Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/181-190

Fascicules du tome 2
pages 171 à 180

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 181 à 190

pages 191 à 200


en France. M. Thiers, Hist. des perruques.

Calotte. Terme d’Armurier. C’est ainsi que les Armuriers ou Arquebusiers nomment une petite plaque convexe de fer poli, qu’ils mettent au bout de la poignée du pistolet. Galerus ferreus.

Calotte. Terme de boutonnier. C’est ainsi qu’on appelle la pièce de Métal qui forme la couverture d’un bouton. Chez les fourbisseurs, c’est la partie de la garde d’une épée sur laquelle on applique le bouton au dessus du pommeau.

Calotte. Ce terme est employé par quelques Botanistes dans la description des parties de certains fruits, & dans celle des calices de certaines fleurs, parce que la figure de ces parties ou de ces calices approche de celle d’une calotte. Galericulus.

Calotte, en termes d’Architecture, est une portion de voûte sphérique ou sphéroïque, qu’on fait au milieu des voutes & platfonds pour les élever en cet endroit. Frezier.

Calotte. Terme d’horlogerie. C’est une espèce de boîte qui renferme le mouvement d’une montre, pour le garantir de la poussière.

Calotte Céphalique. Espèce de sachet rempli de médicamens propres à guérir les maux de tête, dont on faisoit autrefois usage. Dans les maux de tpete, on l’appliquoit sur cette partie.

Calotte. C’est le nom de la Confrérie des Fous, qu’on appelle le Régiment de la Calotte ; & Calotin est un Soldat ou un Officier de ce Régiment. Un transport Calotin, est un transport de folie. M. de Boissy, Scène 3 de la Comédie de la Critique, s’est servi de cette expression. Le cinquième tome du théâtre de la Foire commence par une pièce d’un Acte, intitulée Le Régiment de la Calotte, à la tête de laquelle est un Avertissement, où l’on dit que pour mettre au fait du Régiment de la Calotte ceux qui n’y sont pas, ils sauront que c’est un Régiment métaphysique, inventé par quelques esprits badins, qui s’en font fait eux-mêmes les principaux Officiers. Ils y enrôlent tous les particuliers, nobles & roturiers qui se distinguent par quelque folie marquée, ou quelque trait ridicule. Cet enrôlement se fait par des brevets en prose ou en vers, qu’on a soin de distribuer dans le monde. De Calotin, est venu Calotiniser, enrôler dans le Régiment de la Calotte. C’est un verbe employé dans la troisième scène, où Momus dit à un Avocat ; mais qu’avez-vous fait pour mériter l’honneur d’être calotinisé ?

Il a paru en 1725 un livre in-8o intitulé Mémoires pour servir à l’histoire de la Calotte. On y a inséré un grand nombre de satyres calomnieuses contre des personnes respectables par leur naissance & par leur mérite. Les Chefs du Régiment n’ayant jamais eu en vue qu’une critique badine des ridicules, qui ne porte ni sur les conditions, ni sur les mœurs, ont cru pour l’honneur du corps devoir s’élever contre un pareil attentat, & ont rendu un arrêt contre cette fausse édition des brevets & autres réglemens supposés. Cet arrêt, qui est en vers, a, de même que ce qui vient d’être dit, été imprimé dans le mercure d’Octobre 1726.

CALOTTIER. s. m. Marchand de calottes. Celui qui a le droit de faire & de vendre des calottes. Galericulorum opifex, propulo.

Calottier, se prend aussi pour un homme qui porte calotte. Tels ont été dépeints trois des principaux ligueurs dans l’exemple suivant : « Il se trouva aux Etats, de notables & signalés Officiers, qui ne cédoient rien en grandeur de barbe & de corsage aux anciens Pairs de France : & y en avoit trois pour le moins de bonne connoissance qui portoient calotte à la catholique, & un qui portoit grand chapeau, & rarement se défubloit : ce que les politiques détorquoient en mauvais sens, & disoient que les trois calottiers étoient tigneux & le grand chapeau avoir la tête comme le Poëte Æschylus : tellement que leur commun dire étoit qu’auxdits Etats n’y avoit que trois tigneux & un pelé. » 'Satyre Ménippée, in-8o, pages 1 & 2.

Calottier. s. m. Noyer, arbre qui porte les noix. Nux. Ce mot ne se dit que dans les campagnes.

CALOYER ou CALOGER, ERE. s. m. & f. Moine, Religieux (ou Religieuse) Grec, qui suit la règle de Saint Basile. Les Caloyers habitent particulièrement le mont Athos ; mais ils desservent presque toutes les Eglises d’Orient, dont ils sont la gloire & l’ornement. Ils font des vœux comme les Moines en Occident. Il n’a jamais été fait de réforme chez eux ; car ils gardent exactement leur premier institut, & ont conservé leur ancien vêtement. Ils menent un genre de vie fort austère & fort retirée ; ils ne mangent jamais de viande, & outre cela ils ont quatre Carêmes, & observent plusieurs autres jeûnes de l’Eglise Grecque, avec une extrême régularité. Ils ne mangent du pain qu’après l’avoir gagné par le travail de leurs mains. Dans la dernière nécessité ils n’obtiennent pas même dispense de manger du beurre, du poisson, des œufs & de l’huile. Il y en a qui ne mangent qu’une fois en trois jours, & d’autres deux fois en sept, pendant leur sept semaines de Carême. Ils passent la plus grande partie de la nuit à pleurer, & à gémir pour leurs péchés, & pour ceux des autres : on ne peut pas porter plus loin les obligations de la vie Monastique. Tavernier. Le nom se donne particulièrement aux Religieux qui sont vénérables par leur âge, par leur retraite, & par l’austérité de leur vie. Il y a à Athènes trois Monastères de Calogeres. La Guill. Il est bon de remarquer ici que quoiqu’en France on comprenne tous les Moines Grecs sous le nom de Caloyers, il n’en est pas de même en Grèce. Il n’y a que les freres qui s’appellent ainsi ; car pour ceux qui sont Prêtres ils se nomment Jétomonaches. Lettr. Edif. et Cur, Tom. X, p. 346, 347. Les Turcs donnent aussi quelquefois le nom de Caloyers à leurs Dervis, ou Religieux Turcs. Ce mot Caloger (car c’est ainsi qu’il le faut écrire, mais il faut prononcer Caloyer, les Grecs eux-mêmes le prononcent ainsi, ayant adouci le son du γ Grec, ou du G, non-seulement dans ce nom, mais généralement dans routes les dictions où il se trouve ;) ce mot dis-je, Caloger, ou Caloyer, vient du mot grec καλόγερος, & il tire son origine de καλὸς, & γέρων ; c’est-à-dire, bon vieillard. Les Moines Grecs, dit le P. Goar, s’appellent les uns les autres Caloger, qui est la même chose que καλοὺς γέροντας, bons vieillards, comme viellissans dans la vertu, in virtute consenescentes. Voyez sur les Caloyers le P. Helyot, T. I, c. 19, 20.

On appelle aussi Calogeres chez les Grecs de certaines Religieuses qui vivent en communauté. Elles suivent la règle de S. Basile, & sont renfermées dans des Monastères, ayant à la tête de leur Communauté une des plus sages Religieuses qui leur tient lieu d’Abbesse. Cependant ces Monastères de femmes dépendent toujours de quelque Abbé. Ces Religieuses portent toutes un même habit, qui est noir, & un manteau de même couleur ; cet habit est de laine simple. Elles ont les bras & les mains couvertes jusqu’au bout des doigts. Elles ont de plus la tête rasée ; & chacune a une cellule séparée, où il y a de quoi se loger. Celles qui sont les plus riches ont des servantes, & elles nourrissent même quelquefois de jeunes filles pour les élever à la piété. Après qu’elles se sont acquittées de leur devoir ordinaire, elles font des ouvrages à l’aiguille. Les Turcs qui ont quelque respect pour ces Religieuses viennent jusque dans le leurs Monastères pour acheter des ceintures de leur façon. Les Abbesses ouvrent volontiers les portes de leur Couvent aux Turcs qui viennent acheter le travail de ces bonnes filles, & retournent à leur appartement aussi-tôt qu’elles ont vendu leur marchandise. Le sieur de Moni, qui a fait cette description des Calogères, ou Religieuses Grecques, après Allatius, ajoute en même temps qu’il a lu une relation manuscrite de Constantinople, où il n’est pas parlé si avantageusement d’elles. Les Calogères de Constantinople, dit l’Auteur de cette relation manuscrite, sont des veuves, dont quelques-unes ont eu plusieurs maris, & elles n’embrassent cette profession, que lorsqu’elles sont avancées en âge. Elles ne font point de vœux : toute leur fainteté consiste à prendre un voile noir sur leur tête & à dire qu’elles ne veulent plus se marier. La plupart demeurent en leurs maisons, où elles prennent le soin de leur ménage, & même de leurs parens. Cet Auteurt avoue néanmoins qu’il y en a quelques-unes qui vivent en communauté mais que celles-ci sont plus misérables que les premières ; que les unes & les autres vont par-tout où il leur plaît, & qu’enfin elles ont plus de liberté sous cet habit de Religieuses, qu’elles n’en avoient auparavant ; on pourroit ajouter encore à cela, que les Evêques défendent à leurs Prêtres, sous peine d’interdit, d’entrer dans les Monastères des Calogères.

CALPÉ. s. f. Une des montagnes appelées les colonnes d’Hercule.

☞ CALPURNIA. Nom de loix romaines. La première avoit été faite contre le péculat. Calpurnia repetundarum ; la seconde de ambitu ; une troisième Calpurnia militaris. Elles tiroient leur nom de leurs Auteurs.

☞ La famille Calpurnia étoit plébéienne, mais consulaire. Elle a produit plusieurs grands personnages.

CALQUABLE. adj. Vieux mot, qui signifie difficile à passer ; on l’a dit en parlant des rivières.

CALQUAS. s. m. Pharetra. Vieux mot, qui veut dire carquois.

☞ CALQUE. s. m. Poids de la dixième partie d’une obole.

