Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Lettre T

Henri Plon (p. 645-672).
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Taaora est, dans les traditions de Tahiti, le créateur de toutes choses. C’est lui qui fixa la terre, qui en appela les éléments, qui arrangea les mers et qui produisit les premières créatures humaines à sa ressemblance…

Tabac. Nicot, ambassadeur à Lisbonne, est le premier qui ait fait connaître le tabac en France ; le cardinal de Sainte-Croix l’introduisit en Italie ; le capitaine Drack en Angleterre. Jamais la nature n’a produit de végétaux dont l’usage se soit répandu aussi rapidement ; mais il a eu ses adversaires. Un empereur turc, un czar de Russie, un roi de Perse, le défendirent à leurs sujets, sous peine de perdre le nez ou même la vie. Il ne fut pas permis dans l’origine d’en prendre à l’église ; de même, à cause des éternuments qu’il provoque, on ne le prenait pas dans les réunions sérieuses de la cour. Jacques Ier, roi d’Angleterre, composa un gros livre pour en faire connaître les dangers. La faculté de médecine de Paris fit soutenir une thèse sur les mauvais effets de cette plante, prise en poudre ou en fumée ; mais le docteur qui présidait ne cessa de prendre du tabac pendant toute la séance.

Les habitants de l’île de Saint-Vincent croient, dit-on, que le tabac était le fruit défendu du paradis terrestre.

Tables tournantes. De même que le magnétisme il y a cent ans et le somnambulisme au commencement de ce siècle, la divination par les tables tournantes et les esprits frappeurs occupe aujourd’hui bien des têtes, et fait, depuis quelques années, le mystérieux entretien des

 
Table tournante
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causeries. Cette évocation toute magique n’est pourtant pas nouvelle. Toutes les époques philosophiques ont fini par là. À ceux qui repoussent Dieu, athées ou panthéistes, pour exalter la matière, Dieu laisse aller le diable et ses légions ; et dès lors il n’est plus possible de ne pas s’incliner devant ce que dit saint Paul, que nous devons lutter contre les puissances invisibles qui circulent dans notre atmosphère. Tertullien parle des tables tournantes que l’on consultait de son temps ; mais il y avait alors d’autres tables divinatoires L’auteur du savant livre Des esprits, M. de Mirville, cite, du livre XXIX d’Ammien Marcellin, un passage que nous reproduisons ici :

« Patricius et Hilarius, traduits devant un tribunal romain pour crime de magie, se défendirent ainsi :

» Hilaire parla le premier : Nous avons fait, dit-il, avec des morceaux de laurier, à Limitation du trépied de Delphes, la petite table (mensulam) que vous voyez ici. Puis, l’ayant consacrée, suivant l’usage…, nous nous en sommes servis… Nous la posons au milieu de la maison, et plaçons proprement dessus un bassin rond fait de plusieurs métaux. Alors un homme vêtu de lin récite une formule de chant et fait un sacrifice au dieu de la divination, puis il tient suspendu au-dessus du bassin un anneau en fil de lin très-fin et consacré par des moyens mystérieux. Cet anneau saute successivement, mais sans confusion, sur plusieurs des lettres gravées et s’arrête sur chacune ; il forme aussi des vers parfaitement réguliers…, et ces vers sont les réponses aux questions qu’on a faites. Nous demandions un jour qui serait le successeur de l’empereur actuel…, l’anneau sauta et donna les deux syllabes Théo… Nous ne poussâmes pas plus loin, nous trouvant suffisamment avertis que ce serait Théodore. Les faits démentirent plus tard les magiciens, mais non la prédiction, car ce fut Théodose. »

Voilà bien, vous en conviendrez, tout ce qui se passe aujourd’hui. C’est la mensula qui joue le premier rôle ; c’est elle qui est consacrée ; le prêtre remplace notre medium (intermédiaire entre l’esprit évoqué et le curieux) ; et l’anneau tient lieu du crayon ; puis au-dessus de ces trois organes plane le dieu de la divination

Le secret des tables divinatoires ne s’est jamais perdu. On lisait, il n’y a pas longtemps, dans l’Abeille de Saint-Pétersbourg, que les lamas, prêtres de la religion de Bouddha dans l’Inde, se servaient de tables pour deviner depuis un temps immémorial Voici un extrait de cet article, signé Alexis de Valdemar :

« Une personne vient-elle s’adresser au lama et lui porter sa plainte avec prière de lui découvrir l’objet qui lui a été volé, il est rare que le lama consente sur-le-champ à acquiescer à la demande. Il la renvoie à quelques jours, sous prétexte de préparations à son acte de divination.

» Quand arrive le jour et l’heure indiqués, il s’assied par terre devant une petite table carrée, place sa main dessus, et commence à voix basse la lecture d’un ouvrage thibétain. Une demi-heure après, le prêtre se soulève, détache sa main de la table, élève son bras, tout en lui conservant, par rapport à son corps, la position qu’il avait en se reposant sur la table ; celle-ci s’élève aussi suivant la direction de la main. Le lama se place alors debout, élève sa main au-dessus de sa tête, et la table se retrouve au niveau de ses yeux.

» L’enchanteur fait un mouvement en avant, la table exécute le même mouvement ; il court, la table le précède avec une rapidité telle que le lama a peine à la suivre. Après avoir suivi diverses directions, elle oscille un peu dans l’air et finit par tomber.

» De toutes les directions qu’elle a suivies, il en est une plus marquée, c’est de ce côté que l’on doit chercher les objets volés.

» Si l’on prêtait foi aux récits des gens du pays, on les retrouverait à l’endroit où tombe la petite table.

» Le jour où j’assistai à cette expérience, après avoir parcouru dans l’air un trajet de plus de 80 pieds, elle est tombée dans un endroit où le vol n’a pas été découvert. Toutefois, je dois avouer, en toute humilité, que le même jour un paysan russe, demeurant dans la direction indiquée, s’est suicidé. Ce suicide a éveillé des soupçons ; on s’est rendu à son domicile, et on y a trouvé tous les objets volés.

» Par trois différentes fois cette expérience échoua en ma présence, et le lama déclara que les objets ne pouvaient être retrouvés. Mais en y assistant pour la quatrième fois, j’ai été témoin du fait que je viens de vous rapporter. Cela se passait aux environs du bourg Élane, dans la province actuelle de Zabaïkal.

» N’osant pas me fier aveuglément à mes yeux, je m’expliquais ce fait par un tour d’adresse employé par le lama prestidigitateur. Je l’accusais de soulever la table au moyen d’un fil invisible aux yeux des spectateurs. Mais après un examen plus minutieux, je n’ai trouvé aucune trace de supercherie quelconque. De plus, la table mouvante était en bois de pin et pesait une livre et demie.

» À l’heure qu’il est, je suis persuadé que ce phénomène se produisait en vertu des mêmes principes qui font mouvoir les tables, les chapeaux, les clefs, etc. »

Nous avons rapporté, à l’article Spiritisme, l’origine et les progrès de la divination par les esprits, au moyen surtout des tables tournantes. Cette nouveauté éclata comme une contagion. Au bout de deux ans, on comptait aux États-Unis cinq cent mille personnes en communication avec les esprits. Il se publia là-dessus des livres ; et des journaux furent consacrés à cette science, qui ouvrait aux curieux des voies nouvelles. Les tables tournantes furent bientôt interrogées en Europe, et, depuis 1850, on s’en est occupé partout. Nous pourrions citer des faits incontestables. Des hommes sérieux les ont étudiés et n’ont vu en résumé, dans ces esprits, que les démons dont saint Paul nous rappelle que nous vivons entourés.

Et cependant, les savants de nos académies se refusent à l’évidence, dès qu’elle gêne et contrarie tant soit peu leur doctrine, comme le dit M. de Mirville. Il ajoute : « On aura peine à comprendre un jour le degré d’acharnement manifesté par les docteurs en sciences médicales contre toute idée surnaturelle ; on dirait vraiment qu’ils n’ont pas d’autres ennemis, pas d’autres maladies à combattre.

» Vous entendez, par exemple, M. le docteur Leuret s’écrier que : « Tout homme qui s’avise de croire à un esprit doit être immédiatement renfermé à Charenton. » — « Dans nos temps modernes, dit à son tour le docteur Lelut, sous peine d’être pris pour un fou halluciné, on ne saurait plus se prétendre en communication avec aucun agent surnaturel, quel qu’il soit… »

» Le docteur Parchappe est encore moins poli pour les simples qu’il attaque : « Graduellement affaibli de siècle en siècle, le surnaturalisme, dit-il, a été définitivement chassé du domaine de la science, dès la fin du siècle dernier, et c’est à peine aujourd’hui s’il se trouve encore accrédité chez un petit nombre d’individus appartenant aux classes les plus infimes et les plus ignorantes de nos sociétés civilisées…[1] »

 
Table tournante
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Nous ne répondrons pas impolitesses ; pour grossièretés. Nous ne dirons pas (ce serait ici superflu) qu’il y a, chez les savants surtout, des hommes qui ont des yeux pour ne pas voir et une intelligence pour ne pas comprendre ; nous ne les enfermerons pas à Charenton, comme ils nous y poussent. En renvoyant le lecteur à M. de Mirville, à M. Des Mousseaux, à la Table parlante, nous reviendrons aux coups frappés et aux esprits frappeurs.

Au moyen de ces coups, et à l’aide de la récitation de l’alphabet, les êtres invisibles qui les produisent sont parvenus à faire des signes affirmatifs et négatifs, à compter, à écrire des phrases et des pages entières. Mais c’est loin d’être tout. Non-seulement ils battent des marches, suivent le rhythme des airs qu’on leur indique ou que l’on chante avec eux, et imitent toutes sortes de bruits, tels que celui de la scie-, du rabot, d’une navette, de la pluie, de la mer, du tonnerre ; mais on les a entendus, dans certains cas, jouer des airs sur des violons ou guitares, sonner des cloches, et même exécuter, sans qu’aucun instrument soit présent, de magnifiques morceaux de musique militaire.

D’autres fois, et c’est là le genre de phénomènes qui a le plus de rapport avec ce qui se passe en ce moment, on voit, sans cause connue, ou sur la simple demande des assistants et sans que personne les touche, des meubles ou autres objets de toute nature et de toute dimension se mettre en mouvement, tandis que d’autres, au contraire, prennent une telle adhérence au plancher, que plusieurs hommes ne peuvent les ébranler. D’énormes tables parcourent les appartements avec une rapidité effrayante, bien qu’elles soient chargées de plusieurs centaines de livres ; d’autres s’agitent et s’inclinent de plus de 45 degrés, sans que les menus objets qui les couvrent se renversent ; d’autres sautent sur un pied et exécutent une véritable danse, malgré le poids de plusieurs personnes qu’elles entraînent. Des hommes eux-mêmes sont transportés tout d’un coup d’un bout d’une chambre à un autre, ou bien sont élevés en l’air et y demeurent quelques instants suspendus. Là, des mains sans corps se laissent voir et sentir, ou bien elles apposent, sans qu’on les voie, des signatures appartenant à des personnes décédées, ou d’autres caractères sur des papiers dont nul ne s’est approché. Ici, on aperçoit des formes humaines diaphanes, dont on entend même quelquefois la voix. Dans d’autres endroits, des porcelaines se brisent d’elles-mêmes, des étoffes se déchirent, des vases se renversent, des bougies s’éteignent et se rallument, des appartements s’illuminent et rentrent tout à coup dans l’obscurité, des fenêtres sont brisées à coups de pierres, des femmes sont décoiffées.. Enfin, on n’en finirait pas si l’on voulait énumérer tous les faits étranges, fantastiques et souvent grotesques qui sont très-sérieusement rapportés dans les relations américaines.

Sans doute, parmi tous ces faits, il doit y en avoir un certain nombre d’inexacts, de faux ou même de controuvés ; mais dans une pareille matière la critique est inhabile à faire un choix, et dès l’instant où l’on entre dans le champ du surnaturel, la raison n’a plus le droit de s’arrêter à un point plutôt qu’à un autre. Ce qu’il y a de certain, c’est que beaucoup des faits que nous avons indiqués, et les plus importants, sont établis d’une manière si positive et si authentique qu’il est impossible de les révoquer en doute, sans attaquer le caractère et la bonne foi des nombreux témoins qui les attestent, et parmi lesquels se trouvent des hommes honorables et éclairés, tels que des magistrats, des médecins, des professeurs.

Quelles sont les conditions nécessaires pour le développement de ces manifestations ?… La seule dont on ait pu jusqu’à présent se rendre compte, mais qui paraît indispensable, est la présence de certaines personnes, qui sont des intermédiaires obligés entre les hommes et les auteurs de ces phénomènes, et que, pour cette raison, on désigne sous le nom de médium. Mais du reste ces médium ne peuvent être reconnus d’avance par aucun caractère physique ou moral. Ils se révèlent d’eux-mêmes ou sont indiqués par les médium déjà développés, et il s’en rencontre au moment où on s’y attend le moins parmi les personnes de tout sexe, de tout âge, de toute condition, croyants ou incrédules. Ainsi, dans les trente à quarante mille médium que l’on prétendait exister aux États-Unis au commencement de cette année (1854), on voit des hommes graves, instruits, entourés de l’estime et de la considération publique, parmi lesquels on compte un juge de la cour suprême et plusieurs ministres de différentes sectes, des femmes distinguées appartenant à la classe supérieure de la société, et à côté d’eux des gens du peuple tout à fait illettrés, des sauvages, et même des individus d’un caractère notoirement immoral et dépravé.

On ne sait pas encore si les médium se rencontrent plus fréquemment parmi les sujets magnétiques que parmi les autres, et, bien que cela paraisse probable, on trouve à cet égard des opinions contradictoires dans les différents ouvrages qui traitent de ces questions.

 
Table tournante
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Certains médium très-développés, étant en rapports constants avec les esprits, obtiennent presque toujours, partout où ils se trouvent, qu’ils se manifestent à leur volonté. Mais la méthode suivie habituellement pour provoquer ces manifestations consiste à former des cercles spirituels qui, au dire des esprits, servent singulièrement à faciliter leurs rapports avec les vivants. Pour cela, quelques personnes ayant, autant que faire se peut, la même manière de voir sur ces questions, et bien disposées, c’est-à-dire prêtes à servir aux esprits d’instruments passifs, se réunissent autour d’une table, de préférence en compagnie d’un ou de plusieurs médium, s’il s’en trouve dans la localité : là elles attendent, en se tenant ou non par la main, et en fixant leur pensée commune sur ces questions, par des lectures ou des chants, ou simplement en gardant le silence, que les esprits manifestent leur présence de façon ou d’autre. Souvent ce n’est qu’après plusieurs séances, de plusieurs heures chacune, que de très-légers coups, qui se font entendre sur la table ou ailleurs, annoncent que leur désir est exaucé. Quelquefois aussi, et cela paraît dépendre surtout de l’état physique ou moral des personnes qui composent le cercle, ou même simplement de celles qui sont présentes, aucune manifestation ne s’obtient, quelque temps que l’on prolonge les séances ; et l’on voit fréquemment les esprits refuser de rien faire ou dire jusqu’à ce qu’une personne qui leur déplaît soit sortie de l’appartement. Dans d’autres cas, au contraire, la présence des esprits s’est, à la grande frayeur des assistants, manifestée subitement par des coups terribles, dans des cercles formés par des incrédules et par façon de plaisanterie.

Mais depuis que ces manifestations se sont multipliées, les esprits ont adopté différents autres modes de communication beaucoup plus simples, pour lesquels les médium eux-mêmes leur servent d’instrument direct.

Indépendamment des rapping médium, c’est-à-dire de ceux en présence desquels des coups se font entendre, on en voit qui, sous l’influence des esprits, tombent subitement dans des états nerveux tout à fait semblables à ceux que produit souvent le magnétisme, et qui deviennent alors de véritables automates, des membres et des organes desquels les esprits disposent à volonté. Dans cet état, les médium répondent aux questions verbales ou même mentales adressées aux esprits par des mouvements spasmodiques et involontaires, soit en frappant des coups avec la main, soit en faisant des signes de tête ou de corps, soit en indiquant du doigt sur un alphabet des lettres successives avec une rapidité telle qu’il est souvent difficile de les suivre.

D’autres, les writing médium, sentent tout à coup leur bras saisi d’une roideur tétanique, et armés d’une plume ou d’un crayon, ils servent aux esprits d’instruments passifs pour écrire ou dessiner les choses qu’ils veulent faire connaître, et parfois des volumes entiers, sans que la plupart du temps leur intelligence soit en jeu.

