Bibliothèque des curieux (bibliographie méthodique et critique de tous les ouvrages composant cette célèbre collectionp. 75-135).


100. — Ananga-Ranga, Traité Hindou de l’Amour Conjugal, rédigé en sanscrit, par l’Archi-Poète Kalyana Malla (xvi siècle). Traduit sur la première version Anglaise (Cosmopoli, 1885), par Isidore Liseux. Paris, Isidore Liseux, éditeur, rue Bonaparte, no 25. — 1886.

1 volume petit in-8o de xv-196 pp., broché, couv. impr. Tiré à 300 ex. sur Hollande (no 149). On sait que l’auteur hindou, convaincu que la monogamie est un état parfait, a voulu préserver les époux de la monotonie et de la satiété qui suivent la possession.


101. — Les Kama-Soutra de Vatsyayana. Manuel d’Erotologie Hindoue (ve siècle). Traduit sur la première version anglaise (Bénarès, 1883), par Isidore Liseux. Imprimé à deux cent vingt exemplaires, pour Isidore Liseux et ses amis. Paris, 1885.

1 vol. in-8. xxiv-274 pp. broché, couv. impr, Édition privée, sur Hollande (no 214).


102. — Hecatelegium, ou Les Cent Elégies satiriques et Gaillardes de Passifico Massimi, Poète d’Ascoli (xve siècle). Littéralement traduit pour la première fois, texte latin en regard. — Imprimé à cent-vingt exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis. Paris, 1885.

1 vol. in-8 de xvi-356 pages, tiré sur Hollande (no 113) à 120 exempl., couv. mob. impr., traduction française d’Alcide Bonneau.


103. — Le Jardin Parfumé du Cheikh Nefzaoui, Manuel d’Erotologie arabe (xvie siècle). Traduction revue et corrigée. Imprimé à deux cent-vingt exemplaires, pour Isidore Liseux et ses amis. Paris, 1866.

1 vol. gr. in-8 de xvi-300 pages. Papier de Hollande (no 65), broché, couv. impr.


104. — Memoirs of Fanny Hill, By John Cleland. A new and genuine edition from the original text (London, 1749). Paris, Isidore Liseux, 19, passage Choiseul, 1888.

1 vol. in-18 de xi-325 pages, broché, couv. impr. (Papier de Hollande).

Voir à 114 et 124 deux exemplaires de cette édition, et pour les diverses éditions en anglais ou en français des Mémoires de Fanny Hill, les nos 110, 127, 284-285, 286-287, 288-289, 290, 291, 292, 293-294.

Il a eu diverses éditions sous des titres différents, mais c’est toujours sous la dénomination de La Fille de joie que ce livre a été frappé par les condamnations suivantes :

1o  Par arrêt de la Cour d’ass. de la Seine, 29 déc. 1821, pas d’ins. au Monit. ;

2o  Arrêt de la Cour royale de Paris, 16 nov. 1822, ins. au Moniteur du 26 mars 1825 (aff. contre Rousseau) ;

3o  Jugement du Trib. de la Seine du 7 mars 1823 (Destruct. encore ordonnée, pas d’ins. au Moniteur) ;

4o  Jugement du même Trib. en date du 25 fév. 1825 (Moniteur du 7 nov. 1826) ; 5o  Enfin un jugement du Trib. correc. de Lille, du 6 mai 1868, inséré au Moniteur du 19 sept, suivant, ordonne la destruction de l’ouvrage en 2 vol. intitulé : « La fille de joie » (Aff. contre Duquesne).

C’est le meilleur ouvrage érotique anglais. Il est dû à John Cleland, qui l’écrivit pour 20 guinées vers 1745. Il fut poursuivi et le Président Granville lui fit une pension annuelle de 100 livres sterling, à condition qu’il n’écrirait plus d’ouvrages libres. Le nom de Fanny est un diminutif de Frances, qui signifie Françoise et Fanny signifie proprement Fanchon. Hill veut dire colline et une traduction française de 1756 est intitulée Apologie de la fine galanterie de Mlle Françoise de la Montagne.


105. — Proverbs in Jest, or the tales of Cornazano (XVth century). Lilerally translated into English, With the italian text. — Isidore Liseux, 19, passage Choiseul, 1888.

In-16o, sans lieu (Paris), de xxiii-216 pp. cartonné, sans couv. impr.

Texte italien et traduction anglaise, par Isidore Liseux.

Voir à 98 et 165, deux exemplaires de la traduction française d’Alcide Bonneau.


106. — Opus Sadicum. A philosophical Romance, for the First Time Translated from the original french (Holland, 1791), With an engraved frontispice, Paris, Isidore Liseux, 19, passage Choiseul, 1889.

Gr. in-8o de viii-392 pp, br. couv. (papier de Hollande), avec le même frontispice que le no 94.

Traduction anglaise, par Isidore Liseux, de la 1re édition de la Justine du marquis de Sade.

Voir à 94, 501-502, 503-504, 505 à 508, 509 à 512, 513-514, 515 à 518, divers exemplaires de la 1re édition ou des réimpressions.


107. — The Ragionamenti, or Dialogues of the Divine Pietro Aretino. Lilerally translated into English, with a reproduction of the author’s portrait, engraved by Marc-Antony Raimondi from the picture of Titian. — Paris, Isidore Liseux, 1889.

6 vol. in-80. de xxxv-83, 89, 100. 134, 129 et 139 pp. brochés, couv. impr. I. The Life of nuns ; II. The Life of married women ; III. The Life of courtesans ; IV. The Education of Pippa. V. The Wiles of men. VI. The Bawd’s trade. — Papier de Hollande.

Traduction anglaise d’Isidore Liseux.

Un autre exemplaire à 119

Voir pour les diverses éditions françaises, allemandes ou italiennes, les nos19, 67, 201, 207, 208, 209 à 210, 212 à 213, 216 à 218, 219, 220, 221, 222,223, 224, 225, 766, 767

Voir notre notice à 19.


108. — The Dialogues of Luisa Sigea (Aloisiae Sigeae Satyra sotadica de arcanis amoris et veneris) Literally translated from the latin of Nicolas Chorier. — Paris, I. Liseux, 1890.

Traduction anglaise de Liseux, 3 volumes in-8 (6 parties), xx-87, 132 et 100 pp, brochés, couv, impr., tome I-IV, The Skirmich ; Tribadicon ; Fabric ; The Duel ; t. V, Pleasures ; t. VI, Frolics and Sports. Papier de Hollande.

Voir un autre exemplaire de cette édition à 118 et pour les diverses éditions du Meursius, en français ou en latin, les nos 28, 67, 143, 257, 258, 259, 260,261, 262-263, 264,265-266, 267-268, 269, 270, 271, 272-273, 274-275,276, 277, 278,279, 280-281, 282-283, 814, 815, 816


109. — Les Fellatores, mœurs de la Décadence. « Si, au lieu de s’acharner à cacher les hontes, on les dévoilait, j’imagine que tout n’en irait que mieux. Octave Mirbeau ». — Union des Bibliophiles, 1888, Paris.

1 volume in-12 de 232 pages (Devaux, éditeur). Par le Dr  Luiz. La couverture manque à cet exemplaire. Voir un autre ex. à 111. Ce volume, qui contient des attaques contre des écrivains encore vivants, a été condamné.

110. — Memoirs of a Woman of Pleasure (Fanny Hill), by John Cleland. A new and genuine édition (from the original text, London, 1749). — Paris, Isidore Liseux, 29, rue Radziwill, 1890.

1 vol. in-8 de viii-319 pages. Broché, couv. impr.

Voir les diverses éditions en anglais ou français de l’ouvrage de Cleland, aux nos 104, 114, 124, 127, 284-285, 288, 289, 290, 291, 292, 293-294.


111Dr  Luiz. Les Fellatores, mœurs de la décadence. « Si, au lieu de s’acharner à cacher les hontes, on les dévoilait, j’imagine que tout n’en irait que mieux. Octave Mirbeau » : — Paris, Union des Bibliophiles, 9, rue des Beaux-Arts, 9. — 1888. Tous droits réservés.

Double du 109. Cartonné. Couverture imprimée.

La couv. (rose, rayée vert) porte le nom de l’auteur Dr  Luiz et l’adresse de l’union des Bibliophiles, 9, rue des Beaux Arts.


112. — [Le volume manque depuis longtemps].

C’est l’École des Filles, Paris, 1667.

Voir 386 (avec notre notice) et 387-388


113. — Anecdotes pour servir à l’Histoire secrète des Ebugors. A Medoso, L’an de l’Ere des Ebugors, MMMCCCXXXIII.

1 volume in-12 de 106 pages (Amsterdam, J. P. du Valis, 1733). Édition avec la Clef (pp. 103 et 109) qui manque souvent On sait qu’Ebugors est l’anagramme de Bougres. Demi-reliure ancienne à coins, veau dos orné, tranches rouges. Le nom d’Adam Horn est frappé en or sur le plat recto et sa signature est sur le titre. On y remarque un cachet armorié de cire rouge et le cachet de la Bibliothèque. (Collection Piot).

114. — Memoirs of Fanny Hill, by John Cleland, in a new and genuine edition from the original text. (London, 1749). — Paris, Isidore Liseux, 19, passage Choiseul, 1888.

Double des 104 et 124.


115. — 5 fr. Poemata Latina Inedita. Lesbiae veronensis (Catulli puellæ). Callipygia, Carmen nunc primum in lucem editum. — Parisiis, Apud Isidorum Liseux, rue Radziwill, no 29. — 1891.

In-8o de 16 pp. numérotées 9-24, broché, couv. impr., pas d’autre titre que la couverture. D’ailleurs le cahier porte le chiffre 2 comme signature ce qui semble indiquer que la Callipygia était destinée à faire partie d’un recueil de pièces analogues.

Texte en latin.


116. — A Lesbos. Jehan de Kellec. — Librairie B. Simon et Cie, 15, rue Saint-Benoît, Paris.

1 vol. in-18. de 269 pp, broché, couv. impr. et illustrée par (illisible).


117. — Contes secrets russes. (Rousskiia zavetnia skazki), Traduction complète. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, 1891.

1 vol. in-8 de xvi-256 pages, broché, couv. impr. Tiré à 220 exemplaires numérotés sur Hollande (no 220a).


118. — The Dialogues of Luisa Sigea (Aloisiae Sigeae Satyra Sotadica de arcanis amoris et veneris). Literally translated from the latin of Nicolas Chorier. — Paris, I. Liseux, 1890.

Double du 108. Manque le 3e volume.

119. — The Ragionamenti, or Dialogues of the Divine Pietro Aretino, Literally translaled into English. — Paris. Isidore Liseux, 1889.

Tomes V et VI seulement. Voir cette édition complète, à la cote 107.


120. — Memoirs of a French Lady of Pleasure. A new and genuine edition from the original text (London, 1797). Curious frontispice, [sic] — Amsterdam, 1888.

Pet. in-8o de 108 pp. broché, sans couv. impr. Papier de Hollande.

Le frontispice manque.


121. — Les Matinées du Palais-Royal, ou Amours secrètes de Mlle  Julie B***, devenue comtesse de l’Empire ; racontées par elle-même.

Des soirs prudens et des besoins secrets
L’œil du matin verra tous les apprêts.

Bern.

Paris, chez les marchands de nouveautés, 1815.

1 volume in-12 de 144 pages, avec un frontispice pliant, gravé sur cuivre, non libre.

Suivi de : Dix-neuf Baisers par un amant de 22 ans, et de La Jolie Ravaudeuse. Prix 2 fr. Paris (s. d.), in-18 de 180 pp. Deux ouvrages en un vol. Demi-reliure basane à coins. La pièce rouge du dos de ce recueil factice porte : Bibliothèque amusante.

Attribué à Lallemant ou à P. Cuisin.


122. — Padlocks and Girdles of Chastity, an historical and descriptive Notice, to which in added Freydier’s Speech, against their use in France. (Breach of promise of marriage). Translated from the french ; With illustrations. — Paris, Isidore Liseux, 25, rue Bonaparte, 1892.

1 volume. Texte anglais. In-16 de 104 pp. broché, couv. impr. Les illustrations sont dans le texte.


123. — L’Hermaphrodite de Panormita (xve siècle). Traduit pour la première fois, avec le texte latin et un choix des notes de Forberg. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, rue Bonaparte, no 25. — 1892.

1 vol. petit in-8o de xix-154 pp. br., couv. impr. Papier de Hollande (no 110b). Edition unique à 110 exemplaires.

Par Antonio Beccadelli.

Dans l’Hermaphrodite, L. II, on trouve une Epitaphium Nichinæ Flandrensis scorti egregii (Épitaphe de Nichina, Flamande de noble extraction), courtisane enlevée jeune à sa patrie. On l’appelait Nichina. Cette très belle épitaphe inspira sans aucun doute à Hugues Rebell, grand connaisseur de littérature sotadique, son beau roman de la Nichina.


124. — Memoirs of Fanny Hill, by John Cleland. A new and genuine édition from the original text (London, 1749). — Paris, Isidore Liseux, 19, passage Choiseul, 1888.

Double des 104 et 114.


