Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/201-210

Fascicules du tome 2
pages 191 à 200

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 201 à 210

pages 211 à 220


abondance, ni avec facilité. La nature a donc dû épargner aux poumons le passage de la plus grande partie de la masse du sang. Pour cela elle a percé le trou ovale, afin que du sang de la veine cave reçu dans l’oreillette droite, une partie s’écoulât par ce trou dans l’oreillette gauche à l’embouchure des veines du poumon, & par-là se trouvât, pour ainsi dire, aussi avancée que si elle avoit traversé le poumon. Ce n’est pas tout : le sang de la veine cave qui de l’oreillette droite tombe dans le ventricule droit, étant encore en trop grande quantité pour aller dans le poumon, où il est poussé par l’artère pulmonaire, le canal de communication, en intercepte une partie en chemin, & le verse immédiatement dans l’aorte descendante, où il se trouve encore comme s’il avoit traversé le poumon. Acad. des Sc. 1699, p. 26, hist. C’est-là le sentiment de Harvée & de Lawes, que M. Taury & M. Duverney ont aussi défendu contre M. Méry.

En termes de Marine, canal de l’étrave est le bout creusé ou cannelé de l’étrave, sur quoi repose le beaupré quand on n’y met point de coussin.

Canal, en termes de Manège, se dit de la concavité qui est au milieu de la mâchoire inférieure de la bouche du cheval, qui est destiné à placer la langue, & qui se termine aux dents mâchelières. C’est dans ce canal que croissent les barbillons.

Canal, en termes d’Architecture, se dit d’une partie du chapiteau Ionique, qui est un petit creux en forme de canal, qui regne au-dessous du tailloir tout le long des circonvolutions de la volute, renfermées par un listel. Canaliculus. Canal de larmier, c’est le plafond d’une corniche, qui fait la mouchette pendante. Canal de volute, c’est dans la volute Ionique la face des circonvolutions renfermées par un listel.

Canaux, sont aussi des cannelures sur une face, ou sous un larmier, qu’on nomme aussi portiques, & qui sont quelquefois remplies de roseaux, ou de fleurons. Striatura. On appelle aussi canaux, les cavités droites, ou torses, dont on orne les tigettes des caulicoles d’un chapiteau.

Canal, Terme de Méchanique, ou creux autour d’une poulie. C’est la cannelure qui règne auront du rouet d’une poulie.

Canaux de l’youli, à Amsterdam, sont des canaux fort profonds, qui ont été faits proche des quais. C’est là que sont les gros vaisseaux marchands : ils y sont à couvert des voleurs, des orages, des glaces.

Les Maçons appellent aussi canal, le tuyau de plomb qui sert à conduire les eaux pluviales depuis le toit jusqu’en bas. Aquæ pluviæ emissarium, vomitorium. Ils appellent canal de cheminée, le tuyau par où sort la fumée. Tubus camini. Pomey.

Canal, est aussi, en termes d’Arquebusier, le creux qui est sous le fût d’un fusil, d’un pistolet, &c. où se met la baguette. Tubus catapultœ.

Canaux, en termes de Conchyliologie, ce sont des espaces étroits & longs, que l’on voit sur les coquilles.

Canal de l’ensuple. C’est dans les Manufactures de soie, une cannelure où se place la verge attachée à la queue de la chaine.

☞ C’est aussi un morceau de bois, en forme de tuile creuse, qui s’applique sur l’ensuple même, pour garantir l’ouvrier des points d’aiguille qui arrêtent l’étoffe dans le velours ciselé.

CANAMELLE ou CANAMELLA. s. f. C’est le nom que les François ont donné aux cannes à sucre. Voyez Canne à sucre. La Canamella n’est pas la seule plante qui produit du sucre ; on en tire à Quebec une grande quantité des cotonniers. On en tire en Canada de l’érable du pays. Plusieurs autres arbres en rendent encore, comme le sicomore, & l’oranger sauvage. Lemery. La Canamelle est un nom françois, qui est composé du latin Canna, & de mel, comme qui diroit canne miellée. Idem.

CANAN. s. m. Mesure des liquides, dont on se sert dans le Royaume de Siam. Les Portugais l’appellent choup. Le canan tient environ deux pintes de Paris.

CANANÉEN, ENNE. s. m. & f. Qui est de quelqu’une des villes appelées Cana. Cananœus, a. Matth. X, 4. Simon le Cananéen, Bouch. Si c’est là un nom de lieu, il ne faut point le confondre avec Chananéen, ni l’écrire par une h, comme a fait le Port-Royal ; car quand il est ainsi écrit, il signifie un descendant de Chanaan ; au lieu que sans h, il veut dire un homme de la ville de Cana. Il est vrai que S. Luc en fait un nom appellatif, & le traduit ζηλωτής, zélé ; mais en ce sens il vient de קנא, & il n’y faut pas plus d’h qu’au premier. Il est vrai encore que quelques bibles latines écrivent en S. Matthieu, X, 4. Chananæus ; mais c’est manifestement une faute, puisqu’en S. Marc où le même nom, Simon le Chananéen, se trouve, ces bibles-là même écrivent Cananœus sans h, en saint Marc III, 28, & les exemplaires Grecs ont tous ou Κανανιτης, ou Καναναίος, & dans l’édition Romaine de 1592, qui est de la correction de Clément VIII, on a mis Cananœus sans h, en S. Matthieu, comme en saint Marc. Quelques Interprètes, si l’on en croit Malvenda, ont prétendu que la femme dont parle S. Matth. XV, 22, étoit Cananéenne, & non pas Chananéenne : ce sentiment n’est point suivi, & ne doit point l’être. L’Evangile écrit Chananœa, le grec χαναναία, & S. Marc, VII 25, l’appelle Gentile, & Syrophénicienne d’origine ; la réponse que lui fit Jesus-Christ montre qu’elle n’étoit point Israélite, ni d’une ville qui dépendît des Juifs.

CANANGE. s. f. Canangœ oleum. Hoffman, Observ, Physico-Chym. parle de cette huile qu’on nous apporte des Indes, comme d’une liqueur fort rare. Il nous apprend, Medic. Rat. syst, vol. 1, sect. 2, cap. 6, que les Indiens la tirent par la distillation des fleurs du tilleul. Je ne crois pas qu’il soit parlé ailleurs de cette huile.

☞ CANANOR. Petit Royaume de la presqu’Île de l’Inde d’en deçà le Gange, avec ville de même nom sur la côte de Malabar, aux frontières du Malabar & du Canara.

CANAPÉ. s. m. Espèce de chaise, ou de lit de repos à dossier fort large, où plusieurs personnes peuvent s’asseoir ensemble.

Canapé, terme de rafineur de sucre, est une espèce de chaise de bois sur laquelle on met le bassin, lorsqu’il est question de transporter la cuite du rafraîchissoir dans les formes.

CANAPSA. s. m. Sac que portent les pauvres Soldats ou voyageurs sur le dos, attaché avec des bretelles, où toutes leurs hardes sont contenues. Mentula, capsula. On dit, il a porté le canapsa ; pour dire, il a été goujat.

Ce mot selon Ménage, vient de l’allemand knabsak, qui est composé de sac &c de knab, qui signifie toutes sortes de choses séches, bonnes pour manger.

CANARA. Grand pays ou Royaume d’Asie, dans l’Inde, en deçà du Gange, sur la côte de Malabar. Ce Royaume en comprend quatre autres, savoir Onor, Batecala, Bandel & Cananor.

☞ CANARD. s. m. Oiseau aquatique, dont la cane est la fémelle. Anas. Les canards, selon Belon, sont de deux espèces, les grands & les petits. On doit les distinguer ainsi en grands & en petits, & non pas en sauvages & en domestiques, puisque les canards domestiques sont venus originairement des œufs de canards sauvages.

Les canards sauvages gardent toujours la même couleur mais les privés sont de plusieurs façons. Les mâles sont plus gros que les femelles. Ils ont toujours quelques plumes au-dessus du croupion, qui est retroussé en rond. La femelle est grise, n’a pas les couleurs si vives, ni si belles que le mâle. Ils se nourrissent de racines de plantes aquatiques, de vers, & autres insectes qu’ils rencontrent dans les eaux, ou auprès des eaux. Scaliger écrit qu’ils mangent des animaux venimeux, comme les couleuvres, les crapauds, &c. Il y en a plusieurs espèces dont nous parlerons en leur place. Voyez au mot Cane.

Le canard domestique qu’on nourrit près des moulins est peu estimé, & on l’appelle bartoteur ; parce qu’il trempe toujours son bec dans la bourbe. Les canards sauvages volent en troupe l’hiver sur les étangs, & sentent la poudre de fort loin. On les appelle autrement oiseaux de rivière. La chair des uns & des autres est humide, visqueuse, phlegmatique, excrémenteuse, & on ne la digère pas aisément. La graille de canard ne laisse pas d’être bonne dans la Médecine. Elle amollit, digère & résout. On s’en sert particulièrement pour les douleurs, tant internes qu’externes de côté, des jointures, & dans une intempérie froide de nerfs.

Willougby dit, dans son Ornithologie, que le sang des canards pris tout chaud, combat toute sorte de venin ; peut-être est-ce pour cette raison que Mithridate en faisoit son ragoût, & qu’il le faisoit mêler avec tous les alimens qu’il prenoit. Archigenes, De Comp. Medic. Secund. loc. Lib. 5, cap. 4 compte les canards domestiques entre les viandes qui conviennent le mieux à l’estomac. Caton étoit de même sentiment ; &, si l’on en croit Plutarque, il en faisoit manger à ceux de sa famille qui étoient malades, & il se vantoit que par ce seul régime, il avoit toujours maintenu sa famille, ses domestiques & lui-même en santé.

Les canards sauvages sont beaucoup meilleurs au goût, & plus sains que les domestiques. Il n’y a cependant que l’estomac qui en est bon. On le coupe en petites tranches longues, que quelques uns appellent des aiguillettes. Les Anciens, par un goût fort différent du nôtre, y ajoutoient aussi la tête, comme il paroît dans Martial, Lib. XIII, epigr. 52.