Il est des esprits qui, par l’intermédiaire de leurs médium, décrivent les maladies, en prévoient les crises, en indiquent le traitement et en opèrent la guérison par l’imposition des mains, ou par des passes magnétiques, comme le font les somnambules clairvoyants.

D’autres ont donné, sur des faits anciens et oubliés, ou sur des faits récents ignorés de toutes les personnes présentes, ou encore sur des choses qui se passaient à des distances telles qu’ils ne pouvaient pas en avoir naturellement connaissance, des détails suivis et circonstanciés qui parfois se sont trouvés d’une exactitude incroyable.

Mais c’en est assez sur ces redoutables matières, qui ont donné lieu à beaucoup d’ouvrages et même à une revue spéciale : la Table parlante[2] ; terminons en rappelant aux chrétiens que l’Église a formellement condamné et rigoureusement interdit ce dangereux commerce avec les démons, seuls meneurs de ces tours.

Taciturnité. Le diable jette souvent sur ses suppôts un sort que l’on appelle le sort de taciturnité. Les sorciers qui en sont frappés ne peuvent répondre aux demandes qu’on leur fait dans leur procès. Ainsi Boullé garda le silence sur ce qu’on cherchait à savoir de lui, et il passa pour avoir reçu le sort de taciturnité[3].

Tacouins, espèce de fées chez les mahométans ; leurs fonctions répondent quelquefois à celles des Parques chez les anciens. Elles secourent plus habituellement les hommes contre les démons et leur révèlent l’avenir. Les romans orientaux leur donnent une grande beauté, avec des ailes comme celles des anges.

Taillepied (Noël), mort en 1589. On lui doit un Traité de Vapparition des esprits, à savoir, des âmes séparées, fantômes, etc., in-12, souvent réimprimé. Il admet dans ce livre beaucoup de contes de revenants. Il a laissé de plus les Vies de Luther et de Carlostadt, Paris, 1577, in-8o; un Abrégé de la philosophie l’Aristote, 1583, in-8o; une Histoire de l’État et la république des druides, eubages, saronides, bardes, depuis le déluge jusqu’à Notre-Seigneur Jésus-Christ, 1585, in-8o, livre plein de fables et d’idées singulières.

Tailletroux (Jeanne), femme de Pierre Bonnevault, sorcière que l’on accusa, à Montmorillon en Poitou (année 1599), d’avoir été au sabbat. Elle avoua dans son interrogatoire que, son mari l’ayant contrainte de se rendre à l’assemblée infernale, elle y fut et continua d’y aller pendant vingt-cinq ans ; que la première fois qu’elle vit le diable, il était en forme d’homme noir ; qu’il lui dit en présence de l’assemblée : Saute ! saute ! qu’alors elle se mit à danser ; que le diable lui demanda un lopin de sa robe et une poule, etc. Convaincue par témoins d’avoir, au moyen de charmes, maléficié et fait mourir des personnes et des bestiaux, elle fut condamnée à mort, ainsi que son mari.

Taingairi, esprits aériens chez les Kalmouks. Ils animent les étoiles, qui passent pour autant de petits globes de verre. Ils sont des deux sexes.

Talapoins, magiciens qui servent de prêtres aux habitants du royaume de Lao, en Asie, et qui sont très-puissants.

Les Langiens (peuples de Lao) sont fort entêtés pour la magie et les sortilèges. Ils croient que le moyen le plus sûr de se rendre invincible est de se frotter la tête d’une certaine liqueur composée de vin et de bile humaine. Ils en mouillent aussi les tempes et le front de leurs éléphants. Pour se procurer cette drogue, ils achètent des talapoins la permission de tuer. Puis ils chargent de cette commission des mercenaires qui en font leur métier. Ceux-ci se postent au coin d’un bois et tuent le premier qu’ils rencontrent, homme ou femme, lui fendent le ventre et en arrachent le fiel. Si l’assassin ne rencontre personne dans sa chasse, il est obligé de se tuer lui-même, ou sa femme, ou son enfant, afin que celui qui l’a payé ait de la bile humaine pour son argent.

Les talapoins profitent avec adresse de la crainte qu’on a de leurs sortilèges, qu’ils donnent et qu’ils ôtent à volonté, suivant les sommes qu’on leur offre.

On lit dans Marini beaucoup d’autres détails, mais la plupart imaginaires, l’auteur ayant voulu faire quelquefois assez méchamment, sous le manteau des talapoins, des allusions misérables aux moines chrétiens.

Talismans. Un talisman ordinaire est le sceau, la figure, le caractère ou l’image d’un signe céleste ou autre, faite, gravée ou ciselée sur une pierre, par un ouvrier qui ait l’esprit arrêté et attaché à l’ouvrage, sans être distrait ou dissipé par des pensées étrangères, au jour et à l’heure de la planète, en un lieu fortuné, par un temps beau et serein et quand le ciel est en bonne disposition, afin d’attirer les influences.

Le talisman portant la figure ou le sceau du soleil doit être composé d’or pur sous l’influence de cet astre, qui domine sur l’or. Le talisman de la lune doit être composé d’argent pur, avec les mêmes circonstances. Le talisman de Mars doit être composé d’acier fin. Le talisman de Jupiter doit être composé du plus pur étain. Le talisman de Vénus doit être composé de cuivre poli et bien purifié. Le talisman de Saturne doit être composé de plomb raffiné. Le talisman de Mercure doit être composé de vif-argent fixé. Quant aux pierres, l’hyacinthe et la pierre d’aigle sont de nature solaire. L’émeraude est lunaire. L’aimant et l’améthyste sont propres à Mars. Le béryl est propre à Jupiter, la cornaline à Vénus, la chalcédoine et le jaspe à Saturne, la topaze et le porphyre à Mercure.

Les talismans furent imaginés, dit-on, par les Égyptiens, et les espèces en sont innombrables. Le plus célèbre de tous les talismans est le fameux anneau de Salomon, sur lequel était gravé le grand nom de Dieu. Rien n’était impossible à l’heureux possesseur de cet anneau, qui dominait sur tous les génies.

Apollonius de Tyane mit à Constantinople la figure d’une cigogne qui en éloignait tous les oiseaux de cette espèce par une propriété magique. En Égypte, une figure talismanique représentait Vénus couchée, et servait à détourner la grêle.

On faisait des talismans de toutes les matières ; les plus communs sont les talismans cabalistiques, qui sont aussi les plus faciles, puisqu’on n’a pas besoin pour les fabriquer de recourir au diable ; ce qui demande quelques réflexions.

Les talismans du soleil, portés avec confiance et révérence, donnent les faveurs et la bienveillance des princes, les honneurs, les richesses et l’estime générale. Les talismans de la lune garantissent des maladies populaires : ils devraient aussi garantir des superstitions. Ils préservent les voyageurs de tout péril. Les talismans de Mars ont la propriété de rendre invulnérables ceux qui les portent avec révérence. Ils leur donnent une force et une vigueur extraordinaires. Les talismans de Jupiter dissipent les chagrins, les terreurs paniques, et donnent le bonheur dans le commerce et dans toutes les entreprises. Les talismans de Vénus éteignent les haines et donnent des dispositions à la musique. Les talismans de Saturne font accoucher sans douleur ; ce qui a été éprouvé avec un heureux succès, disent les écrivains spéciaux, par des personnes de qualité qui étaient sujettes à faire de mauvaises couches. Ils multiplient les choses avec lesquelles on les met. Si un cavalier est botté et qu’il porte un de ces talismans dans sa botte gauche, son cheval ne pourra être blessé. Les talismans de Mercure rendent éloquents et discrets ceux qui les portent révéremment. Ils donnent la science et la mémoire ; ils peuvent guérir toutes sortes de fièvres, et, si on les met sous le chevet de son lit, ils procurent des songes véritables dans lesquels on voit ce que l’on souhaite de savoir : agrément qui n’est pas à dédaigner[4]. Voy. Talys, Theraphim, Thomas d’Aquin, Crocodiles, Pantacles, etc.

Talissons, prêtres des Prussiens aux siècles de l’idolâtrie. Ils faisaient l’oraison funèbre du mort, puis, regardant au ciel, ils criaient qu’ils voyaient le mort voler en l’air à cheval, revêtu d’armes brillantes, et passer en l’autre monde avec une grande suite.

Talmud. Voy. Thalmud.

Talys, talismans employés dans les mariages chez les Indiens. Dans quelques castes, c’est une petite plaque d’or ronde, sans empreinte ni figure ; dans d’autres, c’est une dent de tigre ; il y en a qui sont des pièces d’orfèvrerie matérielles et informes.

Tambour magique. C’est le principal instrument de la magie chez les Lapons. Ce tambour est ordinairement fait d’un tronc creusé de pin ou de bouleau. La peau tendue sur ce tambour est couverte de figures symboliques que les Lapons y tracent avec du rouge. Voy. Lapons.

Tamaracunga, jeune Péruvien qui, à la suite de l’entrée des Espagnols dans le Pérou, voulut recevoir le baptême. Il fut à ce sujet cruellement harcelé par les démons, qui jusqu’alors avaient régné dans cette contrée. Mais il eut la grâce de triompher d’eux. Ses luttes contre l’ennemi sont racontées avec de curieux détails dans l’histoire du Pérou de Pierre Ciéca de Léon, ouvrage estimé[5]. On y voit que les démons, moitié furieux, moitié baladins, ne négligeaient rien pour conserver leur proie.

Tamis (divination par le). Voy. Cosquinomancie.

Tamous, enfer général des Kalmouks. Des diables à tête de chèvre y tourmentent les damnés, qui sont sans cesse coupés par morceaux, sciés, brisés sous des meules de moulin, puis rendus à la vie pour subir le même supplice. Les bêtes de somme y expient leurs fautes sous les plus pesants fardeaux, les animaux féroces se déchirent entre eux sans cesse, etc.

Tanaquil, femme de Tarquin l’Ancien. Elle était habile dans la science des augures ; on conservait à Rome sa ceinture, à laquelle on attribuait de grandes vertus.

Tanchelm ou Tanchelin. De 1105 à 1123, cet hérétique dissolu fut en si grande vénération à Anvers et dans les contrées voisines, qu’on recherchait ses excréments comme des préservatifs, charmes et phylactères[6].

Taniwoa, le Neptune des naturels de la Nouvelle-Zélande.

Tanner. Le cardinal Sfrondrate raconte que le P. Tanner, pieux et savant jésuite, allant de Prague à Inspruck pour rétablir sa santé à l’air natal, mourut en chemin dans un village dont on ne dit pas le nom. Comme la justice du lieu faisait l’inventaire de son bagage, on y trouva une petite boite que sa structure extraordinaire fit d’abord regarder comme suspecte, car elle était noire et composée de bois et de verre. Mais on fut bien plus surpris lorsque le premier qui regarda par le verre d’en haut se recula en disant qu’il y avait vu le diable. Tous ceux qui regardèrent après lui en firent autant. Effectivement ils voyaient dans cette boîte un être animé, de grande taille, noir, affreux, armé de cornes. Un jeune homme qui achevait son cours de philosophie fit observer à l’assemblée que la bête renfermée dans la boîte, étant infiniment plus grosse que la boîte elle-même, ne pouvait être un être matériel, mais bien un esprit comprimé sous la forme d’un animal. On concluait que celui qui portait la boîte avec lui ne pouvait être qu’un sorcier et un magicien. Un événement si diabolique fit grand bruit. Le juge qui présidait à l’inventaire condamna le mort à être privé de la sépulture ecclésiastique, et enjoignit au curé d’exorciser la boîte pour en faire sortir le démon. La multitude, sachant que le défunt était jésuite, décida de plus que tout jésuite commerçait avec le diable ; ce qui est la manière de juger des masses ignorantes. Pendant qu’on procédait en conséquence, un philosophe prussien, passant par ce village, entendit parler d’un jésuite sorcier et du diable enfermé dans une boîte. Il en rit beaucoup, alla voir le phénomène et reconnut que c’était un microscope, que les villa-

 
Tanner
Tanner
 
geois ne connaissaient pas. Il ôta la lentille, et en fit sortir un cerf-volant, qui se promena sur la table et ruina ainsi tout le prodige. Cela n’empêcha pas que beaucoup de gens par la suite, parlant du P. Tanner, ne faisaient mention que de l’impression produite d’abord, et s’obstinaient à soutenir qu’ils avaient vu le diable et qu’un jésuite est un sorcier[7].

Tap ou Gaap, grand président et grand prince aux enfers. Il se montre à midi lorsqu’il prend la forme humaine. Il commande à quatre des principaux rois de l’empire infernal. Il est aussi puissant que Byleth. Il y eut autrefois des nécromanciens qui lui offrirent des libations et des holocaustes ; ils l’évoquaient au moyen d’artifices magiques qu’ils disaient composés par le très-sage roi Salomon ; ce qui est faux, car ce fut Cham, fils de Noé, qui le premier commença à évoquer les esprits malins. Il se lit servir par Byleth et composa un art en son nom, et un livre qui est apprécié de beaucoup de mathématiciens. On cite un autre livre attribué aux prophètes Élie et Élisée, par lequel on conjure Gaap en vertu des saints noms de Dieu renfermés dans les Clavicules de Salomon.

 
Tap
Tap
Tap.
 

Si quelque exorciste connaît l’art de Byleth, Gaap ou Tap ne pourra supporter la présence dudit exorciste. Gaap ou Tap excite à l’amour, à la haine. Il a l’empire sur les démons soumis à la puissance d’Amaymon. Il transporte trèspromptement les hommes dans les différentes contrées qu’ils veulent parcourir. Il commande à soixante légions[8].

Tarentule. On prétend qu’une seule piqûre de la tarentule suffit pour faire danser. Un coq et une guêpe piqués de cette sorte d’araignée ont dansé, dit-on, au son du violon et ont battu la mesure. Si l’on en croit certains naturalistes, non-seulement la tarentule fait danser, mais elle danse elle-même assez élégamment. Le docteur Saint-André certifie qu’il a traité un soldat napolitain qui dansait tous les ans quatre ou cinq jours de suite, parce qu’une tarentule l’avait piqué. Ces merveilles ne sont pas encore bien expliquées.

Tarni, formules d’exorcisme usitées chez les Kalmouks. Écrites sur du parchemin et suspendues au cou d’un malade, elles passent pour avoir la vertu de lui rendre la santé.

Taroataihetomeo, Dieu suprême des indigènes d’Otahiti ; sans doute le même que Taaroa et aussi qu’Éatua.

Tarots ou Cartes tarotées. C’est le nom qu’on donne aux cartes égyptiennes, italiennes et allemandes ; le jeu se compose de soixante-dix-huit cartes, avec lesquelles on dit la bonne aventure d’une manière plus étendue que par nos cartes ordinaires. Il y a dans ce jeu vingt-deux tarots proprement dits. Dans les cartes italiennes, les tarots sont les quatre éléments (vieux style), l’Évangile, la mort, le jugement dernier, la prison, le feu, Judas Iscariote, etc. ; dans les cartes allemandes, les tarots sont le fou, le magicien, l’ours, le loup, le renard, la licorne, etc. Il y a ensuite cinquante-six cartes, savoir : quatre rois, quatre dames, quatre cavaliers, quatre valets ; dix cartes depuis l’as jusqu’au dix pour les bâtons (ou trèfles) ; dix pour les épées (ou piques) ; dix pour les coupes (ou carreaux) ; dix pour les pièces d’argent (ou cœurs).

Il serait trop long de détailler ici l’explication de toutes ces cartes. Elle ressemble beaucoup à la cartomancie ordinaire. Cependant elle donne infiniment plus d’oracles.

Tartara ! C’est le cri que poussaient les prophètes du Dauphiné en allant à la bataille. Ce cri devait, disaient-ils, leur assurer la victoire et mettre leurs ennemis en déroute. Le contraire arriva[9].

Tartare, enfer des anciens. Ils le plaçaient sous la terre, qu’ils croyaient plate, à une telle profondeur, dit Homère, qu’il est aussi éloigné de la terre que la terre l’est du ciel. Virgile le dépeint vaste, fortifié de trois enceintes de murailles et entouré du Phlégéton. Une haute tour en défend l’entrée. Les portes en sont aussi dures que le diamant ; tous les efforts des mortels et toute la puissance des dieux ne pourraient les briser… Tisiphone veille toujours à leur garde et empêche que personne ne sorte, tandis que Rhadamanthe livre les criminels aux furies. L’opinion commune était qu’il n’y avait plus de retour pour ceux qui se trouvaient une fois précipités dans le Tartare. Platon est d’un autre avis : selon lui, après qu’ils y ont passé une année, un flot les en retire et les ramène dans un lieu moins douloureux.

