de sa première manière, elle publia, en 1813, chez Pigoreau : Eugénie ou N’est pas femme de bien qui veut, par Mme  de C***, auteur de Coralie, etc. Dans cet, etc. se trouvent compris Julie et Amélie. En effet, dans le compte rendu d’un autre roman de la comtesse de Choiseul-Meuse, Cécile ou l’Élève de la Pitié, qui avait paru avec son nom en 1816, le rédacteur de la Gazette de France, 30 juillet 1816, disait à mots couverts : On assure que cette dame est l’auteur d’un grand nombre de romans très gais, assez répandus et fort goûtés d’une certaine classe de lecteurs. Honni soit qui mal y pense. Le commentaire de cette phrase se trouve dans la Galerie historique des Contemporains (Bruxelles, Aug. Wahlen, 1818, tome III, article sur Mme  Félicité de Choiseul-Meuse) : En effet, plusieurs romans de ce genre ont paru sous le nom de Mme  C… On distingue, parmi ces productions plus qu’érotiques, celle qui est intitulée : Julie, et qui porte cette épigraphe énergique : La mère en défendra la lecture à sa fille.

« La comtesse de Choiseul-Meuse, qui dédiait sa Julie : A MON ARMAND (Armand Gouffé, l’ami et le collaborateur de Balisson de Rougemont, lequel déclarait avoir été l’éditeur de Julie, qu’il attribuait à Mme  Guyot) ; la comtesse de Choiseul-Meuse ne se faisait alors aucun scrupule d’avouer cette Julie et ses autres romans galants ou gaillards, car elle publiait, en 1817, chez Pigoreau, un roman en 4 volumes, intitulé : Amour et Gloire, ou Aventures galantes et militaires du chevalier de C***, par l’auteur de Julie ou J’ai sauvé ma rose, d’Amélie de Saint-Far, etc. Le libraire Pigoreau savait à quoi s’en tenir sur l’attribution du roman Amour et Gloire, à l’auteur de Julie et d’Amélie, puisqu’il avait été l’éditeur d’Amour et Gloire. Cependant, par condescendance pour le véritable auteur de ce roman, qu’il avait fait paraître et mis en vente à sa librairie, Pigoreau termine ainsi l’article bibliographique qu’il consacre, dans sa Bibliographie romancière (1821), à Mme la comtesse de Choiseul-Meuse : On lui attribue : Eugénie ou N’est pas femme de bien qui veut (1813), 4 vol. in-12 ; Entre chien et loup (1809), 2 vol. in-12 ; on a peut-être raison. On lui attribue : Amélie de Saint-Far ou la Fatale Erreur, 2 vol. in-12 ; Julie ou J’ai sauvé ma rose, 2 vol. in-12 ; on a certainement tort.

« L’affirmation de Pigoreau ne reposait que sur un désir exprimé par la comtesse de Choiseul-Meuse, qui s’adonnait alors à la littérature d’éducation et qui ne voulait pas trouver un démenti à ses ouvrages moraux, dans ses débuts de romancière galante ou égrillarde. Au reste, personne, à cet égard, ne changea d’opinion sur la foi du libraire Pigoreau, et on préféra s’en tenir à celle que le libraire Marc avait confirmée dans son Dictionnaire des romans anciens et modernes (1819), en attribuant à Mme  la comtesse de Choiseul-Meuse, qui eut la prudence de s’abstenir d’une protestation publique : Julie ou J’ai sauvé ma rose, Amélie de Saint-Far ou la Fatale Erreur, Entre chien et loup, et Eugénie ou N’est pas femme de bien qui veut. On a lieu, en vérité, d’être surpris de voir des bibliographes, tels que Girault de Saint-Fargeau, dans la Revue des romans, s’obstiner à répéter, sans preuves et sans raisons, avec le savant Quérard, que si Julie ou J’ai sauvé ma rose et Amélie de Saint-Far ont été longtemps attribués à Mme  de Choiseul-Meuse, on sait aujourd’hui, d’une manière positive, que ces deux romans sont de Mme  Guyot.

« Ces romans de Mme  de Choiseul-Meuse, qu’on qualifiait de licencieux sous la Restauration, ne furent pas oubliés dans la fameuse Note de police qui fut signifiée aux propriétaires de tous les cabinets de lecture, à la date du 15 octobre 1826, pour avoir à supprimer tous les livres mis à l’index comme immoraux ou irréligieux. Cette suppression arbitraire explique la rareté de ces différents ouvrages, qui furent saisis dans les cabinets de lecture et détruits sans autre forme de procès. Julie ou J’ai sauvé ma rose était le seul de ces romans qu’on eût réimprimé plusieurs fois. Une de ces réimpressions fut suivie d’une saisie, et le jugement du tribunal correctionnel de la Seine, du 12 juillet 1827, ordonna la destruction du roman incriminé. Nous croyons que la comtesse de Choiseul-Meuse vivait encore à cette époque, mais le dernier roman qu’elle publia, avec son nom, avait été : Mémoires de Mme Adaure (Paris, Caste de Courval, 1824, 4 vol. in-18).

Toutes les Biographies des Contemporains sont absolument dépourvues de détails sur la vie de Mme Choiseul-Meuse et se bornent à fournir une liste plus ou moins complète de ses œuvres. Elle devait être fort âgée, lorsqu’elle cessa d’écrire et de publier des romans, car elle n’a pas fait d’autres ouvrages. Dans la préface de Julie, qui date de 1807, elle laisse entendre qu’elle n’avait guère moins de 40 ans : « A trente ans, dit-elle, je me suis retirée de ce monde plein de charmes, où j’étais encore désirée, fêtée ; j’ai renoncé aux plaisirs enchanteurs qui, jusqu’alors, avaient été mes compagnons fidèles ; je vis maintenant dans la solitude, mais j’ai l’art de l’embellir… »

Voir notre note concernant Amélie de Saint-Far, cote 45.

Voir à 339 et 340-341, deux exemplaires de l’édition de Paris, 1807.


64. — Parapilla, poème en cinq chants, traduit de l’italien. — A Florence, chez Cupidon, MDCCLXXVI.