Gesner dit qu’en Allemagne on ne voit aucun canard sauvage qu’en hiver, non plus qu’en France, & qu’au contraire il s’en trouve en Italie pendant toute l’année, principalement dans les Etats de Ferrare, de Venise, de Ravenne & de Mantoue, où il y a beaucoup d’eau. Gesner s’est trompé pour ce qui est de la France. Les rivières, les étangs en sont couverts dans cette saison. Le fait est constant pour plusieurs provinces, comme le Nivernois, le Gâtinois, le Berry, le Maine, &c.

On dit qu’il y en a une prodigieuse quantité à la Chine, & que les habitans ne les tuent & ne les challent point, parce qu’ils mangent toutes les mauvaises herbes des blés & du riz, sans toucher au bon grain. Voyez sur cet oiseau Pline, Liv. XXV. c. 2, Gesner, De Avibus, Lib. III. Aldrov. Ornithol. Liv. XIX, c. 19, & 24, Nonius de re Cibaria, Lib. II, c. 33. Voyez Cane.

Les plumes des canards servent à remplir les lits & les coussins, & sont plus fines & plus douces que celles d’oie.

Il y a une espèce de canard appelé Petit plongeon ou Coltée. Voyez Petit Plongeon.

Canard se dit aussi d’un chien qui a le poil épais & frisé, qui va à l’eau, & qu’on dresse à aller après les canes. Canis villi spissioris ac crispi. On les appelle aussi barbets.

On dit proverbialement, donner des canards à quelqu’un, pour dire, lui en faire accroire, ne lui pas tenir ce qu’on lui avoit promis, tromper son attente. Decipere, illudere aliquem.

On se sert des canards privés qu’on appelle en Normandie traîtres, pour prendre des canards sauvages : & on appelle figurément, canard privé, un homme aposté pour en attirer, pour en attraper d’autres. Acad. Fr,

Bois canard se dit des pièces de bois floté qui, au lieu de floter comme les autres, tombent au fond des ruisseaux. Tignum aquis immersum. Les Marchands ont quarante jours pour faire pécher leurs bois canards.

CANARDER. v. a. Tirer sur quelqu’un un coup d’arme à feu avec avantage d’un lieu où l’on est à couvert, comme par une guérite, derrière une haie, &c. Fœtam glande fistulam in aliquem displodere. Les ennemis nous canardaient à travers ces palissades.

☞ CANARDÉ ÉE. part.

CANARDIERE. s. f. Petit lieu couvert préparé dans un étang, ou marais, où le Chasseur se cache pour tuer beaucoup de canards, par le moyen d’un canard privé & des rets saillans. Tuguriolum ex ramis arboris.

Canardière signifie aussi une guérite ou une autre pièce que l’on construisoit autrefois dans les châteaux, & d’où l’on pouvoit tirer en sûreté.

CANARIE. Canaria. Île d’Afrique dans la mer Atlantique, vis-à-vis le Royaume de Maroc. C’est la principale des Îles qu’on nomme Canaries ; elle est entre celle qu’on nomme Forteventura, & celle de Ténériffe. Elle est ronde, & peut avoir 40 lieues de circuit. Maty.

Canarie. Canaria. La Capitale de l’Île Canarie, s’appelle aussi Canarie, & a donné apparemment son nom à toute l’Île. Elle s’appelle encore par les Espagnols Ciudad de las Palmas, c’est-à-dire, la ville des Palmes. Canarie est située sur la côte orientale de l’Île de Canarie. Elle a un Parlement, ou Audience de toutes les Canaries, & un Evêché fondé en 1485, & suffragant de Séville. Maty.

Canaries. Canariæ, Fortunatæ insulæ. Ce sont des Îles fameuses dans l’Antiquité sous le nom d’Îles fortunées. Elles sont dans l’Océan Atlantique, vis-à-vis la côte du Bilédulgerid, entre les 26e & 28e degrés 30 min. de latitude Nord ; & entre les premier & 7e de longitude. Les Anciens n’étoient point d’accord sur le nombre de ces Îles, comme l’a remarqué Vossius dans sa 3e note sur le ch. 10e du IIIe Livre de Mela. Il y en a sept principales, dont cinq se suivent en cet ordre du Levant au Couchant ; Forteventura, Canarie, Ténériffe, l’Île de Gomer, & celle de Fer, au nord de laquelle est celle de Palme. L’Île Lancelotte est au nord de la Forteventura. Les Canaries furent découvertes environ l’an 1342. L’air des Canaries, quoique très-chaud, est fort sain, & le terroir très-fertile, sur-tout en sucre & en vins que nous nommons vins de Canarie.

Il semble que nous fassions aussi ce nom adjectif : car nous disons les Canaries, & les Îles Canaries ; nous dirions des Canaries s’il étoit substantif, comme nous disons l’Île de Sicile, de Malte, de la Grande Bretagne, de Sardaigne, &c. non pas l’Île Sicile, l’Île Malte, &c. Les Îles Canaries sont très-peuplées, tant de naturels du pays que d’Espagnols qui en sont les maêtres. Les richesses de l’île de Ténériffe la rendent la plus considérable de toutes les îles Canaries, Lettr. Edif. Rec. XI. p. 94.

On met encore au nombre des Canaries quelques petites Îles désertes qui sont au nord de la Lancelotte, & les Salvajes, qu’on peut appeler les Petites Canaries.

M. Corneille écrit que l’on dit que ces Îles ont été nommées Canaries par les Espagnols, à cause de l’île de Canarie, la plus considérable de toutes, dans laquelle ils trouvèrent quantité de chiens, lorsqu’ils en firent la première découverte, Can, en Espagnol, voulant dire un chien. Mais ajoute-t-il, cela n’est pas vrai, puisque le nom de Canarie étoit connu fort long tems auparavant. En effet, Pline, Liv, ch. 32, d’après Juba, dit que l’une des Îles fortunées s’appelle Canarie, Canaria, à cause de la quantité de chiens d’une grandeur extraordinaire que l’on y trouve, & dont deux avoient été amenés à Juba ; ce qui ne laisse pas d’avoir sa difficulté. Car si ce que Pline dit est vrai, Canaria est un mot Latin dérivé de Canis ; mais comment cette île, si peu connue des Romains, qu’ils n’en parlent que sur le témoignage de Juba, avoit-elle un nom Latin ? Quoi qu’il en soit, le nom de Canarie est très-ancien, & par conséquent n’est point Espagnol.

CANARIE. s. f. Espèce d’ancienne danse que quelques-uns croient venir des Îles Canaries, & qui, selon d’autres, vient d’un balet ou mascarade, dont les Danseurs étoient habilles en Rois de Mauritanie ou Sauvages. Saltatio Canariensis. En cette danse on s’approche, & on s’éloigne les uns des autres, en faisant plusieurs passages gaillards, & bizarres, à la manière des Sauvages.

Canarie. s. m. Sorte de petit oiseau qui chante bien, qui nous est venu des Îles Canaries. Siren Canariensis. On l’appelle autrement serin. Un canarie mâle, un canarie femelle. Voyez Serin.

CANARIN. s. m. Passereau de Canarie. Passer Canariensis.

☞ CANAS. Sauvages de l’Amérique méridionale, au Pérou, entre Cusco & le Lac Titicaca.

CANASSE. s. m. C’est une sorte de tabac filé fort menu & propre à fumer.

☞ C’est aussi le nom qu’on donne à Amsterdam à de grandes caisses dans lesquelles les vaisseaux de la Compagnie apportent les différens Thés de la Chine & des Indes Orientales.

CANASTRE. s. m. Sorte de coffre de cuir semblable à nos mannequins, fait de peaux de bœuf qui sont séches, dont les Espagnols se fervent aux Indes. Capsa coriacea, ou è corio bubulo.

CANATHE. s. f. Fontaine de Nauplia, Καναθος. On disoit que Junon en se baignant tous les ans dans cette fontaine, recouvroit sa divinité : fable fondée sur les mystères secrets qu’on y célébroit en l’honneur de cette Déesse.

CANATIS. s. m. C’est un nom générique qu’on donne dans les Îles à toutes sortes de pots de terre, de quelque grandeur qu’ils puissent être : comme nous leur donnons le nom de pot en France. Il est des canatis qui contiennent depuis une pinte jusqu’à 60 & 80 pintes.

☞ CANAVEZ ou CANAVOIS. Canapicium. Pays de Piémont en Italie, entre la Ville d’Ivrée & la rivière du Pô.

☞ CANCALE. Ville de France, dans la haute Bretagne, au bord de la Mer, à l’orient de S. Malo, fort connue par ses huitres.

CANCAMUM. s. m. Larme d’un arbre qui croît en Arabie, selon Dioscoride, laquelle ressemble en quelque forte à la mirrhe, dont le goût est fâcheux. On s’en servoit autrefois à parfumer les robes & les vêtemens. Cette larme nous est aujourd’hui inconnue. Les uns croient que c’est la lacque : les autres, la gomme anime ; & d’autres le benjoin.

CANCAN. s. m. Mot populaire, qui signifie un grand discours, une grande plainte, faite avec beaucoup de bruit, d’aigreur & de reproches. Longa objurgatio, querimonia. Il m’a fait un grand cancan.

Ce mot s’est formé de la préposition Latine Quamquam ; parce que les longs discours ou une longue période commencent souvent par Quamquam ; on a appelé un long discours un Quamquam, & de-la on a fait un cancan. Voyez Quamquam.

CANCANIAS. s. m. Atlas, ou Satin que l’on tire des Indes Orientales.

☞ CANCE ou CANSSOR. Rivière de France dans le Vivarais. Qui se perd dans le Rhône, au dessus d’Andame.

CANCEL ou CHANCEL. s. m. L’endroit du chœur d’une Eglise qui est le plus proche du grand Autel, & qui est ordinairement fermé d’une balustrade. Cancellum. C’est un droit honorifique d’avoir droit de banc & de sépulture dans le Cancel d’une église.

