Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/191-200

Fascicules du tome 2
pages 181 à 190

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 191 à 200

pages 201 à 210


dans la même signification. Denys d’Halycarnasse dit aussi, L. II, que les Etruriens & les Pélagiens appeloient Cadoles ceux que les Romains se son temps nommoient Camilles. Macrob, Liv. III, Saturn. c. 8. Festus, au mot Flaminius, Servius sur le 557e vers du Livre XI, de l’Eneide, Vossius Etymol. & De Idolol. Lib, II, ch. 57, p. 312, Vigenere sur Tite-Live, p. 974. Dans une médaille de Caligula en grand bronze, qui d’un côté représente la piété assise, qui tient de la main droite une patère, dont elle semble verser quelques chose, avec l’inscription. C. caesar aug. Germanicus pm. tr. pot. & au revers un sacrifice devant un Temple. Divo aug. la petite figure qui est à gauche derrière le Prêtre semble être le Camille du Sacrifice.

☞ CAMIN ou CAMMIN. Ville du cercle de la haute Saxe, en Allemagne, dans la Poméranie ultérieure, sur l’embouchure orientale de l’Oder.

☞ CAMINHA. Ville de Portugal, dans la province d’entre Duero & Monho, à l’embouchure de cette dernière.

CAMINI. s. m. En Espagnol, Kerva-Camini. C’est une herbe qui se recueille dans le Paraguay, Province de l’Amérique méridionale. Elle n’est différente de l’herbe qu’on appelle Paraguay, que parce qu’elle est mieux choisie. Voyez Paragay.

CAMINIEK. Voyez Kaminiek.

☞ CAMION. s. m. Terme d’Epinglier. C’est ainsi qu’on appelle une très-petite épingle, telle que celles dont on se sert pour attacher des toiles fines, des dentelles. Brevis ac tenuis acicula.

Camion, se dit aussi d’une espèce de petite charrette ou voiture qui est traînée par un cheval, ou par deux hommes, & qui sert à transporter des balots & marchandises. On s’en sert aussi pour traîner du vin & de la lie. Acetarii propolæ cisolium. Le mot de camion n’est guère connu à Paris, où on se sert plutôt du mot de haquet.

Camion. s. m. ou Rondelle. Nom que l’on donne à la plus petite bosse ou tête de ces chardons dont on se sert dans les Manufactures de lainerie.

CAMIRI. s. m. Fruit des Indes qui pèse environ une once, & diffère peu de la noisette, lorsqu’elle est dépouillée de sa coque verte extérieure : il est rude, plus large dans sa partie supérieure, & se terminant par en bas en une pointe émoussée. Sa coque est épaisse, & presque aussi dure qu’une pierre ; elle contient une amande blanche, qui a à peu près le goût d’une amande douce. Ray, cité par James.

☞ CAMIS. s. f. Idoles qu’adorent les Japonois & principalement les Bonzes ou Ministres de la secte de Xendus. Ces Idoles représentent les plus illustres Seigneurs du Japon, à qui les Bonzes font bâtir de magnifiques Temples, comme à des Dieux qu’ils invoquent, pour obtenir la santé du corps & la victoire sur leurs ennemis. Mor. qui cite Kirker.

CAMISA. s. m. C’est le nom qu’on donne à un morceau de toile de huit à dix pouces de large, sur quatre à cinq pouces de haut, dont les femmes Caraïbes cachent leur nudité, & qui est le seul vêtement qu’elles aient sur le corps, supposé même qu’on puisse donner ce nom au camisa. Les femmes brodent ordinairement leur camisa avec de petits grains de rassade de toutes couleurs, & elles ajoutent au bas une frange aussi de rassade d’envison trois pouce sde hauteur : ce qui rend le camisa carré. Les filles ne prennent le camisa qu’à l’âge de douze ans ou environ. Elles quittent pour lors une ceinture de grosse rassade qu’elles avoient portée jusques-là sur leurs reins, & y substituent le camisa : & dans ce temps-là on leur met au bas des jambes deux petits brodequins de coton ; qui y restent pendant toute leur vie. Quand les filles ont le camisa & les brodequins, on les sépare d’avec les garçons. Voyez le Pere Labat, Tom. II de ses Voyages.

CAMISADE. s. f. Terme de guerre. Attaque qu’on fait la nuit, ou vers la pointe du jour, pour surprendre l’ennemi. Nocturna, antelucana oppugnatio, irruptio. Ce mot de camisade n’est presque plus usité. Le Marquis de Pesciare, bien informé du nombre des troupes que Bayard avoit avec lui, résolut de lui donner une Camisade. Il sortit la nuit de Milan avec six à sept mille hommes de pied, & cinq cens gens-darmes, à qui il fit mettre une chemise pardessus leurs armes, afin que dans les ténèbres ils se reconnussent. C’est de cette manière de faire prendre aux soldats des chemises par-dessus leurs habits en de telles occasion, & qui étoit en ce temps assez à la mode, qu’est venu le nom de camisade. P. Daniel, dans François I. T. III. p. 147. On trouve dans des Auteurs anciens, dresser une camisade, une camisade heureuse, qui réussit bien.

CAMISARD, ARDE. s. m. & f. Calviniste rebelle des Cévennes ; Huguenot fanatique des Cévennes. Calvinianus è Cebennis, fanaticus ab rebellis. Les Calvinistes des Cévennes, qui trompés par les prétendues prophéties, ou plutôt par les impostures de Jurieu, & à ce que l’on a dit, par les artifices & les promesses du Prince d’Orange, s’imaginerent sottement, ou feignirent d’être Prophètes, & souleverent les Huguenots des Cévennes, formerent pendant la guerre de 1688, & des années suivantes une espèce de faction que l’on appela les Camisards. M. de Brueys & d’autres ont écrit la ridicule Histoire de ces Prophètes fanatiques, & de ces brigands, & les affreuses cruautés que les Camisards exercerent sur quelques Catholiques, principalement Prêtres & Religieux.

Un de nos Poëtes modernes comparé avec Pindare, est comme une sœur Camisarde comparée avec la Sibylle de Virgile : les convulsions, les grimaces à l’extérieur s’y trouvent, mais il n’y a rien de cette impulsion divine, qui élève l’esprit au-dessus de lui même, & lui fournit une éloquence plus qu’humaine. Spect.

Ce mot vient, ou de Camisade, attaque brusque & imprévue, parce que ces rebelles n’en faisoient que de cette sorte, en sortant subitement de leurs montagnes ; ou de camise, qui se fit dans ces Pays-là pour chemise ; & ils auroient été ainsi nommés, parce qu’ils manquoient de linge, & que c’étoit la chose qu’ils voloient plus volontiers ; ou bien parce qu’ils portoient des vestes de toile assez semblables à des chemises. Mais il paroît plus probable que ce nom vient de camis, qui signifie grands chemins, routes battues, que ces brigands infestoient. Ainsi Camisard signifie brigand, voleur de grand chemin.

CAMISOLE. s. f. C’est la même chose qu’une chemisette. Petit vêtement qu’on met la nuit, ou pendant le jour, entre la chemise & la veste, pour être plus chaudement. Il ne va d’ordinaire que jusqu’à la ceinture. Thorax interior. Il s’en fait de toile, de futaine, de coton, de ratine, de chamois, de soie, d’ouate, &c.

☞ CAMMNAH. Petite province de Guinée, sur la côte d’or.

☞ CAMMART. Ancienne ville d’Afrique, au Royaume de Tunis, à trois lieurs de Tunis, & assez près des ruines de l’ancienne Carthage.

CAMMARUM, Cammorum, ou Camarum. C’est une espèce de chevrette du genre des crabes. Dans l’Exegesis de Galien κάμμορον signifie un animal semblable à la chevrette, & un aconit qui a sa racine semblable à cet animal. Voyez le Dict. de James.

☞ CAMME. s. f. C’est ainsi qu’on appelle dans les grosses forges & dans plusieurs autres usines, des éminences pratiquées à la surface d’un arbre, qui tournant sur lui-même, par le moyen d’une grande roue & d’une chute d’eau, fait lever, ou des pilons ou des souflets auxquels on a pratiqué d’autres éminences que les Cammes rencontrent. Encyc.

CAMOIARD. s. m. Espèce d’étoffe faite de poil de chevre sauvage. Mén. Pannus è villo textus.

CAMOMILLE. s. f. Terme de Botanique. Chamæmelum. Plante ainsi appelée à cause que quelques-unes de ses espèces ont une odeur qui approche de celle de la pomme. Chamæmelum quasi humile malum. On distingue la camomille en celle qui a une odeur aromatique agréable, & qu’on nomme camomille Romaine ou véritable camomille, & celle qui n’est point d’une bonne odeur, & qu’on appelle maroute ou camomille puante. La camomille Romaine, Chamæmelum Romanum, nobile, odora tum, & leucanthemum odoratius, a ses racines fibreuses & chevelues, d’où partent quelques tiges, menues, cannelées, velues, & plus souvent couchées sur terre, longues environ d’un pied, & qui donnent dans une partie de leurs longueurs plusieurs fibres ou racines qui se plongent en terre & servent à multiplier ou à étendre cette plante. Ses feuilles sont comme aîlées & composées de plusieurs pinnules ou segmens fort courts, fort découpées & finement, & elles sont vertes, quelquefois blanchâtres, d’une odeur de drogue qui n’est point si désagréable, & sont attachées assez près les unes des autres, aux tiges, dont l’extrémité est terminée par une fleur radiée, composées de fleurs jaune-pâle dans son centre, & de demi-fleurons blancs dans sa circonférence. Le calice qui soutient cet amas de fleurons & de demi fleurons, est écailleurs. Ses semences sont menues, oblongues, nues, & sans aigrettes. Cette espèce de camomille se trouve quelquefois à fleurs doubles ; c’est-à-dire, que ses fleurons s’allongent & changent de couleur. On la cultive dans les jardins. La camomille Romaine est commune à la campagne, où elle change un peu de figure, suivant que le terrain dans lequel elle naît, est plus ou moins humide, ou exposé aux rayons du soleil. Mais son odeur & la découpure de ses feuilles la font assez reconnoître. On fait en Médecine un grand usage de ses fleurs qui sont résolutives, carminatives, apéritives &é fébrifuges. On l’emploie en fomentation, en cataplasme, pour dissiper les tumeurs aqueuses & venteuses, en décoction dans les lavemens, pour la colique ; & la poudre est un fébrifuge usité dans plusieurs endroits. La camomille puante, ou la maroutte, a des racines fibreuses, blanchâtres, & chevelues : elle donne une tige, quelquefois plusieurs, hautes d’un pied, menues, tant soit peu velues, garnies de feuilles alternes, découpées en plusieurs segmens, déchiquetés fort menu, lisses, épaisses, pleines de suc d’une odeur fétide, & d’un vert pâle. Des aisselles sortent des branches chargées de pareilles feuilles, & terminée par une fleur radiée comme la précédente, & qui n’en diffère que par ses demi-fleurons qui sont plus amples, & par son odeur désagréable. On se sert de la maroutte pour appaiser les douleurs des hémorroïdes.