1 vol. in-8 de 56 pages (à Lyon). Demi-reliure, basane rouge, titre en long. Ex. d’Alfred Bégis saisi à son domicile et déposé à la Bibliothèque en 1866.

Voir, à 253, 254, 255, 547 et 823, différentes éditions de ce poème.

Par Charles Borde.

Des exemplaires de ce livre ont été condamnés à la destruction par jugement du Tribunal correctionnel de la Seine (6e Ch.), en date du 12 mai 1865, condamnant pour outrages à la morale publique et religieuse, ainsi qu’aux bonnes mœurs, colportage illicite, etc., dix individus dont les noms suivent, savoir : 1o  Paul Emmanuel-Auguste Poulet-Malassis, libraire à Paris, à 1 an de prison et 500 francs d’amende ; 2o  Aubin-Antoine Sauvan, officier de cavalerie en activité, à 4 mois de prison et 100 francs d’amende ; 3o  Jean-Baptiste Blanche, commis libraire, à… ; 4o  Jules Gay, libraire-éditeur à Paris, à 4 mois de prison et 500 francs d’amende ; 5o  Louis-Joseph-Isaïe Bayart, conducteur de train au chemin de fer du Nord, à 3 mois de prison et 100 francs d’amende ; 6o  Blaise Marsouteau, relieur à Paris, à 2 mois de prison et 100 francs d’amende ; 7o  J.-B.-Jules Randon, placier en librairie à Paris, à 2 mois de prison et 100 francs d’amende ; 8o  Auguste-François Hélanie, à un mois de prison et 100 francs d’amende ; 9o  Jules-Adolphe Chauvet, commis principal à la Compagnie des Petites-Voitures, à un mois de prison et 100 francs d’amende ; et 10o  Alexandre-Frédéric Boivin, marchand d’estampes à Paris, à un mois de prison et 100 francs d’amende, lesquels ont été déclarés coupables, à différents degrés, des délits ci-dessus énoncés, par la vente, distribution, mise en vente et colportage illicite, etc.

Pour le débat de ce procès, le plus important qui ait été jugé de notre temps, en matière de livres obscènes, on peut consulter avec intérêt la Gazette des Tribunaux des 13, 30 mai et 3 juin 1865. Voir aussi le supplément du Journal Officiel en date du 7 mai 1874. On nous saura gré de reproduire ici quelques passages de la délicieuse notice consacrée à Parapilla, lors de la première édition de ce petit poème, par un auteur du temps.

Elle est tirée du tome III de l’Espion anglois, ou Correspondance secrète entre Milord All’Eye et Milord All’Ear., Londres, 1780 (10 vol.). (Cette correspondance piquante est attribuée d’ordinaire à Pidansat de Mairobert, mais, en réalité, on ne sait trop à qui en faire supporter la paternité).

« Vous désirez, Milord, que je vous régale de tems en tems, et que j’entremêle les objets politiques et sérieux des facéties dont ce pays abonde. En voici une, qui n’est pas nationale, mais qui a été francisée par un poète aimable qu’on ne m’a pu nommer. C’est une bouffonnerie ultramontaine : on reconnoît aisément aux détails le terroir d’où elle vient. Ce poème, dans son origine, s’annonçoit plus ouvertement. Il est encore intitulé, dans la première langue : il cazzo, mot fort usité chez les Italiens, en forme de juron, et que Benoît XIV avoit souvent à la bouche. On raconte qu’un jour un de ses confidens lui reprochoit d’employer ce mot sale : — Cazzo, cazzo, répondit-il, je le répéterai si fréquemment qu’il ne le sera plus. — On ne sait si c’est ce qui a fait naître l’idée au premier auteur de la plaisanterie en question. Quoi qu’il en soit, il suppose qu’un certain Rodric, ayant sans doute la même habitude du saint père, accueillit ainsi un bel inconnu qui lui vint demander brusquement ce qu’il faisoit, au moment où il cultivoit son jardin et mettoit quelque chose en terre.

« — Hola, l’ami, dis-moi ce que tu plantes ? — Cazzo, cazzo, — répond l’hermite bourru. L’autre ne lui donne pas le temps d’achever et reprend :


« Vous en plantez, eh bien il en viendra.


« La prophétie s’accomplit, car c’était un ange qui la faisoit. Que devient cette tige singulière ? Quel usage en fait Rodric ? En quelles mains tombe-t-elle ? Quel est son dernier sort ? C’est ce qu’on voit dans le courant du poème, divisé en cinq chants, fournis d’épisodes très ingénieux et très agréablement narrés. Ce qui en fait le principal charme et le mérite rare, c’est que, roulant sur le sujet le plus obscène, il n’y a pas un seul mot de ce genre et la fiction soutenue d’un bout à l’autre sur le même plan, présente des images très licencieuses, toujours gazées sous des expressions honnêtes. On ne sait d’où est tiré le mot parapilla, qu’a substitué le traducteur à celui de cazzo. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il ne signifie rien en françois, mais il a une grande vertu dans l’ouvrage, comme vous le verrez. »

Après avoir donné de longs extraits — presque tout le poème — de Parapilla, le rédacteur de l’Espion anglais termine ainsi :


« Tel est ce petit ouvrage, que bien des gens comparent au Vert-Vert, mais dont le sujet porte beaucoup plus d’intérêt, dont les épisodes très variés enchaînent plus ingénieusement l’action et dont le style plus leste marche avec une rapidité que n’a pas M. Gresset. Mais encore un coup, le chef-d’œuvre de l’auteur c’est de friser continuellement l’obscénité et de s’en garantir toujours. Je ne connois point l’original, et il y a à parier que le traducteur l’a de beaucoup amélioré, et surtout y a répandu ce goût exquis que je vois n’appartenir qu’aux François dans cette espèce de productions et qu’on ne trouve dans aucun des autres peuples. Si je puis avoir occasion d’acheter cette bagatelle, fort rare, je vous la ferai passer complette, et vous conviendrez qu’elle surpasse infiniment les nôtres, même la boucle de cheveux enlevée de notre fameux Pope.


« Claudite jam rivos pueri, sat prata biberunt.