CALQUER. v. a. Contre-tirer un dessein, le copier trait pour trait. Terme de Peintres & de Graveurs, qui se dit lorsqu’ils ont un dessein dont le revers est marqué de couleur rouge ou noire, & qu’ils en marquent & tracent les traits sur une planche vernissée, sur une muraille ou autre matière ; ce qui se fait en passant légèrement avec une pointe sur chaque trait du dessein qui laisse l’impression de la couleur qui est au dos sur la planche, ou le mur, &. Lineamenta graphio describere.

☞ CALQUÉ, ÉE, part. Dessein calqué. Estampe calquée, c’est-à-dire, contre-tirée, en passant une pointe sur les traits, afin qu’ils s’impriment sur un papier ou sur autre chose.

☞ CALQUERON. s. m. Partie du métier des étoffes de soie. C’est un linteau de quatre pieds de long, sur un pouce de large & autant d’épaisseur. Il sert à attacher les cordes qui répondent aux aleyrons pour faire jouer les lisses suivant le besoin, pour la fabrication de l’étoffe : on attache encore au calqueron les cordes ou estrivières, qui le sont aussi aux masches, pour donner le mouvement aux lisses. Encyc.

CALQUIER. adj. mas. ou subdantif. Les Atlas calquiers font des satins des Indes. Il y a aussi des taffetas des Indes qui portent ce nom. Calquier des Indes.

☞ CALSERY. Ville d’Asie, dans l’Indoustan, au Royaume de Jamba, auprès de la source de la rivière de Gemené.

CATRY. s. m. Nom d’homme. Caletricus, Calactericus. S. Caltry naquit l’an 529 de famille noble ; à 27 ans il fut choisi par les suffrages communs du clergé & du peuple de Chartres, pour succéder à S. Lubin leur Evêque. Il assista au IIIe concile de Paris, en 557, & en 566 au IIe de Tours, & mourut l’année suivante 567.

CALVAGI. s. m. Terme de relation. Officier du Grand-Seigneur, tels que sont les Fruitiers dans la Maison du Roi, qui font les compotes, confitures & autres semblables mets de dessert. Vigenere. Il y a dans le Serrail dix Calvagis.

CALVAIRE. s. m. Petite montagne de la Terre-Sainte. Calvariæ mons ou locus. Le Calvaire étoit une petite montagne près des murs de Jerusalem, au nord, ou selon d’autres, au nord-est de cette ville. C’étoit le lieu où l’on exécutait les criminels, & où Jesus-Christ voulut souffrir la mort pour nous sur une croix. Constantin le Grand fit enfermer ce lieu, & le sépulcre de J. C. de murailles, & y fit bâtir une église magnifique, appelée le Saint Sépulcre, qui subsiste encore. Et ils arrivèrent ainsi au lieu qu’on appelle Golgotha ; c’est-à-dire, Calvaire. Bouh. Il y en a qui croient certaine tradition qui porte qu’Adam fut enterré sur le Calvaire, & qu’Abraham y conduisit son fils pour l’immoler.

Ce mot calvaire s’est formé du latin calvaria, qui signifie un crâne. Elle s’appeloit en hébreu nouveau, ou en Chaldéen & en Syriaque גלגלתא, Gulgulta, d’où se fit Golgotha, qui signifie la même chose que Calvaire. Ce nom lui fut donné, selon quelques Auteurs, parce qu’elle avoit la forme de la tête ou du crâne de l’homme ; & selon d’autres, parce qu’on y voioit les crânes de ceux qui avoient été mis à mort pour leurs crimes.

☞ Quelques-uns dérivent ce nom de calvus, chauve, parce que, dit-on, cette éminence à Jerusalem étoit nue & sans verdure : & c’est en effet ce que signifie le mot hébreu Golgotha, que les Interprètes Latins ont rendu par calvariæ locus.

En termes de spiritualité, on dit, aller au calvaire, monter au calvaire, pour dire, embrasser des pénitences, des mortifications, des afflictions, les chercher ; demeurer au calvaire, les supporter patiemment, les continuer ; être dans l’état d’affliction, de mortification, de souffrance.

L’Ordre de Notre-Dame du calvaire. Voyez Calvairienne.

Calvaire. s. m. En termes d’architecture, c’est une chapelle élevée sur un tertre, en mémoire du lieu où Jésus-Christ fut crucifié proche de Jérusalem. Calvaria.

CALVAIRIENNE. s. f. Religieuse de l’Ordre de Notre-Dame du Calvaire. Calvariana, Monialis a monte Calvaria dicta. Les Religieuses de Notre-Dame du Calvaire se vantent d’avoir eu pour fondatrice Antoinette d’Orléans, fille de Léonor d’Orléans, Duc de Longueville & de Marie de Bourbon, Comtesse de Saint Paul. Antoinette d’Orléans fut d’abord Religieuse Feuillantine, & ensuite de Fontevrault, & coadjutrice de l’Abbesse Eléonore de Bourbon sa tante ; mais au vrai leur fondateur, fut le P. Joseph le Clerc de Tremblay, Capucin, si célèbre dans l’histoire du Cardinal de Richelieu. Ce Pere, dans le cours de ses missions & de ses prédications, eut occasion de connoître la mere Antoinette d’Orléans, à laquelle il servit beaucoup pour la réforme de l’Ordre de Fontevrault ; mais voyant que toutes les Religieuses de Fontevrault n’étoient pas dans la disposition d’embrasser une réforme aussi austère que celle que la mere d’Orléans & lui vouloient introduire, il obtint du Pape une Bulle, qui permit à la mere Antoinette d’Orléans & à toutes les Religieuses zélées qui voudroient la suivre, de sortir de l’Ordre de Fontevrault, & d’établir un nouveau Monastère. Il le bâtit à Poitiers en 1614. Le Pape leur permit d’y pratiquer la règle de S. Benoit dans toute sa pureté. La Reine-Mere se déclara Protectrice du nouveau Monastère ; ce qui leva toutes les difficultés qu’on y faisoit, & la mère Antoinette d’Orléans y arriva le 25 Avril 1618. Le P. Joseph dressa des constitutions. Il obtint de Grégoire XIII une bulle qui érigeoit les Monastères de Paris, de Poitiers, d’Angers, & tous les autres fondés & à fonder par les Religieuses de la mere Antoinette d’Orléans, en congrégation de l’Ordre de S. Benoit, sous le titre de Notre-Dame du Calvaire. Ce qui fut confirmé par une seconde Bulle du 10 Juillet 1721. Voyez le P. Héliot, T. VII, c. 46. On appelle ces filles Religieuses du Calvaire, ou Calvairiennes.

CALVANIER. s. m. Terme d’agriculture. C’est un homme de Journée qu’on prend, pendant la moisson pour entasser les gerbes dans la grange. Messorius bajulus, messorii operis vectarius, administer. Un bourgeois qui donne sa terre à moitié fruits, est obligé de fournir des Calvaniers à son métayer.

CALVARDINE. s. f. Vieux mot, qui signifie perruque. Ascititia cæsaries. Borel croit que ce mot vient de calvus, chauve, parce qu’autrefois on ne prenoit la perruque que lorsqu’on étoit chauve.

CALVILLE. Voyez Calleville.

CALVINIEN, ENNE. adj. Qui appartient à Calvin, ou à sa secte. Calvinianus. Un sentiment calvinien. Une doctrine, une proposition Calvinienne. Les principes de Jansénius sont purement Calviniens. Genève est une ville toute Calvinienne.

CALVINISME. s. m. Secte, parti, doctrine, sentimens de Calvin & de ses sectateurs en matière de religion. Calvinismus. Calvini secta, hæresis. Le Jésuite Mainbourg a composé une histoire du Calvinisme.

Le plus pur Calvinisme est dans la ville de Genève, d’où il s’est répandu en France, en Angleterre & dans les Pays-Bas. Le Calvinisme a été entièrement détruit en France par la révocation de l’Édit de Nantes l’an 1685. Il est la religion dominante dans les Provinces-Unies depuis l’année 1572. Ce fut en cette année-là qu’il fut reçu dans ces provinces tel qu’il s’enseignoit à Genève, pour être la seule religion publique. Des treize Cantons Suisses, il y en a six qui font profession du Calvinisme ; de ces six néanmoins, il y en a deux qui sont partagés en Catholiques & en Calvinistes. Le Calvinisme est aussi répandu dans le Palatinat, mais l’Electeur Palatin est présentement Catholique. Il seroit trop long de rapporter toutes les erreurs que Calvin a enseignées : on peut juger du mérite de sa religion par celles que voici. 1°. La prédestination & la réprobation sont antérieures à la prévision de quelque œuvre que ce soit, bonne ou mauvaise. 2°. La prédestination & la réprobation ne dépendent que de la seule volonté de Dieu, sans aucun rapport aux mérites ou aux péchés des hommes. 3°. Dieu donne à ceux qu’il a prédestinés la foi, qu’ils ne peuvent perdre ; il leur donne une grâce nécessitante qui ôte la liberté, il ne leur impute point leurs péchés, quelque énormes qu’ils soient, mais il les couvre de la justice de J. C. 4°. Les justes ne sauroient faire aucune bonne œuvre, à cause du péché originel qui est en eux. 5°. Ils ne sont pas obligés de faire de bonnes œuvres, parce qu’ils font exempts de l’obligation d’observer la loi qui les commande. 6°. Les œuvres de justice ne méritent que l’enfer, &c. Ces points de religion, & plusieurs autres qu’on pourroit rapporter, ont paru si horribles & si contraires à la raison & au bon sens, que les Sectateurs de Calvin en ont rejeté plusieurs ; mais ils ont toujours soutenu des erreurs fondamentales qui les séparent de l’Eglise Catholique.

CALVINISTE. s. m. & f. Hérétique qui suit la doctrine de Calvin. Calvini sectator. En France, on appelle les gens de cette secte Huguenots, & Parpaillaux parmi le peuple. En Allemagne, on les confond avec les Luthériens & autres sous le nom de Protestans. Le P. Gaultier leur attribue cent hérésies dans sa chronologie ; & le P. François Feu-Ardent, Docteur de Paris, en parlant des erreurs des Calvinistes, leur en donne mille quatre cens, dans un ouvrage intitulé Theomachia Calvinisticæ.