☞ CAMON. Il y avoit deux Villes de ce nom dans la Palestine, l’une en deçà du Jourdain, dans le grand champ, l’autre au delà du Jourdain, dans le pays de Galaad.

☞ CAMONICA, ou val CAMONICA. Petit pays de l’Etat de Venise en Italie, dans le Bressan, aux confins de la Valteline. C’est un passage fort fréquenté de Suisse en Italie.

CAMOUFLET, s. m. Fumée qu’on souffle au nez d’un homme qui sommeille, par le moyen d’un cornet de papier allumé par un bout. Fumi in os inspiratio, insufflatio. Donner un camouflet. On disoit autrefois chaumouflet.

Borel dérive ce mot de mufle, parce que c’est une fumée épaisse qu’on souffle dans les narines, pour éveiller les gens endormis.

Camouflet, terme de guerre ; donner un Camouflet, c’est chercher à étouffer le mineur ennemi dans sa galerie.

Le Camouflet se donne de différentes façons en voici une assez usitée. Le mineur ou contre-mineur (car l’un & l’autre le pratique pour se défaire de son ennemi) perce la terre avec sa tarière, fait couler dans le trou une sarbacane ou canon de fusil ouvert par les deux bouts, dans l’intérieur duquel il a eu soin de mettre une composition de souffre, de poudre, &c. y ayant mis le feu, il souffle la fumée contre son adversaire, pour l’étouffer.

Camouflet se dit figurément d’un affront, d’une mortification que l’on reçoit. Il a reçu un vilain camouflet. Acad. Fr. Donner un camouflet à quelqu’un, se dit pour, lui faire quelques tours, lui jouer une pièce, lui faire une repartie vive & piquante. Il ne se dit que dans le discours familier. Richesource a intitulé un de ses livres : le Camouflet des auteurs.

CAMP. s. m. Terrain où une armée s’arrête, se retranche, ou plante le piquet pour se loger en ordre. Castra. Il est quelquefois couvert d’un retranchement, quelquefois il se défend par le seul avantage du poste. On a fait aussi des fermetures de camp avec des chevaux de frise accrochés ensemble, comme faisoit le vieux Prince d’Orange, ainsi que témoigne Jean Errard. La tête du camp est le terrain qui fait face vers la campagne, où l’on monte le bivouac. Rhoë, en décrivant le camp du Mogol, dit qu’il a bien vingt mille d’Angleterre de circuit, & enferme plus d’espace que la plus grande ville de l’Europe ; qu’il est composé de huit cents mille hommes, & de quarante mille éléphans ; que toutes ses tentes sont dressées en quatre heures.

☞ On dit figurément, l’alarme est au camp, quand on craint quelque malheur ou quelque disgrace.

Aide de Camp. Voyez Aide. Maréchal de Camp. Voyez Maréchal.

Camp volant, est une petite armée composée de Cavalerie ou de Dragons ; on y joint quelquefois de l’Infanterie. Cette petite armée tient la campagne, & fait de continuels mouvemens pour surprendre quelques places de l’ennemi, ou le tenir en haleine, & l’empêcher de s’attacher à quelque entreprise. Expedita manus.

Camp, se prend quelquefois pour l’armée campée. Exercitus. Le camp est tranquille : tout le camp fut alarmé.

☞ On dit asseoir son camp, se poster. castra constituere, facere, locare, imponere, metari, ponere. Poser son camp en face d’un autre. Castra castris conferre, convertere. Faire des lignes autour de son camp. Castra vallo cingere. Faire la ronde autour du camp. Adequitare castra. Demeure ferme dans son camp. Insistere castris. Le ver le camp, changer de poste. Movere castra.

Camp, se dit aussi d’un lieu fermé de barrières, où combattoient les anciens Chevaliers dans les joutes & tournois. Arena. Il fut mis hors du camp. Il entra dans le camp. Juge du camp. Demander le camp.

Camp Prétorien, étoit chez les Romains une grande enceinte de bâtimens pour loger des soldats de la garde. Castra Prætoriana.

Les Siamois, & quelques autres peuples des Indes Orientales, appellent des camps, les quartiers qu’ils assignent aux nations étrangères qui viennent faire commerce chez eux.

CAMPAGNARD, ARDE. adf. & s. Celui qui vit ordinairement à la campagne. Ruri habitans, ruris cola.

☞ On le dit aussi avec une espèce de mépris, d’un homme qui n’a pas les manières & la politesse qu’on acquiert dans le grand monde. C’est un campagnard. Rien de plus ennuyeux qu’un campagnard. On connoît bientôt à Paris les Gentilshommes campagnards. On y raille fort les Dames campagnardes. Boileau donne une idée des campagnards, lorsqu’il dit :

Là je trouvai d’abord pour toute connoissance,
Deux nobles campagnards, grands lecteurs de Romans,
Qui m’ont dit tout Cyrus dans leurs long complimens.

Dans cette acception, on dit qu’un homme a l’air campagnard, qu’il a les manières campagnardes ; & dans ces phrases ce mot est adjectif. Acad. Fran.

☞ CAMPAGNE. s. f. Grande étendue de pays plat & découvert, où il n’y a ni villes, ni montagnes ni forêts qui bornent la vue. En ce sens, on dit une campagne de deux & de trois lieues. Mais comme le mot plaine est moins équivoque, je crois qu’il vaudroit mieux s’en servir dans cette signification. On dit aussi en rase campagne. Campus, Camporum patientum æquor.

Campagne se dit aussi d’une terre qui est propre à être labourée & cultivée, quoique le terrain ne soit pas toujours uni & découvert ; dans ce sens on dit les campagnes de Beauce, du pays de Caux, sont fertiles en blé. Campus, ager.

On dit que la campagne est belle, pour dire, que la terre est bien couverte, que l’on a espérance d’une grande récolte.

Campagne se dit aussi de tout ce qui est hors des villes. Rus. Ce bourgeois est allé à sa maison de campagne. On lui a ordonné de prendre l’air de la campagne. On ne peut placer ailleurs qu’à la campagne la scêne d’une vie tranquille. Fonten. Si l’idée qu’on se fait de la vie pastorale est agréable, c’est qu’elle ne tombe pas précisément sur le ménage de la campagne ; mais sur le peu de soin dont on y est chargé, sur l’oisiveté dont on y jouit, & sur le peu qu’il en coûte pour y être heureux. Id. Ce grand homme n’a point forcé la nature & les élémens pour embellir sa solitude ; il n’a cherché dans sa retraite que les pures délices de la campagne. Flech. Un noble de campagne est un Gentilhomme qui demeure hors des villes. Un habit de campagne est un gros habit de fatigue qu’on porte aux champs.

Campagne, se dit aussi de quelques lieux particulier. Campagne, Campania, est un petit pays du Duché de Milan. C’est la partie orientale du territoire de Pavie. Campagne, est encore le nom d’une ville du Royaume de Naples, dans la Principauté citérieure, à quatre lieues au Midi de Conza, dont son Evêque est suffragant. La Campagne de Rome, Latium, est une Province de l’Etat Ecclésiastique, bornée au Levant par le Royaume de Naples ; le Teveronne au Nord, & le Tibre au Couchant la séparent, l’une de la terre Sabine, & l’autre de la province appelée le patrimoine de S. Pierre : Rome en est la Capitale. L’air y est fort grossier, & le territoire peu cultivé, faute d’habitans. Le Pape établit, il y a quelques années, une Congrégation pour chercher les moyens de rendre ce pays plus habitable & de le cultiver ; mais ces soins n’ont point eu d’effet. Le nom de la Province de Champagne en France, est aussi la même chose, & il a été donné à tous ces lieux, parce que ce sont des plaines & des Campagnes. Campanie, Province du Royaume de Naples, est encore la même chose ; & tous ces mots sont formés du Latin Campania qui a le même sens.

Campagne, en termes de Guerre, est le temps de chaque année l’on peut tenir les troupes en corps d’armée. Castra æstiva. Les Allemands commencent leur campagne fort tard, & attendent la récolte. Les François la commencent de bonne heure & la finissent tard. En ce sens, on le dit aussi pour désigner une certaine année où l’on a fait quelque notable exploit de guerre. La campagne de Lille. La campagne de Cambrai. On a fait une heureuse campagne. On le dit aussi dans la Marine. Faire une campagne sur mer.

Campagne, signifie aussi les années qu’un Officier, ou qu’un soldat a servi. Stipendium. Cet Officier a fait quinze campagnes ; c’est-à-dire, est dans le service depuis quinze ans. Ce soldat est à sa première campagne, il commence à porter les armes.

On dit aussi, mettre en campagne ; pour dire, faire sortir les troupes des garnisons pour les mettre en corps d’armée. Copias educere. Tenir la campagne, être maître de la campagne ; pour dire, être maître du pays, faire retirer les ennemis dans leurs garnisons. Vagari, vias obsidere.

Battre la campagne se dit des chasseurs qui tiennent un grand espace d’une plaine pour en faire lever le gibier. On le dit aussi des batteurs d’estrade, qui vont aux nouvelles pour découvrir les ennemis.