Tartini. Le célèbre musicien Tartini se couche ayant la tête échauffée d’idées musicales. Dans son sommeil lui apparaît le diable jouant une sonate sur le violon. Il lui dit : « Tartini, joues-tu comme moi ? » Le musicien, enchanté de cette délicieuse harmonie, se réveille, court à son piano et compose sa plus belle sonate, celle du diable.

Tasso (Torquato). Il croyait à l’astrologie judiciaire. « J’ai fait considérer ma naissance par trois astrologues, dit-il dans l’une de ses lettres, et, sans savoir qui j’étais, ils m’ont représenté d’une seule voix comme un grand homme dans les lettres, me promettant très-longue vie et très-haute fortune ; et ils ont si bien deviné les qualités et les défauts que je me connais à moi-même, soit dans ma complexion, soit dans mes habitudes, que je commence à tenir pour certain que je deviendrai un grand homme. » Il écrivait cela en 1576. On sait quelle fut sa haute fortune et sa très-longue vie ! Il mourut en 1595, âgé de cinquante-deux ans. Il se disait doté d’un esprit familier.

Tatien, hérétique du deuxième siècle, chef des encratites, qui attribuaient au démon la plantation de la vigne et l’institution du mariage.

Taupe. Elle jouait autrefois un rôle important dans la divination. Pline a dit que ses entrailles étaient consultées avec plus de confiance que celles d’aucun autre animal. Le vulgaire attribue encore à la taupe certaines vertus. Les plus merveilleuses sont celles de la main taupée, c’est-à-dire qui a serré une taupe vivante jusqu’à ce qu’elle soit étouffée. Le simple attouchement de cette main encore chaude guérit les douleurs de dents et même la colique. Si on enveloppe un des pieds de la taupe dans une feuille de laurier et qu’on la mette dans la bouche d’un cheval, il prendra aussitôt la fuite, saisi de peur. Si on la met dans le nid de quelque oiseau, les œufs deviennent stériles.

De plus, si on frotte un cheval noir avec de l’eau où aura cuit une taupe, il deviendra blanc[10]

Tauses. En pays allemands, les tauses sont des esprits malins qui donnent le cauchemar en s’appuyant sur les bonnes gens pendant le sommeil.

Tavides, caractères que les insulaires des Maldives regardent comme propres à les garantir des maladies. Ils s’en servent aussi comme des philtres, et prétendent, par leur moyen, inspirer de l’amour.

Taymural, roi de Perse qui, dans les temps fabuleux, relégua les génies dans le Ginnistan. Voy. Génies.

Tée, génie protecteur, que chaque famille otahitienne adore, et qui passe pour un des aïeux ou des parents défunts. On attribue à ces esprits le pouvoir de donner ou de guérir les maladies.

Tehuptehuh, génie auquel les Boutaniens attribuent la construction d’un pont de chaînes de fer qui se trouve dans les montagnes du Boutan.

Tell. Dans une des montagnes sauvages de la Suisse, auprès du lac Waldstœtten, il y a une grotte où les habitants croient que reposent les trois sauveurs de la Suisse, qu’ils appellent les trois Tell. Ils portent encore les anciens vêtements, et reviendront une seconde fois au secours de leur pays quand il en sera temps. L’entrée de leur grotte est très-difficile à trouver. Un jeune berger racontait à un voyageur qu’un jour son père, en cherchant à travers les rochers une chèvre qu’il avait perdue, était descendu par hasard dans cette grotte, et avait vu là dormir les trois hommes, qu’il savait être les trois Tell. L’un d’eux, se levant tout à coup pendant qu’il le regardait, lui demanda : « À quelle époque en êtes-vous dans le monde ? » Le berger, tout effrayé, lui répondit, sans savoir ce qu’il disait : « Il est midi. — Eh bien ! s’écria Tell, il n’est pas temps encore que nous reparaissions. » Et il se rendormit.

Plus tard, lorsque la Suisse se trouva engagée dans des guerres assez périlleuses, le vieux berger voulut aller réveiller les trois Tell ; mais il ne put jamais retrouver la grotte.

Tellez (Gabriel), plus connu sous le nom de Tirso de Molina, auteur du Diable prédicateur, drame dans le génie espagnol. À cinquante ans, ce poète dramatique renonça au théâtre et se fit religieux de l’ordre de la Merci. Nous faisons cette remarque parce qu’à propos de quelques plaisanteries un peu libres semées dans ses pièces, les critiques philosophes l’ont traité de moine licencieux, oubliant qu’il n’était pas moine quand il écrivait pour la scène.

Température. Les Grecs avaient des prêtres appelés Calazophylaces, dont les foliotions consistaient à observer les grêles et les orages, pour les détourner par le sacrifice d’un agneau ou d’un poulet. Au défaut de ces animaux, ou s’ils n’en tiraient pas un augure favorable, ils se découpaient le doigt avec un canif ou un poinçon, et croyaient ainsi apaiser les dieux par l’effusion de leur propre sang. Les Éthiopiens ont, dit-on, de semblables charlatans, qui se déchiquètent le corps à coups de couteau ou de rasoir pour obtenir la pluie ou le beau temps. Nous avons des almanachs qui prédisent la température pour tous les jours de l’année ; prenez toutefois un manteau quand Matthieu Laensberg annonce plein soleil.

Tempêtes. On croit, sur les bords de la Baltique, qu’il y a des sorciers qui, par la force de leurs enchantements, attirent la tempête, soulèvent les flots et font chavirer la barque du pêcheur. Voy. Éric, Finnes, Jacques Ier, etc.

Templiers. Vers l’an 1118, quelques pieux chevaliers se réunirent à Jérusalem pour la défense du saint sépulcre et pour la protection des pèlerins. Le roi Baudouin II leur donna une maison, bâtie aux lieux que l’on croyait avoir été occupés par le temple de Salomon ; ils prirent de là le nom de templiers et appelèrent temple toute maison de leur ordre.

Dans l’origine, ils ne vivaient que d’aumônes, et on les nommait aussi les pauvres de la sainte cité ; mais ils rendaient tant de services que les rois et les grands s’empressèrent de leur donner des biens considérables. Ils firent les trois vœux de religion. En 1128, au concile de Troyes, saint Bernard leur donna une règle[11]. En 1146, le pape Eugène détermina leur habit, sur lequel ils portaient une croix.

Cet ordre se multiplia rapidement, fit de très-grandes choses, et s’enrichit à tel point qu’à l’aurore du quatorzième siècle il possédait, en Europe seulement, neuf mille seigneuries. L’opulence avait amené la corruption ; les templiers s’étaient laissés entraîner dans l’hérésie albigeoise et leurs mœurs faisaient scandale. Il s’éleva bientôt contre eux cinq griefs : on les accusait d’hérésie, de blasphèmes, de mépris de la foi chrétienne, de reniement de Jésus-Christ et d’impuretés contre nature. On leur reprochait en même temps la magie, l’idolâtrie, l’adoration du diable, qui présidait à leurs réunions secrètes sous la forme d’une tête dorée montée sur quatre pieds et connue sous le nom de tête de Bophomet[12].

Philippe le Bel, qui les redoutait et qui, selon quelques opinions, voulait s’emparer de leurs richesses, les fit arrêter tous en France dans l’année 1307 et les mit en jugement. Le pape s’opposa à cette procédure comme revenant au Saint-Siège, attendu que ces chevaliers étaient un ordre religieux. Cent quarante templiers avaient, à Paris, confessé les crimes qu’on leur imputait. Le pape (c’était Clément V) en interrogea à Poitiers soixante-douze ; ils avouèrent pareillement. Un concile fut donc convoqué à Vienne pour juger cette affaire. L’ordre des templiers y fut aboli et proscrit.

Cependant Clément V avait absous le grand maître et ceux des chevaliers qui s’étaient confessés avec repentir ; mais Philippe voulut que Jacques de Molay, le grand maître, fît sa confession publique avec amende honorable devant les portes de Notre-Dame ; et comme il s’y refusa, il y fut brûlé avec un autre des hauts chevaliers le 18 mars 1314.

Il n’est pas vrai que Jacques de Molay ait ajourné le roi et le pape, comme on l’a dit, pour produire un effet de théâtre. Lui et ses compagnons infortunés se bornèrent à invoquer vainement une vengeance mystérieuse contre leurs juges.

Telle est la vérité sur les templiers.

Il reste dans la maçonnerie symbolique un ordre dit des templiers, qui prétendent remonter à l’ordre condamné.

Temzarpouliet, lutin domestique en Bretagne. Toujours malicieux, il se présente sous diverses formes, de chien et d’autres bêtes. À Morlaix, on voit, au carrefour de la Dame de la Fontaine, une croix que l’on dit avoir été plantée là pour écarter le temzarpouliet.

 
Supplice du grand maître des Templiers
Supplice du grand maître des Templiers
Supplice du grand maître des Templiers.
 

Ténare, soupirail des enfers chez les anciens ; il était gardé par Cerbère.

Ténèbres. On appelle les démons puissances des ténèbres, parce qu’ils ne souffrent pas la lumière. On comprend aussi pourquoi les enfers sont nommés le séjour ténébreux.

Tentations. Voy. Démons, Pactes, Dévouement, etc. — Voici sur ce sujet un passage emprunté à l’Esprit de Nicole et composé d’extraits textuels de ses divers écrits :

« Les démons sont des anges qui ont été créés, comme les bons, dans la vérité, mais qui, n’y ayant pas demeuré fermes, sont tombés par orgueil et ont été précipités dans l’enfer ; et quoique Dieu, par un secret jugement, permette qu’avant le jugement dernier ils n’y soient pas entièrement attachés et qu’ils en sortent pour tenter les hornmqs, ils portent néanmoins leur enfer partout. Quoique toujours disposés à nuire aux hommes, ils n’en ont néanmoins aucun pouvoir, à moins que Dieu ne le leur donne, et alors c’est ou pour punir les hommes, ou pour les éprouver, ou pour les couronner.

» Les méchants sont proprement les esclaves du diable ; ils les tient assujettis à sa volonté ; ils sont dans les pièges du diable, qui les tient captifs pour en faire ce qu’il lui plaît. Dieu règle néanmoins le pouvoir du démon, et ne lui permet pas d’en user toujours à sa volonté ; mais il y a cette différence entre les méchants et les bons, qu’à l’égard des méchants il faut que Dieu borne le pouvoir que le diable a de lui-même sur eux, pour l’empêcher de les porter à toutes sortes d’excès ; au lieu qu’à l’égard des bons il faut, afin que le diable puisse les tourmenter, que Dieu même lui en donne la puissance, qu’il n’aurait pas sans cela.

» Tout le monde est rempli de démons qui, comme des lions invisibles, rôdent à l’entour de nous et ne cherchent qu’à nous dévorer. Les hommes sont si vains dans leur aveuglement, qu’ils se font un honneur de ne pas les craindre et presque de ne pas y croire.

» C’est une faiblesse d’esprit, selon plusieurs, d’attribuer aux démons quelque effet, comme s’ils étaient dans le monde pour n’y rien faire, et qu’il y eut quelque apparence que Dieu, les ayant autrefois laissés agir, il les ait maintenant réduits à une entière impuissance. Mais cette incrédulité est beaucoup plus supportable quand il ne s’agit que des effets extérieurs. Le plus grand mal est qu’il y a peu de personnes qui croient sérieusement que le diable les tente, leur dresse des pièges, et rôde à l’entour d’eux pour les perdre, quoique ce soit ce qu’il y a de plus certain. Si on ne le croyait, on agirait autrement ; on ne laisserait pas au démon toutes les portes de son âme ouvertes par la négligence et les distractions d’une vie relâchée, et l’on prendrait les voies nécessaires pour lui résister.

» Il est bien rare de trouver des gens frappés de la crainte des démons, et qui aient quelque soin de se garantir des pièges qu’ils leur tendent. C’est la chose du monde à quoi on tient le moins. Toute cette république invisible d’esprits mêlés parmi nous, qui nous voient et que nous ne voyons point, et qui sont toujours à nous tenter, en excitant ou en enflammant nos passions, ne fait pas plus d’impression sur l’esprit de la plupart des chrétiens que si c’était un conte et une chimère. Notre âme, plongée dans les sens, n’est touchée que par les choses sensibles. Ainsi elle ne craint point ce qu’elle ne voit point ; mais ces ennemis n’en sont pas moins à craindre pour n’être pas craints. Ils le sont, au contraire, beaucoup plus, parce que cette fausse sécurité fait leur force et favorise leurs desseins. C’est déjà pour eux avoir fait de grands progrès que d’avoir mis les hommes dans cette disposition. Comme ce sont des esprits de ténèbres, leur propre effet est de remplir l’âme de ténèbres et de s’y cacher. Hors les âmes qui vivent de l’esprit de Jésus-Christ, les démons possèdent toutes les autres.

» Le démon ne parle pas par lui-même, mais il parle par tous les hommes qu’il possède et à qui il inspire les sentiments qu’il voudrait faire passer dans notre cœur. Il nous parle par tous les objets du monde, qui ne frappent pas seulement nos sens, mais qui sont présentés à notre esprit sous une fausse image de grands biens et d’objets capables de nous rendre heureux. Il nous parle par nos propres sentiments et par ces mouvements qu’il excite dans notre âme, qui la portent à vouloir jouir de ces biens sensibles et à y chercher son bonheur. Ainsi nous sommes dans une épreuve continuelle de ces impressions des démons sur nous.

» Le démon, ne pouvant parler immédiatement au cœur et ne devant pas se manifester à nous, emprunte le langage des créatures et celui de notre chair et de nos passions, et il nous fait entendre par là tout ce qu’il désire. Il nous dit, par les discours d’un vindicatif, qu’il est bon de se venger ; par ceux d’un ambitieux, qu’il est bon de s’élever ; par ceux d’un avare, qu’il est bon de s’enrichir ; par ceux d’un voluptueux, qu’il est bon de jouir du monde. Il les fait parler en agissant sur leur imagination et en y excitant les idées qu’ils expriment par leurs paroles, et il joint en même temps à cette instruction extérieure le langage de nos désirs qu’il excite. Celui des exemples des personnes déréglées lui sert encore plus que celui de leurs paroles. Et enfin, la seule vue muette des objets du monde qu’il nous présente lui sert encore d’un langage pour nous dire que le monde est aimable et qu’il est digne d’être recherché.

» La malice et l’artifice du démon ont bien plus pour but en cette vie de rendre les hommes criminels que de les accabler de misères et de maux. Il espère bien se dédommager en l’autre vie de tous les ménagements dont il use en celle-ci. Mais comme il sait qu’il n’a de force et d’empire sur eux qu’à proportion qu’ils sont coupables, il tâche de les rendre plus coupables, afin de pouvoir les dominer et tourmenter plus cruellement et plus à son aise. Il prend donc pour l’ordinaire, dans cette vie, le parti d’exciter et de féconder les passions. Il tâche de procurer aux siens des richesses et des plaisirs, et de les faire réussir dans leurs injustes desseins. Il s’applique particulièrement à empêcher qu’ils ne lui échappent, et à éloigner d’eux tout ce qui pourrait les réveiller de leur assoupissement. Il emploie toutes sortes d’adresses et d’artifices pour les retenir dans ses liens. Il les environne de gens qui les louent et qui les autorisent dans leurs dérèglements, qui leur en ôtent le scrupule en leur proposant une infinité de mauvais exemples, qui les y confirment. Il les amuse et les entretient d’espérances trompeuses. Il les accable d’emplois, d’occupations, de desseins, de divertissements qui les empêchent de penser à eux ; et comme, selon les diverses personnes et dans les diverses circonstances, il a besoin de divers moyens, il se sert aussi quelquefois des calamités et des maux de la vie pour les accabler de tristesse, les réduire au désespoir et les empêcher, par la multitude de leurs maux, d’avoir le temps de penser à se convertir ; enfin, tout lui est bon pour se conserver l’empire de ceux qu’il tient en sa possession, se réservant en l’autre vie de leur faire sentir la dureté de son joug. »

Tephramancie, divination pour laquelle on se servait de la cendre du feu qui, dans les sacrifices, avait consumé les victimes.

Tératoscopie, divination qui tire des présages de l’apparition de quelques spectres vus dans les airs, tels que des armées de cavaliers et autres prodiges dont parlent les chroniqueurs.