☞ Ce mot vient de cancellum qui se trouve dans les capitulaires de Charlemagne en cette signification. Ménage. Ce mot a signifié toutes barres croifées, soit de bois, soit de fer, & même des traits de plumes.

On appelle aussi Cancel le lieu dans lequel on, tient le sceau, & qui est aussi entouré d’une balustrade.

☞ CANCELLARIUS. s. m. Nom d’un Officier subalterne chez les Romains. Voyez Chancelier. C’est ainsi que quelques-uns ont rendu ce mot en François.

CANCELLATION. s. f. Terme de Jurisprudence. C’est un acte par lequel on consent qu’un autre acte soit cassé, anéanti, & demeure nul. Annullatio, rescissio. La cancellation s’appelle autrement résiliment ou resiliation.

☞ A Bourdaux, dans les bureaux du courtage & de la Foraine, on appelle cancellation, la décharge que le commis donne aux Marchands de la soumission par eux faite de produire dans un temps limité le certificat de l’arrivée de leurs Marchandises aux endroits spécifiés, ou de payer le quadruple des droits.

CANCELLÉ. s. m. Sorte de petit Cancre, dont la couleur est rousse, & qui se prend, avec les petits poissons. Il ressemble à l’araignée. Cancri genus exile, exilis cancer.

CANCELLER. v. a. Barrer une obligation, un acte, pour les rendre nuls, en passant la plume de haut en bas, ou de travers, sur les signatures : ce qui fait une espèce de chassis que les Latins nomment cancelli. Annullare, rescindere. Scriptum ductis cancellatim lituris, ou decussatis lituris delere. Ce mot ne se dit qu’en style de Palais.

Ce mot vient du Grec κιγklίξω ; qui signifie proprement environner une chose de quelque treillis, afin qu’on n’en puisse pas approcher.

CANCELLE, ÉE. part.

☞ CANCELLI. s. m. pl. Petites Chapelles érigées par les anciens Gaulois aux déesses mères qui présidoient à la campagne & aux fruits de la terre. Ces peuples y portoient leurs offrandes avec de petites bougies, & après avoir prononcé quelques paroles mystérieuses sur du pain ou sur quelques herbes, ils les cachoient dans un chemin creux ou dans le tronc d’un arbre, & croyoient par la garantir leurs troupeaux de la contagion, & de la mort même. Cette pratique, ainsi que plusieurs superstitions dont elle étoit accompagnée, fut défendue par les Capitulaires de nos Rois & par les Evêques. Encyc.

CANCER. s. m. Terme de Médecine. C’est une tumeur dure, inégale, raboteuse, ronde & immobile, de couleur cendrée, livide ou plombée, environnée de plusieurs veines apparentes & tortues, pleines d’un sang mélancolique & limoneux, qui ressemblent au poisson appelé cancer ou écrevisse. Cancer. Elle commence sans douleur, & paroît d’abord comme un pois chiche, ou une petite noisette ; mais elle croît assez vite, & dévient fort douloureuse. Les Cancers viennent aux parties glanduleuses & lâches, comme aux mammelles & aux émonctoires. En Grec καρκίνος, qui signifie aussi écrevisse. On appelle ainsi cette tumeur, parce qu’elle est à peu-près de la figure d’une écrevisse.

Ce mal vient principalement aux femmes, & surtout, dit Stolterfoth, à celles qui sont stériles, ou qui vivent dans le célibat. Les hommes en sont aussi attaqués, continue-t-il, & il y en a bien des exemples. La raison pour laquelle il s’attache plutôt aux mammelles, qu’aux autres parties du corps, vient de ce qu’étant pleines de glandes entre lesquelles il y a beaucoup de vaisseaux lymphatiques ou sanguineux, la moindre contusion, compression ou piqûre, peut faire extravaser ces liqueurs, qui s’aigrissent ensuite & forment le cancer. C’est de-là que les Maîtres de l’art disent que le cancer est aux glandes, ce que la carie est aux os, & la gangrène aux parties charnues. Le cancer vient cependant aussi en d’autres parties du corps molles & baveuses, & l’on a vu des cancers aux dents, au ventre, dans la partie intérieure du cou de la matrice, dans l’urètre, aux lèvres, aux narines, aux joues, à l’abdomen, aux cuisses, & même à l’épaule, comme Stolterfoth le prouve par différentes observations tirées des médecins. Le cancer se divise en cancer caché, occultus, & cancer ulcéré, ulceratus. Le premier vient, comme on l’a décrit ci-dessus. Voyez sur cela & sur toutes les circonstances, Etmuller, Chirurg. Medic. art. 4. & Carol. Musitanus Trutina Chirurgio-Physica, L. XI, c. 23. Le cancer ulcéré se connoît en ce qu’il est inégal, raboteux, plein de trous ; qu’il en sort une matière sordide, puante, gluante, & quelquefois jaune ; par la douleur insupportable qu’il cause au malade, en ce qu’il est noirâtre, horrible à voir, dur au toucher, quelquefois cependant mou ; en ce que les lèvres de l’ulcère sont grosses, enflées, rongées, rabattues en dehors ; que les veines voisines sont gonflées, variqueuses, noirâtres, & représentant en quelque sorte les pieds du cancer ; quelquefois les extrémités des veines & des petites artères sont rongées, & il en sort beaucoup de sang. Au cancer des mammelles les chairs voisines se consument tellement quelquefois, qu’on peut voir dans la cavité du thorax. Il cause une fièvre lente, un grand dégoût, & souvent des foiblesses ; quelquefois l’hydropisie suit, & enfin la mort. La cause prochaine de ce mal est un acide volatil trop corrosif, qui approche de la nature de l’arsenic, & qui se forme par le croupissement des humeurs, &c. Stolterfoth rapporte que lui & d’autres ont guéri ce mal avec du mercure, & par le moyen de la salivation. On trouve comment il s’y faut prendre dans Georg. Tromp, Disput. de Salivatione Mercuriali habita, Ienœ. Georg. Cour. Albin. Disp. habita Francof. 1689, Mich. Pantelius, De Mercurio & ejus usu medico, &c. Regiom. 1698. Etmul. Oper. tom. I. fol. 387 & seqq. & fol. 467. M. Alliot Médecin du Roi, a fait un fort bon Traité du cancer, imprimé à Paris en 1698.

Le cancer, quand il vient aux jambes s’appelle loup ; & quand il vient au visage, on l’appelle, noli me tangere. Le cancer ulcéré cause de très-grandes douleurs. Il y en a qui croient que le cancer ulcéré n’est autre chose qu’une multitude prodigieuse de petits vers qui dévorent, & qui consument peu à peu toute la chair de la partie. Dionis. Le cancer est d’un consentement unanime le plus horrible de tous les maux qui attaquent l’homme. On guérit le cancer par extirpation, quand il n’est point ouvert, & qu’il n’est encore qu’une tumeur de la grosseur d’une noix, ou tout au plus d’un petit œuf. L’amputation se fait quand le cancer occupe toute la mammelle, ou qu’il est ulcéré. Idem. Voyez Degori, dans le Trésor de la pratique de Médecine, où il rapporte, d’après différens Auteurs, quantité de remèdes pour le cancer.

CANCER de Galien. C’est un bandage à huit chefs, que Galien, Livre des Bandages, ch. 10. décrit pour bander la tête ; mais ceux qui s’en servent, ne le font qu’à six chefs. Voyez le Dictionnaire de M. Col de Villars.

Cancer, est aussi un des signes du Zodiaque, où quand le soleil est parvenu vers le 21 Juin, il est au Solstice d’Eté. C’est une constellation qui a 13 étoiles, selon Ptolomée, selon Kepler 17, & selon Bayer 35, qui sont de la nature de Mars & de la Lune : aussi le cancer est-il la maison de la Lune. Il a été ainsi nommé, à cause qu’il représente un cancre, ou écrevisse, ou que le soleil commence à reculer ou à retourner vers l’Equateur quand il y est arrivé, à la manière des écrevisses. On l’appelle aussi écrevisse, signe de l’écrevisse. Les Poëtes ont feint que c’est l’écreviffe que Junon envoya contre Hercule, lorsqu’il combattoit l’Hydre de Lerne. Hercule tua l’écrevisse, & Junon la transporta au ciel, & la mit au nombre des constellations. Le symbole du cancer est une figure composée de deux traits presque semblables au chiffre soixante neuf.

☞ TROPIQUE du Cancer. Voyez Tropique.

☞ CANCEREUX, EUSE. adj. Qui tient de la nature du cancer. Tumeur cancereuse.

CANCHE. Terme de Coutume. C’est ainsi qu’en quelques endroits on appelle un ban à vin, c’est-à-dire, le droit de vendre du vin en quelque lieu, à l’exclusion de toute autre personne.

Canche. Rivière de France, en Picardie. Elle a sa source en Artois, passe au vieux Hédin à Beaurainville & à Montreuil, puis à Etaples où elle forme un port.

☞ CANCHES. Sauvages de l’Amérique Méridionale, dans une contrée voisine de Cusco dans le Pérou.

☞ CANCHEU. Voyez Cantcheou.

CANCIONAIRE. s. m. Vieux mot. Livre des cantiques ou des chansons. Canticorum, cantilenarum Liber. Ce mot est formé du latin canticum, chanson. Il a bien l’air d’être de l’invention de Marot, qui l’a forgé, à l’imitation d’Antiphonaire, Lectionaire, &c.

CANÇON. s. f. Vieux mot, formé de deux mots latins, cantus, sonus. Chanson. Gloss. de poës. du Roi de Nav.

CANCRE. s. m. Ecrevisse de mer, d’étang ou de rivière, couverte d’une coque dure, & qui va à reculons. Cancer. Le cancre a le corps rond. Il y en a de terrestres & de marins. Ceux-ci s’appellent granci à l’égard des mâles ; & les femelles macinettes. Il y en a que Rondelet appelle mages, qu’on nomme en Italie grancevoles ; d’autres squaranchon ou granciporto, qui sont divers animaux aquatiques de même espèce, aussi-bien que les langoustes, les squilles & les écrevisses, qui ont pourtant quelque différence. La cendre des cancres de rivière, prise en breuvage avec de la racine de gentiane, & autres semblables, est un singulier remède pour les morsures des chiens enragés. Les cancres marins n’ont pas le même efficace. Le cancre, quoiqu’il vive dans l’eau, ne nage point, non plus que l’hippopotame.

