Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CANNELURE ou CANELURE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 214).

CANNELURE ou CANELURE. s. f. Cavité ronde qu’on fait dans une colonne, le long d’un pilastre ou d’une autre pièce d’architecture, pour lui servir d’ornement. Striatura. On les appelle autrement striures du latin striges, les plis d’une robe. Il y a des cannelures à côtes ; ce sont celles qui sont séparées par des listels de certaine largeur, qui ont quelquefois des astragales, ou baguettes aux côtés, ou dessous. Des cannelures avec rudentures : ce sont celles qui sont remplies de bâtons, de roseaux, ou de cables, jusqu’au tiers du fût. Des cannelures ornées : ce sont celles qui ont dans la longueur du fut, ou par intervalles, ou depuis le tiers d’enbas, de petites branches ou bouquets de laurier, de lierre, de chêne, ou de fleurons, & autres ornemens qui sortent le plus souvent des roseaux. Des cannelures à vive arrête : ce sont celles qui ne sont point séparées par des côtes : elles sont propres au Dorique. Des cannelures plates : ce sont celles qui sont en manière de pans coupés au nombre de seize, comme l’ébauche d’une colonne Dorique. On peut aussi appeler cannelures plates, celles qui sont creusées carrément en manière de petites fasces, ou demi-bâtons dans les tiers du bas d’un fût. Des cannelures torses : ce sont celles qui tournent en vis, ou en ligne spirale autour du fût d’une colonne. Cannelures de gaine, de terme, de console, sont des cannelures plus étroites par le bas que par le haut.

Cannelure & Cannelures, sont aussi des termes qui s’emploient communément en Botanique dans les descriptions des tiges & des fruits de quelques plantes. Cannelures à côtes, sont celles qui sont séparées entr’elles par des côtes ou plates en dessus, ou arrondies en côte de melon. Cannelures à vive arête, sont celles dont les séparations sont en feuillet vif & tranchant.

Cannelure. s. f. Terme de Conchyliologie. C’est un canal régulier gravé en creux sur la superficie d’une coquille.

Ce mot vient de canal, canalis, parce que la cannelure est en effet un petit canal. De-là vient qu’on trouve dans la basse latinité canalatus, pour dire canelé. Il s’ensuit de-là, si l’étymologie n’est point fausse, qu’il ne faudroit point l’écrire par deux nn, comme fait l’Académie. Du reste, on n’en prononce qu’une en parlant.