Terragon. Dans un pamphlet contre Henri III, qui parut en 1589 sous le titre de Remontrances à Henri de Valois sur les choses horribles envoyées par un enfant de Paris, on lisait ce qui suit : « Henri, lorsque vous donnâtes liberté à tous sorciers et enchanteurs et autres divinateurs de tenir libres écoles aux chambres de votre Louvre et même dans votre cabinet, à chacun d’iceux une heure le jour, pour mieux vous instruire, vous savez qu’ils vous ont donné un esprit familier, nommé Terragon. Vous savez qu’aussitôt que vous vîtes Terragon, vous l’appelâtes votre frère en l’accolant… » On ajoutait sur ce démon familier des choses détestables. « Vous savez, Henri, que Terragon vous donna un anneau, et que dans la pierre de cet anneau votre âme était figurée… »

Ces singularités ne viennent que d’un pamphlet. Mais toutefois Henri III était fort superstitieux et s’occupait de magie. Voy. Henri III.

Terre. Félix Nogaret a exploité une opinion bizarre de quelques philosophes dans un petit ouvrage intitulé La terre est un animal, in-16. Versailles, an III. Lyon possède un astronome qui met en avant une autre théorie. Il prétend que la terre est une éponge qui se soulève et qui s’abaisse chaque jour au-dessus et au-dessous du soleil, de manière à former les jours et les nuits. Les éclipses sont impossibles, d’après son système, puisque les astres sont immobiles. Nous oublions de dire que, selon lui, la terre respire à la manière des éléphants : les volcans sont ses narines. Par le temps de professions de foi qui court, disait l’Union catholique[13], il ne serait peut-être pas déplacé que l’illustre auteur de cette belle découverte formulât son système de la terre-éponge.

Les Orientaux disent que l’herbe est la chevelure de la terre et le zéphyr le peigne qui la démêle.

Terrestres ou souterrains, espèce de démons que les Chaldéens regardaient comme menteurs, parce qu’ils étaient les plus éloignés de la connaissance des choses divines. Voy. Souterrains.

Terreurs paniques. Un cavalier pariait qu’il irait, la nuit, donner la main à un pendu. Son camarade y court avant lui, pour s’en assurer. Le cavalier arrive bientôt, tremble, hésite ; puis, s’encourageant, prend la main du pendu et le salue. L’autre, désespéré de perdre la gageure, lui donne un grand soufflet, tellement que celui-ci, se croyant frappé du pendu, tombe à la renverse et meurt sur la place. Voy. Retz, Frayeur, Revenants, etc.

Terrier, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Tervagant, démon fameux au moyen âge, comme protecteur des Sarasins.

Tervilles, démons qui habitent la Norvège avec les drolles. Ils sont méchants, fourbes, indiscrets et font les prophétiseurs[14].

Tespesion, enchanteur qui, pour montrer qu’il pouvait enchanter les arbres, commanda à un orme de saluer Apollonius de Tyane ; ce que l’orme fit d’une voix grêle[15].

Tête. M. Salgues cite Phlégon, qui rapporte que, un poète, nommé Publius, ayant été dévoré par un loup, qui ne lui laissa que la tête, cette tête, saisie d’un noble enthousiasme, articula vingt vers qui prédisaient la ruine de l’empire romain. Il ci te encore Aristote, qui atteste que, un prêtre de Jupiter ayant été tué, sa tête, séparée de son corps, nomma son meurtrier, lequel fut arrêté, jugé et condamné sur ce témoignage. Voy. Polycrite.

Tête de Bophomet. M. de Hammer a publié, en 1818, une découverte intéressante pour l’histoire des sociétés secrètes. Il a trouvé, dans le cabinet des antiquités du Muséum impérial de Vienne, quelques-unes de ces idoles nommées têtes de Bophomet que les templiers adoraient. Ces têtes représentent la divinité des gnostiques, nommée Mêté ou la Sagesse. On y trouve la croix tronquée ou la clef égyptienne de la vie et de la mort, le serpent, le soleil, la lune, l’étoile du sceau, le tablier, le flambeau à sept branches et d’autres hiéroglyphes de la franc-maçonnerie. M. de Hammer prouve que les templiers, dans les hauts grades de leur ordre, abjuraient le christianisme et se livraient à des superstitions abominables. Les templiers et les francs-maçons remontent, selon lui, jnsqu’au gnosticisme, ou du moins certains usages ont été transmis par les gnostiques aux templiers, et par ceux-ci aux francs-maçons.

On garda longtemps à Marseille une de ces têtes dorées, saisie dans un retrait de templiers lorsqu’on fit leur procès.

Tête de mort. Un roi chrétien, voulant connaître le moment et le genre de sa mort, fit venir un nécromancien, qui, après avoir dit la messe du diable, fit couper la tête d’un jeune enfant de dix ans, préparé pour cet effet ; ensuite il mit cette tête sur l’hostie noire, et, après certaines conjurations, il lui commanda de répondre à la demande du prince ; mais la tête ne prononça que ces mots : Le ciel me vengera[16]… Et aussitôt le roi entra en furie, criant sans cesse : Ôtez-moi cette tête ! Peu après il mourut enragé[17].

Tête de saint Jean. Un devin s’était rendu fameux dans le dix-septième siècle par la manière dont il rendait ses oracles. On entrait dans une chambre éclairée par quelques flambeaux. On voyait sur une table une représentation qui figurait la tête de saint Jean-Baptiste dans un plat. Le devin affectait quelques cérémonies magiques ; il conjurait ensuite cette tête de répondre sur ce qu’on voulait savoir, et la tête répondait d’une voix intelligible, quelquefois avec une certaine exactitude. Or, voici la clef de ce mystère : la table, qui se trouvait au milieu de la chambre, était soutenue de cinq colonnes, une à chaque coin et une dans le milieu. Celle du milieu était un tuyau de bois ; la prétendue tête de saint Jean était de carton peint au naturel, avec la bouche ouverte, et correspondait, par un trou pratiqué dans le plat et dans la table, à la cavité de la colonne creuse. Dans la chambre qui se trouvait au-dessous, une personne, parlant par un porte-voix dans cette cavité, se faisait entendre très-distinctement : la bouche de la tête avait l’air de rendre ses réponses.

Têtes de serpent. Passant par Hambourg, Linné, encore fort jeune, donna une preuve de sa sagacité en découvrant qu’un fameux serpent à sept têtes, qui appartenait au bourgmestre Spukelsen, et qu’on regardait comme un prodige, n’était qu’une pure supposition. À la première inspection, le docte naturaliste s’aperçut que six de ces têtes, malgré l’art avec lequel on les avait réunies, étaient des museaux de belettes, couverts d’une peau de serpent.

Tetragrammaton, mot mystérieux employé dans la plupart des conjurations qui évoquent le diable.

Teula, sorte de mirage qui a lieu en Écosse, où la personne qui en est frappée croit voir passer un convoi funèbre ou ce qu’ils appellent un enterrement. Elle se dérange pour ne pas en être froissée.

Teusarpouliet ou Temzarpouliet. Voy. ce mot.

Teuss, génie bienfaisant révéré dans le Finistère ; il est vêtu de blanc et d’une taille gigantesque, qui croît quand on l’approche. On ne le voit que dans les carrefours, de minuit à deux heures. Quand vous avez besoin de son secours contre les esprits malfaisants, il vous sauve sous son manteau. Souvent, quand il vous tient enveloppé, vous entendez passer avec un bruit affreux le chariot du diable, qui fuit à sa vue, qui s’éloigne en poussant des hurlements épouvantables, en sillonnant d’un long trait de lumière l’air, la surface de la mer, en s’abîmant dans le sein de la terre ou dans les ondes[18].

Teutatès, le Pluton des Gaulois. On l’adorait dans les forêts. Le peuple n’entrait dans ces forêts mystérieuses qu’avec un sentiment de terreur, fermement persuadé que les habitants de l’enfer s’y montraient, et que la seule présence d’un druide pouvait les empêcher de punir la profanation de leur demeure. Lorsqu’un Gaulois tombait à terre, dans une enceinte consacrée au culte, il devait se hâter d’en sortir, mais sans se relever et en se traînant à genoux, pour apaiser les êtres surnaturels qu’il croyait avoir irrités[19].

Thalmud, livre qui contient la doctrine, les contes merveilleux, la morale et les traditions des Juifs modernes. Environ cent vingt ans après la destruction du temple, le rabbin Juda-Haccadosch, que les juifs appelaient notre saint maître, homme fort riche et fort estimé de l’empereur Antonin le Pieux, voyant avec douleur que les Juifs dispersés commençaient à perdre la mémoire de la loi qu’on nomme orale ou de tradition, pour la distinguer de la loi écrite, composa un livre où il renferma les sentiments, les constitutions, les traditions de tous les rabbins qui avaient fleuri jusqu’à son temps. Ce recueil forme un volume in-folio ; on l’appelle spécialement la Mischna ou seconde loi. Cent rabbins y ont joint des commentaires, dont la collection se nomme Gémare. Le tout embrasse douze volumes in-folio.

Les Juifs mettent tellement le Thalmud audessus de la Bible qu’ils disent que Dieu étudie trois heures par jour dans la Bible, mais qu’il en étudie neuf dans le Thalmud.

Thamus, pilote qui annonça la mort du grand Pan. Voy. Pan.

Thamuz, démon du second ordre, inventeur de l’artillerie. Ses domaines sont les flammes, les grils, les bûchers. Quelques démonomanes lui attribuent l’invention des bracelets que les dames portent.

Théagènes. Voy. Oracles.

Théantis, femme mystérieuse. Voy. Oféreit.

Thème céleste. Ce terme d’astrologie se dit de la figure que dressent les astrologues lorsqu’ils tirent l’horoscope. Il représente l’état du ciel à un point fixe, c’est-à-dire le lieu où sont en ce moment les étoiles et les planètes. Il est composé de douze triangles enfermés entre deux carrés ; on les appelle les douze maisons du soleil. Voy. Astrologie.

Thémura, l’une des trois divisions de la cabale rabbinique. Elle consiste : 1° dans la transposition et le changement des lettres ; 2° dans un changement de lettres que l’on fait en certaines combinaisons équivalentes.

Théoclimène, devin qui descendait en ligne directe de Mélampus de Pylos, et qui devinait à Ithaque en l’absence d’Ulysse.

Théodat. Voy. Onomancie.

Théodoric, roi des Goths. Sous son règne, les deux plus illustres sénateurs, Symmaque et Boëce, son gendre, furent accusés de crimes d’État et mis en prison. Boëce était chrétien. Il fut mis à mort l’an 524, et son beau-père eut le même sort l’année suivante. Un jour, les offi-

 
Boëce
Boëce
Boëce.
 
ciers de Théodoric ayant servi sur sa table un gros poisson, il crut voir dans le plat la tête de Symmaque, fraîchement coupée, qui le regardait d’un air furieux ; il en fut si épouvanté qu’il en prit un frisson : il se mit au lit et mourut au désespoir.

Théodose. Voy. Alectryomancie.

Théomancie, partie de la cabale des Juifs qui étudie les mystères de la divine majesté et recherche les noms sacrés. Celui qui possède cette science sait l’avenir, commande à la nature, a plein pouvoir sur les anges et les diables, et peut faire des prodiges. Des rabbins ont prétendu que c’est par ce moyen que Moïse a tant opéré de merveilles ; que Josué a pu arrêter le soleil ; qu’Élie a fait tomber le feu du ciel et ressuscité un mort ; que Daniel a fermé la gueule des lions ; que les trois enfants n’ont pas été consumés dans la fournaise, etc. Cependant, quoique très-experts aussi dans les noms divins, les rabbins juifs ne font plus rien des choses opérées chez leurs pères.

Théophile, économe de l’église d’Adana, en Cilicie, au sixième siècle. Il marchait dans les voies de la justice et de la charité, lorsque, sur les rapports calomnieux de rivaux jaloux, son évêque le renvoya de ses fonctions. L’orgueil, qui jusque-là dormait en lui, s’éveilla au point de le dominer bientôt. Pour se venger, il se vendit au démon. Son pacte, célèbre dans tout l’Orient, est exposé avec ses suites dans un poëme latin de la pieuse et illustre Rosvitha. Il eut le bonheur de se repentir et de rentrer en grâce, à force de prières et de constance. Voy. cette histoire (qui n’a jamais pu être contestée) dans les Légendes infernales.

Théraphim. Selon rabbi Aben-Esra, les idoles que les Hébreux appelaient théraphim étaient des talismans d’airain, en forme de cadran solaire, qui faisaient connaître les heures propres à la divination. Pour les faire, on tuait le premier-né de la maison, on lui arrachait la tête, qu’on salait de sel mêlé d’huile ; puis on écrivait sur une lame d’or le nom de quelques mauvais esprits ; on mettait cette lame sous la langue de l’enfant ; on attachait la tête coupée à la muraille, et, après avoir allumé des flambeaux devant elle, on lui rendait à genoux de grands respects. Cette figure répondait aux questions qu’on avait à lui faire ; on suivait ses avis, et on traçait sur ses indications les figures du théraphim. Selon d’autres rabbins, les théraphim étaient des mandragores.

Thermomètre. L’abbé Chappe, né à Mauriac en Auvergne, en 1722, de l’Académie des sciences, s’est immortalisé par ses deux voyages, l’un à Tobolsk, dans la Sibérie, en 1761, l’autre en 1769, en Californie, où il est mort. Dans le premier de ces voyages, il arriva un jour qu’après s’être livré au sommeil, auquel la fatigue l’avait fait succomber, il se trouva, en s’éveillant au milieu de la nuit, abandonné par ses gens, seul dans son traîneau, au milieu d’un désert de glaces, sans vivres et loin de toute espèce d’habitation. Il ne perd point courage ; il marche au hasard, s’abîme dans un trou rempli de neige, s’en tire par miracle, aperçoit dans le lointain une faible lumière, la suit, arrive, retrouve ses gens, les réveille, leur pardonne et poursuit sa route. Il approche enfin de Tobolsk ; il ne restait que trois rivières à passer : mais tout annonçait le dégel ; on voyait l’eau partout. Les postillons refusent le service. Il les enivre d’eau-de-vie, et traverse les deux premières.

À la dernière, il n’éprouve que des refus insurmontables. Indigné, il entre chez le maître de poste en tenant à la main son thermomètre, que la chaleur du poêle fait monter, au grand étonnement des spectateurs. L’abbé, qui s’en aperçoit, saisit la circonstance. Il leur fait dire par son interprète qu’il est un grand magicien, que l’instrument qu’il porte l’avertit de tous les dangers ; que si le dégel était à craindre, l’animal qu’il renferme, étant exposé au grand air, ne descendrait pas ; mais que si la glace était encore forte, il descendrait au-dessous d’une ligne qu’il marque avec le doigt. Il sort alors : tous le suivent en foule, et le thermomètre de descendre. Pleins de surprise et d’admiration, les postillons se hâtent d’obéir, et la rivière est traversée malgré la glace fléchissant sous le poids du traîneau, et menaçant à chaque instant de se rompre et de l’engloutir avec les voyageurs.

Thespésius, citoyen de Cilicie, connu de Plutarque. C’était un mauvais sujet qui exerçait toutes sortes de friponneries, et se ruinait de jour en jour de fortune et de réputation. L’oracle lui avait prédit que ses affaires n’iraient bien qu’après sa mort. En conséquence, il tomba du haut de sa maison, se cassa le cou et mourut. Trois jours après, lorsqu’on allait faire ses funérailles, il revint à la vie, et fut dès lors le plus juste, le plus pieux et le plus homme de bien de la Cilicie. Comme on lui demandait la raison d’un tel changement, il disait qu’au moment de sa chute son âme s’était élevée jusqu’aux étoiles, dont il avait admiré la grandeur immense et l’éclat surprenant ; qu’il avait vu dans l’air un

 
Vision de Thespésius
Vision de Thespésius
 
grand nombre d’âmes, les unes enfermées dans des tourbillons enflammés, les autres pirouettant en tous sens ; celles-ci très-embarrassées et poussant des gémissements douloureux ; celles-là, moins nombreuses, s’élevant en haut avec rapidité et se réjouissant avec leurs semblables. Il racontait tous les supplices des scélérats dans l’autre vie, et il ajoutait que, pour lui, une âme de sa connaissance lui avait dit qu’il n’était pas encore mort, mais que, par la permission des dieux, son âme était venue faire ce petit voyage de faveur ; et qu’après cela il était rentré dans son corps, poussé par un souffle impétueux[20]. Mais vous, lecteur, croyez-moi, n’attendez pas la mort pour bien vivre.