Dans la guerre des rats & des grenouilles, Homère feint que Jupiter envoya des cancres au secours des grenouilles, & voici la description qu’il en fait, traduite en vieux François, par le Traducteur de sa Batrachomyomachie.

Soudain vient un renfort d’épouvantables bêtes ;
D’animaux contrefaits, de monstres à deux têtes ;
Leur échine reluit, leur dur & large dos,
Leur corps est revêtu de solides écailles ;
Leurs dents sont des ciseaux, & leurs pieds des tenailles.
Ils ont deux bras nerveux, ils ont huit pieds fourchus,
Leurs bras, leurs mains, leurs doigts & leurs pieds sont crochus.
Ils marchent de travers, & souvent en arrière.
Leur œil voit & dessous, & devant & derrière.

Voyez sur les cancres. Voss. de Idolol. L. IV, Ch. 3, 12, 17, 18, 19, 33, 37.

Il y a une espèce de petit cancre qu’on appelle Bernard l’hermite, qui est roux de couleur, qui se prend en menuisaille avec les autres poissons, & qui ressemble aux araignées. Il a deux petites cornes déliées, & deux gros yeux au-dessus, & plus bas un os environné de petits poils qui lui servent de moustaches. Il a par-devant deux pieds fourchés qui lui servent de mains, & deux derrière de chaque côté, & un tiers au milieu. Aristote & Elien disent qu’il naît tout nu ; mais qu’il se loge dans l’écaille d’un autre poisson qu’il trouve vide, & quand il grossit, il en cherche une plus grande.

Quelques-uns disent le signe du cancre, le tropique du cancre, au-lieu de dire, le signe du Cancer, le tropique au Cancer. Acad. Fr.

Cancre se dit proverbialement d’un homme pauvre, qui n’est capable de faire ni bien ni mal. Cet homme est un gueux, un cancre, un pauvre cancre. Il se dit aussi d’un homme méprisable par son avarice. C’est un vilain cancre.

☞ CANCRIFORMIS. Espèce de pierre argilleuse, cendrée, de la forme d’un crabe. Elle a de plus les parties brillantes du plomb.

☞ CANCRITES ou Lapides cancri. Petites pierres blanches, tendres, creuses, qu’on appelle yeux d’écrevisses de rivière.

CANDAHAR. Ville d’Asie, capitale de la province du même nom dans les Indes. Ortospana.

CANDÉ. s. m. C’est en plusieurs endroits la même chose que confluent, Confluens. On dit conde en dautres endroits, & coignac en d’autres.

CANDE. Gros bourg de France, en Touraine, au confluent de la Loire, & de la Vienne. S. Martin y mourut le 11 Novembre 398. Il y a une Collégiale. Candate.

☞ CANDEA ou CANDE. Baudrand nomme ainsi en françois la ville & le Royaume de Candy. Voyez ce mot.

CANDELABRE. s. m. C’est un grand chandelier de salle ayant plusieurs branches, fait à l’antique. Candelabrum.

Candélabre, se dit aussi d’un grand chandelier à plusieurs branches, tel qu’on en voit en plusieurs églises.

Candélabre, terme d’architecture, est une espèce de vase fort élevé en forme de grand balustre qu’on met pour amortissement à l’entour d’un dôme. On voit de ces sortes de candélabres aux dômes de la Sorbonne & du Val-de-Grace à Paris.

CANDELETTE. s. f. Terme de marine. C’est une corde garnie d’un crampon de fer pour accrocher l’anneau de l’ancre quand on la veut mettre sur les bosseurs, lorsqu’elle est sortie de l’eau. Cantus harnatus.

☞ CANDELOR ou CANDALOR. Ville de la Turquie en Asie, près de la côte méridionale de la Natolie.

☞ CANDEUR. s. f. Pureté d’ame. Animi candor. C’est une des nuances de la vérité de caractère. La simplicité, qui prend sa source dans cette pureté de Mœurs, qui n’a rien à dissimuler ni à feindre, est ce qu’on appelle candeur. Voyez Franchise, Simplicité, Ingénuité. Candeur de l’ame. La candeur de ses mœurs. Procédés pleins de candeur. Il faut ôter au cœur humain le masque de vertu & de candeur, dont il se sert pour les raffinemens de fa dissimulation. Port-R. Les ames pleines de candeur, sont d’ordinaire plus simples dans le bien, que précautionnées contre le mal. Fénel. N’espérez plus de franchise, ni de candeur d’un homme qui s’est livré à la Cour, & qui secrétement veut faire fortune. La Bruy.

Je veux dans la satyre un esprit de candeur. Boil.


☞ CANDI. s. m.. Sorte de grand bateau qu’on voit en Normandie, sur la Seine, & qui a environ 27 toises entre chef & quille. On ne voit pas sur les rivières de France de plus grand bateau que le candi.

Candi (sucre) Voyez Candir.

☞ CANDICH. Nom d’une province d’Asie, dans l’Empire du Mogol, entre la province d’Agra, celles de Bérar & de Malva, & le Royaume de Guzurate. Brampour en est la capitale.

CANDIDAT. s. m. Celui qui brigue quelque charge, qui aspire à entrer dans quelque corps. Candidatus.

☞ Les Candidats ou aspirans aux charges de la République Romaine étoient ainsi nommés de la Robe-Blanche qu’ils étoient obligés de porter pendant les deux années qu’ils postuloient. Cette robe, dit Plutarque, devoit être simple, sans aucun autre vêtement, afin qu’on ne les soupçonnât pas d’avoir de l’argent caché pour acheter les suffrages ; & afin qu’ils pussent plus aisément faire voir au peuple les cicatrices des plaies qu’ils avoient reçues pour la défense de la République.

☞ La première année, ils demandoient au Magistrat la permission de haranguer le peuple ou de le faire haranguer par quelqu’un de leurs amis. Ils déclaroient à la fin de ces harangues qu’ils désiroient obtenir telle charge, sous son bon plaisir, le priant d’avoir égard au mérite de leurs ancêtres & à leurs services personnels. Cela s’appeloit profiteri nomen suum apud populum, & cette année annus professionis, qui étoit toute employée à se faire des amis parmi les grands & parmi les peuples.

☞ Au commencement de la seconde année les Candidats se présentoient au Magistrat, avec la recommendation du peuple, conçue en ces termes : Rationem illius habe, & le prioient d’écrire leurs noms sur la liste des prétendans : ce qui s’appeloit edere nomen apud Prætorem aut Consulem, ou profiteri apud Magistratum.

☞ Le Magistrat, après avoir vu la requête du Candidat, avec la recommendation du peuple, assembloit le Conseil ordinaire des Sénateurs, qui examinoient les raisons qu’avoit le Candidat de demander telle charge, & s’informoient de sa vie & de ses mœurs. Après cet examen, le Magistrat lui permettoit sa poursuite en ces termes : Rationem habeho, renuntiabo, ou s’il le rejettoit, il répondoit rationem non habebo, non renuntiabo.

☞ Les Tribuns s’opposoient quelquefois à cette permission que donnoit le Magistrat de poursuivre la brigue, lorsque celui-ci ne paroissoit pas assez instruit des défauts ou des raisons d’exclusion du postulant.

☞ Le tems de l’élection arrivé, le Magistrat indiquoit l’assemblée par trois jours de marché consécutifs que ceux de la campagne, comme des villes municipales & des colonies qui avoient droit de suffrage pussent descendre à la ville. Le jour venu, les Candidats vêtus de blanc, se rendoient de grand matin, assistés de leurs amis, au mont Quirinal ou sur la colline des jardins, qui avoient vue sur le champ de Mars, pour être plus facilement apperçus par le peuple. Le Président de l’assemblée, après avoir dit haut le nom des prétendans, & exposé les motifs des uns & des autres, appeloit les Tribus aux suffrages, & celui qui en avoit le plus, étoit déclaré Magistrat.

☞ Le nouveau Magistrat remercioit rassemblée sur le champ, & montoit au Capitole, pour y faire sa prière aux Dieux. Cet ordre changea un peu sous les Empereurs. César ne laissa au peuple que le droit de nommer les Magistrats inférieurs, & se réserva celui de nommer au Consulat. Encore gêna-t-il beaucoup le peuple, dans l’élection des charges qu’il lui avoit accordées. Tibère, successeur d’Auguste, ôta le droit d’élection au peuple pour le donner au Sénat. Néron le rendit au peuple ; le Sénat s’en désista pour toujours, & se contenta de proclamer dans le champ de Mars ceux que le peuple avoit élus pour conserver par-là quelque chose de l’antiquité des Elections. Voyez au mot Brigue les autres particularités.

On a appelé aussi du tems de l’Empereur Gordien, & longtems après, Candidati, les soldats de la Garde de l’Empereur qui étoient choisis de toutes les Légions, & qui étoient fort considérés à la Cour. S. Augustin, Ausone & Claudien, en parlent. Dans la vie de S. Hilarion, ch 17, il est parlé d’un Candidat de l’Empereur Constance qui étoit possédé du démon, & que le S. délivra de la possession. Ammien, L.XXV, & Victor Tunnunensis, dans sa Chronica, font aussi mention des Candidats. Voyez encore les fastes de Sicile, Cedrenus, Rosweid. Onom. Cedrenus dit que ce fut Gordien le jeune qui les institua, aussi-bien que les Protecteurs & les Scholares. Les Scholares étoient choisis dans les troupes : c’étoient ceux qui savoient le mieux le métier de la guerre : les Candidats étoient tirés des Scholares ; c’étoient ceux qui étoient les plus vigoureux, & qui avoient l’air le plus martial & le plus propre à inspirer de la terreur, dit la Chronique d’Alexandrie. Les Protecteurs étoient un ordre mitoyen ; c’étoient proprement les Gardes-du-Corps. Henschenius, Act. SS. Fehr, tom, II, p. 18.