On dit figurément qu’un Auteur bat la campagne, quand il dit beaucoup de choses inutiles, qui ne viennent point à son sujet. Extra rem vagari, à proposito deflectere.

On appelle une pièce de campagne, un canon de médiocre grosseur, qui peut aisément suivre l’armée dans sa marche, qui sert dans les batailles, à la tête d’un camp. Tormentum campestre.

On dit encore qu’on a mis tous ses amis en campagne pour faire une telle affaire ; pour dire, qu’on a employé tous ses amis, qu’on les a envoyés deçà & delà pour la faire réussir. Uti omnium amocorum operâ atque diligentiâ ad rem aliquam : qu’on a mis des Sergens en campagne pour prendre un criminel, &c. qu’on a mis bien des gens en campagne, des espions en campagne, pour découvrir des nouvelles de quelque chose.

On dit aussi d’un homme prompt & colère, que, quand on lui dit quelque chose qui ne lui plaît pas, aussitôt il se met en campagne ; pour dire qu’il s’échappe, qu’il s’emporte.

On appelle à la Bassette & au Pharaon, paroli de campagne, un paroli que quelqu’un marque en fraude, sans que sa carte soit venue en gain. Les Joueuses de profession sont sujettes à faire des parolis de campagne.

CAMPANAIRE ou CAMPANALLE. adj. Terme de Fondeur de cloche, qui n’est en usage que lorsqu’on parle de l’échelle campanaire ou campanalle, qui est une règle pour les dimensions des cloches, pour régler leur hauteur, diamètre, épaisseur, & afin qu’elles aient un certain son.

CAMPANE. s. f. Crépine de fil d’or, ou d’argent, ou de soie, qui se termine en petites houppes façonnées, & qui représentent une cloche. Campanula ex auro vel argento textili. On en met aux pentes du lit, aux impériales de carrosses, & autres endroits où l’on veut mettre de riches crépines.

On se sert de ce terme en Botanique, pour décrire certaines découpures des feuilles & des fleurs qui approchent de la figure de ces ornemens.

Ce mot vient du Latin campana, qui veut dire cloche.

Campane est aussi un ornement de Sculpture, d’où pendent des houppes en forme de petites cloches. Campanula operis sculptilis. On met ces sortes d’ornemens à un dais d’autel, de trône, ou de chaire de Prédicateur.

Campane, en termes d’Architecture, signifie aussi le chapiteau corinthien, ou composite, qui représente un panier ou une corbeille entourée de feuilles. Capitulum corinchiacum, vel compositum, abacus. Les ouvriers l’appellent tambour, ou vase, au-dessus duquel il y a un abaque, ou tailloir. On l’a nommé campane, parce qu’il ressemble à une cloche renversée. Il se dit aussi de certains petits ornemens ronds, qui sont comme de petits cones, & qu’on appelle autrement larmes ou gouttes. Campane de comble, est encore un ornemens de plomb chantourné & évidé, qu’on met au bas du faîte & du brisis de comble.

Campane ou Campanule jaune. Bulbocodium vulgatius. La campane jaune est une espèce de narcisse sauvage, ou une plante haute d’environ demi-pied. Ses feuilles sont longues, étroites : sa tige porte en son sommet une belle fleur à une seule feuilles évasée en campane, pâle, soutenue par un calice jaune, doré, luisant, enveloppé d’une gaîne membraneuse, & entouré de six feuilles pointues, pâles. Quand cette fleur est passée, le calice devient un fruit rond & relevé de trois coins, lequel est divisé intérieurement en trois loges contenant des semences presque rondes & noires. Sa racine est bulbeuse, visqueuse au toucher & au goût, avec quelque douceur mêlée d’un peu d’acrimonie. Cette plante croît aux bords des champs, dans les prés, aux lieux humides, dans les bois, dans les jardins. Elle contient beaucoup d’huile & de l’essentiel. Voyez le Dict. de James.

Campanelle. s. f. Petite cloche, clochette. Campanula. Ce mot n’est pas usité.

CAMPANETTE. Nom de fleur, ainsi appelée, parce qu’elle a la figure d’une campane. C’est la fleur du narcisse. Voyez Narcisse.

CAMPANIE. Nom ancien d’une Province d’Italie, qu’on appelle aujourd’hui terre de labour. C’est le pays d’Italie le plus beau, le plus fertile & le plus délicieux ; &, si l’on en croit Ciceron dans sa première Oraison, de lege agraria, n. 75, le plus agréable pays du monde. Denis d’Halicarnasse, Pline, L. III, C. 5, Florus, L. I, C. 16, Tacite, Hist. L. I, C. 2, Mela, L. II, C. 4, Solin, C. 8, & généralement tous les Anciens qui parlent de la Campanie, en louent la beauté & la fertilité. Sa capitale étoit Capoue. Quelques-uns prétendent qu’elle ne prit point son nom de la beauté de ses campagnes, mais du nom des habitans de Capoue, qui s’appeloient Campani. Pour la distinguer de la Campagne de Rome, on la nomma l’ancienne, ou l’heureuse Campanie. Leander lui donne pour bornes au couchant le Garigliano, Liris, à l’orient le Selo, Silarus, & une partie du territoire des Samnites, au Septentrion les montagnes des Samnites, qui font une partie de l’Apennin ; au midi la mer de Toscane. Voyez cet Auteur dans sa Description de l’Italie, & Cluvier, L. IV. Vigenere, sur César & sur Tite-Live au mot Campania, ou Campanie, lui donne les mêmes limites ; ou autrement il dit qu’elle s’étendoit le long de la mer depuis Gaïete jusqu’à Salerne, & que du côté de la terre elle étoit bornée du Latium, des Samnites qui est à l’Abruzze, & d’un des coins de la Pouille. Le même Auteur sur Tite-Live, t. I. p. 1759, montre qu’on est obligé de se servir de ce mot en notre langue, quand on parle de l’antiquité, de peur d’équivoque, parce qu’aujourd’hui ce qu’on appelle en Italie Campagne, est fort différent de ce que les Romains appeloient Campania. On l’a aussi appelée l’ancienne Campanie, à la différence de la Campagne de Rome. Ce furent les délices de la Campanie, qui amollirent Annibal & son armée, & qui lui firent perdre tout le fruit de ses victoires.

CAMPANIEN, ENNE, ou CAMPANOIS, OISE. s. m. & f. Campanus, a. Habitant de la Campanie. On trouve ces deux noms dans nos Auteurs un peu anciens : on trouve même Campanois adjectif. Le terroir Campanois, pour dire, le territoire de la Campanie. Aujourd’hui on éviteroit ces mots.

CAMPANIER. s. m. Vieux mot. Sonneur. Du Latin Campanarius, comme de Campana, cloche, on a fait Campane, qui ce trouve en ce sens-là dans Monet, mais qui est aujourd’hui hors d’usage. Il y en a dans Rabelais un bel exemple, rapporté sous le mot Remotis. Pour Campanier, répété plusieurs fois dans le XIVe chap. de la troisième partie du Roman comique, c’est apparemment un mot de Province. A le prendre à la lettre, ce nom conviendroit mieux à celui qui fait ou qui vend les cloches, qu’à celui qui les sonne.

☞ CAMPANIFORME. adj. Terme de Botanique, qui se dit des fleurs & des fruits qui approchent de la figure d’une cloche. Campaniformis. Voyez Cloche en Botanique.

CAMPANILE. s. m. Terme d’Architecture. Campanile. On appelle ainsi une tour d’Eglise. Jean de Pise bâtis le Campanile de l’Eglise Cathédrale de Pistoye. Félib. Taddeo Gaddi bâtit à Florence une grande partie du Campanile de Sainte Marie del Fiore sur le modèle que Giotto en avoit laissé. Id.

Campanile. s. f. Dans le Dictionnaire de l’Academie Françoise, c’est en termes d’Architecture, la partie supérieure d’un dôme.

CAMPANINI. s. m. Sorte de marbre qui se trouve dans les montagnes de Carrare, où il y en a de noirs, d’autres tirant sur le gris, d’autres mêlés de rouge, & d’autres qui ont des veines grises. Celui que les Italiens appellent Campanini a reçu ce nom à cause qu’il raisonne quand on le travaille, & rend un son fort aigu, en quoi il ressemble à une cloche. Il est naturellement dur, & s’éclate plus aisément que les autres.

CAMPANULE. s. f. Terme de Botanique. Campanula. Nom qu’on a donné à un genre de plante qui a ses fleurs d’une seule pièce, taillée en campane ou en clochette découpée sur les bords, tantôt purpurine, le plus souvent bleuâtre, quelquefois toute blanche, d’autrefois cendrée. Le calice de ces fleurs devient un fruit membraneux, divisé en trois ou plusieurs cellules remplies d’une semence le plus souvent menue, & qui s’échappe par des ouvertures qui sont au haut du fruit, & qui répondent à chaque cellule. Il y a plusieurs espèces de Campanule, comme on le peut voir dans les instituts de M. de Tournefort, parmi lesquelles il y en a certaines qui ont leurs feuilles semblables à celles d’ortie, & on le nommoit autrefois les gantelées ou gants de Notre-Dame, Campanula foliis urticæ, & les autres s’appeloient des herbes aux clochettes. L’espèce qu’on nomme Campanula radice esculentâ, étoit appelée Raiponce, Rapunculum. On mange les racines en salade. Elles ont un goût agréable, & qui tient du Raifort. On cultive dans les jardins plusieurs espèces de Campanules, par rapport à la figure & à la couleur de leurs fleurs, ou parce qu’elles sont doubles. Toute la plante a ordinairement un goût piquant, & donne du lait lorsqu’on la coupe.

Campanule jaune. Voyez Campane jaune.

CAMPATOIS. s. m. Secte d’Hérétiques, qui s’élevèrent contre l’Eglise dans le IVe siècle. Leur doctrine étoit la même que celle des Donatistes & des Circoncellions. Ils sont appelés Montois par Saint Jerôme, dans ce qu’il a écrit contre les Lucifériens.