« Je reviens incessamment à des objets d’une plus grande importance.

« Paris, ce 17 juin 1776. »

Mirabeau chercha à s’attribuer la paternité de ce poème.


65. — Pensées philosophiques. « Piscis hic non est omnium. » — A la Haye, aux dépens de la Compagnie. MDCCXLVI.

1 vol. in-18 de 136 pages.

Par Diderot.

« À cette époque, raconte Barbier, Diderot se trouvait dans l’impossibilité de prêter 600 francs à une femme qui en avait besoin et qu’il désirait obliger ; il s’enferma dans sa chambre, travailla de toutes ses forces, composa en quatre jours les « Pensées Philosophiques », et, les ayant présentées à son libraire, il en reçut la somme qu’il désirait de prêter. »

Bien que condamné au feu par arrêt du Parlement de Paris, en date du 7 juillet 1746, les Pensées Philosophiques n’ont rien de licencieux, et ne furent mises à l’Enfer que parce qu’elles étaient reliées, en un seul volume, avec l’ouvrage suivant : Les Lauriers Ecclésiastiques.


65 bis. — Les Lauriers ecclésiastiques, ou Campagnes de l’Abbé de T***, avec Le Triomphe des Religieuses, Seconde édition, corrigée et augmentée. « Militat omnis amans, et habet sua castra Cupido. Ovid, Amor. Lib. » — A Luxuriopolis, de l’imprimerie ordinaire du clergé. MDCCXLVIII.

1 vol. in-12 de 175 pp. Reliure ancienne veau marbré, dos orné tranche rouge.

Par le chevalier de la Morlière.

Le Triomphe des Religieuses n’existe pas dans cet exemplaire, et le volume a cependant l’air terminé. L’abbé de T. signifie l’Abbé Terray.

Voir, à 55, une réimpression de cet ouvrage, avec la notice que nous lui consacrons, et, sous les no  368 et 369, deux exemplaires d’une édition différente de celle-ci, bien que portant la même date. Voir aussi 371.


66. — Gamiani, ou Deux nuits d’excès, par Alcide, Baron de M***. — Bruxelles, MDCCCXXXIII. — 1871.

1 vol. in-18, de viii-116 pp. sur vergé de Hollande avec un frontispice à l’eau forte de Rops et 5 gravures libres sur Chine volant. (La Bibliogr. des ouvr. relat. à l’am., annonce un front. et 6 gravures libres). Peut-être y en a-t-il une qui manque à cet exemplaire. (C’est la 7e édition). Reliure basane à coin, très fatiguée, non rogné.

Cette édition contient une Préface très intéressante.

Voici la liste des éditions de cet ouvrage qui se trouvent à l’Enfer :

(Trad. angl.) (s. l, n. d.), 147 ; — 4e édition : Partout et nulle part (s. d.), 194. — 2e édition, Venise, 1835, 2 exemplaires, 413 et 414. — 3e édition, Amsterdam, 1840, 415. — 5e édition, Lucerne, 1864, 2 exemplaires, 416 et 417. — 6e édition. En Hollande, 1866, 418. — 9e édition, Lesbos (s. d.), 2 exemplaires, 419 et 420. — 8e édition, Londres, 1780 (date fictive), 421.

Soit, avec celui-ci, douze exemplaires de Gamiani.

Gamiani a subi deux condamnations. La 1re, par le Tribunal correctionnel de Lille, le 6 mai 1868, qui condamna l’ouvrage à la destruction, comme contenant des outrages à la morale publique et religieuse, ainsi qu’aux bonnes mœurs (Moniteur du 19 septembre 1868, aff. contre Duquesne). La seconde, par jugement du Tribunal de la Seine, en date du 2 juin 1865 (inséré au Moniteur du 8 novembre 1865. Affaire contre Gay).

Alcide Bonneau (La Curiosité Littéraire et Bibliographique, Paris, 1881, tome II), s’élève avec force, dans une étude sur Gamiani, contre l’attribution à Alfred de Musset. Il faut avouer que les arguments de Bonneau sont irrésistibles, mais… en les exagérant comme il l’a fait, il en détruit par avance la portée. Bonneau, comme beaucoup, cède à la manie de vouloir laver à toute force les grands écrivains ou les grands poètes des accusations de pornographie qui pèsent sur eux.

Malgré Bonneau, nous persistons à penser que la première partie de Gamiani, au moins, doit bien être attribuée à Alfred de Musset, bien qu’on ne possède aucune preuve formelle de cette paternité. Dans ces matières, il est bien rare, comme dit le proverbe populaire, qu’il y ait de la fumée sans feu. La deuxième partie a été attribuée à George Sand…


67. — Musée secret du Bibliophile, imprimé à cent exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis. Paris, 1882.

14 volumes in-8o, tirés sur Hollande à 100 exemplaires numérotés ; quelques exemplaires de passe ont été tirés, ils sont numérotés 100a, 100b, etc. Par le choix des ouvrages publiés, par le petit nombre des exemplaires tirés, par la beauté du papier et la perfection typographique, cet ensemble forme un des monuments les plus précieux, les plus importants de la librairie au xixe siècle.

Voici le détail des 14 volumes :


67a [1 à 4], no 1. — Les dialogues de Luisa Sigea sur les arcanes de l’amour et de Vénus, ou Satire Sotadique de Nicolas Chorier, prétendue écrite en espagnol par Luisa Sigea et traduite en latin par Jean Meursius. Texte latin revu sur les premières éditions et traduction littérale, la seule complète, par le traducteur des Dialogues de Pietro Aretino. Imprimé à cent exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis, Paris, 1882.

4 volumes in-8o. Traduction d’Alcide Bonneau (Typ. A. H. Bécus).

Tome I : cxlvii pp, (faux-titre, titre, avertissement, note de l’éditeur et dédicace), et 175 pp.

Tome II : 269 pp. y compris le faux-titre et le titre ; et 1 f. non chiffré (nom de l’imprimeur).

Tome III : 199 pp. y compris le faux-titre et le titre.