Les Calvinistes prennent le nom de Réformés, qualité qu’ils sont osé s’attribuer en France sans être repris, pendant qu’ils y ont été. Les déclarations du Roi leur ordonnèrent de prendre seulement le nom de prétendus-Réformés. Les Luthériens haïssent mortellement les Calvinistes ; ils ont été toujours très-éloignés d’eux, quelques efforts que ceux-ci aient faits pour s’approcher des Luthériens, qui regardent les sentimens des Calvinistes sur la prédestination & sur la réprobation, comme des opinions Mahométanes, lesquelles renversent la Religion Chrétienne. L’Electeur de Brandebourg est Calviniste, mais la plupart de ses sujets sont Luthériens : il y en a aussi quelques-uns qui sont Catholiques. Les Calvinistes sont en très-petit nombre dans ses Etats. En Angleterre la religion dominante est celle des Episcopaux, & quoique ceux-ci diffèrent peu des Calvinistes pour ce qui est de la doctrine, ils ne sauroient cependant les souffrir ; le nom de Calviniste leur étant tout-à-fait odieux. Le parti des Calvinistes au contraire domine dans toute l’Ecosse, sous le nom de Puritain. Les Episcopaux en ont été bannis depuis peu, sous le Prince d’Orange, appelé le Roi Guillaume.

Calviniste se fait aussi quelquefois adjectif, & se dit pour Calvinien. Vous avancez-là des propositions calvinistes. À la calviniste. Phrase adverbiale : à la manière des Calvinistes.

CALVITIE. s. f. Terme de Médecine. Chute de cheveux, surtout du devant de la tête, qui ne peuvent plus revenir. Calvitium. La calvitie arrive en conséquence du desséchement de l’humidité qui nourrissoit les cheveux, causé par le grand âge, par la maladie, ou par l’usage excessif de la poudre.

CALUMET. s. m. Terme de relation. C’est un instrument des Sauvages de l’Amérique. Tabacaria Canadensium, Syrinx, fistula. C’est une espèce de grande pipe à fumer, faite de marbre rouge, noir ou blanc. La tête en est bien polie, & a la figure d’un marteau d’armes. Le calumet a un tuyau orné de poils de porc-épic & de petits fils de peaux de plusieurs couleurs. Le calumet a quelque chose de mystérieux parmi les Sauvages du nord. C’est le symbole de la paix.

CALUNTER. s. m. Terme de relation, C’est dans les villes de Perse un Magistrat, qui est à-peu-près comme le Maire dans les nôtres.

CALUS ou CAL. s. m. Le premier est le plus usité. Dureté qui se forme en quelque partie du corps humain, par un travail continuel qui durcit & épaissit la peau. Callus, callum. Les artisans ont des calus au fond des mains. Les Tailleurs ont du cal aux doigts où ils mettent les ciseaux.

Calus se dit aussi d’une dureté qui se forme sur l’endroit où il y a eu fraction d’un os ; La nature y envoie assez de matière pour le consolider, & empêcher qu’il ne se rompe de rechef.

Calus se dit figurément, en parlant de la dureté que l’ame a contractée contre toute sorte de tendresse,

☞ C’est un endurcissement d’esprit & de cœur qui se forme par la longue habitude. Il se prend en bonne & en mauvaise part. Ce Juge est incorruptible, il s’est fait un calus contre les sollicitations. L’impie se fait un calus contre les remors de sa conscience.

Calus, en Jardinage, est une reprise de la matière de la sève qui se fait en forme de nœud à la jointure d’une branche ou d’une racine.

Calus ou Acalus. s. m. Nom d’homme dans la Mythologie. Calus. Acalus. Calus étoit neveu & apprenti de Dédale, qui se précipita du haut d’une maison en bas par jalousie, & parce qu’il étoit devenu trop habile sous lui, & qu’il avoit inventé la scie, à l’imitation d’une mâchoire de serpent, la règle & la roue à potier. Minerve touchée de son malheur, le métamorphosa en perdrix, ce qui lui fit donner le nom de cet oiseau. Perdix.

Calus est Grec, il vient de καλὸς, qui signifie beau, bon.

CALYBÉ. s. f. Terme de Mythologie. Vieille Prêtresse du Temple de Junon, dont la furie Alecto prit la figure pour parler à Turnus.

CALYBITE. s. m. & f. Qui loge dans une cabane, dans une masure. Calybita, qui sub tuguriolo habitat. Ce mot n’est en usage dans notre langue que comme surnom de quelques Saints. S. Jean Calybite, que l’Eglise honore le 15 Janvier, étoit d’une des meilleures maisons de Constantinople. Il fut Moine Acémète sous Théodose le jeune. Voyez les notes de M. Chastelain au 15 de Janvier. Il y a encore eu d’autres Calybites, comme remarque Bollandus. Januar. t.I, p. 1031, qui vivoient sous des cabanes, des chaumines.

Ce mot vient de καλύπτω, tego, operio. Bollandus. Ib. p. 1029. De-là s’est fait le nom Grec Καλύϐη, qui signifie une petite loge ou hute. Voyez le Glossaire de Du Cange.

CALYCOPIS. s. f. Terme de Mythologie. Fille d’Otréus, Roi de Phrygie, est la Venus mère d’Ence. Elle épousa Thoüs, Roi de Lemnos, qui érigea à sa femme des temples, à Paphos, à Amathonte, dans l’île de Chypre & à Byblos en Syrie, institua en son honneur des Prêtres, un culte sacré & des fêtes.

CALYPHE. Voyez Calife.

CALYPSO. s. f. Terme de Mythologie. C’est le nom d’une Nymphe célèbre par ses amours avec Ulysse, qui passa sept ans avec elle dans l’Ile d’Ogygie où elle régnoit, & où elle reçut favorablement cet étranger qui y avoit été jeté par la tempête. Cette Nymphe étoit fille de l’Océan & de Thétis, si l’on en croit la fable. Elle avoit promis l’immortalité à Ulysse, s’il vouloit l’épouser ; mais celui-ci l’ayant quittée pour retourner dans sa patrie auprès de sa femme Pénélope, elle s’en tua de désespoir. Homère rapporte pourtant autrement la chose ; & Lucien dit qu’Ulysse lui écrivit qu’il étoit fâché de l’avoir quittée, parce qu’il avoir trouvé sa femme au milieu de plusieurs galans qui lui faisoient la cour & mangeoient son bien, qu’il les avoit tués, & s’étoit enfui, & qu’il ne désespéroit pas de retourner la voir quelque jour.

CALYPTER. s. m. Excroissance charnue, qui couvre la veine hémorrhoïdale. Καλυπτὴρ, de καλύπτω, cacher. Hippocrate, cité par James.

☞ CALZA (l’ordre de la). Voyez Botte (ordre de la).

☞ CALZADA ou SAN-DOMINGO DE LA CALZADA. Calcida ou Calciata. Ville d’Espagne dans la Vieille-Castille, dans la contrée de Rioja. Son Evêché a été uni à celui de la Calahorra.

CAM.

☞ CAMÆNA. s. f. Déesse du chant chez les Romains.

CAMAGNE. Terme de Marine. Lit de vaisseau. Voyez Cajutes.

☞ CAMAGUELA. Province de l’Île de Cuba, dans l’Amérique septentrionale. Elle étoit très-peuplée avant l’arrivée des Espagnols.

☞ CAMAÏEU. s. m. Pierre fine, ordinairement de deux couleurs, sur laquelle on voit différentes figures que la nature y a tracées. Lapis in quo figurœ videntur, non impressœ, sed ingenitœ. On le dit aussi de ces pierres précieuses, comme onyx, sardoines & agathes, sur les quelles les Lapidaires emploient leur art pour aider la nature à perfectionner ces représentations.

Ce mot vient de camehuia, qui est un nom que les Orientaux donnent à l’onyx, lorsqu’en l’usant, on trouve une autre couleur, comme qui diroit une seconde pierre. Les Latins ont dit aussi camahutus & camahelus. Du Cange.

Camaïeu se dit aussi d’un dessein fait par un Peintre, où il n’emploie qu’une seule couleur, & où il observe les jours & les ombres, sur un fond de couleur différente, d’or ou d’azur, qui représente d’ordinaire les bas-reliefs. Imago monochromatos, monochroma. Les plus riches camaïeux sont rehaussés d’or ou de bronze, par hachures.

On dit peindre en camaïeu, un plafond orné de camaïeux, de beaux camaïeux. Les Grecs les appeloient μονοχρώματα.

CAMAIL. s. m. Petit manteau que les Evêques portent par-dessus leur rochet, qui ne s’étend que depuis le cou jusqu’à la ceinture. Epomis, humerale.

Il est noir ou violet. Il a un capuce, mais si petit qu’il ne peut couvrir la tête, & qu’on le laisse abattu par derrière, de sorte que c’est plutôt un ornement de cérémonie, qu’un habit propre à garantir du froid. Les Cardinaux portent ordinairement le Camail rouge. Pendant l’avent & le carême, & quand ils sont en deuil, ils le portent violet. Les Evêques dans leur Diocèse portent le camail violet. Hors de leur Diocèse, & quand ils sont en deuil, ils le portent noir. Les Cardinaux & Evêques assistent aux actes & aux cérémonies en camail & en rochet. Les Abbés séculiers ont tous le camail noir, les réguliers de la couleur de leur ordre. Les Abbés Prémontrés l’ont blanc.

Camail se dit aussi d’un habit d’Eglise, des Chanoines, Prêtres, & autres Ecclésiastiques séculiers & des Chanoines réguliers. Il a un capuce dont on couvre la tête. C’est un habit d’hyver, pour se garantir du froid. On le prend à la Toussaint, & on le quitte à Pâque. Le camail des Chanoines descend par-devant jusqu’au dessous de l’estomac & par derrière jusqu’aux talons, & se termine en pointe. Celui des Chanoines réguliers de la Congrégation de France, est à-peu-près de même forme. Quelques autres Ecclésiastiques le portent de la même manière, & c’est : ce qu’on appelle le grand camail. Le petit camail qui est ordinairement celui des simples Ecclésiastiques ne se termine point en pointe par derrière, & descend seulement jusqu’aux reins. C’est ainsi qu’on le porte à Paris.