CAMPÉ. s. m. Hésiode dit que le Tartare étoit gardé par Campé, que Jupiter tua de sa propre main, lorqu’il en retira ses oncles, les Titans. On ne sais quelle espéce d’être étoit ce Campé.

CAMPE. s. m. Sorte de droguet croisé & drapé, qui se fabrique à la Chateigneraye, S. Pierre du Chemin, & autres lieux de Poitou.

CAMPÊCHE. Petite ville de l’Amérique méridionale, dans la Province d’Ucatan, & de l’Audience du Méxique. Capecum. On l’appelle aussi San Francisco de Campêche parce que son Eglise est dédiée à S. François. Campêche étoit autrefois l’échelle de toute l’Amérique, pour le trafic du bois de teinture. Les Espagnols le coupoient alors auprès d’une rivière qu’on appelle Champeton, à dix ou douze lieues de la ville de Campêche, au sud de cette place dans un terrein haut & pierreux. C’est de-là que le bois de teinture fut appelé bois de Campêche.

Le bois de Campêche est un arbre d’Amérique, qui ne croît pas fort haut ; les feuilles en sont petites, & ressemblent assez à celles du trefle. Lettres édifiantes & curieuses, tome XI, p. 128. D’autres disent qu’il est assez semblable à nos aubépins, mais plus gros ; que l’écorce des jeunes branches est blanche & polie ; qu’elle a quelques pointes qui en sortent ; que le corps & les vieilles branches sont noirâtres ; que l’écorce en est plus raboteuse, & qu’il y a peu de piquans. Le cœur de l’arbre est rouge, & c’est ce qui sert pour la teinture. Quelque temps après qu’il a été coupé, il devient noir, & si on le met dans l’eau, il la teint en noir, & on peut s’en servir pour écrire. Ce bois est extrêmement pesant ; il brûle très-bien, & fait un feu clair & de longue durée.

CAMPEMENT. s. m. L’action de camper, & le camp même. Castrorum metatio. La grande science d’un Général, c’est de bien savoir ses campemens. Les bons campemens doivent avoir la commodité des eaux & des fourrages, & les facilités de se couvrir & de se retrancher.

☞ CAMPEN. Ville des Pays-Bas, dans la Province d’Over-Issel, près de l’embouchure de l’embouchure de l’Issel, à cinq lieues de Deventer. Campi & campena.

CAMPENSES. s. m. pl. Qui s’est dit dans le IV siècle des Catholiques d’Antioche de la communion de S. Méléce. Campenses. Ce nom est Latin & signifie qui est dans la campagne, Campagnard ; mais il convient peu, & l’on ne sait comment traduire en François Campenses ; de sorte que nos Auteurs conservent le mot Latin. On les appelle aussi Campites. Les Catholiques de la communion de S. Méléce avoient été chassés de leurs Eglises ; ils s’assembloient donc auprès de la montagne voisine d’Antioche. Toutefois on envoya des soldats pour les en chasser, & ils s’assemblèrent au bord de l’Oronte, d’où étant chassés, ils allèrent au champ des exercices & de-là leur vint le nom de Campenses, que leur donnèrent ceux de la communion de Paulin. Fleuri.

Ce mot vient de Campus, champ.

☞ CAMPER. Ville des Indes, dans l’Île de Sumatra près de la ligne, à l’entrée du détroit de Malaca, capitale d’un Royaume qui porte son nom.

☞ CAMPER. v. a. Se dit d’un Général qui distribue son armée en quelque endroit, pour y rester un ou plusieurs jours. Ce Général a Campé son armée devant une telle ville ; s’est Campé avantageusement.

Camper. Est aussi neutre, & se dit de l’armée qui s’arrête en quelque lieu pour y rester un ou plusieurs jours. Castra ponere, collocare, metari. Les Romains campoient toute l’année. Du temps de Papirius, les Romains ne savoient encore ni se poster, ni camper dans aucun ordre : ils apprirent à former leur camp sur celui de Pyrrhus ; auparavant ils avoient toujours campé en confusion. S. Evr. Les deux armées campoient vis-à-vis l’une de l’autre. César alla camper un peu plus loin de)là. Voyez Camp.

Camper se dit encore de ceux qui n’ont point de logis certain, & qui vont coucher aujourd’hui dans une maison & demain dans une autre. Expression familière. Cet homme ne fait que camper.

☞ Se camper, en style de conversation, signifie la même chose que se placer. Se camper dans un fauteuil.

☞ Se camper, signifie aussi se placer d’une certaine manière sur ses pieds. Ce danseur se campe bien.

☞ On le dit aussi chez les maréchaux. Se camper pour uriner, en parlant d’un cheval guéri d’une maladie, où il n’avoit pas la force de se mettre dans la situation ordinaire aux chevaux qui urinent. Encyc.

Se camper bien, se dit au figuré d’une personne qui prend bien ses mesures, qui prévoit tout, qui pourvoit à tout : & dans un sens contraire, on dit qu’elle est mal campée. Bon pour le style familier.

CAMPÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe.

On dit qu’un homme est bien campé sur ses jambes, quand il est dans une posture ferme & assûrée, convenable aux exercices qu’il veut faire, comme de sauter, lutter, de faire des armes. Eximio habitu & statu reco esse. Ce mot & son verbe camper, sont fort en usage chez les maîtres d’armes.

CAMPERCHE. s. f. Les Basse-lissiers, ou ouvriers en tapisseries de basse-lisses, appellent Camperche, une barre de bois qui traverse leur métier & qui soutient les sauteraux, où sont attachées les cordes des lames.

CAMPESTRE. s. m. Habillement des soldats Romains. Campestre. C’étoit, dit Vigenere sur Tite-Live, tom. p. 955, certain brayer, ou tablier ceint auprès du nombril, & pendant jusqu’aux genoux, comme des mariresques amples & courtes, tel à peu près que celui que portent les Arméniens, ou quelques artisans, & aujourd’hui les Brasseurs, au moins à Paris. Les soldats s’en servoient pour se couvrir les parties honteuses dans leurs exercices. Voyez Acron sur l’onzième Epitre du premier Liv. d’Horace. Il dit aussi, qu’il étoit mince, délié, tenue.

Ce mot vient de campus, champ, parce que les soldats prenoient le campestre pour faire leurs exercices, & que le lieu où ils le faisoient, s’appeloit campus, champ. Quelques-uns disent campestre, ou campeste ; & proprement ni l’un ni l’autre n’est françois, quoiqu’on s’en serve. Le mot françois est Tonnelet, & il semble qu’il seroit mieux de s’en servir, & de ne donner une forme françoise aux mots latins, que lorsqu’il n’y en a point de françois qui leur réponde. Voyez encore Tonnelet.

☞ CAMPHORATA. s. f. Plante. Voyez Camphrée.

CAMPHRE. s. m. d’Herbelot fait camphre féminin. Tous les Auteurs le font masculin. Camphora. Les Arabes appellent cafur le camphre, qui est une gomme blanche & odoriférante, que l’on tire d’un arbre assez semblable au Saule, si ce n’est qu’il est plus noir. d’Herb. L’arbre qui produit le camphre se trouve en grande quantité dans le pays des Nègres. Idem. Le camphre est la gomme d’un arbre qui croît aux Indes dans les montagnes maritimes, & dans l’Île de Borneo, lequel est de telle hauteur & largeur, qu’un escadron de cent hommes pourroit demeurer dessous à l’ombre, & on en fait de grands coffres qui viennent du Japon. Camphora. On dit qu’il sort en plus grande abondance durant la tempête, & les tremblemens de terre. Il découle de cet arbre comme une gomme. Il y en a de plusieurs sortes : car on en trouve un entre les veines du bois, & un autre qui sort par l’écorce rompue, en forme de résine, & demeure attaché à l’arbre. Il est rouge d’abord, & devient blanc, ou par la chaleur du Soleil, ou à force de feu. Il y en a un de couleur brune & obscure, qui est moins estimé. Il y a aussi un camphre en rose, qui n’a point passé par le feu, & un autre qui a été purifié & blanchi, & fait par sublimation. Le camphre est si subtil, que souvent de soi-même il se résout en fumée. Il est si odorant, que sur les lieux on s’en sert au lieu d’encens. Les Princes de l’Orient se servent de cette précieuse gomme mêlée avec de la cire pour éclairer leurs Palais pendant la nuit. Saasi, pour marquer le caractère d’un prodigue, dit que celui qui allume des chandelles de camphre pendant le jour, se met en danger de n’en avoir pas de suif pour s’éclairer pendant la nuit. D’Herb. Pour être bon, il doit être blanc, pur, reluisant, transparent, de forte odeur ; & il faut qu’il devienne mouillé, quand on le met sur un pain chaud : il est amer.

On a trouvé depuis peu en Ceylan, que la racine de l’arbre de cannelle produit d’aussi bon camphre qu’aucun au Japon, ou de la Chine, comme témoigne l’Histoire de la Société d’Angleterre. Quelques-uns, comme Fuchsius, croient que c’est un bitume des Indes.

Ce mot vient de l’hébreu caphor.

On fait du camphre artificiel avec de la sandaraque & du vinaigre blanc distillé, qu’on met durant 20 jours dans le fumier de cheval, & qu’on laisse après au Soleil pendant un mois pour sécher ; & on trouve le camphre fait comme une croûte de pain blanc, qu’on appelle autrement gomme de genèvre, vernis blanc, ou mastic bien pulvérisé. La Chimie ne travaille point sur le camphre, puisqu’il surmonte en pureté, en subtilité, en volatilité & en pénétration, tout ce qu’on en pourroit tirer par la distillation ; & on ne peut enchérir sur sa perfection. Il est très-diaphane, & sa blancheur égale celle de la neige. Son goût âcre, & son odeur forte prouve sa volatilité. Son inflammabilité dans l’eau, & sa totale consomption, sans laisser aucune trace au vaisseau dans lequel on l’allume, montrent sa pureté & la subtilité de ses parties.