Tome IV : 363 pp. y compris le faux-titre et le titre ; et 1 f. n. chif. (table des matières). Couverture mobile (Publié à 200 fr). Voir à 28 pour le détail des diverses éditions. La couv. porte : Musée secret du Bibliophile, no 1. Nicolas Chorier, Dialogues de Luisa Sigea.


67b [5], no 2. — Les Sonnets Luxurieux du divin Pietro Aretino, texte italien, le seul authentique et traduction littérale par le traducteur des Ragionamenti. Avec une notice sur les sonnets luxurieux, l’époque de leur composition, les rapports de l’Arétin avec la cour de Rome et sur les dessins de Jules Romains gravés par Marc-Antoine. — Imprimé à cent exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis, Paris, 1882.

1 volume in-8o de cxx-88 p. broché. Traduit par Alcide Bonneau, avec une notice sur les sonnets luxurieux, l’époque de leur composition, les rapports de l’Arétin avec la Cour de Rome, et sur les dessins de Jules Romain, gravés par Marc-Antoine. Voir 927. La couverture porte : Musée secret du Bibliophile no 2.


67c [6 et 7], no 3. — Manuel d’Erotologie classique. (De Figuris Veneris.), par Fred.-Ch. Forberg. Texte latin et traduction littérale par le traducteur des Dialogues de Luisa Sigea, Imprimé à cent exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis, Paris, 1882.

2 volumes in-8o (impr. Ch. Unsinger) : Tome I : xv pp. (faux-titre, titre rouge et noir, avertissement) ; 239 pp. et 1 f. non chiffré (Table des matières).

Tome II : 2 ff. (faux-titre et titre rouge et noir) ; 238 pp. et 1 f. non chiffré (Table des matières, mobiles impr. en noir). Les couvertures portent dans le haut : Musée secret du Bibliophile no 3 et dans le bas : « Cet ouvrage imprimé dans les conditions légales pour l’éditeur et ses amis ne doit pas être exposé aux étalages des librairies. » Publié à 120 fr. les 2 vol. Traduction d’Alcide Bonneau. Voir 186.


67d [8 à 13], no 4. — Les Ragionamenti, ou Dialogues du divin Pietro Aretino Texte italien et traduction complète par le traducteur des Dialogues de Luisa Sigea.

6 volumes in-8o de xliii-159, 175, 165, 271, 263, 288 pp. brochés, couv. imp. Traduction d’Alcide Bonneau, avec une réduction gravée par S. Burney du portrait de l’Arétin, gravé par Marc-Antoine, d’après le Titien.

Voici le détail des 6 volumes :

1. — La Vie des Religieuses, 67-8.

2. — La Vie des Femmes mariées, 67-9.

3. — La Vie des Courtisanes, 67-10.

4. — L’Éducation de la Pippa, 76-11.

5. — Les Roueries des Hommes, 67-12.

6. — La Ruffiannerie, 67-13.

Sur la couverture mobile de chaque vol. : Musée secret du Bibliophile no 4.

Voir à 19, pour le détail des autres éditions des Ragionamenti, et notre notice.


67e [14], no 5. — La Cazzaria, Dialogue Priapique de l’Arsiccio Intronato (Antonio Vignale) littéralement traduit pour la première fois, texte italien en regard, par le traducteur des Ragionamenti de P. Aretino. Imprimé à cent exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis. Paris, 1882.

1 volume in-8o (impr. Ch. Unsinger.) Traduit par Alcide Bonneau. xii pp. (faux-titre, titre rouge et noir et avertissement ; 269 pp. et 1 f. non chif. (achevé d’imprimer). Couverture mobile (publié à 50 fr.) Papier de Hollande. Ex. no 100a. La couvert. porte : Musée secret du Bibliophile no 5. Voir 562, 565 et 566


68. — Mylord, ou Les Bamboches d’un Gentleman. Imprimé sur la copie de Cologne, 1789. — A Lausanne, chez Quakermann, cette présente année.

In-8o sur vergé de Hollande de 109 pp. couv, impr. broché, imprimé (par Gay) vers 1870. Le titre courant porte : Mylord Arsouille.

Sur le verso de la page de garde, on lit l’épigraphe :


Vive le plaisir de la couille.
Disait Mylord Arsouille
Je veux sagement, mes amis, filer les jours
Entre le vin, les chevaux, les amours :
Je dois ces goûts à la nature ;
J’aime, je bois, je change de monture.


« Personne n’ignore, dit Gay, que le surnom populaire de milord Arsouille avait été donné à lord Seymour, compagnon de plaisir du duc d’Orléans et du tanneur Chicard. Il existe un ouvrage intitulé : Vie libertine de milord Seymour (12 fig.). On nous assure que ce n’est pas le même livre que milord Arsouille. »

« En revanche, un libraire de Bruxelles, V… P…,[5] qui eut jadis la spécialité de ces publications, n’a pas craint de duper le public en distribuant et vendant sous les titres de : Le Foutromane, ou les amours libertines d’un grand seigneur de ce siècle. A Seymour-house, allée du c…, près le square des F…, 1833, tirage à 125 ex., et les Amours libertines d’un grand seigneur de ce siècle, Paris, 1833, in-18 pap. vergé gr. 12 fr., un ouvrage qui n’était autre chose que de vieux exemplaires de Milord Arsouille pourvus de nouveaux titres.

« Cette supercherie, pratiquée vers 1867, fut bientôt découverte par les amateurs. »

L’éd. de 1833 (A Bordelopolis, 1789) a été condamnée à Lille, le 6 mai 1868.

L’auteur de Mylord Arsouille a pillé le charmant petit roman licencieux intitulé : Hic et Hec, ou l’Elève des R. R. P. P. Jésuites d’Avignon, dont le titre porte plus fréquemment Hic et Hec ou l’Art de varier les plaisirs de l’amour (V. 669-670, Hic et Hec), que l’on a attribué à Mirabeau. L’auteur de Mylord Arsouille a pillé notamment dans Hic et Hec l’histoire de la belle Adèle racontée par Valbouillant.

Voir le 710 : Mylord Arsouille.


69. — L’Etourdi, Roman galant.

Sous de noires couleurs, tel qui peint le plaisir
Ne le blâmerait pas s’il pouvait en jouir.