M. Fleury, Hist. Eccl, L. II, n. 17, prétend que les Gardes qui portoient ce nom, étoient ainsi nommés, à cause de l’habit blanc dont ils étoient vêtus. D’autres disent seulement, parce qu’ils portoient quelque chose de blanc sur eux, ou dans leur habit. C’est l’Empereur Gordien qui institua les Candidats, choisissant les plus grands & les mieux faits de ses Gardes, pour en faire une compagnie, qu’il appela les Candidats. Voyez Capitolin dans la vie de cet Empereur, ch. I & II, & les notes de Saumaise sur cet Historien.

Tertullien appelle ceux qui demandoient le baptême, Candidati Dei. On appeloit aussi Candidats de l’éternité, ceux dont les âmes n’étoient point encore dans le ciel. ☞ Dans le tems de la vacance de la couronne de Pologne, on appelle Candidats, les prétendans à la couronne.

On appelle aussi Candidats dans les Facultés de l’Université, ceux qui sont sur les bancs pour parvenir au Doctorat. Acad. Fr.

Ce nom se donne en Sorbonne à ceux qui aspirent au Baccalauréat ; même pendant le tems qu’ils soutiennent leur tentative, on ne les traite que de Candidats.

Quelle honte, bon Dieu ! Quel scandale au Parnasse,
De voir l’un de ses Candidats
Employer la plume d’Horace
A liquider un compte, & dresser des états ! Royaum.

CANDIDE. adj. m. & f. Qui a de la candeur. Candidus. Un honnête homme doit être candide, avoir l’ame candide. Il est bon d’y ajouter quelque autre mot, qui en explique & en détermine la signification. Il est moins usité que le substantif candeur. Le P. d’Orléans a dit : ses mœurs innocentes, douces, candides & pacifiques.

Candide. s. m. Nom d’homme. Candidus. Candide étoit un Auteur Ecclésiastique du IIe siècle, qui avoit écrit sur l’ouvrage des six jours.

CANDIE. Nom moderne d’une Île de la mer Méditerranée, qui dans l’antiquité s’est nommée Crète. Creta, Candia. Cette île ne s’appelle Candie que depuis la fondation de la ville de Candie sa capitale, dont elle a pris le nom ; c’est-à-dire, depuis le IXe siècle. Elle est située à l’entrée de l’Archipel, sous le 34d de lat. & peut avoir 75 lieues d’orient en occident, & 20 dans sa plus grande largeur. Elle fut soumise aux Sarrasins au IXe siècle ; Nicéphore Phocas la reprit au Xe en 362. En 1204, Boniface, Marquis de Montserrat, la vendit aux Vénitiens, qui n’y ont plus que les forretesses de Suba, & Spina-Longa. Les Turcs sont maîtres de tout le reste. L’Île de Candie est célèbre par le vin de Malvoisie qu’elle produit. L’air y est chaud, mais sain, & le terroir abondant en pâturages, en grains & en fruits. Pour ce qui concerne l’antiquité, voyez Crète. Quand il s’agit de l’antiquité je ne voudrois point dire Candie, mais Crète. Quelques-uns cependant le disent, comme Vigenère.

La mer de Candie, Creticum mare, est une partie de l’Archipel. Elle s’étend le long de la côte septentrionale de l’île de Candie.

Candie. Matium, Candia. Ville bâtie au commencement du IXe siècle par les Musulmans, dans l’île de Crète, dont ils s’emparèrent dans ce temps. Cette ville a pris son nom de celui du lieu où ils la bâtirent, qui se nommoit Candax, & qui leur fut montré par un Moine. Elle a depuis donné son nom à toute l’île. C’est le siège d’un Archevêque, & la capitale de l’Île de même nom. Après une guerre de 24 ans & un siège de trois ans, Candie fut rendue aux Infidèles en 1669, n’étant plus qu’un tas de ruines.

La différence des méridiens dont la ville de Candie est plus orientale que Paris, est de 1 h 31′ 5″, en dég. 22° 46′ 15″. P. Feuillée. Acad. 1702. Mem. p. 11. La hauteur du pôle de la ville de Candie est de 35° 18′ 45″, Idem.

La Nouvelle-Candie, Candia-Nova, est une forteresse que les Turcs avoient bâtie à une lieue de la ville de Candie, pour la resserrer ; mais depuis qu’ils sont maîtres de cette ville, cette forteresse leur est inutile, & ils la laissent tomber en ruine.

Le terriroire de Candie est le plus considérable des quatre parties de l’Île de Candie ; il occupe le milieu de l’Ile, & renferme la ville de Candie, capitale de l’île.

CANDIIL ou CANDILE. s. m. Mesure dont on se sert aux Indes, à Cambaye & à Bengale, pour vendre le riz & les autres grains : elle contient quatorze boisseaux.

Candiil. s. m. C’est aussi un poids dont on se sert à la Chine & à Galanga.

CANDIOT, OTE. s. m. & f. Cres, Creticus, Cretensis. Habitant ou Habitante de l’île de Candie. Les Candiots sont voluptueux & excessivement paresseux. Il ne faut point se servir de ce mot quand on parle des anciens habitans de cette Île ; il faut dire Crétois. Voyez ce mot. Les Candiots naturels sont presque tous Chrétiens du rit grec ; il y en a quelques-uns qui sont Mahométans,

CANDIOTE. s.f. Terme de Fleuriste. Anémone à peluche, qui a les grandes feuilles d’un gris blanchâtre, sur le fond incarnat, sa peluche incarnat, bordée de feuilles mortes, verdâtres. Morin.

☞ CANDIR, se CANDIR, v. récip. se dit du sucre, qui après avoir été rendu liquide, prend une consistance de glace. On fait candir le sucre ; on le rend dur & transparent, en le clarifiant & le cristallisant à plusieurs reprises, jusqu’à six ou sept fois.

Se CANDIR. Terme de Confiseur, qui se dit des confitures dont le sucre s’épaissit & se glace sur la surface des vaisseaux. Albicare. Les confitures qui sont trop cuites, se candissent,

Candir, chez les apothicaires, est presque synonyme à confire, & se dit de certains médicamens qu’ils font bouillir dans le sucre pour les conserver par ce moyen en nature.

CANDI, IE. part. & adj. Albicans. Sucre candi, confitures candies. On appelle sucre candi, une préparation du sucre qui se cristallise : ce qui se fait en le fondant jusqu’à six ou sept fois. On ordonne pour le rhume du sucre candi.

Ce mot vient de canitum, qui a été fait de candidus, à cause que c’est du sucre blanchi & épuré. D’autres disent que ce nom vient de l’île de Candie. D’autres tiennent qu’il vient de elkendit, mot arabe, qui signifie du sucre en général Ménage.

CANDIS. s. m. Espèce de confitures séches, couvertes de sucre candi & brillant. Il en vient beaucoup de Gènes & d’Italie.

☞ CANDISCH. Voyez Candich.

CANDO, CANDI ou CONDI. f m. Mesure ou aune, dont on sert dans plusieurs Cantons des Indes, & particulièrement à Goa.

CANDOU. s. Arbre qui croît aux Maldives, qui a cette propriété, qu’en frotant deux morceaux l’un contre l’autre, il en sort du feu, quoiqu’il soit extrêmement mou, léger, & plus que le liége. On s’en sert comme d’un fusil. Il est gros comme un noyer, approchant de la feuille du tremble, & aussi blanc. Il ne porte aucun fruit, & n’est pas bon à bruler. Pyrard.

☞ CANDY. Royaume d’Asie, dans l’Île de Ceylan, de laquelle il occupe le milieu & la plus grande partie. La capitale porte le même nom. Quelques uns l’appellent cande.

☞ CANE. s. f. Espèce d’oiseau aquatique, qui est la femelle du canard. Anas. La coutume d’Estampes, art. 185°, défend de nourrir des canes dans la ville. la Mare. Traité de la Police, T. I, p. 539.

Ce mot selon Ménage, vient de ano ou anas, dont les Italiens ont fait aussi anitra, & les François canard & canarder.

On dit proverbialement, il n’y a que le bec à ourler, c’est une cane, à ceux qui trouvent de la facilité à faire toutes choses, quoiqu’elles soient difficiles & longues à faire. On dit aussi qu’un homme fait la cane, pour dire, qu’il recule par lâcheté dans les entreprises où il doit montrer du courage. On dit aussi, quand les canes vont au champ, les premières vont devant, à ceux qui demandent trop souvent, quand sera-ce.

Cane d’Inde, Anas Indica. Il y en a de plusieurs espèces différentes. Elles sont plus grosses de moitié que nos canes communes, mais quant à la figure, elles sont presque semblables. Quelques-unes ont la tête rouge comme du sang, & sans plumes, aussi-bien qu’une partie du cou ; excepté que sur le sommet de la tête il y a une crête composée de plumes blanches, qui s’étend tout le long de sa tête, & que la cane élève lors qu’elle s’irrite. Son œil est jaune, & environné d’un cercle noir. Son bec est tout bleu, à l’exception d’une tache noire, qui est à l’extrémité. Elle a tout le devant du cou blanc ; mais l’endroit où le cou se joint au corps, est couvert d’un cercle noir, avec quelques plumes blanches. Ce cercle est étroit à la poitrine, & large du côté du dos. Tout le dessous du ventre est couvert de plumes blanches, & le dessus du corps est brun ; mais le cercle dont nous avons parlé est divisé par une plume blanche par en haut. Les extrémités des ailes & de la queue sont d’un vert luisant, comme celui des mouches cantharides. La peau des jambes est brune, & coupée de petites lignes noires. Ces canes marchent très-lentement, & ont la voix enrouée. Le mâle est plus grand, & ses couleurs sont plus vives & plus diversifiées que celles de la femelle.

D’autres ont la tête blanche & le bec, les cuisses, la queue, & les plus grandes pennes des aîles noires, tout le reste du corps est roux. Il y a néanmoins dans les aîles des parties blanchâtres, & dans celles du mâle, un peu de rouge & de vert. Le haut du cou est environné d’une ligne noire fort étroite.

