Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Lièvre

Henri Plon (p. 407).

Lièvre. On raconte des choses merveilleuses du lièvre. Évax et Aaron disent que si l’on joint ses pieds avec la tête d’un merle, ils rendront l’homme qui les portera si hardi qu’il ne craindra pas même la mort. Celui qui se les attachera au bras ira partout où il voudra, et s’en retournera sans danger. — Si on en fait manger à un chien, avec le cœur d’une belette, il est sûr qu’il n’obéira jamais, quand même on le tuerait[1].

Si des vieillards aperçoivent un lièvre traversant un chemin, ils ne manquent guère d’en

augurer quelque mal. Ce n’est pourtant, au fond, qu’une menace des anciens augures exprimée en ces termes : Inauspicatum dat iter oblahis lepus. Cette idée n’avait apparemment d’autre fondement, si ce n’est que nous devons craindre quand un animal timide passe devant nous ; comme un renard, s’il y passe aussi, nous présage quelque imposture. Ces observations superstitieuses étaient défendues aux Juifs. Chez les Grecs modernes, si un lièvre croise le chemin d’une caravane, elle fera halte jusqu’à ce qu’un passant qui ne l’ait pas vu coupe le charme en traversant la même route[2]. — Les Romains croyaient que celui qui mangeait du lièvre pendant sept jours était par là fort embelli ; et on conte qu’Alexandre-Sévère, qui apparemment avait un grain de coquetterie, mangeait du lièvre à tous ses repas.

À l’honneur des lièvres, voy. Sakimouni.

  1. Secrets d’Albert le Grand, p. 108.
  2. Brown, Erreurs populaires.