Sur l’imprimé à Lampsaque, 1784. — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1882,

2 parties en 1 vol., petit in-18 de 138 et 104 pages, broché, couv. impr. avec deux frontispices de Chauvet sur Chine volant. Tiré à 500 ex., sur Hollande. Cet ouvrage a été attribué tour à tour et sans beaucoup de raison au marquis de Sade et au chevalier Andrea de Nerciat. On en a aussi attribué la paternité, avec plus de vraisemblance, au chevalier de Neufville-Montador.


70. — L’Echo Foutromane, ou Recueil de plusieurs scènes lubriques et libertines, contenant : Les épreuves de l’Abbé Dru ; Le secret de Madame Conléché ; L’Entrevue de Mademoiselle Pinelli avec Arlequin et Pierrot ; La solitude de Madame Convergeais ; etc. Sur l’imprimé, A Démocratis, Aux Dépens des Fouteurs Démagogues, 1792.

1 vol. petit in-8 de 83 pp. cartonné, sans couv. impr., papier vergé (réimpression, Bâle vers 1875), avec 7 figures libres sur Chine volant.

Suivi de Contes en vers : Déclaration catégorique à ma parfumeuse. Le Prêche, L’Obstacle, Le Bon Père, Le Passant.


71. — L’Espion Libertin, ou Le Calendrier du Plaisir, contenant la liste des Jolies Femmes de Paris, leurs noms, demeures, talents, qualités et savoir-faire ; suivi du prix de leurs charmes. Sur la copie Au Palais-Egalité, Dans un coin où l’on voit tout. An IX-1803.

1 vol. in-18 de 63 pp. broché, sans couv. impr. Publié pour la première fois en 1802 sans le titre : L’Espion du Boudoir ou la nouvelle liste des plus jolies femmes…, etc., in-18o. C’est ici une réimpression moderne de la seconde édition. Papier de Hollande, Frontispice gravé à l’eau-forte par J. Chauvet, sur Chine volant.


72. — Œuvres de la Marquise de Palmarèze ; Espiègleries, Joyeusetés, Bons Mots, Folies, Vérités de la Jeunesse de Sir S. Peters Talassa-Aïthéi, par Mérard de Saint-Just. Sur la copie de Londres, 1777, et de l’édition s. l. n. d. (Kehl, 1789). — A Rotterdam, imprimé chez Joseph Van Ten Bock, pour les Bibliophiles néerlandais.

3 tomes en 2 volumes de 193-285 pages et 1 f. de table, brochés, couverture impr. Papier vergé. Catalogue au dos. Avec deux frontispices (dont un portrait de la supposée marquise), gravés à l’eau foite par J. Chauvet, sur Chine volant.

Voir, à 382, le tome II (seulement) d’une édition ancienne, et à 379-380-381, un exemplaire complet de l’édition originale, sous le titre : Folies de la Jeunesse de Sir S. Peters Talassa-Aithéï. Voir, sous ces derniers numéros, la notice que nous consacrons aux œuvres de Mérard de Saint-Just.


73. — La Belle Alsacienne, ou Telle mère, telle fille. Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1882.

1 vol. petit in-8 de 186 pages broché, couv. impr., tiré à 500 exemp. sur Hollande (no 234). Avec deux frontispices de Chauvet, sur Chine volant.

Attribué par Barbier à Claude Villaret. Imprimé quelquefois sous le titre : La Belle Allemande, ou les Galanteries de Thérèse. Beaucoup de bibliographes ont cru qu’il s’agissait de deux romans différents.

Attribué aussi à Antoine Bret.


74. — Les Exercices de dévotion de Monsieur Henri Roch avec Madame la Duchesse de Condor, par Feu l’Abbé de Voisenon, de joyeuse mémoire et, de son vivant, membre de l’Académie Française. — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1882.

1 vol. petit in-12 de viii-73 p. broché, couv. impr., tiré sur Hollande à 500 ex., (no 49), avec un frontispice eau forte en couleurs (noir, bleu, rouge) de F. Rops. Cette eau forte qui est ici en premier tirage est devenue de toute rareté.

Voir, à 567, un exemplaire de l’édition originale, et à 568 et 569, deux exemplaires d’une réimpression moderne différente de celle-ci.

« Cet ouvrage, non absolument licencieux, mais qui dépasse les limites du leste, fut saisi par la police et détruit le plus possible. La Rocambole, ou Notes édifiantes et récréatives, compose un tiers de ce recueil pimenté. » (Bibliographie Clérico-Galante).

Il y a du chef-d’œuvre de Voisenon plusieurs éditions modernes à très bon marché, qui sont dans le commerce.


75. — Les Leçons de la Volupté, ou Confession Générale du Chevalier de Wilfort. — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1882.

1 vol. in-12, de 174 pp. broché, couv. impr., tiré à 500 ex. sur Hollande (no 103) avec un frontispice de Chauvet sur Chine volant.

Destruction ordonnée par jugement du Tribunal correctionnel de la Seine, en date du 12 juillet 1827, confirmé par arrêt de la Cour d’appel, le 5 août 1828 (Pas d’insertion au Moniteur). Auparavant, ce livre avait été mis à l’index, par mesure de police, en 1825.

Le jugement et la mise à l’index visent une des 4 ou 5 réimpressions qui furent faites, de 1776 à 1825, de l’édition originale : Confession générale du chevalier de Wilfort, Londres, 1758, in-12.

76. — Amélie, ou Les écarts de ma Jeunesse « Une belle femme, sans pudeur, est comme une bague d’or au museau d’une truie. Prov. de Salomon, chap. ii, verset 27. » Tome Premier [Second] — Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1882.

2 tomes en 1 volume in-12 de viiii-291 pp. broché, couv. impr. Tiré à 500 ex. sur Hollande (Ex. de passe non numéroté) avec un frontispice signé Chauvet sur Chine volant.


77. — Pièces Libres de M. Ferrand, et Poésies de quelques autres auteurs sur divers sujets. — A Londres, chez Godwin Harald, MDCCXLIV.

1 volume in-18 de 193 pages. Reliure ancienne, veau marbré, dos orné, tranches rouges.