Thessaliennes. La Thessalie possédait un si grand nombre de sorciers, et surtout de sorcières, que les noms de sorcière et de Thessalienne étaient synonymes.

Théurgie, art de parvenir à des connaissances surnaturelles et d’opérer des miracles par le secours des esprits ou génies que les païens nommaient des dieux et que les Pères de l’Église ont appelés avec raison des démons. Cet art imaginaire a été recherché et pratiqué par un grand nombre de philosophes. Mais ceux des troisième et quatrième siècles, qui prirent le nom d’éclectiques ou de nouveaux platoniciens, tels que Porphyre, Julien, Jamblique, Maxime, en furent principalement entêtés. Ils se persuadaient que, par des formules d’invocation, par certaines pratiques, on pouvait avoir un commerce familier avec les esprits, leur commander, connaître et opérer par leur secours des choses supérieures aux forces de la nature. Ce n’était, dans le fond, rien autre chose que la magie, quoique ces philosophes en distinguassent deux espèces, savoir : la magie noire et malfaisante, qu’ils nommaient goétie, et dont ils attribuaient les effets aux mauvais démons, et la magie bienfaisante, qu’ils appelaient théurgie, c’est-à-dire opération divine par laquelle on invoquait les bons esprits.

Comment savait-on, ajoute Bergier, que telles paroles ou telles pratiques avaient la vertu de subjuguer ces prétendus esprits et de les rendre obéissants ? Les théurgistes supposaient que les mêmes esprits avaient révélé ce secret aux hommes. Plusieurs de ces pratiques étaient des crimes, tels que les sacrifices de sang humain ; et il est établi que les théurgistes en offraient. Voy. Julien, Magie, Art notoire.

Thiers (Jean-Baptiste), savant bachelier de Sorbonne, professeur de l’Université de Paris, et ensuite curé de Vibraye, dans le diocèse du Mans ; né à Chartres en 1638, mort à Vibraye en 1703; auteur un peu janséniste de plusieurs ouvrages curieux, parmi lesquels on recherche toujours le Traité des superstitions, 4 vol. in-12. Il y rapporte une foule de petits faits singuliers.

Thomas (Saint). On lit dans les démonomanes que saint Thomas d’Aquin se trouvait incommodé dans ses études par le grand bruit des chevaux qui passaient tous les jours sous ses fenêtres pour aller boire. Comme il était habile à faire des talismans, il fit une petite figure de cheval qu’il enterra dans la rue ; et depuis, les palefreniers furent contraints de chercher un autre chemin, ne pouvant plus à toute force faire passer aucun cheval dans cette rue enchantée.

C’est un conte comme un autre. Voy. Albert le Grand.

Thomas. On lit dans plusieurs conteurs ce qui suit ; « Un moine nommé Thomas, à la suite d’une querelle qu’il eut avec les religieux d’un monastère de Lucques, se retira tout troublé dans un bois, où il rencontra un homme qui avait la face horrible, le regard sinistre, la barbe noire et le vêtement long. Cet homme vint au moine et lui demanda pourquoi il allait seul dans ces lieux détournés. Le moine répondit qu’il avait perdu son cheval et qu’il le cherchait. « Je vous aiderai, » dit l’inconnu. — Comme ils allaient ensemble à la poursuite du prétendu cheval égaré, ils arrivèrent au bord d’un ruisseau entouré de précipices. L’inconnu invita le moine, qui déjà se déchaussait, à monter sur ses épaules, disant qu’il lui était plus facile de passer à lui qui était plus grand. Thomas, fasciné par son compagnon, quoiqu’il en eut peur, y consentit. Mais lorsqu’il fut sur le dos de l’inconnu, il s’aperçut qu’il avait les pieds difformes d’un démon. Il commença à trembler et à se recommander à Dieu de tout son cœur. Le diable aussitôt se mit à murmurer, et s’échappa avec un bruit affreux en brisant un grand chêne qu’il arracha de terre. Quant au moine, il demeura étendu au bord du précipice, et remercia son bon ange de l’avoir ainsi tiré des griffes de Satan[21]. »

Thor, dieu de la foudre chez les anciennes races germaniques, qui l’armaient d’un marteau.

Thou. Il arriva en 1598 une aventure assez singulière au président de Thou. Il se trouvait depuis peu de temps dans la ville de Saumur. Une nuit qu’il était profondément endormi, il fut réveillé tout à Coup par le poids d’une masse énorme qu’il sentit se poser sur ses pieds. Il secoua fortement ce poids et le fit tomber dans la chambre… Le président ne savait encore s’il était bien éveillé, quand il entendit marcher tout auprès de lui. Il ouvrit les rideaux de son lit, et comme les volets de ses fenêtres n’étaient pas fermés et qu’il faisait clair de lune, il vit distinctement une grande figure blanche qui se promenait dans l’appartement… Il aperçut en même temps des hardes éparses sur des chaises auprès de la cheminée. Il s’imagina que des voleurs étaient entrés dans sa chambre ; et voyant la figure blanche se rapprocher de son lit, il lui demanda d’une voix forte : « Qui êtes-vous ? — Je suis la reine du ciel, » répondit le fantôme d’un ton solennel.

Le président, reconnaissant la voix d’une femme, se leva aussitôt ; et, ayant appelé ses domestiques, il leur dit de la faire sortir, et se recoucha sans demander d’éclaircissement. Le lendemain, il apprit que la femme qui lui avait rendu une visite nocturne était une folle, qui, n’étant pas renfermée, courait çà et là et servait de jouet au peuple. Elle était entrée dans la maison, qu’elle connaissait déjà, en cherchant un asile pour la nuit. Personne ne l’avait aperçue, et elle s’était glissée dans la chambre du président, dont elle avait trouvé la porte ouverte. Elle s’était déshabillée auprès du feu et avait étalé ses habits sur des chaises. Cette folle était connue dans la ville sous le nom de la Reine du ciel, qu’elle se donnait elle-même.

Thuggisme. C’est le nom qu’on donne dans l’Inde à l’assassinat ou au meurtre qui se commet par un principe dit religieux, c’est-à-dire pour plaire à l’une des affreuses divinités de l’Hindoustan, à Devi, appelée aussi la Noire, la Dévorante, la Mangeuse d’hommes, etc. Celui qui assassine en ce sens se cache sur le chemin du voyageur, lui jette un lacet et l’étrangle. Il croit par là mériter. Ces assassins, que nous nommons étrangleurs, s’appellent dans l’Inde les thugs.

Thurifumie, divination par la fumée de l’encens.

Thymiamata, parfums d’encens qu’on employait chez les anciens pour délivrer ceux qui étaient possédés de quelque mauvais esprit.

Thyrée (Pierre), jésuite, auteur d’un livre sur les démoniaques, les maisons infestées et les frayeurs nocturnes[22].

Tibalang, fantômes que les naturels des Philippines croient voir sur la cime de certains vieux arbres, dans lesquels ils sont persuadés que les âmes de leurs ancêtres ont leur résidence. Ils se les figurent d’une taille gigantesque ; de longs cheveux, de petits pieds, des ailes très-étendues et le corps peint.

Tibère. Cet empereur romain voyait clair dans les ténèbres, selon Cardan, qui avait la même propriété. Voy. Trasulle.

Ticho-Brahé, astronome suédois. Il croyait que sa journée serait malheureuse et s’en retournait promptement si, en sortant de son logis, la première personne qu’il rencontrait était une vieille ou si un lièvre traversait son chemin.

Tieck (Louis), auteur allemand d’un livre qui, sous forme de roman, donne dans un esprit hostile à l’Église l’histoire de la vauderie en Artois au quinzième siècle. Il a été traduit en français sous ce titre : le Sabbat des sorcières ; in-8o.

Tigre (Le grand). Voy. Lièvre.

Tintement. Lorsque nous sentons une chaleur à la joue, dit Brown, ou que l’oreille nous tinte, nous disons ordinairement que quelqu’un parle de nous. Ce tintement d’oreille passait chez nos pères pour un très-mauvais augure.

Tiphaine. Nos anciennes chroniques soupçonnaient de féerie ou de commerce avec les fées toutes les femmes dans l’histoire desquelles ils trouvaient du merveilleux. La Pucelle d’Orléans fut accusée d’avoir eu commerce avec les fées auprès d’une fontaine de son pays, que l’on appelle encore la fontaine des Fées ou des Dames. L’ancienne chronique de Duguesclin dit que dame Tiphaine, femme de ce héros, était regardée comme une fée, parce qu’elle était fort adroite et qu’elle prédisait à son mari tout ce qui devait lui arriver.

Tiromancie, divination par le fromage. On la pratiquait de diverses manières que nous ne connaissons pas.

Titania, reine des fées. Voy. Oberon.

Titus. On trouve raconté dans un vieux recueil de traditions juives que Titus prétendit avoir vaincu le Dieu des Juifs à Jérusalem. Alors une voix terrible se fit entendre, qui dit : « Malheureux, c’est la plus petite de mes créatures qui triomphera de toi. » En effet, un moucheron se glissa dans le nez de l’empereur et parvint jusqu’à son cerveau. Là pendant sept années, il se nourrit de cervelle d’empereur, sans qu’aucun médecin pût le déloger. Titus mourut après d’horribles souffrances. On ouvrit sa tête pour voir quel était ce mal contre lequel avaient échoué tous les efforts de la médecine, et on trouva le moucheron, mais fort engraissé. Il était devenu de la taille d’un pigeon. Il avait des pattes de fer et une bouche de cuivre[23].

Toia, nom sous lequel les habitants de la Floride adorent le diable, c’est-à-dire l’auteur du mal.

Tombeaux. Chez plusieurs nations idolâtres de l’antiquité, l’usage était d’aller dormir sur les tombeaux, afin d’avoir des rêves de la part des morts, de les évoquer en quelque sorte et de les interroger. Voy. Morts.

Tomtegobbe, le vieux du grenier, lutin suédois de la famille des Gobelins.

Tondal. Un soldat nommé Tondal, à la suite d’une vision, raconte qu’il avait été conduit par un ange dans les enfers. Il avait vu et senti les tourments qu’on y éprouve. L’ange l’avait conduit dans les diverses contrées de cet abîme ; et après lui avoir fait subir les horreurs du froid et la puanteur du soufre, expier le vol d’une vache qu’il se reprochait et comprendre les dangers d’une vie mal réglée, il lui fit entrevoir le paradis avec ses splendeurs, et le ramena ensuite dans son lit. Dès lors il se leva pour mener désormais une vie toute chrétienne[24].

Tonnerre. Le tonnerre a été adoré en qualité de dieu. Les Égyptiens le regardaient comme le symbole de la voix éloignée, parce que de tous les bruits c’est celui qui se fait entendre le plus loin. Lorsqu’il tonne, les Chingulais se persuadent que le ciel veut leur infliger un châtiment, et que les âmes des méchants sont chargées de diriger les coups pour les tourmenter et les punir de leurs péchés. En Bretagne on a l’usage, quand il tonne, de mettre un morceau de fer dans le nid des poules qui couvent[25], comme préservatif du tonnerre. Voy. Cloches, Évangile de saint Jean, etc.

Topielnitsys, malins esprits qui dansent sur les eaux en Russie et en Pologne.

Toqui. Le grand Toqui est le dieu suprême des Araucaniens. Il a pour ennemi Guécuba, qui est le démon.

Torngarsuk. Les Groënlandais ne font ni prières ni sacrifices et ne pratiquent aucun rite ; ils croient pourtant à l’existence de certains êtres surnaturels. Le chef et le plus puissant-de ces êtres est Torngarsuk, qui est invoqué surtout par les pêcheurs, et qu’ils représentent tantôt sous la

 
Torngarsuk
Torngarsuk
 
forme d’un ours, tantôt sous celle d’un homme avec un bras, tantôt enfin sous celle d’une créature humaine grande au plus comme un des doigts de la main.

C’est auprès de cette divinité que les anguekkoks sont obligés de se rendre pour lui demander conseil, quand un Groënlandais tombe malade. Indépendamment de ce bon génie, qui est invisible à tout le monde, excepté à l’anguekkok, il en est d’autres qui, par l’entremise de l’anguekkok, enseignent ce qu’on doit faire ou ce qu’on doit éviter pour être heureux. Chaque anguekkok a en outre son esprit familier, qu’il évoque et qu’il consulte comme un oracle.

Torquemada (Antoine de), auteur espagnol de l’Hexameron ou six journées, contenant plusieurs doctes discours, etc.; avec maintes histoires notables et non encore ouïes, mises en français par Gabriel Chappuys, Tourangeau ; Lyon, 1582, in-8o ; ouvrage plein de choses prodigieuses et d’aventures de spectres et de fantômes.

Torreblanca (François), jurisconsulte de Cordoue, auteur d’un livre curieux sur les crimes des sorciers[26].

Torture. Quand on employait la torture contre les sorciers et que les tourments ne les faisaient pas avouer, on disait que le diable les rendait insensibles à la douleur.

Totam, esprit qui garde chaque sauvage de l’Amérique septentrionale. Ils se le représentent sous la forme de quelque bête, et, en conséquence, jamais ils ne tuent, ni ne chassent, ni ne mangent l’animal dont ils pensent que leur totam a pris la figure.

Toupan, esprit malin qui préside au tonnerre chez les naturels brésiliens.

Tour de force. Delrio rapporte cette histoire plaisante. Deux troupes de magiciens s’étaient réunies en Allemagne pour célébrer le mariage d’un grand prince. Les chefs de ces troupes étaient rivaux et voulaient chacun jouir sans partage de l’honneur d’amuser la cour. C’était le cas de combattre avec toutes les ressources de la sorcellerie. Que fit l’un des deux magiciens ? Il avala son confrère, le garda quelque temps dans son estomac, et le rendit ensuite par où vous savez. Cette espièglerie lui assura la victoire. Son rival, honteux et confus, décampa avec sa troupe et alla plus loin prendre un bain et se parfumer.

Tour de Montpellier. Il y a sans doute en-

 
Tour de Montpellier
Tour de Montpellier
 
core à Montpellier une vieille tour que le peuple de cette ville croit aussi ancienne que le monde ; sa chute doit précéder de quelques minutes la déconfiture de l’univers.

Tour des Rats. Voy. Hatton II.

Tour de Wigla, tour maudite de la Norvège, où le roi païen Vermund fit brûler les mamelles de sainte Ethelrède avec du bois de la vraie croix, apportée à Copenhague par Olaüs III. On dit que depuis on a essayé inutilement de faire une chapelle de cette tour maudite ; toutes les croix qu’on y a placées successivement ont été consumées par le feu du ciel[27].

Tourterelle. Si on porte le cœur de cet oiseau dans une peau de loup, il éteindra tous les sentiments. Si on pend ses pieds à un arbre, l’arbre ne portera jamais de fruit. Si on frotte de son sang, mêlé avec de l’eau dans laquelle on aura fait cuire une taupe, un endroit couvert de poils, tous les poils noirs tomberont[28].

Traditions populaires. « C’est sur la fatalité et l’antagonisme du bien et du mal, dit un habile écrivain, dans le Quarterly Magazine, que se fonde la philosophie des traditions du peuple. Cette base se retrouve dans le conte le plus trivial où l’on introduit un pouvoir surnaturel ; et la nourrice qui fait son récit au coin de la cheminée rustique a la même science que les hiérophantes de la Grèce et les mages de la Perse. Le principe destructeur étant le plus actif dans ce bas monde, il reparaît dans toutes les croyances superstitieuses sous une variété infinie de formes, les unes sombres, les autres brillantes ; on retrouve partout les mêmes personnifications d’Oromase et d’Arimane et l’hérésie des manichéens. La vague crédulité du villageois ignorant s’accorde avec la science mythologique des anciens sages. Des peuples que l’Océan sépare sont rapprochés par leurs fables ; les hamadryades de la Grèce et les lutins de la Scandinavie dansent une ronde fraternelle avec les fantômes évoqués par le sorcier moderne ; celui-ci compose ses philtres, comme Canidie, avec la mandragore, la ciguë, les langues de vipères et les autres ingrédients décrits par Virgile et Horace. À la voix des sorciers modernes, comme à celle des magiciens de Thessalie, on entend encore le hibou crier, le corbeau croasser, le serpent siffler, et les ailes noires des scarabées s’agiter. Toutefois, le Satan des légendes n’est jamais revêtu de la sombre dignité de l’ange déchu ; c’est le diable, l’ennemi, méchant par essence, de temps immémorial. Sa rage est souvent impuissante, à moins qu’il n’ait recours à la ruse : il inspire la peur encore plus que la crainte. De là vient cette continuelle succession de caprices bizarres et de malices grotesques qui le caractérise ; de là cette familiarité qui diminue la terreur causée par son nom. Les mêmes éléments entrent dans la composition de toutes les combinaisons variées du mauvais principe qui engendra la race nombreuse des lutins sortis de l’enfer. Si le rire n’est pas toujours méchant et perfide, il exprime, assez bien du moins, la malice et la perfidie. C’est de l’alliance du rire et de la malice que sont nés tous ces moqueurs placés par les mythologues au rang des divinités. Tels sont le Momus des Grecs et le Loki des Scandinaves, l’un bouffon de l’Olympe, l’autre bouffon des banquets du Valhalla. » Les traditions populaires se conservent sous mille formes, Voy. Superstitions et tous les articles des esprits et démons.

