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Préposition

ou l’équivalent d’un nom. Ainsi *ʾaḥar (héb. אֶחָר*, cst. אַחַ֫ר ; cf. § n) est originairement un substantif signifiant l’arrière, employé ensuite comme adverbe au sens de par derrière, derrière (Gn 22, 13 ⸮), et au sens temporel ensuite (Gn 18, 5) ; enfin comme préposition derrière qc., après qc. au sens local (Gn 37, 17) ou temporel (15, 1). De même עַל signifie originairement le haut, la hauteur ; il est encore employé dans ce sens dans Os 7, 16 ; 11, 7, et comme adverbe en haut dans 2 S 23, 1. Une préposition, étant originairement un nom, est considérée comme un nomen regens (§ 92 a) construit sur le nom suivant.

b Prépositions préfixes בְּ, כְּ, לְ. Les trois prépositions monoconsonantiques בְּ dans, כְּ comme, לְ à sont toujours préfixées au nom. Bien que la forme primitive de בְּ soit *bi, tandis que la forme primitive de כְּ, לְ est *ka, *la, בְּ est traité d’une façon analogue à כְּ, לְ. Les trois prépositions préfixes ont une vocalisation ordinaire qui est faible (à savoir le shewa ou ses suppléants) et une vocalisation spéciale à certains cas qui est forte (à savoir ◌ָֽ).

I. Vocalisation faible. Ordinairement, et sauf les cas spéciaux énumérés ci-dessous, la préposition a un simple shewa, vestige de la voyelle brève primitive, p. ex. לְאִישׁ (même en grande pause : 1 R 2, 2). Devant un shewa la préposition a la voyelle i ; le shewa, qui était mobile, devient moyen ; ainsi avec l’état cst. דְּבַר on a בִּדְבַר de bidebar, כִּדְבַר de kadebar, לִדְבַר de ladebar[1]. Mais si la consonne est un י, ce י devient quiescent § 26 b ; p. ex. avec l’état cst. pl. יְמֵי (de יוֹם jour) on a בִּימֵי pour bii̯emẹ̄, כִּימֵי, לִימֵי (et semblablement מִימֵי § d, וִימֵי § 104 c). — Devant un ḥaṭef (shewa coloré) on a la voyelle brève de la couleur du ḥaṭef, p. ex. כַּֽאֲשֶׁר comme, כַּֽאֲרִי comme un lion (§ 35 e) ; לֶֽאֱנוֹשׁ à (l’)homme, בָּֽאֳנִיָּתִי* dans mon vaisseau[2]. Avec l’inf. cst. qal, à côté du type normal לַֽעֲמֹד on trouve parfois le type לַחְפֹּר § 68 e.

L’inf. cst. אֱמֹר avec ל devient לֵאמֹר en disant (pour לֶֽאֱמֹר* § 24 e ; 73 g), sans doute à cause de la fréquence[3] de cette forme, car on a בֶּֽאֱמֹר (et semblablement impératif וֶֽאֱמֹר § 104 c).

  1. Comparer דִּבְרֵי de dabrẹ̄ § 96 B b. Mais on pourrait dire aussi que כִּדְבַר et לִדְבַר ont i à l’analogie de בִּדְבַר.
  2. Sur l’ambiguïté d’une forme telle que בָּֽאֳנִיָּה cf. § 35 e.
  3. Même raison de fréquence pour לִנְפֹּל à côté de בִּנְפֹל, כִּנְפֹל § 49 f.