Quelques-uns disent, comme Théophile Raynaud, que ce mot vient de camelaucius, qui étoit une couverture de tête faite de camelot. Ce qu’on lit dans le savant Onomasticon du P. Rosweid, Jesuite, sur camelauchium, confirme ce sentiment, quoiqu’il n’y parle point du mot François, camail. On y lit que dans des vies anciennes des Saints on trouve que camelauchium étoit un vêtement dont on se couvroit la tête ; que dans un ancien Glossaire manuscrit de Camberon, il est dit que c’est un vêtement du Pape, un ornement de tête semblable à la tiare ; que dans Bède, de Tabern. Liv. III, chap. 8, il est décrit comme un casque, qui s’étend jusque sur le haut de la tête, ce qui représente en effet la forme de camail ; que ce mot est Grec καμελαυκιον, & καμελαυχιον ; qu’il se trouve dans Suidas, dans Hésychius, dans le Scholiaste d’Aristophane ; que l’Etymologiste le dérive de παρὰ τὸ ἐλαύνειν τὸ καῦμα ; ce qui montre que l’usage de cet habillement vient des pays chauds, où on le portoit pour se garantir du soleil & de la chaleur, au lieu qu’on l’a pris dans ce pays-ci pour se garantir du froid ; qu’au reste on trouve dans Isidore, & d’autres anciens, calemanchus & calemancus, mais que c’est une faute ; que dans Bède à l’endroit cité, il y a Calamacus, mais que ce sont des transpositions & des changemens très-ordinaires dans les Auteurs ou les Copistes de la basse Latinité, dans lesquels on trouve de même très-souvent corcodrillus pour crocodilus. D’autres prétendent qu’il y a plus d’apparence qu’il vient de cap de maille : il est certain qu’il y avoit autrefois des couvertures de tête faites de mailles. Ainsi on voit dans l’Histoire de Bertrand du Guesclin, des Chevaliers bien armés de camails, qui répondoient à peu près aux haussecols des derniers temps ; & la ressemblance a fait ainsi nommer les camails des Evêques. Du Cange.

En termes de Blason on a aussi appelé camail ou mantelet, une espèce de lambrequin, dont les anciens Chevaliers couvroient leurs casques & leur écus,

CAMAIL, Ordre du Camail. C’est l’Ordre militaire du Porc-épic, institué en 1394, par Louis de France, Duc d’Orléans, au baptême de son fils Charles, cet Ordre fut appelé Ordre du Camail, parce que le Duc d’Orléans donnoit avec le collier une bague d’or, garni d’un camaïeu, ou pierre d’agathe, sur laquelle étoit gravée la figure d’un Porc-épic. Voyez ce mot.

Camail s’est dit autrefois pour Camaieu. Voyez l’article précédent de l’Ordre du Camail.

CAMALDOLI. Village du Florentin dans la Toscane, qui a donné son nom à l’Ordre Religieux dont on va parler.

CAMALDOLI. s. m. Ordo Camaldulanus. Cet Ordre de Religieux fut fondé par S. Romuald en 1012, dans la plaine de Camaldoli, située dans l’Etat de Florence sur le mont Apennin, arrosée de sept fontaines. Quelques-uns ont prétendu que ce lieu s’appeloit Acqua bella, & qu’il ne prit le nom de Camaldoli, ou Campo Maldoli, que parce qu’un Maldoli, bourgeois d’Arezzo, à qui il appartenoit, le donna à S. Romuald. Il y a un privilège de l’Empereur Henri II, où ce lieu est appelé Campus amabilis. Le P. Gui Grandis, Religieux de cet Ordre, Mathématicien du Grand Duc, & Professeur de Philosophie dans l’Université de Pise, qui donna en 1707, deux dissertations sur les Antiquités de son Ordre, imprimées à Lucques, en fait remonter l’origine jusqu’à l’an 978, que S. Romuald prit sous sa conduite le Duc de Venise, Pierre Urféole, & qu’il alla en Catalogne avec lui & quelques autres compagnons. Il prétend aussi que si le nom de Camaldoli a été donné à cet Ordre, ce n’est point que la première institution de ce saint & de ses compagnons ait été à Camaldoli ; mais parce que la régularité s’y est toujours conservée plus exactement qu’ailleurs. On les appelle les Ermites de Camaldoli, les Ermites Camaldules. Fortunius & Actius ont aussi écrit l’Histoire des Camaldules. Luc d’Espagne, l’a faite aussi sous le nom d’Histoire Romaldine. Dom Grandis en parle avec éloge. S. Romuald donna à ses Moines la règle de S. Benoît. Ils portent un habit blanc. Par leurs statuts, leurs maisons doivent être éloignées de cinq lieues des grandes villes. Le B. Rodolphe, IVe général, dressa les premières Constitutions de cet Ordre en 1102 ; en 1105, il fit de nouvelles Constitutions plus faciles à observer que les premières. Il obtint de Paschal II, la confirmation des biens & des Monastères donnés à ses prédécesseurs. Les Généraux ont encore fait depuis d’autres constitutions. L’Ordre de Camaldoli, ou des Camaldules, ne fut approuvé qu’en 1072, par une Bulle d’Alexandre II, dans laquelle Camaldoli est appelée Campus amabilis. Le Prieur de ce Monastère étoit Général de l’Ordre, & cet office étoit perpétuel. Cet Ordre est divisé en cinq Congrégations. La première est celle de Camaldoli ou du Saint Ermitage : la seconde, celle de S. Michel de Murano, qui n’est que de Cénobites : la troisième des Ermites de S. Romuald, ou du mont de la Couronne : la quatrième, celle de Turin, & la cinquième, celle de France, qui ont chacune présentement leur Général ou Majeur. La Congrégation de Camaldoli, depuis la séparation d’avec celle du Mont de la Couronne, a des Constitutions particulières, approuvées par Clément X, l’an 1671. Le Général ou Majeur de cette Congrégation est élu tous les deux ans, & se sert d’habits pontificaux. Voyez le P. Hélyot, Liv. V, ch. 21 & suivans. Les Camaldules de France sont une Congrégation particulière, sous le nom de Notre-Dame de Consolation, Ils ne sont entrés dans le Royaume qu’en 1626. Id. chap. 24.

CAMALDULE. On appelle Camaldules les Religieux de l’Ordre de Camaldoli. Camaldulanus, Camaldolita, Camaldulensis. Il y en a qui appellent Camaldolites ceux qu’on appelle communément Camaldules. La vie d’un Camaldule est bien solitaire & bien austere.

Camaldule se dit aussi des Religieuses du même Ordre. Les Camaldules furent fondées par le B. Rodulphe, IVe Général de l’Ordre, vers l’an 1086. Leur habillement consiste en une robe & un scapulaire de serge blanche, & une ceinture de laine de la même couleur, qui se lie sur le scapulaire : au chœur elles portent une grande coule. Les Converses Camaldules n’ont point de coule, mais un manteau & un voile blanc. Les Camaldules du chœur ont aussi un voile blanc, mais elles en ajoutent un noir par-dessus. Ces Religieuses Camaldules ont les mêmes observances que les Moines Camaldules. P. Helyot, tome V, chap. 21.

Camaldule. s. f. Maison de l’Ordre des Camaldules. Domus Camaldulensis, monasterium Camaldulense. Le plus ancien des monastères de Camaldules en France est celui du Val-Jesus en Forêt, où l’on bâtit en 1633, une Camaldule qui a retenu le nom de Val-Jesus, P. Helyot, tome V, ch. 25. Il y a une Camaldule à Grosbois, près de Paris. L’an 1648, Catherine le Voyer, dame d’Atour de la Reine Régente, mere de Louis XIV, & veuve de René du Bellay, Baron de la Flotte, fonda une autre Camaldule dans sa terre de la Flotte, dans le bas Vendomois. En 1674, Henri de Guénégaud, Comte de Plancy, Sectétaire d’État, & sa femme Elisabeth de Choiseul du Plessis-Praslin, fondèrent une autre Camaldule dans leur terre de Brieux en Bretagne. Id.

Camaldule est encore le nom d’un Rosaire ou Chapelet, qu’on appelle le Rosaire de la Couronne de Notre-Seigneur, & plus communément le Camaldule. Il fut institué par le B. Michel de Florence, Ermite de Camaldoli. Le Camaldule a été approuvé par les Souverains Pontifes, qui ont accordé beaucoup d’indulgences à ceux qui le réciteroient. P. Helyot, tome V, ch. 23.

CAMANHAYA. s. f. Plante capillaire du Brésil qui croît sur les arbres les plus hauts, & qui les couvre entièrement. Elle est d’une couleur grise, semblable à une espèce de duvet, & elle produit à certaine distance, jusqu’à six feuilles ; quelquefois une seule, comme celle du romarin. Il semble que ce soit une espèce d’Epithyme. Ray, cité par James.

CAMANIOC. s. m. C’est une espèce de Manioc, plus grand que l’ordinaire, tant par le bois que par les feuilles & les racines. C’est pourquoi on le nomme Camanioc, comme qui diroit le chef & principal Manioc. Le Camanioc n’a aucune des mauvaises qualités du Manioc ordinaire ; on peut le manger sans aucune précaution ; mais comme il est beaucoup plus long temps à croître & à mûrir ; &c que ses racines, plus légères & plus spongieuses, rendent moins de farine, on en néglige la culture. Le P. Labat.

CAMARA. s. f. C’est en Anatomie la calotte du crâne ou la partie voûtée de l’oreille qui conduit à son orifice extérieur. Καμάρα. Dict. de James.

☞ CAMARA. s. m. Plante du Brésil, dont il y a plusieurs espèces.

☞ CAMARA-CUBA. s. m. Plante qui a ses feuilles âpres & herissées comme le chardon, & ses fleurs semblables à celles de l’œil de bœuf, l’odeur comme celle de la menthe, & les semences comme celles de la chicorée.

☞ CAMARA-JAPO. Espèce de mentastrum ou de menthe, dont la tige ronde, velue, rougeâtre, s’élève à la hauteur de deux pieds. Ses feuilles sont légèrement découpées, opposées deux à deux. Ses fleurs sont disposées en ombelle, & il leur succède de petites semences noires.

CAMARA-MIRA. Plante du Brésil. C’est, dit Pison, une plante qui s’élève à la hauteur d’une coudée, dont la tige est foible & ligneuse, qui porte une petite fleur jaune, & ce qu’il y a de merveilleux, cette fleur s’ouvre en tout temps de l’année à onze heures du matin, demeure ouverte jusqu’à deux heures après midi, & paroît fermée pendant le reste du jour. Ray, cité par James.

