Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Alectryomancie
Alectryomancie ou Alectromancie. Divination par le moyen du coq, usitée chez les anciens.
Ammien-Marcellin raconte la chose autrement. Il dit que sous l’empire de Valens on comptait parmi ceux qui s’occupaient de magie beaucoup de gens de qualité et quelques philosophes. Curieux de savoir quel serait le sort de l’empereur régnant, ils s’assemblèrent la nuit dans une des maisons affectées à leurs cérémonies : ils commencèrent par dresser un trépied de racines et de rameaux de laurier, qu’ils consacrèrent par d’horribles imprécations ; sur ce trépied ils placèrent un bassin formé de différents métaux, et ils rangèrent autour, à distances égales, toutes les lettres de l’alphabet. Alors le mystagogue le plus savant de la compagnie s’avança, enveloppé d’un long voile, la tête rasée, tenant à la main des feuilles de verveine, et faisant à grands cris d’effroyables invocations qu’il accompagnait de convulsions. Ensuite, s’arrêtant tout à coup devant le bassin magique, il y resta immobile, tenant un anneau suspendu par un fil. C’était de la dactylomancie. À peine il achevait de prononcer les paroles du sortilège, qu’on vit le trépied s’ébranler, l’anneau se remuer, et frapper tantôt une lettre, tantôt une autre. À mesure que ces lettres étaient ainsi frappées, elles allaient s’arranger d’elles-mêmes, à côté l’une de l’autre, sur une table où elles composèrent des vers héroïques qui étonnèrent toute l’assemblée.
Valens, informé de cette opération, et n’aimant pas qu’on interrogeât les enfers sur sa destinée, punit les grands et les philosophes qui avaient assisté à cet acte de sorcellerie : il étendit même la proscription sur tous les philosophes et tous les magiciens de Rome. Il en péril une multitude ; et les grands, dégoûtés d’un art qui les exposait à des supplices, abandonnèrent la magie à la populace et aux vieilles, qui ne là firent plus servir qu’à de petites intrigues et à des maléfices subalternes. Voy. Coq, Mariage, etc.
- ↑ M. Junquières, dans le quatrième chant de son poëme intitulé Caquet Bonbec, ou la Poule à ma tante, a fait un spirituel usage de cette divination.