125. — L’Amour aux Colonies. Singularités physiologiques et passionnelles, observées durant trente années de séjour dans les Colonies françaises, Cochinchine, Tonkin et Cambodge, Guyanne et Martinique, Sénégal et Rivières du Sud, Nouvelle-Calédonie, Nouvelles-Hébrides et Tahiti, par le Docteur Jacobus X***. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, 25, rue Bonaparte, 1893.

1 volume grand in-8o, de vii-396, br., couv. im-pr. Papier de Hollande (no 330a), tiré à 330 exempl. numérotés. Ouvrage très intéressant qui devrait avoir sa place dans le service.

Un autre exemplaire à 821, et deux traductions anglaises à 925-926 (1 ex.) et 139, 141 (2 ex.).


126. — Les Noces de Luther, ou La Monachopornomachie, de Simon Lemnius (xvie siècle). Traduit du latin pour la première fois, avec le texte en regard. — Paris, Isidore Liseux, 25, rue Bonaparte, 1893.

1 vol. in-8o, de xx-120 pages. Broché, couv. impr., en noir. Titre en rouge et noir. Edition unique à 200 exemplaires numérotés. Exemplaire de passe no 230a, traduction française d’Alcide Bonneau.

Un autre exemplaire à 177.

La couverture imprimée porte en tête :


« Avis aux Libraires.

« Ce volume, édité dans les conditions légales pour un petit nombre de Bibliophiles, ne doit pas être exposé aux étalages. »

Dans le texte français de la traduction, les mots libres sont imprimés en lettres grecques.


127. — Mémoires de Fanny Hill, par John Cleland (xviiie siècle) entièrement traduits de l’anglais pour la première fois par Isidore Liseux. — Imprimé à cent exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis. Paris, 1887.

1 volume in-8 de x-327 pages. Broché. Couverture imprimée. Titre intérieur en noir et rouge. Papier de Hollande (no 124).

Le fragment de sodomie n’est pas traduit dans cette édition.

Voir pour les autres éditions (français ou anglais), les nos 104, 110, 284-285, 286-287, 288-289, 290, 291, 292, 293-294.


128. — Travesuras del Amor. Galeria del deleite. Coleccion de todo la mas sabroso y lechoso que se ha esgrito en prosa y en verso sobre el coño é islas indecentes. Recopilada por un aficionado. — Londres, imprenta y Jodeografia de L. Westhengartg. 1870.

Pet. in-16o de 62 p., broché, couv. impr. Couverture illustrée d’une Folie tenant sur une banderolle le titre Las Travesuras.

En espagnol. Un frontispice libre gravé sur bois.

Suivi de : Una aventura singular, recuerdos de mi Joventud.


129. — Paul Félix. Comment je l’ai perdu ! Conte polisson. Prix : 1 franc. — Paris, Librairie Paul Franck, 61, passage Brady, 61. — 1888. Tous droits réservés.

In-8o de 6 pp., br., couv. imprimée qui sert de titre, le texte est tiré à l’encre bleue.

Brochure. Conte insignifiant en prose, 4 pages de 12 lignes chacune.


130. — Athens MDCCCLXXXVIII imprinted by the Erotika Biblion Society, for private distribution only. Tableaux Vivants, Complety translated from the original french, by a member of the council. Annotated.

In-8o de v-112 pp, plus 3 ff. liminaires non chiff., cartonné, couv. impr. Tirage à 250 ex. sur Hollande (no 76).

Méchante traduction anglaise de : Les Tableaux Vivants, ou mes Confessions aux pieds de la Duchesse. Anecdotes véridiques tirées de nos amours avec nos libertines et nos fouteuses de qualité, par un Rédacteur de la R. D. D. M. (La Revue des Deux-Mondes). (2 vol., in-12, Amsterdam, s. d.). Paris, Poulet-Malassis, 1870.

L’ouvrage français n’est pas à la B. N.

Il a été attribué à Gustave Droz, mais il est en réalité de Paul Perret. Ce détail vient de Victorien Sardou, qui le tenait de l’auteur. C’est un ouvrage spirituel en dépit de sa licence. Il est composé de morceaux détachés que relient un exorde et une conclusion. Ce recueil est plein de renseignements touchant l’époque où il fut écrit, époque de luxe, galante et gaie, le Second Empire. Néanmoins comme il est composé de morceaux assez courts, malgré la verve de l’auteur et le tour voluptueux de ses récits, le succès fut médiocre.


131. — Marriage-love and Woman, amongst the Arabs otherwise entitled : The Book of Exposition (Kitab al-Izah fi’ Ilm al-Nikah b-it-Taman w-al-Kamal). Literally translaled from the Arabic by an English Bohemian with Translator’s Foreword, numerous important. Notes illustrating the text and several interesting appendices. Specially-Designed eau-forte. — Paris Charles Carrington, 32, rue Drouot, 32. — MDCCCXCVI.

Papier de Hollande, in-8o de xlviii-291 pp., broché, couv. impr.

La couverture porte seulement : The book of Exposition englished out of the Arabic by Bohemian.

Texte anglais. Un frontispice eau-forte signé Fredillo.

Voir 132.


132. — Marriage-Love and Woman, amongst the Arabs otherwise entitled : The Book of Exposition {Kitab al-Izah fi’ Ilm al-Nitkah b-it-Taman w-al-Kamal). Literally translated from the arabic, by an English Bohemian with Translator’s Foreword, numerous important. Notes illustrating the text and several interesting appendices. Specially-Designed eau-forte. — Paris, Charles Carrington, 32, rue Drouot, 32. — MDCCCXCVI.

Double du 131.


133. — Musée du Bibliophile anglais. — Le nouveau Chatouilleur des Dames. (Ladies Tickler). Traduit pour la première fois de l’anglais par les soins de la société des Bibliophiles Cosmopolites. (Ici un fleuron composé d’entrelacs végétaux). — Londres, imprimerie de la Société Cosmopolite. MDCCCLXXX.

Pet. in-8o, 138 pages, broché, sans couv. impr. Tirage à 500 ex. sur Whatman (Ex. non numéroté) (manquant 4 pages, de 133 à 136). Nous ne savons pas où a été imprimé ce volume ; on pense cependant que c’est une édition de Brancart, à Bruxelles. Une contrefaçon tirée à grand nombre d’exemplaires et pleine de coquilles a été imprimée récemment à Rotterdam. Elle entrait et entre peut-être encore en France sous une couverture verte portant ces indications : Le Turco, par Edmond About, Paris, 1900. C’est la traduction d’un roman anglais dont nous ne connaissons pas l’original, qui n’est pas mentionné dans les Bibliographies. L’Introduction signée : le Bibliophile de Mirecourt, est datée de novembre 1885. C’est une aimable et savante dissertation sur la flagellation, de même que le roman est un voluptueux récit dont la flagellation fait le fond, mais sans aucune cruauté. Le Bibliophile de Mirecourt, qu’à cause du style et d’une certaine citation de vers d’Émile Chevé, poète qu’il a cité ailleurs, nous soupçonnons être une apparence du savant Alcide Bonneau, donne dans son introduction une liste d’ouvrages anglais sur la Flagellation, en ajoutant cfue le dernier paru, History of the Rod in all countries, a pour auteur James G. Bertrana, sous le pseudonyme du révérend William Cooper.

Nous avons aussi entendu dire que cette traduction et la préface sont de M. Hector France.


134. — The Curtain Drawn up, or The Education of Laura. from the french of the Comte Mirabeau. Revised édition. — London, Putitin, Rogers and C° Nineinch street, 1818.

In-8o de viii-83 pp. broché, sans couv. impr. (réimpression moderne, vers 1875).

Traduction anglaise de : Le Rideau levé ou l’Éducation de Laure.

(Voir les éditions françaises à 142 et 399-400).

Le 2e volume est intitulé : The History of Rose, being the second part of The Education of Laura

135. — L’Odyssée d’un Pantalon, par E. D. — Paris, Aux dépens de la Compagnie, 1889.

1 vol. in-8o de 192 pages, broché. Avec couverture imprimée, papier vergé. Le verso du faux-titre porte : Du même auteur : La comtesse de Lesbos.

Un autre exemplaire à 195.

Histoire d’un homme changé en pantalon de dame et qui finit par recouvrer sa forme première. C’est une imitation fort licencieuse du Canapé couleur de feu de Fougeret de Montbron et du Sopha de Crébillon le fils.

À la dernière page de couverture, on trouve le catalogue suivant des ouvrages de E. D. : Poésies : Rondeaux et sonnets galants, 1 vol. — Romans : Mes Étapes amoureuses, 2 vol. — La comtesse de Lesbos, ou la Nouvelle Gamiani, 1 vol. — Les Callipyges, ou les Délices de la verge, 2 vol. — Le marbre animé, 1 vol. — Mes amours avec Victoire, 1 vol. — Lèvres de velours, 1 vol. — Jupes troussées, 1 vol. — L’Odyssée d’un pantalon, 1 vol. — Théâtre Naturaliste, 1 vol. in-8, papier vergé, fr, 20 (voir 138, 800-801 et sur E. D. voir 175 ).


136. — Les Libertins du Grand Monde. Nouvelle édition revue et corrigée. A Paris, Au Palais-Royal, chez la petite Lolotte, 1890.

1 vol. in-18. 127 pp. cartonné dans sa couv. imprimée. Papier vergé.


137. — Les amours d’un Gentleman. Bruxelles, Maison W. Schmidt, imprimeur-éditeur.

1 vol. in-18 s. d., 202 p., br., couv. impr.

Traduit littéralement de l’anglais (The Youthfil Aventurer), se termine au moment de la guerre de Crimée. C’est sans doute vers cette époque qu’il a été écrit.


138. — Lesbia, Maîtresse d’Ecole, par S. P. H. Gendelettre Gascon. — Paris, Aux dépens de la Compagnie, 1890,

1 vol. in-18 de vi-171 pp., cartonné dans sa couv. impr. Papier vergé de Hollande. Par E. D. (Voir 135).


139. — Edition Limited to five Hundred Numbered Copies. Untrodden Fields of Antropology : Observations on the esoteric Manners and Customs of semi-civilised Peoples ; Being a Record of Thirty Year’s expérience in Asia, Africa, and America, by a French Army-Surgeon. Two volumes. Vol. I. [II] — Paris, librairie des Bibliophiles, 13 Faubourg Montmartre, 1896.

2 volumes in-8o de xii-240 et xvi-266 pp., brochés, couv. impr. (Ex. no 125). Les couvertures portent le nom de l’éditeur : Charles Carrington. Un autre exemplaire à 141. Voir aussi, 926-926. Traduction anglaise de L’Amour aux Colonies (voir 125 et 181).


140. — Le Nouveau dom Bougre à l’Assemblée Nationale, ou L’Abbé Maury au Bordel ; suivi des Doléances du Dieu Priape, et d’une Ode aux Bougres, par l’Auteur du Bordel National.

Bougre quoique calotin,
J’aime les femmes et le vin ;
Amis, viens me contempler,
Foutre et boire, voilà mon métier.


1 brochure s. l. n. d. in-8 de 16 pages. Cartonné.

Un autre exemplaire à 717.

Ce pamphlet contre l’abbé Maury n’a rien de commun avec Dom Bougre aux États Généraux. Il contient d’abord un pamphlet en prose de 4 pages qui se termine par ces mots : M. Maury a l’honneur de prévenir le public que l’ouverture de son Bordel se fera le 15 du mois d’aoust.

Viennent ensuite : Couplet dédié à l’abbé Maury, sur un air connu. — Doléances au dieu Priape (c’est l’ode à Priape, de Piron, « toutes stances dehors »). — Ode aux bougres.

141. — Edition Limited to Five Hundred Numbered Copies. Untrodden Fields of Antropology : Observations on the esoteric Manners and Customs of Semi-Civilised Peoples ; being a record of Thirly Year’s experience in Asia, Africa, and America ; by a French Army-Surgeon. Two volumes. Vol. II. — Paris, librairie des Bibliophiles, 13, Faubourg Montmartre, 1896.

Tome II seulement. Double du 139. Dans le cartonnage de l’éditeur, genre bradel, toile anglaise noire, le titre sur le plat, tête dorée, non rogné.


142. — Le Rideau levé, ou L’Education de Laure, par Honoré Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau. Ouvrage orné de six gravures hors texte. — Paris, chez feue la Veuve Girouard, au Palais-Royal.

S. d. pet. in-8o de 243 pp., br., sans couv. impr. Papier de Hollande.

Réimpression moderne. — Note au crayon sur la page de garde : Rebut des Postes. — Les gravures manquent.

Voir une édition ancienne à 399-400 et une traduction anglaise à 134 et 148 (2 exemplaires).

Condamné trois fois :

1o  Par arrêt de la Cour royale de Paris, en date du 19 mai 1815 (destruction ordonnée, pas d’insertion au Moniteur).

2o  Arrêt de la Cour d’ass. de la Vienne du 12 déc. 1838 (inséré au Moniteur du 9 déc. 1839).

3o  Jugement du Trib. corr. de Lille, du 6 mai 1868 (inséré au Moniteur du 17 nov. suivant).

Ouvrage attribué à tort à Mirabeau. Il a pour auteur le marquis de Sentilly, gentilhomme bas-normand. M. Louis Dubois, bien au fait des mystères de la typographie alençonnaise clandestine, a révélé le nom de l’auteur dans une note que possédait M. Léon de la Sicotière. Sentilly est une commune de l’arrondissement d’Argentan (Orne).