D’autres ont le corps couvert de toutes parts de plumes noires, excepté quelques plumes blanches qui descendent en long sur les plumes de la tête, du cou, & de la poitrine, sans qu’il en paroisse sur le reste du corps ; mais leurs jambes, le haut du bec, & le tubercule qui est dessus, sont d’un rouge très-éclatant.

Cane du Levant, appelée en Latin Anas Circia. Cette espèce de Cane est très-petite, & approchant de la taille d’un plongeon. Tout son corps est beau. Son bec, comme aux canes ordinaires, est brun, aussi-bien que ses pieds. Son cou est long d’une paume. Le reste de son corps n’est que de la longueur de six doigts. Aldrovand fait la description d’une femelle qui avoit des taches sur le ventre. Le mâle a de très-belles couleurs, & beaucoup plus éclatantes que celles de la femelle.

Cane de mer. Anas marina. Oiseau de couleur tannée, avec un collier blanc autour du cou. La cane de mer est de taille moyenne entre l’oie & la cane commune. Son bec est noir, longuet, approchant de celui du pélican, & n’est pas large comme celui de l’oie, de la cane & du morillon, mais pointu comme celui de la piette. Sa tête & son cou, jusqu’au dessous de l’estomac, sont beaucoup plus noirs que son dos & ses ailes. Les deux côtés de ses cuisses sont madrés ; sa queue est blanche par-dessous, & ses jambes noires. Toutes ses façons de faire sont fort semblables à celles de l’oie ; mais elle ne se plaît aucunement dans l’eau douce, & c’est pour cette raison qu’on la nomme cane de mer.

Cane à tête rousse. Anas rusa. C’est une petite cane semblable à un morillon. Elle a la tête rousse mais sa poitrine & le dessous de sa gorge sont noirs ; tout le reste de son corps est de couleur plombée. Son bec, ses jambes & ses pieds sont noirs, & bien ressemblans à ceux d’une cane. Ses yeux sont rouges : sa taille est de même que celle de la cane commune.

Cane nommée Pénélope : le mâle est de la grandeur du canard ou environ ; mais il n’est pas si gros. Son bec est gros & large ; le dessous en est noir & le dessus de couleur plombée obscure. Il est courbé par l’extrémité, & à une tache noire. L’on voit depuis le bec jusque sur le haut de sa tête, une couleur rouge, qui tire sur le jaune. Tout le reste de la tête, & la plus grande partie du cou, sont de couleur de dattes mêlé d’un peu de noir sous la gorge. Ce qui est entre le cou & le dos est diversifié de lignes noires, & blanches. La poitrine & le ventre sont blanchâtres, les aîles sont diversifiées de couleurs différentes, car les petites plumes dont elles sont revêtues sont brunes. Il y a une tache blanche qui occupe la moitié des aîles, & qui s’étend bien loin. Les grandes plumes sont noirâtres, & très-longues. Proche de la tache l’on voit une ligne verte assez large. Sa queue est très-courte, & composée de plumes en partie noires, & en partie brunes & verdâtres. Ses cuisses sont blanchâtres & traversées de lignes cendrées fort menues. Ses Jambes & ses pieds sont de couleur plombée, & les membranes qui joignent les doigts sont brunes.

La femelle est entièrement semblable au mâle, sinon que la tache blanche des aîles est moins remarquable en la femelle, & paroît comme d’un gris brun.

Il y a une cane sauvage brune, Anas fera fusca, qui n’est pas si grande que la précédente, mais qui approche beaucoup de son espèce. Elle est moins colorée, particulièrement aux aîles & aux pieds, dont la membrane est noire. Ses aîles sont composées de noir & de blanc. Son bec est d’un noir cendré ; ses yeux jaunâtres ; sa tête & la plus grande partie de son cou d’une couleur de châtain, qui tire sur le brun ; le bas du cou par-devant noir, par-derrière comme la tête ; les côtés en sont cendrés. La poitrine & le ventre sont noirs en partie, tirant aussi sur le cendré ; le reste brun. Le dos & la queue noirâtres ; les jambes & les doigts des pieds de couleur d’eau un peu blanchâtre ; les membranes dont ils sont joints, noires.

Cane mouche. Anas muscaria. Espèce de canes, ainsi nommées, parce qu’elles prennent les mouches qui voltigent sur les eaux. Elles sont plus petites que les communes, & ont le bec large & pointu ; le dessus est presque tout Jaune, & de la longueur de deux travers de doigt. Il est dentelé de part & d’autre comme une scie. Les dents de la cane mouche sont flexibles & membraneuses : celles d’en-bas sont plus petites que celles d’enhaut. La couleur du pennage approche de celle de la perdrix. Ses pieds sont jaunâtres, & les doigts en sont joints par des membranes noires. Son cou est diversifié dessus & dessous de la même manière que le pennage. Le sommet de la tête est plus noir que les autres parties : la même couleur règne sur les aîles. Sa queue est très-courte.

Cane de Guinée. (Grosse) Cette cane est court-jointée. Le mâle a la tête plus grande que la femelle. Leurs couleurs sont très-différentes, & elles n’ont point de pennage constant : communément elles sont noires, & mêlées d’autres couleurs diverses. Leur bec est crochu par le bout, court & large. Elles ont une crête ou tubérosité rouge entre les deux yeux sur la tête, qui est grosse comme une cerise ; & autour de leurs yeux elles ont du même rouge, qui paroît comme si c’étoit du cuir.

Cane haute sur ses jambes. Anas altis ou longis cruribus. Son bec est aigu, partie noir, & partie rouge : son cou environné d’un cercle blanc. Le derrière est d’un cendré blanchâtre. Son ventre est blanc, ses aîles très-larges. Les quatre dernières grandes pennes sont noires de part & d’autre, celles du milieu blanches, les autres noires, & ont les extrémités blanches ; hormis un peu de noir qu’elle a par en-haut. Ses jambes sont menues & plus hautes que celles des autres ; ses pieds & leurs membranes sont blancs.

Cane du Caire. Anas Cairina. L’on voit au Caire des canes qui sont beaucoup plus grosses que les nôtres. Le mâle, plus gros encore que la femelle, a son bec fort gros, proche de la tête, & un tubercule ; il finit en pointe insensiblement, & est courbé par le bout, comme celui d’un coq. Il est tout noir, excepté à l’extrémité où il a une tache rouge assez grande, & une petite par en-haut qui est d’un rouge plus pâle. Sa tête est noire & huppée. Le commencement de sa gorge est taché de petites marques blanchâtres. Ses yeux sont jaunes & traversés de quantité de petites veines très-rouges. La plus grande partie de son pennage est noir. Les plumes de son dos sont noires au commencement & au milieu, & vertes à la fin. L’on aperçoit aussi dans ses aîles & dans sa queue quelques plumes verdâtres & une ou deux blanches, qui composent une tache. Ses jambes & ses pieds, qui sont robustes, sont châtains.

La femelle est plus petite que le mâle, & a le bec moins élevé. Il y a sur le haut une ligne blanche & rouge, qui est assez large, & la tache qui est rouge au mâle, est cendrée à la femelle, & mêlée toutefois d’un peu de rouge. Le reste de son bec est d’un noir cendré, hormis deux taches blanches faites comme un C. Sa tête est noire & sans huppe. Sa poitrine l’est pareillement ; elle est aussi semée de taches blanches. Ses taches sont plus verdâtres que celles du mâle, & elle en a deux blanches. Le reste est entièrement semblable aux mâles.

Il y a encore plusieurs espèces de canes, surtout en Allemagne, qui différent principalement par la grandeur, la grosseur & la figure de leur bec, & la diversité de leurs couleurs : qui n’ont point de noms particuliers, au moins en notre langue.

Cane-Petière. s. f. Ce n’est point un oiseau aquatique, comme le disent les Vocabulistes ; & il n’a aucune ressemblance avec la cane. C’est un oiseau de campagne, une espèce particulière de poule, de la grandeur d’un faisan. On l’appelle aussi cane terrestre. Elle a encore d’autres noms en différens pays. On la nomme en Latin Anas campestris, ou pratensis. Elle court avec tant de vitesse qu’un homme ne la peut suivre. Elle est délicieuse à manger, comme le faisan. Elle se nourrit de toutes sortes de grains, de fourmis, de sauterelles, de mouches, & de froment, lorsqu’il est en herbe. Sa tête est semblable à celle d’une caille, son bec à celui d’une volaille, le tout à proportion de sa grosseur. Elle se plaît dans les plaines, & n’a que trois doigts aux pieds, non plus que l’outarde & le pluvier. La racine de son pennage est rouge comme du sang, ce qui pourroit la faire prendre pour une espèce d’outarde.

On l’appelle cane-petière, parce qu’elle le tapit comme la cane. On dit proverbialement d’un homme soupçonneux, qu’il fait la cane-petière.

CANE, roseau. Voyez Canne.

CANÉE. (La) Ville de l’Île de Candie sur la mer. La différence des méridiens de Paris & de la Canée est de 1h 27′ 30″, c’est-à-dire, que la Canée est plus orientale que Paris de 21° 52′ 30″. P. Feuillée. Acad. 1702. p, 10. Mém. La hauteur du pôle est à la Canée de 31° 28′ 45″. Id.

CANEFICIER. Voyez Cassier.

CANELADE. Voyez Cannelade.

CANELER. Voyez Canneler.

CANELLE. Voyez Cannelle.

CANELURE. Voyez Cannelure.

CANENTE. s. f. C’est le nom d’une Nymphe que la Mythologie nous apprend avoir été l’épouse de Picus, Roi de Laurentum en Italie, que l’enchanteresse Circé changea en Pivert. Elle étoit fille de Janus & de Vénilie. Canente, qui l’aimoit tendrement, en mourut de douleur, & laissa son nom, dit Ovide, au lieu où elle expira. Elle avoit tiré son nom de la douceur de sa voix.

