Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CANE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 206-208).
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☞ CANE. s. f. Espèce d’oiseau aquatique, qui est la femelle du canard. Anas. La coutume d’Estampes, art. 185°, défend de nourrir des canes dans la ville. la Mare. Traité de la Police, T. I, p. 539.

Ce mot selon Ménage, vient de ano ou anas, dont les Italiens ont fait aussi anitra, & les François canard & canarder.

On dit proverbialement, il n’y a que le bec à ourler, c’est une cane, à ceux qui trouvent de la facilité à faire toutes choses, quoiqu’elles soient difficiles & longues à faire. On dit aussi qu’un homme fait la cane, pour dire, qu’il recule par lâcheté dans les entreprises où il doit montrer du courage. On dit aussi, quand les canes vont au champ, les premières vont devant, à ceux qui demandent trop souvent, quand sera-ce.

Cane d’Inde, Anas Indica. Il y en a de plusieurs espèces différentes. Elles sont plus grosses de moitié que nos canes communes, mais quant à la figure, elles sont presque semblables. Quelques-unes ont la tête rouge comme du sang, & sans plumes, aussi-bien qu’une partie du cou ; excepté que sur le sommet de la tête il y a une crête composée de plumes blanches, qui s’étend tout le long de sa tête, & que la cane élève lors qu’elle s’irrite. Son œil est jaune, & environné d’un cercle noir. Son bec est tout bleu, à l’exception d’une tache noire, qui est à l’extrémité. Elle a tout le devant du cou blanc ; mais l’endroit où le cou se joint au corps, est couvert d’un cercle noir, avec quelques plumes blanches. Ce cercle est étroit à la poitrine, & large du côté du dos. Tout le dessous du ventre est couvert de plumes blanches, & le dessus du corps est brun ; mais le cercle dont nous avons parlé est divisé par une plume blanche par en haut. Les extrémités des ailes & de la queue sont d’un vert luisant, comme celui des mouches cantharides. La peau des jambes est brune, & coupée de petites lignes noires. Ces canes marchent très-lentement, & ont la voix enrouée. Le mâle est plus grand, & ses couleurs sont plus vives & plus diversifiées que celles de la femelle.

D’autres ont la tête blanche & le bec, les cuisses, la queue, & les plus grandes pennes des aîles noires, tout le reste du corps est roux. Il y a néanmoins dans les aîles des parties blanchâtres, & dans celles du mâle, un peu de rouge & de vert. Le haut du cou est environné d’une ligne noire fort étroite.

D’autres ont le corps couvert de toutes parts de plumes noires, excepté quelques plumes blanches qui descendent en long sur les plumes de la tête, du cou, & de la poitrine, sans qu’il en paroisse sur le reste du corps ; mais leurs jambes, le haut du bec, & le tubercule qui est dessus, sont d’un rouge très-éclatant.

Cane du Levant, appelée en Latin Anas Circia. Cette espèce de Cane est très-petite, & approchant de la taille d’un plongeon. Tout son corps est beau. Son bec, comme aux canes ordinaires, est brun, aussi-bien que ses pieds. Son cou est long d’une paume. Le reste de son corps n’est que de la longueur de six doigts. Aldrovand fait la description d’une femelle qui avoit des taches sur le ventre. Le mâle a de très-belles couleurs, & beaucoup plus éclatantes que celles de la femelle.

Cane de mer. Anas marina. Oiseau de couleur tannée, avec un collier blanc autour du cou. La cane de mer est de taille moyenne entre l’oie & la cane commune. Son bec est noir, longuet, approchant de celui du pélican, & n’est pas large comme celui de l’oie, de la cane & du morillon, mais pointu comme celui de la piette. Sa tête & son cou, jusqu’au dessous de l’estomac, sont beaucoup plus noirs que son dos & ses ailes. Les deux côtés de ses cuisses sont madrés ; sa queue est blanche par-dessous, & ses jambes noires. Toutes ses façons de faire sont fort semblables à celles de l’oie ; mais elle ne se plaît aucunement dans l’eau douce, & c’est pour cette raison qu’on la nomme cane de mer.

Cane à tête rousse. Anas rusa. C’est une petite cane semblable à un morillon. Elle a la tête rousse mais sa poitrine & le dessous de sa gorge sont noirs ; tout le reste de son corps est de couleur plombée. Son bec, ses jambes & ses pieds sont noirs, & bien ressemblans à ceux d’une cane. Ses yeux sont rouges : sa taille est de même que celle de la cane commune.

Cane nommée Pénélope : le mâle est de la grandeur du canard ou environ ; mais il n’est pas si gros. Son bec est gros & large ; le dessous en est noir & le dessus de couleur plombée obscure. Il est courbé par l’extrémité, & à une tache noire. L’on voit depuis le bec jusque sur le haut de sa tête, une couleur rouge, qui tire sur le jaune. Tout le reste de la tête, & la plus grande partie du cou, sont de couleur de dattes mêlé d’un peu de noir sous la gorge. Ce qui est entre le cou & le dos est diversifié de lignes noires, & blanches. La poitrine & le ventre sont blanchâtres, les aîles sont diversifiées de couleurs différentes, car les petites plumes dont elles sont revêtues sont brunes. Il y a une tache blanche qui occupe la moitié des aîles, & qui s’étend bien loin. Les grandes plumes sont noirâtres, & très-longues. Proche de la tache l’on voit une ligne verte assez large. Sa queue est très-courte, & composée de plumes en partie noires, & en partie brunes & verdâtres. Ses cuisses sont blanchâtres & traversées de lignes cendrées fort menues. Ses Jambes & ses pieds sont de couleur plombée, & les membranes qui joignent les doigts sont brunes.