Voir, à 320, un autre exemplaire de la même édition et, à 321 et 731, des exemplaires de deux autres éditions.

Comme pour tous les recueils collectifs, le texte subit de notables remaniements à chaque édition ; on ajoute ou on retranche des pièces ; on fera donc sagement de consulter les trois éditions et de les comparer.


78. — Léo Taxil. La Confession et les Confesseurs. Appendice : Pieuses exhortations, par Monseigneur Claret ; Mæchialogie, par le R. P. Dehreyne ; Compendium ; et les Diaconales, par Monseigneur Bouvier. Paris ; cet ouvrage est édité spécialement par l’auteur. Dépôt à son domicile : 35, rue des Écoles. Tous droits réservés.

1 vol. in-16. s. d. de viii-215 p. broché, couv. impr. La couverture diffère sensiblement du titre intérieur. Elle vise au scandale tant par les variantes apportées dans le texte que par la grosseur des caractères : Les Pornographes sacrés. La confession et les confesseurs par Léo Taxil. Appendice : Pieuses exhortations, par Mgr Claret ; Cours de Luxure, par R. P. Dehreyne ; Décisions des Conciles sur le devoir conjugal : Manuel du confesseur, par Mgr Bouvier…, etc.

79Mémoires d’une Femme de Chambre, écrits par elle-même, en 1786. Tome Premier [Second]. — Bruxelles, J. J. Gay, éditeur, 1883.

2 tomes en 1 volume petit in-8o de 186 pp. broché, couv. impr. papier de Hollande.


80. — Jolis péchés des Nymphes du Palais-Royal, rues, boulevards, et Faubourgs de Paris, ou Confessions curieuses et galantes de ces demoiselles, écrites par elles-mêmes ; suivies d’historiettes, anecdotes amoureuses, lazzis et espiègleries, terminées par leur pétition aux ministres, revêtue de leurs noms et adresses. Deuxième édition. Prix, 1 fr. 50. — Paris, Terry, éditeur, et Palais-Royal, Galerie de Valois, no 185. — 1839.

1 volume in-18, s. d. avec une curieuse gravure en frontispice.

Par Baudoin.

Voir, à 80 bis, une réimpression de cet ouvrage.


bis. — Jolis péchés des Nymphes du Palais-Royal, Rues, Boulevards, et Faubourgs de Paris, ou Confessions curieuses et galantes de ces demoiselles, écrites par elles-mêmes ; terminées par leur pétition aux ministres, revêtue de leurs noms et adresses ; rédigé par Baudoin. A Paris, chez Korikoko, libraire du Palais, cette présente année.

1 volume in-12, de 97 pp. broché, couv. impr., papier de Hollande, réimpression (Gay, Bruxelles, 1882).

Voir au numéro précédent, 80, un exemplaire de la 2e édition.


81. — Le Putanisme d’Amsterdam. Livre contenant les tours et les ruses dont se servent les putains et les maquerelles ; comme aussi leurs manières de vivre, leurs croyances erronées et, en général, toutes les choses qui

sont en pratique parmi ces donzelles. — Bruxelles, chez J.-J. Gay, éditeur, 1883.


1 volume petit in-8o de xi-193 pp., broché, couv. impr., papier de Hollande, avec un frontispice et 3 planches gravées sur Chine volant reproduisant le frontispice et les grav. de l’édition de 1681. Sur le titre, reproduction de la marque du libraire qui publia cette édition, avec la devise : Ne extra oleas.


82. — Les Aventures Galantes de quelques enfants de Loyola. Première [deuxième] Partie. Sur l’imprimé au Paraclet, MDCCLXXXII. — Bruxelles, J.-J. Gay, éditeur, 1882.

2 parties en 1 volume petit in-8o de 196 pp. broché, couv. impr., papier de Hollande.


083. — Galante Unterhaltungen Zweier Mædchen des 19 Jarhhunderts am hauslichen Herd. — Rom und Paris, Verlag von Grangazzo, Vache et Cie.

En allemand, s. d. in 8o  de 110 pp. cartonné, couv. imprimée (Entretiens galants de deux Jeunes filles du XIXe siècle au foyer domestique).


084. — Die Brautnacht. Brief einer jungen Frau an ihre Freundin ihr die Gefuehle und Eindruecke der Brautnacht beschreibend. — Als Manuscript gedruckt.

1 volume in-32 de 16 pages. En allemand. (La nuit de noces, Lettre d’une Jeune femme à une amie, décrivant les sensations et les impressions de la nuit de noces).


À la suite :

Venetianische Næchte. Aus dem Tagebuch eines osterreichischen Ofjiziers. Als Manuscript gedruckt.

16 pages également. Soit en tout 1 volume très petit format de 32 pages, sous couv. impr.

En allemand (Nuits Vénitiennes. Extrait du Journal d’un officier autrichien).


85. — [En caractères russes],
MEJDOU DROUZIAMI. — smiechnia i pikantia chtouki domachmich poetov rossii pervoie polnoe izdanie tzarigrad v kimoni magazinie.

Texte en russe. Pet. in-8o carré de 190 pp. broché, couv. impr., s. d. (Mejdou Drouziami). Entre amis. Morceaux comiques et piquants des poètes familiers (populaires) de la Russie. (Obscénités). Première édition complète, Constantinople, Simonius et Cie (Galata).


86. — Die Schule der Liebe, oder aufrichtige Gespraeche zweier Maedchen ueber die wichtigsten Gegenstaende. Rom und Paris. Gedruckt auf Kosten guter Freunde.

Texte allemand, s. d., in-8o carré de 136 pp. cartonné, sous couv. impr. (L’École de l’Amour, ou Dialogues sincères de deux Jeunes filles sur les questions les plus importantes) (Rome et Paris. Imprimé aux frais des bons amis).


87. — Le Trente et Un de la Zaffetta, poème de Lorenzo Veniero, gentilhomme Vénitien (xvie siècle). Littéralement traduit, texte italien en regard. Paris, Isidore Liseux, éditeur, Quai Malaquais, no 5. — 1883.