CANÉPHORE. s. f. Terme de Mythologie. Jeune fille qui dans les sacrifices portoit une corbeille, dans laquelle étoit tout ce qui étoit nécessaire aux sacrifices. Canephora. Ces corbeilles étoient ordinairement couronnées de fleurs, ou de myrte, &c. Cela s’observoit sur-tout dans les sacrifices de Cérès. Un des beaux ouvrages du Sculpteur Scopas étoit une Canéphore. Pline, L. XXXV, c. 5. Dans ces sortes de cérémonies la Canéphore marchoit la première ; le Phallophore ensuite, & le chœur de Musique les suivoit. Dans l’incomparable Cornaline du Cabinet du Roi, qu’on appelle le Cachet de Michel-Ange, il y a trois Canéphores, qui portent leur corbeille sur leur tête. Les Canéphores étoient toujours des filles de condition, comme a remarqué Biset sur Aristophane. Lysist. Après la Canéphore, suivoit une femme qui lui portoit un parasol & un siége. C’est Aristophane & son Scholiaste qui nous l’apprennent, Όpνιθ. v. 1550.

CANÉPHORIES. s. f. pl. ou adj. pris substantivement. Offrande d’une corbeille. Ce n’est point une fête, comme un de nos Auteurs l’a dit ; c’étoit une cérémonie qui faisoit partie de la fête que les jeunes filles célébroient la veille de leurs noces. Cette fête s’appeloit Protélies, Προτέλεια. Les cérémonies de cette fête étoient de plus d’une sorte, comme on le dira au mot Protélies. Celle dont nous parlons ne se pratiquoit qu’à Athènes, & consistoit en ce que la fille conduite par son père & sa mère alloit à la citadelle où étoit le temple de Minerve, & lui portoit une corbeille pleine de présens, pour l’engager à rendre son mariage heureux ; ou plutôt, comme disent le Scholiaste de Théocrite sur l’Idylle II de Lutatius sur le IIe Livre de la Thébaïde de Stace, c’étoit une espèce d’amende honorable qu’elles alloient faire à la Déesse protectrice de la virginité de ce qu’elles abandonnoient son parti, & une cérémonie pour l’appaiser, & détourner sa colère, de crainte qu’elle ne versât des malédictions sur leur mariage. Meursius a ramassé une partie de ce qui regarde les Canéphories dans son Ve Liv. des Féries des Grecs au mot ΠΡΟΤΕΛΕΙΑ. Voyez encore sur les Canéphores & les Canéphories Aristophane dans les Oiseaux, n. 1550. Dans les Ἐκκλησιάζουσαι, v. 717, & dans Lysistrate, v. 647, son Scholiaste, & les Notes de Biset sur ces endroits.

CANEPIN. s. m. Pellicule très-mince qu’on lève de dessus la peau de mouton après qu’elle a été quelque peu dans la chaux. Summa ovis cuticula. C’est ce qui répond à ce que l’Anatomie appelle dans l’homme épiderme. ☞ Les Chirurgiens s’en servent pour essuyer leurs lancettes, si la lancette par son propre poids perce le cannepin tendu sur les doigts, sans faire aucun bruit, c’est une preuve qu’elle est assez pointue & tranchante. Le Cannepin le plus mince, le plus blanc & le plus doux au toucher est le meilleur. C’est de cette peau qu’on fait des éventails, & des gants de femmes qu’on appelle autrement gants de cuir de poule. On appelle aussi canepin, une petite pelure bien déliée qu’on prend au dedans de l’écorce du tilleul, ou du dehors de l’écorce du bouleau, dont les Anciens se servoient pour écrire.

☞ CANES, port de France, en Provence, avec une petite ville & un Château sur la côte de la mer méditerranée près de l’Ile de Sainte Marguerite.

CANESSE de More. s. f. Sorte de soie que les Hollandois apportent des Indes Orientales.

CANET. s. m. Le petit d’une cane. Quand le Curé vit qu’on le vouloit bouter en la boîte aux cailloux, il fut plus esbahi que ung canet. Cent nouvelles nouvelles. Le mot est caneton.

Canet, petite ville de France, au Comté de Roussillon, près de la côte de la mer Méditerranée. Il y a aussi un bourg de ce nom en Provence.

CANETILLE. s. f. Voyez Cannetille.

☞ CANETO, petite ville d’Italie, au duché de Mantoue, sur l’Oglio, entre Mantoue & Cremone.

CANETON. s. m. Diminutif, signifie la même chose que canet, & est plus en usage.

Là barbottoit maint petit caneton. P. du Cerc.

CANETTE. s. f. Petite cane, Orcanette. Anaticula. Voyez Orcanette.

Canette. s. f. Terme de Blason, qui se dit des petites canes qui se représentent comme les merlettes, avec les aîles serrées, le bec & les jambes mutilées : c’est-à-dire qu’elles n’ont que la moitié de leur bec & la moitié de leurs jambes. Anaticula pedibus ac rostro mutilæ.

Canette ou Cavette. s. f. Petit pot, qui sert à mettre des liqueurs. Ceux qu’on fabrique en Hollande sont de terre, & ceux de France, sont d’étain.

Canette. s. f. Nom d’un jeu, & d’un globule ou d’une petite boule avec laquelle on joue ce jeu. La Canette est un jeu fort en usage en Bretagne & en Anjou. Ce jeu consiste à prendre une canette ou petite boule entre le pouce & l’index, & à la pousser avec l’index ou contre la canette d’un autre, ou contre une pièce de monnoie fichée en terre. Quand on attrape cette autre canette, ou cette pièce de monnoie, on gagne. Il y a plusieurs termes particuliers à ce jeu. Alpha, est le lieu d’où l’on commence à jouer. Pont, c’est la pièce de monnoie fichée en terre. Tuer, c’est toucher avec sa canette celle de l’adversaire. Grogner, c’est en poussant sa canette avec le doigt, avancer le poignet : cela s’appelle aussi poigneter. Kotrou, mot que les joueurs disent avant que de jouer. Quand celui qui joue le dit le premier, il a droit d’oter tout ce qui pourroit l’empêcher de jouer, comme les pailles, les pierres, la terre, &c. mais quand c’est les autres, il ne peut plus le faire. La canette s’appelle à Paris Gobille.

CANEVAS. s. m. Grosse toile & serrée dont on se sert pour doubler les pourpoints & les corps-de-jupe, pour les tenir en état. Tela cannabina.

Ce mot vient de cannabaceus, qui a été fait de cannabis. Ménage. À Lyon on appelle encore Marchands Canabassiers, les Marchands de grosse toile. On a dit autrefois Canivatz. Il se trouve dans les Actes de Saint François de Paule, Acta SS. April. Tom. I, p. 151, E.

Canevas. Grosse toile qui sert à couvrir des ballots. Cette toile s’appelle communément serpillière, & non canevas.

Canevas, est une toile grosse, mais fort claire, & tissue fort régulièrement en petits carraux, dont on s sert ordinairement pour faire des ouvrages de tapisserie.

Quoi qu’il en soit, sans autre apprentissage
L’aiguille en main, je me met à l’ouvrage ;
Du canevas' que j’avois en partage
En quatre coups je couvris un quartier ;
Clerc de notaire, ou même Greffier,
En moins de temps n’auroit rempli sa page.

On appelle figurément canevas ☞ les paroles qu’on fait d’abord sur un air, sans avoir égard au sens & pour représenter seulement la mesure & le nombre des syllabes que l’air demande, & qui sert de modèle pour faire d’autres paroles suivies. Faire un canevas sur un air. On le dit aussi des paroles suivies qui se font sur un air, d’après un modèle ou sans modèle.

Canevas se dit encore figurément du premier projet de quelque ouvrage d’esprit, d’un poëme, d’un Roman, &c. Argumentum, materia scribendi. J’ai du Canevas pour dix Sonnets contre les Muses, disoit du Lot. Mezeray a fait le Canevas du Dict. de l’Acad.

CANEVASSIERE. s. & adj. f. C’est une des qualités, ou titres, que l’on donne aux Marchandes Lingères de Paris, par leurs Statuts, & Lettres de Maîtrise.

☞ CANGA. Un des Royaumes de la grande Île Niphon, au Japon, dont la Capitale est Kanasava, assez près de la mer de Corée.

CANGETTE. s. f. Sorte de petite serge qui se fabrique dans quelques endroits de la Basse-Normandie, particulièrement à Caen, d’où cette étoffe a pris son nom.

☞ CANGIANO. Petite ville d’Italie, au Royaume de Naples, dans la Principauté citérieure.

CANGIER. v. a. Vieux mot, changer. Cangeour, Changeur.

CANGÉ. s. m. Eau de riz épaisse. Le déjeuné des prisonniers noirs qui sont dans l’inquisition de Goa, est ordinairement du cangé. Voyages de Detton, tome 2, chap. 71, page 48.

☞ CANGIVOURAN. Ville de la presqu’Île de l’Inde, d’en deçà le Gange, au Royaume de Carnate, aux confins de celui de Gingi.

CANGOXIMA. Nom d’une ville maritime du Japon dans le Royaume de Saxuma. Cangoxima, æ.

CANGOXIMAIN, AINE. s. m. & f. Qui est de Cangoxima. Cangoximanus, a. Quelque bonne disposition qu’il y eut dans l’esprit des Cangoximains au regard de l’Évangile, les nouveaux Edits empêchèrent les idolâtres d’avoir commerce avec les Missionnaires. Bouhours.

CANGRÈNE. Voyez Gangrène.

☞ CANGRI. Petite ville de la Turquie, en Asie, dans la Natolie.

☞ CANGRI (le pays de) contrée de la Natolie au commencement de la côte Méridionale de la Mer Noire. Cangria en est la Capitale.

CANGRIA. Ville de la Turquie en Asie dans la Natolie, dans la Province de Bolli, avec un Archevêché Grec.

CANGUE. s. f. Instrument de supplice en usage à la Chine. Il est composé de deux planches larges & épaisses, pesant jusqu’à 200, livres, & échancrées au milieu. On les joint ensemble après qu’on y a inséré le cou du coupable. Ce supplice est infamant comme le carcan en France. Le P. Duhaldi.