Mais voici une tradition du Pas-de-Calais que nous communique un savant de la contrée.

« Dans les environs de Béthune, près de Beuvry, aux rives des marais qui avoisinent cette commune, était une fontaine assez remarquable. Ses eaux tourbillonnaient sans cesse et offraient à leur centre un vaste entonnoir qui engouffrait, pour ne jamais le laisser reparaître, tout ce qui était atteint par les rayons de ce tourbillonnement. Vainement on a cherché la profondeur du gouffre, la sonde n’a jamais pu en atteindre le fond ; et les habitants prétendaient que cette fontaine était traversée par un fleuve souterrain, dont les flots emportaient le plomb de la sonde et déterminaient le tourbillonnement des eaux « Dans les environs de Béthune, près de Beuvry, aux rives des marais qui avoisinent cette commune, était une fontaine assez remarquable. Ses eaux tourbillonnaient sans cesse et offraient à leur centre un vaste entonnoir qui engouffrait, pour ne jamais le laisser reparaître, tout ce qui était atteint par les rayons de ce tourbillonnement. Vainement on a cherché la profondeur du gouffre, la sonde n’a jamais pu en atteindre le fond ; et les habitants prétendaient que cette fontaine était traversée par un fleuve souterrain, dont les flots emportaient le plomb de la sonde et déterminaient le tourbillonnement des eaux à leur surface. Les vieillards, dit M. Félix Lequien, conservent, sur cette fontaine, de nombreuses légendes. Nous citerons la plus répandue :

» Dans des temps que bien des siècles séparent de nous, au milieu des marais de Beuvry, alors appelé Beury, était un castel. Ses noires murailles dominaient la vaste plaine d’eau qui les entourait. Une étroite chaussée, coupée de distance en distance par des ponts mobiles, formait le seul accès de cette habitation.

» Quel motif avait déterminé le châtelain qui s’était retiré là à choisir pour demeure un séjour si sauvage ? Personne ne le savait. Nul n’avait pu même l’entrevoir, depuis vingt ans qu’il s’y tenait renfermé ; nul n’avait pénétré dans ce château ni aux bâtiments extérieurs, où, nuit et jour, veillaient des étrangers dont on ne comprenait pas le langage et qui n’entendaient pas plus celui du pays.

 
 

» Une crainte superstitieuse en éloignait d’ailleurs chacun. Le château et son châtelain avaient été l’objet des conjectures de tous ; mais la disparition subite de ceux qui avaient trop hautement émis leur opinion là-dessus faisait qu’on n’osait plus, dans l’intimité même des veillées, parler du mystérieux manoir. Chacun supposait là des intelligences avec les esprits infernaux ; et il est certain que, tous les ans, dans la nuit qui précède le saint jour de Noël, il se passait dans le château des choses extraordinaires. De la plupart des maisons de Beuvry, une oreille attentive pouvait saisir les derniers sons, affaiblis par la distance, de mille voix confuses, proférant des cris et des gémissements mêlés d’éclats de rire. À minuit, tout rentrait dans le calme ordinaire ; le lendemain, pas un seul de ceux que les événements avaient effrayés n’aurait osé dire qu’il avait entendu le moindre bruit ; et vainement se serait-on préoccupé de pénétrer ce mystère. Parmi ceux [qui, dans les combats, avaient bravé la mort, nul n’aurait été assez hardi pour s’approcher des marais de Beuvry dans la nuit de la veille de Noël.

» Cet état de choses durait depuis vingt ans, quand, à l’aube de ce jour dont la nuit venait d’être troublée d’une manière encore plus extraordinaire que les années précédentes, ceux qui se hasardèrent à jeter un coup d’œil furtif et inquiet sur le château ne le découvrirent plus. Ce fut aussi vainement que des yeux ils cherchèrent une seconde, une troisième fois, cette masse de bâtiments au milieu des eaux qui, la veille encore, faisaient contraster sa sombre couleur avec la blancheur de l’onde et l’azur des cieux. Au plein jour seulement, quand le castel et ses accessoires n’apparurent pas davantage sur l’horizon, on osa se communiquer cet étrange événement. Chacun n’y voulut croire qu’après s’en être assuré par ses yeux. Rien n’apparaissait au milieu de la vaste plaine d’eau… pas le moindre vestige. L’étroite chaussée seule était restée intacte, comme pour rendre plus apparente la disparition des bâtiments auxquels elle avait abouti. Cependant on se hasarda, mais ce ne fut que plus d’un mois après, à s’avancer dans le marais ; on risqua quelques pas sur la chaussée. On parvint à son extrémité, et, à la place du castel, on trouva cette effroyable fontaine avec ses eaux tourbillonnantes et sa bouche incessamment béante. Elle reçut et conserva le nom que sa première vue inspira : on l’appela et on l’appelle encore la Fontaine hideuse.

» Ce qu’était, ce que devint le châtelain avec ses serviteurs, nul ne put jamais le savoir. La justice céleste avait puni de grands forfaits, disait-on ; mais on le conjecturait. Ce qu’on savait dans le pays, ce qu’on y croit encore, c’est que chaque année, dans la nuit de la veille de Noël, vers la douzième heure, on entend toujours sortir du fond de cette fontaine des cris, des gémissements et de sinistres éclats de rire. »

Traire par charmes. Voy. Blokula.

Trajan, empereur romain qui, selon Dion Cassius, se trouvant à Antioche lors de ce terrible tremblement de terre qui renversa presque toute la ville, fut sauvé par un démon, lequel se présenta subitement devant lui, le prit entre ses bras, sortit avec lui par une fenêtre et Remporta j hors de la ville.

On a écrit que Trajan ne rebâtit pas la ville d’Italica, où ses ancêtres étaient nés, parce qu’un mathématicien devin lui avait prédit qu’autant cette ville croîtrait en maisons, autant son empire décroîtrait en provinces.

Transmigration des âmes. Plusieurs anciens philosophes, comme Empédocle, Pythagore et Platon, avaient imaginé que les âmes, après la mort, passaient du corps qu’elles venaient de quitter dans un autre corps, afin d’y être purifiées avant de parvenir à l’état de béatitude. Les uns pensaient que ce passage se faisait seulement d’un corps humain dans un autre de même espèce. D’autres soutenaient que certaines âmes entraient dans les corps des animaux et même dans ceux des plantes. Cette transmigration était nommée par les Grecs métempsycose et métensomatose. C’est encore aujourd’hui un des principaux articles de la croyance des Indiens. Ce dogme absurde, enfanté par le panthéisme, leur fait considérer les maux de cette vie, non comme une épreuve utile à la vertu, mais comme la punition des crimes commis dans un autre corps. N’ayant aucun souvenir de ces crimes, leur croyance ne peut servir à leur en faire éviter aucun. Elle leur inspire de l’horreur pour la caste des parias, parce qu’ils supposent que ce sont des hommes qui ont commis des forfaits affreux dans une vie précédente. Elle leur donne plus de charité pour les animaux même nuisibles que pour les hommes, et une aversion invincible pour les Européens, parce qu’ils tuent les animaux. Enfin, la multitude des transmigrations leur fait envisager les récompenses de la vertu dans un si grand éloignement qu’ils n’ont plus le courage de les mériter[29].

Transport des sorcières. Quelques-unes se transportent au sabbat enlevées par les airs, comme Simon le magicien et sans monture ; mais, en France surtout, les sorcières considérables, lorsqu’elles emportaient au sabbat quelque enfant, étaient transportées et ramenées à domicile par un bouc qui voyageait dans le vide comme un oiseau.

 
Sorcière chevauchant à un bouc volant
Sorcière chevauchant à un bouc volant
 

Trasulle. Tibère, étant à Rhodes, voulut satisfaire sa curiosité relativement à l’astrologie judiciaire. Il fit venir l’un après l’autre tous ceux qui se mêlaient de prédire l’avenir ; il les attendait sur une terrasse élevée de sa maison au bord de la mer. Un de ses affranchis, d’une taille haute et d’une force extraordinaire, les lui amenait là à travers les précipices ; et si Tibère reconnaissait que l’astrologue n’était qu’un fourbe, l’affranchi ne manquait pas, à un signal convenu, de le précipiter dans la mer.

Il y avait alors à Rhodes un certain Trasulle, homme habile dans l’astrologie, disait-on, mais incontestablement d’un esprit très-adroit. Il fut conduit comme les autres à ce lieu écarté, assura à Tibère qu’il, serait empereur et lui prédit beaucoup de choses futures. Tibère lui demanda ensuite s’il connaissait ses propres destinées et s’il avait tiré son propre horoscope. Trasulle, qui avait eu quelques soupçons, car il n’avait vu revenir aucun de ses confrères, et qui sentit redoubler ses craintes en considérant le visage de Tibère, l’homme qui l’avait amené et qui ne le quittait point, le lieu élevé où il se trouvait, le précipice qui était à ses pieds, regarda le ciel comme pour lire dans les astres ; bientôt il s’étonna, pâlit et s’écria épouvanté qu’il était menacé d’une mort instante. Tibère, ravi d’admiration, attribua à l’astrologie ce qui n’était que de la présence d’esprit et de l’adresse, rassura Trasulle en l’embrassant, et le regarda comme un oracle.

Trazégnies, famille belge illustre à de justes et nombreux titres. Un conte populaire se rattache à cette noble maison. On dit que son chef fut père, d’une seule couche de sa femme, de treize fils ; qu’il voulut reconnaître l’aîné à son retour d’une course, mais que la mère, qui les aimait tous, les avait si bien mêlés dans treize berceaux

 
Trazégnies
Trazégnies
 
semblables que personne ne put distinguer l’aîné. On leur donna donc à tous part égale, dans le vaste héritage, et ils devinrent les chefs de treize nobles familles.

Trazgos, lutins espagnols, de l’espèce des Gobelins et des Kobolds.

Trèfle à quatre feuilles. Herbe qui croît sous les gibets, arrosée du sang des pendus. Un joueur qui la cueille après minuit le premier jour de la lune, et la porte sur soi avec révérence, est sûr de gagner à tous les jeux.

Trégitourie. Les nécromanciens du moyen âge devaient surtout leur renom d’habileté en magie à la faculté qu’ils possédaient de produire des illusions d’optique, faculté connue alors sous le nom de trégitourie. Godwin, dans son Histoire des nécromanciens, donne de curieux exemples des effets merveilleux produits à l’aide de la trégitourie par Agrippa, le docteur Faust et d’autres hommes célèbres. La lanterne magique, devenue si triviale, était leur grand instrument, et elle a conservé le nom qui la faisait regarder autrefois comme quelque chose de surhumain.

Treize. Nos anciens regardaient le nombre treize comme un nombre fatal, ayant remarqué que de treize personnes réunies à la même table, il en meurt une dans l’année ; ce qui n’arrive jamais quand on est quatorze…

Un premier président du parlement de Rouen, ne pouvant se résoudre à se mettre à table parce qu’il se trouvait le treizième, il fallut adhérer à sa superstition et faire venir une autre personne, afin qu’on fût quatorze. Alors il soupa tranquillement ; mais à peine sorti de table, il fut frappé d’une attaque d’apoplexie dont il mourut sur-le-champ.

Tremblements de terre. Les Indiens des montagnes des Andes croient, quand la terre tremble, que Dieu quitte le ciel pour passer tous les mortels en revue. Dans cette persuasion, à peine sentent-ils la secousse la plus légère qu’ils sortent tous de leurs huttes, courent, sautent et frappent du pied en s’écriant : Nous voici ! nous voici[30].

Certains docteurs musulmans prétendent que la terre est portée sur les cornes d’un grand bœuf ; quand il baisse la tête, disent-ils, il cause les tremblements de terre[31].

Les lamas de Tartarie croient que Dieu, après avoir formé la terre, l’a posée sur le dos d’une immense grenouille jaune, et que toutes les fois que cet animal prodigieux secoue la tête ou allonge les pattes, il fait trembler la partie de la terre qui est dessus[32].

Trésors. On croit dans l’Écosse qu’il y a sous les montagnes des trésors souterrains gardés par des géants et des fées ; en Bretagne, on croit qu’ils sont gardés par un vieillard, par une vieille, par un serpent, par un chien noir ou par de petits démons, hauts d’un pied. Pour se saisir de ces trésors, il faut, après quelques prières, faire un grand trou sans dire un mot. Le tonnerre gronde, l’éclair brille, des charrettes de feu s’élèvent dans les airs, un bruit de chaînes se fait entendre ; bientôt on trouve une tonne d’or. Parvient-on à l’élever au bord du trou, un mot qui vous échappe la précipite dans l’abîme à mille pieds de profondeur. — Les Bretons ajoutent qu’au moment où l’on chante l’évangile des Rameaux, les démons sont forcés d’étaler leurs trésors eh les déguisant sous des formes de pierres, de charbons, de feuillages. Celui qui peut jeter sur eux des objets consacrés les rend à leur première forme et s’en empare[33]. Voy. Argent.

Tribunal secret. C’est un de nos princes qui a fondé ce tribunal célèbre des francs-juges (des frey graves), qui retentit si puissamment dans tout le moyen âge, qui plane, si imposant et si mystérieux, sur la Germanie et le nord de la vieille Gaule et dont l’institution, le but, les actes ont été appréciés jusqu’à présent d’une manière si incomplète et souvent si fausse.

Il est possible qu’on s’étonne du point de vue sous lequel nous considérons la cour vehmique ; mais c’est après de mûres recherches que nous croyons avoir rencontré la vérité ; et nous pensons que notre façon de voir jettera sur l’histoire un jour nouveau, sur cette histoire des siècles écoulés qui est tout entière à refaire, non plus avec les vaines théories de ces hommes qui parlent et ne savent pas faire autre chose, tristes eunuques de sérail dont nous sommes assaillis, mais avec l’étude profonde des faits à reproduire, si animés, si vivants, si variés, si dramatiques.

Le nom de tribunal secret se comprend ; celui de cour vehmique est plus obscur : il vient du mot saxon vehmen, qui veut dire condamnateur, et non de væ mihi, comme l’ont dit ceux qu’on appelle les doctes. Jamais une cour de justice ne s’est donné un nom injurieux ou absurde. L’histoire, cette muse si pauvre et tant abusée, ne nous a conservé, sur le tribunal secret de Westphalie, que des notions peu satisfaisantes, parce que les francs-juges qui le composaient s’engageaient par un serment terrible au silence le plus absolu, qu’on osait à peine prononcer le nom de ce tribunal redouté, et que les écrivains se contentaient, plus qu’aujourd’hui, de saisir les superficies.

On lit dans le tome III, page 624, du Recueil des historiens de Brunswick, publié par Leibniz, que Charlemagne, vainqueur pour la dixième fois, en 779, des Saxons, peuples indomptables, qui n’avaient leur plaisir que dans le sang, leur richesse que dans le pillage, et qui honoraient leurs dieux avec des victimes humaines, envoya un ambassadeur au pape Léon III (qui ne régnait pas alors) pour lui demander ce qu’il devait faire de ces rebelles qu’il ne pouvait soumettre, et que pourtant il ne voulait pas exterminer. Le saint-père, ayant entendu le sujet de l’ambassade, se leva sans répondre un mot et alla dans son jardin, où ayant ramassé des ronces et de mauvaises herbes, il les suspendit à un gibet qu’il venait de former avec des bâtons. L’ambassadeur à son retour raconta à Charlemagne ce qu’il avait vu ; et le roi, car il n’était pas encore empereur, institua le tribunal secret, pour contraindre les païens du Nord à embrasser le Christianisme. Tous les historiens ont répété ce récit altéré. Bientôt, poursuivent-ils, toute la Germanie se remplit de délateurs, d’espions et d’exécuteurs. Le tribunal secret connut de tous les grands crimes, et son autorité s’étendit sur tous les ordres de l’État ; les électeurs, les princes, les évêques mêmes y furent soumis, et ne pouvaient être relevés de cette juridiction, dans certains cas, que par le pape ou par l’empereur. Néanmoins, dès le treizième siècle, les ecclésiastiques et les femmes n’étaient plus recherchés par la cour vehmique.