☞ CAMARA-TINGA. s. m. Espèce de Chèvre-feuil nain, qui croît au Brésil. Ses feuilles rouges & jaunes sont très-odoriférantes. Il leur succède des baies vertes de la grosseur de celles du Sureau.

CAMARADE. s. m. Compagnon de profession, qui fait le même métier, les mêmes exercices, qui est avec quelqu’un. Socius, commilito. Il se dit des gens de basse condition, ou de bas âge, particulièrement des soldats, des laquais, des artisans ; des écoliers qui vont ensemble à l’école. Rigaud, dans son Glossaire, dérive le mot camarade de καμάροα, qu’on trouve dans les Constitutions des Empereurs Maurice & Léon : ce mot veut dire une tente, & l’on a appelé camarades, les soldats d’une même tente. D’autres prétendent que ce mot vient du Latin camera, voûte, chambre voûtée. On appelle camarades, ceux qui sont d’une même chambrée, ou qui sont compagnons.

On dit aussi familièrement camarades de fortune, d’aventure, de malheur, pour signifier qu’on a été dans la même fortune, dans la même aventure, dans les mêmes malheurs. Si nous sommes maltraités en cette occasion, nous avons bien des camarades.

Camarade se dit quelquefois des supérieurs aux inférieurs, particulièrement à la guerre, pour exciter les soldats à obéir & à suivre. Camarades, suivez-moi. À moi camarades, à moi.

Camarade se dit aussi figurément des choses qui s’accompagnent mutuellement. Que le bon soit toujours camarade du beau. La Font. Cela n’est pas du style élevé.

En termes de Guerre, on appelle une batterie par camarades, lorsque plusieurs pièces de canon, soit de la même, soit de diverses batteries, sont pointées en même temps contre un même corps, & tirent ensemble.

☞ CAMARD, ARDE. s. m. & f. Qui a le nez écrasé. Simus, resimus. C’est un camard, une camarde.

☞ On dit adjectivement nez camard. Resimæ nares.

☞ Un poète personifiant la mort, l’appelle la camarde, parce qu’on l’a représentée avec un crâne décharné, au lieu de tête, & qu’ainsi elle n’a point de nez.

CAMARE. s. m. C’est, en termes de manège, le nom d’une espèce de caveçon garni de petites dents, ou pointes de fer très-aigues. On ne se sert pas aujourd’hui du camare dans les Académies, parce que ses pointes dechiroient le cheval, & le desespéroient.

CAMARGUE. La camargue est un petit pays de France dans la Provence, entre deux bras du Rhône. Quelques-uns prétendent qu’il a été nommé de Caius Marius, qui s’y campa contre les Cimbres, qu’il défit peu de temps après dans ces quartiers. Morery, édition de 1712. Si ce fait étoit vrai, ce nom viendroit plutôt de Castra Marii, Camp de Marius, que de Caius Marius. Mais il vient de l’Espagnol comarca, qui signifie une terre qui produit abondamment, que les Espagnols donnèrent à ce pays du temps que les Comtes de Barcelonne en étoient les maîtres. Tournefort. Caius Marius, n’a jamais campé-là. Ce camp, selon Plutarque, étoit entre le Rhône & Marseille. On en découvre encore quelques restes du côté de Fos, village près de Martigues, qui a retenu le nom de Fosse de Marius.

☞ CAMARIGUE. s. f. Plante qui croît en Portugal, qu’on fait tremper dans l’eau, pour en faire un collyre, dont on lave les yeux, afin de fortifier la vue affoiblie.

CAMARIN-BAS, ou UMARI. Arbre du Brésil qui s’élève à une hauteur moyenne, & qui porte de petites fleurs jaunes, qui sont suivies d’un fruit ovale, semblable à la prune, qui a le goût de la pêche, & qui est d’un vert tirant sur le jaune pâle. La pulpe est en petite quantité, douce, jaunâtre, & contenant un noyau large, ovale, blanchâtre, & qui renferme une amande bonne à manger. Le fruit mangé crû, dérange l’estomac, & est capable d’exciter le vomissement : c’est pourquoi on le fait bouillir en entier, on le broie avec l’amende, & on le mange avec la chair, ou le poisson, au lieu de pain.

☞ CAMARINHA. Voyez Caceres.

CAMAROSIS. s. f. Espèce de fracture du crâne, dans laquelle les pièces de l’os fracturé s’enfoncent & forment en dedans une voûte qui presse la dure-mere & le cerveau. κάμάρωσις, cameratio, vouture, de καμάρα, voûte.

☞ CAMBA. Petite ville de la Tartarie Crimée, sur la côte méridionale.

CAMAYEU. Voyez Camaïeu.

CAMBAGE. s. m. Terme de Coutume. Droit qui se lève sur la bière. Vectigal ex cervisia. Voyez Du Cange au mot Camba.

Cambage est aussi le lieu où l’on fait la bière. Cervisiæ officina, cambagium. On a dit aussi cambe & cambier, brassar.

☞ CAMBALU. Ville d’Asie, Capitale du Catay, dans la grande Tartarie. On sait maintenant que Cambalu est la même ville que Pekin, & que Catay est la partie septentrionale de la Chine.

☞ CAMBAMBA. Capitainie d’Afrique, au Royaume d’Ampla, elle appartient aux Portugais.

CAMBAYE. Nom d’une ville d’Asie dans l’Empire du Mogol, Cambaia. Elle est située au fond d’un Golfe qui porte le même nom. Cambaye est grande, son port est bon, & elle fait un si grand commerce, qu’on l’appelle le Caire des Indes.

Le Royaume de Cambaye. Cambaiæ Regnum, est un grand pays d’Asie, situé dans l’Inde deçà le Gange, entre les Royaumes de Sorer, de Jeffelmere, de Chitor, de Candis & de Decan, & la mer des Indes. Le Royaume de Cambaye a eu autrefois ses Rois particuliers, il est maintenant soumis au Mogol. On l’appelle aussi Royaume de Guzarate. Guzaratæ Regnum.

CAMBAYES. s. f. pl. Toiles de coton qui se font à Bengale, à Madras & ailleurs.

☞ CAMBIO. Terme Italien, usité en quelques endroits. Il signifie change.

CAMBISTE. s. m. Terme de Banque & de Négoce, qui se dit des gens qui fournissent des lettres de change, ou qui en acceptent. Argentarius, mensarius. Dans le change au pair il n’y a rien à gagner entre les Cambistes.

Ce mot vient du Latin Cambium, ou de l’Italien Cambio, Change.

CAMBOIA ou CAMBODIA. Camboia. Ville de l’Inde au-delà du Gange, située sur la rivière de Mécon. Camboia est la capitale d’un Royaume de même nom.

Le Royaume de Camboia, ou Combodia, & Camboge. Camboiæ, Cambodiæ Regnum, est un grand pays de l’Inde de-là le Gange, entre les Royaumes de Chiampa, de la Cochinchine & de Siam, & l’Océan Indien ou Golfe de Siam. Le Roi de Camboia est tributaire de celui de Siam. Ce Royaume prend son nom de sa capitale.

CAMBOUIS. s. m. ☞ Matière gluante qui se forme du vieux oing par le mouvement des roues qui en ont été enduites. Le vieux oing ne s’appelle Cambouis, que quand il est changé par le frotement des parties de fer de l’essieu & de la garniture des roues. Axungia curulis. Les taches du cambouis sont difficiles à ôter.

On appelle aussi cambouis, une composition faite avec les écorces des racines d’ormeau battues avec de la graisse de bouc, & du vieux oing. On s’en sert pour étancher les tonneaux qui suintent, pour graisser les vis des pressoirs, & à d’autres usages.

Ce mot vient de anubium, qui est une espèce de colle, ou de glu.

CAMBRAI. Nom d’une ville des Pays-Bas, capitale d’un petit pays nommé Cambresis. Cameracum. La ville de Cambrai, selon quelques Auteurs, a été fondée par Camber, Roi des Sicambres ; & c’est de lui qu’elle a pris son nom. Clodion la prit en 445. Elle a été ville Impériale. Le Roi Louis XIV, la reprit en 1677, & par la paix de Nimègue, elle est demeurée à la France. L’Archevêque de Cambrai se dit Duc & Prince de l’Empire. Il a pour suffragans les Evêques d’Arras, de Tournay, de S. Omer & de Namur. Cambrai est une grande ville, belle & bien fortifiée, célèbre par les belles toiles qui s’y font. Cambrai est au cinquantième degré, dix min. de latitude, & au 20e d. 15′ de long. selon MM. de l’Académie des Sciences.

Cependant selon M. Cassini, la longitude de Cambrai est différente de celle de Paris en temps, 0 h. 3′ 36″, en degr. 0° 54′ 0″, & conséquemment il a 20° 45′ 20″ de long. sa latitude est 50° 10′ 0″, Cassini.

L’Evêché de Cambrai fut soustrait à la Juridiction de l’Archevêché de Reims, & érigé en Archevêché par Paul IVe en 1559, le 12e Mai, sur les instances de Philippe II Roi d’Espagne, & alors Souverain de Cambrai, sans avoir écouté l’Ambassadeur du Roi de France, ni le Cardinal de Lorraine Archevêque de Reims. Paul IV étant mort peu de temps après cette érection, sa Bulle fut confirmée par son successeur Pie IV, par un Bref du 7e Août 1561. Charles Maurice le Tellier, Archevêque de Reims, a souvent protesté contre cette érection faite au préjudice de son Église, qu’on n’avoit point indemnisée. 1o  En 1677, lorsque la ville de Cambrai fut prise par le Roi, ayant eu soin qu’il n’y eût rien dans la capitulation qui autorisât cette érection. 2o . Par une protestation particulière du 14 Février 1678, signifiée à M. l’Archevêque de Cambrai, Jacques Théodore de Brias. 3o . Par une nouvelle Protestation faite par la Province de Reims, assemblée à Senlis : elle est du 20 Juillet 1681, & fut signifiée à l’Assemblée générale du Clergé de France, convoquée à Paris au premier Octobre 1695. 4o . Par une procuration du 12 Février 1695, donnée à          pour qu’il s’opposât à ce que l’Église de Cambrai vacante par la mort de M. de Brias, fût pourvue d’un Pasteur sous le titre d’Archevêque Métropolitain. Nonobstant toutes ces oppositions, M. l’Abbé de Fénelon fut, à la nomination du Roi, pourvu par le Pape de l’Archevêché de Cambrai. Cambrai étoit Evêché depuis le temps de saint Geri (Gangericus) successeur de saint Waft au siège d’Arras, qui transféra son siège à Cambrai. Le Roi nomme à l’Archevêché de Cambrai, en vertu d’un concordat fait par les Commissaires de Sa Majesté, & le Chapitre de l’Église de Cambrai en 1682, par lequel le Chapitre céda au Roi le droit qu’il avoit d’élire son Archevêque, & le Roi renonça en faveur du Chapitre à son droit de Régale. Voyez le XVe tome des Conciles par le P. Labbe, les Mémoires de M. l’Archevêque de Reims, M. l’Abbé de Dangeau.