1 vol. petit in-4o de xv-79 pages, tiré à 150 ex. numérotés, sur Hollande (no 150a), notice et traduction d’Alcide Bonneau.

Textes français et italien.

Voir à 162 un autre exemplaire de la même traduction, et à 559 et 561, deux exemplaires de l’édition italienne.

Il semble que la paternité de ce poème doive être, sinon en totalité, du moins pour la plus grande partie, restituée à l’Arétin (Cf. la notice de Guillaume Apollinaire dans l’Arétin (Paris, Mercure de France, 1912).

Zaffeta est un surnom qui signifie fille d’un sbire.


88. — La Tariffa delle Puttane di Venegia (xvie siècle). Texte italien et traduction littérale. — Paris, Isidore Liseux, éditeur. Quai Malaquais, no 5. — 1883.

1 vol. petit in-4o de viii-87 pages broché, couv. impr. Tiré à 150 ex. sur Hollande (no 150a). Imprimé par Charles Unsinger. Notice et traduction d’Alcide Bonneau.

Voir à 157 un autre exemplaire de cette édition ; Poème en tierce rime attribué à l’Arétin, à Tullie d’Aragon, aux Veniero et qui semble avoir été écrit par différents auteurs dans le milieu où fréquentait l’Arétin qui vraisemblablement y collabora (voir 87).

Voici la description de l’édition rarissime italienne dont on ne connaît que deux exemplaires.

Tariffa délle puttane overo ragionamento del forestiere e de gentil’huomo : nel quale si dinota il prezzo e la qualita di tutte les Cortegiane di Venegia col nome dellie Ruffiane ; ed alcune novelle piacevoli da ridere fatte da alcune di queste famose signore a gli suoi amorosi.

À la fin :

Stampato nel nostro hemisphero l’anno 1535, mese di Agosto.

Pet. in-8o (19 ff.) En tierce rime.


89. — La Puttana Errante, poème en quatre chants de Lorenzo Veniero, gentilhomme Vénitien (xvie siècle). Littéralement traduit, texte italien en regard. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, Quai Malaquais, no 5. — 1883.

Notice et traduction française d’Alcide Bonneau. Titre rouge et noir, xxiii-139 pp., 1 f. blanc, couv. imprimée mobile. De la Nouvelle Collection Elzévirienne, tiré à 150 ex. numér., sur Hollande (no 150b), impr. Unsinger.

Voir à 156 un autre exemplaire de cette édition, et à 220, 559 et 560, trois exemplaires d’anciennes éditions (voir 87). Ce poème n’a rien à faire avec l’insipide dialogue en prose qui a servi de prototype à l’École des Filles, qu’on a aussi intitulé la Puttana Errante, que les éditeurs des Ragionamenti (Cosmopoli 1660) ont inséré dans leur recueil, et qui n’est pas d’Arétin, tandis que celui-ci a certainement inspiré et retouché le poëme si même il ne l’a pas composé en entier (voir 597).


90. — Belz de Villas. Sous le ciel Bleu, précédé d’un autographe d’Émile Zola. — Paris, chez tous les libraires, 1884. Droits réservés.

In-8o de 149 pp. broché, couv. impr. avec cette note : En vente à la Librairie Marseillaise, 34, rue Paradis. Couv. illustrée, non signée, tirée en bistre, rose et vert.

L’autographe de Zola est une lettre écrite pour refuser une préface au volume.


91. — Le Zoppino, Dialogue de la vie et généalogie de toutes les Courtisanes de Rome (xvie siècle). Littéralement traduit, texte italien en regard. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, Quai Malaquais, no 5. — 1883.

Le titre est imprimé en noir et rouge. La couverture mobile porte ce titre imprime en noir. In-8o de un feuillet, xi-111 pages et un feuillet. Le second plat de la couverture porte une annonce d’ouvrages de la Nouvelle Collection Elzévirienne. Cette édition a été tirée à 150 exemplaires numérotés sur Hollande, plus une douzaine d’exemplaires de passe (no 150e). L'Avertissement et la traduction sont d’Alcide Bonneau. Au dos de la page 111, on lit : Typ. Unsinger, 83, rue du Bac.

Voir, à 158, un autre exemplaire de cette édition, et à 211, 213, 217, 220, les anciennes éditions du Zoppino. M. Guillaume Apollinaire a attribué la paternité de ce petit ouvrage à un prêtre espagnol italianisant du xvie siècle : Francisco Delicado, auteur de la fameuse Nouvelle Dramatique espagnole La Lozana Andaluza. il pense que le Zoppino et la Lozana Andaluza forment le prototype des Ragionamenti de l’Arétin.


92. — Doutes Amoureux, ou Cas de conscience et points de droit, avec leurs solutions, à l’usage des Confesseurs et des Magistrats. Texte italien et traduction en regard. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, Quai Malaquais, no 5. — 1883.

1 vol. in-16 de xii-88 pages, broché, couv. imp. Tiré à 150 exemplaires sur Hollande (no 150e). Texte italien et traduction française d’Alcide Bonneau. Texte et traduction des fameux Dubii amorosi qui furent, contre toute vraisemblance, attribués à l’Arétin.

Voir à 155 un autre exemplaire de l’édition Liseux, et à 202, 203, 204, 205 et 206, des éditions anciennes des Dubbii Amorosi.


93. — Poésies complètes de Giorgio Baffo, en dialecte vénitien, littéralemenl traduites pour la première fois, avec le texte en regard. — Orné du portrait de l’auteur. Tome I [II, III, IV]. — Imprimé à cent exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis, Paris, 1884.

4 volumes in-8, sur papier de Hollande, couv. imprim., titre et faux-titre de chaque vol. en rouge et noir. Tome I : xix-362 pages et un feuillet non chiffré. Portrait de Baffo sur papier de Hollande et papier du Japon : c’est la reproduction du portrait paru en tête de l’édition de Cosmopoli. Tome II : 2 feuillets non chiffrés, 365 pages et 1 feuillet non chiffré. Tome III : 2 feuillets non chiffrés et 372 pages. Tome IV : 2 feuillets non chiffrés, 386 pages et un feuillet non chiffré. Cette traduction est due à Alcide Bonneau. Tiré à 100 ex. (no 100b).