Le camphre est une gomme blanche, transparente comme du sel, grasse & huileuse, inflammable, âcre, amère, & aromatique au goût, & d’une odeur forte & très-pénétrante. On peut faire quatre sortes de camphre, par rapport aux manières différentes dont on le tire, & par rapport aux plantes particulières qui le donnent. La première sorte est celle qui se tire dans le Japon d’un arbre que nous pouvons appeler Camphrier, camphotifera arbor. Cet arbre a ses feuilles alternes assez semblables à celles du laurier, roides, vertes, & d’une odeur de camphre. Ses fleurs qui naissent des aisselles des feuilles sur de petites branches, sont blanches, à cinq petales, quelquefois à six. Ses fruits sont des baies composées comme le fruit du cannellier & du chêne, d’une calote ou calice & d’un petit gland qui renferme une semence huileuse, grosse comme un grain de poivre. Ce fruit dans sa parfaite maturité est d’un pourpre foncé, & est d’un goût de camphre & de girofle. On prend les racines, le bois, les branches & les feuilles de cet arbre froissés, & on les met dans une cucurbite, que l’on bouche, afin qu’étant exposés au feu, la matière du camphre puisse se sublimer & se ramasser en masse. La seconde sorte se prépare avec l’écorce de la racine du cannellier, qu’on fait distiller avec suffisante quantité d’eau. Le camphre surnage par-dessus l’huile qui est portée avec l’eau dans la distillation. La troisième est celle qu’on retire du zedoria, de deux espèces de menthe de Ceylan, appelées ghonakola, & kaparawelli, & de quelques autres, en les distillante de même que l’écorce de la racine du cannellier. La quatrième enfin qui est la plus pure, & qui n’est point factice comme les précédentes, nous vient de l’Île de Borneo. Elle découle d’un grand arbre qui a la feuille, les fleurs & les fruits semblables à ceux du camphrier qui vient au Japon dans sa patrie australe appelée Sarruma. On trouve aussi entre les veines du bois de son tronc de petite veines de camphre. Kampferus, Boccone dans ses recherches & observations, Brecperus, Herman, & tous les voyageurs regardent le camphre de Borneo, comme le plus pur. On appelle camphre brut, ou camphre rosé, celui qui nous vient en morceaux, grenés, sales, rougeâtres, moins purs, & qu’on est obligé de faire fondre & sublimer pour le rendre transparent, blanc & tel que nous le voyons ordinairement chez nos droguistes, qui ont soin d’envoyer en Hollande tout le camphre brut pour le purifier. On a toujours fait un mystère de sa purification ; Pomet cependeant assûre que rien n’est plus aisé, & qu’il n’y a qu’à le faire fondre dans un vaisseau sublimatoire ou matras, ce qui paroît assez vraisemblable. Il se peut faire cependant que ceux qui travaillent à sa purification en Hollande, y réussissent mieux, parce qu’ils y travaillent continuellement. Le camphre est un bon remède qui anime le sang, résout les sérosités épanchées ou arrêtées dans les parties & qui y causent des tumeurs & des douleurs. L’eau de vie dans laquelle on a dissous du camphre, se nomme eau de vie camphrée, & est employée pour bassiner des tumeurs érésipélateuses, pour dissiper des douleurs rhumatismales. Le camphre entre dans plusieurs compositions pharmaceutiques. Le proverbe Latin camphora per nares castrat odore mares, a fait croire pendant long temps que l’odeur du camphre privoit les mâles de la faculté d’engendrer, ce qui est contraire aux observations de Scaliger, de Vulpius, & de plusieurs autres médecins. Le camphre entroit dans le composition des feux grégeois des Anciens, & nos Artificiers l’emploient aujourd’hui dans la composition des feux de joie destinés à bruler sur l’eau. On tire une huile de camphre par le moyen de l’esprit de nitre : cette huile est d’usage dans les caries des os. Au reste le camphre est très-volatil, & on n’empêche la dissipation de ses parties qu’en le tenant dans une boutielle bien bouchée, ou en le mettant dans du poivre.

La principale qualité du camphre est de retenir & de conserver un feu inextinguible qui brule dans l’eau, sur la glace & dans la neige, à cause qu’il est d’une nature fort tenue & grasse, jusques-là que si on en jette dans un bassin sur de l’eau-de-vie, & qu’on les fasse bouillir jusqu’à leur entière évaporation dans quelque lieu étroit & bien fermé, & que par après on y entre avec un flambeau allumé, tout cet air renfermé conçoit en un moment le feu qui paroît comme un éclair, sans incommoder le bâtiment, ni les spectateurs.

CAMPHRÉ, ÉE. adj. Il n’a guère d’usage que dans ces phrases. De l’esprit de vin camphré. De l’eau-de-vie camphrée. Qui se disent de l’esprit de vin, de l’eau-de-vie où l’on a mis du camphre.

CAMPHRÉE. s. f. Terme de Botanique. Camphorata. Nom d’une plante ainsi nommée à cause de quelque petite odeur de camphre qu’elle a. Cette plante vient le long des chemins dans le Languedoc, & sur-tout aux environs de Montpellier. C’est un remède spécifique pour l’hydropisie, & sur-tout pour l’asthme, étant prise en décoction ou en poudre. Il n’y a point de manière plus sûre de donner la camphrée, qu’en tisane. On en met depuis une once jusqu’à deux sur une pinte d’eau, & quelquefois du vin blanc. Les brins les plus tendres, les plus déliés & les plus garnis de feuilles sont les meilleurs. On les coupe menu comme on fait le chiendent. Les grosses tiges & les racines doivent être rejetées. On prend aussi cette plante en guise de thé. Elle est d’autant meilleure, qu’elle est plus verte & plus nouvelle ; elle se conserve cependant d’une année à l’autre. La camphrée échauffe & altere beaucoup.

Cette plante pousse plusieurs tiges à la hauteur d’un pied ou d’un pied & demi, assez grosses, dures, ligneuses, rameuses, velues, blanchâtres, relevées alternativement par des nœuds, de chacun desquels il sort quantité de petites feuilles entassées, longuettes, menues, velues, médiocrement dures, sentant le camphre quand on les écrase, d’où la plante a pris son nom. Sa fleur, qui paroît aux mois d’Août & de Septembre, est un petit vase herbeux. Elle vient dans les pays chaud & sablonneux. Elle vient dans les pays chauds & sablonneux. Elle est très-commune aux environs de Frontignan. Elle est un peu âcre au goût ; mais elle est céphalique, apéritive, résolutive, & détersive ; elle résiste au venin ; elle excite les mois aux femmes ; elle abat les vapeurs, & est propre pour les vers ; elle provoque la sueur.

☞ CAMPHRIER. (le) Voyez Camphre.

☞ CAMPHUR. s. m. Espèce d’Âne sauvage qui se trouve dans les déserts de l’Arabie, qui, suivant le rapport de quelques voyageurs, a une corne au milieu du front, dont il se sert pour se défendre des taureaux sauvages. Encyc.

☞ CAMPIANO. Petite ville d’Italie, dans le val de Taro, près la rivière de Taro.

☞ CAMPIGNE ou KEMPEN-LAND. Contrée des pays-bas, divisée en Campigne Hollandoise & Campigne Liégeoise. La première est une partie de la Mairie de Bois-le-Duc, & l’autre une partie du diocèse de Liége.

CAMPINE. s. f. C’est un nom qui se donne à différentes petits contrées. Campinia. Il y a la Campine dans l’Andalousie, qui est une partie du territoire de Séville. La Campine, contrée du Liégeois, qui s’étend depuis la Meuse jusqu’à la Mairie de Bolduc. La Campine Brabançonne, petite contrée du Brabant Hollandois, dans la Mairie de Bolduc.

Ce mot vient d’Espagne, où campina signifie une campagne découverte, où il n’y a aucun arbre. C’est la même chose que campagne en notre langue ; ainsi il seroit mieux de dire en Latin Campania. Ce sont les Espagnols qui ont porté ce mot dans les Pays-Bas.

Campine se dit aussi d’une espèce de petite poularde fine.

☞ CAMPION. Ville d’Asie, dans la Tartarie, sur les frontières de la Chine.

CAMPITES. s. m. pl. Nom que l’on donna au Ve siècle aux Donatistes. Campita. Ils furent ainsi appelés du mot latin campus, champ, campagne, parce qu’ils faisoient leurs assemblées dans les campagnes.

CAMPO. s. m. Laine d’Espagne qui vient de Séville & de Malage.

Campo di San-Pietro. Petite ville du Domaine des Vénitiens en Italie, dans le Padouan, entre Trévigny & Vicenze.

CAMPOIS. s. m. Hérétiques qui parurent dans le même siècle que les Campatois, & qui s’attachoient aux erreurs des Arriens. Quoiqu’ils fissent profession de demeurer dans la Communion de l’Eglise, ils ne laissoient pas de croire trois substances dans la Trinité selon la doctrine de certains Errans, qui au lieu de croire une même substance ou essence en trois personnes divines, y soutenoient trois hypostases ou substances.

☞ CAMPOLI. Petite ville épiscopale dans l’Abrusse ultérieure, aux confins de la marche d’Ancone.

CAMPOS. s. m. Terme de Collége. Congé qu’on donne aux écoliers pour sortir, pour aller aux champs se divertir. Vacatio. On le dit aussi familièrement de ceux qui sont sujets & attachés à quelque travail. Les Clercs n’ont campos que les Dimanches & Fêtes. Cela vient du Latin habemus campos.

CAMPOTE. s. m. Pannus è gossypio, Xylinus pannus. On appelle, en termes de négoce & de relations, Campotes, des draps de coton qui sont fort estimés aux Indes, & qui se font dans les Philippines.

☞ CAMPREDON. Petite ville d’Espagne, dans la Catalogne, aux confins du Roussillon, entre Girone & Puicerda.