La première édition parut en 1786, elle a été imprimée à Alençon, chez Jean Zacharie Malassis.


143. — Joannis Meursii, Elegantiae latini sermonis, seu Aloisia Sigaea, Toletana, de arcanis amoris et veneris, adjuntis fragmentis quibusdam eroticis. Lugduni Batavorum, ex typis Elzevirianis, ɔiɔ iɔc clvii.

2 tomes en 1 volume in-8o de xxvi-212 et 2 ff. non chif. — 174 pages, avec figures libres (Paris, Grangé ou Barbou, edenti I. P. Mœt). Reliure ancienne, veau marbré filet sur les plats, dos orné, tranches dorées, charmant frontispice (Cochin, Eisen ou Marinier), représentant une femme nue entourée d’amours, courtisée par plusieurs hommes et portant en haut de la planche : Judicium Veneris et en bas, deux vers latins.

Voir pour les diverses éditions du Meursius, les nos 28, 67, 108, 118, 257, 258,260, 261, 262-263, 264, 265-266, 267-268, 269, 270, 271, 272-273, 274-275, 276, 277, 278, 279, 280-281, 282, 283, 814, 815, 816


144. — Ordonnance de Police de MM. les Officiers et Gouverneurs du Palais-Royal, qui fixe le Droit et honoraire attachés aux fonctions de Fille de joie de la Ville, Faux-bourgs et Banlieue de Paris, donné au Sérrail, le 17 juillet 1790. Ce jour, les Fouteurs assemblés, A Gratte-mon-con, chez Henri Branle-Motte, rue de J’enconne, au coin de celle des Déchargeurs, au Vit couronné. Cette année même.

In-8 de 16 pages. Demi-reliure genre bradel, percale rouge, plats peigne, titre en long. s. d. Édition originale. Il a été fait une réédition avec cette variante dans la date : Donné au sérail le 2 janvier 1791 ; c’est le texte qui a servi à la réédition s. l. n, d. de 1875, pet. in-12. (Cat. Lemallier) Donné au sérail le 2 janvier 1817.

Il y aurait un curieux chapitre à écrire sur la manie de législation qui sévit en France de 1789 à 1793. Motions, propositions, projets de lois, pétitions, etc…, on ne trouve que cela dans les pamphlets en style parfois ordurier qui se vendaient onvertement au coin des rues. L’Ordonnance de Police règle par décrets de graves questions comme celle-ci, par exemple : Des filles bourgeoises qui se laissent prendre le cul à propos de botte, et foutent avec tiers et le quart, par complaisance ou autrement ; ou comme cette autre : Comme on est sujet de déconner dans les voitures publiques, vu les cahotages continuels auxquels on est exposé (moyen d’y obvier en partie).


145. — Les Amours de Charlot et Toinette, Pièce dérobée à V***.

Scilicet is superis labor est, ea cura quietos
Sollicitat…

Virg. Æneid.

MDCCLXXXIX.

1 brochure in-8o s. l. de 8 pages, titre compris, cartonné, non rogné. En vers. Ignoble pamphlet contre Marie-Antoinette et le comte d’Artois.

Voir d’autres éditions de ce pamphlet à 592, 593 et 654.

Des gravures qui devaient être jointes à ce libelle n’ont jamais paru.

L’édition originale, Paris, 1779, est très rare. Elle fut rachetée en entier au libraire Boissière, à Londres, par Goetzmann, envoyé par la Cour. Elle fut apportée à Paris et mise au pilon à la Bastille. L’opération coûta 17.400 livres à la cassette de Louis XVI ainsi que l’atteste la quittance du libraire Boissière, publiée par P. Manuel (Police dévoilée). Quelques exemplaires échappèrent à cette destruction. L’un (ayant appartenu à M. Henkey) renferme deux planches gravées et très finement gouachées, attribuées à Desrais, représentant, l’une, Marie-Antoinette en tête-à-tête avec le comte d’Artois ; l’autre, Louis XVI se soumettant à l’épreuve du Congrès devant la Faculté de Médecine. Cet exemplaire est à l’Enfer, sous la cote 592.

Un deuxième exemplaire se trouve aujourd’hui à la bibliothèque de Rouen. Il provient de Leber qui l’a décrit au no 2281 de son catalogue. Il est orné d’un dessin attribué à Desrais ; mais si les attitudes des deux personnages sont les mêmes que dans l’exemplaire de l’Enfer, leurs traits et leurs costumes rappellent plutôt Mme  de Staël et La Fayette.

Pisanus Fraxi a vu une autre édition datée de 1779, avec une gravure dans la manière de Marillier, et deux médaillons-portraits avec ces noms : « Charlot » et « Toinette ».

Les gravures pour cet ouvrage n’ayant pas été tirées, il est fort probable que celles qui ornent les trois exemplaires décrits ci-dessus sont des essais et des copies faits après coup pour les exemplaires échappés au pilon. Mais ce n’est là qu’une hypothèse que nous hasardons.

Une deuxième édition parut sous le même titre en 1789 (peut-être même y en eut-il plusieurs). L’exemplaire ci-dessus et celui du no  593 sont de cette 2e édition. Le pamphlet a, en outre, été imprimé à la suite des Fureurs utérines de Marie-Antoinette (voir 654) et dans le Momus Redivivus de Mercier de Compiègne (voir 711-712 et 713-714).

C’est une satire en vers irréguliers et plutôt médiocres :


Une reine jeune et fringante,
Dont l’époux très auguste étoit mauvais f…

. . . . . . . . . . . . . . . . . .


Condamné à la destruction (il s’agit sans doute de réimpressions, ou peut-être même des exemplaires des éditions de 1789), en 1865, par le Tribunal correctionnel de la Seine.


146. — Le Théâtre Erotique de la rue de la Santé. Son histoire. — Batignolles. MDCCCLXIV-MDCCCLXVI.

2 parties en 1 volume grand in-16 de 220 pages. (Poulet-Malassis). Tête dorée. Demi-reliure janséniste en chagrin poli brun, non rogné avec coins, en très mauvais état. Avec 2 frontispices libres à l’eau-forte (l’un érotique, l’autre scatologique) sur chine volant, de Félicien Rops. Un pour chaque partie, et le fac-simile, sur chine également, d’une Invitation signée : L. Lemercier de Neuville. — 2e édition.

L’édition de 1882. Partout et nulle part, contient un seul frontispice de Rops et 8 eaux-fortes de Lynen, une pour chaque pièce.

Par jugement du Tribunal de Lille, du 6 mai 1868, inséré au Moniteur du 19 septembre suivant, cet ouvrage a été condamné à la destruction comme contenant des outrages à la morale publique et aux bonnes mœurs (Affaire contre Duquesne).


Sommaire :

1. — Histoire du Théâtre Érotique de la rue de la Santé.

2. — Première partie.
A. — La Grisette et l’Etudiant, pièce en un acte (en prose), par M. Henry Monnier.
B. — Le Dernier Jour d’un Condamné, drame philosophique en 3 actes (en prose), par M. Jean-Hippolyte Tisserant.
C. — Les Jeux de l’Amour et du Bazar, comédie de mœurs en un acte (en prose), par Lemercier de Neuville.
D. — Un Caprice (vaudeville en prose mêlé de couplets), par Lemercier de Neuville.
E. — Scapin Maquereau, drame en deux actes (en vers), par M. Albert Glatigny.

3. — Seconde Partie.
A. — Signe d’Argent, vaudeville en trois actes, par MM. Amédée Rolland et J. Duboys.
B. — Pièces Justificatives :
a. — Privilège du Théâtre Érotique.
b. — Fac-similé d’une Invitation.

4. — Appendice au Théâtre Érotique de la rue de la Santé.
A. — Le Bout de l’an de la noce, parodie (en prose) du Bout de l’an de l’amour, de M. Théodore Barrière, par MM. Lemercier de Neuville et J. du Boys.
B. — La Grande symphonie des Punaises (en vers). Paroles de MM. Nadar et Charles Bataille, musique de M. Jacques Offenbach. La musique n’est pas dans le volume.

Nous croyons intéressant de publier ici, vu l’intérêt anecdotique de ce recueil, l’Histoire du Théâtre Érotique, qui sert de préface au volume, les Pièces Justificatives, enfin les Avertissements et les Notes qui précèdent chaque pièce. Cette Histoire, ces Avertissements et ces Notes sont du spirituel Nadas à qui l’on doit la publication du recueil.



Histoire du Théâtre Érotique de la Rue de la Santé.

I

« Si l’hypocrisie n’était pas, par excellence, la vertu théologale de notre triste époque, ce Théâtre, conçu d’après l’idée simple de Molière, de réjouir les honnêtes gens, n’aurait aucunement besoin d’introduction. On lèverait la toile, et le spectacle commencerait, après l’ouverture exécutée par les violons.

« Mais, hélas ! l’esprit criminaliste de nos contemporains, tous magistrats stagiaires à la sixième chambre, voit matière à procès et à scandale dans les actions les plus ingénues, et réclame à grands cris des explications.

« Ce sont ces explications que nous allons ne pas leur fournir.


II

« Ce que nous prétendons écrire n’est que l’histoire pure et succinte du Théâtre Érotique de la rue de la Santé, théâtre bizarre, irrégulier, sauvage, excessif, mais où l’on a ri d’un rire franc, et qui a eu le privilège de réunir, dans la communion de la gaîté, un petit nombre d’artistes et d’hommes de lettres bien portants.

« La Bohême élégante et poétique de la rue du Doyenné, le cénacle qui rassemblait Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Lassailly, Arsène Houssaye, encore non millionnaire, Chassériau, et Marilhat, et tant d’autres, morts régulièrement ou enterrés dans un Institut vague et indéterminé, ou simplement devenus de grands poètes contraints de rendre compte des ouvrages de M. Dennery, pour gagner l’argent nécessaire à l’entretien des vices qu’ils ont pu conserver, n’a plus aucune raison d’être. Elle a disparu avec les beaux enthousiasmes et les fiers élans qui faisaient battre le cœur des vaillants de 1830.

« Mais le bourgeoisisme envahissant, la vie de café, le besoin incessant de faire de la copie, n’ont pu discipliner entièrement la bande des hommes de lettres vivaces et des, artistes en qui le sang des aïeux circule, malgré tout. À de certains moments, la gent irritable sent ses nerfs agaces, et veut, à toute force, protester, fût-ce entre quatre murs et dans le fond d’une cave, contre la tyrannie des soirées officielles et des réunions où les peintres sont mêlés aux boursiers, et les poètes aux journalistes graves.

« En ce temps-là (1861), M. Duranty venait d’ouvrir, dans le Jardin des Tuileries, un théâtre de marionnettes, salué à son aurore par les acclamations de la haute et de la basse presse, marionnettes littéraires, qui pètaient des alexandrins, en guise de poudre, aux yeux des militaires et des bonnes d’enfants, — mais qui ne tardèrent pas à devenir pareilles aux marionnettes des Champs-Élysées, et durent se résigner à jouer la farce traditionnelle de Polichinelle battant sa femme, et finalement emporté par le Diable.


III

« M. Amédée Rolland, que les récents succès des Vacances du Docteur et de l’Usurier de Village avaient mis en vue, demeurait alors dans une sorte de ville de province, au fond des Batignolles, entre les fortifications et les premières maisons de Clichy-la-Garenne. Sa maison avait pour locataires M. Jean Duboys, l’auteur de la Volonté et des Femmes de Province, M. Edmond Wittersheim, et M. Camille Weinschenck, un voyageur revenu du Japon, et que la difficulté de son nom qui se brait, se miaule ou s’aboie, peut-être, mais ne se prononce pas, faisait appeler, simplement, 4025.

« À la suite d’un déjeuner où était invité M. Lemercier de Neuville (Lemerdier, dans l’intimité), on émit le projet d’appliquer l’idée de ! M. Duranty à un théâtre libre, où la fantaisie se donnerait carrière, et qui servirait de prétexte à réunir, dans un souper semi-mensuel, une vingtaine de gens d’esprit, éparpillés aux vingt coins de Paris.

« Le projet eût été un simple propos après boire, sans M. Lemercier de Neuville, sorte de Maître Jacques, apte à plus de choses que l’ancien, qui trouva immédiatement le moyen de faire une réalité d’une idée en l’air ; — et, le 27 mai 1862, un public — très particulier — était convié d’assister à l’inauguration solennelle de l’Erôtikon-Théatron.


IV

« Ce théâtre était installé dans une salle vitrée, antichambre de la maison.

« M. Lemercier de Neuville en fut à la fois l’architecte, le maçon, le peintre, le machiniste et le directeur. Le privilège lui en fut, bien entendu, solennellement concédé.

« Au-dessus de la porte d’entrée, on lisait cette maxime, empruntée à la sagesse de Joseph Prudhomme :


Sans ordre on n’arrive à rien.

« Ladite maxime servit d’épigraphe aux affiches des représentations, données par ordre, puisque sans ordre on n’arrive à rien.

« Les inscriptions étaient nombreuses dans la maison. Locataires et visiteurs avaient tous l’esprit épigraphique.