Sous les cotes Enfer 160 et Enfer 227, se trouvent deux exemplaires d’une édition en dialecte vénitien — et sans gravures, — des poésies de Baffo. Sous le titre de : Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, et sous la rubrique de Cosmopoli, parut, en 1789, une édition beaucoup plus complète, en 4 volumes in-8o.

Or, cette édition [Cosmopoli, 1789), qui contient toutes les pièces publiées déjà en 1771, et beaucoup d’autres qui ne le cèdent en rien aux premières, a été classée dans le service, sous la cote yd 6390-6393.

On peut regarder Baffo comme un grand poète lyrique, comme un des plus grands poètes du xviiie siècle. Il écrivait en dialecte vénitien.

Giorgio Baffo, patricien de Venise, naquit dans cette ville en 1694 et y mourut en 1768 à 74 ans. On ne sait presque rien de sa vie. Il fut tuteur du célèbre Casanova qui le loue extrêmement dans ses Mémoires. Les poésies de Baffo ne furent publiées qu’après sa mort. Il paraît qu’il existe encore un certain nombre de poèmes inédits de Baffo.


94Justine, ou Les Malheurs de la Vertu. Reproduction textuelle de l’édition originale (en Hollande, 1791). Avec un frontispice gravé. — Imprimé à cent cinquante exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis. Paris, 1884.

1 vol. in-8 de 340 pages, broché, couv. impr., avec reproduction du frontispice de l’Édition originale.

La couverture porte comme titre : Édition privée… Liber Sadicus.

Il y a à l’Enfer deux exemplaires de l’édition originale, 501-502 et 503-504, plus 3 exemplaires de la 3e édition en Hollande, 1800, aux cotes 503 à 508, 509 à 512 et 513-514. Enfin, à 106, une traduction anglaise.

Voir aussi La Nouvelle Justine, Histoire de Justine et Histoire de Juliette.

On trouvera des notices détaillées sur le marquis de Sade et les diverses éditions de sa Justine aux no  501-502 et 515 à 518.


95. — Lettres d’un Ignorantin à son élève. — Paris, librairie anti-cléricale, 26 et 35, rue des Écoles, 26 et 35. — MDCCCLXXXIV.

In-12 de 168 pp., broché, couv. impr. À la suite catalogue des ouvrages de la dite librairie. La couv. offre selon l’habitude de la maison (voir no  78) des variantes dans le texte du titre : La mère en défendra la lecture à sa fille et même le père à son fils.


96. — Aloisiæ Toletanæ, Satyra Sotadica de arcanis amoris et Veneris. Aloisia hispanice scripsit, latinitati donavit Joannés Meursius, re vera auctore Nicolao Chorier. Parisiis cura et studio Isidori Liseux, editoris rue Bonaparte, no 25, venit apud Theophilum Belin, Bibliopolam, quai Voltaire, no 29. — 1885.

1 vol. in-16 de xxxvi-342 pages, broché, couv. imprimée.

Après l’indication cura et studio Isidori Liseux il faudrait ajouter le nom de l’érudit Alcide Bonneau. Liseux fit imprimer cette édition, mais ne pouvant pas la payer, gêné qu’il était, il s’associa pour la publier, au libraire Belin. Ajoutons que l’éditeur Liseux qui publia de si beaux livres, mourut dans la misère, le 11 janvier 1894, à l’âge de 58 ans. Il fut enterré dans la fosse commune et sa sépulture fut détruite en 1899,


97, — De la Sodomie, et particulièrement de la Sodomie des Femmes, distinguée du Tribadisme, par le R. P. Louis Marie Sinistrari d’Ameno, auteur de la « Démonialité ». Traduit du latin. — Paris, Isidore Liseux, éditeur. Quai Malaquais, no 5. — 1883.

In-16 de vi-104 pp., broché, couv. impr. Tiré à 150 ex. sur Hollande (no 50). Traduction d’Alcide Bonneau.

Voir à 39, avec notre notice, une édition en latin, de Liseux.


98. — Les Proverbes en Facéties d’Antonio Cornazano (xvie siècle). Traduit pour la première fois, texte italien en regard. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, rue Bonaparte, no 25. — 1884.

In-8° de xxiii-204 pp. broché, couv. impr. Tiré à 200 ex. sur Hollande (no 200a). Traduction française d’Alcide Bonneau.

Voir à 165 un autre exemplaire de la même édition, et à 105 une traduction en anglais.


99Dictionnaire érotique Latin-Français, par Nicolas Blondeau, Avocat en Parlement, censeur des Livres et Inspecteur de l’imprimerie de Trévoux (xviiie siècle). Édité pour la première fois sur le manuscrit original avec des notes et additions de François Noel, Inspecteur génrral de l’Université. Précédé d’un Essai sur la Langue Erotique, par le Traducteur du Manuel d’Erotologie de Forberg. — Paris, Isidore Liseux, éditeur. — 1885.

1 volume in-8o de lxxxiv-154 pages, broché, couv. impr. Tiré à 375 ex. sur Hollande (no 375 »). La couverture porte : Dictionarium eroticum latino-gallicum.

L’Essai sur la Langue Érotique est d’Alcide Bonneau.

  1. Ce portrait fantaisiste a été retiré sur la planche originale pour servir de frontispice à la Bibliographie anecdotique et raisonnée de tous les ouvrages d’Andrea de Nerciat, par M. de C…, bibliophile anglais (1876), plaquette due à Vital-Puissant. Il a été reproduit dans l’Œuvre du chevalier Andrea de Nerciat (Paris, 1910).
  2. Et t’ôter à l’avenir l’original, ce serait l’interrompre pour longtemps. Cette phrase est obscure. Elle a toujours été supprimée par les commentateurs qui ont souvent cité cette lettre d’après le recueil de Lettres originales de Mirabeau, publié par Manuel.
  3. La construction de cette phrase est équivoque, et sans doute à dessein. Quel qu’il pût être, le chevalier de Pierrugues en avait de bonnes.
  4. Dans les Apophereta de son édition de l’Hermaphrodite du Panormitain.
  5. il s’agit de Vital-Puissant.