Les francs-juges, c’est le nom qu’on donnait généralement aux membres du tribunal secret, étaient ordinairement inconnus. Ils avaient des usages particuliers et des formalités cachées pour juger les malfaiteurs, et jamais, dit Æneas Sylvins, il ne s’est trouvé personne parmi eux à qui la crainte ou l’argent ait fait révéler le secret. Ils parcouraient les provinces pour connaître les criminels, dont ils prenaient les noms ; ils les accusaient ensuite devant le tribunal invisible ; on les citait ; on les condamnait ; on les inscrivait sur un livre de mort ; et les plus jeunes étaient chargés d’exécuter la sentence. Tous les membres faisaient cause commune ; lors même qu’ils ne s’étaient jamais vus, ils avaient pour se reconnaître un moyen qui est encore pour nous un mystère. C’étaient des mots d’ordre en saxon : stock, stein, grass, grein, et quelques autres qui peuvent bien n’être que des conjectures. Du reste le secret sè gardait si étroitement, que l’empereur lui-même ne savait pas, dit Mœser, pour quels motifs le tribunal secret vehmique faisait mourir un coupable.

Pour l’ordinaire, quand la cour vehmique avait proscrit un accusé, tous les francs-juges avaient ordre de le poursuivre ; et celui qui le rencontrait devait le tuer. S’il était trop faible pour ce métier de bourreau, ses confrères, en vertu de leurs serments, étaient tenus de lui prêter secours. Nous suivons toujours la masse des historiens, qui dans ces détails au moins sont exacts. Parfois, foulant aux pieds toutes les formes judiciaires, le tribunal secret condamnait un accusé sans le citer, sans l’entendre, sans le convaincre. Mais d’ordinaire on le sommait de comparaître, par quatre citations. Ceux qui étaient chargés de citer l’accusé épiaient, dans les ténèbres, le mo-

 
 
ment favorable pour clouer à sa porte la sommation. Cette pièce portait d’abord le nom du coupable, écrit en grosses lettres ; puis le genre de ses crimes vrais ou prétendus, ensuite ces mots : « Nous, les secrets vengeurs de l’Éternel, les juges implacables des crimes, et les protecteurs de l’innocence, nous te citons d’ici à trois jours devant le tribunal de Dieu. Comparais ; comparais ! »

La personne citée se rendait à un carrefour où aboutissaient quatre chemins. Un franc-juge, masqué et couvert d’un manteau noir, s’approchait lentement en prononçant le nom du coupable qu’il cherchait, il l’emmenait en silence et lui jetait sur le visage un voile épais, pour l’empêcher de reconnaître le chemin qu’il parcourait. Les sentences se rendaient toujours à l’heure de minuit. Il n’était point de lieu qui ne pût servir aux séances du tribunal secret, tout caché qu’il était et à l’abri de toute surprise : c’était souvent une caverne. L’accusé y descendait, et on lui découvrait le visage ; il voyait alors ces justiciers qui étaient partout et nulle part, et dont les bras s’étendaient partout, comme la présence de l’Éternel. Mais tous ces juges étaient masqués, ils ne s’exprimaient que par signes, à la lueur des torches. Quand l’accusé avait parlé pour sa défense, et que l’heure du jugement était venue, on sonnait une cloche ; de vives lumières éclairaient l’assemblée, le prévenu se voyait au milieu d’un cercle nombreux de juges noirs. La cour qui condamna ainsi Conrad de Langen était composée de trois cents francs-juges, et un jour que l’empereur Sigismond, de la maison de Luxembourg, présidait le tribunal secret, mille juges siégeaient autour de lui.

Pour les crimes avérés, pour les longs brigandages, on ne citait point, parce que le coupable, dès qu’il savait que la cour vehmique avait les yeux sur lui, se hâtait de fuir devant les poignards de cette justice inévitable ; il abandonnait pour jamais la terre rouge ; c’est le nom que les invisibles donnaient à la Westphalie, siège de leurs séances, centre de leurs pouvoirs.

Quand les juges chargés d’exécuter les sentences du tribunal secret avaient trouvé et saisi le condamné, ils le pendaient, avec une corde faite de branches d’osier tordues et tressées, au premier arbre qui se rencontrait sur le grand chemin. S’ils le poignardaient, selon la teneur du jugement, ils attachaient le cadavre à un tronc d’arbre et laissaient dans la plaie le poignard, au manche duquel était attachée la sentence, afin que l’on sût que ce n’était pas là un meurtre, ni un assassinat, mais une justice des francs-juges.

On ne pouvait rien objecter aux sentences de ce tribunal ; il fallait sur-le-champ les exécuter avec la plus parfaite obéissance. Chaque juge s’était obligé, par d’épouvantables serments, à révéler tous les crimes qui viendraient à sa connaissance, dût-il dénoncer son père ou sa mère, son frère ou sa sœur, son ami ou ses parents sans exception. Il avait juré aussi de donner la mort à ce qu’il avait de plus cher, dès qu’il en recevrait l’ordre.

On cite ce mot du duc Guillaume de Brunswick, qui était initié au tribunal secret : « Il faudra bien, dit-il un jour tristement, que je fasse pendre le duc Adolphe de Sleswig, s’il vient me voir, puisque autrement mes confrères me feront pendre moi-même. »

Un prince de la même famille, le duc Frédéric de Brunswick, qui fut élu empereur un instant, ayant été condamné par les invisibles, ne marchait plus qu’entouré d’une garde nombreuse. Mais un jour qu’une nécessité le força à s’éloigner de quelques pas de sa suite, le chef de ses gardes, le voyant tarder à reparaître, l’alla joindre à l’entrée du petit bois où il s’était arrêté, le trouva assassiné, avec sa sentence pendue au poignard ; il vit le meurtrier qui se retirait gravement et n’osa pas le poursuivre.

C’était en l’année 1400. Il y avait alors cent mille francs-juges en Allemagne, et le tribunal vehmique était devenu si puissant, que tous les princes étaient contraints à s’y affilier. Sigismond, comme nous l’avons dit, le présida quelquefois. L’empereur Charles IV, pareillement de la maison de Luxembourg, trouva dans l’assistance des francs-juges une partie de sa force. Sans eux, l’odieux Wenceslas n’eût pu être déposé ; et de graves chroniques leur attribuent la mort de Charles le Téméraire.

Nous avons rapporté sommairement tout ce qui peut donner une idée de la vieille cour vehmique, en nous conformant aux récits de tous les historiens. Il paraît certain que cette institution est due à Charlemagne, mais non pas pour opprimer par la terreur, pour protéger au contraire le faible contre le fort. Lorsqu’il fonda ce tribunal tout-puissant, il établit à côté un refuge : la sentence était signifiée ; et tout criminel condamné par les frey graves, si c’était pour un délit religieux ou politique, pouvait, en vertu d’une loi formelle, éviter la mort en s’exilant. Le pays ainsi était délivré du coupable.

Dans la suite, toujours fidèles à leur mission de protéger la faiblesse et l’innocence, les francs-juges ne furent l’effroi que des hommes puissants. Un seigneur féodal qui tuait ou pillait ses sujets tombait bientôt sous le poignard des francs-juges. Un brigand s’arrêtait devant le sentier du crime, parce qu’il savait qu’en le parcourant il trouverait le tribunal des secrets vengeurs de l’Éternel. Les souverains, qui n’étaient pas exempts de la même crainte, repoussaient en tremblant les tentations de la tyrannie. Et, remarquez-le, dans les pays où le tribunal secret s’est étendu, les iniquités féodales sont bien plus rares. Vous ne trouverez ni en Allemagne, ni dans le nord des Gaules, les sanglantes horreurs qui rendent l’histoire d’Angleterre si épouvantable au moyen âge. L’affreux despotisme seigneurial, qui pesait sur la France du milieu, fut généralement léger au Nord. Les communes se formèrent, le commerce s’établit parce qu’il y avait une puissance occulte qui protégeait le peuple et qui atteignait les nobles voleurs de grand chemin.

Pour frapper vivement les grossières imaginations des temps barbares, il fallait bien que cette puissance fût mystérieuse et terrible. Un baron guerroyeur n’eût pas craint une petite armée ; il pâlissait au seul nom des francs-juges. Il savait qu’on n’évitait pas aisément leur sentence.

Quelquefois il arriva qu’un franc-juge, rencontrant un de ses amis condamné par le tribunal secret, l’avertit du danger qu’il courait, en lui disant : On mange ailleurs aussi bon pain qu’ici ; mais dès lors les francs-juges, ses confrères, étaient tenus, par leurs serments, de pendre le traître sept pieds plus haut que tout autre criminel condamné au même supplice. C’est qu’il fallait, nous le répétons, que cette justice fût inévitable. Les foudres de Rome étaient le seul frein des hommes qui pensaient ; le tribunal secret, la seule terreur des hommes matériels.

À la fin du quinzième siècle, les francs-juges devinrent moins nécessaires. Alors donc ce tribunal, dont la vaste étendue occupée par cent mille juges faisait ombrage aux souverains, car il pouvait être dangereux, attira leur attention. Ils cherchèrent à le supprimer. Celui qui seul y parvint fut l’époux de Marie de Bourgogne. Maximilien, élevé à l’empire, abolit à jamais, en 1512, le tribunal vehmique. Charles-Quint, son petit-fils et son successeur, maintint cette abolition, dont il ne resta que quelques vestiges impuissants.

Nous avons voulu, dans les notes qu’on vient de lire, mettre les savants sur une voie nouvelle relativement à la cour vehmique. Peut-être un investigateur plus habile montrera-t-il dans l’histoire les services immenses qu’elle a rendus.

Trithème (Jean), savant abbé de l’ordre de Saint-Benoît, qui chercha à perfectionner la stéganographie ou l’art d’écrire en chiffres. On prit ses livres pour des ouvrages magiques ; et Frédéric II, électeur palatin, fit brûler publiquement les manuscrits originaux qui se trouvaient dans sa bibliothèque. Mort en 1516.

M. Audin, à qui l’histoire vraie doit de si beaux, de si consciencieux et de si savants travaux, a publié, dans ses études sur les couvents, une étude très-remarquable de Trithème, regardé dans le Rhingau comme un magicien de l’espèce de Faust, évoquant les morts et faisant des prodiges.

Trodds, petits lutins danois, qui sont toujours habillés de gris et coiffés d’un chapeau rouge.

Troian, roi de Servie, dans les temps obscurs. Sa légende a été célébrée dans un klechd ou chant populaire de la Servie, que la Revue du Nord a publié[34]. Ce roi ne pouvait supporter le soleil et ne se sentait vivre que la nuit. Il allait la nuit à ses rendez-vous et avait grand soin de rentrer avant le jour dans son palais, sans lumière. Mais un matin, oubliant l’approche de l’aurore, il prolongea sa visite malgré l’appel réitéré de son fidèle serviteur. Lorsqu’il se remit en route, l’aurore s’emparait du ciel ; il eut beau presser son cheval pour regagner sa demeure avant les premiers rayons du soleil, il en fut atteint à mi-chemin, sauta à bas de son cheval, s’étendit sur la terre humide et ordonna à son serviteur de le couvrir d’un épais manteau. Le fidèle varlet obéit, et courut expliquer au palais la cause de l’absence du maître. Pendant ce temps, des pâtres qui menaient leurs troupeaux aux prairies arrivent au manteau ; ils l’enlèvent, et Troian crie : « Couvrez-moi du manteau ; gardez-moi du soleil. » Mais ses prières sont inutiles ; les rayons du so-

 
Troian
Troian
 
leil arrivent à son visage. Il se tait subitement ; car déjà ses deux yeux se sont écoulés en deux larmes, la tête se fond ; bientôt le cou, la poitrine, le corps entier se change en eau. Et le fidèle serviteur, revenu auprès de son maître, ne trouve plus que le manteau.

Trois. Les anciens crachaient trois fois dans leur sein pour détourner les enchantements. En Bretagne, un bruit qui se fait entendre trois fois annonce un malheur. On sait aussi que trois flambeaux allumés dans la même chambre sont un mauvais présage.

Trois-Échelles, sorcier de Charles IX, qui le fit brûler à la fin pour avoir joint aux sortilèges les empoisonnements et les meurtres. Il avoua dans son interrogatoire que le nombre de ceux de son temps qui s’occupaient de magie passait dix-huit mille. Bodin raconte le tour suivant de ce sorcier : En présence du duc d’Anjou, depuis Henri III, il attira les chaînons d’une chaîne d’or d’assez loin, et les fit venir dans sa main ; après quoi la chaîne se trouva entière. Naudé parle de Trois-Échelles, dans le chapitre ni de son Apologie des grands personnages soupçonnés de magie. Il reconnaît que c’était un charlatan, un escamoteur et un fripon.

Trois-Rieux. Voy. Macrodor.

Troldman, magicien chez les Scandinaves. Voy. Harold.

Trollen, esprits follets qui, selon Leloyer, se louent comme domestiques dans le Nord, en habits de femme ou d’homme, et s’emploient aux services les plus honnêtes de la maison. Ce sont les mêmes que les drolles.

Tronc d’arbre. Le diable prend quelquefois cette forme au sabbat.

Trophonius. Voy. Songes.

Trou du château de Carnoët. J’ai visité, dit Cambry dans son Voyage du Finistère, les ruines massives de l’antique château de Carnoët, sur la rive droite du Laïta (c’est le nom que l’isole et l’Ellé prennent après leur réunion) ; les pans de murs, couverts de grands arbres, de ronces, d’épines, de plantes de toute nature, ne laissent apercevoir que leur grandeur ; des fossés remplis d’une eau vive l’entouraient, des tours le protégeaient. C’était sans doute un objet de terreur pour le voisinage ; il y paraît par les contes qu’on nous en rapporte.

Un de ses anciens propriétaires, type de la Barbe-Bleue, égorgeait ses femmes dès qu’elles étaient grosses. La sœur d’un saint devint son épouse. Convaincue, quand elle s’aperçut de son état, qu’il fallait cesser d’être, elle s’enfuit ; son barbare époux la poursuit, l’atteint, lui tranche la tête et retourne dans son château. Le saint, son frère, instruit de cette barbarie, la ressuscite et s’approche de Carnoët : on lui refuse d’en baisser les ponts-levis. À la troisième supplication sans succès, il prend une poignée de poussière, la lance en l’air ; le château tombe avec le prince, il s’abîme dans les enfers. Le trou par lequel il passa subsiste encore. Jamais, disent les bonnes gens, on n’essaya d’y pénétrer sans devenir la proie d’un énorme dragon.

Troupe furieuse. En Allemagne la superstition a fait donner ce nom à certains chasseurs mystérieux qui sont censés peupler les forêts. Voy. Monsieur de la Forêt, Veneur, etc.

Troupeaux. Garde des troupeaux. — Les bergers superstitieux donnent le nom de gardes à certaines oraisons incompréhensibles accompagnées de formules. Ce qui va suivre nous fera comprendre. Le tout est textuellement transcrit des grimoires et autres mauvais livres de noirs mystères. Nous pensons que la stupidité de ces procédés les combat suffisamment. Les recueils ténébreux donnent ces gardes comme capables

 
Homme tenant un mouton
Homme tenant un mouton
 
de tenir toute espèce de troupeau en vigueur et bon rapport.