La femelle est entièrement semblable au mâle, sinon que la tache blanche des aîles est moins remarquable en la femelle, & paroît comme d’un gris brun.

Il y a une cane sauvage brune, Anas fera fusca, qui n’est pas si grande que la précédente, mais qui approche beaucoup de son espèce. Elle est moins colorée, particulièrement aux aîles & aux pieds, dont la membrane est noire. Ses aîles sont composées de noir & de blanc. Son bec est d’un noir cendré ; ses yeux jaunâtres ; sa tête & la plus grande partie de son cou d’une couleur de châtain, qui tire sur le brun ; le bas du cou par-devant noir, par-derrière comme la tête ; les côtés en sont cendrés. La poitrine & le ventre sont noirs en partie, tirant aussi sur le cendré ; le reste brun. Le dos & la queue noirâtres ; les jambes & les doigts des pieds de couleur d’eau un peu blanchâtre ; les membranes dont ils sont joints, noires.

Cane mouche. Anas muscaria. Espèce de canes, ainsi nommées, parce qu’elles prennent les mouches qui voltigent sur les eaux. Elles sont plus petites que les communes, & ont le bec large & pointu ; le dessus est presque tout Jaune, & de la longueur de deux travers de doigt. Il est dentelé de part & d’autre comme une scie. Les dents de la cane mouche sont flexibles & membraneuses : celles d’en-bas sont plus petites que celles d’enhaut. La couleur du pennage approche de celle de la perdrix. Ses pieds sont jaunâtres, & les doigts en sont joints par des membranes noires. Son cou est diversifié dessus & dessous de la même manière que le pennage. Le sommet de la tête est plus noir que les autres parties : la même couleur règne sur les aîles. Sa queue est très-courte.

Cane de Guinée. (Grosse) Cette cane est court-jointée. Le mâle a la tête plus grande que la femelle. Leurs couleurs sont très-différentes, & elles n’ont point de pennage constant : communément elles sont noires, & mêlées d’autres couleurs diverses. Leur bec est crochu par le bout, court & large. Elles ont une crête ou tubérosité rouge entre les deux yeux sur la tête, qui est grosse comme une cerise ; & autour de leurs yeux elles ont du même rouge, qui paroît comme si c’étoit du cuir.

Cane haute sur ses jambes. Anas altis ou longis cruribus. Son bec est aigu, partie noir, & partie rouge : son cou environné d’un cercle blanc. Le derrière est d’un cendré blanchâtre. Son ventre est blanc, ses aîles très-larges. Les quatre dernières grandes pennes sont noires de part & d’autre, celles du milieu blanches, les autres noires, & ont les extrémités blanches ; hormis un peu de noir qu’elle a par en-haut. Ses jambes sont menues & plus hautes que celles des autres ; ses pieds & leurs membranes sont blancs.

Cane du Caire. Anas Cairina. L’on voit au Caire des canes qui sont beaucoup plus grosses que les nôtres. Le mâle, plus gros encore que la femelle, a son bec fort gros, proche de la tête, & un tubercule ; il finit en pointe insensiblement, & est courbé par le bout, comme celui d’un coq. Il est tout noir, excepté à l’extrémité où il a une tache rouge assez grande, & une petite par en-haut qui est d’un rouge plus pâle. Sa tête est noire & huppée. Le commencement de sa gorge est taché de petites marques blanchâtres. Ses yeux sont jaunes & traversés de quantité de petites veines très-rouges. La plus grande partie de son pennage est noir. Les plumes de son dos sont noires au commencement & au milieu, & vertes à la fin. L’on aperçoit aussi dans ses aîles & dans sa queue quelques plumes verdâtres & une ou deux blanches, qui composent une tache. Ses jambes & ses pieds, qui sont robustes, sont châtains.

La femelle est plus petite que le mâle, & a le bec moins élevé. Il y a sur le haut une ligne blanche & rouge, qui est assez large, & la tache qui est rouge au mâle, est cendrée à la femelle, & mêlée toutefois d’un peu de rouge. Le reste de son bec est d’un noir cendré, hormis deux taches blanches faites comme un C. Sa tête est noire & sans huppe. Sa poitrine l’est pareillement ; elle est aussi semée de taches blanches. Ses taches sont plus verdâtres que celles du mâle, & elle en a deux blanches. Le reste est entièrement semblable aux mâles.

Il y a encore plusieurs espèces de canes, surtout en Allemagne, qui différent principalement par la grandeur, la grosseur & la figure de leur bec, & la diversité de leurs couleurs : qui n’ont point de noms particuliers, au moins en notre langue.

Cane-Petière. s. f. Ce n’est point un oiseau aquatique, comme le disent les Vocabulistes ; & il n’a aucune ressemblance avec la cane. C’est un oiseau de campagne, une espèce particulière de poule, de la grandeur d’un faisan. On l’appelle aussi cane terrestre. Elle a encore d’autres noms en différens pays. On la nomme en Latin Anas campestris, ou pratensis. Elle court avec tant de vitesse qu’un homme ne la peut suivre. Elle est délicieuse à manger, comme le faisan. Elle se nourrit de toutes sortes de grains, de fourmis, de sauterelles, de mouches, & de froment, lorsqu’il est en herbe. Sa tête est semblable à celle d’une caille, son bec à celui d’une volaille, le tout à proportion de sa grosseur. Elle se plaît dans les plaines, & n’a que trois doigts aux pieds, non plus que l’outarde & le pluvier. La racine de son pennage est rouge comme du sang, ce qui pourroit la faire prendre pour une espèce d’outarde.

On l’appelle cane-petière, parce qu’elle le tapit comme la cane. On dit proverbialement d’un homme soupçonneux, qu’il fait la cane-petière.

CANE, roseau. Voyez Canne.