« Chaque pièce avait donc une appellation particulière, qui se justifiait.

« Sur la porte des lieux, on lisait :


Parlez à Ponson

« On finit par dire : — Je vais chez Ponson, — pour : — Je vais aux lieux.

« Le domestique de la maison se composait de deux femmes : Tronquette, sorte de négresse blanche, longtemps au service de Titine, personne de mœurs légères qui a fait les beaux jours du café du Rat mort, après avoir fait ceux de M. Amédée Rolland, et de quelques autres gens de lettres. Tronquette était chargée de faire les lits de ces messieurs, mais son occupation essentielle consistait à ne jamais se laver les mains ni la figure. M. Auguste de Chatillon lui demanda un jour si elle se lavait autre chose ; Tronquette lui répondit : — Venez-y voir ! —

« La femme de Léonidas eût dit : — Viens le prendre ! —

« L’autre femme était la cuisinière Aimée, — semblable à toutes les cuisinières possibles.

« Aimée et Tronquette couchaient ensemble dans un petit pavillon, à l’entrée du jardin, sur la porte duquel était écrit :


Parlez à Tronquette.

« M. Albert Glatigny fut surpris un jour dans ce pavillon, excitant violemment les deux pécores aux voluptés de la tribaderie.

« La vertu de Tronquette se manifestait en ce moment sous la forme d’un manche à balai, qu’elle brandissait sur la tête, la vraie tête[1], de ce poète immoral, mais convaincu.

« Chaque chose, chaque animal du jardin avait un nom particulier, destiné à illusionner les étrangers sur sa nature et son origine.

« Le puits se nommait : Les Sources du Nil ;

« Un puisard : L’Hippocrène ;

« Un espace sablé, réservé pour faire des armes : Le Champ-de-Mars ;

« La cage aux chiens : La Ménagerie ;

« Follette, chienne caniche : Lionne de l’Atlas ;

« Pip, chien ratier : Tigre du Bengale ;

« Un chat empaillé, enchaîné au sommet du puits : Singe du Pérou, rapporté par le capitaine Camil ;

« La cage aux poules portait cette inscription : Coq de Gruyère, donné par le consul de France à Batignolles ;

« Une pie noire, aux ailes éboutées, qui sautillait çà et là, avait été baptisée Perle noire, en l’honneur de la pièce de M. Sardou.

« Les arbres portaient des étiquettes du même genre :

« Un abricotier : Saucissonnier à l’ail (Saucissonnierus alliaca ; Linnæus), donné par M. Champfleury ;

« Un sapin : Bretellier des Alpes (Bretellarium alpinium ; Linnæus), donné par M. de Lamartine ;

« Un prunier : Cubèbe commun (Cubebus communis ; Linnæus), donné par Mlle  Suzanne Lagier.

« Etc., etc., etc.

IV [sic, pour V]

Le Théâtre.

« Sur les murailles s’étendait une fresque peinte par M. Lemercier de Neuville, représentant une salle de spectacle où les charges des spectateurs, fort ressemblantes, se prélassaient dans les loges.

« Le théâtre, au fond de la salle, ne comportait pas moins de seize plans de profondeur, et était machiné de manière à y représenter des féeries aussi compliquées que la Biche au bois.


Personnel.

« Bailleur de fonds et propriétaire : M. Amédée Rolland.

« Directeur privilégié : M. Lemercier de Neuville.

« Régisseur général : M. Jean Duboys.

« Lampiste, machiniste, en un mot toutes les fonctions viles : M. Camille Weinschenck.


Matériel.

« Huit poupées sculptées par M. Demarsy, acteur de la Porte Saint-Martin ;

« Douze costumes exécutés par les maîtresses des membres de l’administration ;

« Trente-six décors, peints par Edmond Wittersheim et Lemercier de Neuville, mais retouchés par M. Darjon, qui avait peint la façade du théâtre.

« Deux décors, le salon Louis XV et la cuisine, qui servaient dans Signe d’Argent, étaient l’œuvre de l’heureux mortel auquel Mme  Alphonsine des Variétés a dit un jour : — Sois mon Caïus, je serai ta Caïa ! —

« Passons à la liste des ouvrages représentés sur ce théâtre, au cours de l’été de 1862 et de l’hiver de 1863, à la fin duquel, à cause du déménagement de M. Amédée Rolland, l’Erôtikon Theatron ferma ses portes :

« 1. — Erôtikon Theatron, prologue en vers, par M. Jean Duboys ;

« 2. — Signe d’Argent, vaudeville en trois actes, du même ;

« 3. — Le dernier Jour d’un Condamné, drame en trois actes, par M. Tisserant ;

« 4. — Un Caprice, vaudeville en un acte, par M. Lemercier de Neuville ;

« 5. — Les Jeux de l’Amour et du Bazar, comédie de mœurs, du même auteur ;

« 6. — La Grisette et l’Étudiant, comédie en un acte, par M. Henry Monnier ;

« 7. — Scapin maquereau, drame en deux actes, par M. Albert Glatigny.

« D’autres pièces avaient été commandées. M. Théodore de Banville avait promis une comédie en prose, et M. Champfleury une comédie en vers.

« Des lettres d’invitation, imprimées chez Claye, furent envoyées aux personnes dignes d’entrer, et le 27 mai 1862, nous l’avons dit, le théâtre fut inauguré, en présence de MM. Paul Féval, Charles Bataille, Carjat, Alcide Dusolier, Émile Durandeau, Alphonse de Launay, Champfleury, Demarsy, Darjou, Charles Monselet, Poulet-Malassis, Tisserant, Charles de la Rounat, Debillemont, Duranty, Albert Glatigny, Jules Moineaux, Louis Ulbach, le colonel Lafont, Alphonse Daudet, Théodore de Banville, Henri Monnier, Léo Lespès, Orner de l’Ambigu, et de Mlles  Guimond et Antonia Sari.

« Un journal du temps, le Boulevard, donna le compte-rendu de la première représentation, dans son numéro du 1er juin 1862 ; c’était de la prose de Carjat lui-même, écrivant chez, lui ; bel exemple pour la Revue des Deux-Mondes :

Encore un nouveau théâtre ! un théâtre d’intimes ! Erôtikon Théatron, ce qui veut dire Théâtre des Marionnettes amoureuses. Rassurez-vous, tout s’y passe le plus convenablement du monde ; les coups de bâton y sont toujours protecteurs de la morale, et si la mère ne peut y conduire sa fille, en revanche le plaisir y attire des peintres et des littérateurs de talent.

« La façade du théâtre, peinte par Darjon, mérite une description spéciale, — mais Prologus va remplir sa tâche, — Prologus, c’est-à-dire un bouffon personnage, à qui Jean Duboys fait dire des vers charmants, que nous ne pouvons tous citer, faute d’espace, mais dont voici un échantillon :


« Messieurs, salut, salut mesdames ;
Vous les grâces, et vous les flammes,
Intelligences et beautés,
Le personnel de cette scène,
Ce soir, va faire son étrenne
Devant vos doubles majestés.

« Il ne manquera pas de zèle ;
Mais, ainsi que la demoiselle
Que l’on nomme Anna Bellangé,
Ce personnel assez folâtre
N’a paru sur aucun théâtre
Et désire être encouragé.

« Cachez donc bien vos clefs forées,
Point de clameurs exagérées,
Où l’on imite exactement
Les mille bruits de la nature,
Depuis l’orage et son murmure
Jusqu’au chien et son aboiement.

« Nous comptons sur votre sagesse
Pour que personne ne transgresse
Cet avertissement léger,
Et même dans notre service,
Nous avons omis la police,
De peur de vous désobliger.


« Notre nouveau théâtre a fait des frais énormes ;
Veuillez vous assurer que tout est peint à neuf ;
Arlequin suspendu fait admirer ses formes,
Et Jourdain ses souliers brillants, cirés à l’œuf.


« Pierrot pendu fait la grimace,
Et de son œil écarquillé,
Il contemple une contrebasse,
Auprès du pot qu’il a pillé.


« La triste Melpomène et la folle Thalie
Changent enfin de robe après quatre cents ans :
L’une va chez Ricourt pour jouer Athalie ;
L’autre reste aux Ducs Jobs, passés, futurs, présents.

« Voyez s’entourer sur leurs têtes
La vigne mêlée au laurier,
Rameaux sacrés que les poètes
Aiment surtout à marier.
............
............


« Du reste notre privilège
Admet tous les genres : ballets ;
Pièces à femmes, et ton cortège
De jupons courts et de mollets ;
Drame à canon, si je voulais !… »


« Comme vous voyez, ces marionnettes sont assez littéraires ; aussi M. Darjon a-t-il peint la façade du théâtre avec non moins d’art que M. Jean Duboys l’a décrite. Nous lui en faisons nos compliments sincères. »

« Cette première représentation fut suivie d’un grand souper. M. Champfleury porta ce toast audacieux :

« À la mort du Théâtre-Français ! à la prospérité des Marionnettes ! »

« Des vers furent récités, M. Alcide Dusolier régala une fois de plus ses amis d’un poème qui a pour titre : Phanor. On le soufflait.

« Quand vint le tour de M. Charles Monselet, M. Duranly se leva, et protesta, au nom de la prose, contre cette avalanche de vers.

« Plusieurs personnes réclamant à grands cris les Petites Blanchisseuses, la discussion menaçait de s’envenimer ; M. Monselet y mit un terme, en disant d’une voix grave et émue :

— Messieurs, si je dois être la cause d’une collision, je me retire.

« À deux heures du matin, on se sépara, et M. Champfleury, toujours petit Bineau, en s’en retournant, tira religieusement tous les cordons de sonnettes qu’il put appréhender en son chemin.


VI

« M. Monselet dînait chez M. Amédée Rolland. Tout d’un coup il se lève, prend sa canne et son chapeau, et déclare qu’il sort pour assister, au Gymnase, à la première représentation de la Perle noire.

« Reste donc, dit M. Lemercier de Neuville, nous nous sommes procuré le manuscrit de la pièce, et nous allons te la jouer. De cette façon, tu rempliras tes devoirs de critique, — et tu auras du dessert.

« On improvisa, séance tenante, une pièce sous le titre de la Perle noire.

« M. Monselet eut la bonté de croire qu’il assistait à la première représentation du chef-d’œuvre de M. Sardou, et, comme de juste, en fit un compte-rendu des plus élogieux dans le Monde illustré.


VII

« Aujourd’hui, de ce théâtre, il ne reste rien, qu’un souvenir de gaîté et de folie.

« Des bourgeois (détournez votre face) se sont installés dans la maison de la rue de la Santé ; — les fresques sont couvertes d’un lait de chaux ; — et les auteurs des bouffonneries gaillardes qu’on va lire, se livrent à la composition d’ouvrages sérieux, afin de mériter la peine d’Académie à perpétuité.

« L’illustre Brisacier. »

PIÈCES JUSTIFICATIVES

I

privilège du théâtre érotique

« Nous soussignés, seigneurs de Batignolles-sous-Banque et de la Monnaie, princes souverains de Tronquette et Poil, ducs d’Aimée-la-folie, comtes de Follette, vidâmes de Pip, et autres lieux du terrail et de terroir ;

« Accordons, par ces présentes, à notre amé et féal Lemercier de Neuville, le privilège du théâtre de la principauté ; Sous condition, par notre dit sieur Lemercier de Neuville, de se conformer aux lois, règlements et ordonnances qui forment le Code civil et criminel des dits États ;

« En vertu de cet acte souverain, le dit sieur Lemercier de Neuville aura droit de haute et basse justice sur tous comédiens, comédiennes, souffleurs, machinistes, pitres, galopins, attachés à l’exploitation de son théâtre ;

« À lui seul appartient le droit de juger, recevoir ou refuser les ouvrages dramatiques qui lui seront présentés, sous réserve des réceptions déjà faites avant son entrée en fonctions ;

« Il peut, jusqu’à un certain point, jouir du droit de jambage, cuissage, culage, prélibation, cueillette, droit des vergettes, et autres apanages réputés féodaux, sur les imprudentes qui entreront dans le siège de son exploitation, alors qu’il sera dans l’exercice de ses fonctions ;

« Ledit sieur Lemercier de Neuville devra tenir le théâtre en bon état, et surtout jouir en bon père de famille, non seulement des imprudentes sus énoncées, mais de son privilège ; c’est-à-dire veiller à la conservation et à l’augmentation des décors, ne recevoir que des chefs-d’œuvre joués par des artistes hors ligne, sous peine de révocation, après décision du conseil privé.


« Au nom des quatre fils Aymon :
« par ampliation,
« Amédée Rolland,
« secrétaire.

« Scellé du sceau et enregistré,
« Edmond Wittersheim.

« Vu et légalisé,
« Jean Duboys, Camille Weinschenck. »

II

La 2e pièce justificative consiste en la reproduction en « fac-simile » d’une invitation, signée Lemercier de Neuville.

Cette invitation, sur papier à en-tête de l’Erôtikon Théatron, est revêtue du cachet du théâtre. En voici le texte (les passages soulignés sont manuscrits) :

« Vous êtes invité à assister à la représentation de mardi 8 juillet courant.

« On jouera :

« Le Dernier Jour d’un Condamné,
« Drame en 3 actes et en prose


« L’Invitation est absolument personnelle. Se munir de la lettre d’avis.