CAMPSEAUX. Le cap de Campseaux est la pointe de l’Acadie qui s’avance le plus à l’ouest, & touche presque à l’Île du Cap Breton. Promontorium Campseale. Le passage de Campseaux. Fretum Campseale. C’est un petit détroit entre le Cap de Campseaux & l’Île du Cap Breton, & formé par l’une & l’autre de ces terres. Denys l’appelle le petit passage de Campseaux, parce que celui qui est entre l’Île du Cap Breton & celle de Terre-Neuve, est beaucoup plus grand. Le Cap de Campseaux est éloigné du Cap de S. Louis de plus de 25 lieues. Denys. Le Cap de Campseaux est vis-à-vis de l’Ile du Cap Breton, & forme avec cette Ile le passage de Campseaux, qui est un petit détroit entre ce Cap & cette Ile. La Baie de Campseaux est au midi de ce passage. Dans le petite passage de Campseaux le courant est extrêmement fort. Dans l’endroit le plus étroit, il ne peut y avoir que la portée d’un bon canon de la Terre-ferme à l’Ile. Den.

CAMPTER. s. m. Signifie en général toute sorte de courbure, mais particulièrement la passe d’un jeu de mail ; & c’est dans ce sens que Galien s’en sert par métaphore, Us. part. Lib. VII, cap. 14, où il décrit les nerfs récurrens de la sixième paire, qui après être parvenus εἰς ϰαμπτῆρα, à la passe, qui est une partie dure & lisse de la clavicule ou de la première côte, tournent autour, & forment une espèce de δίαυλος, diaulus. Καμπτὴρ, de ϰάμπτω, courber.

☞ CAMPUS PIORUM. Lieu célèbre en Sicile, près de Catane où les deux freres Aphinomus & Anapus sauverent sur leurs épaules leur pere & leur mere des flâmes du mont Etna.

☞ CAMQUIT. s. m. Fruit du royaume de Tonquin, semblable à une orange. Sa couleur est d’un rouge foncé, la peau mince, d’un très-bon goût, mais mal sain.

☞ CAMSIN, (le) est le temps de pâque, selon le langage des Cophtes.

☞ CAMUL. Capitale d’un royaume de même nom, qui relève de celui de Casgar, sur la frontière du Tangut. Les femmes de ce pays là sont fort belles, & les maris sont assez fous pour croire qu’il y a de l’honneur à les prostituer aux voyageurs. Lorsqu’un voyageur veut s’arrêter dans quelque maison, le maître du logis le reçoit avec de grandes marques de joie, commande à sa femme & à sa famille de lui obéir en tout, & s’en va, pour ne plus reparoître que quand l’étranger aura jugé à propos de se retirer : pendant tout ce temps, la femme en use avec son hôte comme elle feroit avec son mari. Moguth ou Mongu, souverain de tous les Tartares, leur ordonna d’abolir cette honteuse coutume, & d’avoir plutôt des auberges publiques où les étrangers seroient reçus, que d’abandonner ainsi leurs femmes au premier venu. Cet ordre les affligea ; ils représentèrent au Kan qu’ils avoient reçu cette coutume de leurs ancêtres, & qu’en l’observant ils s’attiroient la protection de leurs dieux. Enfin ils sollicitèrent tant, que l’ordre fut révoqué.

Marco Paolo, place cette province dans le Royaume de Tangut ; cela a changé depuis. Les relations les plus récentes placent la ville de Camul à l’extrémité d’un royaume, nommé cialis, qui relève de celui de Casgar, sur la frontière du Tangut.

CAMULE. s. m. Nom d’un Dieu du Paganisme. Camulus. Ce sont les inscriptions de Gruter, qui nous font connoître ce Dieu. La première, p. XL, n° 9. est Ardoine Camulo Iovi Mercurio Herculi. Sous chacun de ces noms est le Dieu qui le porte. Sous Camulo c’est un Mars avec un bouclier & une pique. Une autre, p. LVI, n°. 11. Camulo. Sanc. Fortiss. Sac. &c. Cette seconde inscription a été trouvée dans le pays des Sabins. Une 3e trouvée proche de Cleves, porte, Mati Camulo ob salutem Tiberi Claudi caes cives remi templum constituerunt. Grut. LVI, n° 12. De tout cela on conclut 1°. Que Camule est le Dieu Mars. 2° Qu’il est le même que Sangue. 3°. Que Camule étoit le nom que les Sabins donnoient à Mars. Struvius, dans son Antiquitatum Roman. Syntagma, cap. I, p. 96, croit que ce nom vient de camus, qui, selon Isidor, Orig. Liv. XX, c. 16, signifie une frein fort & rude, que l’on donne aux chevaux fougueux pour les domter. Or de pareils chevaux sont propres à la guerre & à Mars, & lui étoient consacrés.

CAMUS, USE. adj. Quelques-uns disent Camard, arde. Qui a le nez court & plat. Simus. Les Tartares aiment les beautés camuses, & les trouvent d’autant plus belles, qu’elles ont moins de nez. La femme du Grand Ginghis Kan n’avoit presque que deux trous au lieu de nez, comme témoigne Rubruquis. On le dit aussi de quelques animaux, comme des chiens, dont la beauté est d’être camus. On le dit encore de quelques poissons, sur-tout des dauphins. Un cheval camus est celui qui a le chamfrain enfoncé. Quelques-uns ont dérivé ce mot de simus Latin, ou de camurus, qui est interprété de curvus, ou courbé, par Servius. Ménage dit qu’il vient du Grec.

On dit proverbialement qu’un homme est bien camus, qu’on l’a rendu bien camus ; pour dire, qu’il a été bien trompé, qu’il est déchu de ses prétentions, qu’il est bien honteux. On dit aussi par un proverbe contraire, qu’il a eu un pied de nez.

CAMUSON. s. f. Petite camuse. Diminutif de camus. On ne le dit qu’en badinant.

CANA. s. f. Il y avoit deux villes de ce nom. Cana de Galitée, ville de la Tribu de Zabulon, où J.C. fit son premier miracle, en changeant l’eau en vin, à des noces où il avoit été invité avec sa sainte Mere & les Disciples, ainsi que S. Jean l’écrit au IIe chapitre de son Evangile. Il y a encore une autre Cana, qu’on nomme la grande, pour la distinguer de la première. Celle-ci étoit dans la Tribu d’Aser. Il en est parlé au ch. XIX de Josué, 7 v. 28. Quelques Interprêtes croient que c’est dans cette ville qu’étoit la Chananéenne dont parle S. Matthieu, chap. XV. Enfin, S. Jérôme, De locis Hebraic. met une troisième Cana dans la Tribu d’Ephraïm ; mais l’Ecriture ne parle point de celle-ci.

Les uns interprètent ce nom Zelus, œmulatio, & par-conséquent le tirent de קנא, œmulatus esi, Zelotypus fuit ; les autres, possession, le dérivant de קנה, acquérir, posséder ; d’autres lamentatio, de קין, lamenter ; mais on diroit Kinah, & non pas Canah. D’autres nid, de קן, Kin, nidus, qui vient de קנן, Kinnen, faire son nid ; mais on diroit Kinnah ; puisque Josué l’écrit en hébreu קנה, Kanah, La seconde étymologie paroît la meilleure.

On appelle les noces de Cana, un tableau, ou une estampe qui représente le banquet où J. C. fit son premier miracle. Les noces de Cana de Paul Véronèse est l’un des plus beaux tableaux de cet excellent Peintre : l’on y voit plus de six vingt figures d’une beauté admirable.

CANABASSÉTE. s. f. Etoffe dont il est fait mention dans le tarif de la douane de Lyon de 1632. Il y en a de deux sortes : les unes sans soie, & les autres rayées de soie.

CANABIL. s. m. Espèce de terre médicinale. Voyez Le Dict. de James.

CANACHE. s. f. Fille d’Eole, qui ayant été séduite par Neptune, ou par quelque Dieu marin, en eut plusieurs enfans, entr’autres Iphimédie, mère des Aloïdes.

CANACOPOLE. s. m. Terme de relation. C’est le nom qu’on donne dans les Indes aux Catéchistes qui travaillent sous les Missionnaires au salut des ames. Catechista. Il commettoit à ces Catéchistes, qui s’appeloient en leur langue Canacopoles, le soin des Eglises qu’il faisoit bâtir dans les lieux peuplés. Bouh. Vie de saint Xav. Vous ferez en sorte que les Canacopoles & les maîtres du catéchisme fassent leur devoir. Bouh. Xav. liv. 4, p. 260.

CANADA. s. m. Vaste région de l’Amérique septentrionale, qui a le nouveau Mexique & les Acanibas ou Aconibas au couchant, la Floride au midi, au levant la mer du nord, qui jointe avec le détroit de Hudson & la mer Christiane la sépare vers le nord des terres Arctiques. Il s’étend, selon nos cartes, depuis le 39d de latitude septentrionale jusqu’au 65e ou environ, & depuis le 284e de longitude Jusqu’au 33e, ou à-peu-près. Ce pays fut découvert par les François, il y a plus de 200 ans ; c’est pour cela qu’on l’appelle aussi la Nouvelle-France. Jean Verasan fut le premier qui se hazarda d’y entrer en 1504. Les Sauvages le mangèrent. En 1525 & en 1534 on y alla encore. Jean Quartier y alla ensuite, & après avoir remonté le fleuve S. Laurent plus haut que Quebec, il s’en revint en France sans avoir fait aucun établissement, & fort dégouté d’en faire. Enfin, en 1604, cent ans après la découverte du pays, il partit de Rouen une colonie qui s’y établit, avec de grandes difficultés, à cause de la férocité des Sauvages qui l’habitoient. Les principaux font les Ilinois, les Hurons, les Algonquins, les Iroquois, les Abnaquis, les Etechemins, &c. Plusieurs de ces Sauvages sont convertis. Ils n’ont point de villes. Ils logent dans des cabanes faites d’écorces d’arbres. Malgré le froid ils vont nus : ils ne se couvrent que vers la ceinture par devant & par derrière : l’hiver ils marchent sur les neiges avec des raquettes. Ils vivent de blé d’Inde, que les femmes cultivent, & qu’elles broient avec des pierres : elles le cuisent dans de l’eau, y mêlant, quand elles en ont, de la chair, ou du poisson. Cela s’appelle de la sagamite. Les hommes ne sont occupés que de la guerre, de la chasse ou de la pêche. Ils font avec des écorces d’arbres, qu’ils cousent fort proprement, des canots, ou batteaux assez grands pour porter toute leur famille, & assez légers pour s’en charger quand il y a des sauts dans les rivières, & les porter quelquefois assez loin. Chaque village a un Chef ou Capitaine. Ils reconnoissent un Dieu qu’ils appellent Manitou, le grand esprit, maître du monde ; la vue seule de l’Univers le leur persuade. Ils reconnoissent aussi un mauvais esprit, qu’ils craignent beaucoup. Leurs armes sont des flèches ; mais à présent ils ont des armes à feu que les Européens leur portent, & ils s’en servent très-bien. Ils sont grands, bienfaits, robustes, adroits, braves ; mais barbarement cruels. Quand ils ont pris un ennemi en guerre, à moins que quelqu’un du village ne l’adopte, ils le brûlent vif, à petit feu & lentement, & lui coupent des morceaux de chair à mesure qu’ils sont rôtis pour les manger à ses yeux. Ils ont traité avec cette inhumanité brutale quelques Missionnaires.