CAMBRASINE. s. f. Toile fine d’Egypte, dont il se fait un assez grand commerce au Caire, à Alexandrie & à Rosette. Elle est nommée Cambrasine par sa ressemblance avec les toiles de Cambrai.

CAMBRELAGE. s. m. Ce mot s’est dit pour Chambellage.

☞ CAMBRE. s. m. En Architecture, synonyme à cambrure. Voyez ce mot.

Cambre, est aussi un terme de Botanique emprunté des arts, pour donner l’idée de certains contours que prennent quelques parties des plantes.

CAMBRER. v. a. ☞ Courber en arc, quand il n’est question que d’une courbure peu considérable. Courber a une signification plus étendue, & se dit de toute courbure grande ou petite. Curvare, incurvare. Il faut chauffer ce bois pour le cambrer, il est aussi réciproque. Curvari, incurvari. Cette règle s’est cambrée par la sécheresse. La menuiserie de ces volets, de ces portes, ne joint pas bien, parce que le bois s’est cambré.

Cambrer, se dit aussi de la taille qui se fait par l’art sur le bois, ou la pierre, quand l’ouvrage ne doit pas être dressé uniment & en droite ligne, mais avec quelques inégalités. Camerare, fornicare.

Cambrer un livre, terme de Relieur. Dernière façon qu’on donne à un livre relié, en le prenant à moitié avec les deux mains & courbant un peu les cartons en dedans pour lui donner une meilleure forme.

☞ CAMBRÉ, ÉE. part.

Cambré, chez les Artisans, signifie aussi, ce qui est creux ou concave, ce qu’on a creusé par art, qui n’est plus uni. Fornicatus, cameratus.

Ménage dérive ce mot de camuratus, qui a été fait de camurus, qui signifie curvus, comme a remarqué Servius. D’autres le dérivent de camera, qui signifioit voute, dont on a fait aussi chambre, parce qu’elles étoient autrefois faites en voûte. Du Cange dérive ce mot de camberta, qui est une espèce d’arbrisseau, qui vient courbe, que les Allemands appellent Cambrek.

CAMBRESIS. Ager ou Pagus Cameracensis. Petit pays renfermé entre la Picardie, l’Artois & le Hainaut ; il n’a qu’environ sept lieues de long, sur quatre ou cinq de large. Il prend son nom de Cambrai, qui en est la capitale. Le Cambresis a été fief de l’Empire. Charles V l’incorpora au Hainaut. Il est à la France depuis la prise de Cambrai, & la paix de Nimègue. Câteau Cambresis est une place forte du Cambresis. Dans les Pays-Bas on dit Câteau pour Château, comme cat pour chat, & quien pour chien ; & nous les imitons en France dans le nom de cette place, disant Câteau-Cambresis, & non pas Château-Cambresis.

CAMBRIDGE. Ville d’Angleterre, capitale d’un Comté qui porte son nom. Cantabrigia. Cambridge est située sur le Cam. C’est l’ancien Camboritum, selon quelques Auteurs ; mais, selon d’autres, le vrai Camboritum, cité des Icéniens, est un petit bourg voisin de Cambridge, nommé Granceafter. On dit que cette ville fut nommée Granteride par les Saxons. Elle a une Université fameuse. Cambridge est au 20° 50′ d″ de longitude, & au d° 52′ 20″ de latitude. Il y a près de Cambridge sur le sommet des montagnes qu’on nomme en Anglois Gogmagoghils, des restes de remparts & de fortifications faites autrefois par les Romains, ou par les Danois.

Le Comté de Cambridge qu’on appelle en Anglois, Cambridge-Shire, Cantabrigiensis Comitatus, est une Province d’Angleterre, bornée au Nord par le Comté de Lincoln, & par celui de Nortfolck, qui se confine aussi vers l’Orient, de même que le Suffolck ; elle a ceux d’Essex & de Hertford au Midi ; & ceux de Bedford, de Huntington, & de Northampton au Couchant. Le Comté de Cambridge peut avoir treize lieues de long, & six de large. La rivière d’Ouse le sépare en deux parties, l’une Méridionale, & l’autre Septentrionale. La première est assez bien cultivée, mais la dernière est pleine de marais. L’air y est mal-sain. Maty.

CAMBRIQUE. s. m. & adj. C’est le nom qu’on donné à la langue qu’on parle dans le pays de Galles en Angleterre, & qui est presque conforme à celle qu’on parle en Basse Bretagne en France, & que nous appelons Bas-Breton, en sorte que ces deux peuples n’ont pas de peine à s’entendre. Le Cambrique est, selon Scaliger, une des dix langues matrices mineures de l’Europe. Ce mot de Cambrique vient de ce que le pays de Galles s’appelle Cambrie, en Latin Cambria.

CAMBRURE. s. f. L’état de la chose cambrée. On le dit en architecture de la courbure du cintre d’une voûte, ou d’une pièce de bois. Incurva rei flexus, concameratio. La cambrure des planches est nécessaire quand on en fait des bateaux. Cette cambrure se fait en présentant au feu ces planches, qu’on a ébauchées en dedans, & en les laissant quelque temps entretenues par les outils que les Menuisiers appellent sergens.

Cambrure, est aussi un terme de Formier & de Cordonnier. Ils disent, cambrure de forme de soulier, cambrure d’un soulier : pour signifier la manière dont une forme ou un soulier sont courbes. Flexura.

CAMBUI. s. m. C’est le Myrrhe sauvage Américain de Pison & de Mareg. Voyez le Dict. de James.

CAME ou CHAME. s. m. Chama. Terme de Conchyliologie. C’est la seconde famille des bivalves. La coquille des Cames est plus élevée dans son milieu, & elle est convexe dans les deux parties presqu’égales. On distingue les Cames des huîtres, en ce qu’elles sont plus unies dans leur superficie, & souvent peu exactes dans la fermeture des deux écailles, ce que les Naturalistes appellent ore patulo & hianti.

CAMÉADE. s. f. Espèce de Poivre sauvage, dont le grain est d’abord vert, puis rouge, & enfin noir, quand il est sec. On l’appelle quelquefois Bois-gentil, & Poivre des montagnes.

☞ CAMÉE. s. m. Pierre composée de différentes couches, & sculptée en relief. Un beau camée est plus rare qu’une belle pierre taillée en creux. Acad. Fr.

CAMELÉE. s. f. Terme de Botanique. Arbrisseau ligneux, de la hauteur d’une ou deux coudées, qui jette beaucoup de sarmens, & qui se divise en plusieurs branches. Chamelea. Ses feuilles sont longues, semblables à celles de l’olivier, mais plus petites & plus brunes. Ses fleurs sont petites, jaunes, d’une seule feuille coupée en trois parties. Son fruit est à trois noyaux, vert d’abord, ensuite rouge, lorsqu’il est mûr : il est couvert d’une peau qui est d’un goût amer & fort brûlant ; de même que toute la plante. On en tire un suc qu’on mêle avec quelques purgatifs, & qu’on donnoit autrefois dans les hydropisies. On ne s’en sert plus intérieurement.

CAMÉLÉON. s. m. Quelques-uns écrivent CHAMÉ-LION C’est un petit animal fait comme un lézard, excepté qu’il a la tête plus grosse & plus large. Chamæleon. Cet animal habite dans les rochers. Il a quatre pieds, trois doigts à chacun, la queue longue, avec laquelle il s’attache aux branches des arbres, aussi bien qu’avec les pieds. Il a le mouvement lent comme la tortue, mais fort grave. Il y en a en Egypte qui ont jusqu’à onze & douze pouces de long, y compris la queue. Ceux d’Arabie & du Mexique ont six pouces seulement. Sa queue est plate, le museau long. Il a le dos aigu, la peau plissée & hérissée comme une scie depuis le cou jusqu’au dernier nœud de la queue, & une forme de crête sur la tête. Il a la tête sans cou comme les poissons. Il fait des œufs comme les lézards. Son museau est fait en pointe obtuse. Il a deux petites ouvertures dans la tête qui lui servent de narines. Ses deux mâchoires sont jointes par une ligne presque imperceptible. Ses yeux sont gros, & ont plus de cinq lignes de diamètre, dont l’iris est isabelle bordé d’un cercle d’or, quoique Jonston dise qu’elle lui manque. Il n’a point d’oreilles, & ne reçoit ni ne produit aucun son. Sa langue est longue de dix lignes, & large de trois, faite de chair blanche, ronde & aplatie par le bout, où elle est creuse & ouverte, semblable en quelque façon à la trompe d’un éléphant : aussi quelques-uns l’appellent-ils trompe. Il la darde promptement sur les mouches, qui s’y trouvent attrapées comme sur la glu. Elle s’allonge & se retire comme un bas de soie sur la jambe. L’expérience n’a pas confirmé ce que plusieurs Auteurs veulent faire croire, que le Caméléon vit d’air. On a souvent vu celui qui a été apporté à Paris avaler des mouches ; on en a remarqué quantité dans ses excrémens ; & son ventre & ses intestins ont été trouvés remplis quand on l’a disséqué. Il a 18 côtes, & son épine a 74 vertèbres, y compris les 50 de sa queue. On trouve dans son ventre des pierres qu’il vide avec ses excrémens. Il devient quelquefois si maigre, qu’on lui compte les côtes, de sorte que Tertullien l’appelle une peau vivante. Elien, Gesner & Aldrovandus disent qu’il se défend du serpent par un fétu qu’il tient dans sa gueule.