« Tournez le bouton, s. v. p. : — Quiconque sonnera sera impitoyablement expulsé.


« Pour la direction du Théâtre,
« L. Lemercier de Neuville.

« 20 /3. — Bon pour un dessus de cheminée.

« On commencera à 8 h. du soir.
« Paris. — Typ. J. Claye. »



Voici maintenant les notices qui précèdent le texte de chaque pièce du recueil :



1. — « La Grisette et l’Étudiant, pièce en un acte, par M. Henry Monnier.

« Avertissement.

« M. Henry Monnier répudie énergiquement la paternité de cette comédie.

« Que Joseph Prudhomme, à l’instar de l’Eumolpe de Pétrone, rougisse au moyen du fard des gaîtés de sa jeunesse, devant les imbéciles divers, nous le voulons bien ; mais, de lui à nous, cette pudeur empruntée à la chimie est hors de propos.

« Lorsqu’il vint offrir la Grisette et l’Étudiant, à l’administration du Théâtre de la rue de la Santé, Monnier avait passé la soixantaine.

« Lui-même fit parler les trois personnages de la comédie.

« Lui-même vint recevoir, avec l’im-per-tur-ba-bi-li-té cons-ti-tu-ti-on-nel-le du cabotin induré les fé-li-ci-ta-ti-ons des spectateurs idolâtres et vertueux, parmi lesquels on remarquait MM. Paul Féval, Paul Blaquière, alors mélancolique et poitrinaire (Théresa lui a depuis fait deux filles : La Vénus aux carottes et La Femme à Barbe. La mère et les enfants se portent bien). Charles Bataille, Edmond Duranty, Albert Glatigny, etc., etc., sur lesquels planaient visiblement les ombres de tous les rapporteurs éventuels du prix Monthyon.

« Le manuscrit autographe de M. Henry Monnier, dont nous sommes l’heureux possesseur, ne peut d’ailleurs laisser de doute sur le concubinage auquel cet égrillard funèbre s’est livré avec Mlle Musa, afin de procréer la Grisette et l’Étudiant.

« Voyons, Monnier, tu as vraiment tort de renier ton essai de comédie libre. Il te sera compté pour plus que les rengaines dont tu attristes les soupers où ta place est marquée comme auteur des Bas-Fonds ; — et il vaut mieux, mille fois, que ta pièce des Peintres et Bourgeois, faite en collaboration avec un commis-voyageur mis à pied, et qui a obtenu un four si funèbre, dedans l’Odéon, noir caveau !

« M. Monnier a donné deux représentations de la Grisette et l’Étudiant sur le Théâtre de la rue de la Santé.


Nous le jurons !
« Et il nie, le récidiviste ! »



La Grisette et l’Étudiant a bien été écrite par Monnier, tout comme les Deux Gougnottes (voir notre notice sur ce dialogue). Il reste de ces deux pièces des manuscrits autographes. La Grisette et l’Étudiant et Deux Gougnottes, sont deux chefs-d’œuvre, deux, délicats et savoureux chefs-d’œuvre de vérité et d’observation.



2. — « Le Dernier Jour d’un Condamné, drame philosophique en trois actes, par M. Jean-Hippolyte Tisserant.


« Avertissement.

« La légende de Jean Coutaudier a fourni le sujet de ce drame.

« M. Tisserant, ancien acteur de l’Odéon, et auteur, en collaboration, du Vicaire de Wakefield, pièce emmerdante, s’il en fut, voulut prendre sa revanche du four odéonien avec le Dernier Jour d’un Condamné.

« Sa maîtresse, en ce temps-là, Mlle  Mosé, assistait à la lecture qu’il fit de sa pénible élucubration au directeur du Théâtre érotique, et proposa presque à M. Lemercier de Neuville de se prostituer à lui, si la pièce n’était pas reçue à correction.

« M. Lemercier répondit froidement que si l’œuvre de M. Tisserant avait réellement des qualités littéraires, que si elle était bonne en elle-même, et de nature à moraliser les masses, il la recevrait à tour de bras ; — mais en même temps, il offrit son mouchoir à Mlle  Mosé, qui comprit, — comme si elle avait été de la maison de Molière.

« Ainsi, plus que tous les membres de l’Aréopage, peut-on se montrer homme de Plutarque !

« On admira, au troisième acte, un superbe panorama mouvant du Palais de Justice, du Pont de la Tournelle, et des quais, jusqu’à la Place de Grève.

« M. Tisserant fit agir et parler la marionnette principale — et pourtant le Dernier Jour d’un Condamné ne fut joué qu’une fois. Cette accumulation de plaisanteries funèbres sur la guillotine avait laissé les spectateurs sinistrement impressionnés.

« M. Jules Claretie, l’écureuil de la jeune petite presse, rendit compte de la représentation dans le Diogène, — et M. Henri de Pène, dans le feuilleton de l’Indépendance Belge. Cet écrivain par ambassadeur s’était manifesté au Théâtre érotique sous la forme du mage Henri Delaage.

« Le Jean Coutaudier de Jean Tisserant et le Jean Hiroux de Monnier, ce Jean, sont le même personnage.

« Jean Tisserant en revendique la création.

« Monnier Jean prétend que Tisserant lui a volé son idée.

« À force de forger on devient tisserand.

« Ils ont sans doute raison tous deux. »



3. — « Les jeux de l’Amour et du Bazar, comédie de mœurs en un acte, par Lemercier de Neuville,


« Avertissement.

« Ce marivaudage fut un des grands succès du Théâtre érotique. En faisant représenter si souvent ses propres ouvrages sur le Théâtre dont le privilège lui avait été accordé, M. Lemercier de Neuville se mettait en contravention directe avec l’association des auteurs dramatiques.

« Il fut un instant question de réunir, en une assemblée solennelle, les fournisseurs des différents spectacles de Paris, sous la présidence de M. Léon Laya, pour examiner s’il n’y avait pas lieu de mettre le Théâtre érotique en interdit. Quelques grands personnages s’entremirent, et l’interdit ne fut pas prononcé.

« Le chœur des sergents de ville qui termine la pièce fit trouver un nouveau truc qui servit depuis pour toutes les figurations dont on eut besoin. Les marionnettes se tenant au bout des bras, et le cadre du Théâtre ne pouvait permettre à plus de deux personnages de se tenir cachés derrière la devanture, il était de rigueur absolue qu’il n’y eut jamais que quatre acteurs au plus en scène.

« M. Lemercier de Neuville imagina de peindre, sur un morceau de carton découpé, une vingtaine de sergents de ville, que l’on pouvait faire manœuvrer facilement d’une seule main. Chaque sergent de ville était décoré.

« La première représentation des Jeux de l’Amour et du Bazar fut attristée par la mort de Ratapon, bon vieux chat invalide mais athée. On l’inhuma le lendemain, dans le jardin, avec le cérémonial usité par la religion de la majorité des Français, afin d’éviter aux voisins le spectacle scandaleux d’un enterrement purement civil.

« L’oraison funèbre de Ratapon fut prononcée en ces termes, par mademoiselle Tronquette :

« — Ah bien ! tant mieux ! il ne viendra plus chier sur mon lit. »



Cette comédie mêlée de couplets est à deux personnages :

Sylvia, maquerelle.
Dorante, maquereau.


4. — « Un Caprice, par Lemercier de Neuville.


« Avertissement.

« La réception de ce vaudeville fut signalée par la chute, dans le verre de M. Lemercier de Neuville, d’une chenille qui faillit l’étrangler, pendant qu’il lisait son œuvre au comité, assemblé sous la tonnelle du jardin, et composé, ce jour-là, de MM. Amédée Rolland, Jean Duboys, Vieillot et Albert Glatigny.

« Joué au commencement d’octobre 1863, Un Caprice réussit. Cependant le succès ne fut pas aussi éclatant qu’on l’eût pu croire aux répétitions.

« Un spectateur se retira avant la chute du rideau, violemment indigné. Ce spectateur était M. Louis Wihl, poète allemand, aujourd’hui professeur au lycée de Grenoble. M. Glatigny avait fallacieusement persuadé au bon allemand, que les marionnettes de la rue de la Santé ne jouaient que des pièces d’un haut goût littéraire, et que la libre-pensée, expulsée du Collège de France et des cours publics, s’était réfugiée au théâtre des Batignolles. M. Louis Wihl en fut ému, et sollicita une invitation.

« Le soir de la première représentation du Caprice, il arriva donc, flanqué de deux volumes de Hegel et d’un exemplaire de ses poésies allemandes, bénissant les dieux qui l’avaient conduit dans un cénacle de jeunes gens sérieux et réfléchis ! La première scène l’étonna d’abord, et plusieurs expressions, peut-être libres, l’effarouchèrent. On l’apaisa en lui faisant observer qu’elles étaient de la langue de Rabelais. Mais à la scène capitale du vaudeville, quand Urinette se lave le cul, le vertueux philosophe n’y put tenir, et sortit en bousculant les chaises…

« — M. Rolland est un picnouf ! — s’écria-t-il.

« Le mot picnouf, employé pour pignouf, était le seul terme d’argot parisien qui eût pu se loger dans cette tête carrée.

« On applaudit beaucoup le truc de la cascade d’eau naturelle tombant dans la cuvette d’Urinette, et rappelant vaguement l’effet produit par le torrent dans le Pardon de Ploërmel.

« Un Caprice fut repris, à quelque temps de là, sur le théâtre des marionnettes de M. Émile Renié, rue des Martyrs.

« Ce théâtre réussit peu, et ferma avant d’avoir ouvert, »



Florestan, « gandin marié », a un caprice pour Urinette, « drôlesse ». Il va la trouver dans son boudoir. Mais les dieux vengeurs de l’hymen veillaient. Florestan, humilié, dut, après des essais infructueux, s’en retourner auprès de sa chaste épouse.



5. — « Scapin Maquereau, drame en deux actes, par M. Albert Glatigny.

« Avertissement.

« L’auteur de ce drame vint, à pied, de Versailles à Batignolles, pour en remettre le manuscrit au secrétaire du Théâtre. — Lorsque M. Albert Glatigny déboucha dans le jardin, un héron qui depuis deux jours faisait l’ornement de la Ménagerie, saisi d’un sentiment exaspéré de jalousie, à l’aspect des jambes du poète des Antres malsains, s’envola pour ne plus revenir…

« Scapin maquereau, annoncé sous le titre de Scapin ruffian, fut représenté au mois de janvier 1863. Les costumes des putains avaient été copiés sur ceux des filles de la Patte de Chat (Débit de chair humaine au plus juste prix, sur le boulevard Monceaux). Le décor du premier acte fut vivement applaudi. M. Monselet feignit d’y reconnaître le petit temple grec qui sert de loge au portier du parc Monceaux ; mais personne ne fut dupe de sa méprise hypocrite.

« Entre le premier et le second acte de Scapin maquereau, M. Lemercier de Neuville introduisit Crockett et ses lions, intermède qui eut le plus grand succès.

« Le décor, peint par l’auteur, représentait le Cirque et ses 3.000 spectateurs : — Ça ressemble au tableau de Gérôme ! — s’écria M. de Serre, quand le murmure d’approbation générale se fut apaisé. — Oui, mais il y a plus d’air, — reprit le sévère Pelloquet, des Espagnes. (On sait que M. Théodore Pelloquet est le sujet de la romance Le beau Pelloquet des Espagnes, qui se chante sur l’air : Je suis muletier de Castille).

« M. Armand Gouzien, auteur de la Légende de Saint-Nicolas, composa pour Scapin maquereau une ouverture à grand orchestre. L’ouvrage fut repris sur le théâtre de M. Émile Renié, avec le concours des marionnettes de M. Bénédict Revoil. Il a été représenté, en dernier lieu, sur un théâtre particulier, à Nancy, rue du Maure qui trompe. »



La pièce en vers de Glatigny est amusante, Le sujet est fort simple. Un brave homme, père d’une jeune fille qui refuse énergiquement de se laver, la conduit dans une maison publique, pour lui apprendre les soins élémentaires de la propreté.



6 — « Signe d’Argent, vaudeville en 3 actes, par MM. Amédée Rolland et J. Duboys.


« Avertissement.

« Ce drame fut représenté le 27 mai 1863, pour l’inauguration du Théâtre érotique.

« Le seul auteur nommé fut M. Jean Duboys, mais M. Amédée Rolland avait collaboré.

« Un excès de modestie empêcha l’auteur des Vacances du Docteur de faire proclamer son nom.

« La pièce eut un fort grand succès, malgré la longueur des entractes. M. Charles Monselet, pour faire prendre patience aux spectateurs, joua, entre le premier et le second acte, la scène du Monsieur à qui l’on a pris sa place. Cet intermède fut accueilli par une salve d’applaudissements, qui en devint un tonnerre.

