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167 ac
Proposition conditionnelle

plutôt temporelle ; de même Mich 7, 10 quand mon ennemie verra, la confusion la couvrira) ; Ps 146, 4 rend-il l’âme, retourne-t-il à la terre, en ce jour-là tous ses projets périssent[1]. Ce type de phrase est assez rare, et poétique. À la 1re personne on a naturellement le cohortatif : Ps 40, 6 ; 139, 8-9 ; Job 19, 18.

b 3) La relation entre les deux membres peut être exprimée par le waw. Dans ce cas on commence généralement aussi la protase par un waw : ces deux waw font mieux ressortir la corrélation des deux membres[2] : Gn 44, 22 לֹא־יוּכַל הַנַּ֫עַר לַֽעֲזֹב אֶת־אָבִיו וְעָזַב אֶת־אָבִיו וָמֵת : le jeune homme ne peut pas quitter son père ; s’il quittait son père, celui-ci en mourrait (littt : et il quittera son père, et il mourra ; le premier waw ne peut s’expliquer que par l’intention de faire ressortir la corrélation des deux membres) ; Dt 25, 8 b - 9 S’il persiste et dit : « Il ne me plaît pas de l’épouser », sa belle-sœur s’approchera… ; Jér 18, 4 Si le vase qu’il faisait ne réussissait pas, il recommençait… ; 1 S 19, 3 (§ 144 f). Le rôle, du premier waw est encore plus clair quand il est préposé à un autre mot que le verbe : Jug 6, 13 וְיֵשׁ יְהֹוָה עִמָּ֫נוּ וְלָ֫מָּה מְצָאַ֫תְנוּ כָּל־זֹאת si Jéhovah est avec nous, pourquoi tout cela nous est-il arrivé ? ; Nb 12, 14 וְאָבִ֫יהָ יָרֹק יָרַק בְּפָנֶ֫יהָ הֲלֹא תִכָּלֵם שִׁבְעַת יָמִים s’il arrivait[3] que son père lui crachât au visage, ne resterait-elle pas couverte d’opprobre pendant sept jours ? (ici le waw du second membre est omis devant הֲ ; de même Lév 10, 19 b : Si j’avais mangé l’expiatoire aujourd’hui, cela serait-il agréable à Jéhovah ?) ; comp. Ruth 2, 9 (§ 166 b).

c 4) Mais la manière ordinaire d’exprimer une condition consiste à employer dans la protase une particule conditionnelle, le plus souvent אִם si (parfois כִּי dans le cas où, si) pour la supposition conçue comme réelle, לוּ pour une supposition conçue comme irréelle (cf. § f, k) ;

  1. À couper ainsi ; יָשֻׁב peut représenter un jussif (cf. § 80 k) ; à l’apodose on a un parfait.
  2. Comp. l’emploi du double waw faisant ressortir la corrélation dans des cas comme Ex 21, 16 « celui qui vole un homme, soit qu’il l’ait vendu, soit qu’il se trouve encore en sa possession… » ; et devant des noms : Nb 9, 14 b « soit pour l’étranger, soit pour l’indigène» ; cf. §§ 175 b ; 177 p.
  3. Pour l’infinitif absolu dans le cas d’une supposition peu probable, cf. § 123 g.
        P. Joüon, Gramm. de l’hébreu bibl.