Sa couleur ordinaire, quand il est en repos & à l’ombre, est d’un gris bleuâtre. Aristote dit que sa couleur naturelle est le noir. Il y en a aussi de jaunes, & d’autres verts, qui sont plus petits. Quand il est exposé au soleil, ce gris se change en un gris plus brun tirant sur le minime, & ses parties moins éclairées prennent diverses couleurs qui forment des taches de la grandeur de la moitié du doigt, dont il y en a quelques-unes de couleur isabelle. Les grains de sa peau non-éclairés ressemblent aux draps mêlés de plusieurs couleurs. Quelquefois quand on le manie, il paroît marqueté de taches brunes qui tirent sur le vert. Si on l’enveloppe dans du linge, après y avoir été deux ou trois minutes, on l’en retire blanchâtre ; mais cela ne lui arrive pas toujours : il ne prend point la couleur des autres étoffes dans lesquelles on l’enveloppe ; & sa couleur ne change seulement qu’en quelques parties de son corps. Ainsi ce que Théophraste & Plutarque ont dit, qu’il prend toutes les couleurs dont on l’approche, hormis le blanc, ne s’accorde pas avec l’expérience. Monconys dit avoir observé que le Caméléon étant au soleil, paroît vert, quoiqu’il soit en un lieu où il n’y a point d’herbe ; qu’à la chandelle il paroît noir, quoiqu’on le mette sur du papier blanc ; & qu’étant enfermé dans une boîte, il devient jaune & vert : & il soutient qu’il ne prend jamais que ces quatre couleurs. Les uns disent que ce changement de couleur se fait par suffusion, comme Sénèque, d’autres par réflexion, comme Solin ; d’autres par la disposition des particules qui composent sa peau, comme les Cartésiens. Ce que l’on vient de dire est tiré presque entièrement des Mémoires de M. Perrault, qui en a fait des dissections.

Mlle Scudery, dans une Relation qu’elle a publiée de deux Caméléons qui lui furent apportés d’Afrique, assure qu’elle les conserva dix mois, & que pendant tout ce temps-là ils ne prirent rien du tout. On les mettoit au soleil, & à l’air, qui paroît être leur unique aliment : ils changeoient souvent de couleur, sans prendre celle des choses sur lesquelles on les mettoit. On remarquoit seulement quand ils étoient variés, que la couleur sur laquelle ils étoient se mêloit avec les autres, qui par leurs fréquens changemens faisoient un effet agréable. Elle ajoute que c’est un petit animal paresseux, triste & muet, & qui de ses yeux en tient l’un immobile, ou vers le ciel, & l’autre vers la terre.

Ce que la plupart des Auteurs ont dit du Caméléon n’est pas véritable. Pline le fait de la grandeur d’un Crocodile : Panarolus lui arme le dos de pointes pour se défendre de ses ennemis ; & Solin, comme pour le rendre plus effroyable & plus terrible, dit qu’il a toujours la gueule ouverte. Cependant un Caméléon qu’on a disséqué à Paris n’étoit pas en tout plus long d’un pied, quoiqu’il fût des plus grands ; il n’avoit sur le dos aucune apparence de pointes, les apophyses épineuses de ses vertèbres étant même carrées ; & bien loin d’avoir incessamment la gueule ouverte, il l’avoit toujours si bien fermée, pendant qu’il a été vivant, qu’on avoit de la peine à remarquer la séparation de ses lèvres. Marmol, qui dit qu’il en a vu plusieurs, assure que leur queue ressemble à celle d’une taupe ; mais elle n’est pas moins grande que celle d’un rat ou d’une vipère, & elle égale en grandeur presque tout le reste du corps.

Pour ce qui est des parties intérieures de cet animal, Gesner dit qu’il n’y a que les poumons qui soient visibles ; mais il faut qu’il les ait considérées avec bien peu de soin ; car dans le Caméléon qui fut disséqué à Paris, on remarqua distinctement le foie, le cœur, le ventricule, les intestins, qui avoient plus de sept pouces de longueur. Aristote, qui a pris plaisir à décrire le Caméléon, assure qu’il n’a de la chair qu’aux mâchoires & au commencement de la queue ; néanmoins on en remarque encore sur l’épine du dos, sur les jambes de devant, & sur celles de derrière. Il prétend aussi qu’il n’a de sang qu’autour du cœur & des yeux, & cependant on en trouva beaucoup dans la langue, & dans tout le reste du corps. La description Anatomique de celui qui fut disséqué à Paris à la Bibliothèque du Roi, dit que ce Caméléon ne changeoit pas moins de figure, que de couleur ; que quelquefois il paroissoit fort gras, & une heure après si décharné, qu’il sembloit n’avoir que la peau ; que ses poumons n’étoient qu’un amas de membranes déliées, & qui ayant été enflées en soufflant dans l’âpre artère, jetèrent de côté & d’autre plusieurs productions d’inégales grandeurs, & presque de la figure de branches de corail ; qu’une des pierres qui s’engendrent dans ses intestins ayant été cassée, on trouva dedans la tête d’une mouche ; que ses yeux ont le mouvement singulier, dont parle Mademoiselle de Scudery.

On dit figurément qu’un homme est un caméléon, quand il change d’avis ou de résolution, ou de parti ; à cause qu’on a cru faussement jusqu’ici que le caméléon changeoit de couleur à tout moment. Un Ministre d’Etat est un caméléon, un Prothée, qui feint toutes sortes de caractères selon ses vues, & ses intérêts. La Bruy. La Fontaine dit des gens de Cour, Peuple caméléon, peuple singe du maître. On dit aussi de celui qui n’a pas de quoi vivre, que c’est un caméléon ; qu’il vit de vent, à cause de la vieille erreur où l’on étoit que le caméléon en vivoit.

Le caméléon est la matière d’une sérieuse méditation que fait Tertullien sur la fausse apparence, & il le propose comme le symbole des trompeurs & des fanfarons.

Ce mot signifie petit lion, ou chameau-lion, chez les Grecs, selon l’étymologie d’Isidore. Licetus croit que ce nom lui a été donné, à cause que comme le lion chasse aux autres bêtes, de même le caméléon chasse aux mouches : par la même raison qu’un certain ver qui chasse, & prend les fourmis, qu’Albert le grand a décrit, est appelé formica-leo ; & qu’une petite écrevisse de mer est nommée lion, parce qu’elle est de la couleur du lion, à ce que disent Pline & Athénée. À cause de son extrême maigreur les Italiens appellent cet animal une peau vivante. On voit sur quelques tapisseries des Gobelins des caméléons représentés fort au naturel.

Matthiole rapporte plusieurs superstitions des Anciens touchant le caméléon. Ils ont dit que sa langue qu’on lui avoit arrachée étant en vie, servoit à faire gagner le procès de celui qui la portois ; qu’on faisoit tonner & pleuvoir, si on brûloit sa tête & son gosier avec du bois de chêne, ou si on rotissoit son foie sur une tuile rouge ; que si on lui arrachoit l’œil droit étant en vie, cet œil mis dans du lait de chèvie ôtoit les taies ; que sa langue liée sur une femme enceinte, la faisoit accoucher sans danger ; que sa mâchoire droite otoit toute peur & frayeur, étant portée sur soi, & que sa queue arrêtoit des rivières : ce qui montre que les Naturalistes ont dit des choses aussi fabuleuses que les Poëtes. Pline dit que Démocrite avoit fait un livre entier de ces superstitions. Et Solin dit, qu’il y a une telle antipathie entre le corbeau & le caméléon, que celui-là meurt incontinent après qu’il a mangé de sa chair : ce qui est faux, quoique quelques Modernes assurent que le caméléon, pour éviter les serpens, monte sur les arbres, & que de-là il les épie pour les faire mourir par sa bave qu’il laisse tomber sur eux. Pline s’est aussi fort trompé, quand il a dit qu’il y avoit des caméléons qui étoient aussi grands que des crocodiles.

Caméléon, en Astronomie, est l’une des douze constellations Australes, qui ont été observées par les modernes depuis les grandes navigations. Elle n’est pas visible sur notre horison.

CAMÉLÉOPARD. s. m. Animal qui se trouve dans l’Abissinie. Cameleopardus. Il n’est pas si gros que l’éléphant, mais beaucoup plus haut. On l’appelle ainsi à cause qu’il a la tête & le cou comme les chameaux, & qu’il est tacheté comme les léopards ; mais il l’est de taches blanches sur un fond roussâtre. Il a la queue fort petite ; ce qui le fait appeler par les Ethiopiens siratakacim ; c’est-à-dire, queue menue. Les Italiens le nomment giraffa, de l’Arabe Zurafa. Quelques-uns veulent que le Caméléopard soit le même animal que la Girafe. Voyez ce mot.

☞ CAMELFORD. Petite ville d’Angleterre, dans la province de Cornouailles.

CAMELINE. Terme de Botanique. Chamælina, ou Myagrum sativum. Plante annuelle qui donne une tige droite, haute de trois pieds au plus, ronde, moëlleuse, un peu velue, branchue à son extrémité, & chargée de quelques feuilles alternes, semblables à celles de la garance, mais plus douces au toucher, dentelées sur leurs bords, & embrassant une partie de la tige par leur bâse ; elles ont un goût un peu piquant. Ses fleurs naissent aux extrémités des branches & sont jaunes ; à quatre pétales, disposées en croix soutenues par un calice à quatre pièces. Le Pistil devient un fruit fait en forme de Poire renversée, séparée en deux cellules par une cloison mitoyenne qui est parallèle aux deux bassins dont ce fruit est composé. Les semences qui y sont renfermées sont petites, triangulaires, jaunâtres & d’un goût d’ail. On nomme cette plante, à cause de la conformité de son fruit avec celle de cette plante, Alysson segetum, foliis auriculatis, acutis. Instit. R. Herb. L’huile qu’on tire de ses semences sert à brûler, & les pauvres gens s’en servent comme de l’huile de navette pour apprêter leurs alimens. On cultive cette plante dans plusieurs endroits du Royaume, & en Flandre on en seme des champs entiers. Ruel donne la manière de la semer, d’en tirer l’huile, & rapporte ses usages. Voyez Myagrum.