« Au 3e acte, le public fut vivement impressionné par l’apparition d’un billet de banque de 500 francs, réel et sérieux. La marionnette chargée du rôle du marquis, en jouant avec ce billet, l’ayant imprudemment approché d’une bougie allumée, M. Amédée Rolland, au risque de troubler le spectacle et de compromettre le succès de l’ouvrage, se leva, comme par un ressort, et s’écria, comme par la trompette du Jugement : — Nom de Dieu ! prends garde de le brûler ! —

« Profitant de l’émotion causée par cet accessoire féerique, M, Monselet (encore lui !) se précipita vers le théâtre et tenta d’en dépouiller la marionnette. Un violent murmure de réprobation, mais d’envie, s’éleva des quatre coins de la salle, et fit comprendre à l’auteur du Morpion étrusque qu’il trouverait des juges parmi les spectateurs, puisqu’il avait négligé d’y chercher des complices.

« Durant la représentation, M. Poulet-Malassis ne cessa de se compromettre, en faisant, d’une façon ostensible, la vaisselle des mains de mademoiselle Tronquette. Nul doute que par cet excès de linguistique prolongé les abattis de cette jeune moricaude fussent devenus comparables à ceux de l’Aurore ; — mais les rafraîchissements ne circulèrent pas.

« Signe d’Argent eut cinq représentations. »



Signe d’Argent est une pièce scatologique.



7. — « Le Bout de l’An de la Noce, par MM. Lemercier de Neuville et J. Duboys.


« Avertissement.

« Cette parodie servit, en 1863, chez l’illustre photographe Carjat, à la première exhibition des Pupazzi de M. Lemercier de Neuville…

« — Carjat, limonade, bière !

« M. Émile Ollivier, le représentant amphibie, rasé de frais et de près, assistait à la représentation, durant laquelle on vit ses joues aimables passer insensiblement du rose au pourpre… Il avait apporté sa pudeur !…

« — Carjat, limonade, bière !

« À sa gauche, un homme à barbe (sans doute, quelque moraliste), se tenait à quatre pour ne pas lui pincer le…

Carjat, limonade, bière !


« Poulot ricanant
Lui pince le derrière ;
Elle, honnêtement,
Bonne fille, et pas fière,
Lui dit : — Merci !
Ohé ! à la chienlit
À la chienlit !

« Ah ! s’il était venu en robe !…

« — Carjat, limonade, bière !

« Non plus que la femme de J. C, la maison de Carjat ne doit être soupçonnée, mais la compagnie fut toujours chez lui furieusement mêlée…

« — Carjat, limonade, bière !

« Les honnêtes gens en gaîté y sont exposés sans cesse à se trouver coude à coude avec des personnages d’une moralité de fille d’auberge…

« — Carjat, limonade, bière !

« Carjat va trop loin dans la sociabilité…

« — Carjat, etc., etc. »



Jeanne, belle blonde, et Berthe, belle brune, autrefois « filles », maintenant femmes — honnêtes, — attendent, dans un cabinet particulier, l’arrivée de deux messieurs qui doivent les aider à tromper, pour la première fois, — depuis leur mariage, — leurs honnêtes époux,

Comme « Louise et Henriette » d’Henry Monnier, elles y sont venues toutes deux avec une arrière-pensée. Elles finissent par se la confesser et s’enfuient ensemble par une porte dérobée, juste comme leurs « complices » se font annoncer.

S’il n’a pas les qualités de « précision » des « Deux Gougnottes », le dialogue de Lemercier de Neuville et J. Duboys, n’en est pas moins amusant.



8. — « La Grande Symphonie des Punaises, paroles de MM. Nadar et Charles Bataille, musique de M. Jacques Offenbach.


« Avertissement.

« Cette fantaisie a été représentée chez M. Jacques Offenbach. En quelle année, devant quel public ? Nous ne savons.

« Elle a été imprimée à la suite de la 1re édition du Théâtre Érotique sous les pseudonymes suivants : « Paroles du Géant du boulevard des Capucines et du Docteur Quérard (de Chartres) ; musique du Jettatore du passage Choiseul.

« Le Géant du boulevard des Capucines : M. Nadar ; l’univers connaît son installation photographique du boulevard des Capucines, et son ballon le Géant. La fête de M. Nadar remplacera celle de l’Ascension sur le nouveau calendrier républicain, si j’en crois l’ombre de Romme, qui m’est apparue.

« Le docteur Quérard, de Chartres : M. Charles Bataille. Beauceron, comme Mathurin Régnier, auteur d’un roman publié sous ce titre, en collaboration prétendue avec M. Razetti. Tout Paris sait que M. Razetti écrit peu, mais qu’il aime à signer des livres, pour se faire décorer de Saint-Maurice et Lazare, et autres ordres équivoques. Dans le système du monde de mon portier, quand le ciel est étoilé, c’est que les membres défunts de toutes les légions d’honneur possibles s’y sont donnés rendez-vous, afin de prendre ensemble le frais, et des petits verres, sans doute, et les amas de nébuleuses s’y forment de tas de Razetti divers.

« Le Jettatore du passage Choiseul : M. Jacques Offenbach ; il jouit d’un fameux mauvais œil.

« Des morceaux de la musique de la Grande Symphonie des Punaises se retrouvent, dit-on, dans la Belle Hélène. »


147. — Gamiani.

In-8o de 95 pp. cartonné, sans couv. impr.

Traduction anglaise, sans gravure (vignettes dans les hauts de pages).

La couverture manque, ainsi que la page de titre.

Voir, pour les éditions françaises de Gamiani, les cotes : 66, 194, 413, 414, 415, 416, 417, 418, 419, 420, 421


148. — The Curtain Drawn up, or The Education of Laura, From the French of the Comte Mirabeau. I. Revised Edition. London. — Putitin, Rogers and Co, Nineinch street, 1818

2 volumes, in-8o viii-83 et 80 pp. brochés, sans couv. impr. Double du 134, seulement l’éditeur a tiré deux moutures du même ex. en donnant un titre spécial à la deuxième partie (Réimpression moderne).


149. — L’Aretin Français, par Un membre de l’Académie des Dames. « J’appelle un chat un chat. Boileau. » — Sur la copie, à Londres, 1787. — A Larnaka, imprimé exclusivement pour les membres de la société des Bibliophiles Aphrodiphiles.

s. d. pet. in-16 de 106 pp. broché, couv. impr., imprimé sur papier teinté. On trouve à la suite sur pagination continue Les épices de Vénus ou pièces diverses du même académicien. Sur la copie de Londres 1787. A Gnide chez Sapho.

Réimpression moderne, avec 18 figures libres sur Chine monté, reproduisant celles de l’édition originale (voir 463, où nous renvoyons le lecteur pour la notice sur Nogaret et l’Arétin Français) et le frontispice (sur Chine monté) des Épices de Vénus qui se trouve ici rejeté à la fin du volume.

Voir aussi, à 464, une mauvaise réimpression sans gravures, pour le colportage.


150. — The Memoirs of Dolly Morton, the story of a Woman’s Part in the struggle to free the slaves. — An Account of the Whippings Rapes, and Violences that Preccded the Civil War in America ; with Curiouns Anthropological Observations on the Radical Diversities in the Conformation of the Female Bottom and the Way différent Woman endure Chastisement. Now issued for the First Time. — Paris, Charles Carrington, 13, Faubourg Montmartre, 13. — 1899. Droits de traduction et reproduction réservés.

In-8o de xvii-272 pp. br. couv. impr. (Sur vergé).

Roman anglais sur la flagellation. La scène est située aux États-Unis, dans les États du Sud, un peu avant la guerre de Sécession.


151. — The Story of a Dildoe, a tale, in Five Tableaux. — London, Privately printed, 1891.

1 vol., in-8o de 90 pp. broché, couv. impr. Papier de Hollande. Pages encadrées de filets rouges.

Histoire d’un godmiché, conte en cinq tableaux, en anglais. Il y a des vers à la fin.


152. — Records of personal Chastiment. The Unhappiest Day of my life. Folloved by the True Story, now for the first time disclosed, of M. Thorne’s Governess. Based upon Private Memoirs in the possession of that Gentleman’s Family. Price : Twenty shillings. Paris, librairie des Bibliophiles Français et Etrangers. Tous droits réservés.

In-8o, s. d. (Papier de Hollande), 149 p. broché. Couv. rose imprimée (Dépôt légal en 1899). La couverture porte seulement : Records of personal chastisement et sur le second plat extérieur, catalogue (Carrington, éd., Paris).

Texte en anglais. Diverses nouvelles où la flagellation tient une large place.

La préface intitulée : Flagellomania, est presque entièrement composée de la citation d’une lettre de M. Geo. Bernard Shaw au secrétaire de the Humanitarian League.


153. — Memoirs of private flagellation. A Treacherous Plot. The Fate of Isabel Seaton. A scène in a Boarding School, By James Holmes and others. Price : Thirty shillings. — Paris, librairie des Bibliophiles français et étrangers. Tous droits réservés.

1 vol. s. d. sur Hollande, in-8o. broché, couv. verte, impr., catal. sur le second plat extérieur (Carrington, éd. Paris), 240 p. Recueil de nouvelles où il est surtout question de flagellation. À partir de 237, sommaire de The Memoirs of Dolly Morton annoncé comme le plus grand roman de flagellation en langue anglaise. La couverture porte seulement Memoirs of Private Flagellation.


154. — Art de Foutre en quarante manières, ou La Science-Pratique des Filles du Monde. A Amsterdam, 1789.

1 volume in-12, de 122 pp. broché, sans couv. impr., avec 10 planches lithographiées contenant quatre « postures » par planche. Réimpression de 1830 environ.

Texte en prose, suivi de quelques vers pour chaque posture.


155. — Doutes Amoureux ou Cas de conscience et points de droit, avec leurs solutions, à l’usage des Confesseurs et des Magistrats. Texte italien et traduction en regard. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, Quai Malaquais, no 5. — 1883.

Double du 92.


156. — La Puttana Errante, Poème en quatre chants de Lorenzo Veniero, Gentilhomme Vénitien (xvie siècle). Littéralement traduit, texte italien en regard. — Paris, Isidore Liseux, éditeur. Quai Malaquais, no 5. — 1883.

Double du 89.


157. — La Tariffa delle Puttane di Venegia (xvie siècle). Texte italien et traduction littérale. — Paris, Isidore Liseux, Quai Malaquais, no 5. — 1883.

Double du 88.


158. — Le Zoppino, Dialogue de la vie et généalogie de toutes les courtisanes de Rome (xvie siècle). Littéralement traduit, texte italien en regard. — Paris, Isidore Liseux, éditeur. Quai Malaquais, no 5, 1883.

Double du 91.


159. — Le Couvent hospitalier, Conte tiré du Livre : De l’Origine des Proverbes, d’Aloysio Cynthio De Gli Fabritii (xvie siècle). Littéralement traduit pour la première fois, texte italien en regard. — Imprimé à cent vingt exemplaires, pour Isidore Liseux et ses Amis. Paris, 1885.

1 volume petit in-4o de xvii-57 pages. Imprimé à 120 exemplaires sur Hollande. Broché. Couverture. Titre en rouge et noir. Traduction française d’Alcide Bonneau.


160. — Le Poésie di Giorgio Baffo, Patrizio Veneto. — MDCCLXXI.

1 volume pet. in-4o s. l. ni adresse, de 1 feuillet de titre et 250 pages. Publié à Londres (d’après Lemonnyer) On ne connaît de cette édition que peu d’exemplaires. Elle ne contient qu’une petite partie de l’œuvre du Baffo.

Texte en dialecte vénitien du xviiie siècle.

Un autre exemplaire à 227.

Bien que la pagination soit régulière, le premier cahier est signé B, immédiatement après le titre. On a probablement supprimé une préface ou un avertissement qui devait former le cahier A sans chiffres ou avec chiffres en romain.

Voir à 93 la note accompagnant la traduction de Liseux.


161. — Le Roman de Violette, œuvre posthume d’une Célébrité masquée. (Fleuron, représentant un satyre trayant une chèvre). — Lisbonne, chez Antonio da-Boa-Vista, 1870.

1 volume in-18 (Bruxelles, Brancart), titre rouge et noir. Couverture grise imprimée avec encadrement typographique. Ce petit roman saphique a été attribué à Alexandre Dumas père, et aussi à Théophile Gautier, sans qu’aucune de ces attributions paraisse sérieuse. On affirme encore que ce roman serait du même auteur auquel on attribue aussi Les cousines de la Colonelle (voir 52) ; c’est-à-dire une dame que les uns appellent la comtesse de Mauriac de Boissiron, et les autres Mme , Querouen de Boussiron.


162. — Le Trente-et-Un de la Zaffeta, poème de Lorenzo Veniero, gentilhomme vénitien (xvie siècle). Littéralement traduit, texte italien en regard. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, Quai Malaquais, no 5. — 1883.

Double du 87.


163. — Sheaves from an Old Escritoire. — Printed for The Erotica Biblion Society of London and New-York, 1898.

1 volume. Petit roman anglais.


164. — La Belle Libertine ou les Aventures galantes de Mademoiselle A***. Ouvrage orné de six gravures. Réimprimé sur l’édition originale exacte : A Paris, 1798. — Bruxelles, société des « Paillards et Frocards » 1889.

1 vol. de 142 pages. Les gravures manquent.

Réimpression moderne de l’édition originale (Londres, 1793).