Le château de Belle, garde pour les chevaux. — Prenez du sel sur une assiette ; puis, ayant le dos tourné au lever du soleil et les animaux devant vous, prononcez, la tête nue, ce qui suit : « Sel qui es fait et formé au château de Belle, je te conjure au nom de Gloria, d’Orianté et de Galliane, sa sœur ; sel, je te conjure que tu aies à me tenir mes vifs chevaux de bêtes cavalines que voici présents sains et nets, bien buvant, bien mangeant, gros et gras ; qu’ils soient à ma volonté ; sel dont sel, je te conjure par la puissance de gloire et par la vertu de gloire, et en toute mon intention toujours de gloire. » Ceci prononcé au coin du soleil levant, vous gagnez l’autre coin, suivant le cours de cet astre, vous y prononcez ce que dessus. Vous en faites de même aux autres coins ; et étant de retour où vous avez commencé, vous y prononcez de nouveau les mêmes paroles. Observez, pendant toute la cérémonie, que les animaux soient toujours devant vous, parce que ceux qui traverseront sont autant de bêtes folles. Faites ensuite trois tours autour de vos chevaux, faisant des jets de votre sel sur les animaux, disant : « Sel, je te jette de la main que Dieu m’a donnée ; Grapin, je te prends, à toi je m’attends. » Dans le restant de votre sel, vous saignerez l’animal sur qui on monte, disant : « Bête cavaline, je te saigne de la main que Dieu m’a donnée ; Grapin, je te prends, à toi je m’attends. » On doit saigner avec un morceau de bois dur, comme du buis ou poirier ; on tire le sang de quelle partie on veut, quoi qu’en disent quelques capricieux qui affectent des vertus particulières à certaines parties de l’animal. Nous recommandons seulement, quand on tire le sang, que l’animal ait le cul derrière vous. Si c’est par exemple un mouton, vous lui tiendrez la tête dans vos jambes. Enfin, après avoir saigné l’animal, vous faites une levée de corne du pied droit, c’est-à-dire que vous lui coupez un petit morceau de corne du pied droit avec un couteau ; vous le partagez en deux et en faites une croix. Vous mettez cette croisette dans un morceau de toile neuve, puis vous la couvrez de votre sel ; vous prenez ensuite de la laine, si vous agissez sur les moutons ; autrement vous prenez du crin, vous en faites ainsi une croisette que vous mettez dans votre toile sur le sel, vous mettez sur cette laine ou crin une seconde couche de sel ; vous faites encore une autre croisette de cire vierge pascale ou chandelle bénite, puis vous mettez le restant de votre sel dessus, et nouez le tout en pelote avec une ficelle ; frottez avec cette pelote les animaux au sortir de l’écurie, si ce sont des chevaux. Si ce sont des moutons, on les frottera au sortir de la bergerie ou du parc, prononçant les paroles qu’on aura employées pour le jet ; on continue à frotter pendant un, deux, trois, sept, neuf ou onze jours de suite. Ceci dépend de la force et de la vigueur des animaux. Notez que vous ne devez faire vos jets qu’au dernier mot ; quand vous opérez sur les chevaux, prononcez vivement ; quand il s’agira de moutons, plus vous serez long à prononcer, mieux vous ferez.

Toutes les gardes se commencent le matin du vendredi, au croissant de la lune ; et, en cas pressant, on passe par-dessus ces observations. Il faut avoir soin que vos pelotes ne prennent pas d’humidité, parce que les animaux périraient. On les porte ordinairement dans un gousset ; mais, sans vous charger de ce soin inutile, faites ce que font les praticiens experts : placez-les chez vous en quelque lieu sec, et ne craignez rien. Nous avons dit ci-dessus de ne prendre de la corne que du pied droit pour faire la pelote ; la plupart en prennent des quatre pieds, et en font conséquemment deux croisettes, puisqu’ils en ont quatre morceaux. Cela est superflu et ne produit rien de plus. Si vous faites toutes les cérémonies des quatre coins au seul coin du soleil levant, le troupeau sera moins dispersé. Remarquez qu’un berger mauvais, qui en veut à celui qui le remplace, peut lui causer bien des peines et même faire périr le troupeau : premièrement par le moyen de la pelote qu’il coupe en morceaux et qu’il disperse sur une table ou ailleurs ; ensuite par le moyen d’une taupe ou d’une belette ; enfin par le moyen d’une grenouille ou raine verte, ou queue de morue qu’il met dans une fourmilière, disant : Maudition, perdition. Il l’y laisse durant neuf jours, après lesquels il la relève avec les mêmes paroles, la mettant en poudre et en semant où doit paître le troupeau. Il se sert encore de trois cailloux pris en différents cimetières, et, par le moyen de certaines paroles que nous ne voulons pas révéler, il donne des courantes, cause la gale et fait mourir autant d’animaux qu’il souhaite.

Autre garde. — « Astarin, Astarot qui est Bahol, je te donne mon troupeau à ta charge et à ta garde ; et pour ton salaire je te donnerai bête blanche ou noire, telle qu’il me plaira. Je te conjure, Astarin, que tu me les garde partout dans ces jardins, en disant hurlupapin. » Vous agirez suivant ce que nous avons dit au château de Belle, et ferez le jet, prononçant ce qui suit : « Gupin férant a failli le grand, c’est Caïn qui te fait chat. » (Vous les frotterez, avec les mêmes paroles.)

Autre garde. — « Bête à laine, je prie Dieu que la saignerie que je vais faire prenne et profite à ma volonté. Je conjure que tu casses et brises tous sorts et enchantements qui pourraient être passés dessus le corps de mon vif troupeau de bêtes à laine que voici présent devant Dieu et devant moi, qui sont à ma charge et à ma garde. » Voyez ci-dessus ce que nous avons dit pour opérer au château de Belle, et vous servez pour le jet et frottement des paroles qui suivent :

« Passe flori, tirlipipi. »

Garde contre la gale, rogne et clavelée. — « Ce fut par un lundi au matin que le Sauveur du monde passa, la sainte Vierge après lui, monsieur saint Jean, son pastoureau, son ami, qui cherche son divin troupeau. Mon troupeau sera sain et joli, qui est sujet à moi. Je prie madame sainte Geneviève qu’elle m’y puisse servir d’amie, dans ce malin claviau ici. Claviau banni de Dieu, je te commande que tu aies à sortir d’ici, et que tu aies à fondre et à confondre devant Dieu et devant moi, comme fond la rosée devant le soleil. O sel ! je te conjure de la part du grand Dieu vivant que tu me puisses servir à ce que je prétends, que tu me puisses préserver et garder mon troupeau de rogne, gale, pousse, de pousset, de gobes et de mauvaises eaux. » Avant toutes choses, à cette garde (rédigée, ainsi que les autres, par quelque paysan), ayez recours au château de Belle et faites le jet et les frottements, prononçant quelques formules.

Garde contre la gale. — « Quand Notre-Seigneur monta au ciel, sa sainte vertu en terre laissa. Pasle, Collet et Herve ; tout ce que Dieu a dit a été bien dit. Bête rousse, blanche ou noire, de quelque couleur que tu sois, s’il y a quelque gale ou rogne sur toi, fût-elle mise et faite à neuf pieds dans terre, il est vrai qu’elle s’en ira et mortira. » Vous vous servirez pour le jet et pour les frottements des mots suivants, et aurez recours à ce que nous avons dit au château de Belle : « Sel, je te jette de la main que Dieu m’a donnée. Volo et vono Baplista Sancta Aca latum est. »

Garde pour empêcher les loups d’entrer sur le terrain où sont les moutons. — Placez-vous au coin du soleil levant et prononcez cinq fois ce qui va suivre. Si vous ne le souhaitez prononcer qu’une fois, vous en ferez autant cinq jours de suite. « Viens, bête à laine, je te garde. Va droit, bête grise, à gris agripeuse ; va chercher ta proie, loups et louves et louveteaux ; tu n’as point à venir à cette viande qui est ici. » Ceci prononcé au coin que nous avons dit, on continue de faire de même aux autres coins ; et, de retour où l’on a commencé, on le répète de nouveau. Voyez pour le reste le château de Belle, puis faites le jet avec les paroles qui suivent : Vanus vanes, attaquez sel soli.

Garde pour les chevaux. — « Sel, qui es fait et formé de l’écume de mer, je te conjure que tu fasses mon bonheur et le profit de mon maître ; je te conjure au nom de Grouay, Rou et Rouvayet ; viens ici, je te prends pour mon valet (en jetant le sel). (Gardez-vous de direRouvaye.) Ce que tu feras, je le trouverai bien fait. » Cette garde est forte et quelquefois pénible, dit l’auteur. Voy. Oraison du loup. (Une variante.)

Trows, esprits qui, dans l’opinion des habitants des îles Shetland, résident dans les cavernes intérieures des collines. Ils sont habiles ouvriers en fer et en toutes sortes de métaux précieux. Voy. Mineurs, Montagnards, etc.

Truie. Les juges laïques de la prévôté de Paris, qui étaient très-ardents, firent brûler en 1466 Gillet-Soulart et sa truie, pauvre charlatan qui avait simplement appris à sa pauvre truie l’art de se redresser et de tenir une quenouille. On l’appelait la truie qui file, et une enseigne a conservé son souvenir. On voyait là une œuvre du diable. Mais il fallait qu’il y eût encore là-dessous quelque horreur.

« Rien de plus simple, dit alors M. Victor Hugo (Notre-Dame de Paris), qu’un procès de sorcellerie intenté à un animal. On trouve dans les comptes de la prévôté pour 1466 un curieux détail des frais du procès de Gillet-Soulart et de sa truie, exécutés pour leur démérites à Corbeil. Tout y est : le coût des fosses pour mettre la truie, les cinq cotrets pris sur le port de Morsang, les trois pintes de vin et le pain, dernier repas du patient, fraternellement partagé par le bourreau, jusqu’aux onze jours de garde et de nourriture de la truie, à huit deniers parisis chacun. »

La truie a ses fastes dans l’antiquité. Les Grundules étaient des espèces de dieux lares établis par Romulus en l’honneur d’une truie qui avait porté trente petits. Voyez Porcs.

Tschouwasches. L’irich ou jerich est un faisceau sacré devant lequel les Tschouwasches, peuplade de Sibérie, font leurs prières. Ce faisceau est composé de jets choisis du rosier sauvage, au nombre de quinze, d’égale grosseur, et longs d’environ quatre pieds, qu’on lie par le milieu avec une bande d’écorce, à laquelle on pend un petit morceau d’étain. Chaque maison en a un pareil à soi. Il n’est permis à personne de le toucher jusqu’en automne. Alors, lorsque toutes les feuilles sont tombées, on va en cueillir un nouveau et jeter dévotement l’ancien dans une eau courante.

Tullie. Vers le milieu du seizième siècle, on découvrit un tombeau près de la voie Appienne. On y trouva le corps d’une jeune fille nageant dans une liqueur inconnue. Elle avait les cheveux blonds, attachés avec une boucle d’or ; elle était aussi fraîche que si elle n’eût été qu’endormie. Au pied de ce corps, il y avait une lampe qui brûlait et qui s’éteignit dès que l’air s’y fut introduit. On reconnut à quelques inscriptions que ce cadavre était là depuis quinze cents ans, et on conjectura que c’était le corps de Tullie, fille de Cicéron. On le transporta à Rome ; on l’exposa au Capitole, où tout le monde courut en foule pour le voir. Comme le peuple imbécile commençait à rendre à ces restes les honneurs dus aux saints, on le fit jeter dans le Tibre. Voy. Lampes merveilleuses.

Turlupins, secte de libertins qui allaient tout nus, et qui renouvelaient en France, en Allemagne et dans les Pays-Bas, au quatorzième siècle, les grossièretés des anciens cyniques. Ils disaient que la modestie et les mœurs étaient des marques de corruption, et que tous ceux qui avaient de la pudeur étaient possédés du diable.

Turpin, archevêque de Reims, mêlé dans toutes les chroniques de Charlemagne à la vie ou plutôt aux légendes de ce grand homme. On a conservé sous son nom une vision qu’il aurait eue, étant à Vienne, en Dauphiné, d’une troupe de démons qui s’en allaient vivement se saisir de l’âme de Charlemagne ou qui du moins se flattaient de cet espoir. Mais, peu après il les vit s’en revenant l’oreille basse de n’avoir pas réussi[35].

Tvardowski, magicien polonais qui semble un type du Faust allemand.

Tybilenus, nom du mauvais génie chez les Saxons.

Tylwyth-Teg (la belle famille). On donne ce nom dans le pays de Galles à une peuplade de petites fées qui viennent la nuit dans les fermes et rendent de bons offices aux ménages où il y a de l’ordre et de la propreté. Elles ont pour opposés les Ellyllons, lutins malicieux qui font des tours aux maisons mal tenues et aux mauvais serviteurs.

Tympanites, variété des vampires. Voyez Huet.

Tympanon, peau de bouc dont les sorciers font des outres où ils conservent leur bouillon. Voy. Sabbat.

Tyre, sorte d’instrument dont les Lapons se servent pour leurs opérations magiques. Scheffer nous en fournit la description : Cette tyre n’est autre chose qu’une boule ronde, de la grosseur d’une noix ou d’une petite pomme, faite du plus tendre duvet, polie partout y et si légère qu’elle semble creuse. Elle est d’une couleur mêlée de jaune, de vert et de gris ; le jaune y domine. On assure que les Lapons vendent cette tyre, qu’elle est comme animée, qu’elle a du mouvement ; en sorte que celui qui l’a achetée la peut envoyer en qualité de maléfices sur qui il lui plaît. La tyre va comme un tourbillon. S’il se rencontre en son chemin quelque chose d’animé, cette chose reçoit le mal qui était préparé pour une autre.



  1. Il est fait mention de coups semblables dans une foule d’histoires de revenants, de maisons hantées, de faux monnayeurs supposés, de Klopf et de Poltergeister, etc.

    On se rappelle aussi cette prière que l’Église répétait dans les exorcismes qui précédaient la bénédiction des édifices : « Mettez en fuite, Seigneur, tous les Esprits malins, tous les fantômes, et tout Esprit qui frappe (Spiritum percutientem). » Quel jour jeté sur la question !

  2. Réunie en un volume in-8o, chez Henri Plon, à Paris. Voyez aussi Bortisme.
  3. M. Jules Garinet, Hist. de la magie en France, p. 245.
  4. Le Petit Albert.
  5. Imprimé à Séville en 1555, in-folio.
  6. Voyez son histoire dans les Légendes des péchés capitaux.
  7. Le P. Bonaventure Giraudeau. Paraboles.
  8. Wierus, in Pseudom. dæm., p. 823.
  9. Voyez les prophètes du Dauphiné, dans les Légendes infernales.
  10. Les admirables secrets d’Albert le Grand, p. 114.
  11. Cette règle consistait en soixante-douze articles, qui disaient en substance que ces religieux militaires porteraient l’habit blanc ; qu’ils entendraient tous les jours l’office divin ; que lorsque le service militaire les en empêcherait, ils seraient tenus d’y suppléer par d’autres prières spécifiées dans les constitutions ; qu’ils feraient maigre quatre jours par semaine, et que l’exercice de la chasse leur serait absolument interdit.
  12. Des aveux établirent que, dans un des chapitres de l’ordre tenu à Montpellier, et de nuit, suivant l’usage, on avait exposé une tête (Voy. Tête de Bophomet); qu’aussitôt le diable avait paru sous la figure d’un chat ; que ce chat, tandis qu’on l’adorait, avait parlé et répondu avec bonté aux uns et aux autres ; qu’ensuite plusieurs démons étaient venus, etc.
  13. 16 juillet 1842.
  14. Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions, etc., liv. VI, p. 329.
  15. Jacques d’Autun, l’Incrédulité savante.
  16. L’original porte : Vim patior.
  17. Bodin, Démonomanie des sorciers.
  18. Cambry, Voyage dans le Finistère.
  19. M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 3.
  20. Voyez ce récit tout entier dans les Légendes de l’autre monde.
  21. Wierus, De præst., etc.
  22. Dæmoniaci, cum locis infestis et terriculamentis nocturnis.
  23. Vieille tradition rapportée par Alph. Karr, Voyage autour de mon jardin, lettre xie.
  24. Dionysii Carthusiani, art. 49. — Hæc prolixius describuntur in libello qui Visio Tondali nuncupatur. Voyez les Voyages de Tondal, dans les Légendes de l’autre monde.
  25. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p. 16.
  26. Epitome delictorum, sive de Magia, in qua aperta vel occulta invocatio dæmonis intervenit, etc., editio novissima. Lugduni, 1679, in-4o.
  27. Victor Hugo, Han d’Islande, ch. xii.
  28. Les admirables secrets d’Albert le Grand, p. 113.
  29. Bergier, Dictionnaire de théologie.
  30. Voyages au Pérou faits en 1794, 1794, par les PP. Manuel Sobre, Viela et Barcelo.
  31. Voyages à Constantinople, 1800.
  32. Voyage de J. Bell d’Antermoni, etc.
  33. Cambry, Voyage au Finistère, t. II, p. 15.
  34. Livraison de mai 1837.
  35. Voyez cette vision dans les Légendes de l’autre monde.