Cameline. s. f. Robe de camelot. On disoit aussi camelin. Robert de Sorbon reprochant à Joinville devant Saint Louis, qu’il étoit plus richement vêtu que le Roi, il lui répondit : Maître Robert, je ne suis mie à blâmer, sauf l’onneur du Roi & de vous ; car l’abit que je porte, tel que vous le voiez, m’ont laissé mes père & mère, & ne l’ai point fait faire de mon auctorité. Mais au contraire est de vous, dont vous êtes bien fort à blâmer & reprandre ; car vous qui êtes fils de Vilain & de Villaine, avez laissé l’abit de vos pere & mere, & vous êtes vêtu du plus fin camelin que le Roi n’est. Hist. de S. Louis par Joinville.

Cameline, au vers 14186 du Roman de la Rose, est pris pour une couleur brune. Sauce cameline, de la couleur du camelot. Sup. au Gloss. du Roman de la Rose.

☞ CAMELIONE. (mont) Cema ou Cémenus mons : Partie des Alpes maritimes entre le vicariat de Barcelonette & le marquisat de Saluces ; mais elle communique son nom à toutes celles qui ferment la vallée de Barcelonette, & s’étendent jusqu’aux sources du Var & du Verdon, & aux confins de la Provence.

CAMELOT. s. m. Etoffe faite ordinairement de poil de chèvre, avec laine ou soie. Pannus è villo caprino contextus. Camelot de Hollande, de Lille, Camelot ondé, ou calandré, ou non ondé, sans onde. Pannus è villis hircinis undulatus. Camelot à eau, ou avec apprêt, sans eau, ou sans apprêt.

Ménage tient que ce mot vient de Zambelot, qui est un mot Levantin, qui se dit des étoffes faites d’un poil fort délié, qui se tire de certaines chèvres qu’on trouve en quelques endroits de Turquie, dont Scaliger fait mention, & Busbec en ses Voyages, d’où vient qu’on a dit du Camelot de Turquie, Pannus cilicius Turcici operis. D’autres le dérivent de l’Italien ciambellotto. Bochart dit que le mot de zambelot est corrompu de l’Arabe giamal, qui signifie un chameau. Aussi a-t-on appelé proprement camelot, l’étoffe qui se fait de poil de Chameau. Le camelot est appelé par quelques Auteurs modernes Capellotum de capella, chèvre, parce qu’il se fait de poil de chèvre. De-la s’est fait Camelot, en changeant le p en m, Camelot, pour Capellot. Ce changement a fait croire que ce mot venoit de camelus, chameau, parce qu’il se faisoit de poil de chameau, ce que les Bollandistes taxent d’ignorance. Act. SS. Maii, Tom. II, p. 88.

On dit proverbialement d’un homme qui a pris de mauvaises habitudes qu’on ne lui peut faire quitter, qu’il est comme le vieux camelot, qu’il a pris son pli.

CAMELOTÉ, ÉE. adj. Travaillé à la manière du camelot. Etoffe tissue ou ondée en forme de camelot. Pannus cilicii operis more contextus.

CAMELOTIER. s. m. C’est ainsi qu’on appelle une sorte de papier très-commun.

CAMELOTINE. s. f. Petite étoffe faite à la manière du camelot. Pannus tenui filo cilicii operis more contextus. On dit aussi du camelin d’Amiens.

☞ CAMELOTTE. s. f. On appelle reliures à la Camelotte, celles qui sont d’usage pour les livres de bas prix, dans lesquelles il y a moins de façons & d’apprêt.

CAMERERA. s. f. Mot Espagnol, qui signifie Dame de la chambre de la Reine, & que nous retenons dans notre langue, celui de Camerière n’étant point en usage. Cameraria, Cameræ Præfecta. La Comtesse d’Altamira est Camerera Mayor de la Reine.

CAMERIER. s. m. Premier Officier de la Chambre d’un Pape, ou d’un Cardinal, d’un Prélat Italien, qu’on appelle autrement Maître de Chambre. Camerarius. On dit à Rome le Camérier du Pape, & parmi les Moines & les Chanoines, le Chambrier. Ces mots sont bornés à cet usage. Danet. Il y a des Communautés Religieuses où l’on dit Camérier, & non Chambrier, comme dans l’Abbaye de S. Claude au Comté de Bourgogne. Le Pape a des Camériers extra muros. Des Camériers secrets de cape & d’épée, & d’autres Camériers secrets ; des Camériers d’honneur. Cet Office de la Maison du Pape, se donne à des personnes de distinction. Gaz. 1722, p. 44.

CAMERIERE. s. f. Il y a en Espagne dans la Maison de la Reine une Camerera Major, que nous pourrions appeller Grande Camerière : mais l’usage n’autorise point ce mot & l’on retient le mot Espagnol. Camerera.

☞ CAMERINO. Ville d’Italie, autrefois dans l’ombrie, & aujourd’hui dans la marche d’Ancone, entre Macerala & Spolète, avec un Evêché suffragant du Saint Siége. Camerinum, Camerina.

CAMÉRISTE. s. f. Camerière, Dame de la Chambre d’une Princesse. Cameraria. Dona Louise Guerra, Camériste de la Reine de Portugal. Gaz. 1741, p. 119. On trouve aussi ce mot dans le Dict. de l’Acad. Fr.

CAMERLINGAT. s. m. Dignité ou charge de Camerlingue. Camerarii dignitas.

CAMERLINGUE. s. m. Cardinal qui régit l’Etat de l’Eglise, & administre la Justice. Camerarius Ecclesiæ. C’est l’Officier le plus éminent de la Cour Romaine, parce que tout le bien du Saint Siège est administré par la Chambre dont il est le Président. Le Siège vacant, il fait battre monnoie, & marche en cavalcade accompagné de la garde des Suisses & autres Officiers, & il publie des Edits. Il a sous lui un Trésorier, & un auditeur appelés Généraux, qui ont une juridiction séparée, & douze Prélats appelés Clercs de chambre. Du Cange dit qu’on a aussi appelé Camerlingues, les Trésoriers du Pape, & des Empereurs.

C’est aussi un Officier de l’Ordre de la Chausse. Il y avoit dans cet Ordre deux Conseillers & un Camerlingue, qui ne pouvoient refuser ces emplois, sous peine de vingt-cinq ducats d’amende. P. Hélyot, Tom. VIII, p. 159. L’Intendant des Finances du Royaume de Bohême s’appelle Camerlingue.

☞ CAMERONIENS. s. m. pl. Cameroniani. Les Cameroniens ainsi nommés d’Archibale Cameron, étoient un parti de Presbytériens d’Ecosse qui ainsi que leur chef Cameron, se séparèrent des autres Presbytériens, qui avoient accepté la liberté de conscience accordée par Charles II. Les Cameroniens regardèrent même ce roi comme déchu de la Couronne & se révoltèrent. Mais on les réduisit en peu de temps, & enfin en 1690, sous le règne de Guillaume III, ils se réunirent aux autres Presbytériens. Dict. Ang.

CAMESTRES. Terme de Logique. Nom que l’on donne au second mode de la seconde figure du syllogisme. Un syllogisme en camestres, est un syllogisme dont la première proposition est universelle affirmative, la seconde universelle négative, & la conclusion universelle négative, selon cette régle : Asserit a, negat e ; verùm generaliter ambæ. Tout homme sage est modéré dans ses plaisirs ; nul débauché n’est modéré dans ses plaisirs. Donc nul débauché n’est homme sage.

CAMILLE. s. m. Nom d’homme. Camillus. Le Prince Camille, troisième fils de Louis de Lorraine, Comte d’Armagnac, & Grand Maréchal de Lorraine. Quand on parle des anciens Romains, on dit Camille, si l’on met ce nom seul : Camille s’exila lui-même pour prévenir sa condamnation. Mais si l’on y joint leurs noms, ou leurs prénoms, il faut retenir le nom Latin Camillus : Marcus Camillus défit les Falisques & les Veies. C’est ce Camille, qui retournant d’exil dans le temps qu’on pesoit aux Gaulois les deux cents livres d’or qu’on leur avoir promises pour les obliger à lever le siège de Rome, les prit au dépourvu, les chargea, & les obligea de se retirer avec perte. Ce même M. Furius Camillus triompha quatre fois, & fut cinq fois Dictateur.

Camille. s. f. est aussi un nom propre de femme. Camilla. La Camille de Virgile est une femme extraordinaire. Quand nous parlons des Italiennes qui portent ce nom, nous retenons le plus souvent la terminaison Latine & Italienne en a. La Segnora Camilla étoit sœur de Sixte V.

Camille. s. m. & f. est aussi le nom des jeunes garçons ou des jeunes filles qui servoient dans les choses secrètes, comme les noces & les sacrifices, & en particulier du jeune enfant qui servoit le Flamen Dialis, ou Prêtre de Jupiter.

Ce mot venoit de l’ancienne langue des Etruriens, à ce qu’il paroît, & se disoit pour Casmillus, comme on le peut conjecturer par le 543e vers du onzième Livre de l’Enéide de Virgile.

Nomine Casmillæ, Matrisque vocavit
Nomine Casmillæ, mutatâ parte, Camillam.

Ce nom dans cette ancienne langue signifioit Ministre. C’est pour cela que les Etruriens appeloient Mercure en leur langue Camille ; c’est-à-dire, Ministre des Dieux. Bochard, dans son Hierozoicon, L.II, c. 36, croit que ce mot étoit composé de deux mots Hébreux, ou Phéniciens, קסמי אל, Kosmé el, devins, ou Prêtres de Dieu. Car קסם signifie deviner. De Kosmé el, on fit Kosmel, & Casmil, & en ajoutant la terminaison Latine Casmillus. Le même Bochart, dans son Chanaan, L. I. c. 12, tire Casmillus de חדם hhadam, qui signifie ministrare, comme il paroît par l’Arabe hhadama, & de אל, El, Dieu. Vossius croit qu’on pourroit dériver Camillus, de Chemarim, qui se trouve au IVe L. des Rois, ch. XXIII, v. 5, & que l’on traduit Aruspices, Sacerdotes, Sacrificuli. Il doute cependant de la bonté de cette étymologie, parce que le mot Latin étoit originairement Casmillus ; & non pas Camillus. Voyez Varron, Lib. IV. De Ling. Lat. où il dit que les Samothraces usoient du même mot