Le mot Canada est apparemment un mot sauvage, mais dont on ne sait point la signification. On ignore aussi la raison qui le fait donner à ce pays. Quelques-uns croient que ce fut, parce que les Sauvages répétoient souvent ce mot Canada quand les François y aborderent. D’autres, parce que c’étoit le nom du fleuve de S. Laurent qui fut donné à tout le pays ; & d’autres parce que le petit pays de Canada fut le premier que l’on trouva. Il y a une Histoire latine du Canada, par le P. François du Creux, Jésuite, dans laquelle on trouve une bonne carte du Canada.

Canada est aussi le nom d’un pays particulier compris dans la grande contrée dont nous venons de passer. C’est celui qui est à la droite du fleuve de S. Laurent, vers son embouchure. Il a ce fleuve au nord, au levant le golfe du fleuve S. Laurent, la baie de Chaleurs au midi ; au couchant il touche au pays des Etechemins. Cette presqu’Ile est le Canada propre, qui, à ce que l’on prétend, a donné son nom à tout le pays qui est derrière, & au fleuve de S. Laurent.

Canada. On donne encore ce nom à la grande rivière de Canada ; mais il est peu en usage aujourd’hui, & l’on dit toujours le fleuve de S. Laurent. Voyez ce mot au mot Laurent.

CANADE. s. f. Nom que les Portugais donnent sur la mer à la mesure du vin ou d’eau, qu’on donne par jour à chacun de ceux qui composent l’équipage. Il y a trois cens canades à chaque pipe.

Canade. s. m. Quelques-uns le font féminin. C’est un oiseau gros comme un faisan, qui se trouve dans l’Amérique, & principalement dans l’Île d’Antego. Le Canade passe pour le plus bel oiseau du monde. Il a le ventre & les aîles de couleur d’aurore, le dos & la moitié des aîles de bleu céleste, la queue & les grosses plumes des aîles mêlées d’incarnat étincelant, diversifiée de bleu avec un noir luisant sur le dos. Sa tête est admirable ; elle est couverte d’un duvet brun marqueté de vert, de jaune & de bleu pâle, avec des taches ondoyantes au bec. Ses yeux sont couverts de blanc, & la prunelle, qui est jaune & rouge, ressemble à un rubis enchassé dans de l’or. Cet oiseau est couronné d’une houpe d’un vermillon éclatant, environné d’autres petites plumes couleur de perles.

☞ CANADELLE. s. f. La même chose que Chaanne, poisson. Voyez ce mot.

CANADIEN, ENNE. s. m. & f. & adj. François établi ou né en Canada. Canadiensis, Francus homo in Canadiensi plaga Francis parentibus natus. Canadien n’est pas la même chose que Canadois. Nos François qui sont en Canada, ou qui y ont été, distinguent fort ces deux mots. Un Canadien est un homme né en Canada, mais de parens François établis, en Canada, ou qui y ont demeure, & qui pendant leur séjour y est venu au monde : au lieu que Canadois est un Sauvage, un naturel de Canada. Des enfans de M. tel, qui a été intendant de Québec, ces deux-ci sont Canadiens, c’est-à-dire, nés en Canada.

CANADOIS, OISE. s. m. & f. Homme originaire de Canada, Sauvage, Barbare de Canada. Canadensis, Canadensis Indigena. Les Canadois en général sont sanguins, de couleur olivâtre, de belle taille, & ont le visage assez beau. Ils ont les yeux gros & noirs, de même que les cheveux, & les dents de la couleur de l’ivoire. Les Canadoises sont aussi d’une taille au-dessus de la médiocre.

Canadois est aussi adjectif. Un peuple Canadois. Une troupe de guerriers Canadois. Les langues Canadoises sont fort différentes les unes des autres.

CANADOR. s. m. Mesure des liquides de Portugal, qui revient au mingle, ou bouteille d’Amsterdam.

☞ CANAILLE. s. f. Terme injurieux qui s’applique à la plus vile populace. Populi fœx infima, plebecula. Fréquenter la canaille. La canaille est à craindre. Ablanc. Il étoit appuyé de la canaille. La canaille soutenoit son parti. Il n’y a que la canaille qui profite dans les émotions publiques. Un bâteleur est suivi de la canaille.

☞ On le dit figurément des gens pour lesquels on veut témoigner du mépris. Ce ne sont que des canailles.

On appelle quelquefois, canaille, par jeu, & par badinerie, de petits enfans qui font du bruit ; chassez-moi cette canaille ; faites taire cette petite canaille.

Ce mot vient, selon Ménage, de canalia, comme qui diroit une bande de chiens. D’autres le dérivent de canicola, ou canalis, qui étoit un lieu à Rome où les gens de basse condition s’assembloient. D’autres le dérivent de l’italien canaglia, qui signifie la même chose. Lipse dit qu’il vient du mot de chien, à cause d’une vieille coutume qui vouloit que ceux qui étoient condamnés au supplice portassent un chien pour marque d’infamie.

Autrefois on disoit & on écrivoit chiennaille, ce qui confirme le sentiment de ceux qui dérivent le mot de canaille, de chien.

☞ CANAL. s. m. C’est en général un conduit par où passe l’eau. Canalis. Les canaux d’une fontaine. Canal d’un moulin. Les canaux se font de bois, de plomb, de pierre.

Canal se dit aussi du lit d’une rivière. Alveus. Le canal de la Seine est fort large. Creuser, vider, nettoyer le canal de la rivière.

 Comme d’une course fidèle,
Les fleuves par divers canaux,
Apportent a la mer le tribut de leurs eaux, &c.

L’Abb. Tétu.

Canal se dit des conduits artificiels qu’on creuse dans les terres, soit pour faire communiquer des rivières les unes aux autres, soit pour les affoiblir quand elles sont trop grosses, soit pour recevoir les eaux superflues, ou pour dessécher des marais. Canalis. La Hollande, la Flandre, sont toutes coupées par des canaux. ☞ Il y a en France plusieurs canaux considérables pour la facilité du commerce. Le canal de Briare qui joint la Seine à la Loire par 42 écluses. Il fut commencé sous Henri IV, & achevé sous Louis XIII ; le canal d’Orléans, achevé par Philippe d’Orléans, Régent, pendant la minorité de Louis XV ; & le canal de communication des deux mers, en Languedoc.

☞ Ce canal un des plus beaux, des plus utiles & des plus magnifiques ouvrages du Royaume, qui fait l’admiration de l’Europe, a été fait & construit en 1666, par Pierre-Paul Riquet, Baron de Bonrepos, homme d’un génie aussi rare qu’étendu. Louis XIV, par son édit du mois d’Octobre 1666, & ses lettres-patentes du 7 du même mois, & duement enregistrées, créa & érigea avec ses rigoles de dérivation un fief relevant immédiatement de la couronne, avec droit de haute, moyenne basse justice dans toute son étendue, & plusieurs autres beaux droits ; & particulièrement que le propriétaire, ses héritiers, & ayans cause, en jouiroient en toute propriété incontestablement & à perpétuité. Il s’étend depuis la Garonne à Toulouse jusqu’à Agde ; à l’Etang de Thau & au port de Cette ; & de cette façon communique de l’Océan à la Méditerrance, en passant par Toulouse, Castelnaudary. Trêbes, Carcassone, Béziers, & Agde : les rigoles de dérivation de la montagne Noire & de la plaine qui conduisent les eaux dans plusieurs réservoirs & entr’autres dans le grand réservoir de S. Fériol, contenans douze cens mille toises cubes d’eau qu’il conduit à Naarouze, où est le point de partage, & ou les eaux se divisent, partie du côté de l’Océan & en partie du côté de la Méditerranée, en passant à travers la montagne du Malpas, sont le chef d’œuvre du génie & de l’art, ainsi que ses écluses & aqueducs, comme de Foncevanne, près Béziers & l’écluse ronde près Agde, les aqueducs de Répudre, de Cesse, argent double, de l’Aiguille, Orbiel & Lets. Pierre-Paul Riquet, propriétaire incommutable de ce canal l’a laissé à Jean-Mathias & Pierre-Paul ses enfans. Il appartient présentement à Victor-Maurice Riquet, Comte de Caraman, Maréchal des camps & armées du Roi, Inspecteur Général de Cavalerie & des Dragons : Marie-Jean-Louis Riquet, Brigadier des armées du Roi Mestre-de-camp, commandant le Régiment Colonel-Général des Dragons, arrières-petits fils de Paul-Pierre I du nom, & à Jean Gabriel-Alexandre-Amable Riquet, Baron de Bonrepos son petit fils.