Cet ouvrage n’est qu’une reproduction avec quelques additions du premier volume de la Vénus en rut (voir 47) ; il a été réimprimé, sous le même titre, à Conif…, 1798 (Bruxelles, 1838), in-18, 142 p., avec six lithos, ce sont : Atelier du mari ; Atelier de la femme ; Le mécanisme du grand œuvre ; La ressource d’une chaise ; Le sacrifice de la toison ; Délicieux préliminaire ; La bonne maîtresse.

Sa destruction a été ordonnée le 12 mai 1865 (Aff. contre Poulet-Malassis et consorts).


165. — Les Proverbes en Facéties d’Antonio Cornazano (xve siècle). Traduit pour la première fois, texte italien en regard. — Paris, Isidore Liseux, éditeur, rue Bonaparte, n. 25. — 1884.

Double du 98.


166. — Scènes d’amour morbide. (Observations psycho-physiologiques), par le Dr  Caufeynon. — Paris, librairie P. Fort, 19, rue du Temple, 19, Tous droits réservés.

volume in-16.

Compilation fort peu savante. Contient toute l’Histoire de la Secte Anandryne, tirée de l’Espion anglois.


167. — Charles Virmaitre, Les Flagellants et les Flagellés de Paris. — Paris, Charles Carrington, 13, Faubourg Montmartre, 13. — MCMII.

1 volume.

Anecdotes et récits sur la flagellation.


168. — La Gynécocratie, ou La Domination de la Femme, par Jacques Desroix, précédé d’une Etude sur le Masochisme dans l’Histoire et les Traditions, par Laurent Tailhade. — Paris, Charles Carrington, libraire-éditeur, 13, Faubourg Montmartre, 13. — MCMII.


1 volume grand in-8o de xiv, 1 f. n. ch., 315 pages, plus 2 f. non chif., un pour la table l’autre pour les indications relatives à l’imprimerie qui a tiré cet ouvrage. Publié à 750 ex. sur Hollande, couv. imprimée, catalogue sur le dernier plat. C’est la traduction ou plutôt l’adaptation diminuée, édulcorée et sans valeur du roman anglais Gynecocracy (v. 819-820).


169. — no 66. — The Pearl, A Journal of Facetiæ and voluptuous reading. Volume I.

3 volumes in-12.

Publication, ou mieux trois fascicules d’une publication mensuelle, en anglais, publiés respectivement en juillet, août et septembre 1879.

Cette publication a eu en tout 18 fascicules, dont on trouve les 3 premiers à l’Enfer. Le dernier parut en décembre 1880. Ce journal érotique contient, outre des romans, des contes, des pièces de vers, des bons mots, le tout très obscène. Tout cela n’a jamais été décrit par aucun bibliographe et vaut bien une mention spéciale. On l’a réimprimé en 3 vol. ; les romans qu’il contient ont été depuis, soit publiés à part en anglais, soit traduits en français. Publication curieuse, souvent spirituelle.



No 1. Juillet 1879.

Une apologie pour notre titre, signée : Editor of the « Pearl ».

Le commencement de Sub-umbra, or sport amongst the she-Noolees, roman qui a été traduit sous le titre À l’ombre.

Le commencement des Confessions de Miss Coote ou les expériences d’une vieille fille, roman de flagellation, en lettres. Il a été publié à part depuis.

Le commencement de Lady Pokginham, roman.

Un prologue, poème.

L’origine des espèces, chanson.

The Wanlon lass, chanson.

The Meeting of the Waters, parodie d’une mélodie de Moore.

Cunt, poème.

Des bons mots et des petits poèmes, un petit conte, une chanson de nourrice sous forme d’amphigouri.



No 2. Août 1879.

La suite des romans. Fragment d’une lettre de Harriett Keene, quelques poèmes, des bons mots, etc.


No 3. Septembre 1879.

La suite des romans, des vers signés Etoniensis, des chansons, des Rondeaux, une anecdote de guerre dans l’Inde, etc.



No 4. Octobre 1879.

La suite des romans, un conte : Young Beginners, des vers, des anecdotes, dont l’une concerne une actrice de la Comédie-Française.



No 5. Novembre 1879.

La suite des romans, des poèmes, un résumé du procès de J. R. Nichols, ou Inglefield, ex-capitaine du vaisseau Scipio, contre sa femme qui l’avait trompé avec John Webb, domestique nègre. Le procès eut lieu en 1768.



No 6. Décembre 1879.

La suite des romans, des anecdotes, des vers, deux lettres produites au procès de la Duchesse de Cleveland contre son mari Robert Fielding, esq, en 1707, et quelques fables hindoues.



No 7. Janvier 1880.

La suite des romans, le procès du capitaine Powell pour rapt de Margaret Edson, enfant de moins de 12 ans, le procès eut lieu le 31 mars 1775 et des vers.



No 8. Février 1880.

Le commencement d’un roman, La Rose d’amour, ou Aventures d’un gentleman à la recherche du plaisir. Le titre indique, traduit du français, ce qui est douteux. Ce roman a été, depuis, publié à part. La fin de Sub-umbra, la suite des autres romans, des vers.



No 9. Mars 1880.

La suite des romans, The Columbine, un poème écrit à Londres, le 12 janvier 1837, à Fraulein Thérésa Schmidt, danseuse d’opéra, vêtue en colombine.



No 10. Avril 1880, etc.

La fin des Confessions de Miss Coote, la suite des autres romans, etc.



No 11. Mai 1880.

Le commencement de My Grandmother’s tale, la suite des autres romans, etc.



No 12. Juin 1880.

La suite des romans, des poèmes, etc.



No 13. Juillet 1880.

Un poème sur le Concert de Jullien, pièce curieuse. Jullien a été célèbre et connu à Paris où il dirigea les concerts du Jardin turc. Il s’établit à Londres et y donna des concerts, vêtu d’une façon extravagante ; la foule venait le voir et entendait de la musique par surcroît. Il fut à la mode, et sa femme aussi, une Anglaise qui vendait des fleurs dans Maddox-Street. La vogue de Jullien fut extraordinaire, puis diminua. Nous n’avons point de renseignements sur la façon dont il finit. M. Jules Lecomte nous a conservé quelques détails sur ce bizarre chef d’orchestre. La pièce de vers qui se trouve dans The Pearl est un commentaire obscène de ce qui se passait aux concerts de Jullien.

Le commencement d’un roman, Flunkevyanea, or Belgravian Morals, par Charles, la suite des autres romans et une épigramme sur Gladstone à propos d’une démonstration de la flotte anglaise contre la Turquie,



No 14. Août 1880.

La suite des romans, etc.



No 15. Septembre 1880.

La suite des romans, etc.



No 16. Octobre 1880.

La fin de la Rose d’Amour, la suite des autres romans, The blue vein, histoire galloise en vers, etc.



No 17. Novembre 1880.

La fin de Flunkevyana, la suite des autres romans, des facéties contre les prédicateurs à la mode, tels que le Rev. J. Spurgeon, etc.



No 18. Décembre 1880.

La fin des romans, des acrostiches, des anecdotes, des contes en prose et une parodie de l’hymne national, God Save Queen Cunt.



Il est regrettable que la Bib. Nat. ne possède que trois fascicules de cette curieuse publication.

La 1re  édition de The Pearl fut donnée par Cameron (nom d’emprunt) à Londres. Il faut noter que l’édition originale contient trois numéros de Noël (Christmas Annual), qui n’ont pas été réimprimés ; le 1er  parut pour Noël 1879, il contient la Maison hantée ; le second, publié pour Noël 1880, contient Swinia or the brifless barrister. Les 18 nos de la 1re , éd. comportaient chacun 2 lithos coloriées. La 1re , édition parut sur papier jaune. La 2e  édition, publiée par Brancart en 3 volumes, parut sur papier vergé. La 3e édition, qui n’est qu’une contrefaçon de la seconde, fut publiée par Bergé, à Rotterdam (papier ordinaire). C’est la plus courante.


170. — From the pen of… London, Elite Publishing Company, 1898.

1 volume in-12 de 47 pages.

Roman en anglais, sans titre. Le texte commence ainsi :

« Love » — said the madame — « is a passion heavenborn »…


171. — Année Galante, ou Etrennes à l’amour. Contes. Enrichi de figures et d’ariettes.

1 volume grand in-8 s. d. de 41 ff. (Paris, 1773), texte gravé et gravures coloriées (1 front, et 12 fig. libres à mi-page, une par mois). Belle édition.

Relié avec le 172.


172. — Les Heures de Paphos. Contes moraux, par Un Sacrificateur de Vénus. 1787.

1 volume grand in-8, avec 1 frontispice et 12 figures libres.

Relié avec le 171.

Douze contes en vers : Le moignon de l’Invalide. — La simplicité rustique. — Le Jardinier et sa femme. — Le bâton de pommade. — La messe de 4 heures. — La Consolation d’un veuf. — L’écrevisse. — Damon Ursuline. — Les deux n’en font qu’un. — Le Dévoiement. — Lisette Capucin. — La servante du curé.

Voir une réimpression moderne à 668.


173. — no 51. — The Romance Of Lust, or Early Expériences. Volume I.

4 tomes en 1 volume in-18.

Ce roman qui a été souvent contrefait a été publié pour la première fois par Cameron, à Londres. Il est intéressant et le dernier volume contient des passages en dialecte piémontais.


174. — Paul Verlaine. Femmes. [Marque de Hirsch.] Imprimé sous le manteau et ne se vend nulle part.

1 vol. petit in-8, 71 pages, couv. mobile verte, portant imprimé en or : Paul Verlaine — Femmes. Beau recueil de vers de l’auteur de Sagesse. Il est, bien que très libre, digne en tous points des autres recueils du même poète. Il y chante sa maîtresse, Esther, et des amies de passages comme Rita, Suzanne et Lily. Il contient 18 pièces. Édit. tirée à 500 exemplaires. C’est la réimpression de l’édition rarissime tirée à quelques exemplaires pour l’auteur et ses amis. Cette réédition, rare elle-même et qui se vend couramment 25 francs, a été publiée par Charles Hirsch, à Londres. Verlaine était venu proposer cette affaire et, d’après les dires de l’éditeur lui-même, lui avait été présenté par Arthur Symons. On donna douze livres sterling au poète et la plaquette fut imprimée à Londres.

Ce livre s’appelait d’abord D’aucunes, il devait former avec Parallèlement et Hombres un seul ouvrage sous le titre Cellulairement. La 1re  édition fut publiée en Belgique, saisie et mise au pilon. Peu d’exemplaires échappèrent au désastre (Cf. Les derniers jours de Paul Verlaine, par F. A. Gazals et Gustave Le Rouge. Mercure de France, 1911, pages 247 et suivantes). Ajoutons que Hombres, écrit à la gloire du péché philosophique, est très supérieur à Femmes et bien plus sincère. Hombres est un des meilleurs recueils de Verlaine. Sous le titre la Trilogie érotique de Paul Verlaine, le libraire Ch… a public en un beau volume, en 1910, Femmes, les Amies, Hombres avec des eaux-fortes où figure Verlaine.


175. — Odor di Femina, Amours naturalistes par E. D. Auteur de « Jupes Troussées ». — G. Lebaucher, libraire-éditeur, Montréal (Canada).

1 volume in-18, titre en rouge et noir. Couverture en papier bleu « écaille ».

E. D. sur lequel on n’a pas beaucoup de renseignements serait, d’après les uns, un courtier en vins de Bordeaux, selon les autres, un fonctionnaire de la Gironde, son nom serait Dumoulin. Quoi qu’il en soit, il a publié des écrits libres, jusque vers 1900, chez Hirsch, chez D.r.ng., chez Mme R.b.rt, et chez d’autres. C’est un des plus voluptueux et le plus sensuel des auteurs sous le manteau de la fin du xixe siècle et parfois il a de l’esprit. Ses meilleurs ouvrages sont : L’Éducation d’une demi-vierge, excellent roman qui devait avoir une suite, laquelle écrite, n’a jamais paru ; Mémoires d’une danseuse russe, l’Odyssée d’un pantalon. Mes amours avec Victoire, Mes étapes amoureuses, les Stations de l’amour, les Callipyges, Jupes troussées. Le reste ne vaut pas grand’chose, mais l’Éducation d’une demi-vierge et la Danseuse russe ont quelque sens.

Ces ouvrages ont été souvent réimprimés en contrefaçon. Celle-ci est due à l’imprimeur G…ch., qui était établi près de Paris.

Ce G…ch. a surtout produit des contrefaçons, néanmoins il a édité un petit nombre d’ouvrages originaux.


176. — Contes et Nouvelles de Jérôme Morlini, traduits en français pour la première fois, par M. W. — Naples, imprimé chez Pietro Fiorentino, 1878.

Double du 8. Tirage numéroté (exemplaire no 194).


177. — Les Noces de Luther, ou La Monachopornomachie, de Simon Lemnius (xvie siècle). Traduit du latin pour la première fois, avec le texte en regard. — Paris, Isidore Liseux, 25, rue Bonaparte, 1893.

Tirage numéroté (no 135).

Double du 126.


178. — Les Amies, scène d’amour sapphique. Sonnets par le licencié Pablo de Herlagnèz (Paul Verlaine). — Ségovie. MDCCCLXX.

1 volume in-18 de 16 pages, papier vergé. Tiré à 100 exemplaires. Par Paul Verlaine (Vanier, éd.).