CANI. s. m. Mesure des Malabares aux Indes. Le Raja de Gingy a accordé quatre canis de terre aux Missionnaires François. Je ne sais ce que c’est précisément que cette mesure, mais il paroît qu’elle n’est pas grande.

CANIART. s. m. Autrement Colin, ou Grisart. C’est un oiseau de mer, mais qui selon, Belon, ne fréquente pas la mer Méditerranée comme l’Océan. Il n’est pas plus grand qu’une moyenne oie, quoiqu’il paroisse plus gros, à cause qu’il est chargé de plumes. Le champ de son pennage est gris, & c’est pour cette raison qu’il a été appelé grisart. Ses pieds sont semblables à ceux d’une cane, mais il ne fait pas le plongeon. Sa tête est grosse comme celle d’un aigle royal ; & son bec comme celui d’un plongeon de mer. Il a l’entrée du gosier fort large ; aussi avale-t-il de gros poissons. Sa queue est ronde, & ne passe pas les aîles. Il vole longtemps, & suit les Dauphins, pour recueillir les morceaux de poissons qu’ils laissent sur mer en les dévorant. Lorsque le caniart est sur terre, il court aussi vite que s’il n’avoit pas les pieds plats. Sa chair n’est pas délicate, ni de fort bon goût. Il ne fait pour l’ordinaire que deux petits.

CANICA. s. f. Sorte d’épicerie qui croît dans l’Île de Cuba. C’est une espèce de cannelle sauvage, mais dont le goût approche plus du clou de girofle que de la vraie cannelle. On s’en sert aussi dans la Médecine, où on la substitue à la casse.

CANICHE. s. f. On appelle ainsi la chienne femelle du barbet, parce qu’elle va à l’eau après les canards.

☞ CANICIA. Province ou contrée d’Afrique en Barbarie, entre Alger & Tunis.

☞ CANICIDE. s. m. se dit d’une dissection anatomique des chiens vivans. Drelincourt s’est servi de ce terme dans ses Dix-sept Expériences Anatomiques, dans lesquelles il décrit ses canicides avec tous les phénomènes qui les ont accompagnés. Encyc.

☞ CANICLU. Province de la grande Tartarie, à l’Occident de la province de Tebeth. Son roi est tributaire du grand Kan.

CANICULAIRE. adj. Qui se dit des jours pendant lesquels la Canicule domine, parce qu’elle se lève & se couche avec le soleil, depuis le 24 Juillet jusqu’au 23 Août. Canicularis. On disoit autrefois les jours caniculiers. Camerarius a composé un bel Ouvrage qu’il a intitule les jours caniculaires.

La grande année caniculaire, ou la période sothiæcale, a pour commencement le premier jour du mois. Thoth, ou bien le premier jour de l’année auquel l’étoile du grand Chien paroît à son lever héliaque. Le mot sothis, en langue égyptienne, signifie chien ; ce qui répond au mot grec Αργοκύων ou Σίρος, qui est un mot éthiopien, c’est-à-dire Sirius, selon les Astronomes. La grande année caniculaire, ou la période sothiacale, est l’intervalle de 1460 ans, au bout de laquelle période l’année de Perse recommence au même point de l’année solaire. Dans la Perse on a retenu l’ancienne forme de l’année Egyptienne, d’où il arrive que les Equinoxes ne se trouvent bientôt plus dans le même mots de l’année, mais se répètent successivement dans les autres. Instit. Astronom.p. 601.

CANICULAIRE (porte) ou porte du Chien, c’étoit (selon Festus) une des portes de Rome, où l’on immoloit des Chiens de poil roux à l’étoile caniculaire, pour faire mûrir les blés.

CANICULE. s. f. Constellation qui a deux étoiles. Canicula, caniculæ sidus. L’une est à la tête, de la quatrième grandeur. L’autre est à la ceinture, de la première grandeur. D’autres appellent Canicule, l’étoile seule qui est à la tête du chien. Elle se leve le 16 de Juillet. Quand le Soleil ou Mars se lèvent avec la Canicule, il arrive une chaleur excessive, & les jours caniculaires commencent. On imprima en 1688, un Traité de la Canicule, & des jours caniculaires, où l’on dit, après Hipocrate & Pline, que le 17 de Juillet, que la Canicule se leve, la mer bouillonne, le vin tourne, les chiens entrent en rage, la bile s’augmente & s’irrite, & tous les animaux tombent dans la langueur & dans l’abattement ; que les maladies qu’elle cause le plus ordinairement sont les fièvres ardentes & continues, les dyssenteries, le flux de ventre, la phrénésie, la rage ; que les sains doivent manger moins pendant ce temps-là, & ne rien manger que de bon ; que les malades doivent tempérer par des bouillons rafraichissans, par la saignée, & par la purgation, la bile qui cause leurs maladies. ☞ Combien de rêveries, de chimères qui ne sont encore aujourd’hui que trop accréditées. La canicule & les autres étoiles sont trop éloignées de nous pour produire sur nos corps, ni sur notre système planétaire aucun effet sensible ; nous sommes assez fous pour nous imaginer que la canicule est chaude & les méridionaux la trouvent très-froide. Si la canicule avoit la propriété d’apporter le chaud, ce devroit être plutôt aux habitans de l’Hémisphère méridional, qu’à nous puisque cette étoile est dans l’Hémisphère méridional, de l’autre côté de l’équateur. Il est pourtant certain que les peuples de cet Hémisphère sont alors en hyver. Les Romains étoient si persuadés de la malignité de ses influences, que pour l’appaiser ils lui sacrifioient tous les ans un chien roux. Ce sacrifice s’appeloit canarium. Ils ne préféroient un chien à toute autre victime, qu’à cause de la conformité des noms, ils s’imaginoient que cette étoile choilissoit un chien plutôt qu’un autre animal ; superstition ridicule. Id. Voyez Gassendi.

Les Grecs l’appellent Προκύων, les Latins antecanis, parce qu’elle est proche du grand Chien, mais un peu plus Septentrionale, ou plutôt, parce qu’elle se lève un jour plutôt que le chien. Voyez Chien. Quelques-uns confondent mal-à-propos cet astre avec une étoile fort brillante du grand chien, qu’on appelle Sirius, & que les Grecs appellent, comme celle-ci, Προκύων. Elles sont très-différentes.

Les Egyptiens commençoient leur année au lever de la canicule, & la continuoient jusqu’au lever suivant de la même étoile, ce qui s’appelle annus canarius, l’année de la canicule. Ils disoient que les chèvres appelées Oryges jetoient un cri, ou selon d’autres éternuoient au moment que la canicule se levoit. Les Ethiopiens faisoient le même conte.

Hygin rapporte que la fable disoit que la canicule étoit le chien d’Icare, qui avoit été placé dans le Ciel. On lui faisoit des sacrifices dans l’Ile de Cos où s’étoient retirés les paysans qui tuèrent Icare ; & dans les Cyclades pour détourner la peste.

Canicule signifie aussi le temps dans le quel on suppose communément que domine cette constellation. Durant la canicule, être à la canicule. Acad. Fr.

Le mot canicule vient du Latin canicula, diminutif de canis, qui signifie un petit chien. Pline l’appellle minor canis, &c Vitruve canis minusculus. On peut voir sur la canicule le Cælum Astronomico-poeticum de Caæsius. Solin, ch. 32. Pline, Liv. XXIII, ch. 28. Vitrure, Liv, IX, ch.7. Saumaise sur Solin, p. 144, 429, 721.

CANIDE ou CANIVET. s. m. Sorte de perroquet qui se trouve dans les Antilles. Son plumage est très-beau. Il est de la grosseur d’un faisan. Il a sur la tête une toque de plumes d’un rouge vermeil bordée de plumes de couleur de gris de perles.

CANIF. s. m. Petite lame d’acier fort tranchante, garnie d’un petit manche, dont on se sert pour tailler des plumes. Cultellus, scalpellus, scalpellum.

☞ CANIF ou KNIF. Outil de Graveur en bois servant à creuser différentes parties de leurs planches, par exemple, à étrécir des filets que les burins ont laissés trop gros. Encyc.

CANIFICE. s. f. Quelques Droguistes de Province appellent canifice, ce qu’on nomme plus ordinairement, casse en bâton, c’est-à-dire, qui n’est pas mondée.

CANIFICIER ou CASSIER. s. m. Arbre qui porte des siliques, d’où on tire une moelle purgative. Voyez Cassier, c’est la même chose.

CANIGOU. (le) Montagne de France, dans les Pyrénées. Le Canigou est la montagne la plus méridionale des Pyrénées, où se terminent les triangles de la méridienne de Paris. Elle est plus haute que les montagnes d’Auvergne, du Languedoc & des Pyrénées que nous avons observées ; elle est aussi plus proche du bord de la mer, d’où elle se voit, n’en étant éloignée que de dix lieues : la hauteur du Canigou au-dessus de la surface de la mer mesurée en deux manières différentes, a été trouvée de 1440 toises, qui sont un peu moins de trois quarts de lieues de hauteur perpendiculaire. Maraldi. Acad. des Sc. 1703. Mém. p. 236.

CANIN, INE. adj. Qui tient du chien, qui a rapport au Chien. Caninus. On appelle un ris canin, celui qui fait retirer beaucoup les lèvres. Une faim canine, une faim extrême, qu’on ne peut rassasier.

Dent canine, c’est une dent pointue, telle que celle des chiens. Dens caninus. On appelle aussi les dents canines, deux dents pointues qui sont entre les dents tranchantes & les molaires, qu’on appelle aussi dents œillères. Les dents canines sont ainsi appelées, parce qu’elles servent à rompre & à briser les corps durs, ce qui fait que l’on porte ordinairement sous ces dents les os qu’on veut ronger, à peu près comme font les chiens. Il y en a quatre, deux à chaque mâchoire ; elles sont situées auprès des incisives, une de chaque côté. Elles font épaisses, fortes, solides, & emboîtées dans leurs alvéoles comme les incisives, mais plus