Le canal Eugénie, ou de sainte Marie, est un canal qui joint le Rhin & la Meuse en s’éténdant depuis Rhinberg jusqu’à Venlo : cet ouvrage est digne des anciens Romains, & comparable au canal de Drusus. C’est l’Archiduchesse Isabelle qui se fit faire. On commença à y travailler l’an 1616 & l’année suivante il fut mis dans sa perfection, malgré les vains efforts du Prince d’Orange. Spinosa & le Comte de Berg qui en avoient la conduite, prirent si bien leurs mesures que de 24 redoutes qu’ils avoient placées de distance en distance pour couvrir les Travailleurs, le Prince d’Orange n’en put forcer qu’une, dont il ne tira aucun avantage. Larrey, T.IV, p. 85. Voyez le Grand-Atlas, tome des Pays-Bas, p. 183.

Hérodote, Strabon, Pline & Diodore de Sicile, parlent d’un ancien canal qui faisoit en Egypte la communication des deux mers, c’est-à-dire de la mer Rouge & de la Méditerranée ; ce canal commencé & interrompu diverses fois, fut fini par les Ptolomées. Il commençoit assez près du Delta vers la ville de Bubaste : il avoit 25 toises de largeur, en sorte que deux bâtimens pouvoient y passer à l’aise, & environ 50 lieues de longueur Aujourd’hui ce canal est presqu’entièrement comblé. L’ancien canal de Babylone étoit aussi fort célèbre. Dict. de Peint. & d’Arch.

Canal, se dit aussi des pièces d’eau qu’on fait pour l’embellissement des jardins, qui sont le plus souvent revêtues de pierre. Canalis. Le canal de Versailles, de Fontainebleau. Ce Seigneur a bien du poisson dans les canaux de son jardin.

Canal se dit aussi de quelques bras de mer ; ou des eaux qu’elle pousse dans les terres, ou d’un espace de mer resserré entre deux côtés de terre ferme, ou entre une Île & la terre ferme. Le canal de Constantinople commence aux Dardanelles. Le grand canal de Venise. Le canal de la mer Noire. L’espace de mer qui est entre la France & l’Angleterre depuis le Pas de Calais à l’Orient jusqu’aux caps de S. Mahé en France, & de Cornouaille en Angleterre, à l’occident, s’appelle simplement & absolument le Canal ou la Manche.

Canal, en parlant de l’antiquité, se dit quelquefois pour grand chemin. M. Fleury fait passer ainsi Gaudence, Evêque de Naïsse en Mœsie. Il faut que chacun de nous, qui sommes sur le canal, quand il verra passer un Evêque s’enquierre où il va, & des causes de son voyage : & il ajoute sur le mot canal ; ainsi on nommoit les grands chemins.

On dit, en termes de Marine, que les galères font canal, lorsqu’elles s’éloignent de la terre, qu’elles côtoient ordinairement, pour aller en pleine mer, comme de Marseille droit à Malte.

Ces galères, après avoir fait canal a force de rames au golfe de Londrin, se retirèrent sous la forteresse de la Vallonne. Duloir, p. 199.

On le dit aussi de tous les bâtimens de bas-bord, quand ils passent quelques nuits au large en mer sans approcher de la terre.

Canal, se dit aussi d’un aqueduc de pierre ou de brique pour conduire des eaux, & les tenir dans une pente suffisante pour les faire couler. Aquæductus. Le canal d’Arcueil amène les eaux de Rongis à Paris. Les Romains faisoient venir des fontaines de 40 lieues par de semblables canaux.

On fait aussi des canaux de plomb. Tubus, fistula plumbea ; de poterie, Lateritia ; de bois d’aune, Lignea ; de fer fondu, ærea, pour conduire les eaux par dessous la terre.

Canal, en termes d’Horloger. On appelle de ce nom tout ce qui est creusé pour y loger quelque chose.

Canal, dans la Chirurgie, signifie une longue caisse de bois dans laquelle on enferme la jambe ou la cuisse luxée ou fracturée. Ce canal doit être garni d’étoupes : il y a un trou vers l’extrémité pour placer le talon, & tout au bout un morceau de bois droit & immobile pour appuyer la plante du pied.

Canal, se dit quelquefois pour canule. L’Auteur de la version en françois de l’Arcenal de Chirurgie prend le mot de canal pour celui de canule, quoiqu’il se serve aussi souvent du mot de canule.

Canal, se dit aussi des petits conduits qui se font naturellement dans la terre, par où coulent les eaux qui font les sources ; par ou s’élèvent les vapeurs qui forment les minéraux & les métaux.

Canal, se dit aussi du creux que l’on fait dans les terres labourées, pour en faire écouler les eaux. Aquarius sulcus, elices. Pomey.

On appelle aussi canaux, en anatomie, les conduits qui sont dans le corps des animaux par où le gang circule, ou par où passent les autres humeurs, comme les veines, les artères. Canaliculi. On dit particulièrement, le canal de la verge pour dire le conduit de l’urine.

☞ On dit canaux déferens, deux conduits membraneux destinés à porter la liqueur séminale des testicules aux vésicules. Chaque testicule à son canal déférent.

Le canal artérieux, est un trou qui est dans le fœtus à l’embouchure de la veine cave, dans le ventricule droit du cœur, au-dessus de l’oreille droite. C’est par son moyen que cette veine s’entr’ouvre, & s’abouche avec la veine des poumons, du côté de laquelle il y a une valvule, qui permet l’écoulement d’une bonne partie du sang de la veine cave dans celle des poumons, & qui empêche qu’il ne retourne de la veine des poumons dans la cave. C’est par le moyen de ce canal artérieux & du trou botal que se fait la circulation du sang dans les fœtus. Après la naissance l’un & l’autre se dessèchent, & se bouchent de sorte qu’on n’en voit plus aucun vestige dans les adultes.

Le canal commun de la bile. Il est formé par la jonction du cholidoque, & du pore biliaire ; il va se terminer obliquement à la fin du duodenum, ou quelquefois au commencement du jejunum, & rarement au ventricule. Il se coule entre les deux tuniques de l’intestin, & en perce l’extérieur deux travers de doigt plus haut que l’intérieur. Cette manière d’entrer dans l’intestin, fait qu’il n’a pas besoin de valvule, qui permette l’entrée de la bile & qui empêche son retour, étant impossible par cette disposition que la bile & même le chile puissent monter par ce conduit. Idem.

Le canal pancréatique fut découvert l’année 1621 par Virsungus, célèbre Anatomiste de Padoue. Ce canal est membraneux. Il a une cavité qui donne entrée dans le duodénum, assez proche de l’ouverture du conduit de la bile, qui est quelquefois la même pour ces deux canaux. Son véritable chemin est d’aller à l’intestin, où il porte une liqueur jaune, autant qu’on le peut remarquer par la couleur de la sonde, quand on l’en retire. Ce canal ne vient pas de la ratte, à laquelle il ne touche point mais des rameaux des petites glandes qui composent le pancréas, de manière qu’il grossit à mesure que ces rameaux s’unifient. Ce canal a son entrée dans le duodénum, a une valvule qui permet la sortie de la liqueur qu’il contient, & empêche que le chile, & les autres matières, ne passent des intestins dans la petite ouverture. Il est unique & rarement double ; sa grosseur est comme celle d’une petite plume, quand il est dans son état naturel ; il grossit quelquefois par excès. Idem.

Le canal thorachique a été découvert de nos jours. On l’appelle thorachique, parce qu’il monte tout le long du thorax. Il est aussi nommé, canal de Pecquet, ou canal Pecquet, du nom du Médecin qui l’a découvert le premier. C’est un petit conduit qui commence aux réservoirs du chile, qui sont entre les deux racines du diaphragme. Il monte le long des vertèbres du dos, entre les côtes & la plèvre, & étant parvenu à la septième ou huitième vertèbre, il s’incline vers le côté gauche de la poitrine, & va aboutir par deux ou trois rameaux à la veine souclavière gauche. Ce canal n’est composé que d’une membrane assez mince, qui est fortifiée par la plèvre, qui le couvre pendant tout le chemin qu’il fait par la poitrine ; il n’est pas plus gros qu’une petite plume d’oie ; il a des valvules d’espace en en espace ; ils servent d’échelons au chile pour monter, & ils empêchent qu’il ne puisse retourner sur ses pas. Il reçoit de toutes parts des vaisseaux lymphatiques, qui lui apportent sans cesse la lymphe, qu’il dégorge avec le chile dans la souclavière. Au côte gauche de l’ouverture que le canal thorachique fait dans la veine souclavière pour y entrer, il y a une valvule qui empêche que le chile ne soit porté vers le bras, & qui le détermine à prendre le chemin de la veine cave ; peut-être aussi qu’elle empêche que le sang passant dans la souclavière ne tombe dans ce canal. L’usage du canal thorachique est de servir de conduit au chile & à la lymphe, & de les porter dans les réservoirs de la veine souclavière, pour détremper le sang, le rendre plus liquide, & réparer ce qu’il a laissé dans toutes les parties du corps pour leur nourriture. Voyez Dionis, VIe Demonstr.

Les canaux excrétoires du nez sont des canaux qui versent dans les narines une liqueur blanche & glaireuse, qu’on nomme la morve. Il y en a cinq. Le canal nazal, qui est fait par la réunion des deux points lacrymaux qui passent par le trou de l’os unguis. Le second sont les deux trous des sinus frontaux ; le troisième les deux sinus du sphénoïde ; le quatrième sont les deux ouvertures des sinus maxillaires ; le cinquième est l’aqueduc qui est en partie revêtu de la membrane glanduleuse des narines.

Canal de communication. Canalis communicans. C’est un canal qui se remarque dans le fœtus, & que l’artère pulmonaire, peu après qu’elle est sortie du cœur, jette dans l’aorte descendante. Quand le fœtus est né, le canal de communication se desséche, & devient un simple ligament. Tandis que le fœtus est enfermé dans le sein de sa mère, il ne reçoit que le peu d’air qu’elle lui fournit par la veine ombilicale. Ses poumons ne peuvent s’enfler & se désenfler, comme ils feroient après sa naissance, & après l’entrée libre de l’air. Ils demeurent presque affaissés & sans mouvement. Leurs vaisseaux sont comme repliés en eux-mêmes & ne permettent pas que leur sang y circule, ni en