2e  édition. La première, Ségovie, 1867, in-8 de 20 pages, tirée à 50 exemplaires, a été condamnée à la destruction par le jugement du Tribunal de Lille, en date du 6 mai 1868 (affaire Sacré-Duquesne et consorts). On a raconté que François Coppée avait fourni l’argent nécessaire à l’impression de cette première édition.

« Ces sonnets, au nombre de six, sont jolis, mais ne prouvent pas un grand talent. Tous en rimes féminines, sur l’amour sapphique, par un poète de l’école de M. Leconte de Lisle ; ils sont fort singuliers. » (Bulletin trimestriel, no 2).

Cette opinion sur « Les Amies » méritait d’être citée. Voir à 174.


179. — Paul Verlaine. « Hombres » (Hommes). Imprimé sous le manteau et ne se vend nulle part.

1 volume petit in-8. Édition tirée à 525 ex. 25 sur japon et 500 sur Hollande (Vanier, éd.).

Il faudrait avoir l’esprit mal fait pour ne pas admirer pleinement ce recueil, dévergondage poétique où Verlaine chanta l’autre amour. Nul doute que ce ne soit un des meilleurs recueils de l’auteur des Fêtes galantes. La dernière pièce du recueil est due à la collaboration de Verlaine et d’Arthur Rimbaud. Voir à 174.


180. — The initiation of Aurora Trill. — London, 1903.

1 volume in-18 (Printed by Chas. Hirsch, 214, rue de Rivoli, Paris). Texte anglais.

À la fin. Catalogue des éditions anglaises de Hirsch. C’est le commencement d’une série dont la suite a été publiée par G…ch. (Family Connexion, etc.).

L’auteur est un habitant de la Nouvelle-Zélande, qui vendit ses manuscrits aux éditeurs cités, lors d’un voyage qu’il fit à Paris en 1903.


181. — Memoirs of a Russian Ballet Girl, by E. D. Volume I. — London, 1903.

1 volume in-18 (Printed by Chas. Hirsch, 214, rue de Rivoli, Paris). Texte anglais.

1er  volume seulement.

« This work is complete in three parts, each of them being sold separately. »


182. — Le Petit Cabinet de Priape. Poésies inédites tirées d’un Recueil manuscrit fait vers le commencement du xviii siècle. — Neufchâtel, imprimé par les presses de la Société des Bibliophiles Cosmopolites, 1874.

1 volume in-12.

Choix de pièces satiriques tiré du manuscrit Villenave. La fille de Villenave, Mélanie Waldor, la « Muse du cénacle romantique » (voir Parnasse Satyrique du XIXe siècle), en aurait vendu le manuscrit en avril 1865 ?


183. — Collection Varia-Curiosa. — Sonnets Gaillards et Priapiques, extraits des Manuscrits de Conrart (Bibliothèque de l’Arsenal). Publiés pour la première fois avec un Avant-propos par un Bibliophile inconnu. — Paris, Bibliothèque Internationale d’édition, 9, rue des Beaux-Arts, 9. — MCMIII.

1 volume in-12. Avant-propos de M. Ad. Van Bever.


184. — Social studies of the century. Randiana, or Excitable Tales. — Paris, Société des Bibliophiles for the Délectation of the Amorous and the Instruction of the Amateur in the Year of the Excitement of the Sexes. MDCCCXCVIII.

1 volume, in-80, 227 p. et 2 ff. dont 1 pour la table. Papier vergé ; publié d’abord par C.rr.ngt.n et refait par Mme R.b.rt.


185. — Monsieur de la Braguette, Les Treize sonnets du Doigt dedans. — Domrémy-la-Pucelle (Vosges). Au Couvent des Puces-Travailleuses, (Avec approbation).

1 volume in-8o de 16 ff., imprimé en 6 couleurs. Cette artistique plaquette n’a été tirée qu’à 69 exemplaires, non mis dans le commerce, et exclusivement réservés aux Dames repenties du couvent de Domrémy-la-Pucelle (Vosges). La table est intitulée : Table des matières fécales.

Par Théodore Hannon, le poète des « Rimes de Joie » (voir 42).

Attribué quelquefois à Glatigny, mais bien à tort, et probablement à cause de la confusion qui se produit entre ce titre et celui de son recueil de poésies libres intitulé : Joyeusetés galantes et autres du Vidame Bonaventure de la Braguette (voir 333).


186-1. — F.-K. Forberg. De Figuris Veneris (Des formes du Baiser). Seule traduction française conforme à l’édition de Cobourg (1824). Paris, Henri Daragon, éditeur, 30, rue Duperré, 30, 1907.

1 volume in-4o, tiré à 200 exemplaires sur papier d’Écosse et 10 sur Japon Impérial de Tokio, avec le volume suivant, qui reproduit les Camées de d’Hancarville. Texte original et traduction française en regard.


186-2. — F.-K. Forberg. De Figuris Veneris, des Formes du Baiser. Album de 26 planches gravées, reproduisant les Camées de d’Hancarville cités par l’Auteur. Cet ouvrage réservé aux seuls souscripteurs n’est pas mis en vente. Il a été déposé conformément à la loi. Paris, H. Daragon, éditeur, 30, rue Duperré, 30.

1 volume in-4o. (Les 2 volumes ensemble 50 francs et 100 francs sur Japon).

Voir : Manuel d’Érotologie Classique (67).


187. — Dictionnaire érotique moderne, par Un professeur de langue verte. Nouvelle édition revue, corrigée et considérablement augmentée par l’auteur, et enrichie de nombreuses citations. — Bâle, imprimerie de K. Schmidt.

Double du 16.


188-189. — Edition augmentée et complète. — Le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle. Recueil de pièces facétieuses, scatologiques, piquantes, pantagruéliques, gaillardes et satyriques, des meilleurs auteurs contemporains, poètes, romanciers, journalistes, etc. Suivi du Nouveau Parnasse satyrique. Tome Premier. [Second.] — A Bruxelles, sous le manteau, 1881.

2 volumes in-8, de 231 et 226 pages papier vergé teinté, texte encadré d’un double filet rouge et noir. Imprimé à 175 exemplaires, exclusivement réservés aux membres de la société. 3e édition, Bruxelles, Kistemaeckers. 2 frontispices de Félicien Rops en deux états chacun, noir et rouge, celui de la 1re  édition (voir 735-736) et les deux de la seconde (voir 739-740).

Voir à 191-192 et à 737-738, deux doubles de ces éditions. Voir aussi le Nouveau Parnasse satyrique du XIXe siècle, à 190 et 193.

Contient des pièces de Nestor Roqueplan, La Chambeaudie, Vatout, Victor Hugo, Alfred de Musset, Alphonse Karr, Privat d’Anglemont, Ed. Texier, Louis Reybaud. J. Janin, Al. Dumas fils, Colmance, du comte de Chevigné, de Nadaud, Lamartine, Taschereau. Th. de Banville, Baudelaire, Ars. Houssaye, Barbey d’Aurevilly, Monselet, Murger, Vacquerie, R. de Beauvoir, J. Viard, Moineaux, Amédée Rolland, Lemercier de Neuville, A. Glatigny, Émile Deschamps, Em. Deschanel, Th. Gautier, etc., etc.


190. — Le Nouveau Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle, pour faire suite au Parnasse satyrique. Edition revue, corrigée, complétée et augmentée de nombreuses pièces nouvelles, inconnues et inédites. A Bruxelles, avec l’autorisation des compromis, 1881.

1 volume in-8, de 254 pages, papier vergé et teinté, texte encadré d’un double filet rouge et noir, avec un frontispice de Félicien Rops, en deux états, noir et rouge (Frontispice de la 1re édition).

3e édition (Bruxelles, Kistemaeckers).

Suite du Parnasse satyrique du XIXe siècle (voir 188-189 et 191-192. deux exemplaires de l’édition de Kistemaeckers).

Un autre exemplaire du Nouveau Parnasse, même édition que celui-ci, à 193.

Enfin, l’exemplaire de la 1re édition, avec le même frontispice libre que les deux exemplaires de l’Enfer, se trouve à la cote Réserve p. Ye 57.

Par jugement du Tribunal correctionnel de Lille, la destruction des exemplaires saisis de ce recueil, ainsi que tous ceux qui pourraient l’être, a été ordonnée le 6 mai 1868 (Moniteur du 19 sept, suivant. — Aff. contre Duquesne et consorts).

Cette condamnation vise l’édition de Poulet-Malassis (Eleutheropolis, 1866).


191-92. — Le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle.

Double du 188-189.


193. — Le Nouveau Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle.

Double du 190.


194. — Gamiani, ou Deux nuits d’excès, par Alcide, Baron de M***. — En vente, Partout et Nul (sic) Part.

1 volume petit in-16 de 96 pages (vers 1845), avec 4 gravures au trait, sur chine, libres, copies de celles parues dans les éditions précédentes. Les gravures sont séparées et détachées du volume.

Le C. d’I*** ne parle pas de cette édition, pas plus, d’ailleurs, qu’aucune bibliographie.

Voir à 147, une traduction anglaise, et les différentes éditions françaises à 66 (avec notre notice), 147, 413, 414, 415, 416, 417, 418, 419, 420, 421.


195. — L’Odyssée d’un Pantalon, par E. D, Auteur de : Mes Etapes Amoureuses. — Paris, Aux dépens de la Compagnie, 1889.

Double du 135.


196. — L’Anti-Justine, ou les Délices de l’Amour, par Retif de la Bretonne. Nouvelle édition sans suppressions, conforme à celle originale de 1789. Tome Premier. [Second]. — Amsterdam, 1798-1864.

2 parties en 1 volume. Couverture passe-partout crème. Avec 6 très belles figures libres.

Voir à 496 une autre réimpression, et à 492 (avec notre notice), 493, 494, 495, quatre exemplaires de l’édition originale.


197. — Pour servir à l’histoire de nos mœurs. — H…y M…r. Les Deux Gougnottes, Dialogues infâmes, scènes réelles de la vie de nos mondaines. — Se trouve à Londres, à la Société occulte de Bibliophilie.

1 volume in-16 de 60 pages. Par Henry Monnier.

Voir une autre édition à 411, et l’Enfer de Joseph Prudhomme (no 412).

Notes imprimées au verso du faux-titre :

« Ces dialogues ont été copiés en 1863, sur le manuscrit autographe, appartenant alors à M. N…, également illustre comme littérateur, photographe et aéronaute. »

Quelques jours à peine avant sa mort M. Nadar, qui fit imprimer cette plaquette, a montré ce manuscrit autographe d’Henry Monnier à l’un de nos amis. Il serait intéressant de savoir en quelles mains le manuscrit est tombé après la mort de Nadar).

« Cette édition n’a été tirée qu’à 77 exemplaires représentant exactement le nombre des membres de la Société auxquels ils ont été distribués.

Il a été tiré, en outre, un double exemplaire sur papier vert-pomme pour être conservé dans les archives de la respectable Société. »


198. — Une Nuit d’orgies à Saint-Pierre Martinique, par Effe Geache. [Fleuron au baiser]. — A Saint-Pierre Martinique, 1892.

1 volume in-8 de 135 pages, broché, titre noir et rouge, couv. imprim.

Roman licencieux qui nous donne l’apparence et les mœurs de Saint-Pierre de la Martinique peu avant la destruction de cette ville par l’éruption du Mont Pelé. Cet ouvrage est peut-être le seul où l’on ait recueilli des expressions créoles les plus libres. L’affabulation en est ingénieuse. Voici l’Avant-propos signé des initiales F. G. H. :

« Cet ouvrage appartient aux mœurs créoles dépravées et est écrit avec beaucoup de soin et d’élégance.

« Ce qui le distingue des autres ouvrages de ce genre, c’est qu’en outre des sujets qui sont essentiellement créoles, l’auteur a cru utile de placer au bas de chaque page la traduction complète en français de ces belles et riches expressions créoles, qui ne sauraient trouver d’équivalent en aucune langue. »

On ne connaît pas l’auteur de ce précieux ouvrage, on n’ose même pas penser qu’Effe Géache (initiales dont la lecture forme bien un nom créole), puisse un jour mettre sur la voie les chercheurs. Le livre, dit-on, a été publié à Amsterdam par François Van Crombrughe.


199. — Musée secret du Bibliophile Anglais. Conférence expérimentale par le Colonel Cinglant. (Col. Spanker’s Lecture). Traduit pour la première fois de l’Anglais par les soins de la société des Bibliophiles Cosmopolites. — Londres, imprimerie de la Société Cosmopolite. MDCCCLXXX.

1 volume in-8o de 110 pages, plus 2 pages d’annonces d’ouvrages sur la flagellation. Imprimé à 500 exemplaires.

C’est la traduction d’un ouvrage anglais sur la flagellation : Experimentale lecture by colonel Spanker, que l’on réimprime encore et qui provient d’un vieux fonds de Londres, où il parut pour la première fois, dans le Long Acre. Trois ou quatre libraires y vendaient ouvertement des ouvrages de ce genre. Leur vente n’était pas interdite et ils se vendaient à 5 sh. Ajoutons que cela se passait il y a une cinquantaine d’années.

  1. M. Albert Glatigny a été surnommé par M. Poulet-Malassis « le poète Gland ». Intelligenti pauca. (Note du texte).